Paroles de mineurs et demandeurs d’asile du « squat des cinq étoiles »

Lille, le 11 décembre 2018

« Pourquoi quand un mineur arrive en France, à Lille, on n’a pas confiance en ce qu’il raconte, pourquoi on le soupçonne de mentir au lieu de le prendre en charge, l’héberger, le scolariser ?

Quand on se présente à EMA, le service du département d’évaluation de la minorité et de mise à l’abri, ils nous donnent une date de rendez-vous lointaine, souvent une quinzaine de jours après. Ils ne nous proposent pas d’hébergement, comme l’oblige pourtant la loi, nous disant qu’il n’y a pas de place. Ils nous envoient au squat du 5 étoiles ou nous disent d’aller voir la police. Depuis quand la police est responsable de l’hébergement des mineurs en France ?

Même quand on va voir l’avocate et que le tribunal ordonne de nous héberger, en réaffirmant la loi, on nous dit encore qu’il n’y a pas de place. Le département préfère payer des astreintes plutôt que de trouver des solutions d’hébergement.

L’entretien d’évaluation de minorité dure plusieurs heures, parfois jusqu’à 5h sans manger et sans boire. On nous pose énormément de questions, auxquelles nous ne savons pas toujours répondre. Ils essayent de savoir avec qui on est en contact, ils prennent notre numéro de téléphone et notre facebook pour tout vérifier. Ils jugent notre physique, nos vêtements, nous trouvent parfois trop propres ou trop bien habillé.e.s pour être isolé.e.s. C’est un vrai interrogatoire de police !

Ils ne justifient pas toujours pourquoi ils refusent notre minorité. C’est même déjà arrivé qu’un jeune reçoive un appel avant son jour d’évaluation lui disant qu’il devait venir chercher le résultat alors même qu’il n’avait pas passé l’entretien : il a été refusé directement…

Lorsque certains d’entre nous sont reconnu.e.s mineur.e.s, après cette longue période d’attente à la rue, le dispositif TRAJET, que M Lecerf juge si efficace, leur demande d’attendre à nouveau pour un hébergement. Une fois l’hébergement trouvé, la prise en charge éducative est loin de satisfaire leurs besoins. D’ailleurs, comment voulez-vous avec 65 euros par jour au lieu de 170 euros pour un mineur français, dit « jeunes de nos quartiers » par Mr Lecerf ?!

Lorsque notre minorité n’est pas reconnue par le département, nous sommes complètement abandonné.e.s. Nous n’avons aucun moyen de prouver ce qu’ils nous demandent, dans les conditions où nous sommes. Faire venir ses papiers ou se déplacer pour les faire légaliser à Paris coûte très cher, nous n’avons rien. Aucune administration française ne nous prend en charge car nous ne sommes considéré.e.s ni mineur.e.s ni majeur.e.s.

Nous souhaitons que le Département et l’Etat prennent de nouvelles dispositions pour que nous soyons protégé.e.s. Nous souhaitons avant tout aller à l’école, être formé.e.s, dans les meilleures conditions possibles, comme la loi le dit. Ce sont les droits de l’enfant : droit à l’éducation, droit aux loisirs, droit à la paix et à la sécurité, droit à la protection ! »

Infos et contacts : collectifolieux@gmail.com , https://olieux.herbesfolles.org

Le Figaro // Un navire de la royal navy envoyé dans la manche pour faire face aux migrants

À la demande du ministère de l’Intérieur britannique, le navire de patrouille HMS Mersey pourrait être déployé dès ce jeudi pour contrer les tentatives croissantes de traversée par des migrants à bord de fragiles embarcations.

Ancré à Portsmouth, le HMS Mersey est prêt à appareiller. À la demande du ministère de l’Intérieur, le navire de la Royal Navy pourrait être déployé dès jeudi dans la Manche. Sa mission: faire face aux tentatives croissantes de traversée par des migrants à bord d’embarcations de fortune. La marine britannique avait déjà décidé de rapatrier deux navires en mission en Méditerranée. Ils viendront s’ajouter à la vedette et aux deux patrouilleurs déjà présents sur place. La Royal Air Force devrait également être mise à contribution. D’après le ministère britannique de l’Intérieur, 539 migrants ont tenté de traverser la Manche à bord de petites embarcations en 2018, dont 80% au cours des trois derniers mois. Ils étaient selon lui 230 pour le seul mois de décembre.

Après avoir dû écourter ses congés en fin de semaine dernière, le ministre de l’Intérieur, Sajid Javid, a lui-même convenu que cette situation s’apparentait à un «incident majeur». Celui à qui les médias britanniques prêtent l’intention de succéder à Theresa May à la tête du gouvernement fait depuis montre de fermeté sur le sujet. Mercredi, il est allé jusqu’à questionner le statut de demandeur d’asile de ceux qui tentent cette traversée au péril de leur vie. «Si vous arrivez au Royaume-Uni, nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour que vous ne réussissiez pas, parce que nous devons briser cette filière» a-t-il mis en garde, s’attirant les foudres de l’opposition travailliste et de plusieurs organisations humanitaires.

Collaboration accrue

Paris et Londres se sont accordés ce week-end sur un «plan d’action renforcé». Cette collaboration doit être mise en œuvre dans les prochaines semaines. Elle prévoit, outre un accroissement du nombre de patrouilles de surveillance, des actions pour démanteler les gangs de trafiquants et la sensibilisation des migrants. De son côté, le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, plaidait la semaine dernière pour la création d’«une patrouille commune de garde-côte». «Il ne se passe quasiment pas une nuit désormais sans que des migrants bravent le froid et les dangers de la mer», s’alarmait-il dans nos colonnes. Lundi soir, quatorze migrants étaient interpellés à Boulogne-sur-Mer après avoir volé un bateau de pêche.

Depuis des années, des milliers de migrants venus d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Asie tentent de rejoindre le Royaume-Uni depuis la France. Habituellement, les migrants essayebt de rejoindre l’Angleterre en montant clandestinement dans l’un des milliers de camions qui franchissent quotidiennement la frontière. Seulement, il est aujourd’hui devenu de plus en plus difficile de passer par les ports ou le tunnel. Selon le préfet du Pas-de-Calais, Fabien Sudry, l’arrivée croissante d’Iraniens expliquerait en partie ce changement de tactique. Ces profils de migrants généralement plus fortunés pousseraient les passeurs à diversifier les moyens de traversée. La densité du trafic, les courants importants, les hauts-fonds, le vent quasi permanent et la température de l’eau rendent pourtant la traversée du détroit très difficile et extrêmement dangereuse.

Le monde // Migrants traversant la Manche: Paris et Londres conviennent d’un plan d’action renforcée

Migrants traversant la Manche : Paris et Londres conviennent d’un « plan d’action renforcé »

Il consiste notamment en un accroissement du nombre de patrouilles et doit être mis en œuvre dans les prochaines semaines.

Le Monde avec AFP Publié aujourd’hui à 02h46, mis à jour à 02h56

Les ministres de l’intérieur britannique et français se sont mis d’accord, dimanche 30 décembre, pour accroître la collaboration bilatérale face aux tentatives de traversée de la Manche par des migrants à bord de petites embarcations qui se sont multipliées ces dernières semaines.

Au cours d’une conversation téléphonique, Sajid Javid et son homologue français Christophe Castaner sont convenus d’un « plan d’action renforcé », qui sera mis en œuvre dans les prochaines semaines, selon le Home Office.

Ce plan consiste en un accroissement du nombre de patrouilles de surveillance, des actions pour démanteler les gangs de trafiquants, et la sensibilisation des migrants aux dangers que représente la traversée de la Manche. Ces mesures seront déployées par le centre de coordination et d’information franco-britannique, situé à Coquelles, près de Calais (nord de la France).

« Le Royaume-Uni et la France vont s’appuyer sur des efforts communs pour décourager l’immigration clandestine – protégeant nos frontières et les vies humaines », a déclaré M. Javid. Les deux ministres se rencontreront en janvier pour décider d’éventuels efforts supplémentaires.

Face à ces mesures, l’association britannique Detention Action, qui vient en aide aux migrants, a appelé le ministre à « offrir un passage sûr pour les personnes en détresse » pour « éviter de nouvelles tragédies humaines ».

« Manque de leadership »

Sajid Javid avait récemment fait l’objet de critiques pour sa réponse face aux arrivées ou interceptions quasi quotidiennes de migrants près des côtes britanniques ces derniers jours.

Membre comme lui du parti conservateur, le député du Kent (sud-est de l’Angleterre) Rehman Chishti a déploré « un manque de leadership sur ce problème », tandis que le parti travailliste, principale formation d’opposition, a estimé que le ministre « tardait a réagir ».

Selon le député de Douvres, le conservateur Charlie Elphicke, « plus de 200 migrants sont arrivés sur les côtes du Kent à bord de petites embarcations ces deux derniers mois ». Dans une tribune publiée par le Daily Mail, il affirme que « l’ampleur du problème est sans précédent », et réclame que certains navires de la police des frontières britanniques déployés en Méditerranée soient rapatriés dans la Manche.

Dimanche, six Iraniens ont été interpellés par les autorités sur une plage de Kingsdown, près de Douvres, après avoir réalisé la traversée de la Manche à bord d’un bateau pneumatique à moteur.

Les tentatives de traversée de la Manche se sont multipliées ces dernières semaines. Depuis le 23 décembre, près d’une centaine de personnes ont été secourues en mer par les autorités françaises ou britanniques. La traversée de la Manche sur de petites embarcations est rendue particulièrement dangereuse par la densité du trafic maritime, les forts courants et la faible température de l’eau.

De plus en plus de migrants traversent la Manche sur des bateaux de fortune

Près de 500 migrants ont tenté la traversée, très dangereuse, depuis deux mois. Les autorités britanniques accusent la France de les laisser passer.

Par Eric Albert Publié hier à 14h41, mis à jour à 02h47

 Depuis deux mois, des centaines de migrants, majoritairement iraniens, ont tenté de traverser la Manche sur des canots pneumatiques pour rejoindre le Royaume-Uni, poussant le ministre de l’intérieur britannique, Sajid Javid, à déclarer un « incident majeur » et à rentrer précipitamment de ses vacances dimanche 30 décembre. Après un échange téléphonique avec son homologue français, Christophe Castaner, il a annoncé un renforcement de la surveillance des plages et de la mer. Les Britanniques vont notamment financer des drones et des caméras pour surveiller la dizaine de points d’embarquement qui a été identifiée en France.

Le nombre de passages de migrants reste limité et n’a rien à voir avec ce qu’il se passe dans la Méditerranée. Selon le décompte du ministère de l’intérieur français, 443 personnes ont tenté la traversée cette année, dont la moitié a atteint les eaux britanniques. Mais le phénomène est nouveau, explique Ingrid Parrot, porte-parole de la préfecture maritime de la Manche :

« En 2017, on a compté treize tentatives de traversée et jusqu’en octobre de cette année, on était sur le même ordre de grandeur. Depuis, cela augmente de façon exponentielle. »

Ces derniers jours sont venus le démontrer. Quarante migrants ont été secourus sur cinq canots pneumatiques différents le jour de Noël, trois l’ont été le lendemain, vingt-trois le surlendemain, douze encore le jour d’après…

Nouvelles filières de passeurs

Le mode opératoire est presque toujours le même. Les migrants tentent le passage sur de gros canots pneumatiques à moteur, qui ne sont pas équipés pour la traversée des trente-trois kilomètres qui séparent Calais et Douvres. Beaucoup se lancent de nuit. Les risques sont énormes, au regard du très important trafic de ferrys. La police britannique compare cela « à traverser le [périphérique] à pied à l’heure de pointe ».

Matt Coaker, un pêcheur britannique, a vu pour la première fois un canot pneumatique avec quatre migrants en septembre. « Il y avait quatre personnes (…) à la dérive depuis un moment, qui n’avaient pas de moteur et juste quelques rames », témoigne-t-il à la BBC. « Ils voulaient désespérément un peu d’eau, un peu à manger, et juste atteindre la terre sèche. » Depuis, ce genre de rencontres s’est multiplié. « Ce n’est pas la norme, mais ça devient presque commun », poursuit-il.

Pour le ministère de l’intérieur, cette soudaine augmentation des traversées vient du travail « de gangs criminels organisés ». En novembre, la BBC avait envoyé un journaliste iranien, se faisant passer pour un migrant, dans les camps près de Calais et de Dunkerque. Un homme, affirmant être un ancien pêcheur iranien lui avait proposé un passage par bateau pour trois mille livres (3 327 euros).

3 327 euros pour un passage par bateau

Face à l’activité croissante de ces réseaux criminels, certains Britanniques suspectent les autorités françaises de les laisser faire. « Les passeurs agissent très ouvertement, estime Lucy Moreton, du syndicat des services d’immigration. Si c’est si évident pour les journalistes et les gens sur place, ça devrait être évident pour les autorités françaises aussi. »

« C’est faux, réplique Mme Parrot, de la préfecture maritime de la Manche. On a augmenté le nombre de patrouilles en mer dès novembre, y compris des patrouilles de nuit. » Place Beauvau, on précise que quarante-cinq réseaux de passeurs sont démantelés par an dans le nord de la France, et que les autorités sont « au début » de l’enquête sur ceux qui sont derrière la filière des bateaux.

Accusations mutuelles entre Londres et Paris

Ce jeu d’accusations mutuelles entre Londres et Paris est un classique de la gestion des migrants. L’approche du gouvernement britannique a toujours été la même : c’est aux Français de bloquer les migrants ; en échange, il contribue financièrement aux opérations nécessaires. Ces dernières années, les Britanniques ont versé 170 millions d’euros dans ce cadre.

Cette politique sécuritaire, en renforçant barrières et moyens de surveillance, a permis de réduire très fortement le nombre de passages via le port de Calais ou le tunnel sous la Manche. Mais cela pousse les migrants à chercher de nouvelles filières. Certains tentent de monter dans des camions dès la Belgique, par exemple. L’apparition de traversées par la Manche relève de la même logique.

Pour Steve Valdez-Symonds, d’Amnesty International, cette réponse des autorités françaises et britanniques est inadéquate. « Tant qu’il n’y a pas une réponse directe aux besoins des migrants, à savoir un endroit où ils peuvent demander l’asile pour le Royaume-Uni, les passeurs continueront à les exploiter. C’est aux Français de s’en occuper, mais en même temps, c’est trop facile pour le Royaume-Uni de regarder ailleurs. » Pendant ce temps-là, l’inquiétude des secours en mer est de bientôt retrouver des corps de migrants qui auraient péri lors d’une de ces traversées.

Eric Albert (Londres, correspondance)

Le Monde // L’Etat français accusé de mise en danger délibéré par plusieurs asso

https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/30/migrants-l-etat-francais-accuse-de-mise-en-danger-deliberee-par-plusieurs-associations_5403675_3224.html?fbclid=IwAR0fDNmURlgI2XZCndeWL4jW3KmnguPshl9GrWdqSy-eElDA1OIFAEql-0I

Quatorze associations dénoncent « la faillite de l’Etat » dans la
protection et la mise à l’abri des migrants, dans une tribune publiée
dimanche dans « Le JDD ».

« A ce jour, nous ne pouvons que constater la faillite de l’Etat dans
l’exercice de sa responsabilité de protection, de mise à l’abri et
d’accueil inconditionnel », écrivent quatorze associations dans une
lettre ouverte adressée au président de la République. Des membres d’une
ONG donnent à manger à des migrants kurdes à Grande-Synthe, le 11 avril
2017.

La charge à l’encontre d’Emmanuel Macron et de l’Etat français est
lourde. Celle-ci est à la hauteur de la colère exprimée par les
associations qui travaillent auprès des migrants. Médecins du monde, le
Secours catholique et douze autres associations accusent l’Etat français
de « mise en danger délibérée » des migrants, dans une tribune publiée
le 30 décembre par Le Journal du dimanche.

« A ce jour, nous ne pouvons que constater la faillite de l’Etat dans
l’exercice de sa responsabilité de protection, de mise à l’abri et
d’accueil inconditionnel », écrivent les associations dans une lettre
ouverte adressée au président de la République.
Lire aussi A Paris, la justice annule le permis de construire d’un
centre pour sans-abri dans le 16e

Que cela soit « à Paris, en Ile-de-France, mais aussi à Grande-Synthe,
sur le littoral nord, ailleurs », le sort des migrants « confine à une
mise en danger délibérée » critiquent les associations, qui exigent des
réponses « à la hauteur de la situation d’urgence ».
« Toujours plus de difficultés à se nourrir et à se soigner »

Au début de son mandat, le 27 juillet 2017, le chef de l’Etat avait
promis de ne plus avoir « d’ici la fin de l’année des hommes et des
femmes dans les rues, dans les bois ». « Un an après, des milliers de
personnes, femmes, hommes, enfants, familles, se partagent les
interstices des villes, s’abritent sous des échangeurs, sont échoués sur
les trottoirs de Paris et de son immédiate périphérie », souligne le
texte, avant de pointer « la réalité des personnes vivant à la rue parmi
les rats nous démontre à quel point cette politique est un échec ».
Article réservé à nos abonnés Lire aussi Migrants à la rue : « Ils sont
dans une errance infinie »

Dix-huit mois après l’engagement d’Emmanuel Macron de n’avoir plus
personne à la rue fin 2017, les quatorze associations appellent à un «
changement de cap » :

Monsieur le président, votre engagement (…) a été vite oublié par votre
gouvernement, votre majorité, vos services. Plus grave, par vous-même.

Les représentants de Médecins du monde France, du Secours
catholique-Caritas France, d’Emmaüs France, de la Ligue des droits de
l’homme et de divers collectifs et associations venant en aide aux
migrants déplorent également que les personnes à la rue « ont toujours
plus de difficultés à se nourrir, à se soigner, à trouver une
information fiable pour faire valoir leurs droits élémentaires ».
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Rapport du DDD trois ans après le rapport Calais

https://defenseurdesdroits.fr/fr/communique-de-presse/2018/12/le-defenseur-des-droits-publie-son-rapport-exiles-et-droits

LE DÉFENSEUR DES DROITS PUBLIE SON RAPPORT « EXILÉS ET DROITS FONDAMENTAUX, TROIS ANS APRÈS LE RAPPORT CALAIS »

Le 6 octobre 2015, le Défenseur des droits publiait un rapport intitulé « Exilés et droits fondamentaux : la situation sur le territoire de Calais » dans lequel il dénonçait les conditions de vie indignes et les atteintes aux droits fondamentaux des exilés à la frontière franco-britannique.

Trois ans après, le Défenseur des droits a souhaité dresser un nouveau bilan – élargi aux campements de Grande-Synthe, Ouistreham et Paris – en s’appuyant sur une quinzaine de visites sur place et l’instruction contradictoire des réclamations qui lui ont été adressées. Ce rapport dresse un constat très préoccupant du traitement des exilés sur le territoire français. Le Défenseur des droits relève des atteintes inédites aux droits fondamentaux des exilés et adresse des recommandations aux pouvoirs publics.

Le Défenseur des droits constate que les entraves persistantes à l’entrée dans la procédure d’asile, la saturation des dispositifs d’accueil des exilés, leur manque d’informations et le contrôle de leur situation administrative lors de leur mise à l’abri conduisent les campements évacués à systématiquement se reformer et contraignent les exilés à subir des conditions de vie que le Conseil d’État a qualifiées, en 2016 et 2017, de « traitements inhumains ou dégradants ».

Le Défenseur des droits recommande à l’Etat de se conformer au droit positif et de garantir aux exilés un droit inconditionnel à l’hébergement, des conditions de vie dignes ainsi qu’une prise en charge de leur santé, notamment de leurs troubles psychiques nés d’un parcours migratoire et d’un accueil difficiles. Quant aux mineurs, le Défenseur des droits souhaite l’adoption urgente de mesures favorisant la pérennité de leur mise à l’abri, de leur évaluation et de leur prise en charge. Il est également nécessaire de simplifier les procédures d’asile et de réunification familiale, aujourd’hui trop peu accessibles.

À défaut d’une politique nationale assurant un véritable accueil des primo-arrivants, les collectivités locales et les associations caritatives sont contraintes d’agir seules, dans un contexte où se maintient une pénalisation de certains actes de solidarité. Le Défenseur des droits recommande donc d’élargir l’immunité pénale à tous les actes apportés dans un but humanitaire.

Par ailleurs, la chasse aux « points de fixation », devenue une priorité des autorités publiques, conduit au renforcement de la présence policière sur les lieux de vie des exilés et à un usage parfois injustifié du gaz lacrymogène. Les évacuations des campements se font parfois de manière peu respectueuse des effets personnels des exilés et de leur personne. Quant aux contrôles d’identité, faute d’être suffisamment encadrés, ils sont susceptibles d’être détournés de leur objet et utilisés dans le but de dissuader les exilés d’accéder à des lieux d’aide.

Outre les effets de la politique migratoire de l’Union européenne qui contribuent à réduire de manière drastique les voies légales d’immigration en Europe, l’’externalisation de la frontière britannique en France demeure l’une des principales causes de la reconstitution des campements de fortune à Calais, Grande-Synthe ou Ouistreham, puisqu’elle empêche les exilés qui le souhaitent d’atteindre la Grande-Bretagne. Le Défenseur des droits recommande donc au gouvernement de dénoncer les accords conclus avec la Grande-Bretagne.

Beaucoup de personnes présentes dans ces campements sont des demandeurs d’asile dits « dublinés », c’est-à-dire dont la demande de protection est censée relever d’un autre Etat que la France. Ainsi, le Défenseur des droits réitère sa recommandation de 2015 tendant à suspendre l’application du Règlement Dublin III qui ne fait pas renoncer les exilés à leur projet migratoire mais les incite à vivre dissimulés et les condamne à une errance perpétuelle. Le Défenseur des droits partage l’analyse de certains maires ou encore du directeur général de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) considérant que l’application de ce règlement favorise la reconstitution de campements tels que ceux observés dans ce rapport.

Appel à l’aide de Terre d’Errance Norrent Fontes

15 mois après la destruction du bidonville à Norrent-Fontes,

un bilan catastrophique:

Terre d’Errance lance un appel à l’aide

le 17 décembre 2018

Le campement de Norrent-Fontes a été détruit en septembre 2017, par décision du maire et du préfet. Ceci alors que la justice avait empêché cette destruction à deux reprises, estimant qu’une telle action ne ferait qu’empirer les conditions de vie des habitant-e-s, pourtant déjà très précaires.

Les 85 personnes alors expulsées du campement ne voulaient pas demander l’asile en France et sont majoritairement revenues dans les environs dès la semaine suivante pour tenter le passage en Grande Bretagne par le parking de l’aire de repos de Saint-Hillaire Cottes, sur l’A26.

Ces personnes se sont installées à Quernes sur un terrain dont les propriétaires, comprenant la situation, n’ont pas voulu porter plainte, malgré la pression exercée par la préfecture.

Plus d’un an après, alors que l’on vient de célébrer les 70 ans de la Déclaration Universelle des Droits Humains et que ce 18 décembre est la Journée Internationale des Migrant-e-s, voici ce qu’il en est au niveau local:

A QUERNES:

La plupart des 85 personnes sont parties en Grande-Bretagne après des mois d’Errance entre Paris, Quernes et la Belgique. La dizaine d’exilés qui reste (depuis plus de 3 ans pour certains) essaie toujours de passer la frontière. Les conditions de vie des ces hommes sont identiques que dans le campement de Norrent-Fontes, hors-mis le fait que ce sont désormais les bénévoles qui remplissent des jerrycans d’eau pour les leurs amener et qu’il n’y a plus de lieu pour les soins sur place.

A NORRENT-FONTES:

D’autres personnes errent à Norrent-Fontes depuis quelques mois déjà, tentant elles aussi le passage en Grande-Bretagne. La mairie ayant grillagé le garage ouvert du presbytère, ces personnes n’ont aucun autre abri que l’église et les abri-bus du village. Elles n’ont pas la possibilité de préparer leurs repas et dépendent totalement des bénévoles de Terre d’Errance et de la solidarité des Norrent-Fontois.e.s.

DANS LE BETHUNOIS:

A deux par chambre de l’hôtel Sunset de Fouquières les Béthune, les 40 personnes qui demandent asile et protection à la France risquent d’être renvoyées dans un autre pays où elles n’ont aucune attache et d’où elles peuvent être expulsées dans leur pays d’origine, comme ce fut le cas pour Jahed, expulsé en Suède puis en Afghanistan.

Tout près de là, d’autres jeunes hommes qui veulent se rendre en Grande-Bretagne, expulsés il y a quelques mois du campement d’Angres, n’ont d’autre abri que des tentes de camping posées dans un bosquet et pour l’instant le 115 (samu social) ne permet pas l’accès aux douches de l’accueil de jour.

Les conditions de vie des personnes migrantes dans le Norrent-Fontois sont les mêmes qu’il y a dix ans, c’est à dire bien pires qu’avant l’expulsion de septembre 2017.

Ces observations constituent une énième preuve que les destructions d’abris, qui se cachent hypocritement derrière les mots «évacuation sanitaire», ne sont rien d’autre que des tentatives de rendre ces personnes invisibles, inexistantes.

Preuve aussi que les avis des tribunaux de Béthune (TGI) et de Douai (Cour d’Appel) étaient tout sauf fantaisistes.

Quand est-ce que les autorités locales et préfectorales se décideront à regarder la réalité et à agir en conséquence, dans le respect des droits de toutes et tous ?

En attendant, l’association Terre d’Errance lance un appel à l’aide, en cette période hivernale:

  • Devant l’inaction des pouvoirs publics, il est urgent de proposer un hébergement aux personnes. Si vous possédez une maison, un terrain que vous acceptez de mettre à disposition (dans le Norrent-Fontois ou le Béthunois), merci de nous contacter.

  • Devant l’inaction des pouvoirs publics, Terre d’Errance propose à ces personnes un accès à l’hygiène. Nous sommes à la recherche de locaux (dans le Norrent-Fontois ou le Béthunois) disposant d’eau et d’électricité afin de faire des lessives et de stocker le linge (nous nous engageons évidemment à payer les frais).

  • Nous manquons cruellement de bénévoles pour proposer des douches ou donner des cours de français (dans le Béthunois), ou pour préparer et distribuer des repas (dans le Norrent-Fontois)

Terre d’Errance reprendra sa permanence dès le mois de janvier, les lundis de 14h à 16h au presbytère de Norrent-Fontes. Nous espérons pouvoir ouvrir bientôt une permanence hebdomadaire à Béthune.

Les permanences sont l’occasion de venir vous informer sur la situation des exilé-e-s dans la région ainsi que sur les différentes formes de soutien possible.

Rejoignez-nous !

Terre d’Errance: 06 95 28 29 43 terrederranceatprotonmail.com

facebook: terre d’errance

Nouvelles d’Angres – Décembre 2018

Ça bouge à Angres !

Tout d’abord, des nouvelles des migrants vietnamiens : ceux qui se succédaient à Angres depuis plusieurs années, et qui avaient été « définitivement » expulsés par les autorités. On les retrouve le long de l’autoroute A26 Paris Calais , à la sortie pour Bethune et à celle de Rumaucourt près de Cambrai. Ce dernier campement regroupe une trentaine de personnes, viet namiennes, mais aussi Afghanes et soudanaises. Elles s sont soutenues par Emmaus Cambrai.

A Angres même, ce sont une trentaine de soudanais qui sont là, bien que l’aire de stationnement soit fermée, et malgré une présence constante des gendarmes, ils arrivent à passer. Le campement lui-même a déjà été expulsé 3 fois, mais la solidarité continue ! Ce sont maintenant 4 associations locales qui se sont jointes à « Fraternité Migrants » pour les accompagner, avec un repas quotidien et des douches hebdomadaires.

Tout cela en lien avec la mairie, qui a autorisé la distribution quotidienne … dans l’église ! (Avec l’accord de la paroisse) Ce qui fait dire à un militant : « Moi, athée convaincu, je distribue dans une église catholique, à des hommes musulmans ! »

Beaucoup de nouveaux bénévoles contribuent à une aide directe, et l’ activité inter-associative est importante : sensibilisation en milieu scolaire, organisation de concerts de soutien, d’un ciné débat autour du film « hope ».

Journal des Jungles n°12 : la démarche

A l’initiative de l’artiste Paloma Fernandez Sobrino et publiée en 2017, « l’encyclopédie des migrants » réunit 400 témoignages et histoires de vie de personnes migrantes collectés entre Brest et Gibraltar.

Une exposition au sein de la bibliothèque Jacques Prévert de Cherbourg présente une sélection de lettres de cette encyclopédie.

Il a donc été proposé aux personnes exilées d’écrire une lettre à une personne restée au pays, un père, une mère, un.e  ami.e. Elles ont écrit en dari, russe, arabe, albanais , kurde, arménien.

Temps d’écriture. Crédits photo : Dominique Ruelle-Bourgeois

Beaucoup d’émotions pendant ces 3 jours, de larmes à la lecture des lettres mais aussi de moments très joyeux, surtout lorsque Rémi David, écrivain et magicien, venu pour animer un atelier d’écriture, a aussi fait des tours de magie.

Le Monde // ONU: le pacte controversé sur les migrations adopté à Marrakech

https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/10/onu-le-controverse-pacte-sur-les-migrations-en-passe-d-etre-adopte-a-marrakech_5395095_3212.html

Une quinzaine de pays ont fait part de leur retrait ou du gel de leur décision sur ce texte non contraignant.

Sur le site de la conférence intergouvernementale sur les migrations, à Marrakech, au Maroc, le 9 décembre 2018. FADEL SENNA / AFP

Des représentants de plus de 150 pays réunis à Marrakech ont formellement approuvé, lundi 10 décembre au matin, le Pacte mondial sur les migrations piloté par l’Organisation des Nations unies (ONU) – un texte qui polarise les critiques des nationalistes et des personnes hostiles aux migrants.

C’est par un simple coup de marteau que le texte, destiné à renforcer la coopération internationale pour une « migration sûre, ordonnée et régulière »,a été adopté après proclamation orale, selon les informations diffusées par l’ONU à Marrakech.

Sans vote ni signature, la conférence intergouvernementale de Marrakech est une simple étape formelle du processus, avant un ultime vote de ratification, le 19 décembre, à l’Assemblée générale de l’ONU. Mais le sujet déchaînant les passions, une quinzaine de pays ont fait part de leur retrait ou du gel de leur décision.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Comment le pacte migratoire de l’ONU a déraillé

« Ce moment est le produit inspiré d’efforts », a déclaré le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, à l’ouverture des débats. « Nous ne devons pas succomber à la peur ou aux faux narratifs » sur la migration, a-t-il dit. M. Guterres a dénoncé les « nombreux mensonges » propagés sur cet accord.

« Il est étonnant qu’il y ait eu autant de désinformation à propos de ce que le pacte est et de ce qu’il dit […], il ne crée aucun droit de migrer, il ne place aucune obligation sur les Etats », avait, de son côté, martelé Louise Arbour, la représentante spéciale de l’ONU pour les migrations, dimanche soir au cours d’une conférence de presse à Marrakech. Près de 160 pays, sur les 193 pays membres de l’ONU, étaient annoncés au Maroc, une centaine représentés au niveau des chefs d’Etat, chefs de gouvernement ou ministres, ce qui, selon Louise Arbour, « correspond tout à fait à la moyenne ».

Interdiction des détentions arbitraires

Non contraignant, le pacte recense des principes – défense des droits humains, des enfants, reconnaissance de la souveraineté nationale – et liste des propositions pour aider les pays à faire face aux migrations – échanges d’informations et d’expertises, intégration des migrants. Il interdit les détentions arbitraires, n’autorisant les arrestations qu’en dernier recours. Les défenseurs des droits humains le trouvent insuffisant, notamment sur l’accès des migrants à l’aide humanitaire et aux services de base ou sur les droits des travailleurs migrants. Ses détracteurs, eux, le voient comme un encouragement à un flux migratoire incontrôlé.

Les Etats-Unis, qui s’étaient retirés de l’élaboration du texte en décembre 2017, le jugeant contraire à la politique d’immigration du président Donald Trump, ont lancé vendredi une nouvelle salve contre le pacte et contre toute forme de « gouvernance mondiale ». « Les décisions sur la sécurité des frontières, sur qui est admis à résider légalement ou à obtenir la citoyenneté, figurent parmi les plus importantes décisions souveraines qu’un pays peut prendre », a fustigé la mission diplomatique américaine à l’ONU dans un communiqué.

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Les Etats-Unis ont été particulièrement actifs au cours des derniers mois pour partager leur conception du pacte avec plusieurs pays signataires, notamment en Europe, selon des diplomates de l’ONU. A ce stade, neuf pays se sont retirés du processus après avoir approuvé le texte le 13 juillet à New York : l’Autriche, l’Australie, le Chili, la République tchèque, la République dominicaine, la Hongrie, la Lettonie, la Pologne et la Slovaquie ; et sept ont souhaité plus de consultations internes : la Belgique, la Bulgarie, l’Estonie, Israël, l’Italie, la Slovénie et la Suisse, selon Louise Arbour.

Crise gouvernementale en Belgique

A Ottawa, des échauffourées ont opposé samedi des groupes pro-immigration et des militants de droite opposés à l’adhésion au pacte. Le premier ministre canadien, Justin Trudeau, entend bien le signer : « Accueillir les gens venus du monde entier grâce à un système d’immigration rigoureux est ce qui a fait du Canada un pays fort, et c’est quelque chose dont le monde a toujours davantage besoin », selon lui. Egalement favorable au texte, la chancelière allemande, Angela Merkel, est arrivée au Maroc dimanche. Les chefs des gouvernements espagnol, grec, danois, portugais et belge ont confirmé leur venue.

Mais la décision du premier ministre belge, Charles Michel, de se rendre à Marrakech a fait exploser sa coalition gouvernementale avec les nationalistes flamands du N-VA, après plusieurs jours de bras de fer. Ce parti xénophobe a tenu samedi un meeting à Bruxelles avec Marine Le Pen, patronne de l’extrême droite française, et Steve Bannon, ex-conseiller de Donald Trump, pour dénoncer le pacte, brandi comme un épouvantail par les populistes à travers l’Union européenne à l’approche des élections européennes, en mai prochain.

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Le président français, Emmanuel Macron, a décidé de déléguer à Marrakech le secrétaire d’Etat aux affaires étrangères, Jean-Baptiste Lemoyne, alors que le sujet suscite l’opposition de la droite, de l’extrême droite mais aussi de certains « gilets jaunes », ces Français qui manifestent depuis trois semaines dans les rues contre la politique fiscale et sociale.

Il y a environ 258 millions de migrants et personnes en mobilité dans le monde, soit 3,4 % de la population mondiale.

Communiqué de CMS sur les procès de décembre 2018

https://calaismigrantsolidarity.wordpress.com/2018/12/03/proces-ce-mardi-4-decembre-trial-on-tuesday-4th-december/

Sept personnes ont été jugées mardi pour des accusations de dégradations
et de refus de signalétique, à la suite des expulsions illégales de deux
squats en janvier dernier.

Sur un total de 15 accusations, deux ont fait l’objet de condamnations.

Deux personnes, accusées d’avoir refusé de donner leur signalétique lors
de la garde à vue suivant la première expulsion, ont été condamnées à
150 euros d’amende avec sursis. Elles vont faire appel de ces décisions.

Toutes les personnes accusées de dégradation ont été acquittées.

Le plus remarquable dans ce procès fut le peu d’efforts fournis par la
police et la procureure pour fournir les preuves des dégradations
soi-disant commises, alors que les expulsions ont eu lieu au prétexte
même d’enquêter sur ces dégradations.

Ce procès montre très clairement comment, à Calais, la mairie et la
police jouent avec le droit pénal afin de contourner les procédures
légales requises pour expulser des squats. La police rentre dans les
bâtiments de force, arrête toutes les personnes présentes, les inculpant
de dégradation, mais sans intention réelle d’étayer ou de poursuivre ces
accusations.

Pendant que les occupant-e-s sont retenu-e-s au poste de police, les
bâtiments sont condamnés, ainsi, même s’il ne s’agit pas légalement
d’une expulsion, les occupant-e-s n’ont plus accès à leur domicile, et
ont donc été matériellement expulsé-e-s.

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Seven people were tried on Tuesday for charges of degradation and
refusing to provide DNA and fingerprints following the illegal evictions
of two squats almost one year ago.

There were only two convictions out of the total fifteen charges. They
were for two people refusing to give DNA and fingerprints in the first
case, and the sentence was a suspended fine of €150. All were acquitted
of the charges of property damage.

What was most notable in the trial was the complete lack of effort by
the police and prosecutor to present any evidence of property damage,
although the evictions were carried out under the pretense of
investigating that damage.

The trial showed very clearly how the city hall and police abuse the
criminal law to circumvent the legal procedures required to evict
squatted buildings in Calais. They enter the properties by force and
arrest everyone on charges of criminal damage that they have no
intention of substantiating or actually prosecuting. While the occupants
are in the police station they send workers to barricade the building;
materially, if not legally, evicting them.
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