L’Auberge des Migrants fête ses 10 ans

Calais. 15-16 décembre 2018

10ème anniversaire de l’Auberge des Migrants. Programme.

10 ans déjà … on n’est pas sorti de L’Auberge !

L’Auberge des Migrants, association humanitaire, apporte une aide d’urgence, depuis 10 ans, aux exilés présents dans le Calaisis. Nous fêtons ce parcours de dix ans, parsemé d’obstacles, certes, mais aussi source de rencontres et de joies.

Rendez-vous dans 10 ans ?

Conscients de l’utilité de notre travail, nous prenons les moyens de continuer durant les prochaines années, avec nos 7 associations partenaires, puisqu’il est certain qu’aucun gouvernement n’aura , à court terme, la volonté de décider de la fin du blocage de la frontière, ni sans doute le courage d’accueillir de façon digne les exilés bloqués à Calais et à Grande-Synthe.

Nous avons besoin de vous, de votre travail, de vos encouragements, de vos donations. La presque totalité du travail de l’Auberge des Migrants est effectué par des bénévoles. La quasi-totalité de nos ressources est constituée de vos dons.

Samedi 8 décembre : « Perdu dans Dublin ». Protestation à Bruxelles contre les accords de Dublin

Rassemblement rue de la Loi à Bruxelles, de 12 h à 14 h, pour demander une véritable politique européenne d’accueil des exilés, protester contre les accords de Dublin III et demander la transparence et la parole des citoyens dans l’élaboration des accords Dublin IV.

Départ en bus ou voiture 9 h au 56 rue Clément Ader à Calais. Retour 17 h.

Vêtements de pluie ou parapluie, pièce d’identité, bonne humeur demandés.

Samedi 15 décembre. Marche de la Mémoire. 9h30 à 13 h. Calais et les exilés, hier et aujourd’hui.

Les participants effectueront un parcours, de 9h30 à 13 h, qui commencera au cimetière de Calais-Nord, lieu d’inhumation de nombreuses victimes de la frontière, et finira à 13 h aux limites de Marck, sur un des lieux où survivent des exilés depuis des années.

Ce cortège sera silencieux et pacifique. Il commencera par une prière de chacune des communautés religieuses de Calais. A chacune des 14 étapes, une prise de paroles expliquera la présence des exilés, les actions et les exactions des autorités, l’engagement des bénévoles et des militants. Un panneau symbolique sera dévoilé.

Planning

9h30 cimetière de Calais-Nord cérémonie multi-religieuse (prières) sur les tombes des victimes de la frontière.

10 h départ de la « Marche de la mémoire ». Parcours d’environ 8 km.

13 h arrivée à l’entrepôt de l’Auberge des Migrants, rue Clément Ader, repas

Recommandations

Vêtements de pluie. Pièce d’identité. Ne pas photographier ou filmer sur les lieux où survivent les exilés sans leur accord formel. Banderoles et fanions défendant la cause des exilés et demandant une vraie politique d’accueil européenne et française. Insignes des partis politiques discrets svp (brassards, tee-shirts…). Participation au repas 10 € ou libre, valant adhésion et permettant l’accès à l’entrepôt, qui n’est pas légalement un établissement ouvert au public.

Samedi 15 décembre. En marge des 10 ans de l’Auberge des Migrants, Défilé Jungle Fashion !

En parallèle des 10 ans de L’Auberge des Migrants, le Secours Catholique propose le défilé de mode « Jungle Fashion », organisé par des exilés et des bénévoles : de l’esthétique, de l’amitié, du plaisir !

Secours catholique 18 h, 47 rue de Moscou.

Samedi 15 décembre. 14h30 et 20h30. Films et débats !

A L’Alhambra :

14h30 Projection du film « La Marche Solidaire Vintimille-Calais » (1h30). Débat en présence du réalisateur Ali Haghooi, réfugié iranien, ancien de la Jungle de Calais. Entrée : 5 €

20h30 Projection du film « Libre » (1h30). Débat en présence de Cédric Herrou, agriculteur et accueillant de la Vallée de la Roya. Entrée 7 €

Nuit Dehors ! Nuit de samedi 15 décembre à dimanche 16 décembre

Des volontaires passeront la nuit dans les rues de Calais, en solidarité avec les exilés sans-abris. Maraudes : parcours libre, par groupes de 3-4 personnes. (En projet, ouverture d’un local pour la nuit, pour les sans-abris trouvés et acceptant d’y aller)

23 h, devant L’Alhambra, départ des participants

7h30 Secours Catholique, 40 rue de Moscou, (ou entrepôt de l’Auberge des Migrants, 56 rue Clément Ader) petit déjeuner et repos.

Recommandations

Inscription préalable. Vêtements chauds et imperméables. Pièce d’identité. Téléphone portable avec numéro d’appel en cas d’incident.

Dimanche 16 décembre. 13 h à 16 h. Repas partagé, après-midi festif !

13 h, au secours Catholique, rue de Moscou, repas partagé. Amenez dessert et boisson, L’Auberge et RCK fournissent le plat principal. Animations. Projection de diaporamas sur Calais, les exilés, L’Auberge des Migrants.

16 h. Lancement officiel du Concours « Ma Ville Cœur de Pierre » / « Ma Ville Cœur Ouvert »

« Ma Ville, Cœur de Pierre » : distinguez les inhumains !

L’Auberge des Migrants organise un concours national qui vise à distinguer une municipalité particulièrement brutale contre les personnes à la rue.

De nombreuses municipalités en effet éditent des arrêtés contre la mendicité, édifient des murs, des grillages, installent des moyens technologiques élaborés visant à empêcher l’accès ou le passage des migrants, construisent ou laissent construire des dispositifs anti-sdf, appellent les habitants à dénoncer les squats, vont en Justice pour obtenir l’expulsion d’occupants de terrain, refusent la création d’aires pour les gens du voyage, etc.

Le Prix annuel « Ma Ville, Cœur de Pierre » vise à distinguer celles qui se montrent exemplaires dans l’inhumanité.

« Ma Ville Cœur Ouvert » : distinguez les solidaires !

Le concours se double d’un deuxième, visant à distinguer les villes les plus accueillantes pour les sans-abris, les exilés, les gens du voyage.

De nombreuses municipalités, en effet, ouvrent des centres d’accueil, des aires d’accueil des gens du voyage, essaient de ne laisser personne dans la rue, tolèrent les squats et les camps temporaires, encouragent les associations et les citoyens à accueillir.

Le Prix annuel « Ma Ville Cœur Ouvert » vise à distinguer celles qui se montrent exemplaires dans cet accueil.

Le règlement de chacun de ces deux concours est disponible sur le site Internet de L’Auberge des Migrants.

Comment l’association fonctionne-t-elle ?

L’Auberge des Migrants a été créée en décembre 2008, pour préparer et distribuer des repas, des vivres, des vêtements, couvertures, etc., tout ce qui est utile pour que les exilés puissent survivre.

Depuis 2015, l’association a connu plusieurs évolutions :

  • Elle a accru ses moyens en s’associant avec des organisations britanniques, et gère maintenant un entrepôt de 2 500 m², un parc d’une douzaine de véhicules, une cuisine aménagée, un atelier de découpe de bois …
  • Elle coopère, sur cette base logistique, avec 7 autres associations : Help Refugees, Utopia 56, Refugee Community Kitchen, Refugee Youth Service, Infobus, School Bus et Women center.
  • Cela a permis de diversifier les services proposés aux exilés : bois de chauffage, wifi, assistance aux mineurs, aux femmes, information sur le droit d’asile, transports vers les services de santé, observation des violences et pressions policières.
  • L’Auberge des Migrants a également mené des enquêtes pour élaborer des « plaidoyers », destinés aux autorités, aux médias, et permettant d’aller en justice avec succès pour obtenir le respect des droits des personnes exilées.
  • Enfin, les actions ont été étendues géographiquement, et notamment à Grande-Synthe.

Il y a de 400 à 500 personnes exilées sans abri à Calais, 350 à 1 500 à Grande-Synthe, 150 à 300 dans d’autres lieux des Hauts-de-France. Le total des budgets des 8 associations est de l’ordre de 1 M €.

Le budget de l’Auberge des Migrants (chiffres 2017) est de l’ordre de 600 000 € par an. Les principales charges sont l’hébergement des bénévoles, l’entrepôt (location, assurances, eau, électricité…), le parc matériel (carburant, réparations…), les achats (tentes, aliments, chaussures, vêtements de pluie, gants…) et les frais de personnel (1,5 salariés).

Les ressources (chiffres 2017) sont constituées à 1,5 % de subventions (10 000 € Département du Pas-de-Calais), et à 98,5 % de dons, dont la moitié provenant de Grande-Bretagne (Help Refugees), et la moitié collectées par l’Auberge, essentiellement en France (donateurs privés, autres associations, et 45 000 € de la Ville de Grande-Synthe).

Ces ressources sont en baisse en 2018, surtout du fait que Calais est oublié par les médias, et donc par l’opinion publique, et que les autorités affirment que la situation est normalisée.

Quelques chiffres pour les achats et coûts : 15 € c’est une paire de chaussures. 20 € c’est une tente 1-2 personnes, ou deux sacs de couchage. 30 € c’est un repas par jour pendant un mois. 60 € c’est une tente 1-2 personnes, un sac de couchage, une couverture, un tapis de sol, une paire de chaussures, une paire de gants, une écharpe et un bonnet.

L’Auberge des Migrants, B.P. 70113, 62100 Calais. Association humanitaire, reconnue d’utilité publique.

Tel : 06 78 02 05 32. Site www.laubergedesmigrants.fr. Mèl : laubergedesmigrants@hotmail.fr.

Journée LIMINAL

Journée du 24 Novembre 2018 Liminal

La journée a rassemblé une centaine de personnes très diverses, dont plus de la moitié d’exilés. Il s’agissait de s’intéresser aux langues, et la traduction en Tigrinya, Arabe soudanais, et Amalric a été possible grâce à la venue d’enseignants de l’INALCO,(Institut national des langues et des civilisations orientales) et à l’intervention des médiateurs interprètes présents à Calais. Photo 2

Après la présentation du programme de recherche LIMINAL, « Linguistic and intercultural mediation in a context of international migration » (ou « Médiation linguistique et interculturelle dans un contexte de migration internationale »)

Il faut réintroduire dans le moment d’accueil, dès le moment d’accueil, la langue d’origine, ou la langue choisie par l’exilé. Car le français, s’il est nécessaire à l’adaptation a parfois,( souvent ?) une connotation négative: un passif, une histoire , la colonisation, un rapport de force.

En France on est couramment dans le déni de l’importance de la langue du pays d’origine : « Ils n’ont qu’à apprendre le français ! », sans comprendre le sens de l’abandon de la langue d’origine. Et donc l’administration néglige l’importance de l’interprétariat. Ce sont les assos qui pallient ce manque, bien souvent, et proposent de la médiation linguistique, effectuée par des anciens demandeurs d’asile qui ont fait la même expérience que les arrivants..ce qui permet d’expliquer, d’interpréter et d’enrichir  l’échange.

Qui travaille à LIMINAL ? Linguistes, antropologue, socio-linguiste, locuteurs en 10 langues parlées par des migrants en France .

Où ? 3 lieux, Ile de France, Calais et Littoral, Vintimille,-vallée de la Roya

en collaboration avec des associations qui soutiennent les exilés : celles ci sont sources d’informations et de réflexion, , et LIMINAL leur rend compte de l’avancée  du travail des chercheurs : aujourd’hui c’est la 1ere étape, centrée sur les personnes qui viennent des pays de la corne de l’Afrique.

LIMINAL proposera des « productions », pour faciliter l’étape d’accueil des exilés :

-insister sur la professionnalisation des interprètes médiateurs, créer pour cela un DU, pour « community interpretation ».

-réaliser des livrets d’accueil avec les asso et des exilés de fraiche date, actualisés régulièrement et fréquemment, lisibles par les exilés.

-mettre à disposition une base de lexique : « 400 mots de l’asile. »

-des livres sont en gestation

LIMINAL s’intéresse en outre aux écrits que laissent les exilés, quel qu’en soit le support. azil.blog.lemonde.fr

Apres la présentation du programme LIMINAL, les participants ont eu un exposé synthétique reprenant histoire et géopolitique des pays de la corne de l’Afrique.

Les pays de la Corne de l’Afrique

Erythrée, Ethiopie, Djibouti, Soudan : pays d’émigration actuels, mais aussi pays de transit, et pays d’accueil : là commence la complexité.

Pays de cultures anciennes, de grandes civilisations.

Ils ont en commun le mythe de la bataille d’Adoua ou l’armée d’Ethiopie a gagné pour la 1ere fois sur une puissance coloniale, l’Italie . D’où des sentiments d’ orgueil d’un côté, de désir de revanche de l’autre .

« une émigration non choisie » Marie josé Tubiana

Puis on a parlé au sujet des langues Ci dessous un aperçu des thèmes.

Illustration : l’invitation en tigrinya

Les langues sont multiples à l’intérieur même de chaque état, la plupart des personnes sont polyglottes, et les exilés glanent encore des langues au cours de leurs pérégrinations européennes.

L’arabe

-la représentation de l’arabe varie : en France, quand on dit « Arabe », on pense à une personne du Mahgreb , musulmane, et arabophone. Mais c’est bien plus complexe que ça, exemple, au Maroc 45% des habitants parlent le berbère. La Syrie.

-l’intercompréhension entre arabophones : 2 théories, et la vérité est entre les 2 :l a théorie pan arabisante, tous se comprennent, au prix d’une homogénéisation. L’autre est euro centrique et linguistique, et insiste sur les différences.

L’éducation aide évidemment à l’intercompréhension, notamment l’usage de l’écrit et la fréquentation de la littérature. (exemple petit pois bazilla, iljana), les nouvelles technologies aussi.

Il y a aussi un aspect genré : les femmes s’adaptent mieux.

Pour certains peuples, l’arabe est la langue de l’oppresseur.

D’où l’importance à l’OFPRA d’avoir un traducteur de la même origine que le DA.

Une ressource précieuse pour la formation des enseignants FLE pour primo arrivants. base de compréhension de la langue et un conte universel. http://lgidf.cnrs.fr/ Il s’agit de concevoir du matériel pédagogique personnalisé pour chaque langue .

La place des langues dans la société :

  • défendre ses droits;exemple, annulation d’un renvoi dublin en invoquant une traduction inadaptée.
  • Accès aux soins
  • Autant les règlements sont traduits car ils doivent être signés, autant à l’oral c’est le grand bricolage, avec l’anglais broken, quand ce ne sont pas seulement des gestes
  • certaines langues sont rendues invisibles par l’administration parce qu’elle n’embauche pas dans ces langues .
  • – Dans les prisons, il n’y a pas de traducteurs, ça ne permet pas l’exercice des droits pour les personnes étrangères. On utilise des détenus dans le meilleur des cas, ce qui pose le pb de la confidentialité, et des pouvoirs.

    Toute la journée la discussion et les échanges étaient vivants. Ont été abordés : les expériences des exilés à l’OFII et à l’OFPRA ; Le besoin de médiateurs interprètes même une fois les papiers obtenus.

  • Certaines langues ne peuvent être traduites dans les administrations car elles ne trouvent pas d’interprètes, ou n’en recrutent pas.
  • Il y a un parallèle entre la langue et la situation administrative : si on a des papiers on a une place, si on a une langue, on a une place.
  • Www.guideasile.wordpress.com lexique élaboré avec des exilés, mis à jour chaque mois
  • A l’accueil de jour du Secours Catholique à Calais, il y a l’expérience des cours de farsi et d’arabe, cela permet d’inverser un rapport habituel, inégal, entre francophones et non francophones. C’est aussi une expérience intéressante pour un français enseignant le FLE.

Forum social mondial des migrations à Mexico

Forum Social mondial des migrations à Mexico, Novembre 2018

Plusieurs personnes de notre réseau étaient présents au FSMM qui s’est tenu à Mexico du 2 au 4 Novembre. Voici un extrait des différents entretiens menés avec  d’ « heureux participants » juste pour avoir des impressions à propos d’un événement dont on n’a pas tellement entendu parler dans la presse.

Il y a eu une délégation française, coordonnée par le CRID d’une centaine de personnes (sur 800 personnes en tout) venues au titre d’ONG très diverses, dont une grande participation d’ONG catholiques. L’objectif du Forum est d’établir « une stratégie de mouvements sociaux alternative au Pacte mondial des Migrations de l’ONU qui sera ratifié en décembre prochain. »

Le travail, sur 4 jours, s’est fait en 25 ateliers avec des thèmes divers, il n’y a pas eu de grand rassemblement final, pas de communiqué global. Mais le sentiment de faire partie d’une humanité commune fut présent et intense. La rencontre avec d’autres migrants, d’autres aidants, d’autres militants fut passionnante et émouvante. Et le rassemblement a permis de réfléchir à des formes de lutte différentes.

Voici quelques exemples marquants :

  • Il y a d’autres frontières meurtrières, et des asso qui ont la préoccupation de faire reconnaître les morts  : Guatemala, Roumanie. D’autres routes migratoires : surprise de découvrir que « nos » migrants passent par le Panama dans l’espoir d’aller jusqu’aux Etats Unis.
  • -Présence impressionnante de l’association des «dames en noir », dont les enfants ont disparu sur un chemin d’exil, et qui les cherchent, jusqu’à l’autre bout du monde, en médiatisant leur quête, pour que cela soit connu et reconnu par les différents gouvernements. Association présente en Tunisie, Maroc, différents pays d’Asie…
  • Visite de la Maison du Migrant de Mexico, qui fait une large place aux persécutions des LGBTAQ, bien que la maison soit tenue par un ordre religieux catholique. Maison du Migrant qui a une charte qui pourrait inspirer certaines structures d’hébergement chez nous.
  • -Certains participants ont pu vivre une marche avec des personnes migrantes et arriver avec elles au stade où était prévu leur accueil.
  • L’atelier « mobilisation citoyenne », animée par des bénétants du Secours Catholique France a pu parler des entraves à la solidarité, allant jusqu’à la criminalisation des aidants, et de l’hospitalité citoyenne, ici et au Mexique. C’est avec cet atelier qu’une table ronde s’est tenue, par internet, avec 80 personnes réunies au local du secours catholique à Calais.

ECNOU

Accueil rural : quel devenir en 2019 ?

ECNOU : « eux c’est nous » : aide et soutien aux exilés en situation d’urgence.

Fondée fin 2015 par un appel dans la Voix du Nord de quatre familles , l’association s’est installée sur un vaste territoire rural : l’arrondissement de Montreuil/mer et ses environs.

Dès le début , ECNOU s’est investie fortement dans l’accueil chez l’habitant. Au bout de 3 ans d’existence cela représente environ 12 000 nuitées offertes dans des accueils de tous types : de 1 nuit à plus d’une année, de 1 personne à des familles de 7, de nombreuses nationalités différentes …… ECNOU a ainsi acquis une grande connaissance de ce que signifie « héberger des personnes exilées ».

En cette fin d’année 2018, nous avons vu changer tout au long de ces trois années les types de personnes hébergées. Pour simplifier, au début, il s’agissait principalement d’hommes seuls voulant rester et travailler en France et dont les demandes d’asile (étoffée par ECNOU) se sont souvent terminées positivement. Maintenant, quand les associations au contact des exilés nous interpellent, ceux sont souvent pour des femmes, enceintes ou avec des enfants, en grandes difficultés pour obtenir un droit de séjour sur le territoire ou parfois des hommes seuls ayant besoin d’une pose plus ou moins longue avant de reprendre leur itinérance vers l’Angleterre, mais dans ce cas très peu acceptent de s’éloigner de la côte pour venir chez nous.

Les personnes déboutées ou comprenant mal les procédures de l’asile appliquées dans notre région, les personnes ne demandant pas l’asile forment un public qui est beaucoup plus difficile à accompagner.

En 3 ans les membres de l’association ont eux-aussi changé. Leur disponibilité a évolué : Petits-enfants pour l’un, problème de santé pour l’autre, nouvelles activités ou souvenir d’un accueil « pas simple ».

Les chiffres de l’hébergement ( 6300 nuitées en 2016, 3700 en 2017, environ 2000 en 2018) .

Dans d’autres domaines (collectes, sensibilisation dans les écoles , animation en CAO, cours de français, aide à l’intégration des anciens hébergés…) les activités de l’association sont stables voire en augmentation.

L’association s’est rapprochée récemment du département62 pour étudier comment nouer un partenariat permettant l’accueil de « mineurs non accompagnés étrangers » ou l’aide à l’intégration de jeunes majeurs en son sein.

ECNOU réalise actuellement une enquête auprès de ses membres (+/- 200) de façon à mieux cerner les actions qui permettraient à chacun d’exercer sa solidarité envers les exilés en 2019 .

Infomigrants « Les passeurs réussissent à faire croire que la traversée de la Manche est facile, c’est faux »

http://www.infomigrants.net/fr/post/13557/les-passeurs-reussissent-a-faire-croire-que-la-traversee-de-la-manche-est-facile-c-est-faux

Par Bahar MAKOOI

Vagues de deux mètres, courants importants, collision avec des cargos … un sauveteur explique les dangers d’une traversée de la Manche par les migrants et met en garde contre les mensonges véhiculés par les passeurs.

Huit migrants en hypothermie ont été secourus dans la nuit du samedi 24 novembre à environ 19 km au large de Sangatte dans le Pas-de-Calais, d’après la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord. Ils ont appelé le Samu pour demandé de l’aide alors qu’ils tentaient de traverser la Manche à bord d’un bateau pneumatique pour rejoindre l’Angleterre.

Cette nouvelle tentative intervient alors que six nouvelles embarcations de migrants en route vers l’Angleterre avaient été signalées dans la Manche vendredi matin. À la mi-journée, les gardes-côtes de Douvres étaient parvenus à en intercepter une.

« La Manche n’est pas un lac, mais une mer dangereuse », a réagi Bernard Barron, le président de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM) à Calais. Il s’inquiète de la recrudescence des départs en mer sur des embarcations fragiles. Le bateau de sauvetage de Calais est en panne pendant au moins 15 jours, aussi ce sont les équipes de la SNSM de Boulogne, de Dunkerque et de Gravelines qui prennent le relais pour sauver les naufragés.

« Vous n’avez qu’à suivre les lumières des ferries ! » disent les passeurs

Quelques jours auparavant, dans la nuit du mercredi 22 novembre, 18 migrants ont été secourus pendant leur traversée. La semaine d’avant, une quarantaine d’entre eux a été recueilli en mer. « On est sur un phénomène en train d’exploser », s’alarme la préfecture maritime qui décrit une hausse des tentatives de passage par la Manche depuis octobre. « ‘Vous n’avez qu’à suivre les lumières des ferries !’ disent les passeurs aux migrants. Ils réussissent à leur faire croire que la traversée est facile » déplore Bernard Barron, « car depuis Calais, par temps dégagé, on aperçoit même le château de Douvres sur les côtes anglaises ».

Il faut dire que les deux villes sont séparées par une trentaine de kilomètres à vol d’oiseaux, mais les courants qui font dériver les petites embarcations, font faire des zigzags en mer et peuvent conduire à parcourir jusqu’à 70 kilomètres pour atteindre l’Angleterre. « Il faut disposer de véritables connaissances de marins pour ne pas tomber dans le piège des marées », ajoute Bernard Barron.

Se retrouver avec des vagues de deux mètres

Autre difficulté : la météo peut s’avérer trompeuse. La capitaine Ingrid Parrot, porte-parole de la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord, basée à Cherbourg explique la recrudescence des tentatives par des conditions météorologiques particulièrement clémentes lors de cette arrière-saison.

Les migrants partent souvent en soirée et espèrent arriver en 2 ou 3 heures, mais les traversées dans des embarcations précaires sont plus longues que prévues – 14 heures au minimum. « De longues heures durant lesquelles les conditions peuvent se dégrader. Vous pouvez partir par temps calme et vous retrouver au cœur de la Manche avec des vagues de 2 mètres de creux » prévient encore Bernard Barron.

Sans gilet de sauvetage, ni bouée

Il estime que les personnes tentées par la traversée n’ont qu’1% de chance d’arriver en Angleterre par la mer : « La moitié de leurs chances s’envolent parce que les bateaux pneumatiques sont lents et immédiatement signalés par les ferries et les cargos qu’ils croisent ».

Pour le reste, le danger d’une collision avec les cargos est le plus redouté. « Dans la Manche, le trafic maritime est dense avec près de 300 bateaux qui passent chaque jour, dans chaque sens ». Or les risques de noyades sont important, les migrants que la SNSM a pu secourir ont été retrouvés sans gilet de sauvetage, ni bouée. « Les passeurs ne leur fournissent rien », a constaté Bernard Barron.

Par ailleurs, les migrants qui réussissent à atteindre le sol anglais ne sont pas à l’abri d’une expulsion. Pour l’heure, et en attendant le Brexit, le Royaume-Uni applique les accords de Dublin. Les migrants enregistrés dans un pays de l’UE sont donc susceptible d’être renvoyés.

Depuis le début des tentatives de passage, la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord n’a recensé aucun décès et ni de disparition en mer. « On n’a pas eu à déplorer des cadavres non identifiés sur une plage, on veut à tout prix éviter cela » a-t-elle prévenu.

Pourtant, à en croire l’expérience de Bernard Barron, ça n’est pas parce qu’on ne retrouve pas de corps sur une plage que ces traversées ne tuent pas : « Il peut y avoir des accidents en plein milieu de la Manche, et dans ce cas, les corps noyés échouent au fond de l’eau. Les courants peuvent aussi les emporter vers la Hollande ou les côtes belges » prévient-il.

Euractiv // L’Eurotunnel se prépare à la hausse des contrôles à Calais

L’Eurotunnel se prépare à la hausse des contrôles à Calais

Au PC sécurité d’Eurotunnel, à Calais : 600 caméras scrutent les 650 hectares du site. [Cécile Réto/Ouest-France]

Chaque minute compte pour maintenir un trafic fluide à l’entrée du tunnel sous la Manche. Pour parer au retour de nouveaux contrôles, post-Brexit, le site Eurotunnel de Calais lance une course contre la montre. Reportage de notre partenaire, Ouest-France.

Silence dans la salle. Les yeux rivés sur un mur d’écrans, gendarmes et agents de sécurité traquent les intrus. 600 caméras scrutent les 650 ha du site Eurotunnel de Calais. « On vient de repérer des migrants dans un camion. » Triste routine, ici, depuis 2015. « Pas un jour sans que l’on en découvre », explique un agent, tenu à l’anonymat.

1,6 million de camions empruntent le « shuttle » chaque année. | Infographie Ouest-France

Pas question d’y passer la journée. Ici, chaque minute compte. Le contrôle migratoire, réalisé à l’aide de chiens renifleurs, de capteurs de battements de cœur et de CO2, n’est qu’un pan des huit points de vérification auxquels sont soumis les camions. Huit, pour l’instant… Mais personne ne sait à quoi s’attendre après le Brexit. Seule certitude : police, douanes et services vétérinaires devront procéder à des contrôles en sus. Leur nombre variera selon l’accord scellé entre Londres et Bruxelles.

Coûteux, ces contrôles s’avèrent surtout gourmands en temps. Or, les livreurs de colis express, gros client du tunnel, promettent souvent des livraisons à la demi-heure près : impossible de les retarder avant qu’ils n’embarquent à bord du train.

Pression du « juste-à-temps »

Même stress avec le « juste-à-temps », nom donné aux cargaisons à flux tendu. Suspensions allemandes, pots d’échappement néerlandais, ceintures de sécurité hongroises et roues espagnoles… Les usines automobiles britanniques, qui recrachent chaque année un million de voitures sur le marché européen, tournent avec « deux heures de stock au maximum », explique Anne-Laure Descleves, directrice de la communication.

D’où l’inquiétude des transporteurs à l’approche du Brexit. Depuis deux ans, « nous nous sommes mis en ordre de marche pour intégrer les contrôles complémentaires », veut rassurer Jacques Gounon. Le PDG du groupe Getlink (Eurotunnel) en a horreur des files d’attente.

Plus besoin donc, pour les chauffeurs, de descendre sans cesse de leur cabine. Un portique scanne leurs marchandises en quelques secondes. Et au péage, leurs plaques d’immatriculation sont détectées automatiquement. Pratique, pour les 80 % de routiers qui passent ici au moins une fois par semaine.

Eurotunnel Calais, contrôle migrants

Pas un jour sans que les agents de sécurité ne découvrent des migrants à bord de camions. Ici, les chiens ont « signé » en vain. Le camion est vide. | Cécile Réto

Le spectre d’un « no deal »

Pour éviter les bouchons, des contrôles juxtaposés ont été instaurés. Il suffisait d’y penser… « Avant, nous faisions un contrôle canin des cargaisons, puis un autre pour les bâches qui menacent de s’envoler dans le tunnel si elles sont déchirées », relate Anne-Laure Descleves. Fini le double arrêt : désormais, deux contrôleurs opèrent sous une même guérite.

Finie aussi la douane en sortie de tunnel. Au départ de Calais comme de Folkestone, la police aux frontières française (PAF) est postée à une cinquantaine de mètres des agents de la UK border force. À l’arrivée, après 35 minutes de traversée, moins d’un quart d’heure suffit à évacuer les camions du train… Ils peuvent alors filer sur l’autoroute voisine, sans refaire la queue à la douane.

Aussi efficaces soient ces mesures, elles ne suffiront pas à compenser le temps perdu avec les nouvelles étapes sanitaires et douanières post-Brexit. D’où la bataille que mène Eurotunnel pour accueillir ces « guérites » sur son site. L’État préférerait limiter les frais, en ouvrant un point de contrôle commun au tunnel et au port, distant d’une quinzaine de kilomètres.

L’idée ne plaît ni au port, ni à Eurotunnel, qui veulent garder leurs clients chez eux. Il va pourtant falloir faire vite. En cas d’absence d’accord avec Bruxelles, tout devra être prêt le 30 mars 2019. À minuit côté français ; 23 h côté britannique.

Tatinghem, Longuenesse, Salperwick, expulsions!!

Tatinghem, expulsion! Longuenesse, expulsion! Salperwick, expulsion! Les exilé.e.s qui (sur)vivent dans l’audomarois dans l’espoir de franchir la Manche subissent eux et elles aussi la politique de lutte contre les points de fixation. Après l’expulsion d’un campement situé dans un fossé de Tatinghem en décembre 2017,  les personnes exilées avaient réussi à se réinstaller 300 mètres plus loin sur un terrain vague de la ville de Longuenesse. En septembre, les habitant.e.s sont expulsé.e.s, et les abris et tentes détruits au cours de ce que les autorités ont appelé une opération de lutte contre les réseaux de trafic d’êtres humains; opération qui aura surtout permis de vider le campement de ces habitant.e.s et de le détruire…Un mois plus tard, après quelques autres tentatives d’installation, une dizaine de jeunes hommes, originaires du Kurdistan irakien, se sont installés sur un terrain situé sur la commune de Salperwick. Quelques jours après, le propriétaire accompagné des gendarmes locaux est parvenu à faire partir les personnes exilées. Une nouvelle mise à la rue, une nouvelle fois sans base légale. Les personnes exilées reviendront peut-être. Sans doute même. Les bénévoles locaux continueront à les soutenir comme ils et elles le font depuis plus de 10 ans.

La Voix du Nord // Migrant.e.s: quelle est la situation aujourd’hui à Steenvoorde?

Amélie Vermeulen | 13/10/2018

Depuis les démantèlements successifs, il n’y a plus de camp de migrants à Steenvoorde. «  À chaque fois qu’ils essaient de poser des tentes, c’est systématiquement emmené  », relève Damien Defrance, président de Terre d’errance, une association d’aide aux migrants. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a plus de migrants. Certes, depuis les démantèlements et l’arrêté pris par l’État pour interdire le stationnement des poids lourds sur l’aire d’autoroute, ils sont beaucoup moins nombreux. Terre d’errance estime qu’ils sont actuellement «  une dizaine  ». Des chiffres que nous confirment les forces de l’ordre. Comme c’était le cas avant, ils arrivent des pays d’Afrique de l’est, du Soudan, d’Erythrée…

S’il n’y a plus de camp au Saint-Laurent, ce hameau de Steenvoorde éloigné du centre-ville continue pourtant de servir de refuge, une fois que les portes de la salle Saint-Joseph se referment, à 20 h. Les riverains que nous avons interrogés le confirment. «  Les migrants passent le matin et le soir, j’entends le chien aboyer  », rapporte un Steenvoordois. «  Cet été, j’ai dû m’arrêter net avec mon tracteur car il y avait un migrant qui dormait là, dans le champ, dans un sac de couchage  », raconte un agriculteur.

Terre d’errance continue d’assurer l’accueil de jour à la salle paroissiale Saint-Joseph, mais pour l’association aussi, le quotidien a évolué. «  Notre rôle a changé, confie Anne-Marie Defrance. Avant, on devait surtout gérer l’urgence, désormais on est davantage dans l’accompagnement individuel. J’aide actuellement des Érythréennes dans leur demande d’asile.  »

Un tournant dans l’accueil des migrants ?

Autre changement important, la convention signée en début d’année entre Terre d’errance et le Secours catholique. Celle-ci pourrait bien marquer un tournant : «  On entre dans une phase de normalisation  », nous confie une personne très au fait du sujet.

Cette convention, c’est une façon de pérenniser l’accueil de jour à la salle paroissiale. Mais on peut aussi y voir une volonté d’apporter un cadre plus strict, de régulariser l’accueil des migrants tout en limitant leur nombre. On sent également une volonté de mieux les intégrer, maintenant qu’ils sont moins nombreux. C’est un peu le sens des vestiaires que le Secours catholique veut mettre en place dans la Maison des sœurs, et qui seraient accessibles aussi bien aux migrants qu’aux Steenvoordois. Une tentative de rapprochement, en somme.

La Voix du nord // Migrants de Calais, un point de distribution de repas bloqué par des enrochements

Ce mercredi, des enrochements ont été installés route de Saint-Omer, là où chaque jour des repas sont distribués pour les réfugiés. 

Ce mercredi, des enrochements ont été installés route de Saint-Omer, à proximité du boulevard des Justes et de l’ancienne aire de covoiturage. À cet endroit, chaque jour, midi et soir, des repas sont distribués aux exilés par des associations d’aide aux migrants. «  On veut empêcher les regroupements et les squats qui peuvent s’y installer. L’endroit doit rester une zone naturelle et paisible.

« L’endroit doit rester une zone naturelle et paisible. Plusieurs riverains ont fait part de leur mécontentement »

Ces rochers ont pour but d’empêcher ces distributions. «  On veut empêcher les regroupements et les squats qui peuvent s’y installer. L’endroit doit rester une zone naturelle et paisible. Plusieurs riverains ont fait part de leur mécontentement  », explique Philippe Mignonet, adjoint à la sécurité à la mairie de Calais. Selon lui, c’est aussi une manière de préserver la zone, qui a été, ces derniers mois, le théâtre de nombreux faits divers  : une grosse rixe entre Afghans et Érythréens en février et la mort d’un migrant tué d’un coup de couteau en mars.

De son côté, l’Auberge des migrants, par le biais de François Guennoc, dénonce la manœuvre. «  On va partir un peu plus loin, on n’a pas le choix. Si ça amuse la municipalité de dépenser l’argent du contribuable, c’est son problème. Les migrants ont besoin de se nourrir  », explique-t-il.

Rapport de Médecins du Monde sur l’accès aux droits et aux soins des plus démuni.e.s en France

Médecins du Monde (MdM) publie son 18e rapport annuel sur l’accès aux droits et aux soins des plus démunis en France

17/10/18 – Depuis plus de 30 ans, les équipes de Médecins du Monde (MdM) interviennent en France et luttent pour l’accès aux droits et aux soins pour tous.  À l’occasion de la Journée mondiale du refus de la misère, le 17 octobre, MdM publie son nouveau rapport annuel sur l’accès aux droits et aux soins des plus démunis en France. « 18e rapport annuel, 18e constat implacable et persistant tiré de nos actions : le non-accès aux droits et à la santé en France contribue à exclure de plus en plus de personnes précaires du système de santé. Sur la base de données objectives, ce rapport témoigne des obstacles et des dysfonctionnements croissants dans l’accès aux soins et aux droits de ces personnes », écrit MdM.
L’association se concentre sur l’action de ses médecins dans ses quinze centres de santé (CASO) en activité en 2017 où 24 338 patients ont été soignés. 12 000 autres personnes ont été approchées dans la rue. Majoritairement masculines, les personnes reçues sont principalement des ressortissants étrangers très jeunes. Plus de 98 % vivent sous le seuil de pauvreté. Elle souligne la hausse des mineurs accueillis dans ces centres, soit 3 477 en 2017, avec une moyenne d’âge de 10 ans. Un programme spécifique a été mis en place par l’organisme pour les aider dans leurs démarches. « L’absence de droits pour certaines populations » ou leur « non-application » sont deux arguments mis en avant par le rapport. La grande majorité des patients accueillis dans les centres ne disposent pas de couverture maladie : 13.3% seulement en possèdent une. Pourtant, d’après leur situation administrative, sept personnes sur dix devraient être couvertes. L’association propose de fusionner l’AME dans la PUMa (protection universelle maladie), et donc que les bénéficiaires de l’AME, les étrangers en situation irrégulières notamment, puissent être intégrés au régime général, détaille le rapport qui note que « les bénéficiaires de l’AME arrivent souvent très malades quand ils viennent demander des soins ».
Cette demande fait écho aux critiques de l’AME par certains hommes politiques. Le député LREM Thomas Mesnier avait proposé d’intégrer l’aide médicale d’État au régime général lors des discussions sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2018, mesure qui n’avait pas été retenue à l’époque, rappelle Le Figaro.
> Le rapport de l’Observatoire de l’accès aux droits et aux soins 2018

 
 

Selon Médecins du monde, «les plus démunis sont exclus du système de santé»

Dans un rapport publié à l’occasion de la Journée mondiale du refus de la misère, l’organisation alerte sur les conditions de santé dégradées des personnes les plus précaires.

«Les plus précaires sont les plus mal soignés». Le constat dressé par Médecins du monde est sans appel. Dans son dix-huitième rapport annuel sur l’accès aux droits et aux soins des plus démunis en France, rendu public ce mardi, l’association explique que «les plus démunis sont exclus du système de santé».

» LIRE AUSSI Soins médicaux pour les plus démunis: des besoins croissants

L’association se concentre sur l’action de ses médecins dans ses quinze centres en activité en 2017 où 24.338 patients ont été soignés. 12.000 autres personnes ont été approchées dans la rue. De leur expérience sur le terrain, Médecins du monde tire des enseignements sur l’accès à la santé des plus précaires. Et sur les difficultés auxquelles ils sont confrontés.

Une population jeune qui vit sous le seuil de pauvreté

Majoritairement masculines, les personnes reçues sont principalement des ressortissants étrangers très jeunes. Plus de 98% vivent sous le seuil de pauvreté. Le rapport dresse des conclusions qui interpellent, comme le manque de dépistage: «Les conditions de vie précaires constituent un obstacle important au dépistage dans ces populations qui ont bien souvent d’autres priorités à gérer que leur santé».

En d’autres termes, les patients sont peu vaccinés. Parmi les personnes de plus 15 ans, seulement un peu plus d’un tiers sont à jour de leur vaccination pour la coqueluche, les rougeoles-oreillons-rubéoles (ROR) et l’hépatite virale B.

Toute aussi alarmante est la hausse des mineurs accueillis dans ces centres, soit 3 477 en 2017, avec une moyenne d’âge de 10 ans. Un programme spécifique a été mis en place par l’organisme pour les aider dans leurs démarches. Les femmes sont de même particulièrement touchées, avec un difficile accès aux services de gynécologie. 45.2% des femmes enceintes venues aux centres sont en retard dans le suivi de leur grossesse.

13% seulement possèdent une couverture maladie

Comment expliquer ces inégalités? «L’absence de droits pour certaines populations» ou leur «non-application» sont deux arguments mis en avant par le rapport. La grande majorité des patients accueillis dans les centres ne disposent pas de couverture maladie: 13.3% seulement en possèdent une. Pourtant, d’après leur situation administrative, sept personnes sur dix devraient être couvertes.

Le rapport dénonce la précarité administrative de ces publics. En cause la complexité des démarches surtout, mais aussi les difficultés financières. Difficile en effet d’avancer les frais ou de souscrire à une complémentaire santé pour la plupart des patients de ces centres. Pour les ressortissants étrangers, la barrière de la langue entre également en jeu.

Supprimer l’Aide médicale d’État

Médecins du monde souhaiterait la mise en place d’une sécurité sociale universelle pour tous. «L’aide médicale d’État doit disparaître au profit d’un régime général de la Sécurité sociale plus accessible et étendu à l’ensemble des personnes résidentes de notre pays», détaille le rapport.

«Les bénéficiaires de l’AME arrivent souvent très malades quand ils viennent demander des soins»

Delphine Franget, à la direction des opérations de Médecins du monde

L’association propose de fusionner l’AME dans la PUMa (protection universelle maladie) , et donc que les bénéficiaires de l’AME, les étrangers en situation irrégulières notamment, puissent être intégrés au régime général.

«Avec les lois de 1993 (dites Pasqua), on a isolé les sans papiers dans un système spécifique, précise Delphine Franget, à la direction des opérations de Médecins du monde et qui a travaillé sur le rapport. Auparavant, l’accès à l’assurance maladie n’était subordonné à aucune condition de régularité du séjour. Nous aimerions donc supprimer cette condition». D’après elle, c’est notamment en raison de ce système que les ressortissants étrangers sans papiers accusent des retards dans l’accès aux droits et donc dans l’accès aux soins. «Les bénéficiaires de l’AME arrivent souvent très malades quand ils viennent demander des soins, dénonce-t-elle. Nous aimerions qu’ils puissent bénéficier de la sécurité sociale».

Cette demande fait écho aux critiques de l’AME par certains hommes politiques. Le député LREM Thomas Mesnier avait proposé d’intégrer l’aide médicale d’État au régime général lors des discussions sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2018. Mesure qui n’avait pas été suivie à l’époque.