Amélie Vermeulen | 13/10/2018
Depuis les démantèlements successifs, il n’y a plus de camp de migrants à Steenvoorde. « À chaque fois qu’ils essaient de poser des tentes, c’est systématiquement emmené », relève Damien Defrance, président de Terre d’errance, une association d’aide aux migrants. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a plus de migrants. Certes, depuis les démantèlements et l’arrêté pris par l’État pour interdire le stationnement des poids lourds sur l’aire d’autoroute, ils sont beaucoup moins nombreux. Terre d’errance estime qu’ils sont actuellement « une dizaine ». Des chiffres que nous confirment les forces de l’ordre. Comme c’était le cas avant, ils arrivent des pays d’Afrique de l’est, du Soudan, d’Erythrée…
S’il n’y a plus de camp au Saint-Laurent, ce hameau de Steenvoorde éloigné du centre-ville continue pourtant de servir de refuge, une fois que les portes de la salle Saint-Joseph se referment, à 20 h. Les riverains que nous avons interrogés le confirment. « Les migrants passent le matin et le soir, j’entends le chien aboyer », rapporte un Steenvoordois. « Cet été, j’ai dû m’arrêter net avec mon tracteur car il y avait un migrant qui dormait là, dans le champ, dans un sac de couchage », raconte un agriculteur.
Terre d’errance continue d’assurer l’accueil de jour à la salle paroissiale Saint-Joseph, mais pour l’association aussi, le quotidien a évolué. « Notre rôle a changé, confie Anne-Marie Defrance. Avant, on devait surtout gérer l’urgence, désormais on est davantage dans l’accompagnement individuel. J’aide actuellement des Érythréennes dans leur demande d’asile. »
Un tournant dans l’accueil des migrants ?
Autre changement important, la convention signée en début d’année entre Terre d’errance et le Secours catholique. Celle-ci pourrait bien marquer un tournant : « On entre dans une phase de normalisation », nous confie une personne très au fait du sujet.
Cette convention, c’est une façon de pérenniser l’accueil de jour à la salle paroissiale. Mais on peut aussi y voir une volonté d’apporter un cadre plus strict, de régulariser l’accueil des migrants tout en limitant leur nombre. On sent également une volonté de mieux les intégrer, maintenant qu’ils sont moins nombreux. C’est un peu le sens des vestiaires que le Secours catholique veut mettre en place dans la Maison des sœurs, et qui seraient accessibles aussi bien aux migrants qu’aux Steenvoordois. Une tentative de rapprochement, en somme.