Journée LIMINAL

Journée du 24 Novembre 2018 Liminal

La journée a rassemblé une centaine de personnes très diverses, dont plus de la moitié d’exilés. Il s’agissait de s’intéresser aux langues, et la traduction en Tigrinya, Arabe soudanais, et Amalric a été possible grâce à la venue d’enseignants de l’INALCO,(Institut national des langues et des civilisations orientales) et à l’intervention des médiateurs interprètes présents à Calais. Photo 2

Après la présentation du programme de recherche LIMINAL, « Linguistic and intercultural mediation in a context of international migration » (ou « Médiation linguistique et interculturelle dans un contexte de migration internationale »)

Il faut réintroduire dans le moment d’accueil, dès le moment d’accueil, la langue d’origine, ou la langue choisie par l’exilé. Car le français, s’il est nécessaire à l’adaptation a parfois,( souvent ?) une connotation négative: un passif, une histoire , la colonisation, un rapport de force.

En France on est couramment dans le déni de l’importance de la langue du pays d’origine : « Ils n’ont qu’à apprendre le français ! », sans comprendre le sens de l’abandon de la langue d’origine. Et donc l’administration néglige l’importance de l’interprétariat. Ce sont les assos qui pallient ce manque, bien souvent, et proposent de la médiation linguistique, effectuée par des anciens demandeurs d’asile qui ont fait la même expérience que les arrivants..ce qui permet d’expliquer, d’interpréter et d’enrichir  l’échange.

Qui travaille à LIMINAL ? Linguistes, antropologue, socio-linguiste, locuteurs en 10 langues parlées par des migrants en France .

Où ? 3 lieux, Ile de France, Calais et Littoral, Vintimille,-vallée de la Roya

en collaboration avec des associations qui soutiennent les exilés : celles ci sont sources d’informations et de réflexion, , et LIMINAL leur rend compte de l’avancée  du travail des chercheurs : aujourd’hui c’est la 1ere étape, centrée sur les personnes qui viennent des pays de la corne de l’Afrique.

LIMINAL proposera des « productions », pour faciliter l’étape d’accueil des exilés :

-insister sur la professionnalisation des interprètes médiateurs, créer pour cela un DU, pour « community interpretation ».

-réaliser des livrets d’accueil avec les asso et des exilés de fraiche date, actualisés régulièrement et fréquemment, lisibles par les exilés.

-mettre à disposition une base de lexique : « 400 mots de l’asile. »

-des livres sont en gestation

LIMINAL s’intéresse en outre aux écrits que laissent les exilés, quel qu’en soit le support. azil.blog.lemonde.fr

Apres la présentation du programme LIMINAL, les participants ont eu un exposé synthétique reprenant histoire et géopolitique des pays de la corne de l’Afrique.

Les pays de la Corne de l’Afrique

Erythrée, Ethiopie, Djibouti, Soudan : pays d’émigration actuels, mais aussi pays de transit, et pays d’accueil : là commence la complexité.

Pays de cultures anciennes, de grandes civilisations.

Ils ont en commun le mythe de la bataille d’Adoua ou l’armée d’Ethiopie a gagné pour la 1ere fois sur une puissance coloniale, l’Italie . D’où des sentiments d’ orgueil d’un côté, de désir de revanche de l’autre .

« une émigration non choisie » Marie josé Tubiana

Puis on a parlé au sujet des langues Ci dessous un aperçu des thèmes.

Illustration : l’invitation en tigrinya

Les langues sont multiples à l’intérieur même de chaque état, la plupart des personnes sont polyglottes, et les exilés glanent encore des langues au cours de leurs pérégrinations européennes.

L’arabe

-la représentation de l’arabe varie : en France, quand on dit « Arabe », on pense à une personne du Mahgreb , musulmane, et arabophone. Mais c’est bien plus complexe que ça, exemple, au Maroc 45% des habitants parlent le berbère. La Syrie.

-l’intercompréhension entre arabophones : 2 théories, et la vérité est entre les 2 :l a théorie pan arabisante, tous se comprennent, au prix d’une homogénéisation. L’autre est euro centrique et linguistique, et insiste sur les différences.

L’éducation aide évidemment à l’intercompréhension, notamment l’usage de l’écrit et la fréquentation de la littérature. (exemple petit pois bazilla, iljana), les nouvelles technologies aussi.

Il y a aussi un aspect genré : les femmes s’adaptent mieux.

Pour certains peuples, l’arabe est la langue de l’oppresseur.

D’où l’importance à l’OFPRA d’avoir un traducteur de la même origine que le DA.

Une ressource précieuse pour la formation des enseignants FLE pour primo arrivants. base de compréhension de la langue et un conte universel. http://lgidf.cnrs.fr/ Il s’agit de concevoir du matériel pédagogique personnalisé pour chaque langue .

La place des langues dans la société :

  • défendre ses droits;exemple, annulation d’un renvoi dublin en invoquant une traduction inadaptée.
  • Accès aux soins
  • Autant les règlements sont traduits car ils doivent être signés, autant à l’oral c’est le grand bricolage, avec l’anglais broken, quand ce ne sont pas seulement des gestes
  • certaines langues sont rendues invisibles par l’administration parce qu’elle n’embauche pas dans ces langues .
  • – Dans les prisons, il n’y a pas de traducteurs, ça ne permet pas l’exercice des droits pour les personnes étrangères. On utilise des détenus dans le meilleur des cas, ce qui pose le pb de la confidentialité, et des pouvoirs.

    Toute la journée la discussion et les échanges étaient vivants. Ont été abordés : les expériences des exilés à l’OFII et à l’OFPRA ; Le besoin de médiateurs interprètes même une fois les papiers obtenus.

  • Certaines langues ne peuvent être traduites dans les administrations car elles ne trouvent pas d’interprètes, ou n’en recrutent pas.
  • Il y a un parallèle entre la langue et la situation administrative : si on a des papiers on a une place, si on a une langue, on a une place.
  • Www.guideasile.wordpress.com lexique élaboré avec des exilés, mis à jour chaque mois
  • A l’accueil de jour du Secours Catholique à Calais, il y a l’expérience des cours de farsi et d’arabe, cela permet d’inverser un rapport habituel, inégal, entre francophones et non francophones. C’est aussi une expérience intéressante pour un français enseignant le FLE.