À la demande du ministère de l’Intérieur britannique, le navire de patrouille HMS Mersey pourrait être déployé dès ce jeudi pour contrer les tentatives croissantes de traversée par des migrants à bord de fragiles embarcations.
Ancré à Portsmouth, le HMS Mersey est prêt à appareiller. À la demande du ministère de l’Intérieur, le navire de la Royal Navy pourrait être déployé dès jeudi dans la Manche. Sa mission: faire face aux tentatives croissantes de traversée par des migrants à bord d’embarcations de fortune. La marine britannique avait déjà décidé de rapatrier deux navires en mission en Méditerranée. Ils viendront s’ajouter à la vedette et aux deux patrouilleurs déjà présents sur place. La Royal Air Force devrait également être mise à contribution. D’après le ministère britannique de l’Intérieur, 539 migrants ont tenté de traverser la Manche à bord de petites embarcations en 2018, dont 80% au cours des trois derniers mois. Ils étaient selon lui 230 pour le seul mois de décembre.
Après avoir dû écourter ses congés en fin de semaine dernière, le ministre de l’Intérieur, Sajid Javid, a lui-même convenu que cette situation s’apparentait à un «incident majeur». Celui à qui les médias britanniques prêtent l’intention de succéder à Theresa May à la tête du gouvernement fait depuis montre de fermeté sur le sujet. Mercredi, il est allé jusqu’à questionner le statut de demandeur d’asile de ceux qui tentent cette traversée au péril de leur vie. «Si vous arrivez au Royaume-Uni, nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour que vous ne réussissiez pas, parce que nous devons briser cette filière» a-t-il mis en garde, s’attirant les foudres de l’opposition travailliste et de plusieurs organisations humanitaires.
Collaboration accrue
Paris et Londres se sont accordés ce week-end sur un «plan d’action renforcé». Cette collaboration doit être mise en œuvre dans les prochaines semaines. Elle prévoit, outre un accroissement du nombre de patrouilles de surveillance, des actions pour démanteler les gangs de trafiquants et la sensibilisation des migrants. De son côté, le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, plaidait la semaine dernière pour la création d’«une patrouille commune de garde-côte». «Il ne se passe quasiment pas une nuit désormais sans que des migrants bravent le froid et les dangers de la mer», s’alarmait-il dans nos colonnes. Lundi soir, quatorze migrants étaient interpellés à Boulogne-sur-Mer après avoir volé un bateau de pêche.
Depuis des années, des milliers de migrants venus d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Asie tentent de rejoindre le Royaume-Uni depuis la France. Habituellement, les migrants essayebt de rejoindre l’Angleterre en montant clandestinement dans l’un des milliers de camions qui franchissent quotidiennement la frontière. Seulement, il est aujourd’hui devenu de plus en plus difficile de passer par les ports ou le tunnel. Selon le préfet du Pas-de-Calais, Fabien Sudry, l’arrivée croissante d’Iraniens expliquerait en partie ce changement de tactique. Ces profils de migrants généralement plus fortunés pousseraient les passeurs à diversifier les moyens de traversée. La densité du trafic, les courants importants, les hauts-fonds, le vent quasi permanent et la température de l’eau rendent pourtant la traversée du détroit très difficile et extrêmement dangereuse.