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Libération // Discours de Macron à Calais

Par LIBERATION, avec AFP — 
Emmanuel Macron à Calais, le 16 janvier.
Emmanuel Macron à Calais, le 16 janvier. Photo Denis Charlet. AFP

Le président de la République a défendu le travail des policiers, tout en les appelant à être «exemplaires» vis-à-vis des migrants. L’Etat devrait par ailleurs se charger de l’accès à la nourriture.

Emmanuel Macron s’est exprimé ce mardi depuis Calais sur sa politique d’immigration. Le président de la République a d’abord déclaré qu’il comptait «assurer la sécurité du port de Calais et du tunnel sous la Manche» et rendre impossible le passage illégal au Royaume-Uni. «Calais ne doit pas être une porte d’entrée dérobée vers l’Angleterre», a-t-il déclaré. «En aucun cas, nous ne laisserons se reconstituer une jungle à Calais», a-t-il ajouté devant les forces de l’ordre.

Alors que les policiers sont régulièrement mis en cause car, selon l’ONG Human Rights Watch et plusieurs associations, ils confisquent les affaires des exilés et les aspergent régulièrement de gaz poivre, Emmanuel Macron a appelé les agents de l’Etat à être «exemplaires» vis-à-vis des migrants. «Aucun manquement à la déontologie ne sera toléré» et «si manquement il y a, des sanctions seront prises», a affirmé le président de la République, en annonçant qu’une circulaire serait prochainement adressée aux préfets.

Mais qu’il y ait des manquements ou non, le chef de l’Etat a également annoncé une «prime exceptionnelle de résultats» pour les forces de l’ordre «affectées de manière permanente» dans le Calaisis.

Le président s’en est par ailleurs pris aux associations qui «encouragent ces femmes et ces hommes à rester, à s’installer dans l’illégalité, voire à passer» en Grande-Bretagne «prennent une responsabilité immense». «Jamais elles n’auront l’Etat à leurs côtés», a-t-il ajouté.

Enfin, Emmanuel Macron a annoncé que l’Etat s’occupera désormais de «l’accès à la nourriture et aux repas, qui est assuré aujourd’hui par les associations». «Je vais vous le dire très clairement, nous allons le prendre à notre charge, de manière organisée, avec des points mobiles, sans tolérer aucune installation de campements illicites», a-t-il dit

France info // Visite de Macron à Calais: « Tous les soirs, les policiers prennent nos tentes et nous frappent » racontent des migrants

https://www.francetvinfo.fr/france/hauts-de-france/migrants-a-calais/visite-d-emmanuel-macron-a-calais-tous-les-soirs-les-policiers-prennent-nos-tentes-et-nous-frappent-racontent-des-migrants_2563999.html

Emmanuel Macron se rend mardi à Calais, symbole de la crise migratoire, pour y défendre sa politique sur l’asile et l’immigration. Depuis le démantèlement de la « jungle » en octobre 2016, les associations dénoncent des conditions indignes pour les migrants.

L\'atmosphère dans un camp de migrants improvisé à Calais avant l\'arrivée d\'Emmanuel Macron mardi 16 janvier 2018.
L’atmosphère dans un camp de migrants improvisé à Calais avant l’arrivée d’Emmanuel Macron mardi 16 janvier 2018. (CLEMENCE BONFILS / RADIO FRANCE)
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Sandrine Etoa-AndeguefranceinfoRadio France

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DIRECT. Des dizaines de surveillants s’installent devant la prison de Vendin-le-Vieil pour tenter d’empêcher la ministre de la Justice de sortir

Hussein et Barack dorment dans un sous-bois. Ces deux jeunes Ethiopiens l’appellent la « jungle », comme celle évacuée en octobre 2016. Ils montrent trois tentes fluo posées sur le sol boueux et glacé. Autour, des déchets, des cartons et des bouteilles de verre. « Il fait très froid, racontent-ils. Tous les soirs, les policiers prennent nos tentes, nos sacs de couchage et nous frappent. La vie à Calais est très dure. C’est inhumain. »

Ces propos font bondir Gilles Debove, délégué du syndicat Unité SGP Police Force Ouvrière. « Je n’y crois pas du tout », réagit-il. Selon lui, les policiers se contentent de démanteler les nouveaux camps. Il souhaite que les policiers soient équipés de caméras piétons pour appuyer leurs dires. « Une fois que le camp est démantelé, une fois que les personnes ont quitté les lieux, effectivement, on a des tentes qui sont restées là, des duvets qui sont restés là, des chaussures qui sont abandonnées et ce sont les services de voirie qui ramassent les effets qui vont à la destruction », explique Gilles Debove.

Des plaintes déposées pour destruction de biens

Des effets que les associations ont prêtés aux réfugiés plutôt que de les leur donner. Grâce à cette parade, l’Auberge des migrants, où Maya Konforti est bénévole, a pu porter plainte pour destruction de biens. « On leur a fait signer un contrat de prêt. On a floqué les sacs de couchage et les couvertures », explique-t-elle. 

On leur a dit : ‘Quand la police vous prend votre sac de couchage, appelez-nous et déclarez que la police vous a pris un bien qui appartenait à l’association’Maya Konforti, Auberge des migrantsfranceinfo

Deux associations ont ainsi porté plainte contre X pour « destruction de biens ». D’autres associations sont prêtes à faire la même démarche. Deux ont refusé de rencontrer Emmanuel Macron lors de sa visite prévue mardi 16 janvier à Calais.

Le monde // Immigration: arrivées et renvois en hausse en 2017

La Direction générale des étrangers de France a publié son rapport, mardi, sur les chiffres de l’immigration en 2017 alors qu’Emmanuel Macron se rend à Calais.

Le Monde.fr |Par Maryline Baumard

 

Des migrants attendent près d’un parking à camions, à Calais (Pas-de-Calais), le 12 janvier.

En 2017, la France a délivré 13,7 % de nouveaux titres de séjours de plus qu’en 2016. Quelque 262 000 étrangers en ont obtenu un premier. Rendues publiques par le ministère de l’intérieur mardi 16 janvier, les données 2017 sur l’immigration risquent d’alimenter la polémique sur ce sujet difficile à manier en finesse. D’autant qu’ils sont annoncés le jour même où le chef de l’Etat fait sa première sortie sur le thème, et alors que la future loi asile et immigration fait débat.

Les entrées 2017 se sont d’abord faites pour motif familial : 91 070 étrangers ont obtenu un premier titre de séjour (+ 2,2 %), majoritairement parce qu’ils ont épousé un ressortissant français ou fait venir des membres de leur famille. Le deuxième groupe de nouveaux venus, lui, est composé des étudiants qui ont été 88 095 à commencer un cursus en France (+ 19,6 %). Vient ensuite la catégorie des visas humanitaires délivrés à 40 305 personnes (+ 35 %), essentiellement au titre de l’asile ; puis les 27 690 nouveaux venus (+ 20,5 %) autorisés pour la première fois à venir travailler en France.

Lire aussi :   Macron en visite à Calais, où « le problème des migrants reste entier »

Ce distinguo permet de comprendre combien ces entrées sont un mixte d’« immigration subie » et de « migration choisie ». Les passeports talents, voie royale offerte à ceux que la France rêve de faire venir, tiennent une place particulière dans ce paysage. A l’heure de la bataille mondiale des cerveaux, la France est peut-être en train de trouver des moyens d’attirer avec ce dispositif puisque 27 856 ont été délivrés (ou renouvelés) depuis leur création fin 2016. Depuis 2012, la hausse des entrées est continue et régulière en France.

Affaire compliquée

A l’autre bout de la chaîne, 27 373 personnes, soit 10,8 % de plus qu’en 2016 ont, elles, quitté la France en 2017. Comme les entrées, ce nombre amalgame des réalités disparates. Il intègre d’abord les 6 596 renvois forcés vers des pays extérieurs à l’Union européenne. C’est la donnée la plus emblématique de la politique pudiquement baptisée de « reconduite ». Ce nombre, en hausse de 7 % par rapport à une « mauvaise » année 2016 en matière de renvoi, ne fait que rattraper le nombre d’expulsions de 2015 (6 311). Il concerne évidemment les déboutés du droit d’asile, que le gouvernement Philippe promet de renvoyer plus massivement. C’est d’ailleurs l’esprit dominant du projet de loi qui sera présenté en conseil des ministres le 21 février et c’est le cœur de la politique menée par Gérard Collomb depuis son arrivée Place Beauvau.

Ces renvois hors Union Européenne s’ajoutent aux expulsions de ressortissants européens (essentiellement Roumains) en hausse de 9,2 %, et surtout à la remise à l’avion des « Dublinés ». Cette dernière catégorie concerne les demandeurs d’asile qui ont laissé leurs empreintes dans un autre pays d’Europe, vers lequel la France voudrait les renvoyer. Le gouvernement met beaucoup d’énergie et de moyens pour obtenir leur réadmission, afin qu’ils ne demandent pas l’asile en France. Mais l’affaire est compliquée, même si, au final, cette énergie dépensée aboutit à une hausse de 37,5 %, avec 4 589 départs forcés. Le résultat reste cependant mitigé puisqu’un tiers des 100 412 demandeurs d’asile de 2017 étaient « dublinables ».

Politique offensive

A tout cela s’ajoutent des départs spontanés (+ 43,5 %), parfois aidés d’un petit coup de pouce. Si la première catégorie intègre tous ceux qui pour des raisons variées ont décidé de rentrer chez eux, la seconde concerne essentiellement des Afghans et des Albanais usés par leur périple migratoire. L’Office français de l’immigration et de l’intégration mène une politique offensive, et offre des aides à la réinstallation qui ont convaincu 28,2 % de personnes de plus qu’en 2016. Ainsi, ils sont 1 078 à avoir décidé de repartir et sont aidés financièrement pour développer un projet économique s’ils sont Afghans (pas s’ils sont albanais).

Par ailleurs, dans le contexte du rétablissement des contrôles aux frontières intérieures, les non-admissions d’étrangers ont fortement augmenté comme le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb s’en était plusieurs fois félicité. En 2017, 85 408 personnes se sont vues notifier un refus d’entrer, soit une hausse de 34 %. Cette pratique est surtout à l’œuvre à la frontière franco-italienne.

 Lire aussi :   Migrants : « M. Macron, votre politique contredit l’humanisme que vous prônez ! »

L’équilibre n’est pas facile à trouver pour la France, qui se veut pays touristique, et souhaite en même temps limiter les entrées de personnes qui pourraient profiter d’un visa court séjour pour s’installer. Après le repli de 2016, le nombre de visas délivrés repart à la hausse en 2017, avec un total de 3 420 395 (+ 11 %). Les ressortissants chinois, indiens et russes en sont les premiers bénéficiaires et cette fois encore la Chine reste le premier pays d’origine des titulaires de visas (849 550 délivrés). Soit 18,7 % de plus qu’en 2016.

Le Monde // A Calais, des associations portent plainte contre la confiscation des biens des migrant.e.s

www.lemonde.fr/immigration-et-diversite/article/2018/01/15/calais-des-associations-portent-plainte-contre-la-confiscation-des-biens-des-migrants_5242004_1654200.html

A la veille de la venue d’Emmanuel Macron à Calais, la tension monte dans le milieu associatif. Dépôt de plainte et refus d’assister à la réunion de demain montrent l’exaspération des humanitaires.

LE MONDE |  | Par Maryline Baumard

Distribution de nourriture à des migrants de Calais, en mars 2017.
Distribution de nourriture à des migrants de Calais, en mars 2017. PHILIPPE HUGUEN / AFP

A la veille de la venue à Calais du chef de l’Etat, des associations déposent plainte contre X pour destruction et « destruction et dégradation » de biens leur appartenant. A 14 heures lundi 15 janvier, un courrier de dépôt de plainte a été posté en recommandé à destination du procureur du tribunal de grande instance de Boulogne. Dans l’enveloppe, une série de témoignages racontent comment les biens appartenant aux quelques centaines de migrants qui errent dans le Calaisis et tentent de franchir la frontière, sont confisqués et détruits. Le Secours catholique et L’Auberge des migrants sont les premiers à se lancer dans la démarche. Devraient suivre toute une série d’autres associations, de Help Refugees à Women Center en passant par Utopia 56 ou Care for Calais.

Pour pouvoir porter plainte, un collectif d’associations avait « tatoué » 700 sacs de couchage et autant de bâches aux logos de leurs associations. Ce matériel a été distribué le 6 décembre à des exilés, avec signature d’un contrat de prêt. « Nous avons fait signer 120 contrats de prêts », raconte un des participants à l’opération. Cette formule permet de faire valoir que le matériel appartient toujours aux associations et de dénoncer une pratique qu’ils estiment quotidienne.

Bâches et sacs de couchage sont des éléments essentiels de la survie dans cette zone au vent glacial et humide. Mais depuis la distribution, les témoignages de confiscation de ces matériaux affluent. Ces objets finissent en général à la déchetterie et sont détruits. Ce qui exaspère les associations, qui disposent d’un large stock mais refusent de cautionner ce gâchis.

Lire aussi :   Calais : « On occulte l’urgence et la nécessité qui ont poussé les gens à venir jusqu’ici »

Des confiscations non reconnues officiellement

Parmi ces témoignages, un humanitaire raconte comment le 11 décembre à 15 h 30, il est témoin d’une opération de « nettoyage ». Il demande à vérifier que des objets lui appartenant ne sont pas dans la benne. Le gendarme « me répond que je ne dois pas m’inquiéter et qu’ils ont vérifié que rien qui soit floqué avec nos logos n’est jeté ». L’humanitaire suit pourtant le camion et « à un feu rouge, la personne qui m’accompagne descend de notre voiture et prend clairement la photo du camion et de la bâche marquée avec le nom du Secours catholique et celui des autres associations », raconte-t-il, reprenant les éléments du témoignage envoyé.

Le 13 décembre déjà, une autre association, assurant une mission d’accompagnement auprès de dix exilés, arrive près d’eux alors qu’ils viennent de se faire dépouiller de leurs maigres biens. Ce groupe de migrants affirme s’être fait retirer duvets, bâches et sacs à dos. « Parmi ces duvets et ces bâches certaines appartenaient à des associations et comportaient leur logo », rappelle la personne dont le témoignage fait aussi partie de l’envoi au procureur. Là encore certaines pièces emportées avaient fait l’objet d’un contrat de prêt.

Officiellement, ces confiscations ne sont pas reconnues par les autorités. l’Etat prétend par divers canaux qu’il s’agit d’opérations de nettoyage et que les seuls objets enlevés sont des matériaux abandonnés par les migrants.

Deux associations ne rencontreront pas Emmanuel Macron

Le 5 décembre 2017, Le Monde avait été témoin du réveil d’un groupe de migrants par la police, dans la ville de Calais. Matelas, couvertures et effets personnels avaient été mis à la benne. Les migrants, eux, étant pour certains consignés sur place sous un pont de la ville pendant que leurs biens étaient chargés dans un camion benne par des agents municipaux.

« Par respect pour les migrants, bien évidemment, mais aussi pour nos donateurs, nous ne pouvons laisser passer ces confiscations sans déposer plainte », observe Vincent de Coninck, du Secours catholique.

Deux des associations importantes sur le terrain à Calais refusent d’être présentes mardi soir à la réunion à laquelle les convie le chef de l’Etat. Il s’agit d’Utopia 56 et de L’Auberge des Migrants. Toutes deux sont des piliers de la gestion locale des 500 à 600 exilés présents sur place.

La voix du Nord // Ce que les associations d’aide aux migrants demandent au Président macron

http://www.lavoixdunord.fr/297349/article/2018-01-15/ce-que-les-associations-d-aide-aux-migrants-demandent-au-president-macron

Les associations qui viennent en aide aux migrants réclament plus de dignité envers les migrants de la part des autorités.

En fin d’après-midi, vers 17 h 45, une rencontre est prévue en sous-préfecture de Calais entre le président de la République et les associations d’aide aux migrants, durant près d’une heure et demie. Seul un membre de chaque association pourra participer à cette réunion. Utopia 56, l’Auberge des migrants ont annoncé ce lundi qu’elles n’y participeraient pas. Le Secours catholique, Salam, La Vie active, France terre d’asile seront notamment présentes. Voici ce qu’elles réclament à Emmanuel Macron.

Une ouverture du dispositif hivernal jusqu’au 31 mars

Depuis début décembre, dans le cadre de ses obligations légales d’aide aux migrants, l’État a mis en place un dispositif d’hébergement d’urgence quand les conditions climatiques sont difficiles. Deux lieux sont ainsi ouverts ponctuellement, la nuit, sur seule décision de l’État : les conteneurs route de Saint-Omer pour les femmes et enfants, et un hangar zone des Dunes, rue des Huttes, pour les hommes. Les associations réclament que ces hébergements d’urgence soient ouverts «  jusqu’au 31 mars au minimum  ».

Des lieux de distribution « dignes »

«  Les autorités doivent ouvrir un ou des lieux de distribution dignes, pour que les associations puissent faire leur indispensable travail ailleurs que dans la rue et dans les intempéries.  » «  Un hébergement d’urgence à Calais, avec des conditions d’accueil dignes  », demande Loan Torondel de l’Auberge des migrants. Depuis le démantèlement de la « jungle » en octobre 2016, les lieux de distribution se déroulent dehors, rue des Verrotières, zone des Dunes et place de Norvège, où les migrants prennent leurs repas à même le sol. Cette semaine, la préfecture du Pas-de-Calais a confié ne pas être «  fermée à la création d’un point de distribution de repas aux migrants avant la fin de la période hivernale  ». Il s’agirait de créer un lieu de distribution mobile. Elle assure qu’une «  réflexion est engagée  » et qu’une solution, qui n’a pas encore été trouvée, pourrait être mise en œuvre «  en deux semaines  »

 

Les affrontements entre CRS et migrants sont quotidiens.

En finir avec les destructions des affaires des migrants

Depuis plusieurs semaines, les associations dénoncent «  la confiscation puis la destruction systématique des sacs de couchage, bâches et autres affaires des migrants  » lors des démantèlements de squats selon la politique du zéro point de fixation. À quelques jours de la venue d’Emmanuel Macron, la préfecture a indiqué qu’un nouveau dispositif serait mis en place d’ici fin janvier pour les démantèlements  : deux camions benne blancs seront maintenant utilisés. L’un des deux sera dédié aux déchets ; l’autre aux affaires personnelles, duvets et couvertures des migrants.

L’ouverture de centres d’accueil sur le littoral

«  Dès que possible, le gouvernement doit ouvrir des centres d’accueil sur le littoral, pour permettre aux personnes de se poser, d’être informées sur leurs droits. Il faut mettre en place des structures d’accueil dignes pour les migrants à Calais et Dunkerque en attente de transfert, pour éviter les conditions sanitaires actuelles  », réclament les associations.

« Des voies de passage sûr et légal pour les mineurs et les familles »

Après sa venue à Calais, Emmanuel Macron rencontrera la première ministre britannique Theresa May jeudi, à Sandhurst, au sud de Londres, dans le cadre du sommet franco-britannique. À quelques jours de ce dernier, deux associations d’aide aux exilés, L’Auberge des migrants et Safe Passage, ont mis en ligne une pétition pour réclamer la mise en place «  en urgence  » de «  voies de passage sûr et légal pour les mineurs, les familles et les personnes âgées, afin que ces personnes ne prennent plus de risques lors de traversées illégales  ». L’amendement Dubs qui prévoyait l’accueil de réfugiés mineurs non accompagnés au Royaume-Uni n’a pas atteint les quotas annoncés. En effet, alors que 3 000 mineurs isolés devaient être accueillis dans le pays, le gouvernement britannique a décidé de suspendre les arrivées après avoir accueilli seulement 350 mineurs. Elles réclament aussi l’application «  des procédures de réunification familiale, pour les adultes comme pour les mineurs  », estimant qu’à l’heure actuelle, «  l’État français n’assure pas un accès à l’asile aux fins de réunifications familiales conformément à Dublin III*  », et les autorités britanniques, «  ont mis en place des exigences déraisonnables au regard de la situation des exilés  ».

* Selon le règlement Dublin, un seul État est responsable de l’examen d’une demande d’asile dans l’Union européenne. Selon le règlement Dublin III, il s’agit soit du pays par lequel le migrant est entré et dans lequel il a été contrôlé ; soit l’État qui lui a accordé un visa ou un titre de séjour. La grande majorité des migrants qui échouent à Calais sont « dublinés » dans un autre État que la France.

Le Monde // Pascal Brice: « L’OFPRA subit de plein fouet les failles du système européen de l’asile »

http://www.lemonde.fr/immigration-et-diversite/article/2018/01/08/pascal-brice-l-ofpra-subit-de-plein-fouet-les-failles-du-systeme-europeen-de-l-asile_5238796_1654200.html#AtYRST7pzYj6m1dG.99

Pascal Brice, directeur de l’Office français de protection des réfugiés, analyse le bilan de l’année 2017.
le | Par Maryline Baumard
Le directeur général de l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra), Pascal Brice, analyse les données 2017 de la demande d’asile. Il estime que faire attendre les demandeurs, ou tenter de les dissuader, « ne fait qu’aggraver les choses ».
Pour la première fois de son histoire, l’Ofpra a enregistré 100 000 demandes d’asile en 2017. Comment analysez-vous ce record ?
Pascal Brice Le cap des 100 000 demandes d’asile, dont près de 43 000 ont abouti à un statut de réfugié ou à une protection subsidiaire, est symbolique, certes, mais ne doit pas être interprété comme un afflux massif. Il s’agit d’une hausse de 17 % par rapport à l’année précédente et n’oublions pas que l’Allemagne enregistre encore deux fois plus de demandeurs que nous. Cette augmentation ne nous a pas empêchés de réduire fortement nos délais d’instruction des dossiers : environ trois mois aujourd’hui, et nous poursuivons nos efforts pour atteindre deux mois cette année.
Les entrées en France concernent de plus en plus souvent des migrants africains. En matière d’asile, 2017 aura-t-elle aussi été une année africaine ?
Les Soudanais, déjà parmi les nationalités les plus demandeuses depuis 2015, sont en quatrième position. Mais, effectivement, nous voyons apparaître quatre pays d’Afrique subsaharienne parmi les dix nationalités les plus demandeuses : outre le Soudan, la Guinée, la Côte d’Ivoire et la République démocratique du Congo (RDC). Reste que si l’augmentation de la demande africaine marque l’année, les Albanais sont encore les premiers demandeurs.
Le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, est pourtant parti en croisade contre la demande d’asile albanaise…
Leur demande a décru sur la deuxième partie de l’année. Leur taux de protection est à l’office de 6 %, pour plus de 27 % toutes nationalités confondues… La forte présence d’Albanais, comme d’Haïtiens en Guyane, qui fuient essentiellement la misère, a fait légèrement baisser le taux moyen de protection par rapport à 2016. En revanche, les niveaux de protection des Syriens (95 %), des Afghans (83 %) ou des Soudanais (60 %) restent élevés en raison des persécutions ou des conflits dans ces pays.
Il est parfois difficile de déposer sa demande en France. Est-ce acceptable ?
Nous devons rapidement parvenir en tout point du pays à une prise en charge complète, digne, juste et rapide de chaque demandeur d’asile, depuis l’accès à la procédure dans les préfectures, l’hébergement et jusqu’à l’instruction de la demande. C’est indispensable si l’on veut ensuite pouvoir tirer les conséquences des décisions prises, à la fois pour améliorer l’intégration des réfugiés et pour mieux assurer la reconduite des personnes déboutées qui n’ont pas de droit au séjour. C’est une question de moyens, mais au-delà c’est une véritable révolution culturelle qu’il faut conduire en France et en Europe : il faut arrêter de croire que faire attendre les gens, tenter de les dissuader, arrangerait quoi que ce soit. Cela ne fait qu’aggraver les choses pour tout le monde.
Les « pays tiers sûrs », un dispositif qui aurait permis de renvoyer des demandeurs hors Europe sans examen de leur dossier, ne figurera pas dans la prochaine loi sur l’asile. Est-ce une satisfaction pour vous ?
Je me réjouis de la décision de retirer cette disposition du projet de loi. C’eût été une dénaturation du droit d’asile tel qu’il est garanti par la Constitution et de la mission de protection de l’Ofpra. Je m’attends à une évolution du droit européen pleinement compatible avec ce choix.
Et Calais ? Est-il normal qu’il ne soit plus possible d’y déposer une demande d’asile ?
Il faut sur ce territoire, où nous nous substituons de fait aux Britanniques, renouer le fil de l’asile patiemment tissé pendant deux ans avec l’aide des associations et interrompu fin 2016 après l’évacuation complète du bidonville. Personne ne peut accepter que des campements s’y reconstituent et je comprends que les démarches ne se fassent pas sur place. Mais cela suppose que les personnes qui, malgré tout, arrivent dans cette impasse, et qui, au vu de leurs nationalités, ont toute chance de relever du droit d’asile, y soient dûment informées de leurs droits et accompagnées vers des hébergements et un accès à la demande d’asile quelque part sur le territoire national.
Le règlement de Dublin, qui renvoie les demandeurs d’asile dont les empreintes ont été enregistrées ailleurs en Europe, se solde par de nombreux retours. Une telle situation a-t-elle un impact sur l’Ofpra ?
L’Office subit de plein fouet les failles du système européen de l’asile. D’abord, il est inacceptable que nous perdions du temps à instruire le dossier de demandeurs déjà rejetés en Allemagne, qui viennent tenter leur chance en France. Mais tous les « dublinés » ne sont pas déboutés dans un autre pays européen, loin de là. Beaucoup ont simplement été contraints de laisser leurs empreintes sur leur route avant d’arriver en France. L’application actuelle des textes nous empêche d’instruire leur dossier dans un premier temps et en définitive, nous les récupérons ensuite, épuisés par de coûteux mois d’attente… Ce qui n’est bon pour personne.
La solution passe par la mise en place d’un office européen de l’asile, indépendant comme l’est l’Ofpra dans notre pays, mais aussi une répartition solidaire des réfugiés entre les pays européens, comme le chef de l’Etat l’a évoqué dans son discours de la Sorbonne.
En France, ces dernières semaines, le climat s’est alourdi. M. Collomb peut-il recenser le statut des migrants dans l’hébergement d’urgence ?
Il est normal que l’Etat souhaite connaître la situation administrative des personnes qui séjournent sur le territoire, mais cela doit se faire dans le respect de l’accueil inconditionnel des personnes en détresse, comme du travail des acteurs sociaux, et dans un climat de confiance qui suppose notamment que chacun, demandeurs d’asile comme accompagnants, puisse être convaincu que l’on garantit effectivement un accès rapide à l’examen de la demande d’asile.
Le débat qui se poursuivra autour du projet de loi au printemps s’ouvre-t-il sous de bons auspices ?
Je suis heureux qu’un débat s’ouvre, en espérant qu’il sera l’occasion de cesser les confusions entre le droit d’asile et la politique migratoire, car elles desservent finalement toutes l’accueil des réfugiés. Pour cela, il nous faut être totalement irréprochable sur l’exercice effectif du droit d’asile. La politique migratoire, elle, relève d’autres choix du gouvernement dont la mise en œuvre n’incombe pas à l’Ofpra. J’inciterais cependant volontiers à la réflexion sur des situations humanitaires qui nous interpellent, parce que le droit d’asile s’y trouve désarmé, comme pour les déplacés climatiques mais aussi des migrants qui ont été détruits physiquement et psychiquement par leur parcours migratoire – on pense aujourd’hui à l’enfer libyen – mais ne relèvent pas de l’asile car ils n’ont pas fait l’objet de menaces dans leur pays d’origine

Communiqué la Cimade sur la rencontre à matignon

http://www.lacimade.org/presse/rencontre-a-matignon-loi-asile-migrations-occasion-manque-gouvernement/

Communiqué de presse – 11 janvier 2018

Rencontre à Matignon sur la loi asile et migrations : une « occasion manquée » par le gouvernement

A la sortie du rendez-vous entre les associations de solidarité avec les personnes réfugiées et migrantes et le Premier ministre Edouard Philippe qui s’est tenu aujourd’hui à Matignon, Jean-Claude Mas, secrétaire général de La Cimade a déclaré :

« C’est une déception, une occasion manquée par le chef du gouvernement qui a procédé plus à un exercice de communication qu’à une concertation des acteurs associatifs. Malgré un dialogue franc et des échanges directs, aucune annonce n’a été faite de la part d’un gouvernement qui s’entête dans ses certitudes basées sur des analyses biaisées. Face à un secteur associatif globalement unanime pour dénoncer les dangers de ce texte, Edouard Philippe et son ministre de l’intérieur ont justifié les mesures de ce texte qui marque un durcissement de la loi sur l’asile et les migrations.

L’annonce du Premier ministre qu’il n’y aura pas de changements majeurs dans le texte, mais seulement des discussions techniques sur certaines mesures, confirme que la philosophie générale de ce projet de loi est assumée au sommet de l’Etat, et que la priorité est bien à restreindre les droits des personnes étrangères malgré quelques mesures positives.

Même sur le sort des personnes « ni expulsables ni régularisables », le Premier ministre a jugé pas pertinent que ce soit une priorité. Interrogé par La Cimade sur les violations des droits aux frontières et dans les centres de rétention, Edouard Philippe n’a pas souhaité répondre.

A l’issue de ce rendez-vous manqué, le combat va se jouer au Parlement pour éviter un recul dangereux pour les droits des personnes étrangères en France. La Cimade appelle à la mobilisation. »

Médiapart // La crise migratoire n’a pas eu lieu

 PAR 
Le nombre d’arrivées de migrants ayant traversé la Méditerranée pour rejoindre l’UE a été divisé par deux en 2017 par rapport à 2016 et par cinq par rapport à 2015. La « crise » est terminée. A-t-elle jamais eu lieu ?


La « crise migratoire » est terminée mais les États membres de l’Union européenne n’en finissent pas d’agiter les peurs et de durcir leurs politiques pour empêcher les migrants de débarquer sur leurs côtes. Lors de ses vœux aux Français, le 31 décembre 2017, Emmanuel Macron, après avoir affirmé qu’« accueillir les femmes et les hommes qui fuient leur pays parce qu’ils y sont menacés » était un « devoir moral, politique », s’est empressé d’ajouter que « nous ne pouvons accueillir tout le monde », afin de justifier les mesures de « contrôle d’identité » prévues par une circulaire du 12 décembre dans les foyers d’hébergement d’urgence, mettant en cause l’accueil inconditionnel.

Les statistiques disponibles auprès de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), rattachée à l’ONU, montrent pourtant que les arrivées de migrants par la Méditerranée ont drastiquement chuté en 2017 : leur nombre a été divisé par deux par rapport à 2016 et par cinq par rapport à 2015. En 2017, 170 249 personnes ont traversé la mer au péril de leur vie, contre 363 401 en 2016 et 1 012 169 en 2015 !

Les arrivées de migrants par la mer en Europe, de janvier 2015 à janvier 2018 © UNHCRLes arrivées de migrants par la mer en Europe, de janvier 2015 à janvier 2018 © UNHCR
Ce que l’ONU a désigné comme étant l’exode le plus important qu’ait connu l’Europe depuis la Seconde Guerre mondiale n’aura duré que quelques mois, du printemps 2015 au printemps 2016, avec un pic à l’automne 2015. Le record a été atteint avec 220 579 arrivées au cours du seul mois d’octobre 2015. À titre de comparaison, elles n’auront pas dépassé 14 000 deux ans plus tard durant la même période.

L’« exode » de 2015-2016 a concerné principalement des Syriens et des Afghans fuyant leur pays et ayant traversé la Méditerranée via la mer Égée, au départ de la Turquie. Les images de cohortes de familles réfugiées remontant la route des Balkans à pieds, bagages et bébés sous le bras, ont marqué les esprits, ainsi que celle du petit Aylan Kurdi, dont le corps a été retrouvé étendu sur une plage turque, après le naufrage de l’embarcation qui devait le conduire en Europe. Associé au blocage successif des frontières en Europe centrale, l’accord politique et financier signé entre l’UE et la Turquie en mars 2016 et autorisant le renvoi massif des demandeurs d’asile débarqués en Grèce a provoqué un ralentissement net des tentatives de passage, au risque de laisser sans protection des personnes menacées dans leur pays d’origine.

Les arrivées en Italie au départ de la Libye ont ensuite pris le relais, mais dans des proportions (en moyenne 20 000 par mois) qui n’ont jamais concurrencé les 200 000 du mois d’octobre 2015 entre la Turquie et la Grèce. Les pays d’origine ont logiquement changé, les Nigérians, en 2017, arrivant en tête, devant les Guinéens, les Gambiens et les Ivoiriens.

Les arrivées de migrants par la mer, mois par mois, au cours des trois dernières années © OIMLes arrivées de migrants par la mer, mois par mois, au cours des trois dernières années © OIM

Lors de la dernière période, les départs depuis la Libye ont à leur tour diminué, à la suite des très contestables alliances plus ou moins secrètes conclues entre Rome et diverses milices de trafiquants libyens. Et c’est l’Espagne, tout en restant en troisième position derrière l’Italie et la Grèce, qui a enregistré la hausse la plus importante des arrivées : leur nombre a plus que doublé en un an, pour atteindre 26 941 en 2017 (contre 118 914 en Italie et 33 986 en Grèce par voie de mer et de terre). Après avoir atteint un niveau record en 2006 (39 180), elles avaient pourtant ensuite nettement diminué, jusqu’à devenir marginales, en raison des patrouilles des bateaux de Frontex, l’agence de surveillance européenne des frontières extérieures, dans le détroit de Gibraltar. Nouveauté, l’Algérie rejoindrait le Maroc comme pays de départ. La diversification des routes est une constante dans l’histoire des mouvements migratoires : qu’une voix d’accès se ferme, son remplacement par une autre est immédiat.

L’examen approfondi de l’« exode » de 2015-2016 permet d’aller encore plus loin. Terminée, la « crise » a-t-elle même eu lieu ? Dans l’ouvrage collectif publié, fin 2017, par le réseau européen et africain de militants et de chercheurs Migreurop, Atlas des migrations en Europe, approches critiques des politiques migratoires (Armand Colin), l’instrumentalisation des chiffres des migrations par les gouvernants et les médias fait l’objet d’une vive critique. Ses auteurs expliquent que les statistiques sont généralement diffusées en valeur absolue, sans comparer les années les unes par rapport aux autres, et de manière décontextualisée et partielle. « Cette utilisation des chiffres est l’un des rouages classiques de la construction de l’idée d’envahissement », soulignent-ils.

L'Union européenne est-elle confrontée à un nombre important de réfugiés ? © «Atlas des migrants en Europe», Migreurop, 2017.L’Union européenne est-elle confrontée à un nombre important de réfugiés ? © «Atlas des migrants en Europe», Migreurop, 2017.

Pour déconstruire leur usage, ils rappellent leur face cachée. Ainsi, les données fournies par Frontex sont peu fiables : certains « franchissements illégaux » de frontières sont comptés plusieurs fois, par exemple lorsque les personnes, entrées une première fois dans l’UE par la frontière turco-grecque, en ressortent ensuite par la Macédoine, avant d’y entrer de nouveau via la Croatie ou la Hongrie. Ces chiffres reflètent en outre l’augmentation du budget de cette agence et donc l’accroissement de l’activité de ses gardes-frontières.

Les auteurs du livre notent par ailleurs que le durcissement des politiques migratoires européennes a pour conséquence de considérer davantage de migrants comme étant en situation irrégulière. Préférant parler de « crise de la politique migratoire » que de « crise des migrants », ils font remarquer que si les arrivées des demandeurs d’asile au sein de l’UE en 2015 (1 257 030) et 2016 (1 204 280) sont effectivement supérieures à celles de l’année 2014 (562 700), elles sont réparties de manière très inégale entre les États membres, 60 % des demandes ayant été déposées en Allemagne en 2016. Le nombre total d’entrées de ces personnes en Europe, ajoutent-ils, ne représente que 0,24 % de ses 508,2 millions d’habitants. « Plus encore : la totalité des demandes d’asile déposées dans l’UE ces dix dernières années représente moins de 1 % de sa population en 2016 », écrivent-ils, observant que des hausses similaires ont existé au début des années 1990 et que l’augmentation de 2015-2016 est également à mettre en relation avec l’élargissement de l’UE de 15 à 28 depuis 2004. « L’usage des chiffres, couplé aux images diffusées par les médias et aux déclarations politiques, participe à faire croire que ce qui se déroule à une échelle locale, par exemple sur l’île grecque de Lesbos, est représentatif de la situation à l’échelle nationale, voire européenne », indiquent-ils.

Au bout du compte, le nombre des arrivées est systématiquement perçu comme trop élevé, par rapport à une situation supposée normale qui serait fixée à zéro. « L’immigration apparaît dès lors non seulement comme surnuméraire, mais aussi comme une anomalie », concluent les auteurs de l’Atlas des migrants en Europe. Et le tour est joué : l’ennemi imaginaire sert à cristalliser les peurs des opinions publiques, qui se développent pour tout un tas d’autres raisons, notamment économiques et sociales, et à justifier la mise en œuvre de politiques toujours plus dures à l’égard des migrants.

Les fake news de la préfecture du pas de Calais

« ONPC » : Yann Moix accuse l’État de maltraiter les migrants, la préfecture du Pas-de-Calais répond

Le chroniqueur d' »On n’est pas couché » a affirmé que les policiers tabassaient les migrants et gazaient leurs effets personnels, suscitant une réponse immédiate de la préfecture sur Twitter.

Yann Moix sur le plateau d’On n’est pas couché, le 16 décembre 2017 Crédit : France 2

L’État maltraite-t-il les migrants à Calais ? C’est en tout cas ce qu’a affirmé Yann Moix face à Benjamin Griveaux lors de l’émission du 6 janvier d’On n’est pas couché. Face au porte-parole du gouvernement, l’écrivain-polémiste n’y est pas allé de main morte concernant le traitement des migrants réfugiés à Calais.

« J’y passe régulièrement des jours et des nuits depuis quelques mois, et ce que je vois de l’honneur de la République ce sont des CRS qui gazent les couvertures de jeunes de 18 à 25 ans », a attaqué Yann Moix. Il a ensuite enchaîné en affirmant que les CRS « gazent l’eau potable de jeunes migrants » et « tabassent des jeunes migrants qui sont effectivement soignés gratuitement mais parce qu’ils ont été frappés par la police la veille ».

Face à un Benjamin Griveaux décontenancé par ces accusations envers les forces de l’ordre, Yann Moix n’a pas hésité à rappeler les heures sombres de l’histoire de la police française : « J’aimerais que vous nous présentiez -sinon des excuses- un programme fiable pour éviter que la République française ne se transforme en ce qu’elle a déjà été capable de faire : une machine à humilier les Juifs pendant la Guerre et les Arabes dans les années 1960« .

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Moix affirme avoir filmé les faits

Une attaque sèche, ponctuée par des applaudissements du public et à laquelle le porte-parole du gouvernement a répondu en demandant à Yann Moix de faire appel à la justice. « Si ce que vous dites est avéré, alors je vous engage à confier cela à la justice plutôt que de faire justice sur un plateau de télévision« , a d’abord sermonné Benjamin Griveaux. « Ces comportements sont inadmissibles s’ils sont avérés, et ils doivent être sanctionnés », rappelait-il.

Yann Moix dévoilant avoir filmé les scènes, Benjamin Griveaux l’enjoignait alors à les transmettre à la justice. « Elle fera son travail, je n’ai aucun doute là-dessus », affirmait-il à son tour devant la carte abattue par le chroniqueur de Laurent Ruquier.

De l’autre côté de l’écran, c’est la préfecture du Pas-de-Calais qui a semblé outrée en entendant les accusations de Yann Moix, au point de réagir dans la foulée, via le compte Twitter du préfet du département. Cette dernière rejetait en bloc les accusations de Yann Moix.

La justice n’a pas été saisie à ce jour

« Aucun des faits évoqués ont fait l’objet de signalements aux services de l’État et de la justice », pouvait-on lire sur le réseau social. La préfecture du Pas-de-Calais rappelait ensuite que l’État avait assuré à Calais la prise en charge de 400 migrants dans les Centres d’Accueil et d’Évaluation des Situation (CAES).

Le Monde // Offensive des associations contre le recensement des migrant.e.s en centres d’hébergement

Par Maryline Baumard

Vingt-sept associations déposent une requête en Conseil d’Etat pour demander l’annulation de tout ou partie de la circulaire Collomb du 12 décembre.

Les magistrats administratifs trancheront. Dans leurs bureaux du Conseil d’Etat, ils décideront si la « circulaire Collomb » du 12 décembre « remet en cause le principe légal d’accueil inconditionnel en hébergement d’urgence ». Ce texte, qui organise le recensement des migrants dans ces centres, est contesté par le monde de l’entraide depuis le 8 décembre, date à laquelle le ministre de l’intérieur le leur a présenté.

Depuis l’automne, en effet, Gérard Collomb multiplie les circulaires à l’intention de ses préfets, désignant régulièrement l’immigration comme un sujet à ne pas omettre. Dans celle du 12 décembre, il leur demande de « bâtir localement un dispositif de suivi administratif robuste des personnes étrangères en hébergement d’urgence » à l’aide d’« équipes mobiles chargées de l’évaluation administrative des personnes hébergées ». 

Sentant la polémique monter, le ministre de l’intérieur a modifié son discours, estimant que ce recensement est le moyen d’offrir un dispositif d’intégration aux réfugiés ou aux demandeurs d’asile qui se seraient égarés dans cet hébergement pas vraiment prévu pour eux. Le doute n’a pas été levé par cette nouvelle lecture et moins encore par la réaffirmation, le 21 décembre, de la bouche du premier ministre, que le texte serait maintenu. Les vingt-sept associations ont donc décidé de déferrer la circulaire devant la plus haute juridiction administrative pour la faire annuler, ou pour obtenir sa réinterprétation.

Refus de hiérarchiser « les situations de misère »

De la Fondation Abbé-Pierre à Médecins sans frontières ; de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) à France terre d’asile ou Droit au logement, la liste de ceux qui ont souhaité aller en justice pour dénoncer ce qu’ils perçoivent comme « un véritable tri selon la nationalité ou le statut administratif des personnes », est d’une longueur et d’une variété peu coutumière. Tous ces associatifs partagent un refus de hiérarchiser « voire de mettre en concurrence les situations de pauvreté et de misère sur le fondement de critères discriminatoires ».

Comme la réponse « sur le fond » nécessitera entre six et huit mois, Patrice Spinosi, l’avocat qui porte ce recours, a dégainé en parallèle l’arme plus rapide et légère du référé qui permet d’espérer une réponse sous vingt jours.

L’avocat attaque cette fois les modalités de mise en place de la circulaire sur deux points. Il souligne d’abord qu’elle « autorise, sans base légale, des équipes relevant du ministère de l’intérieur à pénétrer dans des centres d’hébergement protégés pour y réaliser des contrôles ». Ensuite que « rien n’autorise à ce que les données personnelles et confidentielles des personnes hébergées soient collectées et transmises aux autorités » ni que« les centres d’hébergement soient contraints de participer à cette collecte illégale ».

Cette double attaque, donc, sur l’entrée des agents de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) et sur les échanges de fichiers pourrait conduire à voir prochainement suspendues ces « mesures profondément intrusives et susceptibles d’affecter gravement la mission de protection assumée par les centres d’hébergement », comme le dit le texte de la requête.

« Ce qui se passe va trop loin »

« Nos arguments sont sérieux, estime en effet Patrice Spinosi, et nous avons toutes les chances de voir neutraliser l’ensemble du système. » « Le Conseil d’Etat devrait soit suspendre la circulaire, soit la réinterpréter en rappelant que l’Office français de l’immigration et de l’intégration n’est pas autorisé à faire remonter l’information », observe-t-il. Or, réinterprétée ainsi, la circulaire serait vidée de son contenu.

La lecture des grandes lignes du projet de loi, rendu public ce 10 janvier, qui prévoit la mise en place d’« échanges d’information entre les services chargés de l’hébergement d’urgence et l’OFII, concernant les demandeurs d’asile et les réfugiés », conforte le juriste dans l’idée que la base juridique de l’intervention n’était pas assurée. Pourquoi le ministère introduirait-il ce paragraphe dans sa loi à venir si le cadre juridique était déjà suffisamment stable ?, se demande-t-il.

Quant à la parade du ministre de l’intérieur – Gérad Collomb explique« que ça se fait déjà » dans l’hébergement réservé aux migrants –, le juriste aimerait lui rétorquer que « tout ce qui se fait n’a pas pour autant un fondement légal et qu’à l’heure actuelle, ce qui se passe va trop loin. Nous sommes à un tournant ». Il ajoute : « A un moment, un président ni de droite ni de gauche doit arrêter de n’être que de droite. Il faut qu’il entende l’écho de la détresse, la faiblesse, la précarité, la souffrance. »

L’avenir dira s’il entend… Mais en attendant, le passé est aussi porteur de leçons. Comme le rappelle Gérard Sadik, de la Cimade, une des mémoires des combats associatifs du secteur : « Une telle mesure avait déjà failli être adoptée. C’était en 2007 et le député Thierry Mariani avait déposé un amendement proposant l’interdiction de l’hébergement d’urgence aux étrangers. Mesure qui avait fait un tel tollé qu’elle a vite disparu du projet de loi. » Autres temps, autres mœurs.