En fin d’après-midi, vers 17 h 45, une rencontre est prévue en sous-préfecture de Calais entre le président de la République et les associations d’aide aux migrants, durant près d’une heure et demie. Seul un membre de chaque association pourra participer à cette réunion. Utopia 56, l’Auberge des migrants ont annoncé ce lundi qu’elles n’y participeraient pas. Le Secours catholique, Salam, La Vie active, France terre d’asile seront notamment présentes. Voici ce qu’elles réclament à Emmanuel Macron.
Une ouverture du dispositif hivernal jusqu’au 31 mars
Depuis début décembre, dans le cadre de ses obligations légales d’aide aux migrants, l’État a mis en place un dispositif d’hébergement d’urgence quand les conditions climatiques sont difficiles. Deux lieux sont ainsi ouverts ponctuellement, la nuit, sur seule décision de l’État : les conteneurs route de Saint-Omer pour les femmes et enfants, et un hangar zone des Dunes, rue des Huttes, pour les hommes. Les associations réclament que ces hébergements d’urgence soient ouverts « jusqu’au 31 mars au minimum ».
Des lieux de distribution « dignes »
« Les autorités doivent ouvrir un ou des lieux de distribution dignes, pour que les associations puissent faire leur indispensable travail ailleurs que dans la rue et dans les intempéries. » « Un hébergement d’urgence à Calais, avec des conditions d’accueil dignes », demande Loan Torondel de l’Auberge des migrants. Depuis le démantèlement de la « jungle » en octobre 2016, les lieux de distribution se déroulent dehors, rue des Verrotières, zone des Dunes et place de Norvège, où les migrants prennent leurs repas à même le sol. Cette semaine, la préfecture du Pas-de-Calais a confié ne pas être « fermée à la création d’un point de distribution de repas aux migrants avant la fin de la période hivernale ». Il s’agirait de créer un lieu de distribution mobile. Elle assure qu’une « réflexion est engagée » et qu’une solution, qui n’a pas encore été trouvée, pourrait être mise en œuvre « en deux semaines »
Les affrontements entre CRS et migrants sont quotidiens.
En finir avec les destructions des affaires des migrants
Depuis plusieurs semaines, les associations dénoncent « la confiscation puis la destruction systématique des sacs de couchage, bâches et autres affaires des migrants » lors des démantèlements de squats selon la politique du zéro point de fixation. À quelques jours de la venue d’Emmanuel Macron, la préfecture a indiqué qu’un nouveau dispositif serait mis en place d’ici fin janvier pour les démantèlements : deux camions benne blancs seront maintenant utilisés. L’un des deux sera dédié aux déchets ; l’autre aux affaires personnelles, duvets et couvertures des migrants.
L’ouverture de centres d’accueil sur le littoral
« Dès que possible, le gouvernement doit ouvrir des centres d’accueil sur le littoral, pour permettre aux personnes de se poser, d’être informées sur leurs droits. Il faut mettre en place des structures d’accueil dignes pour les migrants à Calais et Dunkerque en attente de transfert, pour éviter les conditions sanitaires actuelles », réclament les associations.
Après sa venue à Calais, Emmanuel Macron rencontrera la première ministre britannique Theresa May jeudi, à Sandhurst, au sud de Londres, dans le cadre du sommet franco-britannique. À quelques jours de ce dernier, deux associations d’aide aux exilés, L’Auberge des migrants et Safe Passage, ont mis en ligne une pétition pour réclamer la mise en place « en urgence » de « voies de passage sûr et légal pour les mineurs, les familles et les personnes âgées, afin que ces personnes ne prennent plus de risques lors de traversées illégales ». L’amendement Dubs qui prévoyait l’accueil de réfugiés mineurs non accompagnés au Royaume-Uni n’a pas atteint les quotas annoncés. En effet, alors que 3 000 mineurs isolés devaient être accueillis dans le pays, le gouvernement britannique a décidé de suspendre les arrivées après avoir accueilli seulement 350 mineurs. Elles réclament aussi l’application « des procédures de réunification familiale, pour les adultes comme pour les mineurs », estimant qu’à l’heure actuelle, « l’État français n’assure pas un accès à l’asile aux fins de réunifications familiales conformément à Dublin III* », et les autorités britanniques, « ont mis en place des exigences déraisonnables au regard de la situation des exilés ».
* Selon le règlement Dublin, un seul État est responsable de l’examen d’une demande d’asile dans l’Union européenne. Selon le règlement Dublin III, il s’agit soit du pays par lequel le migrant est entré et dans lequel il a été contrôlé ; soit l’État qui lui a accordé un visa ou un titre de séjour. La grande majorité des migrants qui échouent à Calais sont « dublinés » dans un autre État que la France.