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FAS // Circulaire Collomb : les précisions du Conseil d’Etat

http://www.federationsolidarite.org/champs-d-action/hebergement-logement/8711-circulaire-collomb-les-pr%C3%A9cisions-du-conseil-d%E2%80%99etat-2

Dans un arrêt rendu le 11 avril 2018, le Conseil d’Etat a statué au fond sur le recours déposé par 28 associations contre la circulaire « Collomb » relative à l’examen du droit au séjour des étrangers dans l’hébergement d’urgence. Il reprend pour l’essentiel sa décision rendue en référé le 20 février 2018.

Les associations requérantes contestaient l’intervention au sein des centres d’hébergement d’équipes composées d‘agents de l’Etat et chargées de recenser et de contrôler le droit au séjour des personnes en situation de détresse qui y sont accueillies.
Le Conseil d’Etat rejette le recours tout en précisant l’interprétation qu’il convient de faire de cette circulaire.
Cette décision pose ainsi les principes qui doivent être respectés par ces équipes, et sans lesquels ces interventions dans les centres d’hébergement seraient illégales.

1 – La circulaire ne « confère aucun pouvoir de contrainte aux agents chargés de se rendre dans les lieux d’hébergement, que ce soit à l’égard des personnes hébergées ou des gestionnaires des lieux d’hébergement

Le Conseil d’Etat lève l’ambiguïté du texte et considère que la circulaire « ne saurait […] constituer un titre pour pénétrer dans des locaux privés hors le consentement des personnes intéressées » et que ces équipes « sont exclusivement chargés de recueillir, auprès des personnes hébergées qui acceptent de s’entretenir avec elles, les informations que ces personnes souhaitent leur communiquer ».
En conséquence :
–    L’entrée dans les centres d’hébergement, qui sont des lieux privés, implique l’accord préalable des gestionnaires de ces établissements.
–    les personnes hébergées sont libres d’accepter l’entretien et l’examen de leur droit au séjour par les agents de l’OFII et des préfectures.
Les interventions des équipes ne pouvant légalement être contraignantes, le conseil d’Etat considère qu’il n’y a donc pas d’atteinte au droit au respect de la vie privée et familiale et en particulier au droit à la protection du domicile.

2 – La circulaire ne fait que rappeler la possibilité pour l’Etat de reconduire les personnes faisant l’objet d’une OQTF selon les procédures légales

Pour le Conseil d’Etat, en précisant que « les personnes de nationalité étrangère qui ont fait l’objet d’une obligation de quitter le territoire français se verront proposer une aide au retour et, à défaut de départ volontaire du territoire, devront être orientées vers un dispositif adapté en vue de leur départ contraint », la circulaire ne fait que rappeler la possibilité pour l’Etat d’obliger, « dans le respect des règles applicables en la matière »,.des étrangers qui ne sont pas autorisés à séjourner régulièrement en France à quitter le territoire français.
Dès lors qu’ils ont accepté les entretiens avec les agents de l’OFII et des préfectures, les étrangers sans droit au séjour peuvent légalement faire l’objet d’une reconduite à la frontière et être placés en centre de rétention.
Il n’y a donc aucune atteinte au principe d’inconditionnalité de l’accueil dans le dispositif d’hébergement d’urgence, ni aux règles prévues par le code procédure pénale en matière de contrôle d’identité et de vérification du droit au séjour.

3 – La circulaire n’a ni pour objet ni pour effet de dispenser les services de l’Etat du respect de la loi informatique et libertés du 6 janvier 1978

Le Conseil d’Etat considère que la circulaire ne prévoit pas la transmission par les gestionnaires des structures d’hébergement d’informations nominatives aux agents de l’administration. Il précise par ailleurs que le traitement des données personnelles par les agents des équipes doit nécessairement respecter les principes prévus par la loi informatique et libertés (autorisation de la CNIL, information des personnes sur la finalité du traitement et leurs droits, sécurisation du traitement etc).
Le Conseil d’Etat apporte des éclaircissements au texte initial. Il n’y a pas de recensement de l’ensemble des personnes hébergées. Seules les données que les personnes rencontrées acceptent de communiquer elles-mêmes peuvent être collectées par les agents de l’OFII et des préfectures.
Par conséquence, le Conseil d’Etat considère qu’il n’y a pas d’atteinte au droit des personnes hébergées à la protection de leurs données personnelles

4 – La circulaire ne modifie pas les conditions de fonctionnement des centres d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS)

Le Conseil d’Etat indique, enfin, que la circulaire n’apporte pas de modifications aux conditions techniques minimales d’organisation et de fonctionnement des CHRS. Un décret en Conseil d’Etat n’était donc pas nécessaire.

La Fédération des acteurs de la solidarité demande au gouvernement d’appliquer scrupuleusement ces principes protecteurs des droits fondamentaux des personnes et des prérogatives des associations qui les accompagnent.
Cette décision implique également une vigilance particulière des associations et des organismes gestionnaires de centre d’hébergement quant à l’information des personnes hébergées de nationalité étrangère qui sont sans droit au séjour ou qui font l’objet d’une OQTF. Pour leur permettre de consentir librement à l’examen de leur droit au séjour, elles doivent bénéficier d’une information claire quant à ses suites possibles et notamment au risque d’un éloignement forcé du territoire.

Lien vers :

NouvelObs // La police française accusée d’avoir falsifié les dates de naissance de deux migrants mineurs

https://www.nouvelobs.com/societe/20180412.OBS5097/la-police-francaise-accusee-d-avoir-falsifie-les-dates-de-naissance-de-deux-migrants-mineurs.html

La police française accusée d'avoir falsifié les dates de naissance de deux migrants mineurs
Un migrant enveloppé dans une couverture regarde près du camp de migrants « Jungle » à Calais, dans le nord de la France, le 27 octobre 2016. (PHILIPPE HUGUEN / AFP)

La Commission européenne et le ministère de l’Intérieur italien ont été saisis par sept ONG transalpines.

L’histoire est à peine croyable. Selon des ONG italiennes, citées par le « Guardian » qui publie ce jeudi 12 avril un article à charge, des policiers aux frontières français auraient falsifié l’acte de naissance d’au moins deux migrants mineurs non accompagnés afin de leur refuser l’entrée sur le territoire. La Commission européenne et le ministère de l’Intérieur italien ont été saisis par sept associations transalpines.

« Nous avons vu les policiers »

Le droit européen garantit aux migrants mineurs isolés, voyageant seuls, une protection et la possibilité de rejoindre un membre de leur famille installé dans un des Etats membres. Les migrants doivent alors prouver leur identité et leur âge aux autorités du pays dans lequel ils se trouvent. S’ils ont moins de 18 ans, ils doivent pouvoir bénéficier des droits relatifs aux mineurs. Pour pouvoir refuser l’entrée du territoire français à au moins deux mineurs, des policiers français auraient ainsi falsifié leur date de naissance.

C’est à la frontière franco-italienne, dans la ville de Vintimille, que les deux mineurs qui tentaient de rejoindre la France ont été stoppés par la police. Daniela Ziterosa, juriste pour l’ONG Intersos, raconte au « Guardian » :  « Nous étions là par hasard et nous avons vu deux mineurs, que nous connaissions bien, se faire arrêter par la police française. »

La juriste poursuit :

« Nous avons alors vu les policiers écrire une date de naissance erronée sur le document ‘refus d’entrée sur le territoire’. Un des enfants a pris une photo du document, on peut y voir que la date de naissance d’origine a été modifiée. »Le mineur qui a pris la photo est né en Erythrée, en Afrique de l’Est, le 1er octobre 2001. La date inscrite sur le formulaire est celle du 1er janvier 2000.

Le jeune voulait passer par la France pour tenter de rejoindre la Suède, où son frère est installé.

L’ONG finit par faire le poids face à la police :

« Nous avons réussi à empêcher leur renvoi et les Français les ont finalement acceptées. »Selon le « Guardian », la police française n’a pas encore souhaité commenter l’affaire.

L'Obs

Rapport d’activité de l’OFPRA

https://www.ofpra.gouv.fr/fr/l-ofpra/actualites/publication-du-rapport-d-activite-6

Le rapport de l’OFPRA 2017 est en ligne.

ra_ofpra2017_web_0604

Il y a plusieurs données spécifiques aux demandes d’asile des femmes et des violences subies par les demandeuses d’asile, notamment à retrouver en annexe.

C’est assez intéressant à parcourir. Nous avons essayé d’extraire les données qui peuvent nous intéresser plus particulièrement :

100 800 demandes d’asile introduites, + 17,5% de demandes en 2017

115 000 décisions prises

Augmentation des demandes des Mineur.e.s Non Accompagné.e.s

Les demandes sont traitées de + en + rapidement, délais proches de l’objectif des 3 mois prévus dans la loi de juillet 2015 sur l’asile

Trentaine de missions foraines (en dehors des locaux de l’OFPRA)

1ères nationalités de demandes :

1 ère : Albanie , 2ème : Afghanistan, 3ème : Haiti, 4ème : Soudan , 5ème : Guinée, 6ème Syrie

34,7 % sont des demandeuses d’asile

39% des demandeurs – euses sont des personnes placées en procédures accélérées (parce que provenant d’un pays d’origine sur, demande tardive…)

 

L’OFPRA détaille les profils des demandeurs d’asile, les motifs de demandes, les particularités :

Page32 pour érythréen.ne.s : service national obligatoire, crainte en cas de retour puisque sortie illégale du pays.

Page 34 pour soudanais.e.s : personnes originaires majoritairement du Darfour, beaucoup de conflits inter-ethniques, personnes qui témoignent de violences en Libye et avec les passeurs.

Page 37 pour afghan.e.s : dégradation de la situation sécuritaire, motifs politiques, sociétaux, religieux, mais aussi situation d’esclavage. Des personnes menacées parce qu’elles ont travaillé avec des ONG internationales.

Page 39 pour albanais.e.s : conflits ouverts entre familles, vendettas, problème avec la mafia, parfois communautés roms. De nombreuses personnes victimes de violences familiales, problème de prostitution, traite des êtres humains. Femmes albanaises particulièrement victimes de la traite, prostitution.

Page 42 pour irakien.ne.s : membres de minorités religieuses yezides, chrétiennes.Moitié des demandes sont des personnes kurdes qui ont changé de projet migratoire, qui partaient pour l’angleterre et sont restées un moment dans le nord de la France. Pour ces personnes, les motifs peuvent être : conflits familiaux, orientation sexuelles, violences familiales, excision, menaces de membres infiltrés de l’organisation état islamique, militantisme politique ou participation à la lutte armée, situation sécuritaire sur certaines zones.

Page 43 pour iranien.ne.s : problèmes de conversion au christiannisme, proximité avec des mouvements politiques, lutte pour la liberté d’expression, appartenance à une minorité ethnique kurde ou arabe.

Page 43 pour syrien.ne.s : La demande est en baisse. Personnes qui ont des vulnérabilités physiques ou psychologiques lourdes. Elles dénoncent les conditions de vie, les bombardements, exactions sur les populations, personnes provenant de l’administration syrienne. L’OFPRA signale qu’il est vigilant sur ces dossiers, car risque que des personnes aient participé à des exactions. Aussi des motifs d’appartenance à une minorité ethnique ou religieuse. Les personnes invoquent la situation générale de conflit.

Les demandeurs d’asile érythréen.ne.s, éthiopien.ne .s, soudanais.e.s font état de torture sur leurs parcours et particulièrement en Libye.

 

Page 44 Pour les Mineur.e.s Non Accompagné.e.s :

30% des demandes des MNA sont des afghan.e.s, 12, 4% des soudanais.e.s

67,4% de protection obtenues

 

Page 46 pour les demandeuses d’asile :

34, 7% des demandes

Énormément de violences faites aux femmes : mutilation génitale, mariages forcées ou précoces, violences au sein du couple ou de la famille, victimes de violences sexuelles.

 

Page 98 Taux d’acccord à l’OFPRA :

Albanie 6% / Afghanistan 83% / Irak 84% / Iran 32,5% / Syrie 95,2% / Erythrée 73% / Ethiopie 49,6% / Soudan 59,5%

Histoire de rencontres – Témoignages de bénévoles

Le 29 mars 2018, Akhtar, dans ses habits traditionnels,  est venu à notre rencontre, à la sortie de la gare de Birmingham… Il vit dans un quartier modeste de cette ville,  fait de petites maisons de briques et de béton. Il y est arrivé il y a un an et demi, le 9 septembre 2016, dans un camion avec 10 autres exilés.  Nous l’avions rencontré pour la première fois dans  le camp de Tatinghem. Il est venu nous chercher en taxi et nous ouvre sa maison qu’il partage avec d’autres Afghans : Salim, dont la main soignée par Brigitte a bien guéri, Noor ou encore Gul Mohammad, dont le frère est toujours coincé dans la jungle.

Peu ou pas de meubles, mais une moquette et des coussins moelleux pour s’asseoir et s’allonger. On partage un thé et un assortiment de fruits secs : pistaches, amandes enrobées de sucre et mûres séchées. Pour nous accueillir, il n’est pas allé travailler. Il bosse au nord de Birmingham, à Walsall, dans la construction. Un gros chantier de plusieurs mois. Il s’y rend en bus chaque matin, six jours sur sept. 45 min de trajet. Il ne lui aura fallu que quelques semaines pour décrocher cet emploi. Le vendredi est son jour off. Celui de la prière et, avec le retour des beaux  jours, celui des parties de cricket.

Et tout en attendant le bus pour nous rendre à l’hôtel, on voit surgir tour à tour deux bambinos Said Alam et Khanwali, qui n’ont plus rien de… bambinos. Ce sont désormais des ados qui nous dépassent en taille. L’école est finie. Ils sont en vacances pour quinze jours. Tous deux sont passés suite au démantèlement de la jungle de Calais. Ils font partie des quelques centaines de chanceux qui ont pu bénéficier du rapprochement familial avant que l’Angleterre ne referme ses portes. En l’espace d’un an, ils parlent couramment anglais, avec un débit à nous donner le vertige.

Plus tard  nous voilà partis pour Star city, sorte de zone commerciale en banlieue. Il y a là-bas une salle de jeux. On peut y boire un verre tout en y jouant au billard. La haute silhouette de Naeem apparaît. Il avait  franchi le dernier obstacle de son voyage en septembre 2017. Naeem avait la tuberculose. Il a passé de longues semaines à l’isolement à l’hôpital d’Helfaut, près de Saint-Omer.  Le voir là, en pleine forme, tout sourire… c’est un bonheur partagé. Il n’a pas oublié. Nous non plus. Il travaille comme beaucoup dans le bâtiment. Avec les restaurants et les épiceries, les cars wash sont leurs principales sources d’emploi.
Le lendemain, nous arpentons Alum rock road et à  l’arrière d’une boutique nous découvrons Hazrat Ali en train de cuire du pain, Sharafdin qui nous fera don d’une batte de cricket pour le camp, Ostaz descendant la rue à notre rencontre, Najeeb déchargeant un camion… Mais aussi Gul Mohammad, Dawood, Javed et bien d’autres amis londoniens que nous irons voir le lendemain et le surlendemain du côté de Tooting  Bec et de Stratford.

Ismail, Sorgul, Dawood, Abdul, Noorudin, Rahmatullah, Muhammadullah… Nous les avons connus au bout d’un chemin à Tatinghem, dans un fossé coincé entre deux champs, un petit coin de terre que nous appellerions Baghlan, éprouvés par la rudesse du voyage et les conditions de vie du camp, mais déterminés à rejoindre l’autre rive.
Ni la boue, ni la fatigue, ni les risques n’ont entamé leur  détermination jusqu’au jour où ils sont  montés dans le bon camion ! À voir leurs  sourires, leur  accueil et leurs  belles baskets neuves, leurs  efforts ont payé.

Pour eux, l’Eldorado existe. Il y pleut plus que de raison. Mais on y dort sous un toit. On y travaille. On y va à l’école. On n’y craint pas l’éclat des bombes.

Louya, Nathalie & Anna

Communiqué de Romeurope – vigilante sur les expulsions

Communiqué de Romeurope sur la fin de la trêve hivernale:

CP – Fin trêve hivernale – CNDH Romeurope – 6 avril 2018 (1)

http://www.romeurope.org/instruction-gouvernement-visant-a-donner-nouvelle-impulsion-a-resorption-campements-illicites-bidonvilles/

Bidonvilles : instruction du 25 janvier 2018 signée par 8 ministres

Instruction du Gouvernement visant à donner une nouvelle impulsion à la résorption des campements illicites et des bidonvilles

Résumé : La France compte près de 570 bidonvilles où vivent 16 000 personnes, pour une grande partie d’entre elles ressortissantes roumaines et bulgares. Ce nombre reste relativement stable depuis plusieurs années, et ce malgré les évacuations qui trop souvent se traduisent par des réimplantations de campements. Cette instruction du Gouvernement définit un cadre d’action renouvelé afin de donner une nouvelle impulsion à la politique de résorption des campements illicites et bidonvilles, une politique à la fois humaine et exigeante quant au respect du droit et de la loi mais aussi une politique efficace,avec un objectif de réduction durable du nombre de bidonvilles dans les 5 ans à venir.

Afin d’atteindre cet objectif, cette instruction du Gouvernement préconise le développement d’actions qui ont fait la preuve de leur efficacité dans certains territoires et se caractérisent par :

– la définition et la mise en oeuvre d’une stratégie territoriale poursuivant un objectif clairement exprimé de résorption des bidonvilles ;

– un partenariat impliquant tous les acteurs concernés à l’échelle d’un territoire pertinent et engageant de manière indispensable les collectivités territoriales ;

– une gestion globale, s’inscrivant dans le temps, depuis l’installation du campement jusqu’à sa disparition, et alliant à la fois programmes d’insertion en France, respect des lois de la République et coopération transnationale avec les pays d’origine des populations.

Le suivi de la mise en oeuvre de cette instruction du Gouvernement est confiée au DIHAL qui mettra en place une commission chargée de rendre compte des progrès enregistrés en matière de développement des stratégies territoriales et de réduction du nombre de bidonvilles et de personnes y vivant.

Action de sensibilisation

Des bénévoles du réseau sont intervenu.e.s le 19 mars pour la  « Faites la fraternité » à la Coupole d’Helfaut.C’est dans ce lieu symbolique de la mémoire des victimes du nazisme que  la Ligue de l’enseignement du Pas-de-Calais a inauguré une semaine de sensibilisation avec pour but de porter un éclairage sur les actions menées par des associations, des écoles, des collectivités, pour un monde plus solidaire et plus fraternel. Le détail de l’action ici

Etaient invitées les classes de  3eme du territoire audomarois et les IME de Longuenesse et Aire-sur-la-Lys.

Au programme, des ateliers organisés en partenariat avec France Terre d’Asile, un travail autour de l’exposition « Objets Perdus » de Rossella Piccino, une rencontre avec des personnes venant en aide aux exilés de passage dans la région ainsi que la projection du film « Au fil du voyage », récit de l’histoire de Souleymane Baldé réalisé par Yvon Guillon.

Action de sensibilisation dans un collège de Lambersart

https://www.francebleu.fr/infos/societe/des-refugies-de-calais-exposent-leurs-oeuvres-dans-un-college-de-lambersart-1521819749

Des réfugiés de Calais exposent leurs œuvres dans un collège de Lambersart

dimanche 25 mars 2018 à 7:05 Par Cécile Bidault, France Bleu Nord et France Bleu

Dans la métropole lilloise, les élèves du collège Savio de Lambersart sont sensibilisés à la question des migrations. Ils proposent une exposition de peintures et de dessins, réalisés par des exilés, dans les locaux de l’accueil de jour du secours catholique à Calais.

Sam, Julien, Anna, Clémence, en compagnie du professeur d'Anglais Vincent de Reu
Sam, Julien, Anna, Clémence, en compagnie du professeur d’Anglais Vincent de Reu © Radio France – Arthur Szczesniak

« Le parcours des invisibles » : c’est le titre d’une exposition, dont le vernissage a eu lieu ce vendredi soir au collège Dominique Savio de Lambersart, dans la métropole lilloise. Elle rassemble une cinquantaine d’œuvres, dessins et peintures, réalisées par des migrants, au centre d’accueil de jour du Secours catholique, à Calais.

Des collégiens sensibilisés à la question migratoire

A l’occasion de la quinzaine de la citoyenneté, près de 200 adolescents de quatrième et de troisième ont été sensibilisés, informés sur la question migratoire, la situation des exilés de Calais. Ils ont pu assister à des conférences sur le sujet. Ils ont été marqués et touchés.

Clémence commente un tableau représentant un canot rouge et blanc, perdu au milieu de la mer : « si j’étais à leur place, je ne sais pas si je tiendrais le coup ! »

Anna trouve cette exposition « touchante, parce qu’ils nous transmettent ce qu’ils ressentent grâce à la peinture« . Julien trouve « triste » que ces exilés aient dû quitter leur pays, « ça pourrait être un dessin d’enfant« , commente-t-il devant une œuvre intitulée « Soudan« .

Sam, lui, a appris ce qu’étaient les accords de Dublin, et se dit « choqué« . Il dit que ce travail sur les peintures lui a permis « d’avoir une autre vision » que ce qu’il voit à la télévision.

Quinzaine de la citoyenneté

A l’origine du projet, un professeur d’Anglais, Vincent de Reu, lui même bénévole au secours catholique. Dans le cadre de la quinzaine de la citoyenneté, au collège Savio, il se dit « ému de pouvoir transmettre cela aux élèves, de leur montrer qu’il n’y a pas qu’une façon de voir les choses, ça les fait réfléchir sur leur adolescence privilégiée« .

Pour chaque œuvre, des collégiens ont écrit un petit texte, une notice en français et en anglais.

 

 

http://www.lavoixdunord.fr/348420/article/2018-03-31/les-collegiens-de-dominique-savio-ont-planche-sur-la-situation-migratoire

Les collégiens de Dominique Savio ont planché sur la situation migratoire

«
Chaque dessin est l’expression d’une souffrance d’un homme ou d'une femme
», Didier Degremont responsable du Secours Catholique.

« Chaque dessin est l’expression d’une souffrance d’un homme ou d’une femme », Didier Degremont responsable du Secours Catholique.

Dans le cadre de la quinzaine citoyenne, les élèves ont travaillé la question des migrants par le biais de plusieurs supports (conférence, chanson, film, art pictural), afin de voir comment les différentes formes d’art ont traité cette question à travers le temps.

«
Chaque dessin est l’expression d’une souffrance d’un homme ou d'une femme
», Didier Degremont responsable du Secours Catholique.
« Chaque dessin est l’expression d’une souffrance d’un homme ou d’une femme », Didier Degremont responsable du Secours Catholique.

Une exposition itinérante de dessins et gravures, proposée par le Secours Catholique du Pas-de-Calais, a notamment éveillé leur sensibilité. Il s’agit d’œuvres réalisées à Calais par des migrants, lors d’un atelier d’expression picturale de l’accueil de jour du Secours catholique. À la fois naïves et pleines de réalisme, elles reflètent la souffrance des exilés et leur envie de liberté. Avion bombardant un village de cases, silhouettes sombres derrière des barbelés, scènes de tortures ou simples souvenirs du pays natal (palmiers, drapeau aimé), toutes sont explicites et touchantes. Les élèves de 4e euro et de 3e les ont étudiées et légendées avec leurs professeurs d’anglais, et ont servi vendredi de guides aux visiteurs.

« Cette expo les amène à grandir, à cheminer en tant que citoyens ; eux qui feront des choix demain. »

Vincent De Reu, professeur d’Anglais au collège et bénévole du Secours catholique de Calais, à l’origine du projet, explique : «  Le but de cette soirée, et du travail réalisé en amont avec les élèves, est de faire réfléchir les élèves à la thématique migratoire, d’une part, et de mettre en valeur le travail du Secours catholique, d’autre part. Par le biais du collège, on peut donner envie aux autres collèges d’accueillir l’expo  ». Sandrine Debray, sa collègue renchérit : : «  Lorsque l’on a 14 ans, on est fort d’infos reçues au sein de la famille, de l’entourage, ou pas. Cette expo les amène à grandir, à cheminer en tant que citoyens ; eux qui feront des choix demain  ».

Tribune Le Monde // Demandeurs d’asile « Partout autour de nous, nous observons la récurrence de la suspicion »

http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2018/04/04/demandeurs-d-asile-partout-autour-de-nous-nous-observons-la-recurrence-de-la-suspicion_5280564_3232.html

La politique d’accueil part d’un principe : le réfugié ment. Cette présomption rend encore plus difficiles ses démarches administratives et ajoute de nouveaux symptômes aux traumatismes liés à l’exil témoigne un collectif de psychiatres, psychologues, psychothérapeutes et psychanalystes, dans une tribune au « Monde ».

LE MONDE | • Mis à jour le | Par Collectif

Tribune. Au quotidien, nous soignons des patients réfugiés. Ce sont des adultes seuls, en couple ou en famille, ce sont des mineurs isolés et des enfants. Ils sont originaires des Balkans ou du Caucase, d’Afrique, d’Asie du Sud-Est, du Maghreb ou du Proche-Orient. Ils sont tous demandeurs d’asile, déboutés de cette protection, des sans-papiers ou bénéficiaires de certains titres de séjour.

Ils souffrent de psychotraumatismes, voire de traumatismes physiques, à la suite des violences subies ou des menaces encourues : arrestations arbitraires, emprisonnements, tortures, viols, harcèlements, humiliations. Sans avoir pu bénéficier de la protection des autorités de leur pays.

S’ils se considèrent « chanceux » d’avoir pu partir et pour certains « d’être arrivés », quelquefois après un parcours migratoire à lui seul traumatisant, ils découvrent vite l’accueil indigne qui leur est réservé.

Ce que notre expérience professionnelle auprès de ces personnes nous apprend, c’est que cet accueil n’est pas respectueux de la dignité humaine. Cet accueil reste indigne en raison d’un paradigme qui domine, influence et conditionne toute la politique d’accueil : la présomption de mensonge, qui repose sur tout demandeur d’asile et le place d’emblée dans une position d’imposteur et non de victime potentielle.

Parcours du combattant

Sous ce prisme, de nombreuses demandes d’asile sont rejetées au motif que les menaces et persécutions alléguées sont « improbables », voire falsifiées. Mais surtout, c’est sur ce paradigme que repose toute une machinerie juridico-administrative qui fait de la demande d’asile un véritable parcours du combattant, avec un impact négatif et destructeur sur la santé psychique de nos patients.

Et parce qu’il repose sur cette présomption de mensonge, le projet de loi sur un « droit d’asile effectif » [projet de loi Collomb « pour une immigration maîtrisée et un droit d’asile effectif », présenté le 21 février en conseil des ministres] constitue une aggravation de cette politique mise en place, rappelons-le, depuis des décennies, par les gouvernements précédents.

Oserait-on, par exemple, écouter sans égard une femme victime de viol, en suspectant d’emblée qu’elle est une simulatrice ? C’est pourtant ce qui arrive à la majorité de nos patientes victimes de viol.

Cette image illustre le fondement de notre politique d’accueil : le traumatisme du réfugié n’est pas pris en compte, alors même qu’il demande des conditions d’accueil et d’écoute spécifiques.

Un récit en français

Tout demandeur d’asile doit produire en français un récit qui retrace les faits vécus. Auditionné devant les institutions de l’Etat, il est sommé de montrer ses blessures et démontrer les souffrances qu’il dit avoir vécues. Cette injonction à se remémorer, à montrer et prouver n’est pas sans conséquences sur le psychisme d’une personne victime de psychotraumatismes.

Certains de nos patients sont dans l’impossibilité psychique (du moins immédiate) de raconter et d’aller témoigner. Si aucun individu n’est à l’abri de reviviscences traumatiques, certaines circonstances génèrent une actualisation mortifère. C’est le cas des injonctions à témoigner.

Nous observons que la plupart d’entre eux sont en difficulté pour être auditionnés, en lien avec leurs symptômes. Certains développent des mécanismes de défense pour « tenir le coup » : tension anxieuse continue avec pour conséquences des troubles cognitifs comme des troubles de l’attention, la concentration et la mémoire, un clivage avec distance affective, oublis des faits, confusion… Cette situation impacte fortement l’instruction de leur dossier. Elle contribue très souvent à l’échec de leur audition.

D’autres patients semblent moins affectés, probablement grâce à une plus forte résilience, à des ressources externes et/ou au travail thérapeutique. Mais même cette résilience ne correspond pas systématiquement à l’octroi d’une protection.

Jugement subjectif

Comme nous continuons à soigner nos patients « déboutés », nous pouvons témoigner que les persécutions et menaces continuent à produire leurs effets destructeurs. Malheureusement, les réouvertures de dossier sont quasiment impossibles.

Comment peut-on en arriver là ?

Il y a une logique : lors de l’instruction de la demande, ni la fonction de l’officier de protection ni celle du juge de la Cour nationale du droit d’asile (CNDA) ne consistent à soutenir le réfugié dans son discours douloureux. Il s’agit de détecter si son parcours est avéré et s’il peut être authentifié.

Dans de nombreuses situations vécues, c’est le jugement subjectif qui s’est substitué au droit, ainsi qu’à une instruction approfondie. Les caractéristiques du droit dans ce domaine, donnent à l’intime conviction des juges, comme des officiers au premier examen, un rôle exceptionnel dans la décision. Dans les notifications de rejet, il y a souvent des expressions remettant en question la bonne foi des personnes.

Là encore, c’est la présomption de mensonge qui domine. Même nos certificats médicaux et attestations de suivi psychologique restent très souvent insuffisants pour étayer le témoignage, apporter un questionnement ou provoquer un doute pouvant se traduire par une demande d’expertise supplémentaire, en vue d’une instruction plus approfondie.

Une forme de contamination

C’est ainsi que sont fabriqués nos patients sans papiers : ils deviennent alors automatiquement des exilés économiques ou thérapeutiques, venus profiter et abuser du système de protection sociale ou de santé français. Donc expulsables.

Partout autour de nous, nous observons la récurrence de la suspicion : pour la reconnaissance du statut de mineur isolé ouvrant à une prise en charge par le service de protection de l’enfance du conseil départemental, pour la mise à l’abri des patients et leurs enfants à la rue ou encore pour la reconnaissance d’autres titres de séjour.

Le traumatisme du réfugié n’est pas pris en compte, alors même qu’il demande des conditions d’accueil et d’écoute spécifiques

Il y a une forme de contamination, des institutions, mais aussi des personnes.

Nous observons alors l’éclosion ou la persévérance des troubles post-traumatiques, l’apparition ou la consolidation de nouveaux symptômes en lien avec ce parcours juridico-administratif. Si la majorité des symptômes dont les patients se plaignent s’articulent à leur vécu, ils se trouvent amplifiés par ce parcours ubuesque, l’inhospitalité et les conditions de précarité, notamment d’hébergement.

Le projet de loi annoncé est une catastrophe, car il rendra ce parcours du combattant encore plus inhumain qu’il ne l’est déjà.

Risque d’expulsion

Les délais ne sont pas réduits « au bon endroit », mais là où le temps est nécessaire pour la construction d’un dossier. C’est dire : délai réduit pour faire la demande (quid des personnes réfugiées dans l’incapacité psychique de produire un récit et d’être auditionnée ?) et délai réduit pour déposer un recours.

On voit aussi réapparaître le retour du risque d’expulsion en cas de rejet de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) pour le demandeur originaire d’un pays dit « sûr », alors même qu’il entreprend un recours devant la CNDA.

Sans parler des expulsions et des personnes soumises au règlement Dublin et des aberrations du dispositif.

Des solutions politiques existent, notamment européennes. L’une d’elles a été évoquée dans une tribune de ce journal, le 16 janvier, en proposant de confier l’octroi de l’asile à un office européen indépendant des Etats. Elle repose néanmoins sur l’abandon de cette présomption de mensonge et sur un changement radical de paradigme au profit d’un accueil respectueux de la dignité des personnes réfugiées.

Digne, car respectueux de la prise en compte de leur vie psychique.

Premiers signataires : Vincent Feireisen, psychologue, établissement public de santé Alsace-Nord, Strasbourg ; Andrée Bauer, psychiatre, directrice médicale du centre médico-psycho-pédagogique, Strasbourg ; Félicia Dutray, psychiatre, praticien hospitalier, centre hospitalier de Rouffach (Haut-Rhin) ; Myriam Cayemittes, psychiatre, présidente de Parole sans frontière, Strasbourg ; Bertrand Piret, psychiatre psychanalyste, membre fondateur de Parole sans frontière, Strasbourg ; Elisabeth Kauffmann, psychologue psychanalyste, Parole sans frontière, Strasbourg ; Georges Federmann, psychiatre, centre médico-psycho-pédagogique, Strasbourg ; Magali Danel, psychologue, établissement public de santé Alsace-Nord, Strasbourg.