« C’est comme vivre en enfer »

Le rapport produit par Human Rights Watch en juillet 2017 documente les abus et violences commises par des membres des forces de police contre des exilé.e.s, ainsi que les agissements visant à perturber l’aide humanitaire et à harceler les personnes qui la délivrent.

Pour consulter le rapport en français, cliquez sur l’image ci-dessous:

Les réactions politiques à la sortie du rapport ont été diverses. Il y a eu une polémique sur la nature du gaz effectivement utilisé par les forces de l’ordre (gaz poivre ou lacrymogène), mais le Ministère de l’Intérieur a reconnu que « des dérapages individuels pouvaient avoir eu lieu ». Le Président de la République et le Premier Ministre ont demandé au Ministre de l’Intérieur que soit apportés des éléments de réponses précis sur les allégations et que les dysfonctionnements soit corrigés. Des enquêtes pourraient être en cours à Calais. Affaire à suivre.

Nouvelles de Calais – Août 2017

Le 26 juin dernier, le Tribunal Administratif de Lille, saisi par 50 exilé.e.s et 11 associations avait enjoint à l’État et à la Commune de Calais de mettre en place des dispositifs d’accès aux droits fondamentaux de base (hébergement, alimentation, eau potable, hygiène et information sur les droits).

La Maire de Calais et le Ministère de l’Intérieur avaient fait appel devant le Conseil d’État. Le « juge ultime des activités de l’administration » a rejeté ces appels par une décision du 31 juillet 2017 estimant que les carences des autorités publiques à Calais sont de nature à exposer les exilé.e.s à des traitements inhumains ou dégradants.

La Maire de Calais a alors fait savoir par un communiqué qu’elle ne donnerait pas suite aux injonctions faites par le Conseil d’État, confirmant ainsi le discours de rejet dénoncé par des habitant.e.s de Calais dans une tribune du journal Libération en juillet dernier.

L’État, via le Ministère de l’Intérieur, puis le Préfet du Pas de Calais, a annoncé que deux Centres d’Accueil et d’Examen de la Situation (CAES), rebaptisés ensuite Centres de Premier Accueil (CPA), seraient ouverts à Troivaux et Bailleul dans le Nord Pas de Calais, avec une capacité actuelle de 200 places. Les exilé.e.s devraient y être hébergé.e.s pour une durée totale de 7 jours, le temps que leur situation administrative soit examinée, avant une orientation en Centres d’Accueil et d’Orientation (CAO), en Centre d’Accueil pour Demandeurs d’Asile (CADA), en PRADHA (centre d’accueil pour demandeurs/ses d’asile en procédure Dublin, avec possibilité d’assignation à résidence) ou de la délivrance d’une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF). La procédure de demande d’asile serait accélérée pour les personnes se rendant dans ces centres.

Matériel du Jeu « Parcours de migrants » (La Cimade)

PdM – Cartes débat 1 A3 Recto verso à découper

PdM – Cartes débat 2 A3 Recto verso à découper

PdM – Cartes officielles A7 Recto verso

PdM – Cartes Personnages A6 Recto verso

PdM – Cartes Questions 1 A3 Recto verso à découper

PdM – Cartes Questions 2 A3 Recto verso à découper

PdM – Cartes Questions 3 A3 Recto verso à découper

PdM – Cartes Vie quotidenne A3 Recto verso à découper

PdM – Photos débat A5

PdM – Planisphère A4 Recto seul

PdM – Règles du jeu A3 plié Recto verso

PdM – Tableau de parcours A4 Recto verso

Roulette migratoire – 12 à 16 ans

La roulette migratoire

Cet outil a été conçu en 2012 par vingt jeunes participant·e·s à un temps d’échanges et de création d’outils d’éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale, organisé par le réseau associatif Étudiants et développement.

L’outil

Entre exercices de simulation et jeux de rôles, les participant·e·s, rattaché·e·s à 4 pays différents, vont devoir trouver de l’argent pour le voyage, obtenir un visa et essayer de passer les frontières. Joueuses et joueurs font ainsi l’expérience des inégalités de départ et de l’arbitraire dans leur capacité à quitter le pays d’origine et à passer les frontières.

Fiche technique

Public ciblé: 12 à 16 ans

Objectif: Faire réfléchir aux contraintes et difficultés de l’exil et des parcours migratoires, en insistant sur la dimension arbitraire.

Nombre de personnes: 4 à 20 participant·e·s + 2 personnes à l’animation

Durée: 45 min.

Matériel requis: papier, stylo et feutres de couleur + 1 carte par participant·e pour faire les passeports + monnaie ou jetons + un peu de musique

Le matériel

Informations pratiques, résumé et déroulé de l’animation, ainsi que pistes de débriefing et profils des 20 personnages sont regroupés dans ce document.

Remarques

Les personnes qui ont conçu le jeu avertissent que dans « la roulette migratoire », tout le monde ne gagne pas, et ce quelques soient les efforts fournis. Cela peut/doit donc générer beaucoup de frustrations, qu’il faudra soulever et traiter dans le cadre du débriefing.

Au-delà, ce jeu est composé de 4 animations successives (jeu des chaises musicales, jeu de mots, activité créative et épreuve de réactivité) qui le rendent particulièrement ludique et interactif, tout en permettant d’aborder de multiples aspects de la migration, de ses motivations et de ses conditions.

Vice // Discrètement, la France renvoie des migrants en Afghanistan

https://news.vice.com/fr/article/la-france-renvoie-discretement-des-migrants-en-afghanistan-malgre-la-situation-securitaire

 

Par Elise Blanchard

juillet 26, 2017 | 11:53 am

Le scénario s’est répété une petite quinzaine fois depuis le 20 juin, journée mondiale des réfugiés : un homme afghan, parfois très jeune, assis à l’arrière d’un avion au départ de Charles de Gaulle, entouré de policiers.

La plupart de ces tentatives de renvois forcés n’ont pas abouti, grâce aux réactions des passagers, informés à l’aéroport par les militants du collectif La Chapelle Debout (LCD). Malgré tout, trois Afghans, arrêtés à Calais et Paris, ont été expulsés vers Kaboul ces dernières semaines.

Gul*, un jeune Afghan de 19 ans, originaire de Kunduz (une des zones les plus dangereuses du pays) a décollé à 13 heures 26, le 19 juillet, dans un vol Air France pour Istanbul, seule escale avant l’Afghanistan – le pays qu’il avait été obligé de fuir après qu’il ait refusé de rejoindre les Talibans, selon LCD.

Dans un communiqué, LCD décrit la scène dans l’avion, racontée via téléphone et SMS par des passagers dans l’avion :

« [Gul] a hurlé. Très rapidement, les policiers lui ont mis un masque sobrement appelé « un réducteur phonique » et qui nous a été décrit par les personnes présentes, choquées, comme un masque à oxygène. » Un couple de passagers qui s’était plaint de la situation a été forcé de quitter l’avion.

Depuis 2009, seuls quelques Afghans, des cas isolés, avaient été renvoyés à Kaboul. Les tribunaux annulent normalement la plupart des demandes de renvois pour les personnes originaires d’Afghanistan en raison des dangers encourus dans leur pays d’origine (en accord avec les lois internationales). N’ayant commis aucun crime, ils sont souvent relâchés après un délai de 45 jours.

Depuis juin 2017, la France, comme l’Allemagne auparavant, tente de mettre en place un processus de retours forcés vers l’Afghanistan.

« Je pense que jusqu’à récemment, l’administration française était encore en phase de rodage. »

Contrairement à l’Allemagne qui a choisi les expulsions collectives à bord d’avions spécialement affrétés, la France utilise une méthode plus discrète, en plaçant les personnes qu’elle souhaite expulser, une par une, à l’arrière d’avions de ligne.

Interrogé par VICE News, Nicolas Pernet, responsable en Île-de-France de l’action en rétention de La Cimade, une association de soutien aux migrants, nous explique : « Je pense que jusqu’à récemment, l’administration française était encore en phase de rodage. » Avant, deux obstacles empêchaient les renvois : la situation sécuritaire en Afghanistan et l’obtention d’un laissez-passer consulaire (nécessaire lorsque les migrants n’ont pas de papiers) rarement délivré par les autorités afghanes.

Pernet explique qu’afin de contourner le premier obstacle, l’administration affirme que si les réfugiés afghans ne souhaitent pas demander l’asile en France, alors c’est qu’ils ne sont pas en danger en cas de renvoi dans leur pays.

En réalité, certains souhaitent rejoindre leur famille en Angleterre et d’autres veulent demander l’asile en France, mais préfèrent attendre leur sortie du centre de rétention administrative (CRA) pour le faire. En effet, en CRA les migrants ne disposent que de cinq jours pour préparer leur dossier de demande d’asile, un délai trop court pour le faire correctement et les taux d’acceptations sont bien plus bas qu’en procédure dite normale.

De son côté, un accord entre l’Union européenne et l’Afghanistan (signé en octobre 2016) a permis à l’administration de faire tomber le deuxième obstacle, explique Pernet. Il autorise le ministère de l’Intérieur à délivrer son propre « laissez-passer européen », s’il n’obtient pas de laissez-passer du consulat afghan sous quatre semaines.

Cet accord, très critiqué, visant à faciliter les renvois, a été signé par le gouvernement afghan avec l’UE en contrepartie d’aides au développement, et de la construction d’un terminal à l’aéroport de Kaboul.

« Le gouvernement assumerait le principe de ces renvois vers l’Afghanistan, conformément à la volonté politique de l’Union européenne. »

Le Défenseur des Droits a critiqué l’accord UE-Afghanistan lors d’auditions parlementaires, soulignant « l’absence de garanties démocratiques dont dispose l’Afghanistan pour juger du besoin de protection des intéressés, » dit Géraldine Meyer, du service de presse de cette institution, à VICE News.

Le 13 mars, le Défenseur des Droits avait déjà reçu un courrier du ministre de l’Intérieur « expliquant que le gouvernement assumerait le principe de ces renvois vers l’Afghanistan, conformément à la volonté politique de l’Union européenne. »

Bilal, un Afghan d’environ 50 ans, malade, séparé de sa femme et de son enfant de 8 mois, tous deux à Calais, a été la première cible dans cette série de tentatives de renvois. Il a été emmené de force dans un avion le 20 juin 2017, journée mondiale des réfugiés. Poursuivi par des seigneurs de guerre et les Talibans, Bilal dit avoir dû fuir son pays pour sauver sa vie. Bilal s’est retrouvé à l’aéroport Charles de Gaulle, dans un avion à destination d’Istanbul puis de Kaboul.

Au même moment, une dizaine de militants distribuaient des tracts aux portes d’embarquement, expliquant aux passagers ce qui risquait d’arriver à Bilal, et comment tenter de l’aider une fois à l’intérieur de l’avion. Quelques heures plus tard, le commandant de bord a fini par sortir du cockpit face au mécontentement de certains passagers. L’appareil décolle avec trois heures de retard, mais Bilal en est sorti.

Le lendemain, encore sur le vol de 16 heures 20, la même scène ou presque se reproduisait pour Jan*, un Afghan de 19 ans. À l’arrière de l’avion, le jeune homme fait tout pour se faire remarquer, malgré les policiers qui l’entourent. Deux passagères ont tenté de parler au pilote en vain. Puis, un homme interpelle la police et l’équipage : « Renvoyer quelqu’un à Kaboul contre son gré est contraire aux droits de l’homme. » L’homme refuse de s’asseoir et est rejoint par d’autres passagers qui tentent de négocier avec l’équipage. Jan finira par être débarqué, rentrer au CRA, puis en sortir quelques jours plus tard.

Le 23 juin, veille de sa libération programmée, on annonce à Bilal qu’il part pour l’aéroport. Plus tard, Bilal rentre dans sa chambre et se lacère les bras.

« C’est une sacrée preuve de leur détermination. »

Selon Pernet, ce type d’incident arrive régulièrement en CRA. « Au stade où il n’y a plus aucune échappatoire, ils ne voient plus que ça pour essayer de s’en sortir, » dit-il citant des hommes qui s’ouvrent les veines, avalent des lames de rasoir, ou encore tentent de se pendre. « Personne n’en est mort, mais ce sont des situations dures. » Nicolas Pernet est par contre surpris par la vitesse à laquelle la préfecture du Pas-de-Calais a reprogrammé un deuxième vol pour Bilal. « C’est une sacrée preuve de leur détermination. »

Contactés plusieurs fois par VICE News, le ministère de l’Intérieur (notamment la Direction générale des étrangers en France) et la préfecture du Pas-de-Calais n’ont pas répondu à nos questions.

Après un rapide passage à l’hôpital du CRA, Bilal a été de nouveau emmené à l’aéroport pour le vol vers Istanbul. Cette fois, l’avion a démarré. Mais alors que les militants avaient perdu espoir, l’appareil a finalement fait demi-tour pour faire descendre Bilal, après que des passagers aient encore refusé de s’asseoir.

« La deuxième fois a été encore plus difficile, » dit Bilal au téléphone à VICE News. « Je deviens fou, pourquoi veulent-ils absolument me déporter, moi ? ». Bilal assure que des officiers lui ont dit, à la suite du deuxième vol, qu’il serait drogué pour être plus calme pendant la troisième tentative.

Il n’y a pas eu de troisième vol pour Bilal. Selon sa femme, jointe au téléphone, Bilal est malade, apeuré et méfiant.

« Quand tu expliques la situation et que tu mets des noms, des parcours de vies sur la personne, ça change tout. »

Selon les activistes de LCD, la douzaine de tentatives de renvois avortées montrent que « la majorité des gens sont contre ces méthodes, » et que « l’important est de mettre à jour un processus que personne ne voit ou personne ne veut voir ».

« Quand tu expliques la situation et que tu mets des noms, des parcours de vies sur la personne, ça change tout, et la majorité des gens, ça les choque, » dit une militante de LCD.

Les tentatives de renvois ont continué de s’enchaîner. Le 5 juillet, lors de la septième tentative de renvoi, les militants sont encore arrivés deux heures avant l’heure de départ, mais beaucoup de passagers ont déjà passé la porte d’embarquement.

L’homme qui risque d’être renvoyé ce jour-là a expliqué aux militants qui l’ont rencontré qu’il « a été arrêté, frappé et enfermé en centre de rétention administratif alors qu’il était en possession d’une convocation pour déposer une demande d’asile. Le papier de rendez-vous a été détruit. »

Mais le personnel de bord, selon les militants, n’est plus intéressé par leur discours. Il semble avoir été briefé pour décoller coûte que coûte.

La police aux frontières distribue elle aussi des tracts aux passagers. L’officier habillé en civil nous explique que le tract vise à expliquer aux passagers qu’ils encourent des peines s’ils entravent le bon déroulement du vol. Il cite l’article L6372-4 du Code des Transports selon lequel « Entraver, de quelque manière que ce soit, la navigation ou la circulation des aéronefs » est « puni de cinq ans d’emprisonnement et de 18 000 € d’amende. »

Le tract des activistes cite lui la convention européenne des droits de l’homme (article 3 : « Nul ne peut être soumis à la torture ni à des peines ou traitements inhumains ou dégradants. ») et la charte des droits fondamentaux de l’UE (dont l’article 19 : « Nul ne peut être éloigné, expulsé ou extradé vers un État où existe un risque sérieux qu’il soit soumis à la peine de mort, à la torture ou à d’autres peines ou traitements inhumains ou dégradants. » ).

« Les frontières de la légalité et de l’illégalité sont décidées par les États et par les gouvernements. »

La situation sécuritaire du pays ravagé par la guerre depuis presque quatre décennies n’a fait que se dégrader ces dernières années. Le nombre de victimes civiles enregistrées pour le premier semestre de 2017 a atteint un nouveau record avec 1 662 morts et 3 581 blessés, selon les Nations unies. Et l’année 2016 avait déjà été la plus meurtrière depuis le début du recensement en 2009, avec 11 418 civils tués ou blessés.

À lire : À Kaboul, les Talibans multiplient les attentats

« Il faut bien se rendre compte qu’on est ici dans une situation, où les frontières de la légalité et de l’illégalité sont décidées par les États et par les gouvernements et où le droit international n’a plus guère de prise, » explique François Gemenne, chercheur sur les migrations à Sciences Po.

La France, explique-t-il, a choisi la discrétion, là où l’Allemagne a agi très ouvertement pour dissuader les migrants et satisfaire l’opinion publique (mais elle a récemment temporairement suspendu les renvois vers Kaboul).

« Ces expulsions douces via les avions de ligne sont symptomatiques d’une politique à plus grande échelle qui veut essayer de rendre invisible les indésirables, » dit-il.

Alors que ce lundi deux attentats revendiqués par les Talibans ont tué au total de plus 70 personnes en Afghanistan, dont au moins 35 à Kaboul, la France a encore expulsé un migrant afghan ce mardi. L’avion est parti à 13 heures 32, avec une heure de retard. Selon un passager à bord, en contact avec les militants, deux camions de CRS étaient présents sur le tarmac, et sept officiers dans l’avion.

Ce nouveau cas de renvoi est inédit. D’après LCD, Jaweed*, 22 ans, souhaitait rester en France et avait été débouté du droit d’asile, car l’OFPRA (Office français de protection des réfugiés et apatrides) l’aurait soupçonné d’être pakistanais ou indien. Il a été arrêté par la police à la Gare de l’Est à Paris, alors qu’il avait apparemment récupéré son passeport afghan à l’ambassade pour prouver qu’il ne mentait pas. Mais plutôt que de le laisser utiliser cette preuve pour obtenir l’asile, les autorités se seraient servies du passeport pour le renvoyer à Kaboul.

* Les prénoms des migrants afghans ont été modifiés afin de préserver leur sécurité.

RFI // Erythrée: l’ONU dénonce encore de nombreuses violations des droits de l’homme

Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU est réuni en session ordinaire à Genève jusqu’au 23 juin. A cette occasion, la rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l’homme en Érythrée rendra un nouveau rapport jeudi 15 juin. RFI a pu obtenir le document en exclusivité. En poste depuis 5 ans, Sheila Keetharuth dénonce à nouveau de nombreuses violations des droits de l’homme dans le pays, alors qu’Asmara refuse toujours de répondre aux injonctions de la communauté internationale.

Aucun effort pour trouver des solutions, aucune volonté de mettre fin à l’impunité. Asmara refuse toujours de coopérer, selon Sheila Keetharuth. Son rapport est sans surprise avec ses multiples cas d’arrestations, détentions arbitraires, tortures, non-respect des libertés.

Par exemple, depuis octobre 2016, les usagers de cyber-cafés devraient se faire enregistrer et les sites consultés seraient recensés. La rapporteuse confirme la mort en prison de Tsehaye Tesfamarian, un témoin de Jehova arrêté il y a 8 ans. Elle s’inquiète pour la santé de l’ancien ambassadeur au Nigeria, Mohamed Ali Omaro, détenu au secret depuis trois ans.

Aucune personnalité étrangère n’est autorisée à visiter les terribles centres de détention érythréens. Sheila Keetharuth n’a elle-même toujours pas pu se rendre dans le pays.

Pourtant, des délégations étrangères entrent en Erythrée pour mettre à jour leurs informations sur les demandeurs d’asile. Car l’hémorragie continue. Plus de 21 000 réfugiés érythréens ont traversé la Méditerranée en 2016. La Mauricienne s’inquiète d’ailleurs que certains pays européens se concentrent d’abord sur la protection de leurs frontières.

Dans de rares cas, un point positif sort du rapport. La solde des conscrits aurait augmenté. Mais elle rappelle ensuite que le service militaire s’apparente à de l’esclavage. Sheila Keetharuth se dit enfin convaincue qu’Asmara veut améliorer ses relations diplomatiques. Mais cela reste à voir, ajoute-t-elle. Constat d’impuissance, dans ses conclusions elle répète ses recommandations habituelles.

17 mai 2017 // Lettre ouverte au Président de la République

L’association Terre d’errance, qui intervient au soutien des exilé.e.s vivant dans le campement de Norrent-Fontes, a pris l’initiative d’une lettre ouverte au nouveau Président de la République, concernant les expulsions de bidonvilles passées et à venir. Dans cette lettre, co-signée par une vingtaine d’associations, il est demandé un moratoire sur les expulsions de campements et de squats afin de permettre de trouver collectivement des solutions adaptées pour les habitant.e.s.

 

Lettre ouverte au Président de la République: plus d’expulsion sans solution !

Paris, le 17 mai 2017

Monsieur le Président,

Dans votre réponse du 20 avril dernier à l’interpellation du Collectif National Droits l’Homme Romeurope concernant les expulsions de bidonvilles et de squats, vous écriviez ceci:

«Nous privilégions une approche pragmatique. D’une manière générale, les bidonvilles et squats n’ont pas vocation à perdurer. Les conditions d’hygiène y sont souvent indignes et représentent une menace pour la santé de ses habitants. Dans certains cas, les relations tendues avec le voisinage viennent ajouter troubles à l’ordre public.

Toutefois, la destruction sans solution alternative est une méthode aussi hypocrite que coûteuse et inefficace. Il revient donc à la puissance publique, en lien avec les habitants, les riverains et les associations de trouver des solutions avant chaque destruction ou évacuation, pour que celle-ci ne se traduise pas par la création simultanée d’un nouveau camp.»

Désormais, ce n’est plus au candidat mais au Président que l’interpellation s’adresse. Comment s’organiser pour que nouvelles expulsions n’aient plus lieu, sans solution adaptée et avec la même inefficacité, reproduisant autant de nouveaux bidonvilles aux mêmes endroits ou presque ?

A Calais depuis la destruction du bidonville en octobre dernier et à Grande-Synthe depuis l’incendie du mois de mars, la situation est inédite: il est interdit de donner une tente aux personnes sans abri qui sont pourtant plusieurs centaines.

A Norrent-Fontes, 70 personnes sont actuellement menacées d’expulsion d’un bidonville, sans solution adaptée. Or, leur situation illustre parfaitement l’hypocrisie que vous relevez.

Ce campement existe depuis presque 20 ans, il a été installé par la mairie et identifié par les services de la préfecture et plusieurs députés.

Les femmes et les hommes qui y vivent ont été reconnu-e-s par le Juge judiciaire dans le respect de leurs droits fondamentaux.

En effet, le Tribunal de Grande Instance de Béthune ainsi que la Cour d’Appel de Douai ont rendu des décisions motivées refusant l’évacuation de leur lieu de vie.

Or, depuis quelques jours, diverses visites des forces de l’ordre et des services de l’État nous font craindre d’éventuelles édictions d’un arrêté préfectoral d’évacuation.

Un tel arrêté, qui serait donc pris aux mépris des décisions judiciaires protégeant les exilé-e-s et leurs libertés fondamentales, constituerait un véritable détournement de pouvoir et, surtout, comme vous l’avez indiqué, une hypocrisie coûteuse et inefficace puisqu’à ce jour il n’y a aucune solution alternative d’accueil de ces exilé-e-s de passage dans le calaisis.

Ailleurs, plus d’une dizaine de bidonvilles et squats sont menacés de destruction et plusieurs centaines d’hommes, femmes et enfants craignent une expulsion:

– à Choisy Le Roi, 80 personnes redoutent l’expulsion d’un jour à l’autre

– à Sucy en Brie, 30 personnes seront bientôt expulsées du squat où elles vivent,

– à Alfortville 15 personnes pourraient être expulsées dès la fin de l’année scolaire,

– à Rungis, une expulsions de 180 à 200 personnes est annoncée pour la fin de l’année scolaire

– à Evry, 80 familles sont menacées par un arrêté municipal édité le 9 mai 2017,

– à Osny, un foyer de 11 personnes ainsi qu’un autre de 4 personnes, toutes ressortissantes de l’union européenne pourraient subir une expulsion le 23 mai,

– à Triel sur Seine, ce sont 42 familles qui redoutent d’être expulsées,

à Aix, Arles, Villeneuve St George, St Denis, Lille et Ronchin, des expulsions sont annoncées.

Monsieur le Président, comment justifier un tel acharnement à détruire des abris de fortune qui seront reconstruits dans des conditions plus difficiles encore ? Les exemples de Steenvoorde, Calais ou Dieppe, l’ont récemment illustré, ainsi que vous le dénonciez tout-à-fait justement dans votre réponse au Collectif National Droits l’Homme Romeurope.

C’est pourquoi, Monsieur le Président, nous vous demandons un moratoire sur toutes les expulsions de bidonvilles et de squats, afin de ne pas empirer la précarité des personnes et de donner les délais suffisants aux élus, aux services de l’État, aux habitant-e-s et aux organisations associatives de se pencher ensemble sur les difficultés des situations pour tenter d’y trouver des réponses adaptées et respectueuses des droits fondamentaux.

Comptant sur votre approche nouvelle et dans l’attente de votre réponse, nous vous prions de recevoir, Monsieur le Président, l’expression de notre très haute considération.

Cherbourg // nouvelle expulsion d’un campement le 11 avril 2017

Jean Dussine, président d’itinérance Cherbourg, nous relate l’expulsion du terrain où (sur)vivaient des exilés à Cherbourg.

« Pour la quatrième fois depuis le 15 mai 2016, le camp de migrants de Cherbourg a été démantelé.

Le 11 avril 2017 à 7h du matin, les forces de l’ordre sont intervenues sur le terrain Nordez, dans le quartier du Maupas, où des exilés s’étaient installés depuis début février, accompagnés par l’association Itinérance, face à un nouveau refus catégorique du Maire de Cherbourg de leur accorder un abri pour la nuit.  Ce terrain municipal, « historique » puisqu’il a accueilli pendant des années des migrants souhaitant rejoindre l’Angleterre ou l’Irlande, était occupé pour la troisième fois depuis moins d’un an, un autre squat s’étant installé de manière éphémère sur un terrain privé.

Suite à la demande conjointe de la municipalité de Cherbourg en Cotentin et de la Préfecture de la Manche, le Tribunal Administratif de Caen avait prononcé  sa fermeture le 22 mars 2017.

Le 11 avril, il y avait sur le camp une vingtaine d’hommes dont 8 demandeurs d’asile non hébergés par les services de l’état et 1 mineur non accompagné. Ces hommes étaient originaires d’Afghanistan, d’Albanie et du Pakistan.

La grande nouveauté par rapport aux précédentes expulsions a été le modus operandi puisque ;

  • d’une part tout s’est fait dans la plus grande discrétion, ni les journalistes ni la majorité des élus municipaux n’ont été mis au courant.
  • D’autre part il a été fait usage d’un bulldozer et de deux tracteurs avec des remorques pour nettoyer le camp très rapidement, si rapidement que les personnes présentes n’ont pas pu récupérer leurs effets personnels, vêtements, sacs, chaussures, téléphone et argent pour certains. Trois demandeurs d’asile ont même perdu leurs documents personnels. Pour l’anecdote, le bulldozer a même commencé à enlever une tente dans laquelle un jeune demandeur d’asile Pakistanais dormait encore, il a réussi à s’échapper avant de partir à la benne !

Itinérance a perdu tout le matériel mis à disposition des exilés : tentes, bâches, jerricans pour l’eau, brasero, planchers pour isoler du froid, … Lors des autres expulsions, la municipalité nous laissait 1 ou 2 jours pour récupérer ce que nous voulions.

Bien sûr Itinérance est d’accord avec le constat de la municipalité qui avance que ce camp était insalubre et inhumain. Les élus disent donc que c’est par humanité qu’il a été détruit.  La grosse divergence de jugement tient en deux points :

  • la plus grande partie des hommes présents sur le camp ayant été relâchés très vite, un nouveau camp s’est formé le soir même dans des conditions tout aussi inhumaines et insalubres ce qui prouve encore une fois que fermer un camp ne résout pas le problème mais ne fait que le déplacer, comme l’avait reconnu Bernard CAZENEUVE en 2010 lorsqu’il était maire de Cherbourg.
  • Nous pensons qu’il aurait été très facile d’améliorer les conditions de vie sur ce camp en y installant un point d’eau, puisqu’une conduite passe sur le terrain, et l’électricité. Ceci aurait permis l’installation de sanitaires avec toilettes et douches, ce qui aurait rendu le camp beaucoup plus salubre.

Itinérance réclame toujours l’hébergement de tous les sans-abris quels que soient leur origine, leur statut ou leur projet. L’association réclame aussi l’hébergement de tous les demandeurs d’asile présents à Cherbourg conformément au droit français et aux règlements européens. »

Retours des étudiant.e.s de l’Institut régional de travail social sur leur implication à Flandre Terre Solidaire – Mai 2017

 

Crédits: Patrick Genty

Nous sommes étudiants en deuxième année de « formation moniteur éducateur ». Dans le cadre d’un projet scolaire, nous avons souhaité nous inscrire dans l’association Flandre Terre Solidaire.

Cette expérience nous a énormément enrichis, aussi bien personnellement que professionnellement.

Nous avons eu l’occasion de nous rendre dans un Centre de Répit Temporaire et Collectif et d’y proposer diverses activités. Il nous a été possible également, afin de sensibiliser le plus grand nombre, d’organiser une conférence au sein de notre école ainsi qu’un forum.

Crédits: Patrick Genty

Par ces moyens nous avons rencontré différents membres de l’association qui nous ont apportés énormément, aussi bien à nous qu’aux élèves qui ont pu échanger avec eux.

Nous avons rencontré des personnes engagées, humbles et qui, par leur action, nous montrent qu’il est possible de s’engager pleinement, même avec peu de moyen. Leur parcours nous a touchés et nous a sensibilisés à cette cause. Nous souhaitons pouvoir nous investir encore auprès de l’association.

 

Clara Lagun-Bouchet
Justine LAROCHETTE
Amélie DELVALLE
Rachid BOUAMARA

1er mai 2017: Stand inter-associatif au salon du livre d’Arras

Stand inter-associatif le 1er mai 2017, au salon du livre de critique sociale d’Arras

Petit compte-rendu par Nan Suel

Crédits: Dominique Ruelle-Bourgeois

 

Exilé.e.s du campement de Norrent-Fontes, membres d’Arras Solidarité Réfugiés, du Collectif Fraternité Migrants Bassin Minier 62, de Terre d’Errance ou bénétant.e.s du camp de Tatinghem: il y avait du monde au stand inter-associatif de soutien aux exilé.e.s le 1er mai à Arras !

Crédits: Dominique Ruelle-Bourgeois

Au menu multiculturel: thé vietnamien, café éthiopien et gâteaux du Pas de Calais. Et pour les nourritures plus intellectuelles et militantes: distribution de poèmes sur le thème de l’exil, table d’expression libre sur l’hospitalité, expositions et documentation des associations présentes.

Dans le  coin salon installé, les passant.e.s se sont protégé.e.s de deux petites averses mais ont surtout pris le temps de discuter avec les exilé.e.s et leurs soutiens de l’actualité des campements parfois très proches de chez eux.

Crédits: Dominique Ruelle-Bourgeois