Note de lecture sur le livre de Smain Laacher par Martine

Croire à l’incroyable    Un sociologue à la Cour nationale du droit d’asile

Smaïn Laacher     coll NRF essai  Editions Gallimard

Tout est dans le titre et surtout le sous titre : Smaïn Laacher, dont je connaissais le rapport fait au centre de Sangatte[1], a été juge assesseur à la  CRR (commission de recours des réfugiés) puis à la CNDA[2]  (cour nationale du droit d’asile)de 1999 à 2014.

Il partage ici ses réflexions sur sa pratique. Et il reste sociologue. Il décrit  le fonctionnement de la CNDA, son cadre, ses acteurs ce qui est déjà intéressant pour le profane que je suis, et les questions que lui pose ce fonctionnement. A cet égard, le propos est très nuancé,  scrupuleux. Ce livre n’est pas dogmatique, l’auteur observe, décrit, analyse, explique et questionne, il garde une posture modeste et honnête. Pourtant son analyse du fonctionnement est très précise, et répond à beucoup de questions que je me posais. Cela porte d’abord sur les limites de la convention de Genève : « Le terme « réfugié » s’applique à toute personne qui craint avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité,  de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques… » Pour l’auteur, il manque  un 6eme motif de persécution, celui lié au genre. D’autre part, il admet que la misère est bien souvent utilisée et organisée sur des raisons politiques, ou racistes. La distinction entre réfugié politique et migrant économique n’est donc pas pertinente. Enfin il déplore l’absence du critère de changement climatique.

Il souligne le taux assez constant de rejet de la décision de l’OFPRA, « autour de 20%, avec  quelques rares cas autour de 35-40% » ce qui laisse entendre l’existence d’un quota d’admission de réfugiés.

Un chapitre expose, en évoquant certaines personnes rencontrées, ce que c’est être parti, être exilé, avoir perdu son foyer, sa langue et sa culture : c’est fait avec finesse, sans pathos, et de manière respectueuse.

Il y a aussi un chapitre  « Les femmes, des persécutées à part ? » où il souligne, à l’aide d’exemples, les très grandes difficultés pour les femmes à faire reconnaître des persécutions : les violences faites aux femmes n’entrent pas dans les motifs de la convention de Genève, le récit en est particulièrement difficile, voire impossible car la méfiance des femmes vis a vis des institutions est encore plus forte, et reconnaître être une victime de crime sexuel ne peut parfois être affronté,  le « silence est une procédure de survie. »

Il observe chacun des acteurs de cette cour de justice : la « formation de jugement » (quel terme étrange) constituée par le juge et ses deux assesseurs, puis : la secrétaire, le rapporteur, l’interprète éventuel, le requérant, c’est le nom qu’il donne au demandeur d’asile. Il souligne le  rôle majeur du rapporteur :sa connaissance documentée du requérant, de son pays d’origine, et de la jurisprudence. La qualité inégale des acteurs, en terme de connaissance, d’attention, de bienveillance. C’est un univers « socialement hiérarchisé » qui doit « produire de l’inclusion et de l’exclusion ».

Sur quoi décide le juge : «  Pas seulement d’après ce que prescrit la loi, mais bien plus d’après l’opinion propre qu’il se forge . » Or la situation du demandeur d’asile  est difficile à saisir pour le juge, bien qu’il dispose d’un centre d’information géopolitique, avec fiches, cartes,  rapports de ministees, d’ONG. L’auteur  donne la mesure  de ce qu’est une demande d’asile. Il faut la faire par écrit en fournissant des documents, et il faut  ensuite la soutenir en personne, en affrontant des personnes culturellement et socialement éloignées. C’est une véritable épreuve et  une performance, et en plus, elle est soumise à l’aléatoire, on le comprend entre les lignes.

Comment, pour le requérant, construire et présenter à la cour un récit crédible ?  Histoire et récit sont deux registres qui ne se confondent pas : une même histoire peut se raconter de plusieurs manières. Il faut un récit compréhensible et crédible. Or le parcours de l’exil est chaotique, traumatisant.  La manière de  raconter les souvenirs en est le reflet : c’est difficile de se représenter clairement ce qui est arrivé, et plus encore de le transmettre. De plus le requérant peut raconter son histoire personnelle, mais il n’a pas la capacité d’expliquer par exemple,  que la pénurie vécue est liée à la politique économique du pouvoir en place ! Le requérant est considéré comme demandeur d’asile uniquement, et pas  comme sujet, avec une histoire singulière, un statut social. Son statut est d’évidence, un statut « inférieur » lors de son passage devant la cour. L’auteur s’interroge également sur le silence, à plusieurs reprises :  « Le silence peut renvoyer à une intériorité anéantie ».

C’est un livre « chimère » qui raconte des souvenirs très vivants, sensibles et bienveillants sur des vraies personnes, qui dit les émotions de l’auteur, selon les cas :  pitié, empathie  colère, désolation parfois et  regret. Et dans la même page, pour expliquer le contexte des demandes d’asile, il inclut  des statistiques, des considérations juridiques , une réflexion sur la diversité des politiques d’accueil et sur  l’évolution du droit : du droit  à quitter son pays, vers le droit à rester dans son pays, ce qui conduit à faire de la protection des victimes sur place (par des ONG) un mécanisme privilégié de prévention de la mobilité des populations déracinées. Il met à jour le pouvoir des institutions internationales : HCR[3],OIM[4], Nations Unies, pouvoir partagé avec les Etats, pour contrôler la circulation des personnes.

 

Smaïn Laacher se défend de faire un ouvrage de sociologie scientifique et objective, et revendique  le point de vue personnel et l’emploi du « je ». Mais il ne dénonce pas, et ça mettra peut-être certains en colère. Nous sommes un certain nombre à l’attendre au tournant : est-ce vraiment honnête et éthique de contribuer au fonctionnement d’une institution qui règle le sort  ou au moins qui oriente le cours de la vie de centaines d’hommes et de femmes chaque année ?  Institution qui contribue ainsi au mensonge qui n’est dénoncé par personne :  ils sont des centaines de mille à périr au cours de la migration et « nous » ne faisons pas ce qu’il faut, pas assez, et « nous » ne voulons pas le savoir.

 

[1]« Après Sangatte… Nouvelles immigrations, nouveaux enjeux » Editions La Dispute 2002

[2]Une personne étrangère  qui veut demander l’asile dépose une demande en  prefecture, elle constitue un dossier qui sera examiné par l’OFPRA, qui est une instance administrative. En cas de refus de l’OFPRA de lui accorder le statut de réfugié, la personne peut faire un recours à la CNDA qui est une cour de justice. La CNDA va statuer à nouveau sur la demande : soit elle confirme la décision de l’OFPRA, soit elle rejette cette décision (et accepte le statut de réfugié, les termes sont trompeurs;). 38674 recours ont été déposés en 2015

[3]Haut commissariat aux réfugiés

[4]Organisation internationale des migrations

Retour sur la fête de l’entre deux à Calais

Vous ne l’avez peut-être pas su : à Calais, entre le 23 et le 30 Septembre, s’est déroulée une fête, une fête qui portait plusieurs noms : Fête des tentes (une fête religieuse juive) , Fête de l’entre-deux, (pour célébrer entre deux pays, ou entre deux situations de vie,) Fête des possibles, parce que ça collait avec cette fête qui avait lieu (presque) partout.Nous écrivions pour la présenter dans la newsletter de Septembre :

« Entre deux pays, entre deux langues,

Temps suspendu ? Temps arrêté ? Arrêt de jeu ? Temps de préparation ?

Entre plusieurs impossibilités,

Calaisiens et exilés, ensemble, pendant quelques jours, dans la cour de l’église Saint Joseph.

hébergement sous tente (la votre ou une tente prêtée, à monter sur place)

Ce sera un temps pour vivre ensemble : cuisiner, jouer, bricoler, discuter, dessiner, écrire, boire du thé  et du café, découvrir des patisseries, s’informer sur les droits, réfléchir à la prévention… Et toutes les propositions faites par les participants eux mêmes. »

La préparation avait été soignée, faite par une dizaine de bénévoles. La logistique, soutenue par le SC, la paroisse saint Joseph, Utopia, L’auberge des Migrants était bien élaborée. Les exilés avaient été informés de la proposition  de vive voix et par des flyers à l’accueil de jour, il y avait même eu une réunion la semaine précédente où ils avaient discuté de leurs attentes. Le déroulement de la fête a confirmé ce qui s’était dit à cette réunion : dans l’ensemble, cela ne les intéressait pas. Ils n’étaient pas preneurs de cette idée de fête, avec partage : partage des tâches, des animations, des rencontres. Un hébergement sous tente, sans douche, ni WIFi ne les intéressait pas, fut-il « sécure », car dans un lieu privé, à l ‘abri des interventions policières. Au total sur 7 nuits, il y eut 77 nuitées, et les personnes repartaient dans la journée. Les « habitants » n’ont pas été les personnes vivant à Calais, mais des « primo-arrivants », eux très contents de trouver  un lieu tard dans la nuit, avec de  la lumière, un accueil, et où casser la croûte. Un lieu où se retourner. Et parfois s’en retourner. Les autres « habitants » furent des MIE sans place au refuge pour mineurs de Saint Omer. Ni les uns ni les autres ne désiraient participer à des animations ou à une fête. Ils ont été très discrets, polis, prenant leur part dans l’organisation matérielle du lieu. Il aurait fallu pour eux de l’information précise sur la manière dont on peut survivre à Calais, cela n’avait pas été prévu. Les riverains, eux, n’ont pas été dérangés. Certains avaient exprimé leurs craintes au début de la période, ce dont la presse locale s’est dépêché de parler, mais, par la suite, aucune plainte n’a été déposée. Il y a eu la visite de 3 policiers municipaux, qui furent reçus avec politesse et humour. Le format a été discret, pas de contact avec la presse, pas de banderolles ni de déclaration.

Que « tirer » de cette expérience ? Ca s’est bien passé, ce n’est pas « un nouveau Sangatte », et, bien que quelques tentes aient été dressées, ça n’a dérangé personne… Ca donne envie de recommencer ! Les fêtes religieuses sont un bon filon,  dit un des bénévoles. Mais on a bien compris que ce qui est nécessaire au 1er chef, c’est un lieu d’accueil pour ceux qui arrivent, qui ne connaissent rien à la situation locale, ni personne. Que ce lieu doit rester de petite taille et discret, voire caché. Le travail de sensibilisation, de communication est évidemment nécessaire, mais il doit être distinct, à distance de ce lieu, pour des raisons de survie !

Résumé « Les Suppliantes »

Cinquante femmes de Lybie refusent d’être « épousées contre leur volonté » par leurs cousins Égyptiens. Elles fuient par la mer la mort qu’on leur promet. Les Suppliantes échouent sur le rivage de la Grèce et demandent asile au Prince qui hésite puis choisit de laisser le peuple grec prendre la décision.

Cette histoire vielle de 2500 ans, écrite par Eschyle, le premier dramaturge de tous les temps, est à la fois une lutte de femmes pour leur liberté et un exemple de démocratie par le peuple et pour le peuple.

41 actrices et acteurs amateurs de 19 pays, demandeuses et demandeurs d’asile ou résident-e-s en Mayenne qui s’expriment dans 14 langues…ont toutes et tous choisi de défendre sur la scène cette légende car pour certaines et certains d’entre eux, c’est leur propre histoire qui se raconte ici.

Retours des participant.e.s sur la « fête de l’entre-deux », septembre 2018

Pour présenter cette « fête de l’entre-deux », nous écrivions en septembre :

« Entre deux pays, entre deux langues,

Temps suspendu ? Temps arrêté ? Arrêt de jeu ? Temps de préparation ?

Entre plusieurs impossibilités,

Calaisien.ne.s et exilé.e.s, ensemble, pendant quelques jours, dans la cour de l’église Saint Joseph.

Hébergement sous tente (la vôtre ou une tente prêtée, à monter sur place)

Ce sera un temps pour vivre ensemble : cuisiner, jouer, bricoler, discuter, dessiner, écrire, boire du thé et du café, découvrir des pâtisseries, s’informer sur les droits, réfléchir à la prévention… Et toutes les propositions faites par les participant.e.s. »

La préparation avait été soignée, faite par une dizaine de bénévoles. La logistique, soutenue par le Secours Catholique, la paroisse Saint Joseph, Utopia 56, L’Auberge des Migrants, était bien élaborée. Plusieurs participant.e.s s’étaient formé.e.s auprès de la Cabane Juridique pour s’assurer que la semaine se passe au mieux. Les exilé.e.s avaient été informé.e.s de la proposition de vive voix et par des flyers à l’accueil de jour, il y avait même eu une réunion la semaine précédente pour discuter de leurs attentes.

Le déroulement de la fête a confirmé ce qui s’était dit à cette réunion : dans l’ensemble, cela ne les intéressait pas. Les personnes n’étaient pas preneuses de cette idée de fête, avec partage : partage des tâches, des animations, des rencontres. Fut-il « sécure », car dans un lieu privé, à l’abri des interventions policières, un hébergement sous tente, sans douche ni WIFI, ne les intéressait pas.

Au total sur 7 nuits, il y eut 77 nuitées, et les personnes repartaient dans la journée. Les « habitant.e.s » n’ont pas été les personnes vivant à Calais, mais des « primo-arrivant.e.s », très content.e.s de trouver un lieu tard dans la nuit, avec de la lumière, un accueil, et où casser la croûte. Un lieu où se retourner. Et parfois s’en retourner. Les autres « habitant.e.s » furent des mineur.e.s isolé.e.s étranger.e.s, sans place au refuge pour mineur.e.s de Saint-Omer.

Ni les un.e.s ni les autres ne désiraient participer à des animations ou à une fête. Ils ont été très discrets, polis, prenant leur part dans l’organisation matérielle du lieu. Il aurait fallu pour ces personnes de l’information précise sur la manière dont on peut survivre à Calais, cela n’avait pas été prévu. Les riverain.e.s, de leur côté, n’ont pas été dérangé.e.s. Certain.e.s avaient exprimé leurs craintes au début de la période, ce dont la presse locale s’est dépêché de parler, mais, par la suite, aucune plainte n’a été déposée. Il y a eu la visite de 3 policiers municipaux, qui furent reçus avec politesse et humour. Le format a été discret, pas de contact avec la presse, pas de banderoles ni de déclaration.

Que « tirer » de cette expérience ? Ça s’est bien passé, ce n’est pas « un nouveau Sangatte », et, bien que quelques tentes aient été dressées, ça n’a dérangé personne… Ça donne envie de recommencer ! Les fêtes religieuses sont un bon filon, dit un des bénévoles. Mais on a bien compris que ce qui est nécessaire au 1er chef, c’est un lieu d’accueil pour celles et ceux qui arrivent, qui ne connaissent rien à la situation locale, ni personne. Que ce lieu doit rester de petite taille et discret. Le travail de sensibilisation, de communication est évidemment nécessaire, mais il doit être distinct, à distance de ce lieu, pour des raisons de survie !

Journée de l’hospitalité au Secours Catholique

Journée de l’hospitalité

 Le 03 novembre 2018

Chaque année, l’entrée dans l’hiver est marquée par nos difficultés de pourvoir aux besoins d’hébergement dans l’urgence.

Plusieurs centaines d’exilés vivent dans de conditions effroyables malgré un ensemble de moyens permettant l’accès à l’eau, à des douches et aux repas, connu sous l’appellation  de la préfecture de « socle humanitaire ». Dispositif  imposé à l’Etat par un arrêt  du Conseil d’Etat, confirmant la décision du TA de Lille.  Malheureusement, de nombreuses contraintes de temps et de lieux rendent l’accès à ce dispositif particulièrement difficile et loin d’être suffisant. 

D’autre part, en dehors des propositions d’hébergement en CAES, aucune possibilité n’est ouverte sur Calais, sauf quelques nuits dans le cadre du plan grand froid.

Le Secours catholique a alors souhaité l’organisation d’un grand événement sur Calais, dans ses locaux, en vue de sensibiliser toute la population calaisienne et des villages avoisinants.

 La journée de l’hospitalité voyait le jour.

 Nous savons qu’il existe des hommes et des femmes de bonne volonté qui hébergent  durant l’hiver et dans la plus grande discrétion. (peur d’être dénoncés, d’être en dehors du droit, le regard des voisins etc…)

 Il faut une journée qui explique le droit à l’hébergement. Il faut rassurer, donner un cadre sécurisant, entendre des témoignages, vivre la Fraternité, susciter l’envie et l’engagement. Il nous faut créer un vrai réseau, prêt à répondre aux besoins de l’hospitalité dans l’urgence.

 Cette année, le Secours catholique est engagé dans la campagne mondiale des migrations. Un imposant et ambitieux programme, piloté par notre Siège qui couvre le territoire national et l’international. A ce titre, deux membres du SC du Pas de Calais, dont le chargé de mission Calais sont désignés pour représenter le SC, en novembre à Mexico au Forum Social Mondial des Migrations.

 Le FSMM est un forum international qui réunit différents acteurs de la société civile (associations, syndicats, collectifs, individus) autour de la cause altermondialiste et de la construction d’un monde plus juste et respectueux des droits individuels et collectifs.

 Il faut permettre à tous d’accéder à ce forum et c’est ce que souhaite faire le SC lors de sa journée du 03 novembre.

 Nous souhaitons lier les deux événements en organisant durant cette journée de l’hospitalité, une table ronde, en duplex entre Calais et Mexico.

La journée s’articule autour du thème de l’hospitalité. Trois ateliers majeurs proposeront de l’information sur l’hébergement d’urgence, les droits qui s’y rapportent et protègent la personne accueillante, et des renseignements sur le parrainage. De nombreuses activités très dynamiques auront lieu toute la journée entre témoignages, débats, activités culturelles, échanges, une table ronde regroupant des personnalités engagées de par leur sensibilité, leurs responsabilités, connaissances, expériences du problème des migrations et de l’hospitalité. . Le tout se déroulera dans une ambiance conviviale, fraternelle, joyeuse et colorée.

 Des journées de communication seront prévues en amont de l’événement.

 

« Les gens d’ici » : dates et lieux de la tournée

Calendrier
vendredi 6 octobre : 1 représentation à Marquion  (action culturelle : porteurs de paroles au collège : 12 oct)
dimanche 14 octobre à 14h : 1 représentation au château Mollack.
vendredi 19 octobre à 14h30 et 20h30 , 2 représentations à Avion
(sensibilisation au collège Rousseau le 1er oct + collège Langevin : journée du 16 oct)
mardi 13 novembre à 14h30 et 18h30 : 2 représentations à Béthune
mardi 20 novembre : 1 représentation à Audruicq (horaire à confirmer)
mercredi 28 novembre à 14h30 : 1 représentation à Valenciennes
mardi 11 décembre à 19h : 1 représentation à Lille.
à confirmer : mardi 8 ou mercredi 9 ou jeudi 10 janvier : Boulogne (date et horaire à confirmer)
à confirmer : 22 ou 24 ou 29 à Guisnes (date et horaires à confirmer)
vendredi 22 février à 20h : Cantin.
vendredi 3 mai  à 14h et 20h : 2 représentations à Méricourt

Fête de l’entre-deux, fête des tentes, fête des possibles

Du 23 au 30 septembre 2018, à Calais

La préparation de cette semaine est faite par un collectif de bénévoles d’horizons divers, et cherche à impliquer au mieux les personnes exilées elles-mêmes.

Pour qui est cette fête ?

Toutes celles et ceux qui ont envie de passer un moment ensemble.

L’inscription préalable , lorsque c’est possible, est souhaitée.

Les règles pour bien vivre ensemble s’écriront avec toutes et tous à l’ouverture de la semaine, et s’ajusteront jour après jour. Un temps réservé au sommeil sera préservé.

Loin du quotidien difficile, ce sera un temps pour se découvrir citoyennes et citoyens du même monde.

Pourquoi cette fête ?

Plusieurs sources d’inspiration (voir ci-dessous) et plusieurs envies se croisent ici :

  • Vivre 8 jours de paix et de dignité.

  • Réaffirmer le droit à exister, même si c’est éphémère, même si c’est dans l’entre-deux.

  • Vivre quelque chose de différent du quotidien, pour les exilé.e.s, mais aussi pour les aidant.e.s (ex : des temps de cuisine autonomes).

  • Développer les attentes des aidant.e.s aussi, habitant.e.s d’ici (ne pas être juste une machine à laver, une main qui donne le repas, etc.).

  • Pouvoir redire le désir qu’on a de se rencontrer l’un.e et l’autre.

  • Montrer à toutes et tous que les exilé.e.s sont toujours présent.e.s, et lutter contre la volonté des autorités de faire disparaître les exilé.e.s du paysage, et des préoccupations des citoyen.ne.s.

La préparation de cette semaine est faite par un collectif de bénévoles et d’exilés d’horizon divers.

La communication au grand public, (presse, réseaux sociaux) sera réfléchie et discutée par les participants. Pour le moment, cela reste une information privée.

Côté inspirations croisées, voici ce que nous en dit Philippe D. (Calais – 29.08.2018) :

Pour la « fête des Tentes »,  – ou fête de l' »Entre-deux » -, voici plusieurs lignes d’inspiration susceptibles de se rejoindre, pour illustrer l’esprit de cette fête et lui donner du corps. Les approches évoquées ci-dessous ne prétendent pas occuper tout le terrain : elles font entendre qu’il y a de la place pour la multiplicité.

     1) Ce qui s’impose d’ abord, c’est l’expérience particulière des migrants à Calais. Ici, davantage que sur d’autres sites, ils sont dans un entre-deux inhabitable. Le Calaisis brûle les pieds de ceux qui sont pris entre leur pays d’origine et la destination qu’ils se sont donnée. C’est l’étape de trop, l’étape inutile. Ce qui rend atypique la rencontre avec beaucoup, c’est qu’ils sont, pour une bonne part, seulement et déjà ailleurs. Et cet ailleurs ne nous parle guère, ne nous est pas commun. C’est d’abord le leur, et seulement le leur.

2) Notre propre expérience de l’entre-deux. Pour le meilleur (la récré à l’école; la pause-café ou cigarette au travail; le dimanche; etc.) et pour le pire (cf. la salle des pas perdus; le temps perdu dans les embouteillages; les périodes de chômage; les coups d’arrêt subis dans une orientation scolaire, dans une relation; etc.).

Dans les deux cas, l’entre-deux se définit prioritairement par les limites qui l’encadrent. Pour le meilleur, il est ce qui échappe à des forces hégémoniques, ou, mieux encore, leur tient tête. Il a alors un contenu de forte intensité. Pour le pire, il intervient comme ce qui est vide de tout sens, ce qui n’a pas lieu d’être, représente une perte sèche, introduit une rupture dans la confiance mise par l’individu en sa propre capacité à gouverner sa vie.

3) Du côté de l’agriculture de nos campagnes, il y a les cultures intermédiaires, ou les cultures dites « dérobées ». Ces dernières visent à mettre à profit le laps de temps qui sépare 2 cultures successives, tributaire chacune de sa propre saisonnalité, pour y insérer une culture rapide, avec l idée de tirer le meilleur parti d’ une parcelle de terrain. Les autres, plus modestement, s’emploient à ne pas laisser la terre nue entre deux cultures, histoire que celle-ci ne soit pas envahie par les « mauvaises » herbes, qu’ elle ne souffre pas de l’érosion, ou que, lessivée par les pluies, elle ne pollue de nitrates les nappes phréatiques.


     4) Du 15 au 30/09, se déroule en France et en Belgique, la seconde édition de la « Fête des Possibles ». Un de ses axes s’énonce ainsi : « Construire l’avenir près de chez nous ». Le mouvement Alternatiba est un des acteurs de cette initiative qu’il faut relier à ce qui s’invente du côté de l’économie sociale et solidaire. L’entre-deux occupé ici, est celui ouvert par l’épuisement des modèles de développement qui ont porté et accompagné l’essor de la civilisation industrielle. L’impuissance de ces modèles à accueillir ce qui arrive, s’accompagne du refus de le penser à frais nouveaux.


5) A travers la Bible et le rituel fixé dans une « Fête des Tentes », se transmet la mémoire des quarante années durant lesquelles le peuple hébreu aurait vécu dans le désert. Entre une terre qui représentait l’oppression et une terre espérée, une terre sans mal. Quarante ans où le quotidien, c’était non seulement la recherche de la nourriture et de l’ eau, mais également le fait de dresser et de démonter, chaque jour, la tente, cette figure la plus immédiate de l’espace-temps. Quarante années où le campement provisoire s’ organisait en vis-à-vis de la tente dite « de la rencontre », autrement nommée : « la Demeure ». Comment trouver à demeurer en marchant ? à se déplacer en demeurant ? Comment marcher sans tourner en rond ? et ne pas perdre pied en demeurant ? Questions aussi vieilles que notre humanité.

Cela dit, la tente donne figure à bien des réalités.


– Elle est une des manières propres à l’ homme de revendiquer son humanité, là où des forces hostiles s’emploient à ne le considérer que sous l’angle des besoins primaires de son animalité. Dresser une tente, c’est comme dresser une table, comme dresser un drapeau.


– Elle donne forme à une capacité qui fait corps avec l’homme : celle d’avoir un ciel tissé dans la tête. Un ciel que l’on appellera, au choix, un imaginaire, une utopie, une espérance, une idéologie, une vision, etc. Un ciel qui appelle à se dresser debout, là où l’injustice somme l’homme de se coucher face contre terre.


– Et puis, elle est ce qui cache. Et qui cache visiblement, pour mieux tromper. Devant les différents pouvoirs qui prétendent avoir regard sur tout, – et cela commence par la surveillance des parents que les enfants déjouent en se bâtissant des cabanes -, face aux pouvoirs qui se réservent le dernier mot sur tout, la tente oppose le signe du grand large de la vie que rien ne peut contenir.

La Cimade recherche des intervenant.e.s en prison

La Cimade – Appel à bénévoles auprès des personnes étrangères détenues à Douai, Béthune et Longuenesse

La Cimade intervient dans les prisons pour aider les personnes étrangères détenues dans l’exercice de leurs droits, particulièrement concernant leur séjour en France. Les bénévoles interviennent, en qualité de visiteur de prison, en concertation avec les services pénitentiaires d’insertion et de probation, pour rencontrer les personnes étrangères détenues, les informer et les accompagner dans leurs démarches administratives et leur réinsertion sociale.

La Cimade Nord-Picardie est actuellement présente dans les établissements pénitentiaires suivants :

  • Dans le Nord : Sequedin, Annœullin et Dunkerque
  • Dans le Pas de Calais : Longuenesse, Béthune et Bapaume
  • Dans la Somme : Amiens

Des bénévoles sont recherchés pour intervenir prioritairement à Douai, Béthune et Longuenesse.

Les interventions se déroulent 1 à 2 demi-journées par mois, en semaine.

Il n’est pas nécessaire d’être juriste, des formations étant assurées par l’association. Des connaissances bureautiques (word, excel, internet) sont nécessaires, ainsi que des capacités à rédiger des courriers administratifs. Une grande qualité d’écoute est indispensable, ainsi qu’une aptitude à intervenir en milieu fermé. Il est en outre nécessaire d’avoir un véhicule.

 

Un engagement minimum de deux est requis et une régularité indispensable.

 

L’intervention nécessite une habilitation par l’administration pénitentiaire. La législation fixe à 65 ans la limite d’âge pour être habilité et à 75 ans la limite d’âge pour intervenir en détention.

Pour toute question : nord.picardie@lacimade.org

Elodie Beharel

Déléguée nationale de la Cimade pour la région Nord Picardie
La Cimade Nord Picardie – 66 rue d’Esquermes – 59000 Lille

Tél :  06.32.55.92.94