Retours des participant.e.s sur la « fête de l’entre-deux », septembre 2018

Pour présenter cette « fête de l’entre-deux », nous écrivions en septembre :

« Entre deux pays, entre deux langues,

Temps suspendu ? Temps arrêté ? Arrêt de jeu ? Temps de préparation ?

Entre plusieurs impossibilités,

Calaisien.ne.s et exilé.e.s, ensemble, pendant quelques jours, dans la cour de l’église Saint Joseph.

Hébergement sous tente (la vôtre ou une tente prêtée, à monter sur place)

Ce sera un temps pour vivre ensemble : cuisiner, jouer, bricoler, discuter, dessiner, écrire, boire du thé et du café, découvrir des pâtisseries, s’informer sur les droits, réfléchir à la prévention… Et toutes les propositions faites par les participant.e.s. »

La préparation avait été soignée, faite par une dizaine de bénévoles. La logistique, soutenue par le Secours Catholique, la paroisse Saint Joseph, Utopia 56, L’Auberge des Migrants, était bien élaborée. Plusieurs participant.e.s s’étaient formé.e.s auprès de la Cabane Juridique pour s’assurer que la semaine se passe au mieux. Les exilé.e.s avaient été informé.e.s de la proposition de vive voix et par des flyers à l’accueil de jour, il y avait même eu une réunion la semaine précédente pour discuter de leurs attentes.

Le déroulement de la fête a confirmé ce qui s’était dit à cette réunion : dans l’ensemble, cela ne les intéressait pas. Les personnes n’étaient pas preneuses de cette idée de fête, avec partage : partage des tâches, des animations, des rencontres. Fut-il « sécure », car dans un lieu privé, à l’abri des interventions policières, un hébergement sous tente, sans douche ni WIFI, ne les intéressait pas.

Au total sur 7 nuits, il y eut 77 nuitées, et les personnes repartaient dans la journée. Les « habitant.e.s » n’ont pas été les personnes vivant à Calais, mais des « primo-arrivant.e.s », très content.e.s de trouver un lieu tard dans la nuit, avec de la lumière, un accueil, et où casser la croûte. Un lieu où se retourner. Et parfois s’en retourner. Les autres « habitant.e.s » furent des mineur.e.s isolé.e.s étranger.e.s, sans place au refuge pour mineur.e.s de Saint-Omer.

Ni les un.e.s ni les autres ne désiraient participer à des animations ou à une fête. Ils ont été très discrets, polis, prenant leur part dans l’organisation matérielle du lieu. Il aurait fallu pour ces personnes de l’information précise sur la manière dont on peut survivre à Calais, cela n’avait pas été prévu. Les riverain.e.s, de leur côté, n’ont pas été dérangé.e.s. Certain.e.s avaient exprimé leurs craintes au début de la période, ce dont la presse locale s’est dépêché de parler, mais, par la suite, aucune plainte n’a été déposée. Il y a eu la visite de 3 policiers municipaux, qui furent reçus avec politesse et humour. Le format a été discret, pas de contact avec la presse, pas de banderoles ni de déclaration.

Que « tirer » de cette expérience ? Ça s’est bien passé, ce n’est pas « un nouveau Sangatte », et, bien que quelques tentes aient été dressées, ça n’a dérangé personne… Ça donne envie de recommencer ! Les fêtes religieuses sont un bon filon, dit un des bénévoles. Mais on a bien compris que ce qui est nécessaire au 1er chef, c’est un lieu d’accueil pour celles et ceux qui arrivent, qui ne connaissent rien à la situation locale, ni personne. Que ce lieu doit rester de petite taille et discret. Le travail de sensibilisation, de communication est évidemment nécessaire, mais il doit être distinct, à distance de ce lieu, pour des raisons de survie !

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