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Infomigrants // Des pécheurs tunisiens poursuivis pour avoir tracté des migrant.e.s jusqu’en Italie

Surpris en train de tirer une embarcation de migrants vers l’Italie, des pêcheurs tunisiens -dont un militant connu localement- ont été écroués en Sicile. Une manifestation de soutien a eu lieu en Tunisie et une ONG essaie actuellement de leur venir en aide.

Des citoyens tunisiens sont descendus dans la rue lundi 3 septembre à Zarzis, dans le sud du pays, pour protester contre l’arrestation, par les autorités italiennes, de six pêcheurs locaux. Ces derniers sont soupçonnés d’être des passeurs car ils ont été « surpris en train de tirer une barque avec 14 migrants à bord en direction de [l’île italienne de] Lampedusa », indique la police financière et douanière italienne.

La contestation s’empare également des réseaux sociaux, notamment avec des messages publiés demandant la libération des six membres d’équipage parmi lesquels figurent Chamseddine Bourassine, président de l’association des pêcheurs de Zarzis. “Toute ma solidarité avec un militant et ami, le doyen des pêcheurs Chamseddine Bourassine. Nous appelons les autorités tunisiennes à intervenir immédiatement avec les autorités italiennes afin de le relâcher ainsi que son équipage”, a écrit lundi le jeune militant originaire de Zarzis Anis Belhiba sur Facebook. Une publication reprise et partagée par Chamesddine Marzoug, un pêcheur retraité et autre militant connu en Tunisie pour enterrer lui-même les corps des migrants rejetés par la mer.

Sans nouvelles depuis quatre jours

Un appel similaire a été lancé par le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux, par la voix de Romdhane Ben Amor, chargé de communication de cette ONG basée à Tunis. Contacté par InfoMigrants, il affirme n’avoir reçu aucune nouvelle des pêcheurs depuis près de quatre jours. “On ne sait pas comment ils vont. Tout ce que l’on sait c’est qu’ils sont encore incarcérés à Agrigente en Sicile. On essaie d’activer tous nos réseaux et de communiquer avec nos partenaires italiens pour leur fournir une assistance juridique”, explique-t-il.

Les six pêcheurs ont été arrêtés le 29 août car leur bateau de pêche, qui tractait une embarcation de fortune avec 14 migrants à son bord, a été repéré -vidéo à l’appui- par un avion de Frontex, l’Agence européenne de garde-côtes et garde-frontières.

Selon une source policière italienne citée par l’AFP, les pêcheurs ont été arrêtés pour “aide à l’immigration clandestine” et écroués. Le bateau a été repéré en train de tirer des migrants, puis de larguer la barque près des eaux italiennes, à moins de 24 milles de Lampedusa, indique la même source.

Mais pour Romdhane Ben Amor, “la vidéo de Frontex ne prouve rien”. Et de poursuivre : “Chamseddine Bourassine, on le connaît bien. Il participe aux opérations de sauvetage en Méditerranée depuis 2008, il a aussi coordonné l’action contre le C-Star [navire anti-migrants affrété par des militant d’un groupe d’extrême droite]”. Selon Romdhane Ben Amor, il est fort probable que le pêcheur ait reçu l’appel de détresse des migrants, qu’il ait ensuite tenté de les convaincre de faire demi-tour et de regagner la Tunisie. N’y parvenant pas, le pêcheur aurait alors remorqué l’embarcation vers l’Italie, la météo se faisant de plus en plus menaçante.

La Tunisie, pays d’origine le plus représenté en Italie

Un nombre croissant de Tunisiens en quête d’emploi et de perspectives d’avenir tentent de se rendre illégalement en Italie via la Méditerranée. D’ailleurs, avec 3 300 migrants arrivés entre janvier et juillet 2018, la Tunisie est le pays d’origine le plus représenté en Italie, selon un rapport du Haut commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR) publié lundi.

La Méditerranée a été « plus mortelle que jamais » début 2018, indique également le HCR, estimant qu’une personne sur 18 tentant la traversée meurt ou disparaît en mer.

A Gennevilliers, l’état condamné pour destruction illégale d’un bidonville

http://www.romeurope.org/a-gennevilliers-letat-condamne-pour-destruction-illegale-dun-bidonville/

“L’Etat condamné pour destruction illégale d’un bidonville”

Communiqué co-signé par Les Bâtisseurs de cabane, le Mouvement du 16 mai et la Ligue des droits de l’Homme

C’est une victoire qui nous encourage à poursuivre notre travail pour l’égalité et la justice pour tous. Le Tribunal de Grande Instance de Nanterre a condamné l’Etat à indemniser des personnes expulsées de leur habitat précaire, car la police avait mené l’expulsion en dehors de tout cadre légal, se livrant ainsi à une voie de fait.

C’était en juin dernier, que la police s’était rendue dans un petit bidonville à Gennevilliers et avait expulsé de force les trois familles qui y habitaient depuis quelques semaines. Ceci, sans qu’aucune décision ne l’autorise à mener une telle opération. Les policiers avaient usé de la force face aux arguments des habitants et d’un militant associatif, arguments tirés de la loi. Nous savons que dans une démocratie, la loi doit être la même pour tous, qu’elle protège ou qu’elle punisse. Or tel n’a pas été le regard des policiers. Dans le feu de la violence, ils ont emporté aussi un groupe électrogène qui fournissait l’électricité à cette poignée de cabanes.

FORCE DOIT RESTER A LA LOI!

Et c’est ce qui s’est passé. Avec notre aide et celle de l’association “Bâtisseurs de cabanes”, les expulsés ont saisi la justice et le Défenseur des droits. Le 13 août dernier, le Tribunal de Grande Instance a été condamné l’Etat pour avoir détruit ces habitats en dehors de toute décision légale, qu’elle soit le fait d’une juridiction ou d’une administration compétente. C’est ce qu’en langage juridique on appelle une “voie de fait”, et qui en clair désigne un comportement trop éloigné de ce qu’on peut attendre d’une autorité publique.

Pour se défendre, le représentant de l’Etat contestait l’existence même de l’expulsion. Le Tribunal a rejeté cet argument en s’appuyant sur un témoignage faisant état d’une installation en date du 30 mai 2018 dont l’existence est confirmée par des photographies postées sur la page Facebook de l’Association des Bâtisseurs de cabanes ce même jour. Le Tribunal souligne que les cabanes étaient occupées jusqu’au 5 juin et qu’elles ne le furent plus ensuite à la suite d’une opération de police dont l’existence est prouvée par le témoignage direct des familles et un témoignage indirect. En conséquence le Tribunal condamne l’Etat pour voie de fait caractéristique d’un trouble manifestement illicite, cette opération d’expulsion ayant été faite sans respect des règles, en particulier sans le jugement nécessaire au-delà du délai de 48 h.

En revanche le Tribunal estime que le groupe électrogène qui, selon les habitants, a été pris par la police, ne peut être restitué du fait du manque de preuve de son existence sur le site, malgré la facture présentée. Les familles, soutenues par l’association « Les Bâtisseurs de cabanes » et par le « Mouvement du 16 mai », portent encore l’affaire devant le Défenseur des Droits.

Cette décision rappelle que la police ne peut porter atteinte au droit des personnes à la protection de leurs domiciles, même précaires, sans respect des règles.

La multiplication de ce type d’expulsions résulte d’une ethnicisation pour des raisons de politique électoraliste d’un problème qui n’est que la partie immergée de l’iceberg du mal-logement, les bidonvilles. Il est plus facile de trouver un peuple bouc émissaire que de résoudre le véritable problème. Localement, les forces de police se sentent donc parfois autorisées à faire des bidonvilles des zones de non-droit.

La seule politique acceptable est de proposer des solutions de logement digne et devrait faire partie d’une politique plus vaste de résorption du mal-logement. L’instruction du gouvernement du 25 janvier 2018 « visant à donner une nouvelle impulsion à la résorption des campements illicites et des bidonvilles » prend pour objectif la résorption des bidonvilles par l’accompagnement des personnes. Dans la réalité, le ministère de l’intérieur s’oppose à sa mise en application, en expulsant les habitants des bidonvilles avant la mise en place des mesures d’accompagnement. Ceci même en contournant la loi s’il le faut. Les associations signataires soutiennent les familles dans leurs démarches et continueront de veiller avec vigilance au respect des droits des personnes menacées d’expulsion.

 

Les bâtisseurs de cabanes * Le Mouvement du 16 mai * La Ligue des droits de l’Homme

Communiqué de presse suite à rencontre avec le préfet sur les violences policières

 

Communiqué de presse

Pressions policières sur les associations humanitaires à Calais : le Préfet du Pas-de-Calais a reçu les associations

Suite au rapport publié par l’Auberge des Migrants, Help Refugees, Utopia 56 et Infobus, concernant les pressions et violences policières sur les associatifs aidant les migrants à Calais, le Préfet du Pas-de-Calais a ouvert un dialogue avec les associations.

Fabien Sudry a en effet invité le 27 août les associations signataires du rapport (cf. annexe). Délicat exercice pour le Préfet, qui devait, au long de l’entretien, assurer les responsables de la police présents à cette occasion, de son soutien sans faille, tout en abordant concrètement les différents problèmes soulevés par ces associations : filatures, incessants contrôles d’identité et palpations de sécurité, pluies de procès-verbaux, entraves aux distributions, violences physiques et verbales…

Le Préfet « ne reconnaît pas sa police » dans les témoignages des associatifs, et a reproché aux humanitaires « d’attaquer la police » et de « mener une guerre médiatique ».

Nous avons répondu : ce rapport a été publié parce que nos démarches juridiques – demandes d’enquête de l’IGPN, plaintes auprès du procureur – n’aboutissaient pas. Nous avons déploré la politique appliquée à la frontière calaisienne : nous l’estimons inefficace, coûteuse et inhumaine. Certes, les forces de police exercent leurs missions à Calais dans des conditions difficiles, mais elles doivent le faire dans le cadre de la loi et la déontologie. Les associations veulent exercer leurs activités, qui sont légales, en bonne intelligence avec la population et avec la police. Elles sont elles-mêmes attaquées publiquement, accusées par exemple de donner des armes aux migrants, de planter des tentes sur terrain d’autrui, de jeter des déchets sur la voie publique, etc.

Le préfet et ses adjoints n’ont pas nié les accusations que nous portions, ils les ont relativisées, nuancées, minimisées. Sur la palpation de sécurité de bénévoles femmes par des policiers hommes, ils ont admis sans discussion que c’était illégal.

La seule proposition des autorités, un peu surprenante, a été de ne plus mettre de p.v. pour stationnement, sur les véhicules identifiés comme associatifs. Nous avons répondu que nous discuterions de cette proposition car l’identification des véhicules posait des problèmes de sécurité.

Nous avons demandé que le caractère « très gênant » ou « dangereux » du stationnement – les p.v. à 135 € et 3 points !- soit justifié, mais ce n’est pas prévu, c’est à l’appréciation du policier verbalisateur !

Nous avons confirmé que nous demandions à nos bénévoles de ne pas           filmer les policiers de façon provocatrice (sous leur nez par exemple) et que l’objectif n’était pas de filmer des policiers mais des actions où étaient impliqués les policiers.

Nous avons demandé à ce que l’IGPN fasse des enquêtes sérieuses et impartiales quand nous la saisissons, que des consignes claires soient rappelées aux policiers par la Préfecture, concernant la loi et la déontologie, et de pouvoir contacter un officier de police « correspondant local » en cas de problème.

Le fait que le Préfet nous ait reçus prouve             qu’il a pris ce rapport au sérieux. D’ailleurs, par hasard, ou pas,               la situation s’est améliorée ces dernières semaines : moins de contrôles, moins d’insultes et de violences vis-à-vis des associatifs.

L’Auberge des Migrants. Contact F. Guennoc 06 08 49 33 45

Utopia 56. Contact G. Manzi 06 15 82 14 10

Infobus. Help Refugees

Santé des migrant.e.s : les préjugés ont la vie dure

 

17 décembre 2017, 22:06

Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la Science 2018, dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez tous les débats et les événements de votre région sur le site fetedelascience.fr


Les polémiques récurrentes, en France, sur le nombre de migrant.e.s et leur légitimité favorisent les idées reçues autour de leur santé. La journée internationale des migrants organisée par les Nations-Unies, le 18 décembre, est l’occasion de les examiner de plus près.

Ainsi, les migrant.e.s apporteraient des maladies en France ; les « campements » seraient des foyers d’épidémies ; ils ou elles viendraient profiter de notre système de santé ; ils ou elles coûteraient cher à la Sécurité Sociale.

Ces préjugés masquent une réalité bien différente, plus complexe aussi, parfaitement décrite dans la littérature scientifique. Plus grave, ces préjugés peuvent être utilisés comme arguments pour promouvoir des politiques publiques qui vont à l’encontre de nos valeurs et engagements nationaux et européens, comme le rappelait le Défenseur des droits, Jacques Toubon, dans son rapport remis en 2016 sur « les droits fondamentaux des étrangers en France ».

Première idée reçue : les migrant.e.s apporteraient des maladies en France

Historiquement, les études sur la santé des immigré.e.s ont montré un effet de sélection par la « bonne santé » des candidat.e.s à la migration. Cela se traduit par un meilleur état de santé des immigré.e.s comparé aux personnes nées en France, du fait notamment de la moindre fréquence relevée de maladies chroniques. Depuis les années 2000 cependant, cet effet est moindre et l’on observe que l’état de santé des immigré.e.s, sur le territoire français, se dégrade avec la durée de leur résidence. Cette évolution est principalement liée à des conditions de vie moins favorables, qu’il s’agisse du logement, du travail, de l’accès aux services, aux biens ou encore aux soins.

Les migrant.e.s vulnérables, c’est à dire en majorité sans couverture santé et sans logement stable, consultent notamment dans les centres de santé des ONG ou dans les permanences d’accès aux soins de santé (les PASS) au sein des hôpitaux. Chez Médecins du Monde, par exemple, les principaux motifs de consultation sont les pathologies digestives, respiratoires et ostéo-articulaires.

Selon les pays d’origine, on observe une prévalence (une fréquence) plus élevée chez les migrant.e.s que dans le reste de la population générale pour certaines infections sexuellement transmissibles (VIH, hépatites) et pathologies de la précarité (tuberculose). Elles sont aussi liées aux parcours migratoires et aux conditions d’accueil en France.

A leur arrivée à la clinique mobile de Médecins sans frontières, à Paris, les migrants sont enregistrés et orientés en fonction de leurs besoins médicaux. Matthieu Tordeur/MSF, CC BY-NC-NDSi la santé physique des migrant.e.s est plutôt bonne, au moins à leur arrivée, on observe cependant chez 1 personne sur 5 en situation de migration contrainte des troubles psychiques liés aux violences qu’elle a pu subir. Dans une étude portant sur la période de 2012 à 2016 citée dans l’ouvrage collectif consacré à la santé des populations vulnérables, 62 % des personnes accueillies par le Comité pour la santé des exilés, ou Comede, ont déclaré avoir subi des violences, 14 % des tortures et 13 % des violences liés au genre ou à l’orientation sexuelle.

Deuxième idée reçue : les « campements » de migrant.e.s seraient des foyers d’épidémies

C’est l’indignité de ces campements qui est en cause lorsque les conditions de vie ne permettent pas de satisfaire aux besoins fondamentaux, tels que l’accès à l’eau potable, aux douches et aux latrines.

Une étude publiée en septembre dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire de Santé publique France a porté sur les campements de Calais et de Grande-Synthe, dans le nord. Elle montre un lien important entre trois facteurs : les pathologies détectées, les caractéristiques sociodémographiques des personnes et les conditions d’installation des camps. Ainsi, la gale a été un motif constant de consultation à Calais, où les conditions d’hébergement étaient très éloignées des normes sanitaires internationales. Plusieurs cas de tuberculose ont également été détectés (et traités) dans la population de ce campement, composée essentiellement d’hommes jeunes venant de la corne de l’Afrique.

Le camp de Grande-Synthe (Nord) et ses baraques en bois installées par Médecins sans frontières. Nicolas Beaudoin/MSF, CC BY-SAA l’inverse aucun cas de tuberculose n’a été retrouvé à Grande Synthe durant l’année de l’étude, dans une population composée de familles venant du Moyen-Orient et dans un camp établi par Médecins sans frontières et aux normes du Haut commissariat aux réfugiés. Ainsi ce sont avant tout les conditions de précarisation qui induisent la circulation de pathologies transmissibles, un phénomène que l’on observe également dans la population sans domicile fixe.

Troisième idée reçue : les migrant.e.s viendraient profiter de notre système de santé

En France, il existe un dispositif qui permet à certaines personnes d’être régularisées du fait de leur état de santé, la procédure dite « étrangers malades ». Depuis 2003, le nombre de personnes bénéficiant de cette procédure reste stable, autour de 6 000 par an, selon l’ouvrage déjà cité, La santé des populations vulnérables.

Le droit à une couverture santé est corrélé au titre de séjour. Tous les migrant.e.s n’y ont pas droit. Les ouvertures de droit sont complexes, liées à des pratiques diverses des administrations et requérant différents justificatifs. Plus de 90 % des patient.e.s dans les centres de santé de Médecins du Monde n’ont pas de couverture santé, selon le rapport de l’ONG déjà cité.

Quand les droits sont ouverts, les études montrent un moindre recours aux soins et un plus fort taux de renoncement aux soins par les immigré.e.s, comparés aux natifs. Les difficultés financières figurent parmi les premières raisons invoquées, selon les études publiées en 2012 sur « l’état de santé et recours aux soins des immigrés en France » dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire.

De plus, les migrant.e.s font face à des discriminations dans l’accès aux soins et leur qualité, selon l’ouvrage publié en 2014, Les immigrés en France.

L’étude Parcours, menée en 2012 et 2013 sur les migrant.e.s sub-saharien.ne.s en Ile-de-France, montre que la grande majorité des personnes interrogées ne connaissaient pas leur statut sérologique en arrivant en France. De plus, près de la moitié des personnes séropositives dans cette population ont été contaminées par le VIH une fois en France. Ces données laissent penser que, de manière plus générale, la motivation des migrant.e.s qui arrivent sur notre territoire n’est pas de se faire soigner en France.

L’enjeu pour les politiques publiques n’est donc pas de s’attaquer à un « tourisme médical » largement fantasmé, ni même à la fraude, mais bien de travailler à un meilleur accès aux soins et au suivi pour les migrant.e.s. Cela passe par l’information sur l’organisation de notre système de santé, ainsi que des moyens en interprétariat et médiation. La prise en charge doit être réalisée avant que l’état de santé de la personne ne se dégrade et n’entraîne des dépenses plus importantes.

Quatrième idée reçue : les migrant.e.s coûteraient cher à la Sécurité Sociale

Le dispositif de l’Aide médicale d’Etat (AME) est destiné à prendre en charge les dépenses de santé des personnes en situation irrégulière sur le territoire, présentes depuis plus de trois mois. Toutefois le dispositif est complexe et là encore, il est difficile pour les intéressés de faire valoir leurs droits, comme le montre notre étude publiée en 2016 dans Public health reviews.

Consultation le 9 novembre 2017 dans une clinique mobile de Médecins sans frontières avec Bachir, un soudanais de 29 ans arrivé depuis quelques jours à Paris. Matthieu Tordeur/MSF, CC BY-NC-NDPour 2018, le projet de loi de finances prévoit pour l’AME des crédits de 923,7 millions d’euros, en augmentation de 13 % par rapport à 2017, pour faire face aux sous-budgétisations récurrentes. En valeur absolue, ce montant peut paraître important. Mais rapporté à l’objectif national de dépenses de l’assurance maladie (l’ONDAM) en 2018 qui a été fixé le 4 décembre 2017 par le législateur à 195,2 milliards, le dispositif correspond seulement à 0,47 % de ce total.

Régulièrement remise en cause, l’AME a fait l’objet de plusieurs rapports des inspections générales. Chaque fois, les enquêteurs ont conclu à la nécessité de conserver ce dispositif, et même de l’améliorer pour permettre de ne pas retarder des soins qui, de toutes manières, seront prodigués.

Par ailleurs, contrairement à une idée souvent véhiculée, la consommation de soins des migrant.e.s ne diffère pas fondamentalement de celle de la population générale, comme le montre l’étude publiée en 2011 dans la Revue européenne de géographie.

Les bénéfices économiques d’une intervention précoce dans une population en situation irrégulière ont été montrés dans une étude publiée en 2015 par l’Agence européenne pour les droits fondamentaux. Les chercheurs ont fait ces calculs pour trois pays (Suède, Allemagne et Grèce) et pour deux pathologies (l’hypertension et les soins prénataux). Leur constat est clair. Non seulement il n’est pas acceptable, sur le plan éthique, d’attendre qu’un problème de santé devienne une urgence pour le traiter, mais en plus, c’est un investissement rentable. Les économies vont de 9 % jusqu’à 69 %, selon les pathologies et les pays.

Par ailleurs, la lenteur croissante des processus d’installation des migrant.e.s, en France, a un effet délétère sur leur santé. En effet, selon l’étude Parcours déjà citée, après 5 à 6 ans en France, seulement la moitié des migrant.e.s originaires d’Afrique Sub-Saharienne ont un titre de séjour d’au moins un an, un logement autonome et un emploi qui leur permette de subvenir à leurs besoins. Au bout de 11 à 12 ans en France, un quart d’entre eux n’ont toujours pas accès à ces trois conditions de bonne intégration.

Ces obstacles à des conditions de vie correctes font écho à l’avis rendu le 16 octobre par le Comité Consultatif National d’Ethique (CCNE) sur « santé des migrants et exigence éthique ». Dans ce texte, le Comité affirme que la santé des migrant.e.s « ne doit en aucun cas pouvoir être instrumentalisée, notamment en maintenant de mauvaises conditions sanitaires comme outil de refoulement ». Un rappel salutaire.

Incendie du hangar inter-asso à Grande Synthe

À Grande-Synthe, la totalité des dons pour les réfugiés est partie en fumée

L’origine de l’incendie est encore inconnue.

RÉFUGIÉS – Il ne reste plus rien. Dans la nuit du mardi 28 au mercredi 29 août, un incendie a presque entièrement ravagé un hangar inter-associatif servant à entreposer des dons pour les réfugiés à Grande-Synthe. Malgré l’intervention de 25 pompiers, rien n’a pu être récupéré à l’intérieur.

Les associations ont perdu les tentes, sacs de couchage, denrées alimentaires, couches pour bébé et autres produits nécessaires à la survie des centaines de personnes vivant sur les terrains boueux de la commune située en banlieue de Dunkerque.

Sur sa page Facebook, l’association Drop Solidarité lance un cri du coeur pour poursuivre sa mission et aider les quelque 800 migrants actuellement présents à Grande-Synthe. « Plus que jamais, nous avons besoin de bénévoles et de dons (couvertures, tentes, vêtements, chaussures, sacs…) en tout pour tous que vous pouvez nous transmettre. Nous pouvons collecter et stocker un minimum dans un conteneur pour le moment », explique l’association.

À l’approche de l’automne, le temps maussade et les terrains marécageux de Grande-Synthe compliquent fortement la vie quotidienne des réfugiés. « C’est l’enfer sur Terre », assène Thomas Gauthier (pseudonyme), président de l’association Wise, dans une vidéo filmée sous la pluie, mercredi 29 août. « Là il s’est pas arrêté de pleuvoir depuis ce matin, on va rentrer dans l’hiver, on est 800 personnes. On peut presque plus marcher là déjà, bientôt on devra mettre des palettes pour pouvoir marcher dessus et comme ça devient très boueux on aura l’arrivée des rats cette semaine », raconte le bénévole.

Pour l’heure, l’origine de l’incendie est inconnue. Selon Le Phare Dunkerquois, des intrusions dans le hangar avaient été signalées lors des nuits précédentes et la sécurité avait été renforcée.

Voix du Nord // Le vrai du faux sur L’accueil des réfugié.e.s de l’Aquarius à lille

http://www.lavoixdunord.fr/434077/article/2018-08-18/le-vrai-du-faux-sur-l-accueil-des-refugies-soudanais

Le vrai du faux sur l’accueil des réfugiés soudanais

L’accueil des réfugiés soudanais est financé par l’État grâce à des fonds européens. PHOTO: Thomas LO PRESTI

L’accueil des réfugiés soudanais est financé par l’État grâce à des fonds européens. PHOTO: Thomas LO PRESTI

Martine Aubry a proposé d’accueillir une partie des réfugiés de l’Aquarius : VRAI

Le 19 juin, au lendemain de l’arrivée en Espagne des 630 migrants sauvés au large de la Libye, le maire de Lille a proposé son soutien à l’Ofpra. Répondant à l’engagement du gouvernement français d’accueillir, au titre du droit d’asile, 78 naufragés. La ville de Lille et la Préfecture du Nord ont accueilli 42 migrants âgés de 18 à 30 ans. Le reste du groupe a été pris en charge à Marseille et Avignon.

C’est la ville de Lille qui paye tout : FAUX

Le droit d’asile relève de l’État qui a mandaté l’association La Sauvegarde pour accompagner les 42 réfugiés soudanais. L’État finance cet accueil grâce à des fonds européens. La mairie met à disposition, gratuitement, les anciens locaux de la maison de retraite C. Corot. Propriété du CCAS, ce dernier prend en charge les factures d’eau et d’électricité (1 500 € par mois en 2015 pour l’accueil des réfugiés syriens). Budget total du CCAS : 19,8 M € pour 15 000 foyers bénéficiaires.

Lille a déjà accueilli des réfugiés : VRAI

Septembre 2015. L’image du corps sans vie du petit Aylan, un enfant syrien échoué sur une plage turque, bouleverse le monde entier. Immense élan de solidarité populaire et politique. Lille est l’une des premières villes à accueillir des réfugiés syriens. Quelque 200 Lillois proposent d’accueillir des réfugiés chez eux. Une cinquantaine de familles sont logées dans l’ancien Ehpad Corot pendant 18 mois. Une vingtaine d’enfants sont scolarisés. Fin 2016, quinze adultes avaient trouvé un emploi.

Les familles syriennes avaient été logées dans l’ancien Ehpad Camille Corot.
Les familles syriennes avaient été logées dans l’ancien Ehpad Camille Corot. – VDN

La ville a fermé une maison de retraite pour accueillir des migrants : FAUX

Elle a fermé ses portes en 2013 car les locaux n’étaient plus adaptés. L’établissement hospitalier comptait 35 lits qui n’ont pas été compensés. Le CCAS gère six Ehpad (155 lits) en attendant la création annoncée d’un pôle gériatrique , en lien avec le CHU. La résidence C. Corot est mise à disposition des publics vulnérables. Cet hiver, des femmes fragilisées ont pu y trouver refuge.

L’Ehpad a fermé ses portes en 2013. Il n’était plus adapté aux besoins des personnes âgées. PHOTO THIERRY THOREL
L’Ehpad a fermé ses portes en 2013. Il n’était plus adapté aux besoins des personnes âgées. PHOTO THIERRY THOREL – VDNPQR
L’Ehpad a fermé ses portes en 2013. Il n’était plus adapté aux besoins des personnes âgées. PHOTO THIERRY THOREL
L’Ehpad a fermé ses portes en 2013. Il n’était plus adapté aux besoins des personnes âgées. PHOTO THIERRY THOREL – VDNPQR

Lille prend en charge 70 % des sans abri de la métropole : VRAI

Chaque hiver, partout en France, les besoins en hébergement se concentrent sur les villes centre. Dans la métropole, près de 70 % des publics qui ont besoin d’un abri sont pris en charge à Lille via le Samu social et les associations. En 2017, la ville a versé 300 000 € de subventions aux ONG, dont 80 000 pour les maraudes qui fonctionnent hiver comme été. Montant des subventions aux associations : 26,5 M €.

Le nombre de titre de réfugiés délivrés à Lille a explosé : FAUX

Les Roms sont souvent perçus comme relevant de l’immigration clandestine. Or, ils sont citoyens européens depuis l’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie à l’UE en 2007. Ils ont le droit de séjourner en France et d’y travailler. À ne pas confondre avec les demandeurs d’asile et le statut de réfugié qui les protège mais qui n’est pas systématique. En 2017, la Préfecture du Nord a délivré 408 titres de séjour au titre de la protection subsidiaire ou du statut de réfugié sur un total de 29 198 cartes de séjour attribuées (372 pour 28 688 en 2016).

L’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) est placé sous la tutelle du Ministère de l’Intérieur. Il existe plus de cinquante directions territoriales, dont celle de Lille installée au 2, rue Tenremonde.
L’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) est placé sous la tutelle du Ministère de l’Intérieur. Il existe plus de cinquante directions territoriales, dont celle de Lille installée au 2, rue Tenremonde.

La métropole lilloise attire les étudiants étrangers : VRAI

Parmi ces titres, on relève que le nombre des cartes de séjour délivrées aux étudiants étrangers, et spécialement dans la métropole lilloise, progresse de manière continue de 3 à 4 % chaque année. Ils étaient 5 200 l’an dernier. Une autre catégorie se distingue : les passeports talents (4 ans). Ils concernent des jeunes diplômés, des investisseurs, des artistes, des sportifs…

Les migrants ont un impact négatif sur l’économie : FAUX

Alors que l’Europe se déchire sur l’accueil des migrants, une étude du CNRS, publiée en juin, démontre qu’ils sont un atout pour l’économie. Hausse du PIB et baisse du chômage. Les chercheurs ont analysé les données relatives aux migrations de quinze pays européens depuis 1985. Les hôteliers et les restaurateurs viennent de demander au gouvernement des facilités pour embaucher des étrangers faute de candidats chez les demandeurs d’emploi. Une réalité souvent évoquée dans la métropole lilloise.

Réfugiés et Roms: une solidarité à deux vitesses?

Sous pression, le camp de Roms de la rue de Bavay a été évacué le 27 juillet dernier. PHOTO BAZIZ CHIBANE LA VOIX DU NORD

La presse abandonne les Roms à leur sort : FAUX

Les déclarations de Martine Aubry et du Préfet, Michel Lalande, lors de la cérémonie ont suscité de nombreuses réactions et indigné ce lecteur qui dénonce une conscience humanitaire à deux poids deux mesures dans l’accueil des réfugiés et des Roms. Ce militant nous reproche au passage «  un silence coupable et complice  » sur le sort réservé aux populations des bidonvilles. Nous relatons ces évacuations comme nous avons relayé l’appel du père Arthur à Emmanuel Macron après le démantèlement brutal du campement de la rue de Bavay le 27 juillet. Nous avons fait écho de la condamnation de la ville et de l’Etat pour avoir expulsé, illégalement, le 3  novembre 2017, les familles roms installées le long de l’Esplanade.

Fin 2007, les autorités ont évacué le bidonville du Pont Royal en pleine trêve hivernale. Le tribunal a par la suite condamné la ville et la Préfecture. PHOTO EDOUARD BRIDE LA VOIX DU NORD

Il y aura d’autres évacuations dans la métropole : VRAI

On sait que les services de l’État procéderont à de nouvelles évacuations dans les prochaines semaines, probablement au carrefour Pasteur ce lundi. Elles interviennent dans le cadre de la circulaire gouvernementale du 25 janvier 2018 qui vise à «  résorber durablement les campements illicites et les bidonvilles. » Dix-neuf campements, dans lesquels vivraient 460 personnes, seraient identifiés comme étant à risques dans l’agglomération lilloise (incendie, proximité de grands axes, de voies ferrées…)

Sous pression, le camp de Roms de la rue de Bavay a été évacué le 27 juillet dernier. PHOTO BAZIZ CHIBANE LA VOIX DU NORD

En théorie, ces évacuations doivent faire l’objet de propositions de relogement. L’adhésion des familles, éprouvées par le nomadisme et attachées à la vie en communauté, est un travail de longue haleine et de confiance pour les associations.

Il n’existe aucun dispositif pour les Roms à Lille : FAUX

Dès 2009, la ville a mis en place un village d’insertion dans le quartier de Fives en partenariat avec l’association Afeji. Ce terrain permet d’accueillir cinq familles pour des séjours qui durent en moyenne trente mois. Le temps nécessaire pour intégrer ces familles, trouver un emploi et un logement durable. Hellemmes accueille le même dispositif. Lille dispose également d’un sas d’insertion à La Citadelle, au pied du pont Léon-Jouhaux. Il est géré par l’État.

Depuis 2009, à Fives, un village d’insertion permet de loger des familles roms dans des conditions décentes tout en favorisant leur intégration. Photo C.Lefebvre La Voix du Nord.

La scolarisation des enfants, trop souvent trimballés au gré de l’hospitalité des villes, est essentielle dans la réussite des politiques d’intégration. Cette année, 93 enfants issus de la communauté rom et des gens du voyage ont été scolarisés à Lille. Un millier de personnes, soit 240 familles, vivent dans des campements ou des squats informels dans la métropole.

Newsletter n°19

LE JOURNAL HORS LES JUNGLES
n°19 // 13 août 2018

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La lettre d’info de la Plateforme de services aux migrants
Réseau d’associations intervenant dans les camps d’exilé.e.s de passage
du Nord de la France et du littoral de la Manche

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Infos des jungles

  • A Longuenesse, alors que le camp avait toujours été occupé par des personnes afghanes, il est habité désormais par une quinzaine d’hommes kurdes. Pourtant le parking à l’entrée de l’autoroute est toujours fermé.

« La Voix du Nord – un migrant dans un champ de blé à Longuenesse vu depuis le ciel » Philippe Hudelle

  • A Norrent-Fontes, Terre d’errance note des tensions autour du lieu de passage notamment dues à des arrivées plus importantes de personnes venant de Calais. Les bénévoles de l’association viennent en soutien également à une soixantaine d’adultes et enfants à l’HUDA de Fouquières (Hébergement d’Urgence pour Demandeurs d’Asile). L’association dénonce les interpellations à domicile ayant lieu à l’HUDA des demandeurs-ses d’asile dubliné.e.s assigné.e.s à résidence. Six personnes ont été arrêtées ces dernières semaines, renvoyées dans leur pays Dublin, revenues en France, reparties à zéro… Plus d’infos ici.
  • A Grande Synthe, 500 personnes survivent dans un camp situé près de la gare de Grande Synthe. Leurs tentes sont régulièrement détruites, lors d’expulsions (« opérations de mise à l’abri ») quasi hebdomadaires.Le directeur de cabinet de la Mairie de Grande-Synthe revient rapidement sur l’expérience de la Linière et condamne l’état qui se refuse à offrir localement à Calais ou à Grande Synthe une première réponse d’urgence.
  • A Calais, les violences contre les personnes migrantes perdurent, et celles contre les bénévoles également. Les associations Auberge des Migrants, Utopia 56 et Refugee Info Bus dénoncent le harcèlement policier, les violences physiques et verbales, les arrestations et contrôles abusifs dans un rapport étayé par les témoignages de 33 bénévoles. Retrouvez la vidéo ici. Le préfet a réagi immédiatement dans la presse « Toute personne qui le souhaite peut, comme c’est naturel dans un État de droit, saisir l’IGPN (inspection générale de la police nationale) ou le procureur de la République si elle estime être témoin ou victime d’un manquement ». Bon conseil! et c’est ce qu’ont fait ces bénévoles. Et l’IGPN les a invité.e.s à.. ne plus les saisir! + de détails ici.

Infos des assos

  • Le samedi 25 août, le Secours Catholique organise dans ses locaux calaisiens « un Aïd en amitié ». Vous êtes invité.e à partager un repas et une après-midi très conviviale et chaleureuse, avec la participation de la communauté musulmane de Calais. Rendez-vous de 13h à 20h, au 37 rue de Moscou à Calais.

Infos de la PSM

  • La Braderie de Lille arrive : les 1er et 2 septembre prochains, plusieurs associations du réseau PSM tiendront de nouveau un stand d’informations et de sensibilisation au sein de la « braderie solidaire », sur la Place du Vieux Marché aux Chevaux. Venez leur y rendre visite ! Et si vous souhaitez participer à l’animation du stand, faites-nous signe (sensibilisation[at]psmigrants.org) !

Stand à la Braderie solidaire 2017

Autres temps de formation et d’échanges

  • Samedi 13 octobre, à Calais, le Grdr Migration-Citoyenneté-Développement et Lianes-Coopération proposent un atelier de formation et d’échanges autour des objectifs de développement durable (ODD), fixés par les Nations Unies. « Si vous êtes impliqué.e.s dans des actions de développement ou de solidarité dans votre territoire ou à l’international, cette formation devrait vous intéresser » et vous permettre de rencontrer d’autres acteurs locaux de solidarité. Ce sera de 10h à 16h, rue du Maréchal de Lattre de Tassigny à Calais. L’inscription se fait ici.
  • Nous sommes tou.te.s invité.e.s le samedi 20 octobre, à Douvres, pour une journée de rencontres et de réflexion entre associations anglaises et françaises. Cet événement est organisé par Justice&Peace, une association catholique se rendant régulièrement dans les camps de la région. Contactez-nous si vous êtes intéressé.e.s.

Outils juridiques

« Malgré la volonté déclarée du gouvernement et de sa majorité législative d’en faire un texte alliant « humanité » et « fermeté », l’examen du contenu de ce projet de loi permet rapidement de se rendre compte que c’est la seconde qui a pris le pas sur la première. Entre les nombreux durcissements (restriction des conditions d’attribution de la nationalité française à Mayotte, durée de rétention administrative allongée, recours non suspensifs pour certaines personnes…) et les multiples rendez-vous manqués (absence d’interdiction de l’enfermement pour les mineur·e·s ou encore maintien du « délit de solidarité »), ce projet de loi va encore précariser les personnes migrantes. »

Des temps de formation sur cette nouvelle loi seront prévus par la PSM. En attendant, vous pouvez retrouver toutes les informations sur les sites du GISTI et de la Cimade.

  • Des membres du réseau dénoncent les arrestations de personnes assignées à résidence sur leur lieu d’hébergement, ces pratiques sont déloyales. Pour comprendre et se défendre, vous trouverez des outils dans les fiches pratiques de la Cimade, que vous retrouverez ici et ici.

Sensibilisation : outil(s) du mois !

  • Fortuna sera bientôt sur vos écrans. Ce film, dont l’association Salam est partenaire, « vient questionner les thématiques complexes de l’accueil et de l’entraide aux réfugié.e.s à travers l’histoire de Fortuna, une jeune éthiopienne de 14 ans, qui trouve asile dans un monastère de haute montagne des Alpes suisses. » Déjà récompensé à plusieurs reprises, il sera projeté en avant-première à Calais, le samedi 1er septembre à l’Alhambra. Il y aura également une projection à Lille, le 17 septembre à 20h au cinéma Le Métropole, et à Dunkerque, Boulogne-sur-Mer et Arras (dates et lieux à confirmer). Pour plus d’infos, vous trouverez le dossier de presse du film ici. N’hésitez pas à inviter largement vos ami.e.s et voisin.e.s !
  • Vox Borders est une série de chouettes vidéos explorant l’impact des frontières à travers le monde. Vous trouverez notamment ici celle réalisée sur la frontière maroco-espagnole, autour de l’enclave de Melilla. Uniquement en anglais (sous-titres disponibles en anglais, espagnol ou vietnamien), donc pour vous qui connaissez la langue ou pour animer une action de sensibilisation sur « la frontière » en cours d’anglais par exemple…
  • Vos conseils de lecture pour l’été :

« Une Antigone à Khandahar » de Joydeep Roy-Bhattacharya

Nizâm est une Antigone musulmane. Quelque part en Afghanistan, à un poste avancé de l’armée américaine, pendant une guerre qui n’en finit pas, Nizâm est venue réclamer le cadavre de son frère Youssouf.

Un roman noir, « Terminus Tel-Aviv » de Liad Shoham

Une enquête dans le monde des « immigré.e.s clandestin.e.s » en Israël, entre ONG, mafia, kidnappings et trafic d’armes. Michal Poleg, un activiste acharné à défendre les droits des personnes demandant l’asile, est retrouvé assassiné…

Pour comprendre / pour cogiter

  • La traque des personnes migrantes n’est pas que physique, elle s’exerce aussi sur les réseaux sociaux et à l’intérieur même des téléphones portables. C’est ce qu’explique RFI dans un article sur l’enjeu des données mobiles des migrant.e.s. Retracer le parcours, vérifier l’identité, c’est ce que font nos voisin.e.s européen.ne.s et cela en toute opacité.
  • L’Aquarius, symbole de la solidarité maritime, repart en mer. L’équipage s’engage a être témoin de ce qu’il se passe en mer, et à secourir les personnes en danger, quoi qu’il arrive. Plus de 500 personnalités soutiennent l’Aquarius dans ce communiqué. Tou.te.s #onboard !
  • L’acharnement contre les aidant.e.s n’a pas été freiné par la décision du Conseil Constitutionnel relative au principe de fraternité. Martine Landry qui avait été relaxée par le Tribunal de Grande Instance de Nice de l’accusation d’ « aide à l’entrée sur le territoire français de deux mineurs en situation irrégulière » vient d’apprendre que le parquet fait appel. La lutte continue !

Plateforme de services aux migrants
archives.psmigrants.org

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Facebook de l’auberge des migrants

Réponse des « autorités » à notre rapport sur les violences et pressions policières à l’égard de nos bénévoles

La Préfecture : « Toute personne qui le souhaite peut comme c’est naturel dans un Etat de droit, saisir l’IGPN [inspection générale de la police nationale] si elle estime être témoin ou victime d’un manquement »

La Maire de Calais : « Si ces accusations étaient avérées, il ne fait aucun doute que les auteurs de ce rapport auraient déposé une requête auprès du procureur de la République et de l’IGPN ».

Or, voici ce que l’IGPN a répondu à une requête récente d’une de nos bénévoles :
« Madame, vous avez adressé à la plate-forme internet de l’inspection générale de la police nationale (IGPN), les 15 et 28 juin 2018, 9 signalements dans lesquels vous avez exposé des faits constatés dans le cadre de votre activité associative aux mois de mai et juin, mettant en cause des agents de la police nationale […] Vous évoquiez des pratiques autoritaires, agressives voire brutales imputables à des fonctionnaires refusant de vous informer précisément sur la nature de leurs missions. […] Non seulement les enquêtes réalisées n’ont pas permis de révéler le moindre manquement professionnel ou déontologique, mais qui plus est, les retours qui nous ont été faits relèvent unanimement votre attitude contestable sur les lieux des opérations. Il semblerait que vous vous évertuiez avec une certaine constance à entraver la mission des policiers en vous tenant systématiquement à proximité immédiate de l’action, filmant les agents et les pressant de questions. Votre comportement a pu les conduire à vous écarter physiquement du cœur des dispositifs afin d’assurer leur propre sécurité ainsi que celle des migrants ou des personnels locaux participant aux opérations. Outre vos postures outrageantes, l’attention de l’IGPN a été attirée sur le caractère calomniateur de certains passages de vos signalements, que certains agents concernés assimilent à de la dénonciation mensongère, constitutive d’un délit. (…) C’est pourquoi, l’étude des multiples cas que vous avez bien voulu nous soumettre n’ayant pas permis de confirmer vos allégations, il ne sera plus donné suite à vos signalements. »

Evidemment, nier et menacer, c’est plus facile que de répondre sérieusement !