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Tribune MSF dans le Monde // de l’Etat passoire à l’ Etat passeur?

https://www.msf-crash.org/fr/publications/de-letat-passoire-letat-passeur

Tribune publiée sur Le Monde

De Daniel Cohn-Bendit à Marine Le Pen, en passant par Emmanuel Macron, nombreux sont les responsables politiques qui dénoncent une prétendue collusion entre les organismes d’aide aux migrants (des humanitaires) et les passeurs (des criminels). Les uns exercent leurs activités en pleine lumière, les autres agiraient dans l’ombre mais tous s’associeraient pour faire franchir en toute illégalité les frontières.

Passeur est donc un terme qui mérite clarification afin de dégager la réalité de l’aura mystérieuse qui l’enveloppe. Pour ouvrir une frontière à un candidat à l’exil, encore faut-il en avoir le contrôle. Dans ces zones frontalières, disputées et parfois dangereuses, les no man’s land n’existent pas et ceux qui y exercent le pouvoir le font les armes à la main. Qui détient les armes ? Les membres des forces de l’ordre, régulières (douane, gendarmerie, police, armée…) ou irrégulières (milices ou bandes armées pour les pays, comme la Libye, où l’Etat est faible).

Nous ne nions pas ici qu’il existe bien des artisans du contournement des postes frontières qui échappent au contrôle des fonctionnaires ou des miliciens. Mais comparée aux centaines de milliers de personnes qui empruntent les « autoroutes migratoires » contrôlées par les autorités, cette pratique artisanale reste marginale.

Comment savons-nous que les passeurs sont le plus souvent des fonctionnaires et non de mystérieux criminels ? Parce que les Médecins sans frontières (MSF) parcourent ces routes de l’exil depuis plus de quarante ans. Dans les quelques situations où il ne nous a pas été possible d’obtenir les autorisations préalables, ces frontières, nous ne les avons jamais franchies seuls. A chaque fois, nous avons formulé notre demande aux représentants locaux des forces de l’ordre. Dans certains cas, nous les avons soudoyés. En effet, le passage de frontières est une activité pour laquelle il existe un marché.

Des courtiers et des passeurs

Le plus souvent, des intermédiaires qualifiés à tort de passeurs proposent leurs services d’entremetteurs entre les voyageurs et ceux, les véritables passeurs – en grande majorité des fonctionnaires –, qui ont le pouvoir de les laisser poursuivre leur périple. Les services de ces intermédiaires ne sont pas ceux d’un passeur. Ils sont ceux d’un courtier. Pour saisir la nuance et en comprendre l’intérêt, il suffit de se souvenir de la différence entre le courtier en assurances et l’assureur. Seul ce dernier possède le pouvoir de verser une indemnité à l’assuré.

Dans notre expérience, le plus souvent, c’est le représentant des autorités qui dispose du pouvoir de faire passer la frontière. N’en déplaise à Matteo Salvini, le ministre italien de l’intérieur, c’est bien la marine italienne qui amène en Italie la majorité des personnes qui traversent la Méditerranée. L’entrée des navires affrétés par les organisations non gouvernementales dans les ports des pays riverains de la mer Méditerranée est quant à elle soumise à l’accord des autorités. Et ce sont bien des fonctionnaires italiens qui, à Vintimille et dans les Alpes du Sud, facilitent les départs pour la France.

Mais dans ce domaine, l’exemple le plus frappant est sans conteste celui de l’année 2015, qui a vu la Turquie ouvrir le passage vers l’Europe à près d’un million de personnes. Nous avons assisté ensuite à la création de voies de migration de masse pour que ces populations en mouvement puissent arriver dans les Etats disposés à les accueillir, notamment l’Allemagne et la Suède. Puis les portes se sont refermées à la suite de décisions prises par les Etats concernés, en commençant par la Turquie, puis les pays de transit des Balkans et, enfin, les Etats constituant les destinations finales.

Tout cela n’est pas le fait de mystérieux passeurs et encore moins celui d’une connivence entretenue avec les humanitaires. Cette implication massive des fonctionnaires des Etats dans la gestion des vagues de migrations explique que les passeurs, unanimement dénoncés, ne soient presque jamais arrêtés. Quand un réseau est démantelé, les affaires continuent ou reprennent vite. Les passeurs réels que sont les forces de l’ordre remplacent vite un intermédiaire, un courtier, par un autre.

Double commerce

En réalité, les passages clandestins contournant les postes de douane sont rares parce que les Etats qui contrôlent leurs frontières en font un double commerce, économique et politique. Comment pourraient-ils dédaigner les retombées financières qu’une telle activité génère ? Si les soi-disant passeurs touchent des centaines de milliers d’euros, les Etats, eux, brassent des milliards de subventions pour réguler les passages. Ces sommes importantes, rendues disponibles pour gérer les migrations, alimentent ainsi tout un secteur économique.

Ce n’est pas nouveau, ce marché porte un nom : le trafic d’êtres humains. Les bénéfices n’en sont pas uniquement financiers. Et les résultats des élections en Europe montrent que la manipulation démagogique des migrations est devenue un bon moyen d’accéder à la tête de l’Etat.

Les perdants de ces petits jeux de pouvoir et d’intérêts sont ceux qui meurent en chemin, subissent les violences et survivent dans la misère. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), entre le 1er janvier 2014 et le 30 juillet 2018, 5 773 corps ont été retrouvés et on a comptabilisé 11 089 personnes disparues en mer Méditerranée.

Ces migrants souffrent et disparaissent pour que les pays de départ, de transit et d’installation puissent optimiser ce qu’ils perçoivent comme les gains que leur participation à l’économie politique de ce trafic d’êtres humains leur octroie. En Méditerranée, cette pratique se renouvelle en se perpétuant depuis des siècles.

Que penser des dirigeants politiques à la tête des Etats qui aujourd’hui prétendent y mettre un terme dans les plus brefs délais et dénoncent les ONG comme complices d’une activité dont ils sont pourtant les principaux exploitants ?

ROMEUROPE // 37 expulsions de squat et bidonvilles cet été

Communiqué de presse

37 EXPULSIONS DE SQUATS ET BIDONVILLES CET ÉTÉ :
POUR RÉSORBER LES BIDONVILLES, IL EST URGENT DE CHANGER DE CAP

Paris, le 7 septembre 2018

Une expulsion tous les trois jours entre juin et août 2018. Ce ne sont pas moins de 37 squats ou bidonvilles où vivaient plusieurs centaines de personnes qui ont été détruits en Ile-de-France, dans le Nord, les Bouches-du-Rhône, la Loire Atlantique ou encore à Lyon et Toulouse. Sur la même période, 26 lieux de vie avaient été expulsés en 2017.

Un rythme effréné contredisant l’instruction du 25 janvier 2018 visant à donner une nouvelle impulsion à la résorption des bidonvilles, qui préconise de travailler « le plus tôt possible à l’accompagnement des personnes vers la sortie, dans le but d’une résorption complète de ces campements ». Pourtant, la grande majorité des expulsions de cet été n’a pas été suffisamment anticipée : absence de concertation préalable avec les habitants, refus des autorités de dialoguer avec des acteurs associatifs, absence de diagnostic social, etc. Dans ces conditions, elles se soldent immanquablement par une absence de proposition adaptée d’hébergement ou de relogement. Et la reconstruction de nouveaux bidonvilles !

Pire, certaines expulsions sont exécutées en dehors de tout cadre légal ou sans respecter la procédure. Les juges tendent de plus en plus à condamner l’Etat pour « voie de fait » et à accorder des dommages et intérêts aux personnes expulsées, à l’instar du tribunal de grande instance de Nanterre concernant une expulsion à Gennevilliers en juin dernier 1.

Pour autant, les conséquences d’une expulsion, mesure brutale par nature, sont bien souvent irréparables. Ainsi, pour les enfants, en plus de traumatismes psychologiques souvent graves, elles sont trop souvent synonymes de déscolarisation ; l’errance contrainte dans laquelle elles placent leurs familles faisant généralement obstacle à leur maintien à l’école. Autant de temps perdu qu’aucune indemnité ne permettra de rattraper…

Il existe néanmoins des solutions alternatives à l’expulsion « sèche » des habitants de bidonvilles et squats qui commencent à être mises en oeuvre sur certains territoires avec des résultats très encourageants. Pour que ces solutions deviennent la norme, elles doivent être intégrées à une politique de résorption des bidonvilles et des squats cohérente et concertée avec l’ensemble des acteurs, au premier rang desquels les personnes concernées.

C’est le sens de l’instruction du 25 janvier 2018, qui tarde à être appliquée sur de nombreux territoires alors que les associations comme les habitants sont prêts à accompagner sa mise en oeuvre. Il est urgent d’agir pour mettre en pratique le changement de cap engagé par ce texte, et ce dans l’intérêt des habitants de bidonvilles, de leurs voisins, et de l’ensemble de la société !

Le CNDH Romeurope

1 Voir le communiqué de presse des Bâtisseurs de cabanes, 5 septembre 2018, http://www.romeurope.org/a-gennevilliers-letat-condamne-pour-destruction-illegale-dun-bidonville/

 

Interpellations sur Facebook par TENF sur la situation des MNA de Fouquières

La lettre de Terre d’Errance à AHI (avec copie au département) a fait effet:
Après plus de 6 mois de retard, les mineurs ont enfin un rendez-vous au CIO pour passer des tests de connaissances, afin de leur proposer la meilleure orientation scolaire possible.
Ce rendez-vous pour les test est une première étape vers qui scolarisation qui n’aura pas lieu ce lundi.
Il est bien tard: les jeunes en ont assez d’attendre, ils se disent fatigués d’entendre que bientôt, promis, ils iront à l’école où ils pourront se dessiner un avenir.
Ces mineurs isolés ne vont pas bien.
Certains ne sont même plus en colère mais sont désabusés. Ils nous parlent de retourner dans les rues de Calais – avec tous les risques de violences (policières et autres) que cela implique – pour de tenter le périlleux passage vers la Grande Bretagne ou ils espèrent être mieux accueillis et reconnus qu’en France.
En juin déjà, nous les avons encouragés à ne pas retourner à la rue, à attendre la rentrée scolaire…
Aujourd’hui que pouvons-nous leur dire d’autre que « attendez encore un peu » en espérant que ces tests auront bien lieu et qu’ils seront rapidement suivis de d’inscription dans des établissements scolaires ?

NON SCOLARISATION des mineurs hébergés à Fouquières les Béthune: LAISSEZ-LES ALLER A L’ÉCOLE !

Terre d’Errance a été interpellée par les jeunes mineurs étrangers qui sont hébergés depuis mars 2017 à l’hôtel Sunset de Fouquières les Béthune, dans les mêmes locaux que des adultes demandeurs d’asile (nous nous étonnons qu’il soit possible d’héberger des mineurs et des adultes ensemble).

Les adolescents (tous des garçons) demandent depuis des mois à être scolarisés et il est désormais certain que leurs noms ne seront pas appelés ce lundi de rentrée scolaire: aucune classe ne les attend.
Si les mineurs de moins de 16 ans seront enfin scolarisés (après plus de 6 mois d’attente), rien ne semble être mis en place pour les jeunes de plus de 16 ans alors que les textes officiels stipulent que tout doit être fait dans ce sens.

Nous avons écrit à l’Association Habitat et Insertion (à qui le Conseil Général a demandé d’accompagner ces jeunes), pour faire part de notre inquiétude et nous n’avons reçu aucune réponse officielle à ce jour.
Les travailleuses sociales et travailleurs sociaux nous disent que le CIO a été trop débordé pour recevoir ces jeunes, que le centre académique qui devrait leur faire passer les tests d’évaluation était fermé cet été ou qu’ils et elles ne pensaient pas que les mineurs seraient encore là aujourd’hui.

…mais les jeunes ne sont pas si nombreux (une vingtaine), ils sont là et demandent à être scolarisés depuis le mois de mars, ils n’ont RIEN à faire de leurs journées et qu’ils soient hébergés/scolarisés ici ou ailleurs, il faut d’abord passer ces tests…
Nous ne comprenons pas et nous sommes inquiet-e-s.

à suivre…

RTBF // l’impossible évacuation du camp de migrant.e.s de Grande Synthe

https://www.rtbf.be/info/monde/detail_france-l-impossible-evacuation-du-camp-de-grande-synthe?id=10016004

Grande-Synthe: la survie, dans l'attente de mieux en Angleterre

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Grande-Synthe: la survie, dans l’attente de mieux en Angleterre – © W. Fayoumi

500 à 800 personnes, hommes, femmes et enfants en majorité des Kurdes irakiens, vivaient en bordure de l’autoroute, dans un amas de tentes et d’abris de fortunes, sous les bois derrière la gare de la petite agglomération.

Aujourd’hui, ces centaines de migrants sont toujours là, mais leurs conditions de vie se sont drastiquement dégradées.

La plupart du temps, les forces de police se bornaient régulièrement à prendre en charge certains migrants pour les éloigner de la côte, et les réinstaller dans d’autres villes. Les destructions de tentes et les confiscations de biens étaient aussi, d’après les personnes sur place, monnaie courante.

Jeudi cependant, l’objectif des policiers était plus précis: empêcher toute installation dans le périmètre. A cet effet, les points d’eau et les 3 douches mis à disposition des migrants par la marie de Grande-Synthe ont aussi été démontés.

Les associations tirent la sonnette d’alarme. Le démantèlement du camp n’a pas éloigné les migrants. Ils sont désormais livrés à eux mêmes dans les bois, la situation sanitaire est catastrophique, et le problème ne fait que s’aggraver.

Plusieurs associations continuent à aller sur place. L’association Salam distribue toujours des repas une fois par jour. Elles tirent la sonnette d’alarme: la situation sanitaire est périlleuse: « Sur ce camp, il y avait des douches qui étaient mises à disposition, elles étaient sur des plateaux mobiles qui étaient apportés dans la journée, il y avait quelques toilettes même s’il n’y en avait pas assez, explique Josette Vanst, retraitée et bénévole à l’association Salam. Il y avait surtout des points d’eau pour laver le linge et faire sa toilette. Et là il n’y a plus rien de tout ça« .

Il y a toujours des familles et de jeunes enfants qui sont là. « Nous avons revu par exemple une fillette au bras dans le plâtre, qui était là la semaine dernière« , ajoute Josette Vanst. « C’est du harcèlement! ce matin il y avait un avion qui tournait pour les localiser, avec des infrarouges nous a-t-on dit. On ne veut pas de camps, ça a été clairement dit. Mais la solution de les déplacer et de les mettre en centres d’hébergement, on voit bien que ça ne fonctionne pas. ils reviennent… » D’autant plus que plusieurs ont déjà payé cher leur passage en Angleterre, et que d’autres ne veulent pas être renvoyés dans le premier pays de leur arrivée, comme le prévoit la règle de Dublin, explique Josette Vanst.

Le maire de Grande-Synthe, Damien Carême, se dit dubitatif face à ces expulsions répétées. Il estime quant à lui qu’il faut réinstaller les personnes présentes dans la région. Il plaide pour un centre d’urgence, affecté à l’accueil et à l’orientation.

Ce mardi, les associations ont rencontré la sous-préfecture, qui a organisé l’évacuation, pour faire part de leurs inquiétudes.

France Bleu // Pour les migrant.e.s, le maire de GS demande des lieux de répits à l’Etat, sinon il rouvrira La Linière

https://www.francebleu.fr/infos/politique/pour-les-migrants-le-maire-de-grande-synthe-demande-des-lieux-de-repit-a-l-etat-sinon-il-rouvrira-la-1535991815

Pour les migrants, le maire de Grande-Synthe demande des lieux de répit à l’État, sinon il rouvrira La Linière

lundi 10 septembre 2018Par Matthieu Darriet,

Damien Carême, le maire de Grande-Synthe a écrit au Premier ministre, pour demander de l’aide. Il demande l’ouverture de plusieurs petits centre d’accueil, d’une centaine de réfugiés, sur tout le littoral. Si rien n’est fait avant l’hiver, il prendra ses responsabilités de maire.

Grande-Synthe, France

Ils ont été jusqu’à 800, en plein cœur de l’été. A Grande-Synthe, dans le Dunkerquois, 550 migrants ont été évacués et mis à l’abri, jeudi dernier (le 6 septembre 2018). Ils étaient regroupés sur un terrain près de l’autoroute A16 et de la gare. Mais ils reviennent déjà, et d’autres arrivent, si bien que leur nombre ne baisse pas. Il s’agit de Kurdes, qui, pour beaucoup, viennent d’Allemagne où leur demande d’asile a été rejetée, ou bien directement depuis l’Italie.

Grande-Synthe/Calais : deux poids, deux mesures

À Grande-Synthe, contrairement à Calais, l’Etat n’apporte aucune aide humanitaire vitale – eau, toilettes et nourriture – à ces réfugiés. Tout leur accompagnement est assuré par la ville et les bénévoles des associations. C’est inéquitable et illégal, dénonce Damien Carême. Le maire écologiste de Grande-Synthe demande la création, avant l’hiver, de plusieurs petits lieux de répit sur tout le littoral. Sinon, il agira :

Je suis prêt à tout, parce que j’ai des obligations et que je veux préserver la population de la ville et ces populations de passage.

L’élu poursuit : « Je prendrai mes responsabilités. S’il faut rouvrir La Linière, c’est ce que j’ai dit au Premier ministre, je le ferai. C’était une solution, certes ce n’est pas celle que je préconise, faire un camp n’est pas une solution, mais on a dû répondre à une urgence humanitaire. Depuis le temps que le problème se pose, je considère que ce n’est plus une urgence, cela devrait être une politique de fond mise en œuvre par l’Etat. »

L’autre solution serait de multiplier les mises à l’abri organisées de migrants, pas seulement quelques grosses opérations, sous pression policière, comme jeudi dernier. Il faudrait des départs tous les jours, pour Damien Carême.

La Cimade recherche des intervenant.e.s en prison

La Cimade – Appel à bénévoles auprès des personnes étrangères détenues à Douai, Béthune et Longuenesse

La Cimade intervient dans les prisons pour aider les personnes étrangères détenues dans l’exercice de leurs droits, particulièrement concernant leur séjour en France. Les bénévoles interviennent, en qualité de visiteur de prison, en concertation avec les services pénitentiaires d’insertion et de probation, pour rencontrer les personnes étrangères détenues, les informer et les accompagner dans leurs démarches administratives et leur réinsertion sociale.

La Cimade Nord-Picardie est actuellement présente dans les établissements pénitentiaires suivants :

  • Dans le Nord : Sequedin, Annœullin et Dunkerque
  • Dans le Pas de Calais : Longuenesse, Béthune et Bapaume
  • Dans la Somme : Amiens

Des bénévoles sont recherchés pour intervenir prioritairement à Douai, Béthune et Longuenesse.

Les interventions se déroulent 1 à 2 demi-journées par mois, en semaine.

Il n’est pas nécessaire d’être juriste, des formations étant assurées par l’association. Des connaissances bureautiques (word, excel, internet) sont nécessaires, ainsi que des capacités à rédiger des courriers administratifs. Une grande qualité d’écoute est indispensable, ainsi qu’une aptitude à intervenir en milieu fermé. Il est en outre nécessaire d’avoir un véhicule.

 

Un engagement minimum de deux est requis et une régularité indispensable.

 

L’intervention nécessite une habilitation par l’administration pénitentiaire. La législation fixe à 65 ans la limite d’âge pour être habilité et à 75 ans la limite d’âge pour intervenir en détention.

Pour toute question : nord.picardie@lacimade.org

Elodie Beharel

Déléguée nationale de la Cimade pour la région Nord Picardie
La Cimade Nord Picardie – 66 rue d’Esquermes – 59000 Lille

Tél :  06.32.55.92.94

La Cimade // Cinq mois de démission du service public à Mayotte

https://www.lacimade.org/cinq-mois-de-demission-du-service-public-a-mayotte/

CINQ MOIS DE DÉMISSION DU SERVICE PUBLIC À MAYOTTE

6 septembre 2018

Les lois de la République sont en berne à Mayotte : depuis avril 2018, la préfecture a illégalement fermé son service « étrangers », mettant pratiquement fin aux renouvellements de titre de séjour et aux régularisations. Un blocage renforcé depuis le 31 juillet par l’occupation de l’entrée de la préfecture par un collectif mahorais anti-comoriens.

Dans l’indifférence totale depuis cinq mois, la préfecture de Mayotte a fermé ses portes aux personnes étrangères, en représailles de la décision souveraine de l’Union des Comores de ne plus recevoir de personnes expulsées. Mais surtout en violation des principes les plus fondamentaux de fonctionnement du service public et de respect des droits humains. À l’ambassade de France à Moroni, les Comorien·ne·s souhaitant demander un visa trouvent également porte close, les autres ressortissant·e·s conservant pour leur part la possibilité d’accéder à l’ambassade. Depuis peu, les demandes de visa des étudiant·e·s sont examinées, mais la plupart se soldent par des refus.

Pour toutes les personnes dans l’attente de la délivrance ou du renouvellement d’un visa ou d’un titre de séjour, la situation est intenable : pertes d’emploi, d’affiliation à l’assurance maladie, mise en péril de la poursuite des études, etc., Mais aussi risque d’interpellation et d’enfermement au centre de rétention administrative de Pamandzi. Les demandes d’asile sont également bloquées, l’association assurant la mission de plateforme d’accueil des demandeurs d’asile n’ayant plus non plus accès au guichet préfectoral.

Ce sont ainsi des milliers de personnes qui font les frais du bras de fer diplomatique entre la France et les Comores. Ce n’est pourtant pas la première fois qu’un État fait part à la France de son refus de réadmettre sur son sol des expulsé·e·s : il y a dix ans, le Mali avait durablement cessé de délivrer tout laissez-passer consulaire suite à la mobilisation de sa société civile. Jamais la France n’a en retour choisi d’interdire illégalement l’accès des Malien·ne·s aux préfectures, ni de fermer son ambassade à Bamako. Mais à Mayotte, l’argument du particularisme local couvre le manque d’investissements de l’État dans ce département lointain en proie à de grandes souffrances sociales et largement méconnu du grand public.

 

Affichette collée à l’ambassade de France à Moroni en mai 2018, photographie publiée par Le Journal de Mayotte le 31 août 2018. © DR

 

Le blocage de l’administration nourrit les tensions. Le 26 juillet, une manifestation organisée devant la préfecture par le Collectif des étudiants étrangers de Mayotte, inquiet concernant les inscriptions universitaires, a donné lieu à une contre-manifestation du Collectif pour la défense des intérêts de Mayotte (CODIM), collectif citoyen ouvertement hostile aux Comorien·nes à l’origine des décasages il y a deux ans. Le lendemain, des membres du CODIM tentaient de s’introduire dans les locaux de La Cimade, proférant des menaces à l’égard des personnes présentes. Et depuis, tout accès à la préfecture est absurdement impossible, en raison de l’occupation de l’entrée par une dizaine de personnes du CODIM et Collectif des Citoyens de Mayotte, sans intervention des forces de l’ordre.

 

Les revendication du CODIM qui occupe l’entrée de la préfecture de Mayotte, août 2018. © La Cimade

 

Les rares personnes convoquées en août pour retirer un récépissé ou un titre de séjour n’ont donc pas pu rentrer, à cause de l’occupation de la préfecture par le CODIM. Des coursiers de l’hôpital, dépêchés pour retirer des laissez-passer en vue d’indispensables évacuations sanitaires vers La Réunion, se sont vus insulter. Des décisions du tribunal administratif enjoignant le préfet de convoquer des personnes au vu de l’urgence de leur situation ne sont pas exécutées.

Le ministre de l’Éducation nationale, en visite à Mayotte le 27 août, se déclarait favorable à la réouverture rapide de la préfecture, afin notamment de permettre la poursuite normale des études des étudiant·e·s étrangers et étrangères. Mais alors que les dossiers universitaires devaient être finalisés avant le 5 septembre, rien n’a bougé depuis cette annonce. Le 3 septembre, la chaîne d’information Mayotte la 1ère diffusait sur Facebook un ensemble de vidéos tournées en direct devant la préfecture où manifestent une poignée de membres du CODIM et du Collectif. Les forces de l’ordre tentent de les déloger sans succès et, semble-t-il, sans conviction. Les usagers et usagères du service public, qui attendent dans la rue quelques dizaines de mètres plus bas, subissent des agressions verbales racistes.

L’État est-il incapable de faire respecter ses lois à Mayotte ? La décision d’un pays tiers peut-elle conduire la France à déroger à ses propres principes ? Un collectif peut-il en toute impunité interdire à des personnes d’accéder à des droits parce qu’elles sont étrangères ? En tout état de cause, c’est la volonté politique qui semble avant tout faire défaut au gouvernement.

La Cimade réitère sa demande de réouverture immédiate des guichets de la préfecture pour garantir la continuité du service public et l’égalité réelle pour toutes et tous à Mayotte comme dans les autres départements.

 

Pour aller plus loin, revoir les dernières actualités publiées sur Mayotte :

 

Occupation de l’entrée de la préfecture de Mayotte par le CODIM sans intervention de la police, août 2018. © La Cimade

Communiqué de Damien Carème sur l’expulsion du 6 septembre

COMMUNIQUE

J’ai adressé au Premier Ministre, il y a quelques semaines, une lettre explicite évoquant très précisément la question des chercheurs de refuge présents sur la ville de Grande-Synthe, et plus largement, le Dunkerquois.

Le nombre de personnes vivants dans des conditions indignes, notamment sur le site de la Rue de la gare, a considérablement augmenté depuis des semaines. Nous estimions hier, le 05 septembre, ce nombre a plus de 800 personnes dont de nombreuses familles.

Cela fait des mois que j’insiste pour que soient organisées des mises à l’abri de ces personnes. C’est en effet de la responsabilité de l’Etat, même si le maire est tenu, comme la loi l’y oblige à travers le Code de la Santé Publique et le Code de la Famille et comme la Justice l’a rappelé à l’Etat et à la ville de Calais, de mettre en œuvre des accès à l’eau, à des sanitaires, à du ramassage des déchets.

L’opération menée ce jour par la préfecture du Nord répond ainsi partiellement aux demandes que j’avais formulées. Tout indique que la prise en charge des populations s’est passée dans le plus grand respect des personnes à travers l’engagement notamment du personnel de l’OFII. Je m’en félicite.

Pour autant cette mise à l’abri générale est la 9ème opération de ce type depuis avril 2017.

Nous savons que les retours de certaines de ces personnnes et de nouvelles arrivées sont largement « prévisibles ».

Plus de 3 000 personnes sont déjà parties, depuis octobre 2017, vers les centres d’accueil et d’orientation de la région en ayant aussi, il faut le dire, passé quelques semaines ou mois sur notre ville, dans des conditions indignes de notre pays.

Je souhaite rappeler ce jour à l’Etat que la politique de mise à l’abri telle quelle fonctionne à Grande-Synthe est nécessaire mais pas suffisante.

Je défends en particulier l’idée d’un premier accueil d’urgence, pour éviter la formation de « jungles » ou de campements sur Grande-Synthe et partout sur le littoral de la Mer du Nord et de la Manche. A partir de ce premier accueil, lieux de répit, les chercheurs de refuges pourraient être orientés, rapidement, ensuite vers les CAO et CAES.

L’argument des « points de fixation » et « d’appels d’air » n’ont aucun fondement, puisque rien est fait sur ce littoral et pourtant plusieurs centaines de chercheurs de refuge errent indignement sur celui-là.

A ces conditions, tous les acteurs concernés, l’Etat, la ville, les associations pourront trouver les modes et moyens de construire les meilleures réponses pour faire face aux enjeux locaux posés par la venue des réfugiés

La voix du Nord // La jungle de Grande Synthe vidée de ses 550 migrant.e.s

http://www.lavoixdunord.fr/443655/article/2018-09-06/la-jungle-de-grande-synthe-videe-de-ses-550-migrants

Une vaste opération d’évacuation de la « jungle » de Grande-Synthe se déroule depuis ce matin. Près de 550 migrants ont été pris en charge, soit pour rejoindre des centres d’accueil, soit pour échouer en garde à vue pour ceux qui ne souhaitent pas effectuer des démarches de demande d’asile, en restant illégalement sur le territoire.

Alexis Constant | 06/09/2018

Signe que la situation est devenue de plus en plus tendue, ce jeudi vers 5 h 30, trois coups de feu ont retenti sur l’ancien camp de la Linière. Selon une source policière, trois migrants auraient été visés. Ils n’ont pas été blessés. Le tireur, un passeur présumé, a pris la fuite.

C’est environ une demi-heure plus tard que le dispositif d’évacuation programmé depuis plusieurs semaines s’est mis en place. Environ 300 policiers ont pris leurs quartiers autour de la « jungle » de Grande-Synthe.

Les forces de l’ordre ont encerclé le campement sauvage, installé depuis le printemps entre Emmaüs et la gare de triage. Elles interviennent conformément à une décision de justice rendue le 9 juin par le tribunal de grande instance (TGI) de Dunkerque  : saisi par la Communauté urbaine de Dunkerque (CUD), propriétaire du terrain occupé sans autorisation, le tribunal a en effet donné son feu vert pour procéder à l’expulsion.

L’opération s’est déroulée dans le calme. Les familles ont été prises en charge en priorité. Vingt et un bus ont été affrétés. Toutes ont accepté des mises à l’abri pour prendre la direction des centres d’accueil et d’hébergement situés dans la région, mais aussi à Toulouse et Montpellier. Tôt ce jeudi matin, on dénombrait environ 550 migrants éparpillés dans les bois, alors que leur nombre est estimé à 700 à Grande-Synthe et dans ses environs. Deux cents migrants seraient encore dans la nature.

Vers midi, la « jungle » était vidée de ses occupants. Les adultes isolés récalcitrants qui ont refusé les solutions d’hébergement ont été pris en charge par la police, direction les commissariats de la région. Une centaine d’entre eux aurait été placée en garde à vue. «  Il s’agit d’étudier la situation de chacun. Ceux qui n’ont rien à faire sur le territoire et refusent les demandes d’asile seront acheminés vers des centres de rétention ou feront l’objet d’une obligation de quitter le territoire  », a indiqué sur place Éric Étienne, le sous-préfet de Dunkerque.

À l’issue de cette évacuation, la CUD veut faire en sorte que plus aucun migrant ne puisse s’installer sur ce terrain. Les forces de l’ordre devraient être présentes quotidiennement pour quadriller les lieux et empêcher une nouvelle installation.

«  En réalité, ce campement était un bidonville. Il n’y a pas d’autre nom. On ne peut accepter cela sur notre territoire. Cela pose des problèmes d’insalubrité, de trouble à l’ordre public, de sécurité  », a déclaré le sous-préfet qui, plusieurs fois en visite dans la « jungle », décrit des conditions de vie épouvantables. Les familles vivaient les unes sur les autres, au milieu des rats, des ordures et des excréments.

Cette semaine, le syndicat Sud-Rail avait fait part de son inquiétude quant à la présence de migrants sur la voie ferrée, demandant à la SNCF de prendre des mesures rapidement avant qu’un drame ne survienne.

Les migrants ont trouvé ce point de fixation entre Emmaüs et la gare de triage, dès le printemps, après la trêve hivernale. Leur nombre était modeste à l’origine, entre 100 et 200 personnes. Mais au cours de l’été, malgré les opérations ponctuelles d’évacuation, l’afflux est devenu plus massif. Aussi, l’État a-t-il estimé qu’il fallait mettre fin à cette situation.

L’évacuation en chiffres

Parmi les 550 migrants présents dans la « jungle », 150 personnes se trouvaient en famille. 40 mineurs isolés ont été prise en charge. La population est constituée à 90 % de Kurdes irakiens. 84 % des demandes d’asile en France aboutissement favorablement pour cette population. Mais ils sont peu nombreux à vouloir effectuer cette démarche. Depuis le 1er janvier 2018, 3 940 mises à l’abri dans des centres d’accueil et d’hébergement (CAO) ont été effectués depuis Grande-Synthe. Depuis le début de l’année, 17 réseaux de passeurs ont été démantelés sur la circonscription de Dunkerque.

À Calais, entre 400 et 700 migrants

La préfecture du Pas-de-Calais dénombre aujourd’hui entre 400 et 450 migrants à Calais. L’association l’Auberge des migrants en compte entre 600 et 700, venus essentiellement du Soudan, d’Érythrée, d’Éthiopie et d’Afghanistan. «  Ils pourraient être un peu plus nombreux ces prochains jours suite au démantèlement de Grande-Synthe, où ce sont beaucoup d’Irakiens  », estime Christian Salomé, président de l’Auberge des migrants.

Les autorités l’assument : le mot d’ordre est qu’il n’y ait plus de point de fixation à Calais. «  Dès que quelques tentes sont posées quelque part, la police intervient. Ils font en sorte qu’ils ne puissent se mettent à l’abri  », dénonce Christian Salomé. «  Les migrants se cachent  ». Et viennent chercher à manger aux points de distribution désormais à la charge de l’Etat, comme l’a souhaité Emmanuel Macron. «  Peu refusent de s’y rendre et dans tous les cas nous complétons. Sur ce sujet, ça se passe bien.  »

  1. D.