Nous souhaitons accueillir un.e stagiaire

OFFRE DE STAGE

Gestion de projet et organisation d’événements en lien avec la thématique du droit à l’hébergement des personnes exilées

Retour des candidatures d’ici le 28 décembre 2018
Entretiens à prévoir début janvier pour un début de stage à la mi-janvier

Plateforme de Service aux Migrants (PSM) – archives.psmigrants.org
La PSM a été créée en 2011 par les associations intervenant auprès des personnes exilées bloquées à la frontière franco-britannique, et souvent forcées à l’errance.
Ces associations agissent sur l’ensemble du territoire de la région Nord-Pas de Calais ainsi qu’à Cherbourg, Dieppe ou Caen. Actuellement, plus de 1500 personnes y survivent dans des campements de fortune, régulièrement détruits par les autorités.

La PSM a pour objectif de mutualiser les expériences, les moyens et les compétences pour organiser une meilleure défense de ces personnes exilées. Ses principaux axes d’intervention sont:
• Facilitation et appui à la dynamique de mobilisation inter-associative
• Formation des bénévoles et responsables associatifs
• Développement des actions de nature juridique
• Appui aux actions de sensibilisation

Ville : Le siège de la Plateforme de Services aux Migrants se situe à Dunkerque (59140), mais des déplacements seront à prévoir dans l’ensemble de la région Hauts de France. Possibilité de travailler à Lille et de télétravailler.

Mission principale :

• Construire avec les salariées et bénévoles de la PSM le programme du Forum 2019
• Participer à l’organisation logistique du Forum
• Organiser et co-animer les temps de préparation en amont avec les bénévoles et les personnes exilées
• Etablir un bilan du Forum, imaginer et appuyer le suivi des actions issues de celui-ci

Le Forum est un temps privilégié d’échange et de réflexion ouvert à tou.te.s les bénévoles du réseau. Il dure une journée complète et réunit une centaine de participant.e.s. Chaque année, nous recevons des intervenant.e.s (universitaires, expert.e.s, artistes) sur la thématique choisie. Des ateliers collaboratifs sont organisés en amont du Forum sur l’ensemble du territoire de la PSM.
Le Forum permet à la fois d’échanger sur les situations vécues par les personnes exilées et les bénévoles et de prendre du recul. Il peut aussi conduire à des actions collectives.

Le Forum aura lieu le 30 mars 2019 et aura pour thématique l’hébergement.

Missions annexes :
• Valoriser ce qui a été fait par le réseau sur la thématique hébergement (état des lieux des relations avec les autorités, actualité du projet “Maison du Migrant”…)
• Créer des alliances avec les acteurs et actrices de l’hébergement (associations travaillant sur le droit au logement, Fédération des acteurs de la solidarité…)
• Etablir une cartographie des acteurs et actrices du droit à l’hébergement et de leurs compétences (dans l’objectif de mener un plaidoyer plus efficace)
• Appui sur le lancement d’un observatoire inter-associatif sur les expulsions des lieux de vie des personnes exilées, en lien avec des associations au niveau national (Romeurope, Médecins du Monde, Fondation Abbé Pierre…)

Durée de la mission : 6 mois (mi-janvier à mi-juin 2018)

Statut : stagiaire

Indemnité : indemnité légale (525 euros par mois) + prise en charge des frais de transport et de repas

Un téléphone et un ordinateur seront mis à disposition de la personne
Véhicule personnel et permis de conduire recommandé.

Compétences :
• Forte motivation
• Pratique du travail en équipe et en réseau
• Appétit pour les outils de l’éducation populaire
• Connaissance des problématiques du droit à l’hébergement et au logement, notamment des acteurs et actrices institutionnelles et des dispositifs liés
• Une connaissance du contexte migratoire et du tissu associatif et militant du Nord-Pas-de-Calais serait un plus
• Expérience/engagement associatif préalable
• Bonne capacité rédactionnelle, très grande autonomie et qualités d’organisation
• Maîtrise des logiciels bureautiques et internet

Langues:
Bon niveau de français et d’anglais

Si vous êtes intéressé.e par cette mission, vous pouvez envoyer votre candidature, d’ici le 28 décembre 2018, à l’adresse suivante : contactjuriste(at)psmigrants.org

Dalloz // Immigration : plus de rétention, mais pas plus d’éloignement

Un avis budgétaire du sénateur François-Noël Buffet donne des éléments sur l’augmentation du recours à la rétention depuis 2017 qui pour le gouvernement justifie la création de nouvelles places en centre de rétention. Un durcissement qui ne s’accompagne pas de plus d’éloignement.

par Pierre Januelle 6 décembre 2018

Avis budgétaire

Plus de rétention….

Au 30 juin 2018, il y avait 25 centres de rétention administrative, dont 4 outre-mer, représentant une capacité de 1 564 places en métropole et 227 outre-mer. En métropole, le taux d’occupation a très fortement augmenté depuis l’attaque commise à la gare Saint Charles Marseille le 1er octobre 2017 par un étranger en situation irrégulière. Le ministère de l’Intérieur avait alors diffusé une instruction pour réclamer plus de fermeté aux préfets dans le recours à la rétention.

Par ailleurs la loi Warsmann est venue pallier à une décision de la Cour de cassation afin de permettre la rétention des « dublinés » (demandeurs d’asile relevant d’un autre pays européen ; V. Dalloz actualité, 7 déc. 2017, art. P. Januel ; ibid. 20 mars 2018, obs. J.-M. Pastor ). Résultat, le taux d’occupation des Centres de rétention administrative (CRA) métropolitains est passé de 60 % en 2016 à 79 % au premier semestre 2018. Le nombre de retenus augmente, tout comme la durée de rétention. Selon le rapporteur, cela « s’accompagne d’une gestion des escortes à flux tendu pour trouver des places disponibles et transférer les retenus vers les centres les moins saturés, parfois à travers la France. »

Le budget 2019 comporte des crédits d’investissement immobilier en forte hausse : 39,2 millions d’euros en crédits de paiement destinés notamment à construire 481 places supplémentaires d’ici l’été 2020 (soit une hausse de 35 %). Deux nouveaux centres devraient être construits et les CRA Lyon, de Calais-Coquelles et de Lille vont être étendus.

Mais pour le rapporteur, cette hausse de l’investissement masque des insuffisances : « Certains centres de rétention administrative ne peuvent déjà pas être pleinement occupés par manque de personnel de la PAF (10 % des places de CRA se trouvent ainsi « neutralisées ») ». Par ailleurs, l’allongement de la durée maximale de la rétention à trois mois par la loi Collomb (V. Dalloz actualité, 3 sept. 2018, obs. C. Pouly ), rend nécessaire l’amélioration du cadre de vie dans des établissements qui n’accueillaient à l’origine des retenus que pour quelques semaines. Or, seuls 2 millions d’euros sont budgétés.

… mais pas plus d’éloignement

Plus d’un étranger sur deux placé en CRA n’est pas éloigné durant sa rétention. Plus globalement, sur 103 940 mesures d’éloignement prononcées en 2017, seules 17,5 % ont été exécutées. Un taux qui passe à 12,6 % sur le premier semestre 2018 (50 838 prononcées, 6 406 exécutées).

Un faible éloignement qui concerne aussi les procédures Dublin. Avec 41 482 procédures Dublin engagées en 2017, la France représentait près de 25 % du total des requêtes de l’ensemble des États membres (contre 9 % en 2015). Ce chiffre reste stable sur les sept premiers mois de 2018 (22 506 procédures). Mais sur cette même période, la France n’a transféré que 1 967 demandeurs vers les autres pays européens. À noter : ce taux de transfert augmente depuis cet été (8,4 % en janvier, 17,5 % en juillet).

https://www.dalloz-actualite.fr/flash/immigration-plus-de-retention-mais-pas-plus-d-eloignement#.XAjkDRBCdmM

L’Auberge des Migrants fête ses 10 ans

Calais. 15-16 décembre 2018

10ème anniversaire de l’Auberge des Migrants. Programme.

10 ans déjà … on n’est pas sorti de L’Auberge !

L’Auberge des Migrants, association humanitaire, apporte une aide d’urgence, depuis 10 ans, aux exilés présents dans le Calaisis. Nous fêtons ce parcours de dix ans, parsemé d’obstacles, certes, mais aussi source de rencontres et de joies.

Rendez-vous dans 10 ans ?

Conscients de l’utilité de notre travail, nous prenons les moyens de continuer durant les prochaines années, avec nos 7 associations partenaires, puisqu’il est certain qu’aucun gouvernement n’aura , à court terme, la volonté de décider de la fin du blocage de la frontière, ni sans doute le courage d’accueillir de façon digne les exilés bloqués à Calais et à Grande-Synthe.

Nous avons besoin de vous, de votre travail, de vos encouragements, de vos donations. La presque totalité du travail de l’Auberge des Migrants est effectué par des bénévoles. La quasi-totalité de nos ressources est constituée de vos dons.

Samedi 8 décembre : « Perdu dans Dublin ». Protestation à Bruxelles contre les accords de Dublin

Rassemblement rue de la Loi à Bruxelles, de 12 h à 14 h, pour demander une véritable politique européenne d’accueil des exilés, protester contre les accords de Dublin III et demander la transparence et la parole des citoyens dans l’élaboration des accords Dublin IV.

Départ en bus ou voiture 9 h au 56 rue Clément Ader à Calais. Retour 17 h.

Vêtements de pluie ou parapluie, pièce d’identité, bonne humeur demandés.

Samedi 15 décembre. Marche de la Mémoire. 9h30 à 13 h. Calais et les exilés, hier et aujourd’hui.

Les participants effectueront un parcours, de 9h30 à 13 h, qui commencera au cimetière de Calais-Nord, lieu d’inhumation de nombreuses victimes de la frontière, et finira à 13 h aux limites de Marck, sur un des lieux où survivent des exilés depuis des années.

Ce cortège sera silencieux et pacifique. Il commencera par une prière de chacune des communautés religieuses de Calais. A chacune des 14 étapes, une prise de paroles expliquera la présence des exilés, les actions et les exactions des autorités, l’engagement des bénévoles et des militants. Un panneau symbolique sera dévoilé.

Planning

9h30 cimetière de Calais-Nord cérémonie multi-religieuse (prières) sur les tombes des victimes de la frontière.

10 h départ de la « Marche de la mémoire ». Parcours d’environ 8 km.

13 h arrivée à l’entrepôt de l’Auberge des Migrants, rue Clément Ader, repas

Recommandations

Vêtements de pluie. Pièce d’identité. Ne pas photographier ou filmer sur les lieux où survivent les exilés sans leur accord formel. Banderoles et fanions défendant la cause des exilés et demandant une vraie politique d’accueil européenne et française. Insignes des partis politiques discrets svp (brassards, tee-shirts…). Participation au repas 10 € ou libre, valant adhésion et permettant l’accès à l’entrepôt, qui n’est pas légalement un établissement ouvert au public.

Samedi 15 décembre. En marge des 10 ans de l’Auberge des Migrants, Défilé Jungle Fashion !

En parallèle des 10 ans de L’Auberge des Migrants, le Secours Catholique propose le défilé de mode « Jungle Fashion », organisé par des exilés et des bénévoles : de l’esthétique, de l’amitié, du plaisir !

Secours catholique 18 h, 47 rue de Moscou.

Samedi 15 décembre. 14h30 et 20h30. Films et débats !

A L’Alhambra :

14h30 Projection du film « La Marche Solidaire Vintimille-Calais » (1h30). Débat en présence du réalisateur Ali Haghooi, réfugié iranien, ancien de la Jungle de Calais. Entrée : 5 €

20h30 Projection du film « Libre » (1h30). Débat en présence de Cédric Herrou, agriculteur et accueillant de la Vallée de la Roya. Entrée 7 €

Nuit Dehors ! Nuit de samedi 15 décembre à dimanche 16 décembre

Des volontaires passeront la nuit dans les rues de Calais, en solidarité avec les exilés sans-abris. Maraudes : parcours libre, par groupes de 3-4 personnes. (En projet, ouverture d’un local pour la nuit, pour les sans-abris trouvés et acceptant d’y aller)

23 h, devant L’Alhambra, départ des participants

7h30 Secours Catholique, 40 rue de Moscou, (ou entrepôt de l’Auberge des Migrants, 56 rue Clément Ader) petit déjeuner et repos.

Recommandations

Inscription préalable. Vêtements chauds et imperméables. Pièce d’identité. Téléphone portable avec numéro d’appel en cas d’incident.

Dimanche 16 décembre. 13 h à 16 h. Repas partagé, après-midi festif !

13 h, au secours Catholique, rue de Moscou, repas partagé. Amenez dessert et boisson, L’Auberge et RCK fournissent le plat principal. Animations. Projection de diaporamas sur Calais, les exilés, L’Auberge des Migrants.

16 h. Lancement officiel du Concours « Ma Ville Cœur de Pierre » / « Ma Ville Cœur Ouvert »

« Ma Ville, Cœur de Pierre » : distinguez les inhumains !

L’Auberge des Migrants organise un concours national qui vise à distinguer une municipalité particulièrement brutale contre les personnes à la rue.

De nombreuses municipalités en effet éditent des arrêtés contre la mendicité, édifient des murs, des grillages, installent des moyens technologiques élaborés visant à empêcher l’accès ou le passage des migrants, construisent ou laissent construire des dispositifs anti-sdf, appellent les habitants à dénoncer les squats, vont en Justice pour obtenir l’expulsion d’occupants de terrain, refusent la création d’aires pour les gens du voyage, etc.

Le Prix annuel « Ma Ville, Cœur de Pierre » vise à distinguer celles qui se montrent exemplaires dans l’inhumanité.

« Ma Ville Cœur Ouvert » : distinguez les solidaires !

Le concours se double d’un deuxième, visant à distinguer les villes les plus accueillantes pour les sans-abris, les exilés, les gens du voyage.

De nombreuses municipalités, en effet, ouvrent des centres d’accueil, des aires d’accueil des gens du voyage, essaient de ne laisser personne dans la rue, tolèrent les squats et les camps temporaires, encouragent les associations et les citoyens à accueillir.

Le Prix annuel « Ma Ville Cœur Ouvert » vise à distinguer celles qui se montrent exemplaires dans cet accueil.

Le règlement de chacun de ces deux concours est disponible sur le site Internet de L’Auberge des Migrants.

Comment l’association fonctionne-t-elle ?

L’Auberge des Migrants a été créée en décembre 2008, pour préparer et distribuer des repas, des vivres, des vêtements, couvertures, etc., tout ce qui est utile pour que les exilés puissent survivre.

Depuis 2015, l’association a connu plusieurs évolutions :

  • Elle a accru ses moyens en s’associant avec des organisations britanniques, et gère maintenant un entrepôt de 2 500 m², un parc d’une douzaine de véhicules, une cuisine aménagée, un atelier de découpe de bois …
  • Elle coopère, sur cette base logistique, avec 7 autres associations : Help Refugees, Utopia 56, Refugee Community Kitchen, Refugee Youth Service, Infobus, School Bus et Women center.
  • Cela a permis de diversifier les services proposés aux exilés : bois de chauffage, wifi, assistance aux mineurs, aux femmes, information sur le droit d’asile, transports vers les services de santé, observation des violences et pressions policières.
  • L’Auberge des Migrants a également mené des enquêtes pour élaborer des « plaidoyers », destinés aux autorités, aux médias, et permettant d’aller en justice avec succès pour obtenir le respect des droits des personnes exilées.
  • Enfin, les actions ont été étendues géographiquement, et notamment à Grande-Synthe.

Il y a de 400 à 500 personnes exilées sans abri à Calais, 350 à 1 500 à Grande-Synthe, 150 à 300 dans d’autres lieux des Hauts-de-France. Le total des budgets des 8 associations est de l’ordre de 1 M €.

Le budget de l’Auberge des Migrants (chiffres 2017) est de l’ordre de 600 000 € par an. Les principales charges sont l’hébergement des bénévoles, l’entrepôt (location, assurances, eau, électricité…), le parc matériel (carburant, réparations…), les achats (tentes, aliments, chaussures, vêtements de pluie, gants…) et les frais de personnel (1,5 salariés).

Les ressources (chiffres 2017) sont constituées à 1,5 % de subventions (10 000 € Département du Pas-de-Calais), et à 98,5 % de dons, dont la moitié provenant de Grande-Bretagne (Help Refugees), et la moitié collectées par l’Auberge, essentiellement en France (donateurs privés, autres associations, et 45 000 € de la Ville de Grande-Synthe).

Ces ressources sont en baisse en 2018, surtout du fait que Calais est oublié par les médias, et donc par l’opinion publique, et que les autorités affirment que la situation est normalisée.

Quelques chiffres pour les achats et coûts : 15 € c’est une paire de chaussures. 20 € c’est une tente 1-2 personnes, ou deux sacs de couchage. 30 € c’est un repas par jour pendant un mois. 60 € c’est une tente 1-2 personnes, un sac de couchage, une couverture, un tapis de sol, une paire de chaussures, une paire de gants, une écharpe et un bonnet.

L’Auberge des Migrants, B.P. 70113, 62100 Calais. Association humanitaire, reconnue d’utilité publique.

Tel : 06 78 02 05 32. Site www.laubergedesmigrants.fr. Mèl : laubergedesmigrants@hotmail.fr.

Journée LIMINAL

Journée du 24 Novembre 2018 Liminal

La journée a rassemblé une centaine de personnes très diverses, dont plus de la moitié d’exilés. Il s’agissait de s’intéresser aux langues, et la traduction en Tigrinya, Arabe soudanais, et Amalric a été possible grâce à la venue d’enseignants de l’INALCO,(Institut national des langues et des civilisations orientales) et à l’intervention des médiateurs interprètes présents à Calais. Photo 2

Après la présentation du programme de recherche LIMINAL, « Linguistic and intercultural mediation in a context of international migration » (ou « Médiation linguistique et interculturelle dans un contexte de migration internationale »)

Il faut réintroduire dans le moment d’accueil, dès le moment d’accueil, la langue d’origine, ou la langue choisie par l’exilé. Car le français, s’il est nécessaire à l’adaptation a parfois,( souvent ?) une connotation négative: un passif, une histoire , la colonisation, un rapport de force.

En France on est couramment dans le déni de l’importance de la langue du pays d’origine : « Ils n’ont qu’à apprendre le français ! », sans comprendre le sens de l’abandon de la langue d’origine. Et donc l’administration néglige l’importance de l’interprétariat. Ce sont les assos qui pallient ce manque, bien souvent, et proposent de la médiation linguistique, effectuée par des anciens demandeurs d’asile qui ont fait la même expérience que les arrivants..ce qui permet d’expliquer, d’interpréter et d’enrichir  l’échange.

Qui travaille à LIMINAL ? Linguistes, antropologue, socio-linguiste, locuteurs en 10 langues parlées par des migrants en France .

Où ? 3 lieux, Ile de France, Calais et Littoral, Vintimille,-vallée de la Roya

en collaboration avec des associations qui soutiennent les exilés : celles ci sont sources d’informations et de réflexion, , et LIMINAL leur rend compte de l’avancée  du travail des chercheurs : aujourd’hui c’est la 1ere étape, centrée sur les personnes qui viennent des pays de la corne de l’Afrique.

LIMINAL proposera des « productions », pour faciliter l’étape d’accueil des exilés :

-insister sur la professionnalisation des interprètes médiateurs, créer pour cela un DU, pour « community interpretation ».

-réaliser des livrets d’accueil avec les asso et des exilés de fraiche date, actualisés régulièrement et fréquemment, lisibles par les exilés.

-mettre à disposition une base de lexique : « 400 mots de l’asile. »

-des livres sont en gestation

LIMINAL s’intéresse en outre aux écrits que laissent les exilés, quel qu’en soit le support. azil.blog.lemonde.fr

Apres la présentation du programme LIMINAL, les participants ont eu un exposé synthétique reprenant histoire et géopolitique des pays de la corne de l’Afrique.

Les pays de la Corne de l’Afrique

Erythrée, Ethiopie, Djibouti, Soudan : pays d’émigration actuels, mais aussi pays de transit, et pays d’accueil : là commence la complexité.

Pays de cultures anciennes, de grandes civilisations.

Ils ont en commun le mythe de la bataille d’Adoua ou l’armée d’Ethiopie a gagné pour la 1ere fois sur une puissance coloniale, l’Italie . D’où des sentiments d’ orgueil d’un côté, de désir de revanche de l’autre .

« une émigration non choisie » Marie josé Tubiana

Puis on a parlé au sujet des langues Ci dessous un aperçu des thèmes.

Illustration : l’invitation en tigrinya

Les langues sont multiples à l’intérieur même de chaque état, la plupart des personnes sont polyglottes, et les exilés glanent encore des langues au cours de leurs pérégrinations européennes.

L’arabe

-la représentation de l’arabe varie : en France, quand on dit « Arabe », on pense à une personne du Mahgreb , musulmane, et arabophone. Mais c’est bien plus complexe que ça, exemple, au Maroc 45% des habitants parlent le berbère. La Syrie.

-l’intercompréhension entre arabophones : 2 théories, et la vérité est entre les 2 :l a théorie pan arabisante, tous se comprennent, au prix d’une homogénéisation. L’autre est euro centrique et linguistique, et insiste sur les différences.

L’éducation aide évidemment à l’intercompréhension, notamment l’usage de l’écrit et la fréquentation de la littérature. (exemple petit pois bazilla, iljana), les nouvelles technologies aussi.

Il y a aussi un aspect genré : les femmes s’adaptent mieux.

Pour certains peuples, l’arabe est la langue de l’oppresseur.

D’où l’importance à l’OFPRA d’avoir un traducteur de la même origine que le DA.

Une ressource précieuse pour la formation des enseignants FLE pour primo arrivants. base de compréhension de la langue et un conte universel. http://lgidf.cnrs.fr/ Il s’agit de concevoir du matériel pédagogique personnalisé pour chaque langue .

La place des langues dans la société :

  • défendre ses droits;exemple, annulation d’un renvoi dublin en invoquant une traduction inadaptée.
  • Accès aux soins
  • Autant les règlements sont traduits car ils doivent être signés, autant à l’oral c’est le grand bricolage, avec l’anglais broken, quand ce ne sont pas seulement des gestes
  • certaines langues sont rendues invisibles par l’administration parce qu’elle n’embauche pas dans ces langues .
  • – Dans les prisons, il n’y a pas de traducteurs, ça ne permet pas l’exercice des droits pour les personnes étrangères. On utilise des détenus dans le meilleur des cas, ce qui pose le pb de la confidentialité, et des pouvoirs.

    Toute la journée la discussion et les échanges étaient vivants. Ont été abordés : les expériences des exilés à l’OFII et à l’OFPRA ; Le besoin de médiateurs interprètes même une fois les papiers obtenus.

  • Certaines langues ne peuvent être traduites dans les administrations car elles ne trouvent pas d’interprètes, ou n’en recrutent pas.
  • Il y a un parallèle entre la langue et la situation administrative : si on a des papiers on a une place, si on a une langue, on a une place.
  • Www.guideasile.wordpress.com lexique élaboré avec des exilés, mis à jour chaque mois
  • A l’accueil de jour du Secours Catholique à Calais, il y a l’expérience des cours de farsi et d’arabe, cela permet d’inverser un rapport habituel, inégal, entre francophones et non francophones. C’est aussi une expérience intéressante pour un français enseignant le FLE.

Forum social mondial des migrations à Mexico

Forum Social mondial des migrations à Mexico, Novembre 2018

Plusieurs personnes de notre réseau étaient présents au FSMM qui s’est tenu à Mexico du 2 au 4 Novembre. Voici un extrait des différents entretiens menés avec  d’ « heureux participants » juste pour avoir des impressions à propos d’un événement dont on n’a pas tellement entendu parler dans la presse.

Il y a eu une délégation française, coordonnée par le CRID d’une centaine de personnes (sur 800 personnes en tout) venues au titre d’ONG très diverses, dont une grande participation d’ONG catholiques. L’objectif du Forum est d’établir « une stratégie de mouvements sociaux alternative au Pacte mondial des Migrations de l’ONU qui sera ratifié en décembre prochain. »

Le travail, sur 4 jours, s’est fait en 25 ateliers avec des thèmes divers, il n’y a pas eu de grand rassemblement final, pas de communiqué global. Mais le sentiment de faire partie d’une humanité commune fut présent et intense. La rencontre avec d’autres migrants, d’autres aidants, d’autres militants fut passionnante et émouvante. Et le rassemblement a permis de réfléchir à des formes de lutte différentes.

Voici quelques exemples marquants :

  • Il y a d’autres frontières meurtrières, et des asso qui ont la préoccupation de faire reconnaître les morts  : Guatemala, Roumanie. D’autres routes migratoires : surprise de découvrir que « nos » migrants passent par le Panama dans l’espoir d’aller jusqu’aux Etats Unis.
  • -Présence impressionnante de l’association des «dames en noir », dont les enfants ont disparu sur un chemin d’exil, et qui les cherchent, jusqu’à l’autre bout du monde, en médiatisant leur quête, pour que cela soit connu et reconnu par les différents gouvernements. Association présente en Tunisie, Maroc, différents pays d’Asie…
  • Visite de la Maison du Migrant de Mexico, qui fait une large place aux persécutions des LGBTAQ, bien que la maison soit tenue par un ordre religieux catholique. Maison du Migrant qui a une charte qui pourrait inspirer certaines structures d’hébergement chez nous.
  • -Certains participants ont pu vivre une marche avec des personnes migrantes et arriver avec elles au stade où était prévu leur accueil.
  • L’atelier « mobilisation citoyenne », animée par des bénétants du Secours Catholique France a pu parler des entraves à la solidarité, allant jusqu’à la criminalisation des aidants, et de l’hospitalité citoyenne, ici et au Mexique. C’est avec cet atelier qu’une table ronde s’est tenue, par internet, avec 80 personnes réunies au local du secours catholique à Calais.

ECNOU

Accueil rural : quel devenir en 2019 ?

ECNOU : « eux c’est nous » : aide et soutien aux exilés en situation d’urgence.

Fondée fin 2015 par un appel dans la Voix du Nord de quatre familles , l’association s’est installée sur un vaste territoire rural : l’arrondissement de Montreuil/mer et ses environs.

Dès le début , ECNOU s’est investie fortement dans l’accueil chez l’habitant. Au bout de 3 ans d’existence cela représente environ 12 000 nuitées offertes dans des accueils de tous types : de 1 nuit à plus d’une année, de 1 personne à des familles de 7, de nombreuses nationalités différentes …… ECNOU a ainsi acquis une grande connaissance de ce que signifie « héberger des personnes exilées ».

En cette fin d’année 2018, nous avons vu changer tout au long de ces trois années les types de personnes hébergées. Pour simplifier, au début, il s’agissait principalement d’hommes seuls voulant rester et travailler en France et dont les demandes d’asile (étoffée par ECNOU) se sont souvent terminées positivement. Maintenant, quand les associations au contact des exilés nous interpellent, ceux sont souvent pour des femmes, enceintes ou avec des enfants, en grandes difficultés pour obtenir un droit de séjour sur le territoire ou parfois des hommes seuls ayant besoin d’une pose plus ou moins longue avant de reprendre leur itinérance vers l’Angleterre, mais dans ce cas très peu acceptent de s’éloigner de la côte pour venir chez nous.

Les personnes déboutées ou comprenant mal les procédures de l’asile appliquées dans notre région, les personnes ne demandant pas l’asile forment un public qui est beaucoup plus difficile à accompagner.

En 3 ans les membres de l’association ont eux-aussi changé. Leur disponibilité a évolué : Petits-enfants pour l’un, problème de santé pour l’autre, nouvelles activités ou souvenir d’un accueil « pas simple ».

Les chiffres de l’hébergement ( 6300 nuitées en 2016, 3700 en 2017, environ 2000 en 2018) .

Dans d’autres domaines (collectes, sensibilisation dans les écoles , animation en CAO, cours de français, aide à l’intégration des anciens hébergés…) les activités de l’association sont stables voire en augmentation.

L’association s’est rapprochée récemment du département62 pour étudier comment nouer un partenariat permettant l’accueil de « mineurs non accompagnés étrangers » ou l’aide à l’intégration de jeunes majeurs en son sein.

ECNOU réalise actuellement une enquête auprès de ses membres (+/- 200) de façon à mieux cerner les actions qui permettraient à chacun d’exercer sa solidarité envers les exilés en 2019 .

Des nouvelles de Flandre Terre Solidaire

L’association Flandre Terre Solidaire:des interventions diverses dans des lieux multiples

Des bénévoles de l’asso continuent d’intervenir à Grande Synthe et Calais.

A Lille, collaboration avec La Sauvegarde pour accompagner « les personnes de l’Aquarius » : cours de français mais aussi moments conviaux passés avec ces personnes qui sont en grande demande de ce genre d’initiatives.

A Bailleul, l’asso apportait son soutien aux personnes demandeuses d’asile logées à l’ancien formule 1 géré par ADOMA. En octobre elle a passé le relais à la nouvelle association ci’sol (Citoyens Solidaires).

Merville. A la suite du démantèlement d’Octobre à Grande Synthe une soixantaine de personnes sont accueillies à la maison diocésaine. Elles sont principalement kurdes, avec 20 enfants dont 14 en bas âge. Elles resteront jusque fin décembre voire plus.

Infomigrants « Les passeurs réussissent à faire croire que la traversée de la Manche est facile, c’est faux »

http://www.infomigrants.net/fr/post/13557/les-passeurs-reussissent-a-faire-croire-que-la-traversee-de-la-manche-est-facile-c-est-faux

Par Bahar MAKOOI

Vagues de deux mètres, courants importants, collision avec des cargos … un sauveteur explique les dangers d’une traversée de la Manche par les migrants et met en garde contre les mensonges véhiculés par les passeurs.

Huit migrants en hypothermie ont été secourus dans la nuit du samedi 24 novembre à environ 19 km au large de Sangatte dans le Pas-de-Calais, d’après la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord. Ils ont appelé le Samu pour demandé de l’aide alors qu’ils tentaient de traverser la Manche à bord d’un bateau pneumatique pour rejoindre l’Angleterre.

Cette nouvelle tentative intervient alors que six nouvelles embarcations de migrants en route vers l’Angleterre avaient été signalées dans la Manche vendredi matin. À la mi-journée, les gardes-côtes de Douvres étaient parvenus à en intercepter une.

« La Manche n’est pas un lac, mais une mer dangereuse », a réagi Bernard Barron, le président de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM) à Calais. Il s’inquiète de la recrudescence des départs en mer sur des embarcations fragiles. Le bateau de sauvetage de Calais est en panne pendant au moins 15 jours, aussi ce sont les équipes de la SNSM de Boulogne, de Dunkerque et de Gravelines qui prennent le relais pour sauver les naufragés.

« Vous n’avez qu’à suivre les lumières des ferries ! » disent les passeurs

Quelques jours auparavant, dans la nuit du mercredi 22 novembre, 18 migrants ont été secourus pendant leur traversée. La semaine d’avant, une quarantaine d’entre eux a été recueilli en mer. « On est sur un phénomène en train d’exploser », s’alarme la préfecture maritime qui décrit une hausse des tentatives de passage par la Manche depuis octobre. « ‘Vous n’avez qu’à suivre les lumières des ferries !’ disent les passeurs aux migrants. Ils réussissent à leur faire croire que la traversée est facile » déplore Bernard Barron, « car depuis Calais, par temps dégagé, on aperçoit même le château de Douvres sur les côtes anglaises ».

Il faut dire que les deux villes sont séparées par une trentaine de kilomètres à vol d’oiseaux, mais les courants qui font dériver les petites embarcations, font faire des zigzags en mer et peuvent conduire à parcourir jusqu’à 70 kilomètres pour atteindre l’Angleterre. « Il faut disposer de véritables connaissances de marins pour ne pas tomber dans le piège des marées », ajoute Bernard Barron.

Se retrouver avec des vagues de deux mètres

Autre difficulté : la météo peut s’avérer trompeuse. La capitaine Ingrid Parrot, porte-parole de la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord, basée à Cherbourg explique la recrudescence des tentatives par des conditions météorologiques particulièrement clémentes lors de cette arrière-saison.

Les migrants partent souvent en soirée et espèrent arriver en 2 ou 3 heures, mais les traversées dans des embarcations précaires sont plus longues que prévues – 14 heures au minimum. « De longues heures durant lesquelles les conditions peuvent se dégrader. Vous pouvez partir par temps calme et vous retrouver au cœur de la Manche avec des vagues de 2 mètres de creux » prévient encore Bernard Barron.

Sans gilet de sauvetage, ni bouée

Il estime que les personnes tentées par la traversée n’ont qu’1% de chance d’arriver en Angleterre par la mer : « La moitié de leurs chances s’envolent parce que les bateaux pneumatiques sont lents et immédiatement signalés par les ferries et les cargos qu’ils croisent ».

Pour le reste, le danger d’une collision avec les cargos est le plus redouté. « Dans la Manche, le trafic maritime est dense avec près de 300 bateaux qui passent chaque jour, dans chaque sens ». Or les risques de noyades sont important, les migrants que la SNSM a pu secourir ont été retrouvés sans gilet de sauvetage, ni bouée. « Les passeurs ne leur fournissent rien », a constaté Bernard Barron.

Par ailleurs, les migrants qui réussissent à atteindre le sol anglais ne sont pas à l’abri d’une expulsion. Pour l’heure, et en attendant le Brexit, le Royaume-Uni applique les accords de Dublin. Les migrants enregistrés dans un pays de l’UE sont donc susceptible d’être renvoyés.

Depuis le début des tentatives de passage, la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord n’a recensé aucun décès et ni de disparition en mer. « On n’a pas eu à déplorer des cadavres non identifiés sur une plage, on veut à tout prix éviter cela » a-t-elle prévenu.

Pourtant, à en croire l’expérience de Bernard Barron, ça n’est pas parce qu’on ne retrouve pas de corps sur une plage que ces traversées ne tuent pas : « Il peut y avoir des accidents en plein milieu de la Manche, et dans ce cas, les corps noyés échouent au fond de l’eau. Les courants peuvent aussi les emporter vers la Hollande ou les côtes belges » prévient-il.

Rapport de MDM Belgique sur les violences policières

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VIOLENCES POLICIÈRES ENVERS LES MIGRANTS ET LES RÉFUGIÉS EN TRANSIT EN BELGIQUE : NOTRE RAPPORT

Une enquête de Médecins du Monde met en évidence le fait qu’ 1 migrant sur 4 est confronté à des violences policières dans notre pays. Le rapport démontre que cette violence est diverse, illégale et abusive: il s’agit de violence physique comme des coups de poing, de pieds et de matraque, mais aussi de fouilles à nu forcées et arbitraires, de racket, d’humiliation et de chantage pour l’obtention d’empreintes digitales, ainsi que de la saisie illégale d’objet personnels.

« Depuis le début des consultations médicales destinées aux personnes migrantes et réfugiées à Bruxelles et à la Côte, nos bénévoles ont été confrontés à des histoires de violences policières, » raconte Nel Vandevannet, directrice des projets belges de Médecins du Monde, pour expliquer la genèse de cette enquête. « Ce rapport met en lumière l’ampleur de cette problématique d’une manière structurée et méthodique. » Le rapport se base sur le témoignage de 440 personnes lors de leur visite du Hub humanitaire. 25% – soit 110 – des personnes interrogées ont déclaré avoir été confrontées à des violences policières. 53% d’entre elles – 59 personnes – ont donné leur accord pour des interviews approfondies. Après correction, un échantillon de 51 témoignages valides a pu être mis en évidence.

VIOLENCES SUR LE TERRAIN ET DANS LES COMMISSARIATS 83%

Plus de la moitié des témoignages (58%) fait état de coups portés avec les mains, les pieds ou des matraques.« La moitié des personnes déclare que les violences ont eu lieu alors qu’elle étaient immobilisées, » explique Nel Vandevannet, directrice des projets belges de Médecins du Monde. « D’autres déclarent avoir été victimes de racket et de vol d’argent. » La majorité des cas de violences a eu lieu dans les commissariats, avant l’incarcération. 66% des personnes arrêtées ont déclaré avoir été victimes à ce moment-là de violence physique ou psychique, en particulier lors des fouilles à nu et lors des prises d’empreintes digitales. « Les policiers ne peuvent effectuer de fouilles à nu pour contrôler la présence d’objets prohibés que lorsqu’il existe de sérieux soupçons. »

Lorsqu’on est arrivés au commissariat ils nous ont mis dans une pièce et ils nous tabassés. Ensuite, 4 policiers m’ont déshabillé de force.

6 personnes arrêtées sur 10 ont pourtant subi des fouilles à nu forcées, qui ont été accompagnées dans 72% des cas de comportements humiliants, où la personne nue a été frappée, victime de moqueries ou poussée contre un mur pendant qu’un autre policier lui retirait son slip : « Lorsqu’on est arrivés au commissariat ils nous ont mis dans une pièce et ils nous tabassés. (…) Je leur ai demandé pourquoi ils me traitaient comme un animal et ils m’ont encore plus frappé. Ensuite on a dû se mettre tous tout nu les uns devant les autres pour qu’ils nous fouillent. Moi je ne voulais pas alors 4 policiers m’ont déshabillé de force. Il y avait des femmes policières aussi, elles ne faisant rien mais elles riaient, » raconte un Libyen de 29 ans.

UTILISATION DE VIOLENCES LORS DE LA PRISE D’EMPREINTES DIGITALES

35% des personnes arrêtées ont refusé de donner leurs empreintes digitales. Elles ont toutes été victimes de torture selon la définition du protocole d’Istanbul. Les mêmes méthodes se retrouvent à travers les témoignages: coups de poing, coups de pieds et de matraque, placement de la personne vêtue uniquement d’un t-shirt ou d’un slip dans une cellule à très faible température (fridge house), privation de nourriture, de boisson et de sommeil, interdiction d’accès à des sanitaire ou maintien de menottes durant de nombreuses heures forçant la personne à se rester dans une position douloureuse. « Le policier me criait dessus très fort pour que je donne mes empreintes. Je n’ai pas voulu les donner alors ils m’ont dit que j’allais rester 48h ici. Je suis resté attaché les bras derrière le dos pendant environ 48h. Ils m’ont poussé vio¬lemment dans la cellule et comme j’étais attaché je suis tombé par terre et je me suis fait mal au bras. (…) J’avais très froid dans la cellule parce que je n’avais que mon t-shirt et mon caleçon et il y avait un ventilateur allumé. J’ai demandé à avoir mes vêtements mais ils ont refusé. J’ai aussi demandé qu’ils me détachent parce que j’avais trop mal ils m’ont dit en anglais « tu n’as qu’à retourner dans ton pays et leur demander », » raconte un Éthiopien de 17 ans

INCARCÉRATION INHUMAINE

« La loi belge stipule que toute personne qui est incarcérée pour quelque motif que ce soit, a droit à de l’eau, l’accès à des sanitaires et un repas, » déclare Nel Vandevannet. Il apparait pourtant, selon ce rapport que 41% des personnes arrêtées n’ont rien reçu à boire ou à manger pendant plus de 15 heures. 4 personnes ont par ailleurs déclaré ne pas avoir eu accès à des sanitaires. Une personne a déclaré avoir été obligée de faire ses besoins dans un seau durant 48 heures. Au moment de la libération également, des comportements qui posent problème ont été observé: dans 40% des cas, le GSM n’a pas été rendu. La saisie de médicaments et de matériel médical est aussi constatée : « Entre février et juin 2018 une quinzaine de ses patients sont revenus consulter les médecins du Hub parce qu’ils s’étaient fait prendre leurs médicaments, comme des anti¬biotiques, des traitements chroniques (par exemple le trai¬tement contre l’épilepsie ou le VIH), des pilules contraceptives ou des médicaments à prendre avant une hospitalisation. Une femme atteinte du VIH n’a pas pu récupérer son sac après une arrestation et s’est retrouvée sans ses médicaments. Une fois au Hub, elle a dû être hospitalisée d’urgence et il a fallu plus d’une semaine et trois aller-retours aux commis¬sariats pour récupérer ses affaires, » raconte Louisa Ben Abdelhafidh, coordinatrice médicale.

MINEURS TRAITÉS DE LA MÊME MANIÈRE QUE LES ADULTES

Presque 1 témoin sur 3 (27,5%) était mineur au moment de l’interview et 29% des violences identifiées dans ce rapport concernent des mineurs. « Inquiétant et inacceptable ! » selon Médecins du Monde : « Des milliers de mineurs non accompagnés, migrants et réfugiés, errent en ce moment en Europe. Il s’agit de groupes très vulnérables, une proie facile pour les trafiquants d’être humain et les réseaux clandestins. La loi prévoit qu’un policier qui suppose qu’une personne est mineure, doit immédiatement prendre contact avec le Service des Tutelles de notre pays. D’après notre rapport, cette mesure protectrice n’est pas appliquée, au contraire: les mineurs interrogés sont traités –parfois de manière extrêmement violente- de la même façon que les adultes. »

D’après notre rapport, les mineurs interrogés sont traités – parfois de manière extrêmement violente – de la même façon que les adultes.

50% des mineurs déclarent avoir été violemment battus ou mordus par des chiens policiers lors de contrôles ou d’arrestations. 4 mineurs ont témoigné sur la profonde humiliation ressentie lors de fouilles à nu au commissariat de police. Deux d’entre eux se sont vu retirer leurs sous-vêtements avec violence. 1 mineur a été placé dans une cellule refroidie à l’extrême par un climatiseur, vêtu uniquement de son slip et t-shirt. 2 autres ont été victimes de chantage et ont dû donner leurs empreintes digitales en échange de nourriture et de boisson ou de leur libération.

ET ENSUITE ?

Ce rapport révèle une réalité restée cachée jusqu’à présent: une partie significative des migrants en transit dans notre pays est confrontée à une violence physique et psychique excessive. 1 personne concernée sur 3 est un mineur. « À court terme, nous demandons que toute forme de violence policière cesse immédiatement, que la loi soit respectée et que ceux qui sont coupables de telles pratiques soient jugés. Nous pensons aussi qu’un débat fondamental sur notre politique migratoire doit avoir lieu: cette violence est un symptôme et une conséquence de la politique migratoire qui n’a jusqu’ici fait que viser à la répression et à la criminalisation des personnes migrantes. »

Ce rapport s’adresse ainsi en premier lieu à nos décideurs politiques: ils sont responsables de ce qui se joue sur le terrain. « Les migrants mais aussi les services de police locaux et fédéraux sont soumis depuis des mois à des pressions insoutenables et sont les pions de chasses aux migrants coûteuses, inutiles et dommageables. Le discours politique a glissé, lentement mais sûrement vers une déshumanisation des migrants et à conduit à une pression croissante et à un sentiment de découragement des forces de police sur le terrain. » Médecins du Monde recommande enfin l’ouverture d’un centre d’accueil et d’orientation, des mesures de protection pour les mineurs et une politique de tolérance en ce qui concerne l’aide humanitaire qui leur est apportée.

Communiqué GISTI et ANAFE – Mesusage des notes blanches et fichage de citoyens européens

Mésusage des notes blanches et fichage de citoyens européens

Le tribunal administratif de Paris annule le refus d’entrée en France visant  un militant solidaire des personnes exilées 

Alors que l’administration française cherche par tout moyen à bloquer les activités militantes des citoyens européens, le tribunal administratif de Paris a annulé le 25 octobre 2018 un refus d’entrée en France opposé à un ressortissant irlandais au prétexte d’une menace à l’ordre public.

Le 7 mars 2017, Monsieur V., ressortissant irlandais, s’est présenté à la gare internationale de Saint-Pancras (à Londres) pour prendre un train à destination de Calais, où la Plateforme de services aux migrants (PSM) organisait une conférence-débat sur le thème : « A qui profitent les frontières ? ». La police aux frontières française, en poste à la gare londonienne, lui a opposé un refus d’entrée sur le territoire français.

Les motifs ? Une prétendue inscription dans un « fichier national », une supposée appartenance à la mouvance « No border » et, surtout, différents « signalements », liés à la participation de Monsieur V. à des manifestations de soutien aux personnes exilées, notamment à Calais et en Belgique.

Un recours contre la décision a été déposé devant le tribunal administratif de Paris au nom de Monsieur V. par son avocat, Me Lionel Crusoé. L’Anafé et le Gisti, représentés par Me Hélène Gacon, sont intervenus volontairement au soutien de sa requête[1]. Celle-ci faisait valoir que la décision avait été prise en violation du principe de la liberté de circulation des citoyens européens dans l’Union – qui ne peut céder qu’en présence d’une « menace réelle et actuelle à un intérêt fondamental de la société » –, et que la preuve du risque de menace à l’ordre public n’était pas rapportée.

Pour se justifier, le ministère de l’intérieur a produit une « note blanche » et tenté de soutenir que Monsieur V. était susceptible de se livrer à des actions violentes dans le cadre du démantèlement du camp de migrants de Calais, de sorte que sa venue en France comportait un risque grave pour l’ordre public.

Le refus d’entrée ainsi pris s’inscrit dans un contexte de criminalisation croissante et de développement des mesures de fichage des militants, en l’occurrence, ici, ceux qui soutiennent les exilés et qu’on accuse systématiquement d’appartenir à des mouvements extrémistes.

Au cours de l’audience, le rapporteur public a fait savoir que le refus d’entrée était à ses yeux illégal, principalement au motif que les faits justifiant le refus d’entrée n’étaient pas établis, ou à tout le moins trop anciens pour être retenus comme une cause de refus d’entrée sur le territoire.

Le tribunal administratif de Paris n’est pas lui non plus entré dans le jeu du ministère. Suivant la ligne de défense du requérant, les interventions de nos associations et l’avis du rapporteur public, il a purement et simplement conclu à l’absence de menace à l’ordre public. Le refus d’entrée a donc été annulé pour erreur d’appréciation, par jugement du 25 octobre.

Le tribunal administratif de Paris a ainsi réaffirmé les principes fondateurs de l’UE. Mais si Monsieur V., après plus d’un an et demi d’attente, peut de nouveau se rendre en France, son cas n’est malheureusement pas isolé.

Non seulement en France mais partout en Europe le prétexte sécuritaire est utilisé pour entraver les déplacements et l’action des militants qui entendent apporter leur soutien aux personnes exilées, victimes de politiques migratoires toujours plus répressives.

26 novembre 2018

[1]             Voir Dossier en ligne.