Euractiv // La Manche, l’autre mer à traverser pour les migrants

Le HMS Mersey sillonne la Manche depuis quelques jours pour endiguer la vague de traversée de migrants.

France et Royaume-Uni tentent d’endiguer les traversées irrégulières de la Manche par les migrants. Un nouveau plan de coopération doit être annoncé dans les prochaines semaines.

71 embarcations ont tenté de rejoindre l’Angleterre par la Manche en 2018. Il n’y en avait eu que 12 en 2017. La grande majorité de ces tentatives pour atteindre les côtes sud du Royaume-Uni ont eu lieu en novembre et en décembre, d’après le ministère de l’Intérieur français.

Son homologue anglais fait état de 539 migrants ayant tenté la traversée en 2018, dont 80 % au cours des trois derniers mois et 230 rien qu’en décembre. Cette recrudescence d’essais est due au renforcement de la sécurité des ports de ferries, d’Eurotunnel, et à la météo : « Les conditions ont été assez clémentes en mer tout le mois de décembre », explique Stéphane Dupré de Meteo France.

Le gouvernement britannique a fait le choix de dépêcher un de ses navires de la Royal Navy. Depuis début janvier, le HMS Mersey patrouille les eaux de la Manche, pour prêter main forte aux deux bateaux garde-côtes anglais déjà présents.

Trois objectifs

« Cette présence navale a trois objectifs : l’interception des embarcations de migrants, l’envoi d’un signal clair de fermeté et, bien sûr, le sauvetage de vies », fait savoir une source diplomatique britannique.

L’utilisation du bâtiment de la marine militaire anglaise doit rester temporaire, le temps que deux autres bateaux garde-côtes remontent de Méditerranée. La faiblesse des moyens de patrouille anglais préoccupe les Britanniques.

Un élu de Douvres, Charlie Ephicke, réclame plus de moyens pour sécuriser toute la côte anglaise : « Deux bateaux pour garder la côte, c’est franchement ridicule », s’est-il récemment alarmé.

Côté français, le discours se veut rassurant. « Le Brexit n’altère en rien la nécessité pour nos deux pays de renforcer notre coopération bilatérale afin de lutter contre l’immigration irrégulière », a rappelé Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur.

Traversée extrêmement dangereuse

Le 4 janvier, il a présenté un plan « zonal et départemental » pour renforcer la lutte contre les passages clandestins. Il doit permettre « de mettre fin à ces traversées de la Manche par des migrants qui sont non seulement illégales mais par ailleurs extrêmement dangereuses ».

La température glaciale de l’eau (en-dessous des 10°C, soit une espérance de vie réduite à deux heures si on y tombe), les forts courants marins et la circulation très dense de bateaux en tout genre rendent l’exercice particulièrement périlleux.

Dans ce plan, la lutte contre les réseaux de passeurs et la sécurisation des ports des ports de Boulogne-sur-Mer et de Calais est mise en avant. Les vols de petites embarcations se sont multipliés ces derniers mois. Mais l’accent est mis sur la coopération franco-britannique.

Des drones pour patrouiller les plages

Sajid Javid, secrétaire d’État à l’Intérieur côté anglais s’est notamment engagé «à poursuivre, dans la continuité du Traité de Sandhurst du 18 janvier 2018, l’appui du Royaume Uni à la gestion conjointe de la frontière commune franco-britannique », fait-on savoir place Beauvau.

La prise en charge financière de drones patrouillant les plages entre Calais et Boulogne est évoquée. « Entre ces deux ports, il y a une douzaine de points de passage et ils sont connus », fait remarquer Maya Konforti, bénévole à l’Auberge des Migrants, une association qui apporte une aide humanitaire dans la région de Calais. Ce qui rendra facile le travail de ces engins volants s’ils sont mis en place.

Malgré tout, il y a encore aujourd’hui plus de 1 000 candidats au passage de l’autre côté de la Manche, entre les camps de Calais et de Grande-Synthe.

Nouveau plan de coopération en vue

« Les camps de migrants sont démantelés tous les jours, ou tous les deux jours, observe Maya Konforti. L’état psychologique de ces gens est préoccupant. » En perpétuelle quête d’un endroit où dormir ou se reposer, « ils discutent entre eux de la prochaine bonne idée pour traverser, et même s’ils la trouvent, ils ne la partageront pas avec nous », explique la bénévole.

Pendant ce temps, les gouvernements des deux côtés de la Manche s’activent pour mettre en place un plan d’action conjoint pour améliorer la coopération . « Il sera finalisé dans les prochaines semaines », dit-on côté britannique.

Christophe Castaner devrait bientôt effectuer un voyage à Londres afin d’officialiser son entrée en vigueur.

Calais : les exilé.e.s et l’hiver

Le Secours Catholique et les associations se penchent sur un des problèmes de l’hiver : pour les personnes exilées, l’impossibilité de laver et sécher les vêtements. Mais il y en évidemment plein d’autres : la santé physique et morale, le froid et l’humidité, la violence des forces de l’ordre, etc. Il faut se rappeler que le « socle humanitaire » dont se vante le préfet n’a été mis en place que par l’obligation formulée par le Tribunal Administratif de Lille et confirmé par le Conseil d’État, à l’exception des repas distribués, qui concernent environ  les deux tiers des exilés.

Le dispositif Grand Froid mis en place par la DDCS (direction départementale de la cohésion sociale) n’a été ouvert que deux fois (trois nuits + deux nuits). A noter qu’aucun mineur ne s’y est présenté -nous enquêtons pour savoir pourquoi-, et qu’une partie des exilés ne veulent pas aller dans le dispositif de peur de retrouver détruites ou emportées leur tente et leurs affaires personnelles.

Gros afflux de journalistes britanniques et autres sur Calais ces dernières semaines, du fait de l’augmentation des tentatives de passage de la Manche par petits bateaux. Cela concerne surtout les Iraniens (38 % des 600 exilés à Calais mi-décembre) , à partir de Zodiac achetés ou de bateaux de pêche ou de plaisance fracturés, avec des passeurs ou non. Nous insistons auprès des médias sur les dramatiques conditions de survie et sur le non-accueil de la France, qui poussent les exilés à adopter des solutions dangereuses.

 

Paroles de mineurs et demandeurs d’asile du « squat des cinq étoiles »

Lille, le 11 décembre 2018

« Pourquoi quand un mineur arrive en France, à Lille, on n’a pas confiance en ce qu’il raconte, pourquoi on le soupçonne de mentir au lieu de le prendre en charge, l’héberger, le scolariser ?

Quand on se présente à EMA, le service du département d’évaluation de la minorité et de mise à l’abri, ils nous donnent une date de rendez-vous lointaine, souvent une quinzaine de jours après. Ils ne nous proposent pas d’hébergement, comme l’oblige pourtant la loi, nous disant qu’il n’y a pas de place. Ils nous envoient au squat du 5 étoiles ou nous disent d’aller voir la police. Depuis quand la police est responsable de l’hébergement des mineurs en France ?

Même quand on va voir l’avocate et que le tribunal ordonne de nous héberger, en réaffirmant la loi, on nous dit encore qu’il n’y a pas de place. Le département préfère payer des astreintes plutôt que de trouver des solutions d’hébergement.

L’entretien d’évaluation de minorité dure plusieurs heures, parfois jusqu’à 5h sans manger et sans boire. On nous pose énormément de questions, auxquelles nous ne savons pas toujours répondre. Ils essayent de savoir avec qui on est en contact, ils prennent notre numéro de téléphone et notre facebook pour tout vérifier. Ils jugent notre physique, nos vêtements, nous trouvent parfois trop propres ou trop bien habillé.e.s pour être isolé.e.s. C’est un vrai interrogatoire de police !

Ils ne justifient pas toujours pourquoi ils refusent notre minorité. C’est même déjà arrivé qu’un jeune reçoive un appel avant son jour d’évaluation lui disant qu’il devait venir chercher le résultat alors même qu’il n’avait pas passé l’entretien : il a été refusé directement…

Lorsque certains d’entre nous sont reconnu.e.s mineur.e.s, après cette longue période d’attente à la rue, le dispositif TRAJET, que M Lecerf juge si efficace, leur demande d’attendre à nouveau pour un hébergement. Une fois l’hébergement trouvé, la prise en charge éducative est loin de satisfaire leurs besoins. D’ailleurs, comment voulez-vous avec 65 euros par jour au lieu de 170 euros pour un mineur français, dit « jeunes de nos quartiers » par Mr Lecerf ?!

Lorsque notre minorité n’est pas reconnue par le département, nous sommes complètement abandonné.e.s. Nous n’avons aucun moyen de prouver ce qu’ils nous demandent, dans les conditions où nous sommes. Faire venir ses papiers ou se déplacer pour les faire légaliser à Paris coûte très cher, nous n’avons rien. Aucune administration française ne nous prend en charge car nous ne sommes considéré.e.s ni mineur.e.s ni majeur.e.s.

Nous souhaitons que le Département et l’Etat prennent de nouvelles dispositions pour que nous soyons protégé.e.s. Nous souhaitons avant tout aller à l’école, être formé.e.s, dans les meilleures conditions possibles, comme la loi le dit. Ce sont les droits de l’enfant : droit à l’éducation, droit aux loisirs, droit à la paix et à la sécurité, droit à la protection ! »

Infos et contacts : collectifolieux@gmail.com , https://olieux.herbesfolles.org

La Cimade // Ce qui entre en vigueur le 1er janvier 2019 en matière d’asile

https://www.lacimade.org/ce-qui-entre-en-vigueur-le-1er-janvier-2019-en-matiere-dasile/

31 décembre 2018

La loi du 10 septembre 2018 entre en vigueur le 1er janvier 2019 dans le domaine du droit d’asile et de la rétention. Inventaire des nouvelles mesures.

Trois décrets ont été pris pour l’application de la loi du 10 septembre 2018 . Le plus important est celui du 14 décembre 2018

Frontière et demande d’asile

La police aux frontières peut notifier un refus d’entrée à une personne interpellée à dix kilomètres d’un poste frontière lorsque le contrôle aux frontières intérieures de l’Espace Schengen est rétabli. Exemple, une personne qui est interpellée dans un train à Roquebrune Cap-Martin (soit à dix kilomètres de Menton) peut être refoulée en Italie.  Depuis septembre, ce refoulement peut se faire sans que la personne puisse demander à bénéficier d’un jour franc (y compris lorsqu’elle est mineure alors qu’elle ne peut contester cette décision sans un représentant légal).

Asile à la frontière

Possibilité pour l’OFPRA de faire des entretiens par téléphone à la frontière (pratique courante encore mais sans base légale). Sinon l’entretien doit avoir lieu de vive-voix à Roissy et par visio-conférence (carte des lieux concernés) .

Enregistrement dans les guichets uniques des demandeurs d’asile (GUDA)

Après s’être rendue dans une structure de premier accueil (SPADA) (voir carte) ou être hébergée dans un centre d’accueil et d’étude de situation (CAES), la personne étrangère fait enregistrer sa demande d’asile auprès du guichet unique de demandes d’asile (GUDA).  A cette occasion, il lui est demandé de choisir une langue dans une liste établie par l’OFPRA. Ce choix lui sera opposable pendant toute la procédure. Si un interprète n’est pas disponible, il peut être décidé de prendre un interprète dans une langue dont il est raisonnable de penser qu’elle la comprend.

Si la personne relève de la procédure Dublin, elle est orientée vers le pôle régional Dublin (voir article).

Si la personne demande l’asile plus de 90 jours après son entrée irrégulière, elle est placée en procédure accélérée par constat du préfet. Ce délai est réduit à 60 jours en Guyane.

Orientation directive

Lors du passage au GUDA, l’OFII fait l’offre de prise en charge. En fonction d’une clé de répartition qui sera fixé par le schéma national d’accueil, s’il considère que les capacités d’accueil de la région sont dépassées, l’OFII oriente la personne dans une autre région soit en proposant un hébergement disponible, soit en lui indiquant l’adresse de la structure de premier accueil (SPADA). Elle doit s’y rendre dans un délai de cinq jours, sous peine de se voir irrévocablement couper l’allocation de demandeur d’asile. Elle ne peut quitter la région désignée par l’OFII sans autorisation de ce dernier (sauf si elle se rend aux entretiens  OFPRA  ou aux audiences CNDA). Si elle ne respecte pas ce cantonnement, les conditions d’accueil sont immédiatement et irrévocablement interrompues.

A l’exception des personnes disposant d’un titre pour fixer un domicile (actes de propriété,contrat de location ou de commodat), les personnes  ont l’obligation d’être domiciliées dans les SPADA ou dans les lieux d’hébergement.

Examen de la demande d’asile à l’OFPRA

Dépôt de la demande d’asile (introduction) : la personne dispose d’un délai de vingt et un jours pour envoyer le formulaire OFPRA. Ce délai peut être augmenté de huit  jours si la demande envoyée est incomplète. L’OFPRA est tenu de clore l’instruction si le délai n’est pas respecté. La personne peut rouvrir le dossier en se rendant de nouveau au GUDA et dispose d’un délai de huit jours pour renvoyer le formulaire augmenté de quatre si la demande est incomplète.

Convocation à un entretien : En même temps que la lettre d’introduction de la demande, l’OFPRA convoque le demandeur à un entretien dans un délai d’un mois. Cet entretien peut se dérouler lors de missions foraines permanentes (à Lyon ou à Metz) ou occasionnelles (à Nantes par exemple) ou encore par visio-conférence si la personne est retenue dans un centre de rétention administrative (CRA) ou détenue dans un établissement pénitentiaire (voir carte des lieux concernés).

A plus ou moins long terme, la convocation sera transmise via un portail électronique auquel la personne accédera via un mode de passe personnel et dont elle sera informée des modalités dans une langue qu’elle comprend.  La décision de l’OFPRA sera transmise selon les mêmes modalités. Elle sera réputée notifiée dès la première consultation ou quinze jours après sa mise en ligne si la personne ne consulte pas le portail.

En Guyane, la décision est notifiée en mains-propres dans un délai de quinze jours après l’introduction depuis le mois de septembre 2018.

Fin de protection : l’OFPRA est tenu d’exclure du statut de réfugié ou de mettre fin à une protection accordée (article L.711-6 du CESEDA)  si la personne relève des dispositions de l’article 1er F) de la convention de Genève, si elle représente une atteinte à la sûreté de l’Etat ou si elle a été condamnée pour terrorisme dans les 32 Etats appliquant le règlement Dublin (UE 28 +Norvège, Islande, Suisse et Liechtenstein). Si le préfet le décide, la procédure peut être accélérée (trouble grave à l’ordre public).

CNDA

Recours à la CNDA : le délai de recours est toujours d’un mois. Cependant l’aide juridictionnelle ne peut être demandée que dans un délai de quinze jours après la notification. Cette demande suspend le délai au lieu de l’interrompre. Exemple si une personne demande l’aide juridictionnelle le quinzième jour , l’avocat qui est désigné ne dispose que de quinze jours pour formuler un recours.

Le préfet peut notifier une obligation de quitter le territoire “s’il est manifeste que la personne n’a pas formulé de recours dans le délai.

Lorsque la CNDA convoque la personne pour une audience, elle peut l’informer qu’elle aura lieu par vidéo.

La CNDA envisage de tenir les premières audiences de ce type pour les recours déposés  après le 1er janvier 2019 par des personnes domiciliées dans le ressort du TA de Lyon (soit Ain, Ardèche, Loire, Rhône et métropole de Lyon) à la Cour administrative d’appel de Lyon et par celles résidant dans  le ressort des TA de Nancy et de Strasbourg (Meurthe-et-Moselle, Meuse, Moselle, Bas-Rhin, Haut-Rhin et Vosges) à la CAA de Nancy.

Depuis le 1er décembre 2018, la lecture publique de sa décision (l’affichage des résultats à la CNDA,  une ou trois semaines après l’audience ou la notification en cas d’ordonnance) suffit pour que le préfet en cas de rejet prenne une décision d’obligation de quitter le territoire.

Droit de rester pendant la procédure d’asile

Les personnes ont le droit de rester jusqu’à la lecture publique de la décision CNDA en procédure normale et en procédure accélérée, à l’exception des personnes ressortissantes d’un pays considéré comme sûr (liste); les personnes qui font l’objet d’une décision sur une demande de réexamen (qu’elle soit une décision d’irrecevabilité ou un rejet), celles qui font l’objet d’une décision d’irrecevabilité en raison d’une protection effective dans un autre Etat, celles qui font l’objet d’une demande d’extradition ou d’un mandat européen et celles qui représentent une menace grave à l’ordre public.

Dans ces cas, le préfet peut décider de mettre fin  au droit de rester et notifier une décision d’expulsion qui peut faire l’objet d’un recours dans un délai de quinze jours ou de quarante-huit heures si la personne est assignée à résidence ou placée en rétention. Dans ce recours, elle peut demander au juge de suspendre la décision d’obligation de quitter le territoire , le temps que la CNDA statue sur le recours déjà formulé ou sur le point de l’être. Le juge du tribunal administratif fait  droit à la demande lorsque la personne présente des “éléments sérieux au titre de la demande d’asile ” de nature à justifier son maintien sur le territoire. En cas de suspension, la personne assignée ou retenue n’est plus soumise aux mesures coercitives mais n’est pas pour autant admise à rester avec une attestation de demande d’asile.

Si une décision d’expulsion est déjà prise et a été confirmée, un recours pour un sursis à exécution de la mesure est possible dans un délai de quarante-huit heures, le juge statuant en 96 heures. La suspension entraîne la main levée des mesures coercitives sauf si la personne fait l’objet d’une mesure d’expulsion. Dans ce cas, elle peut être retenue ou assignée pendant l’examen du recours par la CNDA.

Le recours ainsi créé est difficilement compréhensible et n’est pas conforme au droit européen. En outre, il demande au juge du TA de se prononcer sur le bien-fondé de la demande d’asile alors que cela relève de la compétence de la CNDA.

Conditions matérielles d’accueil

Domiciliation

Les personnes sans domicile stable sont obligées d’être domiciliées soit dans un lieu d’hébergement dédié, soit dans une structure de premier accueil (SPADA) . Celles qui disposent d’un domicile doivent déclarer leur changement d’adresse auprès de l’OFII et de l’OFPRA. Un domicile stable est un lieu où la personne est hébergée en ayant un titre (acte de propriété, contrat de location ou de prêt à usage gratuit).

Lieux d’hébergement asile : les missions des lieux sont fixées par arrêtés (à venir). elles comprennent : ;

– la domiciliation

-l’information sur les missions et le fonctionnement du lieu d’hébergement

-l’information sur la procédure d’asile et l’accompagnement dans les démarches administratives à l’OFPRA et à la CNDA (rien n’est prévu pour les personnes Dublinées);

– l’information sur les soins de santé et la facilitation d’accès aux services de santé afin d’assurer un suivi de santé adapté aux besoins;

– l’accompagnement dans les démarches d’ouverture des différents droits sociaux;

– l’accompagnement pour la scolarisation des enfants mineurs hébergés;

– la mise en place d’activités sociales, bénévoles et récréatives, en partenariat, le cas échéant, avec les collectivités locales et le tissu associatif de proximité;  (c’a d. cours de français toujours bénévole)

– la préparation et l’organisation de la sortie du lieu d’hébergement, en lien avec l’Office français de l’immigration et de l’intégration, à la suite de la décision définitive sur la demande d’asile et l’accompagnement à l’accès au logement pérenne social ou privé pour les bénéficiaires de la protection internationale.

Le dispositif d’accueil va être divisé en deux pôles : les CADA qui accueilleront par priorité les personnes en procédure normale (taux d’encadrement 1 ETP pour 15 à 20 personnes, prix de journée 19.50€ par personne) et les autres lieux d’hébergement (taux d’encadrement 1 ETP pour  20 à 25 personnes, prix de journée 17%). Il sera fixé un taux d’occupation (97%) et de présence indue (3% pour les personnes réfugiées, 4% pour les déboutées).

Les responsables de centres doivent signaler à l’OFII toute absence, sans autorisation, de plus d’une semaine, qui entraîne  l’interruption immédiate des conditions d’accueil par l’OFII. Ils doivent également notifier les décisions de sortie et saisir le juge administratif d’une requête en référé mesures utiles pour ordonner l’évacuation d’une place “occupée indûment”.

Refus ou retrait des conditions d’accueil

Les conditions d’accueil peuvent être refusées ou retirées de plein droit par l’OFII  et sans procédure préalable  si :

  • la personne refuse  de se rendre dans un lieu d’hébergement ou le quitte. Lorsque le schéma national d’accueil sera publié, cela s’appliquera également aux personnes qui refusent l’orientation directive même sans hébergement proposé.
  • la personne ne se rend pas à une convocation des autorités (préfet, OFII, OFPRA). C’est notamment le cas des personnes Dublinées qui ne se rendent pas à une convocation.

Cette disposition a été appliquée illégalement et de façon anticipée depuis septembre  2018 à des personnes “Dublinées ” dont la demande est requalifiée après l’expiration du délai de transfert prolongé en raison d’une fuite.

Cette disposition est contraire au droit européen qui prévoit le rétablissement partiel ou total des conditions d’accueil si la personne est retrouvée ou si elle se présente de nouveau aux autorités;

Le décret du 28 décembre 2018 prévoit que la décision de refus ou de retrait entre en vigueur à compter de sa signature. Elle peut être contestée devant les juridictions administratives à condition qu’un recours administratif préalable obligatoire soit formulé, dans le délai de deux mois,  auprès du directeur général de l’OFII qui a deux mois pour statuer, l’absence de réponse valant rejet. Cette nouvelle modalité vise à limiter ou à retarder les saisines des juridictions.

Elles peuvent être refusées ou retirées, après procédure contradictoire :

si la personne a dissimulé ses ressources financières, a fourni des informations mensongères relatives à sa situation familiale ou a présenté plusieurs demandes d’asile sous des identités différentes, ou en cas de comportement violent ou de manquement grave au règlement du lieu d’hébergement ;

Le décret du 28 décembre prévoit que la personne doit rembourser les sommes indûment perçues.

si elle présente une demande de réexamen de sa demande d’asile ou si elle  n’a pas sollicité l’asile, sans motif légitime, dans le délai prévu au 3° du III de l’article L. 723-2. (délai de 90 jours)

Aménagement des conditions d’accueil si la personne fait l’objet d’une décision de refus du droit de rester

La personne peut être assignée (dans le lieu d’hébergement) pendant une période de quarante cinq jours et bénéficie du maintien des conditions d’accueil pendant l’examen du recours sur le droit de rester (soit pendant 6 jours).

Si le juge fait droit à la demande, elle bénéficie des conditions d’accueil jusqu’à la lecture publique de la décision de la CNDA

si le juge rejette, elle perd ses droit au terme du mois de notification

Un décret (à venir) va prévoir une adaptation de l’allocation pour demandeur d’asile ou son remplacement par une aide matérielle.

Recours contre l’obligation de quitter le territoire  des déboutés ou la décision de transfert Dublin

Le recours s’effectue dans un délai de quinze jours selon les modalités prévues par le décret du 12 décembre 2018. Il est réduit à quarante huit heures si la personne est assignée à résidence ou placée en rétention. Le recours peut être sommaire.  Le juge unique du TA statue dans un délai de six semaines pour les OQT, quinze jours pour les décisions de transfert et 96 heures si assignation ou rétention.

Rétention à 60 jours voire à 90 jours

Une personne est placée en rétention pour une période initiale de 48 heures. Le juge de  la libertés et de la détention statue sur une demande de prolongation de vingt-huit jours puis de trente. Si  un laissez passer consulaire est sur le point d’être délivré oui si la personne fait obstruction à l’exécution de la mesure, demande l’asile ou sollicite un avis médical pour ne pas être renvoyée dans son pays, la rétention peut être prolongée exceptionnellement de quinze jours qui peut être prorogée de quinze jours supplémentaires si une de ces circonstances  apparaît pendant cette prolongation exceptionnelle.

Au total la durée de rétention pourrait être de 90 jours.

Le Figaro // Un navire de la royal navy envoyé dans la manche pour faire face aux migrants

À la demande du ministère de l’Intérieur britannique, le navire de patrouille HMS Mersey pourrait être déployé dès ce jeudi pour contrer les tentatives croissantes de traversée par des migrants à bord de fragiles embarcations.

Ancré à Portsmouth, le HMS Mersey est prêt à appareiller. À la demande du ministère de l’Intérieur, le navire de la Royal Navy pourrait être déployé dès jeudi dans la Manche. Sa mission: faire face aux tentatives croissantes de traversée par des migrants à bord d’embarcations de fortune. La marine britannique avait déjà décidé de rapatrier deux navires en mission en Méditerranée. Ils viendront s’ajouter à la vedette et aux deux patrouilleurs déjà présents sur place. La Royal Air Force devrait également être mise à contribution. D’après le ministère britannique de l’Intérieur, 539 migrants ont tenté de traverser la Manche à bord de petites embarcations en 2018, dont 80% au cours des trois derniers mois. Ils étaient selon lui 230 pour le seul mois de décembre.

Après avoir dû écourter ses congés en fin de semaine dernière, le ministre de l’Intérieur, Sajid Javid, a lui-même convenu que cette situation s’apparentait à un «incident majeur». Celui à qui les médias britanniques prêtent l’intention de succéder à Theresa May à la tête du gouvernement fait depuis montre de fermeté sur le sujet. Mercredi, il est allé jusqu’à questionner le statut de demandeur d’asile de ceux qui tentent cette traversée au péril de leur vie. «Si vous arrivez au Royaume-Uni, nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour que vous ne réussissiez pas, parce que nous devons briser cette filière» a-t-il mis en garde, s’attirant les foudres de l’opposition travailliste et de plusieurs organisations humanitaires.

Collaboration accrue

Paris et Londres se sont accordés ce week-end sur un «plan d’action renforcé». Cette collaboration doit être mise en œuvre dans les prochaines semaines. Elle prévoit, outre un accroissement du nombre de patrouilles de surveillance, des actions pour démanteler les gangs de trafiquants et la sensibilisation des migrants. De son côté, le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, plaidait la semaine dernière pour la création d’«une patrouille commune de garde-côte». «Il ne se passe quasiment pas une nuit désormais sans que des migrants bravent le froid et les dangers de la mer», s’alarmait-il dans nos colonnes. Lundi soir, quatorze migrants étaient interpellés à Boulogne-sur-Mer après avoir volé un bateau de pêche.

Depuis des années, des milliers de migrants venus d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Asie tentent de rejoindre le Royaume-Uni depuis la France. Habituellement, les migrants essayebt de rejoindre l’Angleterre en montant clandestinement dans l’un des milliers de camions qui franchissent quotidiennement la frontière. Seulement, il est aujourd’hui devenu de plus en plus difficile de passer par les ports ou le tunnel. Selon le préfet du Pas-de-Calais, Fabien Sudry, l’arrivée croissante d’Iraniens expliquerait en partie ce changement de tactique. Ces profils de migrants généralement plus fortunés pousseraient les passeurs à diversifier les moyens de traversée. La densité du trafic, les courants importants, les hauts-fonds, le vent quasi permanent et la température de l’eau rendent pourtant la traversée du détroit très difficile et extrêmement dangereuse.

Le monde // Migrants traversant la Manche: Paris et Londres conviennent d’un plan d’action renforcée

Migrants traversant la Manche : Paris et Londres conviennent d’un « plan d’action renforcé »

Il consiste notamment en un accroissement du nombre de patrouilles et doit être mis en œuvre dans les prochaines semaines.

Le Monde avec AFP Publié aujourd’hui à 02h46, mis à jour à 02h56

Les ministres de l’intérieur britannique et français se sont mis d’accord, dimanche 30 décembre, pour accroître la collaboration bilatérale face aux tentatives de traversée de la Manche par des migrants à bord de petites embarcations qui se sont multipliées ces dernières semaines.

Au cours d’une conversation téléphonique, Sajid Javid et son homologue français Christophe Castaner sont convenus d’un « plan d’action renforcé », qui sera mis en œuvre dans les prochaines semaines, selon le Home Office.

Ce plan consiste en un accroissement du nombre de patrouilles de surveillance, des actions pour démanteler les gangs de trafiquants, et la sensibilisation des migrants aux dangers que représente la traversée de la Manche. Ces mesures seront déployées par le centre de coordination et d’information franco-britannique, situé à Coquelles, près de Calais (nord de la France).

« Le Royaume-Uni et la France vont s’appuyer sur des efforts communs pour décourager l’immigration clandestine – protégeant nos frontières et les vies humaines », a déclaré M. Javid. Les deux ministres se rencontreront en janvier pour décider d’éventuels efforts supplémentaires.

Face à ces mesures, l’association britannique Detention Action, qui vient en aide aux migrants, a appelé le ministre à « offrir un passage sûr pour les personnes en détresse » pour « éviter de nouvelles tragédies humaines ».

« Manque de leadership »

Sajid Javid avait récemment fait l’objet de critiques pour sa réponse face aux arrivées ou interceptions quasi quotidiennes de migrants près des côtes britanniques ces derniers jours.

Membre comme lui du parti conservateur, le député du Kent (sud-est de l’Angleterre) Rehman Chishti a déploré « un manque de leadership sur ce problème », tandis que le parti travailliste, principale formation d’opposition, a estimé que le ministre « tardait a réagir ».

Selon le député de Douvres, le conservateur Charlie Elphicke, « plus de 200 migrants sont arrivés sur les côtes du Kent à bord de petites embarcations ces deux derniers mois ». Dans une tribune publiée par le Daily Mail, il affirme que « l’ampleur du problème est sans précédent », et réclame que certains navires de la police des frontières britanniques déployés en Méditerranée soient rapatriés dans la Manche.

Dimanche, six Iraniens ont été interpellés par les autorités sur une plage de Kingsdown, près de Douvres, après avoir réalisé la traversée de la Manche à bord d’un bateau pneumatique à moteur.

Les tentatives de traversée de la Manche se sont multipliées ces dernières semaines. Depuis le 23 décembre, près d’une centaine de personnes ont été secourues en mer par les autorités françaises ou britanniques. La traversée de la Manche sur de petites embarcations est rendue particulièrement dangereuse par la densité du trafic maritime, les forts courants et la faible température de l’eau.

De plus en plus de migrants traversent la Manche sur des bateaux de fortune

Près de 500 migrants ont tenté la traversée, très dangereuse, depuis deux mois. Les autorités britanniques accusent la France de les laisser passer.

Par Eric Albert Publié hier à 14h41, mis à jour à 02h47

 Depuis deux mois, des centaines de migrants, majoritairement iraniens, ont tenté de traverser la Manche sur des canots pneumatiques pour rejoindre le Royaume-Uni, poussant le ministre de l’intérieur britannique, Sajid Javid, à déclarer un « incident majeur » et à rentrer précipitamment de ses vacances dimanche 30 décembre. Après un échange téléphonique avec son homologue français, Christophe Castaner, il a annoncé un renforcement de la surveillance des plages et de la mer. Les Britanniques vont notamment financer des drones et des caméras pour surveiller la dizaine de points d’embarquement qui a été identifiée en France.

Le nombre de passages de migrants reste limité et n’a rien à voir avec ce qu’il se passe dans la Méditerranée. Selon le décompte du ministère de l’intérieur français, 443 personnes ont tenté la traversée cette année, dont la moitié a atteint les eaux britanniques. Mais le phénomène est nouveau, explique Ingrid Parrot, porte-parole de la préfecture maritime de la Manche :

« En 2017, on a compté treize tentatives de traversée et jusqu’en octobre de cette année, on était sur le même ordre de grandeur. Depuis, cela augmente de façon exponentielle. »

Ces derniers jours sont venus le démontrer. Quarante migrants ont été secourus sur cinq canots pneumatiques différents le jour de Noël, trois l’ont été le lendemain, vingt-trois le surlendemain, douze encore le jour d’après…

Nouvelles filières de passeurs

Le mode opératoire est presque toujours le même. Les migrants tentent le passage sur de gros canots pneumatiques à moteur, qui ne sont pas équipés pour la traversée des trente-trois kilomètres qui séparent Calais et Douvres. Beaucoup se lancent de nuit. Les risques sont énormes, au regard du très important trafic de ferrys. La police britannique compare cela « à traverser le [périphérique] à pied à l’heure de pointe ».

Matt Coaker, un pêcheur britannique, a vu pour la première fois un canot pneumatique avec quatre migrants en septembre. « Il y avait quatre personnes (…) à la dérive depuis un moment, qui n’avaient pas de moteur et juste quelques rames », témoigne-t-il à la BBC. « Ils voulaient désespérément un peu d’eau, un peu à manger, et juste atteindre la terre sèche. » Depuis, ce genre de rencontres s’est multiplié. « Ce n’est pas la norme, mais ça devient presque commun », poursuit-il.

Pour le ministère de l’intérieur, cette soudaine augmentation des traversées vient du travail « de gangs criminels organisés ». En novembre, la BBC avait envoyé un journaliste iranien, se faisant passer pour un migrant, dans les camps près de Calais et de Dunkerque. Un homme, affirmant être un ancien pêcheur iranien lui avait proposé un passage par bateau pour trois mille livres (3 327 euros).

3 327 euros pour un passage par bateau

Face à l’activité croissante de ces réseaux criminels, certains Britanniques suspectent les autorités françaises de les laisser faire. « Les passeurs agissent très ouvertement, estime Lucy Moreton, du syndicat des services d’immigration. Si c’est si évident pour les journalistes et les gens sur place, ça devrait être évident pour les autorités françaises aussi. »

« C’est faux, réplique Mme Parrot, de la préfecture maritime de la Manche. On a augmenté le nombre de patrouilles en mer dès novembre, y compris des patrouilles de nuit. » Place Beauvau, on précise que quarante-cinq réseaux de passeurs sont démantelés par an dans le nord de la France, et que les autorités sont « au début » de l’enquête sur ceux qui sont derrière la filière des bateaux.

Accusations mutuelles entre Londres et Paris

Ce jeu d’accusations mutuelles entre Londres et Paris est un classique de la gestion des migrants. L’approche du gouvernement britannique a toujours été la même : c’est aux Français de bloquer les migrants ; en échange, il contribue financièrement aux opérations nécessaires. Ces dernières années, les Britanniques ont versé 170 millions d’euros dans ce cadre.

Cette politique sécuritaire, en renforçant barrières et moyens de surveillance, a permis de réduire très fortement le nombre de passages via le port de Calais ou le tunnel sous la Manche. Mais cela pousse les migrants à chercher de nouvelles filières. Certains tentent de monter dans des camions dès la Belgique, par exemple. L’apparition de traversées par la Manche relève de la même logique.

Pour Steve Valdez-Symonds, d’Amnesty International, cette réponse des autorités françaises et britanniques est inadéquate. « Tant qu’il n’y a pas une réponse directe aux besoins des migrants, à savoir un endroit où ils peuvent demander l’asile pour le Royaume-Uni, les passeurs continueront à les exploiter. C’est aux Français de s’en occuper, mais en même temps, c’est trop facile pour le Royaume-Uni de regarder ailleurs. » Pendant ce temps-là, l’inquiétude des secours en mer est de bientôt retrouver des corps de migrants qui auraient péri lors d’une de ces traversées.

Eric Albert (Londres, correspondance)

Echo de La Lys // Pour Terre d’errance, il y a des tentatives de rendre ces personnes invisibles

http://www.lechodelalys.fr/8620/article/2018-12-27/pour-terre-d-errance-il-y-des-tentatives-de-rendre-ces-personnes-invisibles

Pour Terre d’Errance, il y a des «tentatives de rendre ces personnes invisibles»

Le campement de Norrent-Fontes a été détruit en septembre 2017, par décision du maire et du préfet. « Ceci alors que la justice avait empêché cette destruction à deux reprises, estimant qu’une telle action ne ferait qu’empirer les conditions de vie des habitants, pourtant déjà très précaires », relate Terre d’Errance. Qu’en est-il de la situation aujourd’hui de ces migrants dans le secteur ?

Les 85 personnes expulsées du campement de Norrent-Fontes ne voulaient pas demander l’asile en France et sont majoritairement revenues dans les environs dès la semaine suivante pour tenter le passage en Grande-Bretagne par le parking de l’aire de repos de Saint-Hilaire-Cottes, sur l’A26. Ces personnes se sont alors installées à Quernes sur un terrain dont les propriétaires, comprenant la situation, n’ont pas voulu porter plainte.

« À Quernes, ce sont les bénévoles qui remplissent des jerrycans d’eau pour les leur amener. »

 

Plus d’un an après, alors que l’on vient de célébrer les 70 ans de la Déclaration Universelle des Droits Humains et que le 18 décembre était la Journée internationale des migrants, voici ce qu’il en est au niveau local. À Quernes, la plupart des 85 personnes sont parties en Grande-Bretagne après des mois d’errance entre Paris, Quernes et la Belgique. La dizaine d’exilés qui reste (depuis plus de trois ans pour certains) essaie toujours de passer la frontière. « Les conditions de vie de ces hommes sont identiques au campement de Norrent-Fontes, hormis le fait que ce sont désormais les bénévoles qui remplissent des jerrycans d’eau pour les leur amener et qu’il n’y a plus de lieu pour les soins sur place. »

À Norrent-Fontes, d’autres personnes errent de nouveau dans la commune, depuis quelques mois déjà, tentant elles aussi le passage en Grande-Bretagne. « La mairie ayant grillagé le garage ouvert du presbytère, ces personnes n’ont aucun autre abri que l’église et les abribus du village. Elles n’ont pas la possibilité de préparer leurs repas et dépendent totalement des bénévoles de Terre d’Errance et de la solidarité des Norrent-Fontois. »

Même condition qu’il y a dix ans

Dans le Béthunois, à deux par chambre de l’hôtel Sunset de Fouquières-les-Béthune, les 40 personnes qui demandent asile et protection à la France risquent d’être renvoyées dans un autre pays « où elles n’ont aucune attache et d’où elles peuvent être expulsées dans leur pays d’origine, comme ce fut le cas pour Jahed, expulsé en Suède puis en Afghanistan. » Tout près de là, d’autres jeunes hommes qui veulent se rendre en Grande-Bretagne, expulsés il y a quelques mois du campement d’Angres, n’ont d’autre abri que des tentes de camping posées dans un bosquet « et pour l’instant le 115 (samu social) ne permet pas l’accès aux douches de l’accueil de jour. »

Selon Terre d’Errance, les conditions de vie des personnes migrantes dans le Norrent-Fontois sont les mêmes qu’il y a dix ans, c’est-à-dire bien pires qu’avant l’expulsion de septembre 2017. « Ces observations constituent une énième preuve que les destructions d’abris, qui se cachent hypocritement derrière les mots « évacuation sanitaire », ne sont rien d’autre que des tentatives de rendre ces personnes invisibles, inexistantes. Preuve aussi que les avis des tribunaux de Béthune (TGI) et de Douai (Cour d’Appel) étaient tout sauf fantaisistes. Quand est-ce que les autorités locales et préfectorales se décideront à regarder la réalité et à agir en conséquence, dans le respect des droits de toutes et tous ? », lance l’association qui continue, contre vents et marées, d’aider ces migrants et d’alerter sur leurs conditions.

Le Monde // L’Etat français accusé de mise en danger délibéré par plusieurs asso

https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/30/migrants-l-etat-francais-accuse-de-mise-en-danger-deliberee-par-plusieurs-associations_5403675_3224.html?fbclid=IwAR0fDNmURlgI2XZCndeWL4jW3KmnguPshl9GrWdqSy-eElDA1OIFAEql-0I

Quatorze associations dénoncent « la faillite de l’Etat » dans la
protection et la mise à l’abri des migrants, dans une tribune publiée
dimanche dans « Le JDD ».

« A ce jour, nous ne pouvons que constater la faillite de l’Etat dans
l’exercice de sa responsabilité de protection, de mise à l’abri et
d’accueil inconditionnel », écrivent quatorze associations dans une
lettre ouverte adressée au président de la République. Des membres d’une
ONG donnent à manger à des migrants kurdes à Grande-Synthe, le 11 avril
2017.

La charge à l’encontre d’Emmanuel Macron et de l’Etat français est
lourde. Celle-ci est à la hauteur de la colère exprimée par les
associations qui travaillent auprès des migrants. Médecins du monde, le
Secours catholique et douze autres associations accusent l’Etat français
de « mise en danger délibérée » des migrants, dans une tribune publiée
le 30 décembre par Le Journal du dimanche.

« A ce jour, nous ne pouvons que constater la faillite de l’Etat dans
l’exercice de sa responsabilité de protection, de mise à l’abri et
d’accueil inconditionnel », écrivent les associations dans une lettre
ouverte adressée au président de la République.
Lire aussi A Paris, la justice annule le permis de construire d’un
centre pour sans-abri dans le 16e

Que cela soit « à Paris, en Ile-de-France, mais aussi à Grande-Synthe,
sur le littoral nord, ailleurs », le sort des migrants « confine à une
mise en danger délibérée » critiquent les associations, qui exigent des
réponses « à la hauteur de la situation d’urgence ».
« Toujours plus de difficultés à se nourrir et à se soigner »

Au début de son mandat, le 27 juillet 2017, le chef de l’Etat avait
promis de ne plus avoir « d’ici la fin de l’année des hommes et des
femmes dans les rues, dans les bois ». « Un an après, des milliers de
personnes, femmes, hommes, enfants, familles, se partagent les
interstices des villes, s’abritent sous des échangeurs, sont échoués sur
les trottoirs de Paris et de son immédiate périphérie », souligne le
texte, avant de pointer « la réalité des personnes vivant à la rue parmi
les rats nous démontre à quel point cette politique est un échec ».
Article réservé à nos abonnés Lire aussi Migrants à la rue : « Ils sont
dans une errance infinie »

Dix-huit mois après l’engagement d’Emmanuel Macron de n’avoir plus
personne à la rue fin 2017, les quatorze associations appellent à un «
changement de cap » :

Monsieur le président, votre engagement (…) a été vite oublié par votre
gouvernement, votre majorité, vos services. Plus grave, par vous-même.

Les représentants de Médecins du monde France, du Secours
catholique-Caritas France, d’Emmaüs France, de la Ligue des droits de
l’homme et de divers collectifs et associations venant en aide aux
migrants déplorent également que les personnes à la rue « ont toujours
plus de difficultés à se nourrir, à se soigner, à trouver une
information fiable pour faire valoir leurs droits élémentaires ».
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