LE JOURNAL HORS LES JUNGLES
n°44 // 3 septembre 2020
La lettre d’info de la Plateforme des Soutiens aux Migrant.e.s
Réseau d’associations intervenant dans les camps d’exilé.e.s de passage
du Nord de la France et du littoral de la Manche
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Infos des lieux de vie
- A Grande-Synthe, même s’il est toujours compliqué de donner des chiffres, les associations estiment qu’il y a entre 400 et 500 personnes présentes, dont de nombreuses familles avec enfants. Il n’y a toujours aucun accès à des toilettes et douches, et l’accès à l’eau potable n’est possible qu’en un point unique, autour d’un dispositif complètement sous-dimensionné et inadapté par rapport aux besoins de ces personnes. Le 28 août, la députée européenne Anne-Sophie Pelletier venait rencontrer les associations agissant sur le terrain à Grande-Synthe, après être allée à Calais, et a pu ainsi être informée des multiples violations des droits fondamentaux qui y sont subies par les personnes exilées.
- A Calais, la politique de harcèlement des personnes s’est encore accentuée depuis la venue du ministre de l’intérieur le 12 juillet dernier. Comme l’explique ce communiqué inter-associatif du 14 août autour de la saisine de la Défenseure des droits et des Nations Unies, » les près de 1200 hommes, femmes et enfants sans-abris présent.e.s à Calais ont vu leurs conditions de vie profondément dégradées ces dernières semaines. En cause, les «évacuations » brutales de plusieurs gros campements ensuite grillagés (…) et la réduction dramatique des services vitaux que sont les distributions alimentaires, l’accès aux douches ou encore aux points d’eau qui les accompagne. » La frontière (plus exactement les politiques mises en place pour la faire exister) continue par ailleurs de tuer : le 19 août, c’est Abdulfatah Hamdallah, jeune homme soudanais, qui a perdu la vie. Un communiqué de presse associatif est à lire ici.
- A Bayonne, le centre Pausa accueille des personnes exilées, une pause pour elles après des milliers de kilomètres, et avant de repartir vers le nord de l’Europe. Depuis sa création fin 2018, Pausa (« la pause » en basque) a accueilli plus de 16 000 personnes. A lire ce reportage de Jacques Pons, France Bleu Pays Basque
- A Paris, évacués de leur campement du 11ème arrondissement le 4 août, 79 jeunes réfugiés sont au cœur de tensions entre la Ville et la préfecture. Lire l’article du Monde. A Paris toujours, plusieurs centaines d’hommes, principalement de jeunes afghans, se sont installés près du Stade de France depuis l’évacuation d’un camp à Aubervilliers. Les associations s’inquiètent de leurs conditions de vie. A lire à ce propos, l’article de Zidane Azzouzi paru dans Libération
- A Vintimille, la Croix Rouge plie bagage et les personnes exilées sont désignées à la vindicte. Des préfabriqués vides : c’est tout ce qu’il reste du camp de transit géré par la Croix-Rouge depuis quatre ans à Vintimille, le Calais italien, à quelques kilomètres de la frontière française et de Menton. Fermé aux nouveaux et nouvelles arrivantes pendant l’épidémie de coronavirus et le confinement, le camp n’a pas été autorisé à rouvrir. Des dizaines de personnes originaires de pays en crise campent désormais éparpillées dans Vintimille, sous des ponts, sur la plage, sur les berges du fleuve Roya, seul point d’eau accessible dans la chaleur de l’été. Ici l’article paru dans Le Point
Infos des assos
- Le Collectif des Associations Unies a adressé un courrier à plusieurs ministres au sujet des expulsions, incluant celles de Grande-Synthe et Calais : « Dans ce contexte de crise sanitaire et sociale inédit, le Collectif des Associations Unies qui regroupe 39 associations nationales participant à l’accès au logement et à l’hébergement des personnes les plus démunies, tient à vous alerter sur les expulsions locatives ainsi que sur les expulsions de campements, squats et bidonvilles. Alors que des instructions ont été données aux préfets le 2 juillet afin de conditionner les expulsions et les remises à la rue à une solution de relogement ou d’hébergement, aucune consigne n’a été communiquée pour protéger les populations vivant dans ces lieux de vie informels, dont la situation est très préoccupante ». La suite du courrier est à lire ici.
- Le site de la Maison Sésame est enfin prêt : » Il retrace toutes nos aventures depuis déjà plus d’un an. Vous pourrez y trouver une présentation de l’association, de la grande équipe Maison Sésame, de nos objectifs à moyen et long terme, et surtout de ses habitant.e.s accueilli.e.s, qui deviennent bien souvent accueillant.e.s dans cette belle et grande maison hospitalière. Venez le découvrir sans plus attendre sur le lien suivant !
- Le Refugee Women’s Centre recherche une coordinatrice plaidoyer. Vous êtes intéressée ? Pour en savoir plus, c’est ici !
Faire et dire, les personnes premières concernées
- Une famille kurde raconte l’enfer d’une traversée de la Manche. Avec ses enfants et son mari, Ropak vient de tenter de traverser la Manche à bord d’une embarcation de fortune. La famille avait payé 8 000 £ aux passeurs, mais le moteur a vite lâché et l’un des passagers est tombé par-dessus bord. Récit d’un naufrage et d’un exil commencé il y a plusieurs années, sur France Culture
- Poème d’Omar pour Abdulfatah Hamdallah, ce jeune homme soudanais âgé de 28 ans, mort alors qu’il tentait de rejoindre les côtes anglaises à bord d’une embarcation gonflable
*Farewell poem*
*BY 👋🏾👋🏾 BY*
~Friend of mine ~
*Stay well*
I became so far
*FROM you*
MY days have ended
*Remember me* The good time together we spent
together *In jungle*
Yes, This is the *life*
some times is *sad* and some times is *happy*
See you next *time* ( la suite , c’est ici)
- Amjad Abbas Abdallah, un ancien de la jungle. Après de nombreuses galères, la fuite de la Libye, son arrivée à Calais en 2014, les campements de fortune, l’envie de rallier l’Angleterre malgré le danger, il décide finalement de tout faire pour rester en France. Il obtient des papiers, suit une formation de soudeur et, six ans après avoir posé pour la première fois un pied à Calais, il crée aujourd’hui sa société et vient de terminer son atelier artisanal, « Les Ateliers de Tito », rue des Quatre-Coins. A lire ce portrait dans le journal Nord Littoral
Infos de la PSM
- Réservez dès à présents les dates des 10 et 11 octobre dans vos agendas ! Le samedi 10 octobre, nous vous invitons au Forum de la Plateforme des Soutiens aux Migrant.e.s, qui se tiendra toute la journée du samedi ! Le dimanche 11 octobre au matin, c’est l’Assemblée Générale de la PSM, à laquelle vous êtes chaleureusement invité.e.s. Ce sera à Calais, en présentiel si les conditions sanitaires le permettent ! Pour vous inscrire au Forum, c’est ici. Et pour l’assemblée générale, c’est ici !
Envie d’agir
- Action Bain Public. Le 8 août, des personnes solidaires se sont mobilisées à Calais pour dénoncer les restrictions d’eau et d’accès à l’hygiène pour les personnes exilées à la frontière anglaise. Les soutiens ont symboliquement pris une douche sur la place d’Armes en face du marché et ont affiché des pancartes pour interpeller les Calaisien.ne.s, leur proposant de venir à leur rencontre pour discuter et recueillir leurs impressions. Prochaine action : le samedi 26 septembre ! A noter dès à présent dans vos agendas. On vous confirme l’heure et le lieu de rendez-vous dès que possible !
- On marche vers l’Élysée ! À l’appel de 15 collectifs de sans-papiers, de la Marche des Solidarités, des États Généraux des Migrations et de plus de 120 organisations, des sans-papiers marcheront à partir du 19 septembre des quatre coins du pays pour atteindre Paris en une grande manifestation le samedi 17 octobre. Retrouvez ici l’appel de La Cimade à marcher pour la régularisation des personnes sans-papiers, la fermeture des centres de rétention et l’accès au logement pour toutes et tous.
Belles échappées
- « Les chemins de la haine » : dans ce roman noir la romancière anglaise Eva Dolan nous dépeint des personnes venues d’Europe de l’Est ou d’Asie, qui se sont fait un trou Outre-Manche, souvent minuscule et bien caché. Un toit, un petit boulot, juste de quoi vivoter. Elle nous fait découvrir avec un réalisme quasi-documentaire une terrible filière esclavagiste.
En quête de droit(s) – Outils et infos juridiques
- Mode d’emploi en cas d’arrestations en Belgique 11/08/2020. Des flyers en plusieurs langues (Fr, Engl, Amharique, Tigrynia, Arabe, Dari – Farsi et Pashto , Oromo) informent les personnes arrêtées et incarcérés dans les centres fermés ou en prisons en Belgique dans les mois à venir. A diffuser, imprimer, distribuer aux endroits stratégiques, photographier, sur le site « Getting the voice out »
- Un rapport sur les refoulements illégaux et la violence aux frontières . Région des Balkans. Le Réseau de surveillance de la violence aux frontières* (Border Violence Monitoring Network) a publié 20 cas de refoulement illégal au cours du mois de juin 2020, documentant l’expérience de 351 personnes dont les droits ont été violés à la frontière extérieure de l’Union européenne. A lire sur la Plateforme d’information sur l’asile
- Le Royaume Uni se précipite pour expulser par vols charters les personnes qui traversent la Manche. Menées à la hâte par un Home Office en panique, ces déportations massives ont été particulièrement brutales, et ont pu impliquer de graves irrégularités juridiques. A lire ce rapport collaboratif très complet publié par Calais Migrants Solidarity en français et en anglais
- Asile : la France pourrait moins protéger les Afghans : La Cour nationale du droit d’asile veut revoir sa jurisprudence. Les associations redoutent une moindre protection des Afghans, premiers demandeurs d’asile en France. A lire l’article de Julia Pascual dans Le Monde
Pour comprendre / pour cogiter
- Hausse du nombre de migrants traversant la Manche : Londres accuse Paris. Les traversées de la Manche se multiplient via des embarcations de fortune. En juillet 2020, près de 1 000 personnes seraient parvenues à accoster sur les côtes anglaises. A écouter ce reportage de France Info. Les autorités britanniques, qui coopèrent étroitement avec leurs homologues français, demandent un renforcement des contrôles pour arrêter les départs en bateau. Lire l’article de Eric Albert paru dans Le Monde
- Réfugiés syriens : l’impossible retour. Une étude révèle que si les trois quarts des réfugié.e.s syrien.ne.s souhaitent rentrer dans leur pays, la plupart considère que les conditions d’un retour sûr ne sont pas remplies. Leurs priorités : la réforme du système sécuritaire et un changement de régime. Lire l’article de Léa Masseguin paru dans Libération
- Qui doit sauver les migrants en Méditerranée ? Les États côtiers – Italie, Libye, Malte, Tunisie – se renvoient la balle sur les responsabilités légales en matière d’opérations de sauvetage. Les États et l’Union européenne sont-ils en train de déroger à leurs obligations ? Un consensus sur une réforme majeure de la politique migratoire européenne parviendra-t-elle à émerger d’ici la fin de l’année comme l’espère la Commission européenne ? Débat à écouter sur France Culture.
- Tunisien.ne.s et Algérien.ne.s constituent les deux premières nationalités de personnes qui arrivent par la Méditerranée en Europe. Près de dix ans après leur révolution, les Tunisien.ne.s ne croiraient plus à une embellie sociale dans leur pays. Et les Algérien.ne.s déchanteraient, après les espérances du Hirak. A lire ce reportage paru dans le journal La Croix.
Plateforme des Soutiens aux Migrant.e.s
archives.psmigrants.org
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