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Migrants à Saint Denis

Campement

Migrants à Saint-Denis : «Avec le bruit de l’autoroute, on n’arrive jamais à dormir»

Par Zidane Azzouzi

Plusieurs centaines d’hommes, principalement de jeunes Afghans, se sont installés près du Stade de France depuis l’évacuation d’un camp à Aubervilliers. Les associations s’inquiètent de leurs conditions de vie.

Ils sont entre 300 et 400 à avoir trouvé refuge sous le pont de l’autoroute A1 à Saint-Denis. Un nouveau campement de migrants s’est installé au début du mois près du Stade de France, au nord de Paris, quelques jours seulement après l’évacuation d’un camp près du canal Saint-Denis, à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). Selon les associations, un bon nombre d’entre eux y campaient auparavant et ont raté l’évacuation, le 29 juillet.

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C’est le cas d’Ahmed, Afghan de 29 ans : «Ce matin-là, je me rendais à l’assurance maladie pour faire une demande d’aide médicale. A mon retour, il n’y avait plus rien. Il restait seulement la police», explique le jeune homme, qui laissé sa femme et ses deux enfants en Afghanistan. Avec quatre amis, il s’est alors déplacé de quelques kilomètres pour installer sa tente près de cet accès à l’autoroute. En France depuis deux ans, Ahmed décrit sa situation actuelle comme «invivable» : «Ici c’est très sale et avec le bruit de l’autoroute, on n’arrive jamais à dormir.»

De petites tentes partagées par plusieurs personnes

Les associations présentes sur place s’inquiètent les conditions de vie précaires de ceux qui ont trouvé refuge à cet endroit. Il s’agit principalement d’hommes afghans entre 18 et 30 ans, selon Maël De Marcellus, coordinateur de l’antenne parisienne de l’association Utopia 56. «De jour en jour, le campement ne cesse de s’accroître et de nouveaux arrivants s’installent», explique-t-il. Les petites tentes de camping alignées occupent en effet de plus en plus d’espace. Souvent, elles sont partagées par plusieurs personnes. Utopia 56 se rend quotidiennement sur place pour aider les exilés dans leurs démarches de demandes d’asile. «On fait aussi de la distribution de produits d’hygiène et de vêtements», détaille Maël De Marcellus.

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Selon l’association Utopia 56, la police, omniprésente sur les lieux, aurait tenté à plusieurs reprises de disperser les exilés. Une vidéo diffusée le 16 août les montre recevoir des jets de gaz lacrymogènes. «C’est assez inacceptable, car ces réfugiés n’ont pas d’autre choix», dénonce Maël De Marcellus. Une stratégie de mise sous tension également pointée par France Terre d’asile :  «L’emploi de la police me parait inadapté, cela ne réglera rien», estime Pierre Henry, directeur général de l’association.

«On va mourir dans la rue»

Les associatifs mobilisés dénoncent le cycle ininterrompu des évacuations et réinstallations, qui se répètent sans que soit trouvé de solution pérenne : «Cette situation est aussi absurde qu’indigne», résume Pierre Henry. «Faire passer les gens par la rue, c’est l’apprentissage de la folie et de la violence, c’est insupportable», souligne-t-il.

«Il faut un vrai dispositif d’accueil», réclame Maël De Marcellus, d’Utopia 56, qui se dit «inquiet» pour ces réfugiés selon lui «en danger». Arian, également installé depuis quelques jours près de l’A1, souhaiterait, comme Ahmed, être relogé rapidement. «On veut tous un toit sous lequel dormir en sécurité», espère l’Afghan de 33 ans. «On est épuisés… Aidez-nous, on va mourir dans la rue», alerte-t-il.

Contactée par Libération, la ville de Saint-Denis se dit préoccupée par «les conditions de vie très dégradées et précaires» des migrants et «par la localisation très dangereuse de ce campement en bordure d’une bretelle d’autoroute». «Nous mettons en place avec les associations humanitaires des livraisons de packs d’eau et les acteurs de l’aide alimentaire d’urgence interviennent également», précise le service presse de la commune, qui souligne que la ville n’est pas propriétaire du terrain. La municipalité dit avoir alerté le préfet «sur la situation de l’ensemble des occupations illégales» sur son territoire et avoir demandé une «mise à l’abri» des exilés. Une réunion devrait avoir lieu prochainement avec les services de la préfecture.

Zidane Azzouzi

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