la Préfecture de police de Paris évacue le vaste campement de migrants d’Aubervilliers le 29 juillet

« Mon pays est en guerre, je n’ai pas le choix d’être là » : la Préfecture de police de Paris évacue le vaste campement de migrants d’Aubervilliers

L’opération d’évacuation des migrants, orientés vers différents centres d’hébergement et gymnases d’Ile-de-France, s’est terminée mercredi, peu après 11 heures.

Publié le 29 juillet 2020 à 06h53 – Mis à jour le 29 juillet 2020 à 12h44

 

Durant l’évacuation d’un campement où habitaient des migrants à Aubervilliers, dans le nord de Paris, le 29 juillet.

Les forces de l’ordre ont évacué, mercredi 29 juillet au matin, le vaste campement de migrants situé au bord du canal de Saint-Denis à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) où plus de 1 500 personnes s’étaient progressivement installées ces dernières semaines, a constaté une journaliste de l’Agence France-Presse (AFP).

L’opération d’évacuation des migrants, qui doivent être orientés vers différents centres d’hébergement et gymnases d’Ile-de-France, a débuté peu après 6 heures, pour se terminer vers 11 heures, selon l’AFP. Le campement de fortune, où plus de 800 tentes étaient installées, était majoritairement constitué d’hommes seuls, originaires de la Corne de l’Afrique ou d’Afghanistan. Beaucoup sont auparavant passés par d’autres campements à Paris, successivement démantelés, mais qui se recréent un peu plus loin, en banlieue nord. La préfecture notamment a invoqué le risque sanitaire pour justifier l’évacuation. 

Les campements se recréent en banlieue nord

« Cette opération est la suite logique de toutes celles que nous avons conduites déjà depuis plusieurs mois », a déclaré à la presse Didier Lallement, le préfet de police de Paris, présent. « Je souhaitais évacuer les campements qui étaient en périphérie de Paris et faire en sorte que sur l’ensemble du secteur de la police de Paris et des trois départements limitrophes, [les migrants] ne se regroupent pas dans des camps », a-t-il ajouté.

Les forces de l’ordre évacuent le campement de migrants à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), le 29 juillet.

La confusion a régné en début de matinée, a constaté une journaliste de l’AFP, ce qui provoqué des mouvements de foule et obligé la police à filtrer les sorties du campement. « Les gens sont épuisés, pour certains c’est la dixième évacuation, ils savent qu’ils vont se retrouver dans des gymnases, et la moitié va se retrouver dès ce soir à la rue », regrette auprès de l’AFP Silvana Gaeta, du collectif Solidarité Migrants Wilson.

« Ils poussent les migrants hors de Paris et, surtout, hors de la vue des gens, bien cachés, comme cela les gens pensent que tout se passe bien et que les migrants sont bien hébergés et bien pris en charge. Ce qui est faux », évoque la bénévole, qui effectuait des distributions de repas sur le campement.

 

« Sentiment de déjà-vu »

Pour Alalisad, l’évacuation « est incompréhensible ». Ce Somalien de 32 ans en est à sa cinquième expulsion, en cinq années en France. « Je ne comprends pas, ils viennent nous chercher, nous mettent dans des hôtels pendant trois mois et puis après on revient dans la rue. Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement français gaspille autant d’argent en nous mettant dans des hôtels au lieu de nous donner un hébergement sur le long terme », a-t-il déclaré à l’AFP, lui qui ne porte pour bagage qu’un sac à dos.

Les associations d’aide aux migrants vivent cette évacuation comme « un sentiment de déjà-vu. Il y a de l’usure, du désespoir, presque cinq ans que cette situation dure. Ce film, on l’a déjà vu. L’Etat est incapable d’accueillir dignement », a aussi dénoncé Louis Barda, coordinateur général de Médecins du monde à Paris.

La nouvelle maire d’Aubervilliers, Karine Franclet (UDI), qui avait écrit au préfet de Seine-Saint-Denis pour réclamer l’évacuation du campement, s’est dite satisfaite de son démantèlement, tout en concédant que « la solution n’est pas pérenne. C’est une problématique qu’il faut régler à l’échelle nationale, mais là il y avait une urgence sanitaire à laquelle il fallait répondre », a-t-elle déclaré à l’AFP.

Après avoir longuement hésité, Ismaël Fatah s’est résolu à laisser sa tente au bord du canal et attend patiemment d’embarquer dans un bus. « C’est la quatrième fois que je suis dans un camp, la vie est difficile en France, je ne m’attendais pas à cet accueil. Mon pays est en guerre, je n’ai pas le choix d’être là », explique ce jeune père de famille de 29 ans, originaire du Soudan et dont le fils est né en France.

Le Monde

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