Lettre du Président de Flandres Terre Solidaire

Bonjour à chacun de vous,

Tout d’abord je voudrais vous remercier de votre fidélité, de votre soutient tant amical que financier, sans vous nous ne pourrions pas mener à bien nos actions envers les réfugiés.

– Je voudrai aborder plusieurs points avec vous que nous avons partagé lors de notre dernière réunion du CA, il nous semblait important de faire un point sur la situation actuelle des migrants, des besoins, des actions menées et à venir.

Premier point:

-Tout d’abord la situation des migrants à Calais est très difficile dans un contexte de harcèlement continuel, destruction des campements,tentes détruites , affaires personnelles jetées et parfois non récupérées par nos amis, heureusement que les bénévoles de Salam,et de l’Auberge des migrants, veillent et aident concrètement . Les migrants ne comprennent pas pourquoi l’Etat français donne à manger dans les food trucks mis en place dernièrement et en même temps détruit leur « lieu de vie » (si l’on peut nommer cela en tant que tel). Ils sont nombreux sur le Calaisis au minimum 500 .Des membres de FTS vont toutes les semaines aux maraudes avec Salam Calais qui est bien organisé, ( petits déjeuners et préparation de la soupe pour le soir)Ainsi que l’Auberge des migrants aussi sur le terrain.

Deuxième point:

-Ensuite la situation sur Grande-Synthe, une équipe Salam Dunkerque organisée, qui prépare dans une petite cuisine les repas,400 à 500 repas à chaque fois, récup des denrées à Emmaüs à Grande Synthe et ailleurs, beaucoup de jeunes, des familles avec des enfants en bas âges (comment les autorités ne prennent elles pas en compte ,qu’une famille, femme, (parfois avec des bébés) enfants, homme traversent ,désert, méditerranée, montagne et j’en passe au péril de leur vie arrive chez nous dans des conditions sanitaires difficiles et ne sont pas hébergés comme il se doit ?). Samedi pas mal de familles dormaient dehors. Comment ne pas être révolté face à des situations aussi scandaleuses. Il y aurait entre 500/600 migrants sur le secteur. Depuis il y a eu des évacuations des personnes de la salle de sport vers des centres d’hébergements, mais le plus plus scandaleux c’est la destruction des tentes pendant ce transfert, comment peut-on faire cela ?, comment????? J’ai eu une des responsables de Salam, qui me répondait suite à ma question quel aide avez vous besoin ? ils ont besoin de nous de notre soutient humain et matériel , mais surtout humain. Il y aura toujours du travail à faire, et si nous pouvons les soulager un peu tout en s’organisant avec eux.

Troisième point:

Nous arrivons à grand pas dans la période des vacances d’été, et c’est toujours un grand souci de trouver des aides pour remplacer les bénévoles qui partent en congés . Pour Grande Synthe nous allons actuellement tous les quinze jours , durant l’été ce sera toute les semaines en fonction de nos dispos, c’est pourquoi je fais un appel général pour aider soit en semaine sur Calais, ou le samedi à Grande Synthe (où quand vous le pouvez) . Un calendrier sera mis en place, par le biais de la messagerie de FTS et le Doodle, afin de ne pas les envahir , mais d’être une aide EFFICACE et ORGANISÉE.

Quatrième point:

– Il y a les différentes actions régulières, comme le tri régulier chez Pierre Marie, des dons de vêtements venants de différents lieux, rangement ,pliage, puis livré à Grande Synthe ou chez le Père Arthur ou ailleurs. L’achat de contenants alimentaires pour les différentes distributions de maraudes, régulièrement pour aider, et la gestion de la messagerie et du blog , le lien entre CI SOL, l’épicerie Solidaire, et autres associations ,collectifs et toutes les actions faites que nous ne connaissons pas, mais qui sont d’une aide très précieuse pour aider ces femmes, ces enfants, ces hommes qui ont besoin d’humanité.

Cinquième point:

– Le vestiaire à Bailleul à l’EPSM , gérer par des membres FTS et CI SOL (collectif créé il y a presque 1 an), pour les migrants se trouvant au CEAES (ancien Formule 1 ) 85 personnes dont 34 enfants…….. et géré par Adoma (anciennement Sonacotra, entreprise privée……) 2 éducateurs qui font ce qu’ils peuvent et une directrice répartie sur plusieurs sites. gestion difficile….!!!!!!A ce jour 40 personnes doivent quitter le centre car n’étant pas demandeur d’asile ils doivent partir, dans ce groupe une famille de 7 personnes. Seul les demandeurs d’asile peuvent rester. D’autres arriveront, peut être de Grande Synthe, là où il y a quelque jours il y a eu le démantèlement du gymnase, et ceux qui partiront de Bailleul se retrouveront à Grande Synthe ou Calais, allez comprendre ce genre de processus…….. et reviendront dans quelques semaines peut être.

Sixième point:

– Vous êtes sûrement au courant de la Marche Citoyenne qui à lieu actuellement , Elle est partie de la Roya et passera par Lille, Steenwerck le 3 juillet ,et Hazebrouck le 4 Juillet,nous voudrions que les marcheurs soient bien accueillis voici le lien ou se trouve toutes les infos(

La Marche Citoyenne

C’est l’association US canette partenaire depuis plusieurs années avec nous qui accueilleront la Marche à Steenwerck , nous serons présents pour les épauler et profiter de nous rencontrer pour envisager ensemble des actions futures. Cette rencontre se fera sur un terrain privé . Je vous invite à venir le 3 juillet (heure à définir ) à cette rencontre avec les marcheurs et encourager nos jeunes amis qui font tout leur possible pour que cette rencontre se fasse dans les meilleurs conditions. Nous avons mis en relation les US canettes et le Cercle du Silence d’Hazebrouck afin de mutualiser les énergies. Je vous invite aussi à venir le 4 juillet si vous pouvez à Hazebrouck soutenir et rencontrer les personnes qui aident les migrants sur Steenwoorde .

Conclusion:

La situation des migrants, des réfugiés reste plus que préoccupante, le flot d’arrivée est intarissable tant la situation des pays d’origine des migrants est catastrophique, les médias n’en parlent presque plus, il est plus intéressant de parler de paillettes, d’héritage, de futilités que de parler des vraies informations ou bien à 23:30 quand tout le monde est au lit, le délit de Solidarité on ne sait pas trop où il se situe,les députés en parlent, réfléchissent!!!!!!!!!! pendant ce temps d’autres sur le terrain agissent……..

Nous sommes retournés 10 ans en arrière , un retour vers le futur (titre d’un film paru dans les années 90/2000 en 3 épisodes). En tout cas les volontés , les volontaires , les bénévoles, les personnes de bonnes volontés, il y en a plus que l’on croit ,les aides de toutes sortes, les dons, tout cela ne faiblit pas, mais l’aide humaine est primordiale. Un exemple: sans la détermination, la pugnacité, de Jean Claude Lenoir Président de Salam,le jeune Érythréen blessé aux vertèbres cervicales et paralysé

complètement, a été admis au centre de rééducation à Berck et quotidiennement des bénévoles emmènent des érythréens le voir pour lui tenir compagnie. Continuons le combat, un combat que je nomme humanité ,sans relâche à la mesure des disponibilités et des forces de chacun. Je reste ainsi que les membres du CA à votre disposition pour toutes questions. Car nous travaillons toujours en collégialité pour toutes décisions concernant nos actions et notre fonctionnement.Flandre Terre Solidaire s’est toujours adaptés en fonction des circonstances, des événements, Notre Association depuis toujours c’est d’Agir, Rencontrer , Soutenir. Consultez régulièrement notre blog flandreterresolida.skyrock.com Sur ces derniers mots je vous remercie d’avoir pris le temps de me lire et vous redit mon amitié.

Bien à vous .

Patrick Freyss

président de Flandre Terre Solidaire .

Manifeste des Assemblées Locales réunies pour la 1ère session plénière des États Généraux des Migrations

États généraux des Migrations

États Généraux des Migrations : déclaration historique pour une politique migratoire alternative

La première assemblée plénière des États Généraux des Migrations s’est tenue les 26-27 mai à Montreuil. Les centaines de participant.e.s ont adopté une déclaration inédite, fruit de la consultation de dizaines de milliers de citoyens, afin de proposer « un socle commun pour une politique migratoire respectueuse des droits fondamentaux et de la dignité des personnes ».

Plus de 500 personnes, représentant les quelques 106 assemblées locales présentes dans 76 départements, ont assisté deux jours durant à la première session nationale des États Généraux des Migrations qui se tenait dans la grande salle des fêtes de la mairie de Montreuil.

Cette rencontre est l’aboutissement d’un processus de concertation citoyenne ayant réuni environ 10 000 personnes, citoyen.ne.s français.e.s et exilé.e.s, lancé en novembre 2017 par 450 associations et collectifs citoyens de solidarité avec les personnes étrangères, lassés de ne pas être entendus par les pouvoirs publics dans la définition de la politique migratoire. Huit mois durant, ces assemblées locales ont travaillé afin de rédiger des cahiers de doléances visant à lister les situations inacceptables, ainsi qu’à collecter des propositions pour un accueil digne des personnes étrangères.

Ces propositions ont servi de base à une déclaration historique, le « Manifeste des Assemblées locales des États Généraux des Migrations pour une politique migratoire respectueuse des droits fondamentaux et de la dignité des personnes », débattue et adoptée durant cette première assemblée plénière. Ce manifeste comporte une quarantaine de propositions concrètes, véritable socle politique pour répondre à la « crise des politiques migratoires ». Dans son préambule, le manifeste rappelle « la situation humanitaire déplorable dans laquelle sont laissées nombre de personnes étrangères sur le territoire français ou à ses frontières » et les nombreuses condamnations de la France pour ses « entorses au droit international et aux conventions internationales ratifiées ». Le manifeste proclame notamment « un respect du droit d’asile effectif, qui ne soit plus prétexte à une logique de tri » et « une égalité des droits entre Français· e·s et étranger·ère·s présent·e·s sur le territoire ». Le règlement Dublin, la rétention des étrangers, et les expulsions sont aussi dénoncés.

Cette assemblée plénière marque la première grande réussite des États Généraux des Migrations, processus qui ne cesse de s’élargir et regroupe aujourd’hui plus de 1 600 organisations locales et nationales. Les participant.e.s ont décidé de poursuivre ce processus collectif pour résister aux discours xénophobes qui gangrènent la politique française et alimentent le racisme. Mais également pour aller plus loin dans la construction d’une politique migratoire alternative et créer un mouvement d’opinion. Toutes ces associations et collectifs sont aussi mobilisés pour dénoncer le projet de loi Asile et Immigration qui sera prochainement débattu au Sénat, loi qui constitue l’antithèse répressive et dégradante du Manifeste des États Généraux des Migrations.

Lien vers le texte du Manifeste : https://eg-migrations.org/Manifeste-des-Assemblees-Locales-reunies-pour-la-1ere-session-pleniere-des

Le 28 mai 2018

Manifeste des Assemblées Locales réunies pour la 1ère session plénière des États Généraux des Migrations [1]
Socle commun pour une politique migratoire respectueuse des droits fondamentaux et de la dignité des personnes

Considérant :

  • la situation humanitaire déplorable dans laquelle sont laissées nombre de personnes étrangères sur le territoire français ou à ses frontières, privées de la satisfaction de leurs besoins fondamentaux ;
  • les difficultés rencontrées par les personnes étrangères pour faire reconnaître la légitimité de leurs parcours, leurs compétences et leurs droits ;
  • les conséquences désastreuses de politiques principalement répressives, fondées sur une application « minimaliste » du droit d’asile, les conditions drastiques pour la délivrance de titres de séjour, la criminalisation de l’entrée irrégulière sur le territoire, la traque, la rétention et l’expulsion de personnes dont la seule faute est de ne pas disposer des bons papiers au bon moment ;
  • les coûts humains et financiers exorbitants de ces politiques, que ne justifient ni la dangerosité fantasmée des personnes étrangères, ni les résultats attendus de la prétendue « fermeture des frontières », toujours démentie par les faits ;
  • les entorses au droit international et aux conventions internationales ratifiées par la France, et les condamnations qui ont été prononcées à son encontre par des juridictions européennes ou internationales ;
  • la militarisation croissante des frontières, la création de régimes d’exception dans les zones frontalières ainsi que dans certains territoires ultra-marins, et leurs conséquences meurtrières ;
  • l’absence de concertation avec les personnes étrangères et les acteurs de la société civile ainsi que l’absence d’évaluation des politiques mises en œuvre depuis des décennies ;
  • la mise en concurrence, à travers les discours et les décisions des pouvoirs publics, des personnes subissant toutes formes de précarité, étrangères ou non ;
  • la juste indignation, la mobilisation et la solidarité dont témoignent un nombre croissant de citoyen·ne·s partout sur le territoire ;
  • la remise en cause quasi systématique de la présomption de minorité, les lacunes de la prise en charge par l’ASE, la maltraitance et l’enfermement des mineur·e·s ;

Nous, citoyen·ne·s français·e·s et étranger·ère·s résidant en France, associations, collectifs et syndicats engagés à l’échelon local, national et international pour la défense des droits des personnes étrangères au sein des États Généraux des Migrations,

  • sommes réuni-e-s au sein de 106 assemblées locales en France métropolitaine et d’outre-mer pour poser, dans la déclaration qui suit, les bases d’un renversement du discours dominant sur la question des migrations ;
  • inscrivons la déclaration qui suit dans la continuité de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme ainsi que de tous les engagements internationaux de la France en matière de respect des droits des personnes ;
  • affirmons qu’il n’y a pas de « crise migratoire » mais une « crise des politiques migratoires » ;
  • appelons toutes et tous à nous rejoindre pour promouvoir une politique migratoire fondée sur les droits fondamentaux et régie par les principes suivants :

1. Un accueil digne des nouveaux arrivants

1-1 Création de dispositifs publics de premier accueil, à dimension humaine, répartis sur l’ensemble du territoire, où pourraient se rendre librement les personnes étrangères à leur arrivée sur le territoire ;

Principes de ces dispositifs :

1-2 Accueil inconditionnel ;

1-3 Prise en charge adaptée des personnes les plus vulnérables ;

1-4 Hébergement, obligation de mise à l’abri immédiate et prise en charge des moyens de subsistance ;

1-5 Information sur les possibilités offertes sur le territoire, sur les droits, sur les démarches à entreprendre, en tenant compte des projets de chacun·e.

2. Un respect du droit d’asile effectif, qui ne soit plus prétexte à une logique de tri

2-1 Nécessité de rendre effectif le droit des personnes menacées de persécution à une protection internationale, passant en particulier par :

2-2 L’arrêt des renvois des personnes vers le pays d’entrée dans l’Union Européenne ;

2-3 La suppression des procédures accélérées ;

2-4 L’abandon de la notion de pays d’origine sûrs ;

2-5 L’élargissement des critères ouvrant droit au statut de réfugié pour prendre en compte les causes très variées d’exil forcé ;

2-6 Le rejet de toute mesure qui prive les réfugié·e·s potentiel·le·s d’un examen équitable de leur demande et de possibilités effectives de contester un refus de l’Ofpra.

2-7 Le droit d’asile ne doit jamais être utilisé comme prétexte pour organiser une logique de tri, qui fait la distinction entre les personnes étrangères qui auraient « vocation à » venir s’installer en France et les autres, qualifiées de « migrants économiques » et considérées comme indésirables.

3. Vers une égalité des droits entre Français·e·s et étranger·ère·s présent·e·s sur le territoire

3-1 Respect effectif des droits fondamentaux, des textes internationaux ratifiés par la France via les mesures suivantes :

3-2 Respect du droit des mineur·e·s isolé·e·s aux dispositifs de la protection de l’enfance, sur la base de la présomption de minorité ; prise en compte de l’attention primordiale qui doit être accordée à l’intérêt supérieur de l’enfant, seul ou accompagné, dans toutes les décisions le concernant ;

3-3 Suppression des tests osseux pratiqués dans de la cadre de l’évaluation de la minorité pour déterminer si un.e jeune relève de la protection de l’enfance ;

3-4 Fin des contrôles au faciès ;

3-5 Fin de toutes les formes d’enfermement et d’assignation à résidence pour entrée ou séjour irréguliers ;

3-6 Droit à la régularisation pour les personnes résidant en France ;

3-7 Autorisation de travail pour toutes les personnes titulaires d’un titre autorisant au séjour (carte de séjour, attestation de demandeur d’asile, récépissé), et accordée dès la signature d’un contrat de travail et/ou le constat d’une relation de travail ;

3-8 Annulation des conditions spécifiques aux personnes de nationalité étrangère pour l’exercice d’un emploi ou la création d’une activité économique ;

3-9 Accès à la formation (apprentissage de la langue, scolarisation des enfants, études, formation professionnelle) ;

3-10 Élargissement de la reconnaissance de diplômes équivalents ;

3-11 Suppression des conditions limitant le droit au regroupement familial ;

3-12 Levée des barrières pour un accès, effectif et inconditionnel aux soins de santé (somatique et mentale) adossé sur le droit commun ;

3-13 Respect du principe d’égalité devant les services publics à tous les niveaux. Accès inconditionnel à un service d’interprétariat ;

4. Une reconnaissance des initiatives citoyennes dans l’accueil et le soutien aux personnes étrangères

4-1 Suppression effective du « délit de solidarité » et de toute mesure d’intimidation à l’encontre des personnes qui aident des étranger·ère·s de façon inconditionnelle et sans but lucratif ;

4-2 Reconnaissance et valorisation des initiatives solidaires comme des actions d’intérêt général ;

4-3 Reconnaissance et valorisation par les pouvoirs publics des manifestations de solidarité émanant de citoyen·ne·s ou de collectivités.

5. Modification des règles concernant l’accès au territoire français et des politiques européennes et internationales

Dans un souci de cohérence avec ce qui précède, il importe de réviser les règles d’accès au territoire français, fondées elles aussi sur une logique de tri, et de promouvoir ce changement au sein des instances européennes.

5-1 Abandon du règlement Dublin, droit des personnes étrangères au libre choix de leur pays de destination ;

5-2 Liberté d’entrée, de circulation et d’installation dans l’espace européen pour les personnes étrangères à l’Union européenne ;

5-3 Fin des mesures d’exception dans les espaces frontaliers de la métropole ainsi que dans les Collectivités et Territoires d’Outre-mer ;

5-4 Arrêt des politiques d’externalisation, de l’approche dite « hotspots » et de la multiplication de centres de tri sur les routes des migrant·e·s ;

5-5 Fin des expulsions, des bannissements, notamment par le biais d’IRTF (Interdiction de Retour sur le Territoire Français).

6. Conditions de réalisation et de mise en œuvre d’une telle politique alternative

6-1 Fin de la logique de discrimination et de suspicion généralisée envers les personnes étrangères, qui conduit à des drames, des violences, des souffrances, des humiliations et du harcèlement ;

6-2 Transfert des budgets engagés dans l’actuelle politique sécuritaire et répressive aux différents dispositifs d’accueil et d’accompagnement ;

6-3 Changement de gouvernance : la politique migratoire ne doit plus être confiée au seul ministère de l’Intérieur. Privilégier une approche interministérielle fondée sur le droit commun ;

6-4 Formation des personnels administratifs, fonctionnaires et travailleurs sociaux à la compréhension des questions migratoires, à l’interculturalité et à la logique de bienveillance ;

6-5 Fin de l’impunité des élu·e·s et représentant·e·s de l’État en cas de violations des droits imprescriptibles des personnes étrangères : systématisation des enquêtes des organisations de la société civile et pouvant être ordonnées par les tribunaux afin que soient sanctionnées les personnes responsables de ces manquements à leur mission, et protection des agents qui dénoncent ces violations ;

6-6 Mise en place de cadres de concertation et de coopération entre la société civile et les autorités (sans que cela conduise à pallier les carences de l’État) ;

6-7 Évaluation transparente et menée par des autorités indépendantes des politiques migratoires, avec un mécanisme qui engage les pouvoirs publics à tenir compte des recommandations.

[1Réuni.e.s pour une premières session plénière, 500 participant.e.s ont adopté ce premier texte, 8 mois après le lancement du processus des Etats Généraux des Migrations (106 assemblées locales, sur 76 départements, dont 3 ultra-marins).

GISTI sur l’expulsion des campements d’exilé.e.s à Paris

Communiqué

Évacuer dans le respect du droit : une imposture

Le ministère de l’intérieur informe avoir convoqué le préfet de Paris et celui d’Île-de-France pour « concevoir » l’évacuation « à bref délai » des campements d’exilés à Paris. Dans son communiqué du 23 mai, il prétend agir « face à l’ampleur » des camps, et vouloir « concili[er] les exigences de la mise à l’abri et de l’application du droit des étrangers ». D’après le ministre, évacuer les 2 300 personnes qui vivent dans des tentes sur les bords des canaux parisiens, c’est « remédier aux enjeux humanitaires qui ne sont plus supportables pour les Parisiens ».

Comment soutenir, une fois de plus, qu’évacuer des campements peut se faire dans le respect du droit – du droit à l’hébergement d’urgence et du droit des étrangers en général ? Si le ministre de l’intérieur connaissait vraiment les dossiers de son ressort, il n’ignorerait pas que la violation de ces droits – qu’il prétend vouloir préserver – a été sciemment orchestrée par les gouvernants successifs depuis près de vingt ans. Le droit à l’hébergement d’urgence, qui ne concerne pas que les personnes étrangères, est bafoué partout en France. S’agissant des personnes en demande d’asile, ce sont des dizaines de milliers de places qui manquent depuis des années pour les héberger, des milliers de places d’hébergement insalubres qui leur sont proposées, seulement pour quelques jours, avant qu’ils et elles soient contraint⋅e⋅s de regagner une tente ou un abri sous un porche. Aucune solution pérenne, même de premier accueil, n’a réussi à être « conçue » depuis 20 ans. En réalité, c’est la mise à la rue des étrangers qui parviennent jusqu’ici qui est organisée par l’État, en violation du droit.

Toujours en violation manifeste du droit, les exilé⋅e⋅s qui veulent demander l’asile n’ont même plus accès à la procédure ; partout en France, ils et elles font des queues littéralement interminables devant les préfectures ou passent des heures au téléphone ou devant un ordinateur dans l’espoir d’un rendez-vous hypothétique à l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii), première étape pour déposer leur demande. En attendant, ils et elles sont et restent des « migrants économiques » irréguliers, destinés à se retrouver en rétention lors de l’évacuation « légale » d’un campement. Ceux et celles dont les empreintes ont déjà été relevées ailleurs en Europe sont exclu⋅e⋅s du circuit de l’asile grâce à la machine infernale « Dublin ». C’est la case rétention qui leur est promise après l’évacuation de leur campement.

Prétendre vouloir soulager les Parisien⋅ne⋅s en recourant à la force publique pour déloger des exilé⋅e⋅s auxquelles on ferme par ailleurs toutes les portes, n’est pas supportable. Heureusement, nombreux sont les Parisien⋅ne⋅s qui partagent une autre vision politique et sensible de la situation des exilé⋅e⋅s encampé⋅e⋅s : bien différente de celle, désincarnée et brutale, d’une machine d’État qui cherche désespérément à exister en luttant contre l’immigration. Comme le ministère l’admet lui-même, les campements se reformeront, cette 35e évacuation ne servira à rien. Sauf peut-être à conforter les habitant⋅e⋅s de Paris et d’ailleurs dans leur conviction d’être gouverné⋅e⋅s par des imposteurs…


Le 28 mai 2018

Pétition de la Cimade

La Cimade lance une pétition « Faisons respecter le droit d ‘asile : sortons de l’enfer du système Dublin »

Vous pouvez la signer via le lien : http://agir.lacimade.org/dublin

Cette pétition intervient dans une période où le nombre de personnes Dublinées a fortement augmenté ces dernières années en France et où des négociations sont actuellement en cours à l’échelle européenne pour réformer le règlement Dublin.

Dans ce contexte, La Cimade a créé un groupe de travail dont les échanges ont abouti à une position de l’association sur le sujet.

De nombreuses personnes exilées, des collectifs locaux, des associations locales et nationales sont mobilisé·e·s contre ce système injuste et violent partout en France. C’est également le cas de partenaires dans d’autres pays européens. Ensemble, faisons monter la pression pour redire l’urgence de changer de cap !

A relayer largement dans vos réseaux !

Mediapart // Les exilés kurdes pleurent Mawda, 2 ans, tuée par balle en Belgique

https://www.mediapart.fr/journal/france/190518/grande-synthe-les-exiles-kurdes-pleurent-mawda-2-ans-tuee-par-balle-en-belgique

Par Elisa Perrigueur et Laurène Daycard

– Mediapart.fr

À l'intérieur du gymnase, les familles se sont recréé des
          espaces individuels en délimitant des espaces avec des lits
          picot et des draps tendus. © EPÀ l’intérieur du gymnase, les familles se sont recréé des espaces individuels en délimitant des espaces avec des lits picot et des draps tendus. © EP
 

Une course-poursuite entre une camionnette de migrants et la police belge a provoqué, jeudi 16 mai, la mort d’une fillette kurde hébergée dans un camp à Grande-Synthe. L’enfant a été tuée par balle. Après avoir démenti une première fois l’information jeudi, le parquet de Mons a admis vendredi que l’enfant avait été tuée par une balle. Dans le camp de Grande-Synthe où sont réunis plus de 400 exilés, la douleur est vive et les langues se délient quant aux conditions de passage.

Dans un recoin du gymnase de Grande-Synthe, près de Dunkerque, un cercle silencieux se forme autour d’Ako, jeudi 17 mai au matin. Cet exilé aux yeux rougis est au téléphone avec un ami, hébergé lui aussi dans ce bâtiment municipal jusqu’à la veille, avec sa femme et ses deux enfants. Plus de 400 migrants, presque tous des Kurdes d’Irak, logent sur ce site, dont 150 dans des tentes en extérieur. On entend son interlocuteur hurler de douleur : « J’ai tout perdu. Mon bébé. Ils ont tué mon bébé. » Assise à ses côtés, l’épouse d’Ako plonge son visage dans un mouchoir. Personne ne sait trop quoi dire pour calmer la détresse de l’homme au bout du fil.

Ce père s’appelle Shamdine. Il parle depuis une prison en Belgique, il a dissimulé son portable dans la couche d’un bébé, d’après les exilés. L’homme s’est fait arrêter dans la nuit, vers 2 heures du matin. Cinq heures plus tôt, il était parti avec sa famille, son épouse et ses deux enfants en Belgique pour monter clandestinement à bord de camions de marchandises allant jusqu’en Grande-Bretagne. Des passeurs étaient venus les récupérer en mini-van à Grande-Synthe, à une vingtaine de kilomètres de la frontière belge, avec une trentaine d’autres migrants.

Quand la police belge a tenté de le contrôler, le convoi de migrants a filé dans la nuit, sur la route E42 reliant Namur et Maisières. Au total, quinze véhicules de police les ont pris en chasse dans cette course-poursuite mortelle pour la fille de Shamdine. L’enfant « s’appelait Mawda », selon les Kurdes de Grande-Synthe. Âgée de 2 ans, elle est morte dans l’ambulance.

Vue du carré occupé par la famille de Mawda. En
            partant, ils ont abandonné ce siège pour bébé. © EP Vue du carré occupé par la famille de Mawda. En partant, ils ont abandonné ce siège pour bébé. © EP

Selon des médias belges, la petite aurait été brandie à l’extérieur de la camionnette, peut-être par un passeur, pour dissuader les policiers, une version non confirmée officiellement. « Les réseaux kurdes sont dangereux car capables de prendre l’autoroute en sens inverse, de percuter des véhicules pour s’enfuir, de rouler comme des fous, constate une source policière française. Nous le savons et ne faisons pas de courses-poursuites sur les routes avec des camionnettes de passeurs en France, trop dangereux. »

L’exilé kurde Ako, lui, s’emporte : « On est venus ici pour trouver la sécurité. Vous nous parlez des droits humains. Mais vous tirez sur des bébés. » Il exhibe sur l’écran de son téléphone des images de la fillette. Le regard espiègle, elle pose sa main sur sa bouche. Sur une autre, on voit cette enfant aux cheveux de jais dans un manège avec son grand-frère de 4 ans. « Elle a reçu une balle dans la joue », glisse Ako, le ton dur, en mimant un impact transperçant son visage.

Au moment de cet échange, jeudi 17 mai, le parquet belge de Mons n’évoque pas encore les tirs. Il faudra attendre le lendemain, le 18 mai, pour que les causes du décès de l’enfant soient officialisées. « On n’exclut pas que cette balle pourrait provenir d’une arme d’un policier », concède le substitut en conférence de presse. L’autopsie est en cours.

Ako a appris la macabre nouvelle très tôt le matin, sous la forme d’un SMS envoyé par Shamdine. Il nous emmène voir le « carré » octroyé à cette famille. Il reste quelques affaires abandonnées : des couvertures, une valise à roulettes. Un siège bébé trône au milieu. L’ancien terrain de sport est quadrillé par des lits de camp renversés sur les côtés, comme des barricades. Les exilés s’en servent pour se délimiter un « chez-soi » d’environ 2 mètres carrés. Ce peu d’intimité se paye au prix de nuits passées à dormir sur des couvertures à même le sol. Nerveux, Ako avait longuement hésité avant de nous donner son prénom. Il refuse de livrer toute autre information personnelle, mis à part le fait qu’il a été professeur d’anglais au Kurdistan irakien. Il se méfie presque autant des journalistes que de la police. Il parle car il veut que l’histoire de Mawda se sache.

Sa famille était arrivée à Grande-Synthe il y a un mois et demi. Les parents avaient quitté Ranya, au Kurdistan irakien, pour rejoindre l’Europe dès 2015, via la Turquie puis la « route des Balkans ». La fillette est née en Allemagne mais ses parents ont été déboutés du droit d’asile. Une grande partie des Kurdes de Grande-Synthe sont dans la même situation : ce ne sont plus des migrants nouvellement arrivés sur le continent. Il peut aussi s’agir de « dublinés » d’Espagne, de Grèce… où leur première demande d’asile a été déposée. Tous voient désormais la Grande-Bretagne voisine comme leur espoir, où ils peuvent trouver du travail plus facilement et rejoindre la famille. Celle de Mawda avait « des proches à Londres et à Birmingham », détaille Ako.

Intervention policière à Grande-Synthe, jeudi 17 mai,
            vers 14h30. © EP Intervention policière à Grande-Synthe, jeudi 17 mai, vers 14h30. © EP

Vers midi, jeudi, une centaine d’exilés furieux manifestent leur colère. Direction l’autoroute A16, toute proche. Ils bloquent la circulation le temps d’une heure, provoquant un bouchon sur plusieurs kilomètres. En réaction, vers 14 h 30, les CRS encerclent le gymnase pour fouiller les hommes. Deux ou trois tentes sont détruites et une dizaine d’entre eux sont interpellés. Certains d’entre eux avaient été placés en garde à vue pour « entrave à la circulation », ils ont tous été relâchés. Selon des agents municipaux, les forces de l’ordre cherchaient aussi des armes. Les passeurs kurdes vivent généralement parmi les migrants. Ils peuvent dissimuler leurs armes en les enterrant non loin des camps.

Dans les souvenirs des voisins du gymnase, la famille de Mawda tentait deux à trois fois par semaine la traversée. Ils faisaient appel aux passeurs organisés du secteur. Des cellules kurdes très présentes sur le littoral depuis les années 2000. Issues de différentes communautés (Erbil, Rania, Kirkouk, Halabja…), elles sont composées de 5 à 6 personnes. Ces réseaux prennent environ 3 000 euros par personne pour un passage pour un migrant kurde irakien – des prix qui varient selon les nationalités. Ils repèrent les aires d’autoroute non surveillées, où ils espèrent cacher les migrants dans les camions qui gagnent le port de Calais, principal point d’entrée du Royaume-Uni, avec un trafic quotidien moyen de 15 000 poids lourds.

La Belgique est un point de départ de plus en plus prisé des réseaux. « Ils s’y reportent depuis longtemps car les aires de repos autour de Calais ferment [par arrêté préfectoral, pour éviter que les camions ne se garent – ndlr] », précise une source policière française. « Les passeurs chargent 20 à 30 personnes dans une camionnette et s’arrêtent le long des routes, sur plusieurs parkings belges en faisant monter dans les camions des petits groupes. Cela peut leur paraître plus simple car la police belge n’a pas d’unité antipasseurs, ils ne sont pas habitués à traquer ces réseaux. »

À l'intérieur du gymnase, les familles se sont recréé
            des espaces individuels en délimitant des espaces avec des
            lits picot et des draps tendus. © EP À l’intérieur du gymnase, les familles se sont recréé des espaces individuels en délimitant des espaces avec des lits picot et des draps tendus. © EP

Pour les familles, surtout lorsqu’il y a des enfants en bas âge, ce report vers la Belgique complique le passage car cela rallonge le temps de confinement au milieu des marchandises, souligne Ali. Alors que le gymnase est toujours cerné par les CRS, cet ancien plombier de 34 ans raconte qu’il essaie lui aussi de passer avec sa femme et ses enfants. Les passeurs lui facturent ce « service » 28 500 euros, qu’importe le nombre de tentatives. Pour éviter de se faire repérer à cause des pleurs, certains parents donnent des somnifères aux enfants en bas âge, assure Ali.

L’expérience est dangereuse : « La semaine dernière, nous sommes allés jusqu’à Rouen pour monter dans un camion de pièces détachées. Nous avons passé deux nuits dans la cargaison mais il ne démarrait pas. C’était dur de respirer. Mes enfants, même l’aîné, portaient des couches. Nous, on faisait avec des bouteilles. » La tentative a été vaine et il est retourné au gymnase pour reprendre des forces.

Au début des années 2000, Ali avait déjà fait ce voyage seul vers la Grande-Bretagne en passant par Grande-Synthe. Il avait déboursé 500 euros pour venir depuis sa ville d’origine. Il avait pu obtenir son titre de séjour et s’était fait embaucher par un transporteur jusqu’à son retour au pays en 2010. Les conséquences de la guerre avec Daech l’a de nouveau poussé à l’exil. Revenu dans le nord de la France, il a découvert la frontière transformée, barricadée, des prix de passages décuplés et de plus en plus de victimes, comme Mawda.

Elle devrait être enterrée mercredi 23 mai en Belgique, au cimetière des indigents de Jolimont, à La Louvière, d’après les médias belges. Ses parents auraient reçu un ordre de quitter le territoire belge après la cérémonie.

Le Monde // La petite kurde Mawda, 2 ans, a été tuée par un policier belge

La petite Kurde Mawda, 2 ans, a été tuée par un policier belge

Le parquet de Mons a confirmé, mardi, le récit des parents de la fillette. Le tireur, laissé en liberté, sera interrogé par le comité de surveillance des polices.

LE MONDE | • Mis à jour le | Par Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, Correspondant)

C’est bien une balle tirée par un policier qui a tué la petite Kurde irakienne Mawda Shawri, 2 ans, lors d’une course-poursuite sur une autoroute qui s’est terminée tragiquement à Maisières, en Belgique, dans la nuit de jeudi 17 à vendredi 18 mai. Après des hésitations et une autre version, le parquet de Mons a finalement confirmé, mardi 22 mai, le récit des parents de la fillette.Une seule balle a été tirée à l’issue de la poursuite entre plusieurs voitures de police et une fourgonnette munie de fausses plaques. Celle-ci transportait une trentaine de migrants, dont quatre enfants. Le passeur comptait acheminer ses passagers vers la France, avant qu’ils tentent de gagner le Royaume-Uni. « Nous voyons régulièrement des gens qui transportent des migrants dans des conditions inhumaines, voire criminelles, au mépris de la santé d’autrui », a expliqué le parquet. Le phénomène s’est accru depuis le démantèlement de la « jungle » de Calais (Pas-de-Calais), insistent les magistrats.

Lors de cette course folle, un policier aurait tenté de viser le conducteur de la fourgonnette, qui effectuait des manœuvres dangereuses, essayant notamment de précipiter une voiture des forces de l’ordre sur le bas-côté. La balle tirée par le fonctionnaire a, en fait, atteint la petite Mawda au visage.

Aucune arme n’a été trouvée dans le véhicule. Quant au conducteur, il n’a pas pu être formellement identifié, les migrants respectant la loi du silence. Le tireur est, lui, connu et a été laissé en liberté. Il sera interrogé par le Comité P – comité permanent de de contrôle des services de police –, qui agit sur requête d’un juge d’instruction.

Les questions de l’opposition restées sans réponse

L’affaire a été évoquée, mardi, au Parlement belge. Interrogé par la commission de l’intérieur de la Chambre des députés, le premier ministre, Charles Michel, a renouvelé sa promesse d’une enquête totalement indépendante. Il a précisé avoir reçu pendant quatre-vingt-dix minutes les parents de la petite fille, qui devait être enterrée mercredi à Mons.

Le chef du gouvernement a expliqué que la famille Shawri – les parents et le frère de la jeune victime – pourrait rester légalement en Belgique. « Il existe une possibilité pour les personnes victimes de trafiquants ou de passeurs de rester sur le territoire. La famille peut utiliser cet instrument juridique », a fait savoir M. Michel, affirmant veiller au « devoir d’humanité ». La procédure en question prévoit une aide et une protection pour ceux qui livrent des informations permettant de démanteler des réseaux de passeurs. Les Shawri pourraient aussi invoquer des circonstances exceptionnelles pour demander un titre de séjour.

Mardi, l’avocat de la famille signalait cependant que le groupe de migrants, y compris ses clients, avait reçu l’ordre de quitter le centre où ils résident après les funérailles de Mawda.

Des députés d’opposition se sont étonnés de cette hâte à délivrer des ordres de quitter le territoire alors que l’enquête ne fait que commencer. Ils ont aussi tenté, sans succès, d’obtenir du premier ministre des réponses à une série de questions. Pourquoi les parents de la fillette, menottés, n’ont-ils pas été autorisés à accompagner l’enfant dans l’ambulance qui la transportait ? Pourquoi celle-ci n’est-elle arrivée qu’au bout de plusieurs dizaines de minutes, alors que Mawda agonisait ? Pourquoi le parquet de Mons a-t-il manqué de prudence, en évoquant d’abord l’absence de tir et le « traumatisme crânien » qui aurait été à l’origine de la mort ?

A toutes ces questions, M. Michel n’a pas répondu, se retranchant derrière la nécessité d’attendre le résultat des enquêtes de la justice et du Comité P. Précisant qu’il s’opposerait à toute « instrumentalisation » du dossier, il a aussi évité de commenter les propos de son ministre de l’intérieur, le nationaliste flamand Jan Jambon, qui avait rapidement déclaré que les policiers avaient « fait leur travail » dans le cadre de la lutte contre les passeurs.

Le Monde // Plusieurs centaines de migrant.e.s de Grande Synthe évacués vers des structures d’hébergement

Des CRS et des membres de l’Office français de l’immigration et de l’intégration étaient sur place pour encadrer cette évacuation qui a débuté à 7 heures.

Le Monde.fr avec AFP |

L’évacuation des migrants de Grande-Synthe a débuté jeudi 24 mai à 7 heures, encadrée par des CRS et des membres de l’Office français de l’immigration et de l’intégration.

L’évacuation du gymnase communal de Grande-Synthe (Nord) où vivent environ 400 migrants depuis le début de l’hiver, a commencé tôt jeudi 24 mai au matin. A 8 h 30, trois cars étaient partis avec à leur bord des dizaines de migrants en route pour des structures d’hébergement. Des CRS et des membres de l’OFII (Office français de l’immigration et de l’intégration) étaient sur place pour encadrer cette évacuation qui a débuté à 7 heures.À 9 heures, 196 personnes avaient été prises en charge, en priorité les familles et les mineurs non accompagnés, selon un communiqué de la préfecture. La cinquantaine de migrants vivant dans le bois du Puythouck, à quelques kilomètres du gymnase, en contrebas de l’autoroute qui mène à Calais, devaient aussi se voir proposer des places dans les CAO et CAES, toujours selon la préfecture.

« Très clairement, les instructions sont : pas de camp sur le littoral. Ces camps, d’abord, font un appel d’air, se transforment en bidonville et après les gens vivent dans des conditions indignes », a expliqué le sous-préfet de Dunkerque, Eric Etienne, rappelant les récentes opérations contre des passeurs à proximité.

Accueil de plusieurs centaines de migrants jour et nuit

« Il y avait environ 400 personnes migrantes, 300 dans le gymnase et une petite centaine à l’extérieur. Ces personnes sont toutes orientées vers des centres d’accueil et d’hébergement dans les Hauts-de-France, pour l’essentiel d’entre elles », a fait savoir Eric Etienne.

« La ville, légitimement, veut reprendre son gymnase et le rendre à la population. Nous avons les places pour les héberger, [les personnes] ont été prévenues et elles étaient volontaires jusqu’à maintenant », a-t-il ajouté. Ce gymnase communal a été ouvert aux migrants le 12 décembre par la mairie. Une convention entre l’Etat et la mairie fut signée jusqu’au 31 mars, puis a été prolongée.

Couvertures, matelas, chauffage, douches, toilettes, distribution de nourriture : le site accueillait plusieurs centaines de migrants jour et nuit, essentiellement des Kurdes irakiens. Selon M. Etienne, cette salle ne se justifie plus vu les températures désormais « clémentes ».

De son côté, Magalie de Lambert, coordinatrice d’accès aux droits à Grande-Synthe pour la Cimade, une association d’aide aux migrants, a précisé que les hommes seuls devaient partir en CAO (centre d’accueil et d’orientation) et CAES (centre d’accueil et d’examen des situations), et les mineurs isolés, environ 40, être pris en charge par le département. Mais, « aucune information n’a été délivrée auprès des exilés », a-t-elle regretté, interrogée par la presse sur place.

Communiqué de Médecins du Monde après l’expulsion du Puythouck à Grande Synthe

Médecins du Monde Hauts-de-France17 h ·

#GrandeSynthe 24/05/2018
Entre 50 et 80 personnes vivent toujours dans le bois du Puythouck, privé-e-s d’eau potable et de tout accès à des conditions de vies décentes. Aujourd’hui, ce qui devait être une expulsion générale (comprendre mise à l’abri) s’est soldé, pour ce qui concerne le Puythouck et sans que l’on n’en connaisse la raison, par une triste opération de destruction des abris et autres lacérations des toiles de tentes, couplée d’une série d’arrestations (18). Comme si cela ne suffisait pas, Damien Carême réitère son message à Médecins du Monde: il ordonne à nouveau (cet après-midi) que nous cessions (ainsi que toute association) d’intervenir, donc de porter secours et assistance pour ce qui nous concerne, auprès des exilé-e-s présent-e-s sur la base de loisirs du Puythouck. Mr Carême comprendra que nous ne recevons pas d’ordre de lui, et encore moins dans un contexte aussi dégradé.

Avis du Conseil Economique et Social sur l’accueil des demandeur.euse.s d’asile dans l’UE

Parcours et politiques d’accueil des demandeur.euse.s d’asile dans l’Union européenne

rapport du Conseil économique et social

http://www.liberation.fr/france/2018/05/23/migrants-le-conseil-economique-et-social-appelle-a-mieux-penser-le-premier-accueil_1652101

Dans un avis adopté ce mercredi, l’instance juge avec sévérité la politique migratoire française et européenne. Elle recommande notamment de faire de l’Ofpra un acteur unique du traitement de la demande d’asile, ou encore de permettre aux exilés de ne pas attendre neuf mois pour travailler.

Réformer d’urgence le règlement de Dublin. Simplifier le premier accueil des migrants. Intégrer, notamment via la langue et l’emploi, plus tôt dans le processus de demande d’asile. Voilà les trois points saillants de l’avis adopté ce mercredi, à une très large majorité (178 voix pour, 0 contre, 2 abstentions), par le Conseil économique, social et environnemental (Cese) sur les «parcours et politiques d’accueil des demandeurs d’asile dans l’Union européenne». Plutôt sévère sur la politique migratoire française et européenne, le texte, validé dans l’après-midi par cette assemblée composée de membres de syndicats, d’associations, du patronat, de la société civile, et dont le rôle est d’apprécier les politiques publiques, a notamment relativisé l’ampleur de ce qui est présenté comme une «crise» : «La « crise des réfugiés » a davantage été une crise des politiques de l’accueil», dénonce le chapitre premier de l’avis.

L’avis du Cese rappelle également que la migration est une chose normale. Tout en pointant qu’avec l’augmentation à venir du nombre de réfugiés climatiques, il conviendrait d’établir au plus vite de bonnes conditions d’accueil. «La peur de l’étranger paraît souvent l’emporter sur un discours de raison, écrivent les auteurs de l’avis, dont les rapporteurs se nomment Paul Fourier et Emelyn Weber. Ces crispations conduisent les Etats et l’Union européenne à durcir une politique de restriction des flux migratoires en multipliant les obstacles sur la route des personnes en exil et en oubliant que l’accueil des réfugiés ne peut se penser indépendamment des droits fondamentaux, élément constitutif de l’identité européenne.»

Le Défenseur des droits, invité à s’exprimer ce mercredi, l’a dit en d’autres termes : «Cette question [migratoire] n’est pas un problème, elle est simplement une donnée du monde actuel […] Ne croyons pas que nous vivons aujourd’hui des temps exceptionnels. […] Contrairement à ce qu’on dit, ce n’est pas l’appel d’air qui fait la migration, c’est la situation intenable qui existe dans un certain nombre de pays. Les migrants, ce n’est non pas l’appel d’air qui fait qu’ils vont venir, non, si je voulais être grossier et trivial, [je dirais qu’]ils ont le feu aux fesses», a déclaré, dans un discours très applaudi, Jacques Toubon. Libération a consulté cet avis et en a retenu trois points saillants.

1. Règlement de Dublin : réformer pour mieux faire vivre le droit d’asile

Sévères, les auteurs se demandent «si les politiques d’accueil mises en œuvre par les Etats membres de l’Union européenne atteignent l’objectif de la garantie du droit d’asile, prévue par l’article 18 de la Charte des droits fondamentaux de l’UE». Dans leur ligne de mire, le règlement de Dublin selon lequel un exilé doit faire sa demande d’asile dans le premier pays où ses empreintes ont été enregistrées (c’est pourquoi certains migrants refusent de laisser leurs empreintes dans un pays où ils ne comptent que faire étape…). «Force est de constater que les Etats membres ne se sont pas montrés à la hauteur de ce défi humain, en particulier en laissant le fardeau de la prise en charge des demandeurs d’asile aux Etats de première entrée», souvent la Grèce ou l’Italie, notent les auteurs de l’avis.

«Dublin repose sur la fiction que les personnes ont les mêmes chances d’obtenir la protection dans les différents pays européens. C’est faux», a estimé à la tribune la rapporteure Emelyn Weber. En l’état, le règlement de Dublin aboutit souvent à ce que des personnes censées déposer leur demande d’asile par exemple en Italie mais ayant de la famille en Allemagne, soient vouées à faire des allers-retours entre l’Allemagne, où elles veulent vivre, et l’Italie, vers laquelle on les renvoie. Ce mouvement perpétuel empêche leur intégration et les condamne à la précarité. C’est pourquoi le Cese soutient dans son avis la proposition de réforme du règlement de Dublin émanant du Parlement européen, qui prévoit un mécanisme de relocalisation intégrant les liens éventuels des demandeurs d’asile avec un pays (parce qu’ils y auraient de la famille ou en parleraient la langue par exemple), et qui permettrait aux demandeurs de choisir entre quatre pays d’accueil plutôt que de les forcer à rester là où ils sont arrivés en premier.

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2. Simplifier et mettre le paquet sur le premier accueil

Lors de l’examen du projet de loi sur l’asile et l’immigration porté par le gouvernement, plusieurs acteurs associatifs s’étaient inquiétés du fait que le texte ne pensait pas le premier accueil. C’est à peu près ce que redit aujourd’hui le Cese : «En France, la politique conduite vis-à-vis des réfugiés est nettement déficitaire, en particulier au niveau du premier accueil. […] Des migrants sont tenus en marge des dispositifs auxquels ils pourraient avoir accès, faute de centres dédiés.»

Pointant les «situations de grande précarité» et les «risques de rupture des droits» des migrants, le Cese recommande la création de Centres d’accueil initial (CAI), qui concentreraient «l’ensemble des fonctions nécessaires à la prise en charge des réfugiés» : enregistrement des demandes d’asile, information sur les démarches, orientation vers l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), lequel deviendrait le principal interlocuteur sur la demande d’asile (exit, donc, les guichets uniques en préfecture), la prise en charge de l’hébergement, l’accompagnement social.

Enfin, le Cese recommande que les migrants aient accès dès leur arrivée sur le territoire, à des soins de santé : «Aujourd’hui, l’accès à la protection universelle maladie est conditionné à la délivrance d’une attestation de demandeur d’asile, qui n’est obtenue parfois que dans un délai de plusieurs mois», remarquent les auteurs.

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3. Intégration : apprendre la langue et pouvoir travailler plus tôt

Deux recommandations de l’avis du Cese reprennent des propositions du rapport commandé par le gouvernement au député LREM du Val-d’Oise Aurélien Taché : d’abord, augmenter largement le volume d’heures d’apprentissage du français (passer de 200 à minimum 600 heures), tout en faisant commencer les cours plus tôt dans le processus de demande d’asile. Aujourd’hui, l’apprentissage officiel commence une fois l’asile ou la protection subsidiaire accordés ; de nombreux migrants dépendent donc des bonnes volontés des riverains ou des associations pour commencer l’apprentissage de la langue au plus tôt. D’autre part, le Cese souhaite qu’il soit permis aux exilés de travailler au bout de trois mois après leur enregistrement en France, au lieu de neuf. «L’accès au travail est reconnu comme l’une des meilleures formes d’intégration des demandeurs d’asile, l’emploi leur procurant une véritable place dans la société», note le Cese.

 

Calais: Cinq migrants tentent la traversée de la Manche en cano

FAITS DIVERS D’importants moyens de secours ont été déployés pour récupérer des réfugiés qui tentaient de traverser le détroit du Pas-de-Calais en bateau…

Mikael Libert

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Tentative désespérée. Samedi matin, cinq migrants dans un canot pneumatique à la dérive ont pu être sauvés. Ils avaient tenté, de nuit, de traverser le détroit du Pas-de-Calais, l’un des couloirs maritimes les plus fréquentés au monde, pour se rendre en Grande-Bretagne.

L’alerte a été lancée vers 2h35 du matin, samedi. Le Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (CROSS) de Gris-Nez (62) a été informé qu’une embarcation pneumatique dérivait au large de Calais avec cinq personnes à bord.

Un avion de la Marine venant du Morbihan

Comme la localisation exacte du canot n’était pas connue, le CROSS Gris-nez a lancé une opération de recherche et de secours à l’aide de moyens maritimes et aériens. Un avion Falcon 50Mi de la Marine nationale a même été déployé depuis le Morbihan pour participer à l’opération. En parallèle, des patrouilles de gendarmerie ont sillonné le littoral entre Wissant et le cap Gris-Nez.

C’est finalement l’avion breton qui est parvenu à localiser l’embarcation en perdition près de cinq heures après le déclenchement de l’alerte, vers 7h20. Le pneumatique se trouvait alors à environ 16km au nord du cap Gris-Nez. La vedette des secours en mer (SNSM) a immédiatement été redirigée vers la position exacte du bateau pour l’atteindre 40 minutes plus tard.

Ils souffraient d’hypothermie

Les cinq hommes présents à bord du canot ont été récupérés en état d’hypothermie. Les secours en mer les ont conduits jusqu’au port de Boulogne-sur-Mer où ils ont été pris en charge par les pompiers à 9h30.

Si les tentatives pour traverser la Manche ne sont pas fréquentes, elles tendent néanmoins à se multiplier, notamment à cause de la sécurisation des installations comme le tunnel sous la Manche ou le port de Calais. Pour autant, le préfet maritime tient à rappeler « que ces traversées sont extrêmement risquées et dangereuses, en dépit d’une proximité apparente des côtes anglaises ».