La petite Kurde Mawda, 2 ans, a été tuée par un policier belge
Le parquet de Mons a confirmé, mardi, le récit des parents de la fillette. Le tireur, laissé en liberté, sera interrogé par le comité de surveillance des polices.
LE MONDE | • Mis à jour le | Par Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, Correspondant)
Lors de cette course folle, un policier aurait tenté de viser le conducteur de la fourgonnette, qui effectuait des manœuvres dangereuses, essayant notamment de précipiter une voiture des forces de l’ordre sur le bas-côté. La balle tirée par le fonctionnaire a, en fait, atteint la petite Mawda au visage.
Aucune arme n’a été trouvée dans le véhicule. Quant au conducteur, il n’a pas pu être formellement identifié, les migrants respectant la loi du silence. Le tireur est, lui, connu et a été laissé en liberté. Il sera interrogé par le Comité P – comité permanent de de contrôle des services de police –, qui agit sur requête d’un juge d’instruction.
Les questions de l’opposition restées sans réponse
L’affaire a été évoquée, mardi, au Parlement belge. Interrogé par la commission de l’intérieur de la Chambre des députés, le premier ministre, Charles Michel, a renouvelé sa promesse d’une enquête totalement indépendante. Il a précisé avoir reçu pendant quatre-vingt-dix minutes les parents de la petite fille, qui devait être enterrée mercredi à Mons.
Le chef du gouvernement a expliqué que la famille Shawri – les parents et le frère de la jeune victime – pourrait rester légalement en Belgique. « Il existe une possibilité pour les personnes victimes de trafiquants ou de passeurs de rester sur le territoire. La famille peut utiliser cet instrument juridique », a fait savoir M. Michel, affirmant veiller au « devoir d’humanité ». La procédure en question prévoit une aide et une protection pour ceux qui livrent des informations permettant de démanteler des réseaux de passeurs. Les Shawri pourraient aussi invoquer des circonstances exceptionnelles pour demander un titre de séjour.
Mardi, l’avocat de la famille signalait cependant que le groupe de migrants, y compris ses clients, avait reçu l’ordre de quitter le centre où ils résident après les funérailles de Mawda.
Des députés d’opposition se sont étonnés de cette hâte à délivrer des ordres de quitter le territoire alors que l’enquête ne fait que commencer. Ils ont aussi tenté, sans succès, d’obtenir du premier ministre des réponses à une série de questions. Pourquoi les parents de la fillette, menottés, n’ont-ils pas été autorisés à accompagner l’enfant dans l’ambulance qui la transportait ? Pourquoi celle-ci n’est-elle arrivée qu’au bout de plusieurs dizaines de minutes, alors que Mawda agonisait ? Pourquoi le parquet de Mons a-t-il manqué de prudence, en évoquant d’abord l’absence de tir et le « traumatisme crânien » qui aurait été à l’origine de la mort ?
A toutes ces questions, M. Michel n’a pas répondu, se retranchant derrière la nécessité d’attendre le résultat des enquêtes de la justice et du Comité P. Précisant qu’il s’opposerait à toute « instrumentalisation » du dossier, il a aussi évité de commenter les propos de son ministre de l’intérieur, le nationaliste flamand Jan Jambon, qui avait rapidement déclaré que les policiers avaient « fait leur travail » dans le cadre de la lutte contre les passeurs.