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Communiqué de la Cimade // Rétention des personnes dublinées

RÉTENTION DES PERSONNES DUBLINÉES : PUBLICATION DE LA LOI PERMETTANT SA GÉNÉRALISATION

21 mars 2018
https://www.lacimade.org/retention-personnes-dublinees-publication-de-loi-permettant-generalisation/

Publication de la loi permettant de nouveau et de façon massive la rétention des personnes Dublinées. Explication.

Après l’arrêt de la Cour de cassation du 27 septembre 2017 qui a considéré que la rétention des personnes Dublinées n’était pas applicable, faute d’une définition par loi du risque de fuite, le Gouvernement n’a pas tardé à réagir en demandant aux groupe les constructifs de déposer une proposition de loi. Après une adoption à l’Assemblée le 7 décembre et un durcissement au Sénat, la proposition a été définitivement adoptée en deuxième lecture le 15 février par l’Assemblée et a été publiée au journal officiel après une décision de conformité  du Conseil Constitutionnel le 15 mars. Elle va conduire à un usage massif de la rétention pour ces personnes y compris  une rétention sans décision d’éloignement pendant la période de détermination et de saisine .

LES DOUZE CAS DE RISQUE PRÉSUMÉ DE FUITE

La loi relative à la bonne application du régime d’asile européen  prévoit donc qu’une personne qui fait l’objet d’une procédure selon le règlement Dublin peut être placée en rétention après un examen individuel et en tenant compte de sa vulnérabilité s’il existe  risque non négligeable de fuite, risque qui est présumé dans les cas suivants :

  1. la personne a fui un premier pays pendant l’examen de détermination C’est le cas d’une personne arrivée par exemple en Autriche qui entame une procédure vers la Hongrie. Plutôt que d’y être à terme transférée, elle quitte le pays et demande asile dans un autre.
  2. la personne a été déboutée dans un premier État-membre. Ce cas est  un motif de reprise en charge et son nombre serait en forte augmentation selon le  ministère,  notamment des Afghans en provenance d’Allemagne.  En  2016, seuls 5 % des  personnes Dublinées étaient dans ce cas et  15 % pour l’Allemagne)
  3. la personne est de retour après un transfert dans un État-membre, c’est le cas notamment des personnes transférées vers l’Italie qui ne peuvent pas toujours voir enregistrer leur demande. Si leur nouvelle demande est enregistrée, elles sont privées des conditions d’accueil par l’OFII et pourraient donc être placées très rapidement en rétention ;
  4. la personne s’est soustraite à une précédente mesure d’éloignement ;
  5. la personne refuse le relevé des empreintes. La loi de 2015 prévoit dans ce cas une procédure accélérée  à l’OFPRA mais les préfets ont développé une pratique de convocation ad libitum sans possibilité de de saisir l’OFPRA. Une nouvelle étape serait donc un placement en rétention pour la contraindre à accepter le relevé ;
  6. La personne a utilisé un document falsifié (passeport, carte d’identité, acte de naissance);
  7. la personne a dissimulé son identité, des documents, son parcours  migratoire et ses précédentes demandes. Là encore, il s’agit d’un cas de procédure accélérée(par le préfet et par l’OFPRA) .
  8. La personne qui ne bénéficie pas des conditions d’accueil ne peut justifier d’une résidence permanente ou effective. Il peut s’agir de celles qui ont enregistré leur demande d’asile plus de 120 jours après leur entrée irrégulière et qui font l’objet d’un refus des conditions d’accueil à qui serait exigé de disposer d’une résidence (et non d’une adresse de domiciliation dont elles sont exclues);
  9. La personne a refusé l’hébergement proposé par l’OFII, refuse d’y aller ou l’abandonne. Dans le cadre de la réorganisation du dispositif national d’accueil par la circulaire du 4 décembre 2017  (DNA), l’OFII propose l’envoi vers un centre d’accueil et d’étude de situation ou vers des PRAHDA. Si la personne refuse cette offre, elle pourrait être placée en rétention.
  10. la personne ne se rend pas aux convocations des autorités. Cela concerne les rendez-vous en préfecture, les pointages d’assignation mais également les rendez-vous à l’OFII. C’est l’indice de la fuite mais il est vraisemblable que les préfectures se contenteront d’’une seule absence pour considérer que le risque est établi et le placement en rétention possible
  11. la personne s’est soustraite aux obligations de l’assignation, notamment en n’allant pas pointer ou en quittant le périmètre  fixé par le préfet  (en général une commune, un canton ou un département)
  12. last but not least, la personne a déclaré explicitement refuser le transfert.

Avec une telle liste, il est clair que la plupart des personnes Dublinées  pourront être enfermées en rétention, même si la loi prévoit que cela n’est  possible que si une saisine des autorités de l’Etat-membre a été faite (dans un délai ne pouvant excéder trois mois après la présentation dans les structures de premier accueil) et que les familles  ne le soient qu’après une décision de transfert et pour une brève durée. Un décret devra également permettre de signaler des vulnérabilités.

POSSIBILITÉ DE PLACER EN RÉTENTION PENDANT LA PROCÉDURE DE DÉTERMINATION

Véritable revirement dans la philosophie de la rétention, et jusqu’à présent limitée aux préfectures du littoral, la loi permet de placer en rétention une personne Dublinée,  pendant toute la procédure de saisine(s)  et sans qu’aucune  mesure d’éloignement soit prise . Cela légalise une pratique courante dans certains centres de rétention (Coquelles, Rennes) et  après que le Conseil d’État en juillet  puis de nouveau en mars et la Cour de cassation le 7  février ont, de conserve, considéré que cela n’était pas possible. Sachant que le règlement prévoit qu’en cas de rétention, la saisine se fait dans un délai d’un mois, la réponse dans un délai de quinze jours et le transfert en six semaines, et que le projet de loi  Collomb prévoit une durée de rétention de 60 jours pour les personnes Dublinées (avec trois fois quinze jours supplémentaires en cas d’obstruction), on pourrait voir des personnes séjourner pendant des semaines dans les CRA sans aucune décision d’éloignement alors que cette privation de liberté n’était prévue jusqu’alors que  pendant le temps strictement nécessaire à l’exécution d’une décision d’expulsion.

La loi prévoit  également que si une personne retenue demande asile et que sa demande relève de Dublin , le préfet n’aura pas à prendre une décision de maintien en rétention, pourtant rendue obligatoire par le droit européen.

EXTENSION DE LA DURÉE DE L’ASSIGNATION (EN ATTENDANT CELLE DE LA RÉTENTION)

Pour permettre le placement en rétention, la loi prévoit un remplacement de l’assignation au titre  de l’article L. 742-2 du CESEDA (pendant six mois renouvelable) par celle  au titre de l’article L. 561-2 du CESEDA (pendant 180 jours). Le. Le seul avantage que l’on peut y trouver est que l’assignation à résidence L. 561-2 du CESEDA est contestable en recours urgent devant le TA qui peut donc examiner à chaque renouvellement des moyens contre la procédure de détermination et de saisine  (notamment si la personne peut invoquer des liens en France). La loi prévoit que si une décision de transfert est prise après le début d’une assignation à résidence, le juge statue dans les soixante-douze heures à compter de la notification de l’assignation.

RÉDUCTION DU DÉLAI DE RECOURS NORMAL

Enfin le Sénat en a profité pour réduire le délai de recours  contre les décisions de transfert à sept jours au lieu de quinze. Il s’agit des recours formés alors que la personne n’est ni assignée, ni retenue.  Pour réduire encore le délai à quarante huit heures,  les préfets ont massivement utilisé l’assignation à résidence et la rétention.  Ainsi en 2017 , selon des données du Conseil d’Etat, 60% des 9 000 recours contre des décisions de transfert ont été formulés dans un délai de quarante huit heures alors qu’en 2016, cette part était de 21% pour  2 600 recours.

 

DES PRÉFECTURES QUI ANTICIPENT SON APPLICATION

La loi a été présentée comme réparant une faille juridique mais les préfectures n’ont jamais cessé de placer en rétention des personnes Dublinées alors même qu’elles n’en avaient plus le droit.

Entre le 28 septembre 2017 et le 19 mars 2018, dans les seuls centres où la Cimade exerce la mission d’aide à l’exercice des droits,  au moins 451 personnes  dont 60 enfants ont été placées en rétention pour l’exécution d’une décision de transfert et au moins 171 ( dont 15 enfants) ont été transférées vers un autre État Dublin. Pour contourner les décisions des juridictions suprêmes, les préfets ont placé les personnes le soir pour un vol dès potron-minet, les empêchant de saisir les juges. 85% des personnes ont ainsi été placées pendant un ou deux jours. Dans d’autres lieux, ce sont les juges des libertés et de la détention qui ont prolongé la rétention  sous prétexte que les personnes étaient en fuite . Les tribunaux administratifs de Melun et de Montreuil ont enjoint au préfet de mettre fin à la rétention de personnes pour qui la procédure Dublin était éteinte

 

La Voix du Nord // Etat et département du Nord toujours pas d’accord sur les MNA

http://www.lavoixdunord.fr/334174/article/2018-03-13/etat-et-departement-du-nord-toujours-pas-d-accord-sur-les-mineurs-etrangers-non

Las, «  les propositions ont été très minimales. On a vraiment l’impression que le gouvernement n’a plus un rond…  ». Un paradoxe, alors que l’on annonce de meilleures rentrées fiscales grâce à une amélioration de la conjoncture.

Sur les MNA, l’État souhaite que leur accueil reste une compétence départementale, dans le cadre de l’aide sociale à l’enfance, tout en proposant de reprendre à sa charge la mise à l’abri et l’évaluation. «  Le Premier ministre propose de mieux lutter contre les filières, un fichier biométrique pour éviter que des personnes évaluées majeures à Pau soient évaluées mineurs à Lille. Il veut aussi mettre en place une procédure nationale d’évaluation et donner aux préfets de région l’arbitrage pour répartir dans les départements les MNA en cas d’afflux  ».

Le gouvernement confirme aussi son aide d’urgence pour 2018 de 30 % d’une somme de 40 000 € par MNA. «  Nous souhaitions que cette somme soit maintenue pour les années suivantes voire améliorée en cas d’afflux. Mais il n’y aura pas de pérennisation au-delà de 2018. Or si 30 000 personnes obtiennent le statut de MNA en France en 2019, il y en aura environ 1500 en plus pour le seul Département du Nord, soit 75 millions d’euros par an. En plus des 40 millions que nous payons actuellement, cela fait 115 millions d’euros  ».

Bras de fer

Soit deux mois de budget RSA pour le Département. Du lourd au moment même où l’État ne met « que » 200 à 250 millions d’euros sur la table pour mieux compenser le déséquilibre historique État-Départements dans le paiement des allocations sociales, «  alors qu’il en faudrait de 500 millions à un milliard  ».

Tout cela mis bout à bout fait dire à Jean-René Lecerf : «  C’est une équation budgétaire qui ne tient pas. Si on en reste là, nous ne pourrons pas payer correctement l’accueil des mineurs en danger, étranger ou non, en 2019  ». Et de prévenir : «  S’il n’y a pas d’accord acceptable avant la fin du mois, nous n’aurons aucune raison de signer le contrat pour contenir les finances publiques que l’État nous propose  ». Le bras de fer continue.

Libé et le Monde sur un nouveau traité de contrôle de l’immigration à la frontière franco-britannique

Le Royaume-Uni et la France signent un traité sur le contrôle de l’immigration à leur frontière

Londres va augmenter de 50 millions d’euros sa contribution à la sécurité de la frontière à Calais. Les deux chefs d’Etat ont également annoncé avoir passé un accord de coopération militaire.

LE MONDE

Emmanuel Macron et Theresa May ont signé, jeudi 18 janvier, un nouveau traité sur le contrôle de l’immigration entre la France et le Royaume-Uni, lors du 35e sommet franco-britannique à l’Académie militaire royale de Sandhurst, près de Londres.Ce nouveau traité vise à « renforcer la gestion conjointe de notre frontière commune avec un traitement amélioré des mineurs non accompagnés demandeurs d’asile », selon un communiqué publié à l’issue de la rencontre du président français avec la première ministre britannique. Il prévoit une contribution complémentaire de Londres de 50 millions d’euros au contrôle de la frontière à Calais, où échouent de nombreux clandestins, dans l’espoir de franchir la Manche.

« Cet argent doit être investi dans l’amélioration de la sécurité à la frontière », avait déclaré dans la matinée un porte-parole de l’exécutif britannique :

« Tout comme nous investissons pour nos frontières dans le reste du Royaume-Uni, il est normal de surveiller en permanence si nous pouvons renforcer les contrôles en France et en Belgique, pour s’assurer qu’ils sont aussi sécurisés que possible. »

Ce nouveau traité, nommé « traité de Sandhurst », comporte notamment un point important sur la gestion des mineurs non accompagnés, a expliqué le président français, qui s’exprimait lors d’une allocution conjointe avec Theresa May jeudi soir. Le chef de l’Etat a notamment annoncé que l’accord prévoyait de « réduire drastiquement les délais de transfert de six mois à trente jours ».

En vertu des accords du Touquet, en vigueur depuis 2004, les agents britanniques peuvent effectuer librement des contrôles sur le territoire français. Dans ce cadre, le Royaume-Uni a déjà dépensé près de 100 millions de livres (113 millions d’euros) ces trois dernières années.

L’Etat « ne laissera pas se reconstituer une “jungle” »

Lors d’un déplacement mardi à Calais, ville d’entrée dans le tunnel sous la Manche, Emmanuel Macron avait prévenu que l’Etat « ne laissera[it] pas se reconstituer une “jungle” » comme celle qui a rassemblé jusqu’à 8 000 migrants avant d’être démantelée, en 2016.

Sur les quelque 2 000 mineurs pris en charge après le démantèlement de la « jungle », le Royaume-Uni, qui s’était engagé à accueillir tous les enfants isolés ayant de la famille sur place et à étudier les dossiers des mineurs « vulnérables », en a finalement accueilli 769, selon les chiffres du ministère de l’intérieur britannique. L’ONG France terre d’asile évoque elle 893 mineurs acceptés.

A Londres, un porte-parole du gouvernement a reconnu que les accords du Touquet étaient « très bénéfiques au Royaume-Uni ».

Un accord de coopération militaire

Le sommet de Sandhurst a été également l’occasion pour Emmanuel Macron et Theresa May d’annoncer un renforcement de la collaboration entre la France et le Royaume-Uni dans le domaine de la défense.

La première ministre britannique a annoncé que son pays affecterait trois hélicoptères Chinook (des hélicoptères de transport) pour soutenir les opérations militaires françaises au Sahel et elle s’est engagée à verser plusieurs dizaines de millions d’euros pour soutenir les initiatives pour le développement dans cette région.

De son côté, le président français a annoncé que des soldats français seraient déployés en 2019 en Estonie au sein du contingent britannique, pour faire face à toute menace venant de la Russie.

Sommet franco-britannique : mots de velours, gants de fer

Par Sonia Delesalle-Stolper, envoyée spéciale à Sandhurst (Berkshire, sud-ouest de Londres)

Emmanuel Macron et Theresa May ont signé un nouveau traité pour renforcer les accords du Touquet sur les migrants. Si un rapprochement diplomatique s’esquisse, rien n’indique un assouplissement des négociations sur le Brexit.

L’annonce, jeudi matin, a provoqué un léger flottement. Une louve blanche d’Alaska, baptisée «Mai», s’était échappée d’une réserve située dans le Berkshire, à quelques kilomètres de la Royal Military Academy Sandhurst, où devait s’ouvrir quelques heures plus tard le 35e sommet bilatéral franco-britannique. Finalement, c’est «Torak» le loup qui était parti en goguette. Il a été rattrapé avant que la Première ministre britannique Theresa May et le président français Emmanuel Macron ne remontent côte à côte l’Allée du roi – ça ne s’invente pas. Elle les a conduits au premier bataillon des Coldstream Guards, coiffés de leurs magnifiques couvre-chefs en poils d’ours. Entre deux averses et un arc-en-ciel, un Rafale français, piloté par un Britannique, et un Typhoon britannique, piloté par un Français, ont survolé les lieux.

Theresa May, elle, n’avait rien d’une louve mais uniquement des mots de velours pour «cher Emmanuel», en première visite officielle depuis son élection à la présidence. Les deux dirigeants ont revu les troupes sous la pluie, après avoir déjeuné dans un gastropub, The Royal Oak. Dans un contexte compliqué, notamment par l’instabilité provoquée par le Brexit et, de l’autre côté de l’Atlantique, par les errements sur Twitter du président américain Donald Trump, Londres et Paris avaient souhaité donner un poids particulier à ce sommet bilatéral biennal. Il fallait prouver que la coopération en matière de sécurité et de défense se porte (presque) mieux que jamais entre les deux pays. «Il y a deux choses que rien ne pourra changer, aucun vote, aucune décision politique : c’est notre histoire et notre géographie. Une communauté de destins», a déclamé Emmanuel Macron, au début de la conférence de preuve finale du sommet.

«The Quint», première…

Preuve de cette profonde coopération, pour la première fois de l’histoire, publiquement, une réunion de «The Quint», réunissant les dirigeants des cinq agences de renseignement britanniques (MI5, intérieur, MI6, extérieur et le GCHQ, écoutes) et françaises (DGSI, intérieur et DGSE, extérieur), s’est tenue dans les murs de la prestigieuse école d’officiers britanniques. Dans le cadre de la lutte contre le terrorisme en ligne, les deux pays ont «exhorté le secteur privé à supprimer les contenus illégaux dans un délai d’une à deux heures après leur mise en ligne et en envisageant des mesures législatives si nécessaire».

Mais le plat de résistance de ce sommet, auquel assistaient également, pour chaque pays, sept ministres, était sans aucun doute la signature d’un nouveau Traité, le Traité de Sandhurst, pour renforcer les accords du Touquet, signés en 2003. Le Royaume-Uni s’est engagé à verser 44,5 millions de livres (50,5 millions d’euros) pour renforcer la sécurité et les contrôles autour de Calais. Il y a déjà dépensé quelque 140 millions d’euros depuis 2015. Surtout, Emmanuel Macron a obtenu un engagement formel pour un accueil plus rapide et plus conséquent des mineurs isolés, et un traitement plus prompt et efficace des dossiers de demandes d’asile émises par des réfugiés présents à Calais ou dans les alentours. «Le délai de traitement des dossiers des adultes sera réduit de six mois à trente jours et celui des mineurs non accompagnés de six mois à vingt-cinq jours», a annoncé le président français. Ce traité va permettre «une approche plus humaine et plus efficace [de la situation à Calais] et de préserver la qualité de notre frontière», a-t-il vanté.

Pilule

Les Britanniques pourraient accueillir 260 mineurs non accompagnés, selon des estimations du ministère britannique de l’Intérieur. En revanche, Paris n’a pas obtenu d’aide supplémentaire pour le développement économique du Calaisis, ce qu’il avait initialement réclamé. Mais, pour Theresa May, cette pilule-là aurait été trop difficile à faire avaler à ses troupes et notamment aux plus ardents des Brexiters, déjà froissés de devoir mettre la main à la poche pour gérer la frontière à Calais. L’autre alternative, dénoncer les accords du Touquet et transférer la frontière côté britannique à Douvres, était encore plus difficile à envisager.

Les Britanniques vont déployer trois hélicoptères Chinook dans le Sahel pour assister les forces françaises dans l’opération Barkhane au Mali et 56 millions d’euros d’aide «au développement supplémentaire pour l’Alliance pour le Sahel». De son côté, la France s’est engagée à contribuer à la force de présence avancée renforcée de l’OTAN en 2019, dans le cadre du groupement tactique sous commandement britannique en Estonie. Après s’être montré très ferme ces derniers mois dans la conduite des négociations sur le Brexit, Emmanuel Macron a joué cette fois-ci la carte du pragmatisme. Il sait que le Royaume-Uni reste un partenaire indispensable, «seul autre pays membre permanent du conseil de sécurité de l’ONU», doté d’une précieuse expertise en matière militaire et de renseignement. Il est, en Europe, le seul pays doté d’une force d’intervention similaire à celle de la France.

Mantra

De son côté, Theresa May a répété l’un de ses mantras favoris : «Le sommet se tient alors que le Royaume-Uni se prépare à quitter l’Union européenne: cela ne signifie pas que le Royaume-Uni quitte l’Europe». Ce sommet entrait aussi dans la stratégie globale du gouvernement britannique alors que s’ouvre la deuxième phase des négociations sur le Brexit. En renforçant les liens bilatéraux, avec chacun des 27 membres de l’UE, Londres espère percer un front dans l’unité affichée jusqu’à présent par les Vingt-Sept, pour pouvoir négocier un accord de départ plus avantageux. Sauf qu’à l’heure actuelle, rien n’indique que ce calcul portera ses fruits. La réaction d’Emmanuel Macron à une question d’un journaliste britannique sur la volonté éventuelle de la France de «punir» les Britanniques pour le Brexit a probablement douché les espoirs de Theresa May. «Je ne suis là ni pour récompenser ni pour punir, j’ai une exigence, c’est que le marché unique soit préservé, maintenant le choix est du côté britannique.»

«Il ne peut pas y avoir un accès différencié pour les marchés financiers, alors qu’ils sont dans le marché unique, vous voulez y participer, ‘be my guest’ », a-t-il ajouté en anglais, ce qui peut être traduit par «bon courage !». «Il existe un accès, sur le modèle norvégien (non-membre de l’UE mais qui paye une contribution au budget européen), ou alors il existe un autre accès qui s’appelle membre de l’Union européenne, c’est un statut qui existe», a conclu Emmanuel Macron, provoquant les éclats de rire de l’assistance. Et les titres de la presse britannique de vendredi.

Sonia Delesalle-Stolper envoyée spéciale à Sandhurst (Berkshire, sud-ouest de Londres)

Libération // Politique migratoire: l’irrationalité au pouvoir?

Des réfugiés, dans le centre ville de Calais, pendant la visite du ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, le 23 juin. Des réfugiés, dans le centre ville de Calais, pendant la visite du ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, le 23 juin. Photo Denis Allard. Rea pour Libe

Comme celle de ses prédécesseurs, la politique migratoire d’Emmanuel Macron, en visite ce mardi à Calais, refuse d’entendre ce que disent les chercheurs depuis des années: les dispositifs répressifs créent le «problème migratoire» qu’ils prétendent pourtant résoudre

Très loin du renouveau proclamé depuis l’élection du président Macron, la politique migratoire du gouvernement Philippe se place dans une triste continuité avec celles qui l’ont précédée tout en franchissant de nouvelles lignes rouges qui auraient relevé de l’inimaginable il y a encore quelques années. Si, en 1996, la France s’émouvait de l’irruption de policiers dans une église pour déloger les grévistes migrant·e·s, que de pas franchis depuis: accès à l’eau et distributions de nourriture empêchées, tentes tailladées et couvertures jetées, familles traquées jusque dans les centres d’hébergement d’urgence en violation du principe fondamental de l’inconditionnalité du secours.

La loi sur l’immigration que le gouvernement prépare marque l’emballement de ce processus répressif en proposant d’allonger les délais de rétention administrative, de généraliser les assignations à résidence, d’augmenter les expulsions et de durcir l’application du règlement de Dublin, de restreindre les conditions d’accès à certains titres de séjour, ou de supprimer la garantie d’un recours suspensif pour certain.e.s demandeur·e·s d’asile. Au-delà de leur apparente diversité, ces mesures reposent sur une seule et même idée, jamais démontrée et toujours assénée, de la migration comme «problème».

Des idées reçues bien tenaces

Cela fait pourtant plusieurs décennies que les chercheurs spécialisés sur les migrations, toutes disciplines scientifiques confondues, montrent que cette vision est largement erronée. Contrairement aux idées reçues, il n’y a pas eu d’augmentation drastique des migrations durant les dernières décennies. Les flux en valeur absolue ont certes augmenté mais le nombre relatif de migrant·e·s par rapport à la population mondiale stagne à 3% et est le même qu’au début du XXe siècle. Dans l’Union Européenne, après le pic de 2015, qui n’a par ailleurs pas concerné la France, le nombre des arrivées à déjà chuté. Sans compter les «sorties» jamais intégrées aux analyses statistiques et pourtant loin d’être négligeables. Et si la demande d’asile a connu, en France, une augmentation récente, elle est loin d’être démesurée au regard d’autres périodes historiques. Au final, la mal nommée «crise migratoire» européenne est bien davantage une crise institutionnelle, une crise de la solidarité et de l’hospitalité, qu’une crise des flux. Car ce qui est inédit dans la période actuelle c’est bien davantage l’accentuation des dispositifs répressifs que l’augmentation de la proportion des arrivées.

La menace que représenteraient les migrant·e·s pour le marché du travail est tout autant exagérée. Une abondance de travaux montre depuis longtemps que la migration constitue un apport à la fois économique et démographique dans le contexte des sociétés européennes vieillissantes, où de nombreux emplois sont délaissés par les nationaux. Les économistes répètent inlassablement qu’il n’y a pas de corrélation avérée entre immigration et chômage car le marché du travail n’est pas un gâteau à taille fixe et indépendante du nombre de convives. Ils s’échinent à faire entendre qu’en Europe, les migrant·e·s ne coûtent pas plus qu’ils/elles ne contribuent aux finances publiques, auxquelles ils/elles participent davantage que les nationaux, du fait de la structure par âge de leur population.

Imaginons un instant une France sans migrant·e·s. L’image est vertigineuse tant leur place est importante dans nos existences et les secteurs vitaux de nos économies: auprès de nos familles, dans les domaines de la santé, de la recherche, de l’industrie, de la construction, des services aux personnes, etc. Et parce qu’en fait, les migrant·e·s, c’est nous : un·e Français.e sur quatre a au moins un·e parent·e ou un grand-parent immigré·e.

Les migrants ne sont pas des fardeaux !

En tant que chercheur·e·s, nous sommes stupéfait·e·s de voir les responsables politiques successifs asséner des contre-vérités puis jeter de l’huile sur le feu. Car loin de résoudre des problèmes fantasmés, les mesures que se sont empressées de prendre chaque nouvelle majorité, n’ont cessé d’en fabriquer de plus aigus. Les situations d’irrégularité et de précarité qui feraient des migrant·e·s des «fardeaux» sont précisément produites par nos politiques migratoires: la quasi absence de canaux légaux de migration (pourtant préconisés par les organismes internationaux les plus consensuels) oblige les migrant·e·s à dépenser des sommes considérables pour emprunter des voies illégales. Elle les dépossède des ressources financières nécessaires pour prendre place dans les sociétés d’arrivée. La vulnérabilité financière mais aussi physique et psychique produite par notre choix de verrouiller les frontières (et non par leur choix de migrer) est ensuite redoublée par d’autres pièces de nos réglementations: en obligeant les migrant·e·s à demeurer dans le premier pays d’entrée de l’UE, le règlement de Dublin les prive de leurs réseaux familiaux et communautaires, souvent situés dans d’autres pays européens et si précieux à leur insertion. A l’arrivée, nos lois sur l’accès au séjour et au travail les maintiennent, ou les font basculer, dans des situations de clandestinité et de dépendance. Enfin ces lois contribuent paradoxalement à rendre les migrations irréversibles: la précarité administrative des migrant·e·s les pousse souvent à renoncer à leurs projets de retour au pays par peur qu’ils ne soient définitifs. Les enquêtes montrent clairement que c’est l’absence de «papiers» qui empêche ces retours. Nos politiques migratoires fabriquent bien ce contre quoi elles prétendent lutter.

Contrairement à une idée largement répandue, les migrant·e·s ne sont pas «la misère du monde»Ce sont précisément nos choix politiques qui font basculer une partie d’entre eux/elles dans la misère. Comme ses prédécesseurs, le gouvernement signe donc aujourd’hui les conditions d’un échec programmé, autant en termes de pertes sociales, économiques et humaines, que d’inefficacité au regard de ses propres objectifs.

Imaginons une autre politique migratoire. Une politique migratoire enfin réaliste. Elle est possible, même sans les millions utilisés pour la rétention et l’expulsion des migrant·e·s (qui ne les empêchent par ailleurs pas de revenir), le verrouillage hautement technologique des frontières (qui ne les empêche pas de passer), le financement de patrouilles de police et de CRS (qui ne les empêche pas de résister), les sommes versées aux régimes autoritaires de tous bords pour qu’ils retiennent, reprennent ou enferment leurs migrant·e·s. Une politique d’accueil digne de ce nom, basée sur l’enrichissement mutuel et le respect de la dignité de l’autre coûterait certainement moins cher que la politique restrictive et destructrice que le gouvernement a choisi de renforcer encore un peu plus aujourd’hui. Quelle est donc sa rationalité: ignorance ou électoralisme?

Karen Akoka Maîtresse de conférence à l’Université Paris Nanterre et chercheuse à l’Institut des Sciences sociales du politique (ISP). Camille Schmoll Maîtresse de conférence à l’Université Paris Diderot, membre de l’Institut universitaire de France et chercheuse à l’umr Géographie-cités.

Libération // Discours de Macron à Calais

Par LIBERATION, avec AFP — 
Emmanuel Macron à Calais, le 16 janvier.
Emmanuel Macron à Calais, le 16 janvier. Photo Denis Charlet. AFP

Le président de la République a défendu le travail des policiers, tout en les appelant à être «exemplaires» vis-à-vis des migrants. L’Etat devrait par ailleurs se charger de l’accès à la nourriture.

Emmanuel Macron s’est exprimé ce mardi depuis Calais sur sa politique d’immigration. Le président de la République a d’abord déclaré qu’il comptait «assurer la sécurité du port de Calais et du tunnel sous la Manche» et rendre impossible le passage illégal au Royaume-Uni. «Calais ne doit pas être une porte d’entrée dérobée vers l’Angleterre», a-t-il déclaré. «En aucun cas, nous ne laisserons se reconstituer une jungle à Calais», a-t-il ajouté devant les forces de l’ordre.

Alors que les policiers sont régulièrement mis en cause car, selon l’ONG Human Rights Watch et plusieurs associations, ils confisquent les affaires des exilés et les aspergent régulièrement de gaz poivre, Emmanuel Macron a appelé les agents de l’Etat à être «exemplaires» vis-à-vis des migrants. «Aucun manquement à la déontologie ne sera toléré» et «si manquement il y a, des sanctions seront prises», a affirmé le président de la République, en annonçant qu’une circulaire serait prochainement adressée aux préfets.

Mais qu’il y ait des manquements ou non, le chef de l’Etat a également annoncé une «prime exceptionnelle de résultats» pour les forces de l’ordre «affectées de manière permanente» dans le Calaisis.

Le président s’en est par ailleurs pris aux associations qui «encouragent ces femmes et ces hommes à rester, à s’installer dans l’illégalité, voire à passer» en Grande-Bretagne «prennent une responsabilité immense». «Jamais elles n’auront l’Etat à leurs côtés», a-t-il ajouté.

Enfin, Emmanuel Macron a annoncé que l’Etat s’occupera désormais de «l’accès à la nourriture et aux repas, qui est assuré aujourd’hui par les associations». «Je vais vous le dire très clairement, nous allons le prendre à notre charge, de manière organisée, avec des points mobiles, sans tolérer aucune installation de campements illicites», a-t-il dit

Le monde // Immigration: arrivées et renvois en hausse en 2017

La Direction générale des étrangers de France a publié son rapport, mardi, sur les chiffres de l’immigration en 2017 alors qu’Emmanuel Macron se rend à Calais.

Le Monde.fr |Par Maryline Baumard

 

Des migrants attendent près d’un parking à camions, à Calais (Pas-de-Calais), le 12 janvier.

En 2017, la France a délivré 13,7 % de nouveaux titres de séjours de plus qu’en 2016. Quelque 262 000 étrangers en ont obtenu un premier. Rendues publiques par le ministère de l’intérieur mardi 16 janvier, les données 2017 sur l’immigration risquent d’alimenter la polémique sur ce sujet difficile à manier en finesse. D’autant qu’ils sont annoncés le jour même où le chef de l’Etat fait sa première sortie sur le thème, et alors que la future loi asile et immigration fait débat.

Les entrées 2017 se sont d’abord faites pour motif familial : 91 070 étrangers ont obtenu un premier titre de séjour (+ 2,2 %), majoritairement parce qu’ils ont épousé un ressortissant français ou fait venir des membres de leur famille. Le deuxième groupe de nouveaux venus, lui, est composé des étudiants qui ont été 88 095 à commencer un cursus en France (+ 19,6 %). Vient ensuite la catégorie des visas humanitaires délivrés à 40 305 personnes (+ 35 %), essentiellement au titre de l’asile ; puis les 27 690 nouveaux venus (+ 20,5 %) autorisés pour la première fois à venir travailler en France.

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Ce distinguo permet de comprendre combien ces entrées sont un mixte d’« immigration subie » et de « migration choisie ». Les passeports talents, voie royale offerte à ceux que la France rêve de faire venir, tiennent une place particulière dans ce paysage. A l’heure de la bataille mondiale des cerveaux, la France est peut-être en train de trouver des moyens d’attirer avec ce dispositif puisque 27 856 ont été délivrés (ou renouvelés) depuis leur création fin 2016. Depuis 2012, la hausse des entrées est continue et régulière en France.

Affaire compliquée

A l’autre bout de la chaîne, 27 373 personnes, soit 10,8 % de plus qu’en 2016 ont, elles, quitté la France en 2017. Comme les entrées, ce nombre amalgame des réalités disparates. Il intègre d’abord les 6 596 renvois forcés vers des pays extérieurs à l’Union européenne. C’est la donnée la plus emblématique de la politique pudiquement baptisée de « reconduite ». Ce nombre, en hausse de 7 % par rapport à une « mauvaise » année 2016 en matière de renvoi, ne fait que rattraper le nombre d’expulsions de 2015 (6 311). Il concerne évidemment les déboutés du droit d’asile, que le gouvernement Philippe promet de renvoyer plus massivement. C’est d’ailleurs l’esprit dominant du projet de loi qui sera présenté en conseil des ministres le 21 février et c’est le cœur de la politique menée par Gérard Collomb depuis son arrivée Place Beauvau.

Ces renvois hors Union Européenne s’ajoutent aux expulsions de ressortissants européens (essentiellement Roumains) en hausse de 9,2 %, et surtout à la remise à l’avion des « Dublinés ». Cette dernière catégorie concerne les demandeurs d’asile qui ont laissé leurs empreintes dans un autre pays d’Europe, vers lequel la France voudrait les renvoyer. Le gouvernement met beaucoup d’énergie et de moyens pour obtenir leur réadmission, afin qu’ils ne demandent pas l’asile en France. Mais l’affaire est compliquée, même si, au final, cette énergie dépensée aboutit à une hausse de 37,5 %, avec 4 589 départs forcés. Le résultat reste cependant mitigé puisqu’un tiers des 100 412 demandeurs d’asile de 2017 étaient « dublinables ».

Politique offensive

A tout cela s’ajoutent des départs spontanés (+ 43,5 %), parfois aidés d’un petit coup de pouce. Si la première catégorie intègre tous ceux qui pour des raisons variées ont décidé de rentrer chez eux, la seconde concerne essentiellement des Afghans et des Albanais usés par leur périple migratoire. L’Office français de l’immigration et de l’intégration mène une politique offensive, et offre des aides à la réinstallation qui ont convaincu 28,2 % de personnes de plus qu’en 2016. Ainsi, ils sont 1 078 à avoir décidé de repartir et sont aidés financièrement pour développer un projet économique s’ils sont Afghans (pas s’ils sont albanais).

Par ailleurs, dans le contexte du rétablissement des contrôles aux frontières intérieures, les non-admissions d’étrangers ont fortement augmenté comme le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb s’en était plusieurs fois félicité. En 2017, 85 408 personnes se sont vues notifier un refus d’entrer, soit une hausse de 34 %. Cette pratique est surtout à l’œuvre à la frontière franco-italienne.

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L’équilibre n’est pas facile à trouver pour la France, qui se veut pays touristique, et souhaite en même temps limiter les entrées de personnes qui pourraient profiter d’un visa court séjour pour s’installer. Après le repli de 2016, le nombre de visas délivrés repart à la hausse en 2017, avec un total de 3 420 395 (+ 11 %). Les ressortissants chinois, indiens et russes en sont les premiers bénéficiaires et cette fois encore la Chine reste le premier pays d’origine des titulaires de visas (849 550 délivrés). Soit 18,7 % de plus qu’en 2016.

La voix du Nord // Ce que les associations d’aide aux migrants demandent au Président macron

http://www.lavoixdunord.fr/297349/article/2018-01-15/ce-que-les-associations-d-aide-aux-migrants-demandent-au-president-macron

Les associations qui viennent en aide aux migrants réclament plus de dignité envers les migrants de la part des autorités.

En fin d’après-midi, vers 17 h 45, une rencontre est prévue en sous-préfecture de Calais entre le président de la République et les associations d’aide aux migrants, durant près d’une heure et demie. Seul un membre de chaque association pourra participer à cette réunion. Utopia 56, l’Auberge des migrants ont annoncé ce lundi qu’elles n’y participeraient pas. Le Secours catholique, Salam, La Vie active, France terre d’asile seront notamment présentes. Voici ce qu’elles réclament à Emmanuel Macron.

Une ouverture du dispositif hivernal jusqu’au 31 mars

Depuis début décembre, dans le cadre de ses obligations légales d’aide aux migrants, l’État a mis en place un dispositif d’hébergement d’urgence quand les conditions climatiques sont difficiles. Deux lieux sont ainsi ouverts ponctuellement, la nuit, sur seule décision de l’État : les conteneurs route de Saint-Omer pour les femmes et enfants, et un hangar zone des Dunes, rue des Huttes, pour les hommes. Les associations réclament que ces hébergements d’urgence soient ouverts «  jusqu’au 31 mars au minimum  ».

Des lieux de distribution « dignes »

«  Les autorités doivent ouvrir un ou des lieux de distribution dignes, pour que les associations puissent faire leur indispensable travail ailleurs que dans la rue et dans les intempéries.  » «  Un hébergement d’urgence à Calais, avec des conditions d’accueil dignes  », demande Loan Torondel de l’Auberge des migrants. Depuis le démantèlement de la « jungle » en octobre 2016, les lieux de distribution se déroulent dehors, rue des Verrotières, zone des Dunes et place de Norvège, où les migrants prennent leurs repas à même le sol. Cette semaine, la préfecture du Pas-de-Calais a confié ne pas être «  fermée à la création d’un point de distribution de repas aux migrants avant la fin de la période hivernale  ». Il s’agirait de créer un lieu de distribution mobile. Elle assure qu’une «  réflexion est engagée  » et qu’une solution, qui n’a pas encore été trouvée, pourrait être mise en œuvre «  en deux semaines  »

 

Les affrontements entre CRS et migrants sont quotidiens.

En finir avec les destructions des affaires des migrants

Depuis plusieurs semaines, les associations dénoncent «  la confiscation puis la destruction systématique des sacs de couchage, bâches et autres affaires des migrants  » lors des démantèlements de squats selon la politique du zéro point de fixation. À quelques jours de la venue d’Emmanuel Macron, la préfecture a indiqué qu’un nouveau dispositif serait mis en place d’ici fin janvier pour les démantèlements  : deux camions benne blancs seront maintenant utilisés. L’un des deux sera dédié aux déchets ; l’autre aux affaires personnelles, duvets et couvertures des migrants.

L’ouverture de centres d’accueil sur le littoral

«  Dès que possible, le gouvernement doit ouvrir des centres d’accueil sur le littoral, pour permettre aux personnes de se poser, d’être informées sur leurs droits. Il faut mettre en place des structures d’accueil dignes pour les migrants à Calais et Dunkerque en attente de transfert, pour éviter les conditions sanitaires actuelles  », réclament les associations.

« Des voies de passage sûr et légal pour les mineurs et les familles »

Après sa venue à Calais, Emmanuel Macron rencontrera la première ministre britannique Theresa May jeudi, à Sandhurst, au sud de Londres, dans le cadre du sommet franco-britannique. À quelques jours de ce dernier, deux associations d’aide aux exilés, L’Auberge des migrants et Safe Passage, ont mis en ligne une pétition pour réclamer la mise en place «  en urgence  » de «  voies de passage sûr et légal pour les mineurs, les familles et les personnes âgées, afin que ces personnes ne prennent plus de risques lors de traversées illégales  ». L’amendement Dubs qui prévoyait l’accueil de réfugiés mineurs non accompagnés au Royaume-Uni n’a pas atteint les quotas annoncés. En effet, alors que 3 000 mineurs isolés devaient être accueillis dans le pays, le gouvernement britannique a décidé de suspendre les arrivées après avoir accueilli seulement 350 mineurs. Elles réclament aussi l’application «  des procédures de réunification familiale, pour les adultes comme pour les mineurs  », estimant qu’à l’heure actuelle, «  l’État français n’assure pas un accès à l’asile aux fins de réunifications familiales conformément à Dublin III*  », et les autorités britanniques, «  ont mis en place des exigences déraisonnables au regard de la situation des exilés  ».

* Selon le règlement Dublin, un seul État est responsable de l’examen d’une demande d’asile dans l’Union européenne. Selon le règlement Dublin III, il s’agit soit du pays par lequel le migrant est entré et dans lequel il a été contrôlé ; soit l’État qui lui a accordé un visa ou un titre de séjour. La grande majorité des migrants qui échouent à Calais sont « dublinés » dans un autre État que la France.

Communiqué la Cimade sur la rencontre à matignon

http://www.lacimade.org/presse/rencontre-a-matignon-loi-asile-migrations-occasion-manque-gouvernement/

Communiqué de presse – 11 janvier 2018

Rencontre à Matignon sur la loi asile et migrations : une « occasion manquée » par le gouvernement

A la sortie du rendez-vous entre les associations de solidarité avec les personnes réfugiées et migrantes et le Premier ministre Edouard Philippe qui s’est tenu aujourd’hui à Matignon, Jean-Claude Mas, secrétaire général de La Cimade a déclaré :

« C’est une déception, une occasion manquée par le chef du gouvernement qui a procédé plus à un exercice de communication qu’à une concertation des acteurs associatifs. Malgré un dialogue franc et des échanges directs, aucune annonce n’a été faite de la part d’un gouvernement qui s’entête dans ses certitudes basées sur des analyses biaisées. Face à un secteur associatif globalement unanime pour dénoncer les dangers de ce texte, Edouard Philippe et son ministre de l’intérieur ont justifié les mesures de ce texte qui marque un durcissement de la loi sur l’asile et les migrations.

L’annonce du Premier ministre qu’il n’y aura pas de changements majeurs dans le texte, mais seulement des discussions techniques sur certaines mesures, confirme que la philosophie générale de ce projet de loi est assumée au sommet de l’Etat, et que la priorité est bien à restreindre les droits des personnes étrangères malgré quelques mesures positives.

Même sur le sort des personnes « ni expulsables ni régularisables », le Premier ministre a jugé pas pertinent que ce soit une priorité. Interrogé par La Cimade sur les violations des droits aux frontières et dans les centres de rétention, Edouard Philippe n’a pas souhaité répondre.

A l’issue de ce rendez-vous manqué, le combat va se jouer au Parlement pour éviter un recul dangereux pour les droits des personnes étrangères en France. La Cimade appelle à la mobilisation. »

Médiapart // La crise migratoire n’a pas eu lieu

 PAR 
Le nombre d’arrivées de migrants ayant traversé la Méditerranée pour rejoindre l’UE a été divisé par deux en 2017 par rapport à 2016 et par cinq par rapport à 2015. La « crise » est terminée. A-t-elle jamais eu lieu ?


La « crise migratoire » est terminée mais les États membres de l’Union européenne n’en finissent pas d’agiter les peurs et de durcir leurs politiques pour empêcher les migrants de débarquer sur leurs côtes. Lors de ses vœux aux Français, le 31 décembre 2017, Emmanuel Macron, après avoir affirmé qu’« accueillir les femmes et les hommes qui fuient leur pays parce qu’ils y sont menacés » était un « devoir moral, politique », s’est empressé d’ajouter que « nous ne pouvons accueillir tout le monde », afin de justifier les mesures de « contrôle d’identité » prévues par une circulaire du 12 décembre dans les foyers d’hébergement d’urgence, mettant en cause l’accueil inconditionnel.

Les statistiques disponibles auprès de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), rattachée à l’ONU, montrent pourtant que les arrivées de migrants par la Méditerranée ont drastiquement chuté en 2017 : leur nombre a été divisé par deux par rapport à 2016 et par cinq par rapport à 2015. En 2017, 170 249 personnes ont traversé la mer au péril de leur vie, contre 363 401 en 2016 et 1 012 169 en 2015 !

Les arrivées de migrants par la mer en Europe, de janvier 2015 à janvier 2018 © UNHCRLes arrivées de migrants par la mer en Europe, de janvier 2015 à janvier 2018 © UNHCR
Ce que l’ONU a désigné comme étant l’exode le plus important qu’ait connu l’Europe depuis la Seconde Guerre mondiale n’aura duré que quelques mois, du printemps 2015 au printemps 2016, avec un pic à l’automne 2015. Le record a été atteint avec 220 579 arrivées au cours du seul mois d’octobre 2015. À titre de comparaison, elles n’auront pas dépassé 14 000 deux ans plus tard durant la même période.

L’« exode » de 2015-2016 a concerné principalement des Syriens et des Afghans fuyant leur pays et ayant traversé la Méditerranée via la mer Égée, au départ de la Turquie. Les images de cohortes de familles réfugiées remontant la route des Balkans à pieds, bagages et bébés sous le bras, ont marqué les esprits, ainsi que celle du petit Aylan Kurdi, dont le corps a été retrouvé étendu sur une plage turque, après le naufrage de l’embarcation qui devait le conduire en Europe. Associé au blocage successif des frontières en Europe centrale, l’accord politique et financier signé entre l’UE et la Turquie en mars 2016 et autorisant le renvoi massif des demandeurs d’asile débarqués en Grèce a provoqué un ralentissement net des tentatives de passage, au risque de laisser sans protection des personnes menacées dans leur pays d’origine.

Les arrivées en Italie au départ de la Libye ont ensuite pris le relais, mais dans des proportions (en moyenne 20 000 par mois) qui n’ont jamais concurrencé les 200 000 du mois d’octobre 2015 entre la Turquie et la Grèce. Les pays d’origine ont logiquement changé, les Nigérians, en 2017, arrivant en tête, devant les Guinéens, les Gambiens et les Ivoiriens.

Les arrivées de migrants par la mer, mois par mois, au cours des trois dernières années © OIMLes arrivées de migrants par la mer, mois par mois, au cours des trois dernières années © OIM

Lors de la dernière période, les départs depuis la Libye ont à leur tour diminué, à la suite des très contestables alliances plus ou moins secrètes conclues entre Rome et diverses milices de trafiquants libyens. Et c’est l’Espagne, tout en restant en troisième position derrière l’Italie et la Grèce, qui a enregistré la hausse la plus importante des arrivées : leur nombre a plus que doublé en un an, pour atteindre 26 941 en 2017 (contre 118 914 en Italie et 33 986 en Grèce par voie de mer et de terre). Après avoir atteint un niveau record en 2006 (39 180), elles avaient pourtant ensuite nettement diminué, jusqu’à devenir marginales, en raison des patrouilles des bateaux de Frontex, l’agence de surveillance européenne des frontières extérieures, dans le détroit de Gibraltar. Nouveauté, l’Algérie rejoindrait le Maroc comme pays de départ. La diversification des routes est une constante dans l’histoire des mouvements migratoires : qu’une voix d’accès se ferme, son remplacement par une autre est immédiat.

L’examen approfondi de l’« exode » de 2015-2016 permet d’aller encore plus loin. Terminée, la « crise » a-t-elle même eu lieu ? Dans l’ouvrage collectif publié, fin 2017, par le réseau européen et africain de militants et de chercheurs Migreurop, Atlas des migrations en Europe, approches critiques des politiques migratoires (Armand Colin), l’instrumentalisation des chiffres des migrations par les gouvernants et les médias fait l’objet d’une vive critique. Ses auteurs expliquent que les statistiques sont généralement diffusées en valeur absolue, sans comparer les années les unes par rapport aux autres, et de manière décontextualisée et partielle. « Cette utilisation des chiffres est l’un des rouages classiques de la construction de l’idée d’envahissement », soulignent-ils.

L'Union européenne est-elle confrontée à un nombre important de réfugiés ? © «Atlas des migrants en Europe», Migreurop, 2017.L’Union européenne est-elle confrontée à un nombre important de réfugiés ? © «Atlas des migrants en Europe», Migreurop, 2017.

Pour déconstruire leur usage, ils rappellent leur face cachée. Ainsi, les données fournies par Frontex sont peu fiables : certains « franchissements illégaux » de frontières sont comptés plusieurs fois, par exemple lorsque les personnes, entrées une première fois dans l’UE par la frontière turco-grecque, en ressortent ensuite par la Macédoine, avant d’y entrer de nouveau via la Croatie ou la Hongrie. Ces chiffres reflètent en outre l’augmentation du budget de cette agence et donc l’accroissement de l’activité de ses gardes-frontières.

Les auteurs du livre notent par ailleurs que le durcissement des politiques migratoires européennes a pour conséquence de considérer davantage de migrants comme étant en situation irrégulière. Préférant parler de « crise de la politique migratoire » que de « crise des migrants », ils font remarquer que si les arrivées des demandeurs d’asile au sein de l’UE en 2015 (1 257 030) et 2016 (1 204 280) sont effectivement supérieures à celles de l’année 2014 (562 700), elles sont réparties de manière très inégale entre les États membres, 60 % des demandes ayant été déposées en Allemagne en 2016. Le nombre total d’entrées de ces personnes en Europe, ajoutent-ils, ne représente que 0,24 % de ses 508,2 millions d’habitants. « Plus encore : la totalité des demandes d’asile déposées dans l’UE ces dix dernières années représente moins de 1 % de sa population en 2016 », écrivent-ils, observant que des hausses similaires ont existé au début des années 1990 et que l’augmentation de 2015-2016 est également à mettre en relation avec l’élargissement de l’UE de 15 à 28 depuis 2004. « L’usage des chiffres, couplé aux images diffusées par les médias et aux déclarations politiques, participe à faire croire que ce qui se déroule à une échelle locale, par exemple sur l’île grecque de Lesbos, est représentatif de la situation à l’échelle nationale, voire européenne », indiquent-ils.

Au bout du compte, le nombre des arrivées est systématiquement perçu comme trop élevé, par rapport à une situation supposée normale qui serait fixée à zéro. « L’immigration apparaît dès lors non seulement comme surnuméraire, mais aussi comme une anomalie », concluent les auteurs de l’Atlas des migrants en Europe. Et le tour est joué : l’ennemi imaginaire sert à cristalliser les peurs des opinions publiques, qui se développent pour tout un tas d’autres raisons, notamment économiques et sociales, et à justifier la mise en œuvre de politiques toujours plus dures à l’égard des migrants.

Le Monde // Offensive des associations contre le recensement des migrant.e.s en centres d’hébergement

Par Maryline Baumard

Vingt-sept associations déposent une requête en Conseil d’Etat pour demander l’annulation de tout ou partie de la circulaire Collomb du 12 décembre.

Les magistrats administratifs trancheront. Dans leurs bureaux du Conseil d’Etat, ils décideront si la « circulaire Collomb » du 12 décembre « remet en cause le principe légal d’accueil inconditionnel en hébergement d’urgence ». Ce texte, qui organise le recensement des migrants dans ces centres, est contesté par le monde de l’entraide depuis le 8 décembre, date à laquelle le ministre de l’intérieur le leur a présenté.

Depuis l’automne, en effet, Gérard Collomb multiplie les circulaires à l’intention de ses préfets, désignant régulièrement l’immigration comme un sujet à ne pas omettre. Dans celle du 12 décembre, il leur demande de « bâtir localement un dispositif de suivi administratif robuste des personnes étrangères en hébergement d’urgence » à l’aide d’« équipes mobiles chargées de l’évaluation administrative des personnes hébergées ». 

Sentant la polémique monter, le ministre de l’intérieur a modifié son discours, estimant que ce recensement est le moyen d’offrir un dispositif d’intégration aux réfugiés ou aux demandeurs d’asile qui se seraient égarés dans cet hébergement pas vraiment prévu pour eux. Le doute n’a pas été levé par cette nouvelle lecture et moins encore par la réaffirmation, le 21 décembre, de la bouche du premier ministre, que le texte serait maintenu. Les vingt-sept associations ont donc décidé de déferrer la circulaire devant la plus haute juridiction administrative pour la faire annuler, ou pour obtenir sa réinterprétation.

Refus de hiérarchiser « les situations de misère »

De la Fondation Abbé-Pierre à Médecins sans frontières ; de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) à France terre d’asile ou Droit au logement, la liste de ceux qui ont souhaité aller en justice pour dénoncer ce qu’ils perçoivent comme « un véritable tri selon la nationalité ou le statut administratif des personnes », est d’une longueur et d’une variété peu coutumière. Tous ces associatifs partagent un refus de hiérarchiser « voire de mettre en concurrence les situations de pauvreté et de misère sur le fondement de critères discriminatoires ».

Comme la réponse « sur le fond » nécessitera entre six et huit mois, Patrice Spinosi, l’avocat qui porte ce recours, a dégainé en parallèle l’arme plus rapide et légère du référé qui permet d’espérer une réponse sous vingt jours.

L’avocat attaque cette fois les modalités de mise en place de la circulaire sur deux points. Il souligne d’abord qu’elle « autorise, sans base légale, des équipes relevant du ministère de l’intérieur à pénétrer dans des centres d’hébergement protégés pour y réaliser des contrôles ». Ensuite que « rien n’autorise à ce que les données personnelles et confidentielles des personnes hébergées soient collectées et transmises aux autorités » ni que« les centres d’hébergement soient contraints de participer à cette collecte illégale ».

Cette double attaque, donc, sur l’entrée des agents de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) et sur les échanges de fichiers pourrait conduire à voir prochainement suspendues ces « mesures profondément intrusives et susceptibles d’affecter gravement la mission de protection assumée par les centres d’hébergement », comme le dit le texte de la requête.

« Ce qui se passe va trop loin »

« Nos arguments sont sérieux, estime en effet Patrice Spinosi, et nous avons toutes les chances de voir neutraliser l’ensemble du système. » « Le Conseil d’Etat devrait soit suspendre la circulaire, soit la réinterpréter en rappelant que l’Office français de l’immigration et de l’intégration n’est pas autorisé à faire remonter l’information », observe-t-il. Or, réinterprétée ainsi, la circulaire serait vidée de son contenu.

La lecture des grandes lignes du projet de loi, rendu public ce 10 janvier, qui prévoit la mise en place d’« échanges d’information entre les services chargés de l’hébergement d’urgence et l’OFII, concernant les demandeurs d’asile et les réfugiés », conforte le juriste dans l’idée que la base juridique de l’intervention n’était pas assurée. Pourquoi le ministère introduirait-il ce paragraphe dans sa loi à venir si le cadre juridique était déjà suffisamment stable ?, se demande-t-il.

Quant à la parade du ministre de l’intérieur – Gérad Collomb explique« que ça se fait déjà » dans l’hébergement réservé aux migrants –, le juriste aimerait lui rétorquer que « tout ce qui se fait n’a pas pour autant un fondement légal et qu’à l’heure actuelle, ce qui se passe va trop loin. Nous sommes à un tournant ». Il ajoute : « A un moment, un président ni de droite ni de gauche doit arrêter de n’être que de droite. Il faut qu’il entende l’écho de la détresse, la faiblesse, la précarité, la souffrance. »

L’avenir dira s’il entend… Mais en attendant, le passé est aussi porteur de leçons. Comme le rappelle Gérard Sadik, de la Cimade, une des mémoires des combats associatifs du secteur : « Une telle mesure avait déjà failli être adoptée. C’était en 2007 et le député Thierry Mariani avait déposé un amendement proposant l’interdiction de l’hébergement d’urgence aux étrangers. Mesure qui avait fait un tel tollé qu’elle a vite disparu du projet de loi. » Autres temps, autres mœurs.