Certains migrants retrouvent dans le confinement quelque chose de familier

«Certains migrants retrouvent dans le confinement quelque chose de familier»

— 23 avril 2020 à 18:11

Avec la pandémie, les réfugiés sont devenus plus invisibles encore. Pourtant, atteints par le virus ou non, ils ont plus que jamais besoin qu’on écoute leur corps malmené, explique Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky, psychologue à l’hôpital Avicenne de Bobigny, qui continue ses consultations avec eux par téléphone.

Très nombreux en Seine-Saint-Denis et en bordure de ce département, les réfugiés et les demandeurs d’asile sont de ceux qui souffrent particulièrement du confinement et de la rupture des liens qu’il entraîne. Depuis le 16 mars, leur situation administrative est gelée : aucun recours, aucune demande ne sont possibles, aucun dossier ne passe devant la Cour nationale du droit d’asile (CNDA). Les circonstances actuelles ont par ailleurs des conséquences psychiques parfois graves pour ceux d’entre eux qui sont atteints de stress post-traumatique. Professeure d’anthropologie à l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco), psychanalyste et psychologue clinicienne à l’hôpital Avicenne de Bobigny (Seine-Saint-Denis), auteure de la Voix de ceux qui crient. Rencontre avec des demandeurs d’asile (Albin Michel, 2018), Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky continue d’écouter ses patients et analyse leurs comportements pendant cette période exceptionnelle.

Quelles sont les conséquences pratiques du confinement pour les réfugiés ?

La conséquence la plus objective est que, depuis le 16 mars, la validité des documents de séjour des étrangers est prolongée de trois mois. En revanche, l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) est fermé, les rendez-vous avec les étrangers qui viennent d’arriver en France sont annulés, si bien que ceux qui n’avaient pas déposé leur demande n’ont pas accès à l’allocation d’attente, ni à la possibilité d’hébergement qui se met en place à son issue. Ce sont donc des personnes qui n’ont rien, qui n’existent pas. Heureusement, la distribution de repas a repris quinze jours après le début du confinement. Ce qui fait froid dans le dos, c’est que ces distributions, Porte de la Chapelle, attirent beaucoup de monde, c’est dangereux. La France devrait régulariser de façon temporaire les demandeurs, comme l’a fait le Portugal. Ce serait une mesure de bon sens puisque nous sommes face à une population qui ne partira pas de France.

Le confinement a-t-il modifié la nature et la forme de vos consultations ?

Il se trouve que dès le début de l’épidémie, j’ai été en contact, pour des raisons familiales, avec des personnes hospitalisées dans un service où il y avait des cas de Covid-19, si bien que j’ai été placée en quatorzaine. J’ai dû aménager rapidement mes conditions de travail car ce n’était vraiment pas le moment de m’arrêter : le sentiment d’abandon et de solitude chez les réfugiés est incroyablement fort. Je continue donc les consultations sous forme de conférence téléphonique à trois, car j’ai besoin d’un interprète. Après quelques jours de cafouillage, cela s’est vite et bien organisé.

Donnez-vous votre numéro de téléphone ?

Oui, mais certains de mes collègues ne partagent pas cette position, et je peux le comprendre. C’est un choix personnel. Pour ma part, je pense que les demandeurs d’asile qui ont subi des violences extrêmes ont besoin qu’une personne leur fasse confiance, d’autant qu’ils accordent de l’importance à leurs séances de psychothérapie. Jamais un de mes patients n’a abusé de mon numéro. Le problème, c’est justement le téléphone : un mythe circule selon lequel les migrants seraient superconnectés. C’est vrai dans la mesure où ils cherchent avant tout à rester en contact avec leurs familles. Mais ils changent tout le temps d’opérateur, et donc de numéro. Ou alors ils perdent leur téléphone, ou ils le cassent. Néanmoins, il existe toujours un moyen de retrouver un patient. Il vous donne le numéro de quelqu’un par l’intermédiaire duquel vous pourrez le joindre. Ils sont connectés, mais d’une autre manière que nous.

Comment les demandeurs d’asile ont-ils réagi à l’annonce du confinement ?

Les réactions sont multiples, mais la situation accroît l’incertitude et le manque d’informations qui affectent déjà les réfugiés. Ils entendent dire qu’il faut se laver les mains cinq fois par jour, ce qui est impossible quand on vit dans la rue. Remplir une attestation de sortie, c’est compliqué. Ils n’ont pas non plus les moyens de prendre leur température, ils confondent les médicaments, ne comprennent pas que le paracétamol équivaut au Doliprane. Après trois semaines de confinement, beaucoup de ceux qui étaient dans la rue se retrouvent confinés dans les dortoirs des associations, à trois, à quatre. C’est bien, et compliqué à la fois. L’intimité imposée devient un problème. Quant aux réactions psychiques, elles varient. Certains, des Afghans par exemple, vous disent : «Moi, je sais très bien ce qu’est un couvre-feu ou un confinement.» Et il est vrai qu’ils y retrouvent quelque chose de familier, lié à la guerre et à la situation politique de leur pays. D’autres, comme les Peuls, craignent de sortir dans la rue en Seine-Saint-Denis «parce qu’il y a trop de Noirs». Les «Noirs», pour les Peuls, sont ceux qui les tuent. Ceux-là, le confinement les soulage. Mais ce qui les rassure dans les circonstances difficiles actuelles, c’est que la pandémie frappe tout le monde, et pas seulement eux. Ils ne sont plus des exceptions. Ils ont par ailleurs une capacité de résistance qui les préserve de la peur.

Voulez-vous dire que vous n’observez pas de panique ?

Si. Certains prennent la contamination pour une punition. Ils se disent que la maladie leur pendait au nez depuis le départ de leur pays d’origine. La pandémie, selon eux, n’est pas née d’elle-même mais elle leur est envoyée pour sanctionner leur exil. D’autres réfugiés sont pris dans un conflit de loyauté vis-à-vis de leurs proches restés dans leur pays, et l’épidémie accentue ce sentiment puisqu’ils ne peuvent plus protéger leur famille, ni compenser l’impression de l’avoir trahie en leur envoyant de l’argent. J’ai quelques patients qui ne respectent pas le confinement. Ils continuent à se déplacer, et cette transgression s’assimile à un passage à l’acte. Ils savent qu’ils jouent un jeu dangereux en sortant. Pour certains qui ont connu des situations carcérales, être contraint dans un espace confiné fait remonter des souvenirs terribles. J’ai un patient très dépressif qui ne supporte pas l’idée de ne pas pouvoir sortir.

Pouvez-vous dresser un rapide tableau clinique de vos patients ?

Beaucoup souffrent de syndromes post-traumatiques. Quelque chose dans l’événement initial qu’ils ont vécu les empêche d’en sortir : le viol subi, la mort d’un enfant reviennent tout le temps. Ils sont enfermés dans une dynamique mortifère. D’autres patients connaissent une dissociation traumatique : ils ne sont pas avec vous, ils ne s’inscrivent pas dans le quotidien. Ils éprouvent de l’angoisse qui, contrairement à la peur, est un sentiment disséminé ; l’angoisse est partout. Ce sont des personnes très seules, pour lesquelles rien n’est partageable. Elles n’arrivent plus à trouver une place dans le monde commun, elles ne connaissent pas la temporalité : le futur n’a plus de sens pour elles.

Qu’est-ce qui est difficile à faire comprendre aux patients ?

Il leur faut accepter cette réalité pour eux surprenante et paradoxale : ne plus aller systématiquement à l’hôpital en cas de problème. Jusqu’à présent, une des rares institutions sécurisantes pour les demandeurs d’asile et les réfugiés est l’hôpital, l’endroit gratuit où on les soigne. Même ceux qui ne sont pas malades ont besoin de soin, au sens de «care», qu’on écoute leur corps malmené. Autant l’administration n’est pas sécurisante pour eux, car elle demande des papiers ou leur interdit la présence sur le territoire, autant l’hôpital est un lieu d’ancrage où ils ne craignent rien. Nous leur disons toujours qu’en cas de panique, ils doivent aller aux urgences. Certains préfèrent attendre huit heures en pleine nuit aux urgences que rester seuls face à eux-mêmes. Et voilà que, pour la première fois, on leur dit : «Si vous vous pensez atteint du covid, n’allez pas tout de suite à l’hôpital car en ce moment, c’est risqué. Passez d’abord par le 15.» C’est ce qu’il faut leur expliquer. Ils nous font confiance.

Recueilli par Virginie Bloch-Lainé

13.04.2020 – Lettre ouverte – Violences policières à Calais

À Monsieur le préfet du Pas-de-Calais
Aux médias qui veulent s’en saisir
À toutes personnes concernées
A Calais, le 13 avril 2020

Lettre ouverte de la communauté Érythréenne de la « Jungle » de Calais

Avant de commencer à écrire notre plainte concernant les événements suivants impliquant des CRS, nous souhaitons dire quelques mots à propos de nous mêmes,
Nous sommes des exilés venant d’Érythrée. Nous sommes ici pour la simple raison de vouloir vivre notre vie en sécurité, et avoir un futur. Nous ne sommes pas des criminels, nous sommes des migrants. Nous sommes des innocents qui essayons d’aller en Angleterre.

Notre plainte concerne une compagnie de CRS et leurs actions impulsives et agressives à notre égard.
Ils ne nous considèrent pas comme des êtres humains. Ils nous insultent de noms tels que monkey (singe), bitch (salope), etc…

Et, depuis quelques semaines, ils ont commencé à menacer nos vies en nous battant dès que l’occasion se présentait à eux. Lorsque par exemple ils trouvaient un groupe de deux ou trois personnes marchant vers la distribution de nourriture, ou dans nos tentes, lorsque nous dormions.
Ils accélèrent dans leurs véhicules en roulant dans notre direction, comme s’ils voulaient nous écraser. Ils ont également emmené des gens avec eux dans des endroits éloignés de Calais, et les ont frappé jusqu’à ce qu’ils perdent connaissance.

Ils cachent leurs codes personnels (note : numéro RIO) lorsqu’ils commettent ces actions illégales envers nous. Lorsqu’ils se rendent compte que nous filmons, ils s’attaquent à nous et cassent nos téléphones.
Voici une liste de tous les actes violents auxquels nous avons été soumis récemment. Tous ces événements ont eu lieu à Calais et ont été commis par des agents CRS :

⁃ 26 mars 2020, 15h30 : une personne a été gazée et frappée par les CRS avoir s’être vue refuser l’entrée du supermarché Carrefour

⁃ 27 mars 2020, 14h00 : deux personnes qui marchaient près du Stade de l’Épopée pour se rendre à la distribution de nourriture ont été passées à tabac par les CRS. L’une des victimes a eu le bras cassé suite à cette agression. (compagnie 8)

⁃ 27 mars 2020 : deux personnes qui marchaient près du stade de BMX pour aller à la distribution de nourriture ont été frappées et gazées par les CRS (compagnie 8)

⁃ 28 mars 2020, 9h00 : une personne qui marchait dans la rue Mollien a été jetée au sol et passée à tabac par les CRS (compagnie 8)

⁃ 28 mars 15h00 : deux personnes marchant près du stade de BMX pour aller à la distribution de nourriture ont été frappées et gazées par les CRS (compagnie 8)

⁃ 28 mars 2020, 15h30 : une personne qui marchait seule Quai Lucien L’heureux et se rendant à son campement a été passée à tabac et frappée à l’arrière de la tête avec une matraque télescopique par les CRS (compagnie 8)

⁃ 28 mars 2020 : quatre personnes qui marchaient près du stade de BMX ont été passées à tabac par les CRS, à l’aide de matraques télescopiques (compagnie 8)

– 31 mars 2020, 12h50 : deux personnes sorties d’un camion ont été passées à tabac Rue des Sablières. Une personne se plaignait d’une douleur importante au bras, la deuxième a été laissée quasiment inconsciente et a dû être évacuée vers l’hôpital en ambulance. (compagnie 8).

La communauté des réfugiés érythréens de Calais

9.04.2020 – Communiqué de presse : saisine des Nations Unies

Saisine de 7 Rapporteurs des Nations Unies par une coalition de 92 associations

Covid-19 / Personnes vivant à la rue, dans des squats ou des bidonvilles

Communiqué de presse du 9 avril 2020

92 associations et collectifs s’associent pour saisir conjointement 7 Rapporteurs des Nations Unies en charge des questions de pauvreté extrême, de santé, d’accès à un logement décent, à la nourriture, à l’eau potable et à l’assainissement, ainsi que des migrants et des défenseurs des droits humains. Cette action est à l’initiative de Committee for Refugee Relief et coordonnée par des associations telles que Amnesty International France, la Cimade, la Ligue des Droits de l’Homme, Médecins du Monde, Médecins sans Frontières, le Secours Catholique et Utopia 56.

Cette saisine fait état de ce que les personnes vivant à la rue, dans des squats ou des bidonvilles ne bénéficient pas pleinement des mesures de prévention du Covid-19 mises en place par le gouvernement et les autorités locales. Elle fait part de la situation préoccupante de cette catégorie de personnes dans plusieurs villes de France, dans la mesure où leur accès à l’eau et à la nourriture, rendu plus difficile en raison de la pandémie, impacte potentiellement leur santé. Elle mentionne aussi le fait que les personnes en situation de demande d’asile sont aujourd’hui dans l’impossibilité concrète de déposer leur demande, et donc d’accéder à une quelconque protection (juridique, santé, nourriture, logement). Enfin, elle mentionne la difficulté accrue des associations à travailler sur le terrain, en raison de l’absence de matériel de protection et, dans certaines municipalités, de verbalisations excessives.

Cette communication urgente demande aux Rapporteurs Spéciaux de rappeler au gouvernement français la nécessité de prendre et réaliser effectivement des mesures de protection à l’égard de ces personnes, et cela dans l’intérêt de tous.

Contacts presse :

Committee for Refugee Relief – Sophie Pouget: 07 69 60 92 56

Médecins du Monde – Fanny Mantaux : 06 09 17 35 59

Médecins sans Frontières – Corinne Torre : 06 14 06 11 18

Utopia 56 – Yann Manzi : 06 29 48 54 45

Liste des signataires :

ACAT – ACCMV – Accueil Réfugiés BRUZ – Accueil-Asile – Action contre la Faim France – Action Droits des Musulmans (ADM) – ADHEOS Centre LGBT – ADRA Dunkerque – ADSF Agir pour la Santé des Femmes – Ah Bienvenue Clandestins ! – Aide Migrants Solidarité (AMiS) – AIDES – Alliance des Avocats pour les Droits de l’Homme – Alternatives pour des projets urbains ici et à l’international – Amnesty International France – Architectes Sans Frontières – ARDHIS – Association Allamma – Association des familles victimes du saturnisme – Association des Travailleurs Maghrébins de France (ATMF) – Association soutien aux exilés 44 – ATD Quart Monde – Autour d’eux Léo et Téa – Bethlehem – Care4Calais – CCFD-Terre Solidaire – Centre Primo Levi – Cercle de Silence Hazebrouck – Chemins Pluriels – Collectif Audonien Solidarité Migrants – Collectif Cambrésis pour l’Aide aux Migrants – Collectif Migraction59 – Collective Aid – Comede Comité pour la santé des exilé.e.s – Committee for Refugee Relief – Droit Au Logement (DAL) – Dom’Asile – Droits d’urgence – ECNOU – ELENA France – Elkartasuna Larrun Solidarité Autour de la Rhune – Emmaüs Dunkerque – Emmaüs France – Equinoxe Centre LGBTI+ Nancy – ESPACE – Etats Généraux des Migrations – FASTI – FIDH – GAT Réfugiés Migrants FI35 – Gisti (Groupe d’information et de soutien des immigré.e.s) – Groupe ATTAC Rennes – Help Refugees – Itinérance Cherbourg – JRS France – Kolone – L’assiette migrante – L’Auberge des Migrants – L’Autre Cantine Nantes – La Chorba – La Cimade – Le CRIDEV – Ligue des Droits de l’Homme – Médecins du Monde – Médecins sans Frontières – Migrations, Minorités Sexuelles et de Genre – MRAP Fédération de Paris – MRAP Littoral – P’tits Déjs Solidaires – Paris d’Exil – Planning Familial du Pas de Calais – Planning Familial Ille-et-Vilaine – Refugee Info Bus – Refugee Rights Europe – Refugee Women’s Centre -Refugee Youth Service (RYS) – Refuges Solidaires – Roya citoyenne – Salam Nord/Pas-de-Calais – SAVE – Secours catholique Caritas France – Snep-Fsu 35 – Solidarité migrants Wilson – Solidarités International – Solidarités Saint Bernard – Terre d’errance Steenvoorde – Thot, Transmettre un Horizon à Tous – Toit du monde – Tous Migrants – Un Toit c’est Un Droit – Utopia 56 – Voix des Migrants – WATIZAT

Newsletter n° 39

LE JOURNAL HORS LES JUNGLES
n° 39 // 6 avril 2020

La lettre d’info de la Plateforme des Soutiens aux Migrant.e.s
Réseau d’associations intervenant dans les camps d’exilé.e.s de passage
du Nord de la France et du littoral de la Manche

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Infos des lieux de vie

  • A Calais, entre 800 et 1000 personnes (sur)vivent sur les différentes jungles, et n’ont pas été confinées. Dès le début de la crise sanitaire, et au fur et à mesure, plusieurs associations ont dû se retirer, notamment Refugee Community Kitchen dès le 24 mars, ne laissant que Salam et la Vie active pour les distributions alimentaires. Les expulsions forcées des campements se sont poursuivies malgré la crise sanitaire, et ce alors même que les forces de police elles-mêmes se retiraient et demandaient à arrêter les expulsions quotidiennes ! Les violences policières se sont accrues sur les personnes exilées ; les forces de l’ordre ont sanctionné plusieurs associations par des contraventions, pour l’une d’elles, la police indiquant que les personnes exilées « n’étaient pas assez vulnérables » pour que les bénévoles puissent utiliser l’attestation dérogatoire à ce titre. Au niveau des autorités préfectorales, une solution sur la base du volontariat des personnes exilées a été mise en place une première fois le vendredi 3 avril (94 personnes mises à l’abri selon la préfecture), et le lundi 6 avril, une opération similaire a eu lieu sur le même format (70 personnes concernées). Côté réponse sanitaire, la Croix Rouge, Médecins du Monde et la PASS participent au mieux à sa coordination : des maraudes conjointes sont mises en place pour informer, sensibiliser et orienter les personnes exilées.
  • A Cherbourg, une situation ubuesque et anxiogène pour une vingtaine de personnes exilées.On leur demande de respecter des consignes sanitaires (lavage des mains, distanciation sociale, prise de température) lorsqu’elles se posent de 13h à 17h au « Becquerel », lieu ouvert par le CCAS et géré par Itinérance. Ensuite elles repartent dans un petit camp, serrées autour d’un feu de bois pour se réchauffer, boire le thé et dorment à deux ou trois dans des tentes sans accès direct à l’eau, dans une promiscuité intolérable. Silence assourdissant des services de l’Etat concernant la mise à l’abri des personnes exilées.

  • A Dieppe, il n’y a a priori plus de squat ou de campement depuis un moment. Les personnes exilées de passage, principalement kurdes, ne viennent plus que de manière sporadique, par petits groupes, et repartent après quelques jours. Du côté de l’association Itinérance Dieppe, l’action se poursuit même si elle a également été adaptée au contexte d’épidémie : leur local d’accueil reste fermé, mais une permanence téléphonique a été mise en place pour pouvoir répondre à toute demande. Si besoin, un.e bénévole peut se déplacer au local pour venir donner des denrées d’urgence. Par ailleurs, l’association a informé et distribué des attestations de déplacement à tous les jeunes majeurs isolés dans leurs hébergements (une douzaine actuellement).
  • A Grande Synthe, environ 600 personnes (sur)vivent dans différents lieux, en majorité des hangars désaffectés particulièrement dangereux, et n’ont pas été confinées. Le retrait des associations, dès le début de la crise sanitaire, a des conséquences importantes, en particulier sur le volet alimentaire. L’accès aux supermarchés ou services publics existant est rendu difficile du fait du confinement général, et de l’obligation de présenter des attestations de déplacement dérogatoire. La préfecture des Hauts de France avait annoncé que le Secours populaire et la Croix rouge, en tant qu’associations mandatées, assureraient les distributions alimentaires et un accès sanitaire, mais ces associations n’étaient pas prêtes pour assurer un tel relais de la coordination habituelle associative. La Protection civile prend la température des personnes sur les lieux de vie, et les personnes exilées présentant des symptômes sont envoyées vers des « centres de confinement » ouverts sur le département, coordonnés par la Croix rouge. Des flyers traduits en sorani ont été distribués afin de préparer une mise à l’abri sur la base du volontariat des personnes, et une première opération sur ce format a eu lieu le lundi 6 avril.
  • A Lille, une quinzaine de mineurs étrangers sont hébergés dans un bâtiment à Wattignies depuis 2018 et une autre quinzaine sont accueillis depuis le mois d’octobre 2019 dans l’ancien séminaire de Lille. Ils sont accompagnés par le centre de la Réconciliation et la Pastorale des Migrants. Ils sont actuellement confinés dans ces lieux. Mais une quarantaine de jeunes sont toujours dans la rue. Le 115 devrait ouvrir des structures.
  • Du côté de Norrent Fontes, les personnes de Saint Hilaire Cottes sont dans des familles depuis le début du confinement. Dans le PRAHDA de Fouquière les Béthune, les personnes s’ennuient beaucoup mais il n’y a pas de malade pour le moment. Pas de masques ou de gel hydro-alcoolique. Les personnes assignées à résidence continuent de devoir aller signer au poste de police. Pour les personnes dublinées ayant rendez vous en préfecture, c’est un peu flou car la préfecture est fermée. Les trois personnes du camp de Quernes ont décidé de rester dans le petit bois. Elles ont reçu la visite des gendarmes mais pas d’autres contacts avec les autorités.
  • A Ouistreham, la soixantaine de personnes exilées souvent originaires du Soudan et présentes sur la ville sont actuellement hébergées dans un centre de vacances, géré pour l’occasion par la Croix Rouge, à une petite vingtaine de kilomètres de Ouistreham. La préfecture du Calvados a proposé cette solution d’hébergement dans le cadre du dispositif de confinement des personnes fragiles.
  • A Steenvoorde, l’accueil de jour, géré par l’association Terre d’Errance Steenvoorde, reste désormais également ouvert la nuit. Les personnes exilées y seraient ainsi confinées 24h/24h, à la demande des autorités.

Infos des assos

  • Des nouvelles de l’association Maison Sésame : dans ce deuxième livret des Sésamettes l’association présente ses avancées des derniers mois de décembre, janvier et février avec ses actions, ses nouveaux questionnements, mais aussi ses futurs projets. Depuis l’annonce du confinement l’équipe de la Maison Sésame et les personnes vulnérables vivent ensemble. Elles préparent le jardin et continuent de construire ce lieu de vie.

  • Itinérance Cherbourg a fêté en janvier les 10 ans de ses cours d’alphabétisation. 150 personnes, étudiants, professeurs et bénévoles, ont partagé ce moment. « Les débuts étaient difficiles car nous avions peu de place et de plus en plus d’étudiants de nationalité multiples » se remémore Josiane Noblet responsable de la commission alphabétisation au sein de l’association. Depuis 3 ans, la municipalité a attribué à Itinérance des locaux en centre-ville dans une école désaffectée. Les personnes qui suivent les cours, quatre jours par semaine de 14h à 15h30 viennent du monde entier. L’accueil y est inconditionnel, les étudiants viennent de nombreux pays (en 2017, 46 nationalités). Une quarantaine de professeurs se relaient pour assurer les cours en fonction du niveau des étudiants.

Infos de la PSM

  • L’assemblée générale de la PSM qui devait avoir lieu le samedi 28 Mars après-midi à Grande Synthe a été annulée du fait de la crise sanitaire. La PSM vous tiendra informée dès que possible sur la tenue de cette AG en 2020.
  • Depuis le 19 mars, face à la crise sanitaire qui précarise d’autant plus les sans-abri à la frontière franco-britannique, une campagne sur les réseaux sociaux mobilise les forces du réseau PSM ! Sous le hashtag #Confineesdanslarue sur Facebook et Twitter, le but est d’interpeller les citoyen.ne.s et de leur demander d’agir de chez eux avec ce leitmotiv : « Solidaires et uni.e.s, nous restons chez nous. Pourtant, des milliers de personnes sont #confinéesdanslarue . Nous sommes confiné.e.s, mais NOUS POUVONS AGIR. » Rendez-vous sur les réseaux sociaux pour voir la suite, et participer à la campagne avec vos initiatives toutes neuves à nous partager.

Envie d’agir

  • Mais pour rester chez soi, il faut un chez soi ! Droit d’Urgence a lancé cette pétition qui s’adresse au Premier Ministre.
  • Interpellez votre Préfet sur la situation des personnes étrangères ! Une proposition faite par les Etats Généraux des Migrations parce que certains lieux d’enfermement (centres de rétention administratives, zones d’attente, etc.) sont encore en activité malgré la suspension de la majorité des liaisons aériennes, les voies de recours contre les décisions prises à l’encontre des personnes exilées ne sont pas toutes suspendues, et la prise en charge et mise à l’abri des personnes les plus vulnérables n’est pas assurée pour toutes et tous. Le groupe de facilitation des EGM vous invite à alerter vos préfectures sur la situation des personnes étrangères et à proposer des mesures concrètes de protection. Plus d’infos et une proposition de lettre ici

Belles échappées

  • Souffle, souffle, souffle Dragon ! A écouter ici
  • Des lectures : c’est le moment si vous ne les avez pas encore faites !

« Entre deux mondes  » de Olivier Norek : Fuyant un régime sanguinaire et un pays en guerre, Adam a envoyé sa femme Nora et sa fille Maya à six mille kilomètres de là, dans un endroit où elles devraient l’attendre en sécurité. Il les rejoindra bientôt, et ils organiseront leur avenir. Mais arrivé là-bas, il ne les trouve pas. Ce qu’il découvre, en revanche, c’est un monde entre deux mondes pour damnés de la Terre entre deux vies. Un triller sur fond de jungle à Calais.

« Une Antigone à Kandahar » de Roy-Bhattacharya : une base américaine de la province de Kandahar en Afghanistan. Au loin, on distingue la silhouette d’une femme enveloppée dans sa burqa. Elle est descendue de la montagne en fauteuil roulant, puisque ses jambes ont été arrachées. Elle vient réclamer le corps de son frère, un chef tribal pachtoun abattu lors d’une offensive lancée contre les Américains.

En quête de droit(s) – Outils et infos juridiques

  • « C’est l’Etat qui est hors-la-loi » : réuni·es à Briançon le 7 mars, à l’occasion de la rencontre internationale des Européens solidaires, des membres d’associations d’aide aux personnes migrantes et réfugiées en Europe témoignent de la façon dont ils ont été attaqués, harcelés ou poursuivis par les autorités européennes. Leur constat : l’ensemble des Etats membres de l’Union européenne utilisent des lois et des pratiques illégales. A lire ce reportage de Marguerite De Lasa sur Radio parleur.

  • Et voici les premières publications des notes mensuelles de Human Rights Observers, un outil de recensement des violations des droits humain des personnes en situation d’exil à Grande Synthe et Calais, à trouver ici.

Pour comprendre / pour cogiter

  • Orspere Samdarra, Observatoire Santé mentale, Vulnérabilités et Sociétés a recensé et classé un grand nombre de ressources sur son site internet. Vous y trouverez notamment des rubriques rassemblant des ressources à destination du grand public, celles pour les personnes en situation de précarité et/ou de migration et d’autres à destination des professionnel.le.s et usager.es en santé mentale. A consulter ici
  • « Nous déposerons plainte contre la Grèce et l’UE pour les violations des droits des personnes migrantes et réfugiées fuyant la Turquie« . Retrouvez le communiqué de Migreurop du 5 mars et les noms des organisations signataires. A lire aussi l’article d’Amnesty International « Que se passe-t-il aux frontières de la Grèce et de la Turquie« 

Des migrants qui souhaitent entrer en Grèce depuis le poste-frontière turc de Pazarkule © REUTERS/Alexandros Avramidis

  • Migrants face au coronavirus en France : « C’est compliqué de parler de confinement si on laisse des gens dehors« . La question de l’attitude à adopter face aux migrants dans le contexte du coronavirus se situe dans un problème plus général : celui de l’accueil de tous les sans-abri. La crise actuelle « ne fait qu’aggraver la situation sociale et sanitaire de ces publics fragiles dont font partie les migrants et les réfugiés », souligne un militant associatif dans le Val-de-Marne. Une enquête de France info Afrique du 31 mars.

Plateforme des Soutiens aux Migrant.e.s
archives.psmigrants.org

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Article Radio Parleur 21-03-2020 « C’est l’Etat qui est hors la loi »

https://radioparleur.net/2020/03/21/solidarite-criminalisation-briancon/

« C’est l’État qui est hors-la-loi » : le cri des Européens solidaires à Briançon

    De Marguerite De Lasa
    21 mars 2020

Chef・fe de mission sur un bateau de sauvetage en mer Méditerranée, maraudeur・euse dans les Alpes, bénévole à Calais… Les personnes solidaires des exilé·es en Europe se sont réunies le 7 mars à Briançon, dans les Hautes-Alpes, pour témoigner d’un même constat : la criminalisation de leurs actions ne connaît pas de frontières.

 

« Nous devons choisir notre camp. Soit nous suivons les ordres des autorités, mais ça suppose cautionner les menaces quotidiennes qui sont faites aux droits humains. Soit nous nous y opposons, et nous risquons une procédure pénale », explique Sasha Gierke, ancien chef de mission sur le Luventa, le bateau de sauvetage de l’ONG allemande Jugend Rettet devant la salle comble du cinéma Vauban de Briançon (Hautes-Alpes). Entre 2016 et 2017, son équipage, dirigé par l’Allemande Pia Klemp, a secouru 14 000 personnes au large des côtes libyennes. Aujourd’hui, poursuivi par le gouvernement italien pour complicité d’immigration illégale, il risque jusqu’à 20 ans de prison.

Des rapports des policiers « dénués de véracité »

Réuni·es à Briançon le 7 mars, à l’occasion de la rencontre internationale des Européens solidaires, des membres d’associations d’aide aux personnes migrantes et réfugiées en Europe témoignent de la façon dont ils ont été attaqués, harcelés ou poursuivis par les autorités européennes. Après Sasha Gierke vient le tour de Pierre Mumber, accompagnateur en montagne. Interpellé en janvier 2018 à Montgenèvre (Hautes-Alpes) alors qu’il venait en aide à des Nigérians sur le front de neige, il a été condamné en première instance à Gap à trois mois de prison avec sursis pour « aide à l’entrée de personnes en situation irrégulière ».

Lors de son procès en appel à Grenoble (Isère) en octobre 2019, la juge a estimé qu’au vu des images de l’interpellation, prises par une télévision italienne, « les rapports des policiers sont particulièrement dénués de véracité ». À cet instant, les rires fusent parmi le parterre de militants associatifs qui composent le public. « C‘est joliment dit, ironise Pierre Mumber. Ils ont menti. » Il a été relaxé.

La solidarité et sa criminalisation en question à Briancon, le 7 mars 2020.

Manifestation devant les locaux de la police aux frontières organisée par l’association Tous Migrants à Montgenèvre, samedi 7 mars 2020. Photo: Marguerite de Lasa pour Radio Parleur

Clara, de l’association L’auberge des migrants, aborde la situation à Calais (Pas-de-Calais). Là-bas, entre 500 et 600 exilé·es font face au harcèlement quotidien des gendarmes et policiers qui « empêchent les points de fixation ». « Nous, les associations, nous subissons des contrôles d’identité à répétition, des amendes, des  filatures », raconte-t-elle.  En plus d’entraver l’action des bénévoles, les pratiques de la police dissuadent de nouveaux soutiens de venir. « Cela décourage beaucoup d’étudiant·es en médecine ou en droit qui ne veulent pas avoir de casier judiciaire», poursuit-elle.

« L’ensemble des États membres de l’Union européenne utilisent des lois et des pratiques illégales »

Des récits de ce type, Amnesty international en a recueilli auprès de cinquante défenseur·ses des droits humains et de dix organisations internationales, pour rédiger un rapport sur la criminalisation des solidaires en Europe, publié le 3 mars 2020. « L’ensemble des États membres de l’Union européenne utilisent des lois et des pratiques illégales au regard du droit international, pour poursuivre les personnes qui viennent en aide aux personnes migrantes et réfugiées », martèle Lola Schulmann, chargée de plaidoyer de l’organisation.

Elle dénonce notamment le détournement de lois européennes : « La directive de 2002 permet de poursuivre le trafic d’êtres humains. Or, elle est utilisée pour attaquer les personnes qui viennent en aide aux exilés. » Les solidaires sont donc assimilé·es à des passeurs, « alors qu’il n’y a pas de gain financier ou matériel en échange de l’aide qu’ils ont apporté aux personnes », détaille-t-elle. Huit pays sont épinglés par le document : la France, l’Italie, l’Espagne, la Grèce, la Croatie, Malte, la Suisse et le Royaume-Uni.

La solidarité et sa criminalisation en question à Briancon, le 7 mars 2020.

Conférence à Briançon pour évoquer les violences policières et la criminalisation des aides et soutiens aux exilé-es, le 7 mars 2020. Crédit Photo : Marguerite de Lasa.

La conférence finie, le public converge vers Montgenèvre pour manifester devant le poste de la police aux frontières (PAF). Devant des rangées d’agents encagoulés, une membre de l’association Tous Migrants prend la parole: « Mesdames et messieurs les forces de l’ordre, dit-elle au mégaphone. Notre mouvement citoyen a rédigé un livret à votre intention, pour vous alerter sur les pratiques illégales et dangereuses que vous exercez à l’égard des personnes étrangères. »

La nuit tombe, et l’écho de sa voix résonne dans les montagnes enneigées : « Le non-respect de ces lois obligent les personnes exilées à prendre des risques inouïs pour tenter de trouver refuge en France. » Alors que la lecture des articles de lois rappelant leurs devoirs aux policiers commence, Michel Rousseau, porte-parole de l’association, s’avance vers les uniformes. D’un air déterminé, il tend le petit livret aux agents, qui demeurent impassibles. Plus tard, il revient sur l’initiative : « Il s’agit d’encourager les forces de l’ordre à désobéir. » Il insiste : « Ce n’est pas nous qui sommes dans l’illégalité. C’est l’État qui est hors-la-loi avec ces pratiques. »

Un reportage de Marguerite de Lasa à retrouver sur le site de Radio Parleur : https://radioenlignefrance.com/radio-parleur

Photo de Une : Marguerite de Lasa pour Radio Parleur.

Newsletter n°38

LE JOURNAL HORS LES JUNGLES
n°38 // 11 mars 2020

La lettre d’info de la Plateforme de services aux migrants
Réseau d’associations intervenant dans les camps d’exilé.e.s de passage
du Nord de la France et du littoral de la Manche

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Infos des lieux de vie

  • Lille : Depuis l’évacuation du squat 5 étoiles, les personnes n’ont plus de lieu identifié pour se poser. Le 21 février, a été évacué le petit campement installé dans le parc Matisse. Depuis, les petits regroupements sont vite expulsés. Les personnes sont donc dispersées, isolées. A écouter une émission de radio de La Voix Sans Maitre enregistrée les 11 et 12 janvier lors du week-end de solidarité aux luttes des exilé.e.s, organisé par différents collectifs. Des étudiant.es racontent leur occupation du CROUS lillois le 8 janvier 2020, pour dénoncer le parcage des étudiants étrangers dans les bâtiments insalubres de la résidence Galois à Cité scientifique.

collectif des étudiant.es de Galois et leurs ami.es

  • Calais : (Sur-)vies calaisiennes. Dans cet article, Mathilde Robert, avocate au barreau de Paris, revient sur ces 30 ans de présence d’exilé.es à Calais, de frontière fermée, de violence. »Aider les exilés à Calais et s’y engager à plein temps, c’est se retrouver face à une réalité contrastée. C’est être témoin de l’horreur policière, mais aussi de l’intense vitalité qu’expriment les diverses communautés qui se reconstituent après chaque agression subie ». A lire ici

l’accès d’un des sites de distributions de repas bloqué avec des rochers ! 29/02/2020

Infos des assos

  • Terre d’Errance Steenvoorde en est à sa douzième année d’accueil inconditionnel des personnes migrantes. Finis les camps d’été et d’hiver. Seul demeure l’accueil de jour. Une dizaine de personnes peuvent s’y poser, préparer un repas, laver leur linge. A 20h, elles se retrouvent dehors. Le week-end, elles sont accueillies dans des familles. De l’aide humanitaire d’urgence, l’association passe à un accompagnement des personnes demandant l’asile.
  • Le Collectif cambraisis d’aide aux migrants existe depuis 4 ou 5 ans et faisait au début essentiellement des collectes de dons pour l’Auberge des Migrants. Il y a un an et demi, une cinquantaine de personnes vietnamiennes chassées de Angres, sont venues s’installer à Marquion et y ont construit un véritable hameau. En juin 2019, ce camp est démantelé. Que faire maintenant pour aider ces personnes en recherche d’asile ? Collecter des dons pour des associations de Calais ne suffit pas.
  • Itinérance Cherbourg dénonce plusieurs arrêtés préfectoraux. Depuis à peu près un mois, c’est une vraie giboulée d’arrêtés préfectoraux qui dégringolent pour refuser les demandes d’admission au séjour quelles qu’elles soient : titre de séjour, OQTF, IRTF. Itinérance Cherbourg, associée au Collectif Saint-Lois d’aide aux Migrants et Itinérance Sud Manche, a organisé une conférence de presse pour dénoncer cette situation. Article de presse à lire ici
  • A Calais, le Secours Catholique a tenu à marquer 20 années de présence auprès des personnes exilées. La semaine d’actions « Mon mur n’est pas tombé », ponctuée de multiples moments d’échange et de partage, a notamment commencé, le dimanche 1er mars, par le dévoilement d’une plaque rendant hommage aux personnes exilées mortes à la frontière franco-britannique. Elle est visible sur la façade de l’église St Joseph à Calais.

Infos de la PSM

C’est par là que ça se passe

Le but de cette rubrique est de faire connaître des initiatives politiques, militantes, festives de personnes exilées, de passage, réfugiées ou pas.

  • Un projet d’écriture sur une correspondance entre des personnes en exil et des lycéens a été mis en place par l’atelier théâtre de l’association Itinérance Cherbourg, avec Christophe Tostain de la compagnie du Phoenix. Une restitution de ce travail aura lieu sur la scène du théâtre des Miroirs de la Glacerie à Cherbourg le 31 mars
  • A Abidjan, Gnadou Gnapo lutte contre la désinformation des passeurs et les mensonges des « frères » qui sont « là-bas », et s’évertue à avertir les plus jeunes des périls de la migration. Dans le cadre du festival Cocobulles, des dessinateurs africains ont tenté de sensibiliser la jeunesse ivoirienne aux dures réalités de « l’aventure ». A lire cet article du Monde

 

A vos agendas

  • Colloque du Centre Primo Levi « Entre rêves et cauchemars, La longue nuit des exilés » les 19 et 20 mars prochain. C’est à Paris et il faut s’inscrire très rapidement. En ligne ici.

  • Le réseau Caravan Opening Borders choisit les Balkans comme destination pour l’été prochain. Ce réseau militant traverse chaque année, depuis 2016, un tronçon de la frontière européenne pour rendre visibles et dénoncer les violations des droits des personnes qui migrent. Ici, un court compte-rendu (en anglais) de la caravane 2019. Les dates de voyage se situent entre le 17 et le 26 juillet 2020. Vous traverserez les frontières franco-italienne, italo-autrichienne, italo-slovène et croate. C’est l’occasion de connaître de près la situation aux frontières et de dénoncer ce qui s´y passe. L’occasion aussi de tisser un réseau plus étroit pour pouvoir, petit à petit, faire plus de choses en commun.

Infos juridiques

  • Dénonciation de la violation des droits fondamentaux des personnes vivant à la rue à la frontière franco-britannique. Des associations se sont mobilisées le 4 mars à Dunkerque. Voir ici

  • Un feu vert aux expulsions express de migrants. La cour européenne des droits de l’homme a légitimé les reconductions expéditives de personnes migrantes par l’Espagne. Les ONG redoutent que la décision n’encourage d’autres Etats, dont la France. Pour Claire Rodier, du Gisti (Groupe d’information et de soutien des immigré·e·s), cofondatrice du réseau Migreurop, la décision prise à Strasbourg est «catastrophique» en ce qu’elle «valide des pratiques contraires au droit international», et «s’inscrit dans un climat politique qui justifie le recours à l’illégalité des États». A lire l’article paru dans Libération.
  • Une salve de décrets est venue, en début d’année, durcir l’accès aux soins pour les personnes demandant l’asile et « sans-papiers » . Même l’académie de médecine proteste. Lire ici l’article paru dans Mediapart.

Pour comprendre / pour cogiter

  • « A Calais Natacha Bouchard fait des migrants une rente politique ». « La maire LR postule à un troisième mandat à la tête de la première ville du Pas-de-Calais. Favorite face à un RN divisé et à une gauche en reconstruction, elle a réussi à transformer la présence de migrants en atout politique… et en plantureuses subventions ». A lire le dossier de Mediapart
  • « Les politiques migratoires européennes créent du populisme en Afrique sans limiter les départs clandestins ». A lire cet article du Monde centré sur la condamnation (par le rapport) des politiques migratoires européennes. Le PNUD les estime inefficaces et contre-productives et dénonce une instrumentalisation politique de l’Aide au développement.
  • Criminalisation de la solidarité en Europe, un rapport publié par Amnesty International.. Il porte sur plusieurs pays : Croatie, Italie, Grèce, Suisse, Espagne, Malte, Royaume-Uni et la France. En France, ce rapport revient sur la situation à la frontière entre la France et l’Italie, dans le briançonnais. Une vidéo sur l’engagement des citoyens et des associations à voir ici
  • Sophie Djigo, fondatrice de l’association « Migraction » a publié récemment un livre : « Aux frontières de la démocratie, de Calais à Londres, sur les traces des migrants ». Lire ici une note de lecture.

Plateforme des Soutiens aux Migrant.e.s
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Newsletter n°37

LE JOURNAL HORS LES JUNGLES
n°37 // 13 février 2020

La lettre d’info de la Plateforme des Soutiens aux Migrant.e.s
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Infos des lieux de vie

  • Dans l’arrondissement de Béthune, une quinzaine de personnes survivent dans des conditions inhumaines, dans des champs entre Norrent-Fontes, Saint-Hilaire Cottes (le village voisin) et l’aire d’autoroute à partir de laquelle ces personnes tentent chaque soir de se cacher dans les camions pour aller en Grande-Bretagne. Une petite dizaine d’hommes survivent également à Quernes, à quelques kilomètres de là. A Fouquières les Béthune, le campement où survivaient plusieurs personnes vietnamiennes, a été abandonné en novembre. Quant à l’HUDA (Hébergement d’Urgence pour Demandeurs d’Asile), il abrite environ 80 personnes qui vivent dans l’angoisse d’être expulsées parce qu’elles sont dites dublinées, ou craignent que l’asile leur soit refusé.
  • A Ouistreham le nombre de personnes exilées a considérablement baissé. Elles seraient aujourd’hui 5 fois moins nombreuses qu’il y a un an. Pourquoi ? Découvrez ici un article de presse proposant un point de situation et quelques hypothèses.

  • Bailleul : De Formule 1 à lieu d’accueil de demandeurs d’asile, en passant par CAES (centre d’accueil et d’examen des situations). Pour en savoir plus sur les transformations de ce lieu et leurs conséquences, découvrez ici le témoignage de Claire.

la police demande à des migrant.es de déplacer leur tente jusqu’au niveau de la route, à quelques dizaines de mètres. Robin Tutenge

Infos des assos

  • Les bénévoles et salarié.e.s de la délégation du Pas-de-Calais du Secours Catholique – Caritas France organisent du 1er au 8 mars 2020 une semaine d’événements afin de prendre un temps de recul sur leurs 20 ans de présence auprès des personnes exilées à Calais, relire ensemble ces dernières années et poser les fondements des temps à venir. Découvrez le programme de ces journées ici.

Infos de la PSM

  • A vos agendas ! L’assemblée générale de la PSM, c’est le samedi 28 mars. Bloquez la date, on a plein de choses à se dire et à décider ensemble !
  • Le prochain « atelier sensibilisation » de la PSM aura lieu mardi 18 février, de 9h30 à 16h30, à Dunkerque, au sein de la Maison de la Vie Associative (Terre Plein du Jeu de Mail, rue du 11 novembre 1918). Cet atelier permettra de s’outiller pour intervenir en milieu scolaire, ou encore dans l’espace public, dans le contexte bien particulier des élections municipales. Pour aider à l’organisation de l’atelier et du covoiturage, merci de remplir le court formulaire d’inscription en cliquant ici.

Autres temps de formation et d’échanges

  • Célébrant ses 30 ans, l’Anafé organise le vendredi 28 février 2020 un colloque retraçant les combats qu’elle mène depuis ses débuts pour la défense des droits des personnes enfermées aux frontières. Ce colloque permettra de montrer en quoi les enjeux à l’origine de la création de l’Anafé sont toujours d’actualité dans une Europe qui développe l’obsession d’être une forteresse assiégée. Voir le programme de cette journée
  • La Pastorale des Migrants propose une série de formations qui pourraient vous intéresser : une sur la procédure Dublin le 14 mars, à l’Espace Jean Rodhain, Route de l’Abbaye, 59270 Godewaersvelde (Mont des Cats), et une sur l’accès au droit et à la santé le 4 avril à Dunkerque (lieu à préciser). Pour plus d’informations, écrivez à pastorale.migrants[at]lille.catholique.fr

Outils juridiques

  • A l’occasion d’une ènième expulsion à Calais, HRO (Human Rights Observers) a édité et distribué aux personnes exilées des flyers en langues oromo, arabe, pachtu, farsi, kurde sorani, amarhic, pour les informer de leurs droits ainsi que des bordereaux à remplir avec leurs demandes d’avocat, de médecin pour les aider à les exercer. A retrouver ici.

Envies d’agir

  • Une pétition encore, mais cette fois-ci pour dénoncer la situation humaine et sanitaire désastreuse à Ouistreham et demander au Maire d’enfin ouvrir un local digne pour accueillir les personnes exilées à la rue. C’est à signer ici !
  • Actes et Cités a créé un guide à l’adresse des candidats aux élections municipales à destination des collectivités territoriales qui souhaitent agir en faveur de l’hospitalité, avec ou sans l’aide de l’état. A consulter ici

Belles échappées

  • « Un siècle de réfugiés. Photographier l’exil » de Bruno Cabanes. Ce livre retrace l’histoire de réfugié.e.s aux XXe et XXIe siècles à travers des photographies emblématiques. Il remet également en question l’utilisation de ce médium à des fins humanitaires

  • Et si la cuisine était un outil d’intégration pour des populations venues d’ailleurs ? Des réfugié.e.s et des exilé.e.s accueilli.e.s sur notre territoire s’en sortent grâce à la cuisine. Pour en savoir plus sur les projets, les personnes qui les accompagnent et les adresses des restaurants, écoutez l’émission On va déguster du 19 janvier sur France Inter

La table du RECHO

Pour comprendre, pour cogiter

  • « Le délit de solidarité est toujours sanctionné ». Malgré la décision du Conseil Constitutionnel sur le principe de fraternité, de nombreux soutiens aux personnes migrantes restent poursuivi.e.s et sont parfois plus lourdement condamné.e.s. Lire à ce sujet l’enquête du journal La Croix. Dans ce contexte, la relaxe de Camille Halut, observatrice pour la Ligue des droits de l’homme, est une victoire d’autant plus importante pour la défense des droits. Elle avait été poursuivie pour avoir observé les pratiques policières sur des manifestations. Le tribunal correctionnel de Montpellier a abandonné toutes les charges retenues contre elle. Pour en savoir plus, lire ici ce qu’en dit Amnesty International.

Camp de migrants a Lepe en Espagne

Newsletter n°36

LE JOURNAL HORS LES JUNGLES
n° 36 // 9 janvier 2019

La lettre d’info de la Plateforme des Soutiens aux Migrant.e.s
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Infos des lieux de vie

  • Des élagages d’arbres et de haies pour enlever ce dernier abri aux personnes sur tous les lieux de vie des exilé.e.s. Que ce soit à Calais, des arbres coupés et installations de grilles à la place, mais encore à Grande Synthe, sur la zone naturelle protégée du Puythouck, une coupe d’hiver pratique pour les expulsions de terrain des personnes, et jusqu’à Angres où le préfet du Nord demande par lettre aux agriculteurs de couper leurs haies de manière à déloger 10 personnes exilées sans passer par une décision administrative.

 

Non-camp de Norrent Fontes/Saint Hilaire Cottes

 

  • Calais : une nouvelle « opération de mise à l’abri » selon le préfet le 20 décembre dans la Zone industrielle des Dunes moins de 3 semaines après une opération similaire au même endroit. Après la coupe des arbres, le nettoyage de la zone et la pose de poteaux, place à l’installation de grilles Route de Gravelines, semblables à celles présentes au rond-point de la Zone d’activités Marcel Doret.

Le 17 décembre une banderole était déployée sur le dragon à Calais. Un acte militant pour visibiliser les sans-abris et les exilés, dénoncer les millions mis dans le Dragon et réclamer un plan de mise à l’abri.

 

 

  • A Grande Synthe, « près du site de l’ancien camp humanitaire de la Linière, sous des hangars éventrés et abandonnés qui servaient autrefois de lieux de stockage de lin, des centaines de migrants – kurdes en majorité – campent actuellement dans des tentes et au milieu des gravats de béton et des ordures« . Lire l’article de Julia Pascual paru dans Le Monde du 4 janvier.
  • « La porte d’Ulysse », un centre d’hébergement d’urgence pour des migrants « en transit » à Bruxelles. Il a ouvert en 2015 contre l’avis des nationalistes flamands alors au gouvernement. Malgré ses 350 lits, le lieu n’est pas toujours en mesure d’accueillir les exilés très souvent en provenance du Calaisis et dont l’objectif est le Royaume Uni. A lire l’article paru dans Le Monde.

 

Infos des assos

  • L’association Maison Sésame propose depuis moins d’un an un accueil inconditionnel pour les exilés en situation d’errance à la frontière franco-britannique sur la commune d’Herzeele. Dans un premier livret, « Les Sésamettes », l’association retrace ses avancées des derniers mois de septembre, d’octobre et de novembre et présente ses actions, ses nouveaux questionnements, ses futurs projets et aussi les événements à venir. C’est à trouver ici.

 

 

  • Amnesty International dénonce : les pratiques abusives et l’impunité de la police continuent.  » Plus de six mois après la publication de notre enquête, la situation des personnes migrantes et réfugiées reste désastreuse et inhumaine à la frontière franco-britannique. Ceux qui leur viennent en aide continuent d’être harcelés, en toute impunité. » Lire la suite ici.

C’est par là que ça se passe

  • Aziz Hazara qui se décrit comme un “kid” de Kaboul, est un plasticien utilisant calligraphie, photo et vidéo. Il travaille à ses créations en vue de la Biennale de Sydney en 2020 et de sa première exposition solo en Europe, à la Fondation Tàpies de Barcelone. “J’essaie de documenter ce qui se passe autour de moi à travers mon langage visuel, même si parfois j’ai l’impression que nous sommes devenus insensibles” face à la mort frappant au quotidien. Certaines de ses œuvres sont déjà visibles à Marseille jusqu’au 1er mars, au Musée des civilisations de la Méditerranée (Mucem) dans une exposition bouleversante consacrée à cette génération d’artistes née de l’éphémère printemps afghan, à la chute des talibans en 2001. Lire ici pour en savoir plus sur cet artiste.

 

 

Infos de la PSM

  • A vos agendas ! Deux commissions de la PSM font leur rentrée ce mois de janvier pour leurs premières réunions :
    • La Commission Plaidoyer, le 20 janvier, à 14h à Dunkerque
    • La Commission Expulsions de terrain, le 24 janvier, à 9h30 à Lille

Et du côté de la Commission communication, si vous souhaitez participer à l’élaboration et au contenu du futur site internet de la PSM, une réunion se tiendra le 20 janvier à Montreuil.

Envie d’agir

  • Participons au Projet LOVIS : en été 2020, le voilier LOVIS va larguer les amarres pour soutenir et mettre en lien différentes luttes antiracistes en faveur de la solidarité. Migrant.e.s, réfugié.e.s, activistes, musicien.ne.s, actrices et acteurs, écrivain.e.s, tou.te.s celles et ceux qui dépassent les frontières et qui œuvrent contre le racisme et pour la liberté de circulation, la décolonisation et pour des communautés solidaires, vous êtes invités à une rencontre de préparation le 11 janvier 2020 à Ostende en Belgique ou à envoyer vos idées à cette adresse, campaign(at)lovis.de. Des informations sur ce projet ici.
  • Invitation au Week-end de soutien aux expulsé.e.s et inculpé.e.s du 5* les 11 et 12 janvier à Lille. Ce week-end est organisé en réponse à ce qui s’est passé le 4 juin dernier à Lille : sur ordre du préfet du Nord, quelques 200 CRS ont violemment expulsé des personnes qui occupaient un ensemble de bureaux et hangars, surnommé ironiquement le 5 étoiles. Plus d’informations et programme à trouver ici !

 

 

  • Soutien à Pierre-Alain : il y a plus de 3 ans, Pierre-Alain a été arrêté pour « aide aux migrants ». Il avait secouru dans la montagne de la Roya 3 Érythréennes blessées. Il vient de recevoir la notification pour une nouvelle audience au tribunal. Ce sera la 5e…Pour soutenir Pierre-Alain via la pétition, c’est ici, voire même aider à la cagnotte pour ses frais de justice.
  • Pétition pour les sans-abris à Calais. 7 500 signatures pour l’instant. Froid, pluie, tempête, destruction des « abris » sont toujours d’actualité. Dehors n’est pas un logement ! Pour ajouter votre signature, ou partager la pétition, c’est ici.

Belles échappées

  • « Harbor » : un film pour éveiller les consciences sur la situation des mineurs désireux de rejoindre l’Angleterre.
    Le court-métrage « Harbor » – ou « Jeter l’ancre un seul jour » en français – aborde la difficile question des mineurs isolés qui souhaitent rejoindre l’Angleterre. Avec ce film, le jeune réalisateur de 23 ans, Paul Marques Duarte raconte l’histoire d’une enseignante française qui, lors d’un voyage scolaire vers l’Angleterre avec sa classe, décide de cacher un jeune migrant à bord d’un ferry. A trouver sur Infomigrants l’article de Leslie Carretero qui en parle !

 

 

  • « Pour Sama » – Waad al-Kateab est une jeune femme syrienne qui vit à Alep lorsque la guerre éclate en 2011. Sous les bombardements, la vie continue.
    Elle filme au quotidien les pertes, les espoirs et la solidarité du peuple d’Alep.
    Waad et son mari médecin sont déchirés entre partir et protéger leur fille Sama ou résister pour la liberté de leur pays. Projection du documentaire suivie d’un échange avec Amnesty International et Tarek, syrien originaire de Damas, au Flandria, à Bailleul, le 21 janvier 2020 à 20h.

 

 

  • « Le parfum d’Irak » écrit par le journaliste franco-irakien Feurat Alani lauréat du prix Albert Londres. Il y évoque le pays natal de ses parents, alternance de souvenirs joyeux, de drames et d’injustices durant la dictature et la guerre, en reprenant les codes de twitter et de messages initialement limités à cent quarante signes.

 

 

Autres temps de formation et d’échanges

  • Formation sur l’alphabétisation et la scolarisation des personnes exilées organisée par la Pastorale des Migrants, avec un focus sur la scolarisation en Collège et Lycée. Ce sera à la Maison Paul VI à Lille, le samedi 18 janvier de 10h à midi. Attention, places limitées, inscriptions avant le 15 janvier à cette adresse mail : pastorale.migrants@lille.catholique.fr

Outils juridiques

  • Mise en place d’une permanence téléphonique d’urgence « étrangers 48H » les week-ends par les avocats au barreau de Lille. Cette permanence est uniquement dédiée aux décisions assorties d’un délai de recours contentieux de 48 heures dont le délai expire durant les fins de semaine, le samedi ou le dimanche.
    Un.e avocat.e sera désormais joignable par téléphone toutes les fins de semaine, du vendredi au dimanche, pour aider les étrangers-ères faisant l’objet d’une mesure d’éloignement sans délai ou d’une assignation à résidence à saisir le tribunal administratif de Lille d’un recours. Le numéro de téléphone : 06 09 04 37 02. Il est à diffuser largement. Par ailleurs le site internet de l’Ordre des avocats au Barreau de Lille comportera désormais, à compter de la fin du mois de décembre, une page internet dédiée aux droits des étrangers, et comportant des aides à l’introduction du recours.

  • La maire de Calais jugée incompétente … pour interdire les distributions de nourriture aux personnes exilées. Par un jugement rendu le lundi 16 décembre 2019, le tribunal administratif de Lille a annulé trois décisions prises par la maire de Calais les 2, 6 et 9 mars 2017 dans le but d’empêcher les distributions de nourriture aux exilé·es, alors joliment qualifiées « d’occupations abusives, prolongées et répétées » de la zone industrielle des Dunes, du site du Bois Dubrulle et de la place d’Armes. Une décision qui devrait mettre un coup d’arrêt à l’une des mesures les plus honteuses dans la panoplie des pratiques de harcèlement des personnes migrantes toujours en vigueur sur la commune. Lire la suite du communiqué des associations ici.

Pour comprendre / pour cogiter

  • La France va rendre 1,12 million d’euros de crédits non utilisés du Fonds européen pour les réfugiés. Cet argent européen n’a pas été utilisé par la France pour s’occuper de l’accueil des réfugiés sur le territoire. Ces fonds n’auraient pas été utilisés en grande partie en raison de la complexité des dossiers administratifs à remplir. A lire l’article du journal Ouest France
  • Un droit au travail pour les migrants ignoré par la France. La « Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille » a été ratifiée par 55 pays mais pas par la France. A lire ici un article à ce sujet.

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A Calais, Natacha Bouchart fait des migrants une rente politique

ÉLECTIONS MUNICIPALES 2020: NOTRE DOSSIER – REPORTAGE MEDIAPART

23 FÉVRIER 2020 | PAR MORGAN RAILANE (MÉDIACITÉS)

La maire LR postule à un troisième mandat à la tête de la première ville du Pas-de-Calais. Favorite face à un RN divisé et à une gauche en reconstruction, elle a réussi à transformer la présence de migrants en atout politique… et en plantureuses subventions.

Quand, en 2008, elle monte au beffroi de Calais pour lancer la rénovation du vieil escalier en bois, Natacha Bouchart tourne un peu de l’œil. Sujette au vertige, elle reste accrochée au bras d’un journaliste mais va jusqu’au bout de la visite.

Une ténacité qui n’est pas pour rien dans une ascension politique qui n’était pas écrite. Sans diplôme – elle quitte le lycée prématurément – ni expérience professionnelle, la maire (LR) de Calais s’est imposée, en 20 ans, comme une figure majeure de la vie politique régionale.

Selon un étonnant sondage Ipsos-La Voix du Nord, elle serait en position de l’emporter dès le premier tour avec 56 % des voix, contre 25 % à la gauche et… 12 % au RN, quand ce dernier avait réuni 42 % des suffrages aux dernières européennes.

Un score trop beau pour être vrai ? Ce qui est sûr, c’est qu’elle a su transformer la crise migratoire en véritable rente politique. Et que son positionnement à la fois anti-FN et ouvert au-delà de LR la rend très Macron-compatible (le mouvement du président lui a d’ailleurs apporté officiellement son soutien). Mais rien de théorique là-dedans. Plutôt des choix à l’instinct d’une politicienne de terrain, tombée « dans la marmite » quand elle était petite…

Natacha Bouchart vise un troisième mandat de maire de Calais aux municipales de 2020. © MR

Née en 1963 dans le bassin minier à Loison-sous-Lens, celle qui est encore Nathalie Keuroglanian à l’état civil, grandit dans une famille métissée : sa mère est fille d’immigrés polonais ; son père est arménien, fils d’un marchand de tissus. Gaulliste patenté, Maurice Keuroglanian est un homme influent dans les coulisses du mouvement.

Membre du Service d’action civique (SAC), l’ancienne officine des coups tordus du parti, il est également trésorier du RPR dans le Nord-Pas-de-Calais. Il siège ainsi avec tous les barons gaullistes régionaux et sa fille, encore enfant, l’accompagne parfois. « Son père était un vrai gaulliste, social, pas de droite », vante un vieux militant qui l’a côtoyé à l’époque. « Naturellement, comme tous les membres du SAC, il était armé », sourit-il. Des histoires circulent mais la discrétion est de mise…

Dans les années 1970, l’adolescente suit son papa dans les comités fédéraux du parti chiraquien. Que comprend-elle alors des secrets des hommes forts de la droite régionale ? Elle en retire peut-être le sentiment que son destin est là.

À la fin des années 1980, Maurice Keuroglanian place sa fille chez Jean-Paul Delevoye, alors maire de Bapaume et parlementaire. C’est son premier mentor en politique, celui auprès de qui elle apprend le métier. Natacha Bouchart tient le secrétariat, accueille, cale les rendez-vous, réseaute… mais reste toujours discrète.

  • Les années d’apprentissage à Calais

Quand elle arrive à Calais au début des années 1990, c’est Claude Demassieux, éternel opposant RPR au conseil municipal, qui est chargé de la cornaquer à la demande de Jean-Paul Delevoye. Il lui trouve aussi un travail, d’abord simple pionne à l’école privée Saint-Pierre qu’il dirige, avant de la bombarder responsable des ressources humaines. Natacha Bouchart est mariée depuis peu à un assureur qui vient d’Île-de-France. Le mariage dure peu.

« J’ai croisé son mari peu après son arrivée à Calais, au début des années 1990. J’ai le souvenir d’un grand et bel homme dans un costume bleu pétrole. Il n’est resté que quelques jours », nous dit une militante de l’époque. Natacha Bouchart a pourtant gardé son nom d’épouse.

Élue conseillère municipale en 2001, Natacha Bouchart avance très vite : conseillère régionale en 2004 derrière Jean-Paul Delevoye, elle réussit l’exploit, en 2008, de prendre Calais aux communistes, aux commandes de la ville depuis 37 ans. Une victoire surprise qu’elle doit au désistement en sa faveur du candidat FN François Dubout (12,5 %).

En 2011, elle devient sénatrice et abandonne la région. Écrêtée au registre de ses indemnités, conformément à la réglementation sur le cumul, elle en fait partager le surplus entre les élus de son choix. Parmi les bénéficiaires, Jacqueline Dewet, doyenne du conseil municipal… et belle-mère de Claude Demassieux. En 2014, Natacha Bouchart conserve la ville à la tête d’une liste d’ouverture. Là encore, elle profite d’une situation favorable avec une gauche divisée en deux listes qui se neutralisent (autour de 20 % chacune).

  • La « chasse gardée » des migrants

Les années qui suivent mettent Calais sous les feux de l’actualité avec le phénomène migratoire. Les exilés à Calais squattent la ville, ses usines désaffectées, ses hangars abandonnés. Natacha Bouchart lance la chasse via Facebook en appelant à la délation. Elle interdit les douches et les distributions de repas en ville, avant d’être sèchement rappelée à l’ordre par la préfecture et le tribunal.

Prospérant sur l’actualité, elle adopte des positions tranchées pour être visible. Elle y gagne son siège au Sénat… « Les migrants, c’est une chasse gardée pour Natacha Bouchart. Elle n’a jamais voulu d’un débat au conseil municipal », souligne Christophe Duffy, élu écologiste et colistier de la liste de gauche en 2020.

La solution de la maire de Calais ? « Pousser » les migrants hors du centre-ville vers les terrains vagues qui bordent la rocade portuaire et qui forment une décharge sauvage bien connue des calaisiens. Autrement dit, parquer les exilés à quelques centaines de mètres d’un port où converge la moitié des camions qui passent en Angleterre.

Jean-Marc Puissesseau, président de la société des ports du Détroit, qui gérait à l’époque l’exploitation du port de Calais en tant que président de la CCI, n’en revient toujours pas. Cela n’empêche pas Natacha Bouchart de dénoncer à longueur d’intervention la présence migratoire qui « tue l’économie locale ».

On connaît la suite : un bidonville dont la population monte jusqu’à 11 000 personnes, encadrées par plus de 2 200 CRS et gendarmes. Les barbelés poussent partout, les incidents routiers se multiplient… Natacha Bouchart est à la pointe (médiatique) du combat et devient une figure nationale. Elle harcèle les pouvoirs publics : elle veut des dédommagements.

Le 13 novembre 2015, le président de la région Daniel Percheron, les présidents des départements du Nord et du Pas-de-Calais et Natacha Bouchart signent, sous l’égide de l’État, un contrat de territoire exceptionnel. En tout, 155 millions sont mis sur la table pour aider le Calaisis.

Après avoir été rentière avec la dentelle, rentière encore avec le port et le Duty Free, Calais s’arrime à une nouvelle rente de situation grâce à la présence de migrants. Une rente qui est aussi politique.

Cette même année 2015, Natacha Bouchart est appelée par Xavier Bertrand à diriger la liste LR dans le Pas-de-Calais. L’édile coche toutes les cases : issue du même parti, adversaire déterminée du FN comme lui, et dotée d’une notoriété nationale toute fraîche. En 2015, Le Trombinoscope, l’annuaire du monde politique français, lui décerne le prix de l’élue locale de l’année. Après la victoire, elle devient vice-présidente de la région déléguée à la mer, aux ports et à la politique du littoral, et assoit encore davantage sa stature régionale.

« Elle nous saoule à la fin. Déjà qu’elle veut tout contrôler sur le littoral, elle demande tout le temps de l’argent. Y a pas que Calais dans la région », soupire l’un de ses collègues du conseil régional. En 2016, elle quitte le Sénat et déclenche une polémique en tentant de se faire embaucher comme attachée parlementaire de son remplaçant… Elle doit renoncer.

L’affaire est emblématique de son coté « culotté ». Capable de tout oser mais aussi de rentrer très vite dans sa coquille. C’est aussi vrai sur le plan personnel, où elle se montre réticente à toute confidence – sauf au journal Nord Littoral, auquel elle se livre un jour.

Son péché mignon ? Manger des coquillettes au beurre devant la télévision en pyjama. Sans complexe, on la voit aussi s’asseoir par terre dans un gymnase du Beau-Marais lors d’une battle de hip hop. Un côté nature qui la rend proche des Calaisiens. Un atout pour décrocher un troisième mandat ?

  • Rupture avec les patrons

Le phénomène migratoire, bien que plus faible qu’au temps de la Jungle, pèse toujours sur la vie locale. Mais la situation économique a repris de l’importance. Problème : Natacha Bouchart n’a plus le soutien des patrons, alors qu’ils se trouvaient au premier rang en 2008. Depuis, ils ont fortement déchanté. Ils ne s’attendaient pas à voir la fiscalité foncière augmenter. Et ils digèrent encore moins la hausse du versement transport, payé par les entreprises.

« Le taux a été porté à 2 % de la masse salariale, afin de financer un petit bateau – La Majestin – qui coûte environ un million d’euros, afin d’assurer la traversée du canal de Calais. Or il ne prend quasiment personne… », soupire un patron.

Les relations avec le port de Calais, principale activité économique de la ville, sont loin d’être au beau fixe. Alors que celui-ci a engagé le plus grand chantier d’infrastructure portuaire d’Europe pour accueillir de plus grands navires, ni la ville ni l’agglomération n’ont participé à son financement.

En revanche, Natacha Bouchart a tenté d’en retirer des recettes fiscales supplémentaires (3 millions d’euros, selon une estimation). Mais elle a perdu cette bataille face au président de la société d’exploitation, Jean-Marc Puissesseau. Il a fait valoir à Bercy que les ports ont une mission de service public et doivent donc être exonérés.

« Heureusement qu’on a eu ce rescrit [exonération – ndlr]. C’était le pic de la Jungle et le port perdait 1,5 million de voyageurs cette année-là. Mais personne ne s’est inquiété à l’époque de notre sort », tempête-t-il. Un autre patron se résigne : « Elle aurait pu apprendre, en deux mandats. Mais l’économie ne l’intéresse pas. » 

  • À la recherche d’une nouvelle rente

Quand la dentelle se meurt, Natacha Bouchart finit par en prendre acte après avoir englouti plusieurs millions d’euros en soutien au dentellier Noyon. En pure perte. « J’ai accompagné la fin d’une industrie », assume t‑elle. En matière de commerce, la maire de Calais croit toujours à l’extension de surfaces alors que la crête est déjà passée.

Le long de l’autoroute A16, les enseignes – souvent de discount – se sont multipliées. Dans le centre-ville, déjà concurrencé par le centre commercial Cité Europe qui jouxte le tunnel, les effets sont patents : des vitrines vides et des prix de l’immobilier qui se sont effondrés.

Face à cela, Natacha Bouchart ne jure que par le retour d’une autre rente : alors que le Brexit est acté, elle réclame une zone de dédouanement pour faire revivre le Duty Free. Christophe Castaner en a accepté le principe. Reste à en déterminer le périmètre. La maire, elle, rêve de l’étendre à toute la ville.

Natacha Bouchart a souvent beaucoup promis en matière économique. « 5 000 emplois directs et indirects », titrait ainsi Nord Littoral en 2008 à propos de son projet de parc d’attraction Spyland. Plus d’une décennie plus tard, ce projet maintes fois relancé, modifié, puis rabougri aura coûté, en vain, le prix de quelques études.

Aucune idée ne s’est vraiment concrétisée au cours des deux mandats de l’édile. À part, bien sûr, le fameux Dragon à 27,5 millions d’euros, déjà ausculté par Mediacités. Porteur de tous les espoirs d’attractivité de Calais, il s’accompagne de prévisions de retombées très optimistes. Mais l’utilisation de la machine s’avère plus complexe que prévu. Quelques semaines après le lancement, les points de rouille se multiplient sur la « bête », entraînant son immobilisation. La maintenance sera plus lourde que les 17 000 euros prévus au budget.

  • Un chômage toujours endémique

Sur le front du chômage, Natacha Bouchart porte en étendard depuis le début de la campagne une baisse de 30 % depuis son élection et un taux de 12,7 % de demandeurs d’emploi à la fin 2019. Sauf qu’elle se garde bien de dire que ces chiffres concernent tout le bassin d’emploi. Soit les trois intercommunalités (Calaisis, région d’Audruicq et Pays d’Opale) et pas la seule ville de Calais, pour laquelle le recueil de données s’apparente à un parcours du combattant. Il faut se plonger dans les documents de l’Insee, recouper les tendances des différents Pôles emploi et fureter du côté de l’Urssaf, où un administrateur finit par nous lâcher : « À Calais, le vrai chiffre, c’est 24,5 %. »

Le nombre de demandeurs d’emploi est quasiment stable jusqu’en 2018. La baisse se manifeste surtout en 2019 (avec 1 148 personnes en moins inscrites). Elle semble surtout être le fait de TPE-PME locales ou du port de Calais et devoir davantage à une tendance de fond nationale qu’à l’équipe municipale. Toujours est-il que cette « tendance globalement baissière », comme nous le confirme une cadre de Pôle emploi, ne change rien au constat : le chômage demeure endémique à Calais.

  • Une situation politique inédite

Politiquement, Natacha Bouchart a longtemps profité de configurations très favorables. Est-ce encore le cas aujourd’hui ? Son rival supposé le plus dangereux, le Rassemblement national, a parachuté un jeune capitaine de la Légion, Marc-Alexandre de Fleurian, attaché parlementaire d’un député européen, qui vient « par devoir » libérer les Calaisiens.

La maire en fait – comme Macron – son « meilleur ennemi », n’hésitant pas à préempter un bien immobilier que le candidat RN s’apprêtait à acheter. « Je ne veux pas du RN en plein centre-ville », se justifiait Natacha Bouchart dans Le Point.

En attendant, « l’extrême simplicité » du programme du RN se résume au slogan affiché sur un camion qui tourne dans la ville : « Bouchart = Macron ». Et à une campagne qui promet de « libérer les Calaisiens des migrants »pour résoudre tous les problèmes économiques.

Le Rassemblement national a parachuté Marc de Fleurian à Calais. © MR

Le RN transpire la confiance : « On n’a pas besoin de dire aux électeurs pour qui voter ; il suffit simplement de leur dire d’aller voter. On sait qu’ils votent pour nous dans les quartiers populaires », s’enthousiasme Philippe Olivier, ancien candidat à la députation à Calais et mari de Marie-Caroline Le Pen. Le couple s’est installé à Calais et figurera sur la liste. Mais il y a une ombre au tableau avec la tentative de constitution d’une liste dissidente d’ex-RN locaux menée par le conseiller régional Rudy Vercucque.

La gauche, à l’inverse, aborde ce scrutin sous la bannière unique du collectif Respirer 2020, derrière l’avocate et conseillère municipale communiste Virginie Quenez. « Une union des gauches et des écologistes à Calais, c’est déjà un événement considérable », insiste Francis Gest, figure historique des Verts calaisiens.

D’autant qu’elle affiche la volonté de ne pas se retirer au second tour, quel que soit le « risque » RN. Reste à savoir combien elle pèse vraiment : 35 % si l’on compte les deux listes (PCF et PS) de 2014 ? Ou moitié moins, si l’on considère le sondage le plus récent mais sujet à caution ?

Natacha Bouchart, pour s’imposer à nouveau, mise sur une liste renouvelée à 50 % et prône toujours l’ouverture. En 2008, le cocktail proposait une répartition par quarts entre candidats de droite, de gauche, du centre ou non encartés. En 2020, c’est une composition en tiers. Le premier comprend des barons et des gens « sûrs » de 2008 comme la belle-mère de Claude Demassieux.

Le deuxième regroupe des personnalités non engagées comme Ladislas Lozano, ex-entraîneur du Cruf, finaliste de la coupe de France de football il y a plus de 20 ans ; ou encore Delphine Ledoux, ex-championne de France et internationale de gymnastique rythmique.

Enfin un tiers est réservé à des politiques, y compris venus de la gauche, comme Daniel Boulogne, ex-président de la Maison pour tous et ex-attaché parlementaire du député PS de Calais Yann Capet ; ou Laurent Lenoir, ex-membre actif de la section locale du PS. La nouveauté, c’est que l’ouverture se traduit cette année par trois colistiers macronistes. Mais en l’occurrence, la maire de Calais a fait du Macron avant Macron.

Drôle d’animal politique, que Natacha Bouchart. Sa ville fait partie des cibles officielles du RN. Mais elle affiche sa sérénité. « La campagne, je la sens bien, confie-t-elle. C’est ça, une campagne, on sent les gens. C’est pas un camion dans la ville, une campagne. » Rendez-vous le 22 mars pour vérifier son intuition.