Voyage en barbarie dans le désert du Sinaï – Série de reportages sur les violences subies par les Erythréens – Le Monde

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Voyage en barbarie dans le désert du Sinaï

Série de reportages sur les violences subies par les Érythréens – Le Monde

Les journalistes du Monde, Cécile Allegra et Delphine Deloget, ont réalisé une série de reportages sur les violences subies par les Érythréens qui quittent leur pays et sont kidnappés sur la route de l’exil. Quittant l’Érythrée où ils sont soumis à un service militaire à durée indéterminée, mis en prison et torturés pour n’importe quel prétexte, ils continuent à subir des persécutions lors de leur voyage.

Ces cinq reportages sont publiés ici, un par jour du 13 au 17 octobre. Attention, certaines images peuvent choquer.

« Passagers du monde » / Numéro 4 (28.08.2014)

les-ptites-oreilles-2« Passagers du monde », 4ème étape. Dans cette nouvelle émission, la petite équipe d’animateurs composée d’Hans et Maël a l’immense honneur d’accueillir deux vénérables membres de l’association Terre d’Errance (Norrent-Fontes), Nan et Thomas Suel.

Au menu de cette émission, un zoom sur la situation à Norrent-Fontes, petit village du Pas-de-Calais proche de l’autoroute A 26, où bon gré mal gré, des exilés venus d’Érythrée, d’Éthiopie et du Soudan, survivent dans un camp de fortune, dans l’attente d’une étape future en Angleterre ou ailleurs.

Retour donc sur l’historique de la situation, sur la création et l’action de l’association, le tout ponctué par des textes écrits et lus par Thomas, qui dans la « vraie vie », se trouve également être un artiste-bricoleur des sons et des mots. Puis, nous nous arrêterons sur le témoignage d’un exilé érythréen recueilli par l’ex-présidente de Terre d’Errance, Lily Boillet, intitulé « Comment je suis devenu passeur » et publié en juillet 2009 dans la revue Plein droit du GISTI.

En fin d’émission, Hans nous donnera quelques nouvelles de Calais.

D’ailleurs, à ce propos, nous lançons un appel à animateur/animatrice : le génial et pertinent camarade Hans s’en retourne dans sa contrée bruxelloise. Par conséquent, nous sommes à la recherche de voix pouvant prendre le relai et poursuivre la route de « Passagers du monde ». Si vous êtes intéressé.e, n’hésitez pas à laisser un petit mot à contact@psmigrants.org.

@ la prochaine (peut-être)…

# « Passagers du monde » numéro 4 :

 

# La poésie « en passant » de Thomas Suel dans cette émission n° 4 :

Les aidants, Thomas Suel

(Texte écrit pour les bénévoles de Terre d’Errance (Norrent-Fontes) dans le cadre d’un programme d’évènements à l’occasion des 10 ans de la fermeture du camp de Sangatte)

Vous me demandez mon nom, Thomas Suel

# La bande sonore de « Passagers du monde » numéro 4 :

  • Cette femme ocre de latérite, Apkass, En marchant vers le soleil.
  • On a tout compris, Tiken Jah Fakoly featuring Anthony B, Françafrique.
  • Bouger, bouger, Magic System, Cessa kié la vérité.
  • La France des couleurs, Idir, La France des couleurs.

Les interviews ont aimablement été mis à notre disposition par le blog « Passeurs d’hospitalité ».

 # La valise de « Passagers du monde » numéro 4 :

Pour ce numéro 3, la valise des passagers contenait deux livres de jeunesse :

  • « Partir » d’Isabelle Colombat, aux éditions Thierry Magnier, est un recueil de 10 nouvelles abordant la question de l’exil et du voyage.
  • « Les migrants » de Mariana Chiesa Mateos.

 

Crédits : Terre d'Errance Norrent-Fontes

Sur les murs du camp de Norrent-Fontes / Crédits : Terre d’Errance Norrent-Fontes

Actualités sur l’Irak

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rubon74Parmi nos associations membres, l’association Les exilés du 10ème, qui se trouve à Paris, a mis en place un site internet d’actualités sur certains pays d’origine des exilés. Ce site est mis à jour très régulièrement et contient plus de 2700 actualités concernant l’Irak.

Le lien : http://actu.exiles10.org/

 

Marianne – L’Érythrée, un goulag à ciel ouvert

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http://www.marianne.net/L-Erythree-un-goulag-a-ciel-ouvert_a240514.html

L’Érythrée, un goulag à ciel ouvert

Lundi 11 Août 2014 à 05:00
Propos recueillis par Bruno Rieth

D’après les informations du Figaro, la France connaitrait une augmentation des arrivées de migrants Érythréens sur son territoire. Certains à droite en ont profité pour tenter de relancer le débat sur la nécessité de restreindre l’accès des prestations sociales aux étrangers. Une « sottise » pour Léonard Vincent, journaliste et écrivain, auteur du livre « Les Érythréens », qui livre pour Marianne les clés qui permettent de comprendre cette immigration en provenance d’un pays qui n’a rien à envier à la Corée du Nord.

HEIDI LEVINE/SIPA

HEIDI LEVINE/SIPA
Marianne : Quelle est la situation politique actuelle en Érythrée ?
Léonard Vincent: C’est un pays organisé comme une caserne disciplinaire sous l’autorité absolue d’un chef, Issayas Afeworki, ancien héros de la libération qui s’est transformé en despote alcoolique. C’est un pays soumis à la loi d’un chef de guerre qui se considère toujours en guerre. Les enfants sont rois jusqu’à l’âge de 17 ans puis, ils sont soumis au service militaire jusqu’à leurs quarantaines. Dans les casernes, les jeunes filles sont fréquemment violées et les garçons sont frappés et humiliés. C’est aussi un pays qui est en ruine et avec un mythe de l’autosuffisance qui a éclaté depuis longtemps. Afeworki, tout en expliquant officiellement qu’il refuse toute aide internationale, a été financé par la Chine, le Qatar et ne refuse pas l’argent proposé par les fonds d’aides de l’ONU. La Libye du colonel Kadhafi a aussi longtemps participé au budget de l’Etat Erythréen, fourni du pétrole et des armes. C’était un allié, voire plus. D’ailleurs, certains opposants du président Afeworki l’appelaient même le « caniche de Kadhafi ». Mais depuis les années 2000, avec le renforcement de la répression, le pays est de plus en plus isolé. Le régime parle de complot de la CIA pour le justifier. Il faut imaginer que dans la Capitale, à Asmara, il y a des coupures d’électricité incessantes avec 2 heures ou 3 heures maximum de courant par jour. Le pays s’effondre progressivement et on assiste à un effritement de sa population. Une grande partie de la société attend la chute du chef. L’Érythrée se rapproche du camp de concentration avec travaux forcés. L’armée contrôle tous les pans de la société, pas de police, pas de cours de justice, pas d’avocats pour vous défendre.
Quelles sont les solutions possibles pour les habitants, s’ils veulent échapper à la répression du régime ?Il n’y en a qu’une, la fuite. C’est le cas depuis 10 ans environ. En 1993, après une guérilla contre l’Ethiopie, l’indépendance se fait dans une certaine euphorie. Mais rapidement, Issayas Afeworki resserre le pouvoir autour de lui. En 1998 éclate une nouvelle guerre avec L’Ethiopie qui va causer entre 70.000 et 90.000 morts. Certains des anciens camarades d’armes du président commencent à se rebeller et tentent de s’opposer. Mais il va profiter des attentats sur le sol américain en septembre 2001 pour lancer de grandes rafles contre ces « réformateurs ». Ils sont envoyés en prison, les partis politiques sont interdits et les 7 journaux qui existaient sont supprimés. Depuis le pays s’est totalement figé, durci même et la population a commencé à fuir, notamment les jeunes. Selon les chiffres de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), il y a eu des pics d’émigration dés les années 2002 et 2003. La seule alternative pour échapper au service militaire ou à la prison est donc de fuir. Trouver de l’argent pour payer des passeurs qui ne soient pas des mouchards du régime et passer vers le Soudan ou l’Ethiopie, puis vivre de camps de réfugiés en camps de réfugiés jusqu’à trouver un coin tranquille. Ce n’est pas vraiment un choix. Si ils restent dans le pays, ils sont voués à être des esclaves du régime, à être envoyé dans les campagnes, pour travailler dans des chantiers pour le reste de leur vie.
Leur périple est souvent très dangereux. Ils sont souvent rackettés par les passeurs. En Libye, ils risquent parfois la mort car ils sont considérés comme des anciens mercenaires du colonel Kadhafi. En 2009, le HCR évaluait de 1000 à 3000 passage réussis d’Erythréens hors du pays. Maintenant ce serait au alentour de 3000 à 4000 par mois. C’est énorme. On estime à 800 000 la diaspora Erythréenne dans le monde, soit presque un cinquième de la population totale du pays.Quels sont leurs objectifs lorsqu’ils quittent leur pays ?Ce qu’ils recherchent, c’est de se réfugier dans la première démocratie sur leur chemin. J’ai parlé avec beaucoup d’entre eux. Ils ne rêvent pas de devenir rappeurs ou stars de football. Ce qu’ils veulent c’est un pays où on leur foute la paix, où ils peuvent vivre en sécurité sans avoir peur pour leur vie. C’est une immigration particulière. Ce sont des fugitifs qui viennent de s’échapper d’une prison après avoir été persécutés tout au long de leur chemin.

Que pensez-vous des propos d’Eric Ciotti ou d’Hervé Mariton qui associent l’augmentation d’arrivée de migrants Érythréen et nécessité de réduire les aides sociales aux étrangers en situation régulière et irrégulière ?

Ce genre d’affirmation traduit une totale ignorance de la question. Je pense qu’ils auraient mieux fait de garder le silence. Tous les migrants en provenance de l’Érythrée que j’ai pu rencontrer, que ce soit au Soudan, en Egypte ou en Italie ne m’ont jamais montré de « petit manuel du migrant » avec écrit en gros caractères « la France pays des aides sociales ».  Ce sont des personnes qui émigrent pour échapper à leurs tueurs. Et puis la France pays des droits de l’Homme, qui a eu dans son Histoire plusieurs grandes personnalités qui n’étaient pas française à l’origine comme Garibaldi ou Francisco Miranda, ne devrait pas rechigner à accueillir ces immigrés. Ce serait honorer cette Histoire, faire preuve de patriotisme en faisant vivre cette tradition d’accueil.

Rue 89 : L’arrivée « massive » d’Erythréens inquiète Le Figaro : pourquoi quittent-ils leur pays ? / 05.08.2014

En passant

http://rue89.nouvelobs.com/2014/08/05/larrivee-massive-derythreens-inquiete-figaro-pourquoi-quittent-ils-pays-254075

L’arrivée « massive » d’Érythréens inquiète Le Figaro :

pourquoi quittent-ils leur pays ?

La réponse de Rémi Noyon.

Les mains et jambes de migrants (érythréens et syriens) secourus par la marine italienne, Augusta, en Sicile, le 5 juin 2014 (Marco Vacca/SIPA)

 

Les lecteurs du Figaro ont dû trembler ce mardi matin. Le quotidien fait sa une sur un « rapport alarmant de la police aux frontières ». Dans les pages intérieures, on apprend qu’une « réunion exceptionnelle » s’est tenue le 9 juillet à la préfecture des Alpes-Maritimes. Se basant sur le compte-rendu des discussions, Le Figaro relaie l’inquiétude des agents face au nombre grandissant de ressortissants érythréens interpellés, notamment près de la frontière avec l’Italie. En juin, ces interpellations se chiffraient à 2 628, contre 47 en mars.

Le Figaro ne s’étend pas sur les raisons qui poussent les Erythréens à quitter leur pays. Depuis des années, l’Erythrée est décrite comme « la Corée du Nord de l’Afrique ». Après son indépendance au début des années 90, le pays s’est transformé en l’un des régimes les plus répressifs de la planète, sous l’autorité du président Issayas Afewerki, qui a gardé de son séjour en Chine maoïste un goût de l’embrigadement et de l’arrestation arbitraire.

Paranoïa et alcoolisme

Les Erythréens sont nombreux à fuir vers l’Europe ou des pays limitrophes. Mais cette « hémorragie » semble s’accélérer depuis quelques mois. Selon Léonard Vincent, auteur d’un livre sur ce « peuple pris en otage » ( « Les Erythréens », éd. Rivages, 2012), cela est dû à une détérioration générale de la situation du pays, brutalisé par un Président qui sombre dans la paranoïa et l’alcoolisme.

Le régime s’accroche à ses rêves d’autosuffisance. Les aides internationales se sont taries en même temps qu’a augmenté la pression extérieure. Les alliés traditionnels du pays (Chine, Qatar) s’en détournent ou sont de plus en plus méfiants vis-à-vis du président Afewerki. Le gouvernement s’empêtre dans l’incohérence tandis que la diaspora et l’opposition se structurent à l’étranger. Inspirés par le Printemps arabe, les opposants ont par exemple lancé le projet Arbi Harnet (vendredi libre), dont le principe est de passer de nombreux coups de téléphone vers l’Erythrée pour appeler à la révolte.

Face aux contestations, le régime durcit la répression. Après la guerre avec l’Ethiopie (de 1998 à 2000), le service national a été allongé. Désormais, les jeunes conscrits sont souvent réquisitionnés pour travailler à l’envi pour des entreprises liées à l’Etat, Amnesty International parlant à ce sujet de « persécution d’Etat » et de « travail forcé ». La liberté de la presse est inexistante – le pays concurrence la Corée du Nord dans les bas-fonds du classement de Reporters sans frontières. En mai de l’année dernière, Amnesty International estimait à 10 000 le nombre de personnes placées en détention pour des motifs politiques.

Les évadés et la répression

Les défections sont de plus en plus nombreuses, et parfois spectaculaires. Lors des Jeux olympiques de Londres, il y a deux ans, le porte-drapeau érythréen, Weynay Ghebresilasie, avait saisi l’occasion de la compétition pour demander l’asile. En 2012, le ministre de l’Information profite d’un voyage d’affaires en Europe pour disparaître. Sa fille est arrêtée dans la foulée.

La propagande du régime en la matière a évolué ces dernières années. Longtemps dans le déni, le Président parle maintenant d’un complot de la CIA, appuyé par les ONG et les journalistes qui font miroiter aux jeunes un avenir meilleur et siphonnent la main-d’œuvre du pays. Dans le même temps, des officiels du régime organisent un véritable racket, basé sur le trafic d’êtres humains. Un rapport relayé par le Guardian, en décembre 2013, dénonce ainsi les agissements du général Teklai Kifle, qui commande des unités militaires à la frontière, et gère un système sordide d’enlèvements et de demandes de rançons.

Pourquoi ces migrants se dirigent-ils maintenant vers la France, qui est aussi un point de passage vers la Grande-Bretagne ou l’Allemagne ? Au-delà du bouche-à-oreille et des réseaux de solidarité classiques, c’est peut-être aussi le durcissement récent des conditions d’asile en Suisse qui mène à cette réorientation.

Conclusion de Léonard Vincent :

« Les évadés s’adaptent à la répression. »

« Passagers du monde » / Numéro 3 (24.07.2014)

les-ptites-oreilles-2« Passagers du monde », 3ème épisode. Dans cette 4ème émission, Hans et Maël proposent de poursuivre la discussion entamée au cours de l’émission précédente et relative à la situation à Calais.

En réponse à l’opération policière du 02 juillet, une manifestation de soutien aux exilés à été organisée le samedi 12 juillet qui a permis de réunir plus de 450 personnes, militants aguerris ou simples citoyens solidaires, venus de Calais, Dunkerque ou Lille…et même du Havre ! A l’issue de cette mobilisation, l’occupation d’un bâtiment habité depuis plus de 48h a été rendue publique. Cette ancienne usine désaffectée, inutilisée depuis plus d’un an et demi, a rapidement permis à plus d’une centaine de migrants de vivre avec un toit au-dessus de la tête.

Dans un premier temps, l’interview de Camille, un des habitants du squat, va nous permettre de resituer les enjeux de cette occupation du 10, impasse des Salines. Mais ce squat, lieu d’occupation et de revendication, est avant tout un lieu de vie et des activités s’y mènent, à l’image des cours de français que Stéphane propose aux résidents intéressés.

Ce lieu est rapidement en sursis : le jour même de la manifestation, le propriétaire des lieux porte plainte pour occupation illégale. Le Tribunal d’Instance de Calais est saisi en urgence, compte-tenu selon le propriétaire de la dangerosité des lieux de cet ancien site de recyclage de métaux. Marie-Pierre revient en détail sur les enjeux de cette procédure.

Juste avant l’enregistrement de l’émission, le jugement tombe : la libération des lieux et au besoin l’expulsion de tous ses occupants avec le concours de la force publique si nécessaire. La machine à expulser se remet en marche.

Nous terminons l’émission avec un rapide point sur la situation à Steenvoorde où le climat s’est tendu suite au lancement d’une procédure d’évacuation du terrain sur lequel avaient trouvé refuge -et ce, depuis plusieurs années- des exilés érythréens, éthiopiens et soudanais. N’hésitez pas à lire le communiqué de presse réalisé par Terre d’Errance (Steenvoorde) et daté du 03.07.2014.

Expulsions partout, hospitalité nulle part…Où aller ?

Prochaine émission en compagnie de membres de l’association Terre d’Errance (Norrent-Fontes) : jeudi 28.08, de 17h à 18h30 sur 93.3 FM.

# « Passagers du monde » numéro 3 :

Pour télécharger cette émission, clic droit sur ce lien (attention : 120M à télécharger).

# La bande sonore de « Passagers du monde » numéro 3 :

  • Cette femme ocre de latérite, Apkass, En marchant vers le soleil.
  • Erè Mèla Mèla, Mahmoud Ahmed, Ethiopiques, Vol. 7.
  • Ouvrez les frontières, Tiken Jah Fakoly, L’Africain.
  • Lampedusa, Kelem, Jasmin Rouge.
  • Mandjou, Salif Keïta, Folon.

Les interviews ont également aimablement été mis à notre disposition par le blog « Passeurs d’hospitalité ».

# Pour en savoir plus sur la situation à Calais :

Le blog « Passeurs d’hospitalité ».

La page Facebook de Calais, ouverture et humanité.

La page « Actualités » de la Plate-forme de Services aux Migrants (où vous pourrez retrouver la plupart des réactions et analyses des acteurs associatifs face à cette situation).

 # Pour en savoir plus sur la situation à Steenvoorde :

Le site internet de l’association Terre d’Errance (Steenvoorde).

 # La valise de « Passagers du monde » numéro 3 :

Pour ce numéro 3, la valise des passagers contenait :

2014_07_12_Calais_Solidarity Migrants_O2e-7649 (Copier)

« Passagers du monde »/ Numéro 2 (03.07.2014) / Spéciale Calais

les-ptites-oreilles-2« Passagers du monde », le retour. Après un petit souci technique survenu pour l’émission n°1 (qui nous empêche jusqu’à présent de mettre l’émission en ligne), revoici la petite mais fidèle équipe d’animateurs à l’antenne. Pour cette 3ème émission, Hans et Maël (Jean était en reportage) ont l’honneur d’accueillir Clémence, juriste de la Plate-forme de Services aux Migrants (PSM). Au menu ce mois-ci, une émission spéciale sur la situation à Calais.

Le 28 mai 2014, prenant prétexte d’une épidémie de gale, le préfet du Pas-de-Calais ordonnait l’évacuation des deux principaux bidonvilles existant à Calais, le camp dit « des Syriens » (conséquence d’une mobilisation des exilés syriens en septembre et octobre 2013) et le camp situé quai de la Batellerie. Devant l’expulsion imminente de leurs précaires lieux de vie, les migrants ont décidé de se réfugier sur le lieu de distribution des repas. Des tractations sommaires ont eu lieu avec le représentant des autorités préfectorales pendant les premiers jours d’occupation, avant que le silence radio ne s’installe.

Un certain nombre nombre d’exilés ont entamé une grève de la faim afin de porter leurs revendications. Le lieu de distribution des repas est donc devenu lieu d’occupation et de revendication, mais également lieu de vie, et ce malgré les conditions de précarité extrême. Cet espace, parking à ciel ouvert, accueillera jusque 700 personnes.

Le 02 juillet 2014, les autorités préfectorales et municipales ont ordonné l’évacuation du lieu et de 3 squats (Masséna, Vic et Aubert) : une véritable rafle organisée (arrestations au faciès, parfois violentes ; tri des personnes par nationalités ; placements en rétention, y compris des mineurs, etc…). Cette évacuation s’est faite sans témoin, journalistes et associations étant cantonnés loin du lieu de distribution.

L’équipe de « Passagers du monde » revient sur cette série d’évènements et tente d’analyser la situation.

Prochaine destination radiophonique : la number 3 prévue jeudi 24 juillet !

 

Crédits : Gustav Pursche.

Crédits : Gustav Pursche.

« Passagers du monde », numéro 2 : 

La bande sonore de « Passagers du monde » numéro 2 :

  • Cette femme ocre de latérite, Apkass, En marchant vers le soleil.
  • El dulce de leche, Tryo, Ce que l’on sème.
  • Morceau inconnu, enregistrement live au squat Masséna.

Des interviews ont également aimablement été mis à notre disposition par le blog « Passeurs d’hospitalité ».

Pour en savoir plus sur la situation à Calais :

Le blog « Passeurs d’hospitalité »

La page Facebook de Calais, ouverture et humanité

La page « Actualités » de la Plate-forme de Services aux Migrants (où vous pourrez retrouver la plupart des réactions et analyses des acteurs associatifs face à cette situation).

L’agenda (non exhaustif) de « Passagers du monde » numéro 2 :

Bonus :

Le projet « United Voices for Migrants in Calais », réunissant des citoyens et citoyennes de différents pays, a réalisé la vidéo suivante en soutien aux exilés de Calais et de la région (n’hésitez pas à diffuser) :

Accueil ou écueils ?

TRIBUNE LIBRE

Extrait du Journal des Jungles numéro 2 (mars/avril/mai 2014)

Calais, jeudi 05 septembre 2013. Un vieux hangar situé rue Mouron, surnommé la « Beer House », est évacué par les forces de police. Entre 100 et 150 exilés, majoritairement soudanais, tchadiens et syriens et avaient trouvé refuge dans ce lieu. Au cours de cette expulsion, 3 responsables de la Direction Départementale de la Cohésion Sociale (DDCS), dont une seule personne arabophone, étaient présentes avec pour mission de proposer des solutions d’hébergement.

Ces propositions se font de manière sommaire : une interpellation orale et générale dans une seule langue destinée à des personnes de langues différentes subissant dans le même temps une expulsion ; pas d’entretien individualisé donnant un minimum d’informations sur cette proposition (où ? quand ? combien de temps ? quid du suivi de la procédure d’asile en cours ?).

Et pour quelles conditions d’hébergement ? Quelques jours après cette expulsion, plusieurs exilés ayant bénéficié d’une de ces propositions témoignent :

# S.I., demandeur d’asile de nationalité soudanaise :

-Comment as-tu été accueilli au foyer ?

Quand nous sommes arrivés, nous avons été reçus par un éducateur. Il n’y avait pas d’interprète. L’éducateur a demandé à un africain qui se trouvait là de nous montrer notre chambre. 8 lits dans une chambre.

Sur place, il y avait une bagarre entre deux personnes. Moi, je suis de nature à ne pas chercher les conflits ni de près ni de loin et au fond de moi, je me suis dit je ne reste pas. J’ai eu peur. Je n’ai pas eu d’explications sur le règlement, pas de repère, avec une grosse inquiétude…

Je suis à Calais depuis le 3 décembre 2012. J’ai trouvé mes repères grâce aux associations. Il faut toujours recommencer, je sais que c’est normal, mais s’il y avait un accueil personnalisé avec un interprète pour expliquer où je suis, quel suivi j’aurai, m’informer sur mon dossier, qui va m’aider à faire le changement d’adresse…me rassurer tout simplement.

Personnellement, je suis suivi par l’hôpital, j’ai des problèmes de santé à cause de ce que j’ai subi dans mon pays d’origine. Je ne supporte pas du tout le bruit. Je ne demande pas une chambre pour moi tout seul, mais que mon problème de santé soit pris en considération. Pour moi l’accueil commence par l’écoute bien sûr avec quelqu’un qui puisse traduire.

À Calais, nous restons trop longtemps sans papier, sans proposition de logement. C’est la 1ère fois qu’on me propose un logement depuis huit mois.

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# D.A.J., demandeur d’asile de nationalité soudanaise :

J’ai été conduit dans le même lieu qu’I.S. Moi non plus, je n’ai pas eu d’explication sur le logement, il n’y avait pas d’interprète. C’est un érythréen qui vivait là, mais qui ne parlait pas bien arabe, qui nous a accompagné. Il ne pouvait pas expliquer le règlement tellement qu’il ne parlait que très peu arabe.

Même avant de partir vers l’hébergement, je n’ai pas eu d’explication sur l’endroit où j’allais, sur la durée et si j’allais rester momentanément, en attendant d’être orienter vers d’autre lieu. Je me suis senti comme un prisonnier. On ne m’a pas dit au départ que c’est un foyer d’urgence !!!

Je ne peux pas rester dans un endroit où je ne me sens pas bien dans ma tête, j’aimerais vraiment un endroit où je peux être accueilli dignement, être écouté comme un être humain et être reçu individuellement et non pas à deux personnes à la fois.

Et maintenant, en quittant le foyer, je suis condamné à ne plus avoir de proposition d’hébergement ! Cela fait 5 mois que je suis à Calais et c’est la 1ère fois que j’ai une proposition.

# Y.H. demandeur d’asile, nationalité inconnue :

Je suis arrivé vers 13h, on m’a proposé de manger. J’ai dit merci, je n’avais pas envie de manger et portant j’avais faim…

Mais j’avais besoin de quelqu’un pour parler, être rassuré, savoir ou j’étais. Ils m’ont dit « un interprète va arriver ». Je suis resté attendre sur une chaise jusqu’ 17h, c’est long !!! J’avais commencé à songer à quitter les lieux.

L’interprète m’a expliqué que je devais quitter le foyer à 7h du matin et être de retour vers 18h. Je ne connaissais personne, je me demandais où j’allais passer la journée de 7h à 18h? En plus, pas d’école, pas de repère…

Je n’ai pas attendu qu’on me montre ma chambre, je leur ai dit que je ne pouvais pas rester.

Je souhaite vivement un hébergement qui corresponde à un demandeur d’asile, me sentir accueilli et libre, sans le sentiment d’être en prison. Je suis à Calais depuis avril 2013. C’est la 1ère proposition que j’ai eue.

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# G.J., demandeur d’asile de nationalité soudanaise :

J’ai été reçu individuellement mais sans interprète, je n’ai rien compris !!

Ils m’ont montré la chambre, plusieurs lits, mon cœur était serré car ça rassemblait un peu à la prison. Je n’ai eu aucune proposition sur la possibilité d’avoir un interprète par la suite !!

Je considère que ce n’est pas un logement pour un demandeur d’asile, pas d’accueil. J’avais la nette impression que j’étais imposé et que le foyer n’était pas très content de me voir !!!

Je suis resté 40 minutes est c’était déjà trop pour moi !!

C’est la 1ère proposition pour un logement, cela fait 3 mois que je suis à Calais.

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# Mariam Guerey, animatrice au Secours Catholique de Calais :

Le vendredi 6 septembre vers 12h, j’ai reçu un coup de téléphone d’un foyer où trois demandeurs d’asile étaient arrivés la veille. L’éducatrice souhaitait savoir où nous en étions par rapport à leurs dossiers pour assurer le suivi. Un demandeur d’asile parmi les trois devait être hospitalisé ce dimanche soir, elle m’a dit que le foyer lui prendra le billet de transport…J’ai eu les trois migrants l’un après l’autre au téléphone, ils m’ont confirmé leur volonté de rester et qu’ils y sont bien.

Chaque situation est différente. Si nous souhaitons que les migrants restent dans les hébergements d’urgence, il faut qu’ils soient bien accueillis, qu’ils sentent qu’il y a une réelle prise en charge et une écoute…

À la prochaine fermeture de squats, il serait intéressant que les migrants sachent vraiment où ils vont être orientés.

Dessin réalisé par Marie Ternoy

Dessin réalisé par Marie Ternoy.

Lancement de l’émission radio « Passagers du monde »/ Numéro 0…ou le début du voyage radiophonique

les-ptites-oreilles-2

Appuyée par Radio Rencontre, une radio associative émettant sur le Dunkerquois (93.3 FM), une petite équipe rassemblant des bénévoles et militants membres ou proches de la Plate-forme de Services aux Migrants (PSM) s’est lancée dans l’élaboration d’une émission de radio. L’objectif est de parler (autrement) de la situation des personnes exilées présentes sur le littoral Nord de la France, et plus vastement de la thématique migratoire d’ici ou d’ailleurs.

L’émission zéro se présente comme une mise en bouche, un peu comme les préparatifs d’un départ : tout n’est pas encore bien ficelé et la dernière valise n’est pas terminée…Mais l’heure du passage d’antenne approche ! Voici l’itinéraire de cette première émission :  après une petite présentation des animateurs (Hans, Jean et Maël), de la PSM et du réseau No Border, est réalisé un rapide état des lieux de la situation, ponctué par des focus sur Calais puis Steenvoorde, et notamment l’association Terre d’Errance Steenvoorde.

Vient ensuite un parallèle avec la situation au Maroc, près des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, un reportage généreusement prêté par les collègues bruxellois de l’émission « La voie sans frontières » de Radio Panik . Puis Jean se lance dans une chronique contre les idées reçues, avant que la rubrique « Parcours de vie » nous invite au restaurant « Habesha » de Lille, tenu par Alex et connu pour ses spécialités érythréennes et éthiopiennes.

Cette fois, après cette première émission, la valise est presque prête. Prochaine destination radiophonique : la number 2 prévue jeudi 22.05, de 17h à 18h30 sur 93.3 FM !

« Passagers du monde », numéro 0, parties 1 à 5 :

 

La bande sonore de « Passagers du monde » numéro zéro :

  • Cette femme ocre de latérite, Apkass, En marchant vers le soleil.
  • Titre inconnu, Tesfay Gebreyohannes et Gual Hagereseb.
  • La carte de résidence, Mouss et Hakim, Origines contrôlées.
  • London calling, The Clash, London Calling.
  • Exodus, Daara J, Boomerang.
  • Dehay Sdedi, Andit Okbay.

 

Les livres de route de « Passagers du monde » numéro zéro :

  • En finir avec les idées fausses propagées par l’extrême droite, Pierre-Yves Bulteau, Ed. de l’Atelier.

 

L’agenda (non exhaustif) de « Passagers du monde » numéro zéro :

Et tous les dimanches après-midi, entre 15h et 17h, à Calais, à la Citadelle (le terrain au bout du parking ) ou à coté de la salle de sport de Coubertin : matchs internationaux de football ! N’hésitez pas à venir y participer…