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La Cimade // Puythouck : statu quo pour les exilé.e.s après l’évacuation du campement

http://www.lacimade.org/puythouk-statu-quo-exiles-apres-levacuation-campement/

28 novembre 2017

Deux mois après l’évacuation du campement du Puythouck et malgré le départ de 200 personnes exilées dans des centres d’accueil, la situation ne s’est pas améliorée dans les bois. Hommes, femmes et enfants campent toujours dans des conditions très difficiles à l’approche de l’hiver.

Cimade Puythouk Grande-Synthe

Le 19 septembre, au lendemain de l’expulsion du camp de Norrent-Fontes, c’est au tour des personnes exilées du Puythouck à Grande-Synthe de connaître une opération policière de grande ampleur. 557 personnes sont ainsi « placées » dans des CAO, partout en France. Malgré cela, et sans surprise pour les associations locales, ce sont 300 à 400 personnes qui sont de nouveau sur le site, dès le lendemain. Comme le souligne Magali de Lambert, coordinatrice d’accès au droit de La Cimade, « les réponses apportées par l’État à Grande-Synthe restent inadaptées. Le dernier dispositif de « bus-accueil de jour » mis en place depuis le lundi 16 octobre, dépourvu de douches, d’interprète, ne semble pas échapper à ce constat. » Malgré le départ de 200 personnes vers des centres d’accueil et d’examen des situations (CAES) annoncé par la préfecture, nombre de personnes en exil continuent ainsi de « survivre » dans les conditions les plus précaires, conditions dans lesquelles l’anodin, comme le fait de pouvoir recharger son téléphone, prend une toute autre dimension. C’est ce dont témoigne ici une bénévole de l’ADRA Dunkerque.

« Aujourd’hui, il serait près de 400, familles, femmes, enfants et hommes seuls à vivre dans des conditions indignes sans aucun abri, ni « en dur », ni sous tente, les forces de police détruisant systématiquement tout embryon de « camp » » ajoute Magali de Lambert. Il n’existe également aucunes infrastructures sanitaires auxquelles ils puissent accéder et de lieux officiels de distributions alimentaires bien que ces dernières soient tolérées. Ainsi, depuis le mois de mai, face à l’inertie des pouvoirs publics, les associations locales se sont relayées quotidiennement sur le terrain afin d’apporter l’aide humanitaire nécessaire.

Parallèlement, la mise en place d’un dispositif d’accueil de jour et de nuit par l’État, en octobre, via l’intervention de maraudes sur site informant les personnes de la possibilité d’être hébergées en CAO/CAES, a montré très rapidement ses limites puisque le nombre d’exilés présents au Puythouck n’a quasiment pas diminué.

 

CARENCES ÉTATIQUES : LA POLITIQUE DE L’AUTRUCHE

Les multiples interpellations associatives auprès des pouvoirs publics n’y ont rien changé : au fil des mois, la situation des exilés s’est gravement détériorée, sous les yeux des bénévoles se relayant tant bien que mal pour subvenir aux besoins les plus élémentaires de ces personnes, et palliant à nouveau aux carences étatiques.

L’État, réitérant sans relâche sa volonté d’éviter l’apparition de « points de fixation » sur le littoral, a préféré faire la politique de l’autruche. Tout au plus une rampe d’eau a été installée par la mairie.

« Après le déni, un soupçon de réalité : début octobre, la mise en place d’un accueil de jour sur le site, ainsi que des maraudes pour une mise à l’abri, ont été annoncées », ironise Magali de Lambert. « Un mois après sa mise en œuvre, le dispositif sous-dimensionné et flou, fait déjà l’objet de critiques : absence d’interprètes et d’information juridique, non prise en charge des mineurs non accompagnés, etc. »

 

MISE EN PLACE DE LA PERMANENCE MOBILE AU PUYTHOUCK

Dans ce contexte, La Cimade continue d’assurer, par la présence de son équipe bénévole à Grande-Synthe deux permanences d’information et d’accompagnement juridique. « Néanmoins, il est apparu pertinent d’assurer une présence sur site afin que le plus grand nombre puisse accéder à une information sur ses droits notamment pour toucher les plus vulnérables (en particulier les femmes avec enfants et les mineurs). » Ce besoin a été confirmé par les associations qui ont fait part de la difficulté des personnes exilées à se rendre à La Cimade en ville. Au cours des deux derniers mois, six permanences ont été tenues sur place, en partenariat avec Médecins du Monde, qui a mis à disposition une tente pour mener les entretiens. Cette phase-test a démontré un réel intérêt puisque 25 personnes ont pu être accueillies et ont bénéficié de conseils. Néanmoins, les conditions météorologiques n’ont pas permis de poursuivre ces temps d’accueil « en plein air » sur le camp. À partir de janvier 2018, un camping-car sera spécifiquement dédié à cette permanence juridique mobile et permettra de recevoir les personnes exilées dans un contexte plus serein qui garantit la confidentialité des entretiens.

 

Un accueil digne, inconditionnel et respectueux des droits fondamentaux se fait encore attendre pour les personnes exilées « en transit » de la commune de Grande-Synthe, et plus largement du littoral.

 

En savoir plus, lire le reportage en juin 2017 : Les exilés de Grande-Synthe sans abris au Puythouk.

Le Monde // Le monde associatif lance des états généraux des migrations

Les grandes associations et de nombreux collectifs locaux d’aide aux migrants se regroupent pour montrer le visage de la France qui accueille.

 Par Maryline Baumard

Tous sous une même bannière ! Mardi 21 novembre, 470 associations et collectifs d’aide aux migrants lancent les Etats généraux des migrations. Ils se veulent une émanation de cette France de l’accueil qui n’a pas réussi à parler d’une même voix depuis 2014, et espèrent ensemble peser face à la politique du gouvernement.

Pour la première fois depuis 2008, Amnesty International, le Secours catholique, la Croix-Rouge française, Médecins du monde mais aussi le Gisti ou Emmaüs International se retrouvent dans un mouvement unitaire aux côtés d’une longue liste de collectifs locaux qui jusqu’alors cantonnaient leur mission à une aide aux migrants, sans s’inscrire dans une expression plus politique. Les P’tits Dej’ à Flandre, Terre d’errance ou Paris d’exil feront eux aussi entendre leur voix, en écho à celle de Roya citoyenne et de nombreux mouvements catholiques ou protestants.

Cahiers de doléances

Une bonne partie du mouvement citoyen d’accueil des migrants se met ainsi en ordre de marche. Symboliquement, les premières actions auront lieu le 18 décembre, journée internationale des migrants. Des cahiers de doléances seront ouverts et commenceront à être noircis par les 470 communautés partantes. Dans la foulée, des concertations seront décentralisées partout en France avec interpellation et mobilisation citoyenne en réaction au projet de loi sur l’immigration que prépare le ministère de l’intérieur pour début 2018.

Les associations veulent aussi rendre plus visible cette « chasse aux migrants qui continue dans les Alpes, près de Calais et partout en France, tandis que les procès de citoyens solidaires se succèdent », comme le précise Violaine Carrère, juriste au Gisti et membre du comité de liaison.

« On a longtemps laissé faire mais désormais, face à la situation de violence contre les migrants, à la multiplication des interpellations de citoyens solidaires et à la préparation d’un projet de loi très répressif, il nous fallait agir, dire haut et fort que cette politique n’est pas menée en notre nom », observe Nathalie Péré-Marzano, déléguée générale d’Emmaüs international.

Son association est l’une des premières à s’être mobilisées à force de voir, depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron à l’Elysée, des compagnons d’Emmaüs convoqués par la police et des responsables de centre auditionnés au sujet des sans-papiers qu’ils aident.

Les différences d’approche mises entre parenthèses

En janvier déjà, les associations marquées à gauche, mais aussi des mouvements catholiques, avaient commencé à se compter, élaborant une carte de France baptisée #LaPreuveParNous, qui regroupe 1 097 initiatives diverses d’aides aux nouveaux venus sur tout le territoire. Les répondants de ce premier appel sont aussi ceux qui ont signé une tribune le 17 juin sur le site Mediapart. Intrigué par la liste des 470 signatures, l’Elysée a reçu des émissaires, six organisations nationales et six collectifs locaux.

« Le pouvoir en place voulait bien des états généraux sur l’alimentation, mais pas sur les migrations. D’autant que sur notre sujet, ils nous ont dit avoir déjà leur feuille de route », observe rétrospectivement un des invités. Le 12 juillet a en effet été annoncé le « plan migrants » du gouvernement… « Cette fin de non-recevoir a fini de nous convaincre de la nécessité d’organiser nos états généraux sans l’Etat », ajoute le même interlocuteur.

Mettant donc entre parenthèses les différences d’approche au sein de ce paysage multiforme, 110 représentants de 80 associations se sont une nouvelle fois retrouvés à Paris dans les locaux d’Amnesty International, le 7 octobre, pour entériner l’idée de cahiers de doléances, avant une autre réunion pour les derniers calages, largement suivie elle aussi.

Créer un vaste mouvement d’opinion

Prévue pour s’inscrire dans la durée, cette mobilisation veut agir à la fois « sur la loi migration qui pourrait passer au Parlement au printemps » et de façon plus profonde en créant un vaste mouvement d’opinion, organisé, capable de peser « et de faire comprendre que les Français sont accueillants et que nous sommes nombreux à ne pas nous reconnaître dans la politique menée aujourd’hui », rappelle Camille Champeaux du Centre de recherches et d’information pour le développement, l’instance qui coordonne.

Aux côtés de Cédric Herrou, de nouvelles voix issues de dizaines de collectifs sont partie intégrante du dispositif. Dans la Roya, d’ailleurs, afin de sortir du tête-à-tête stérile entre le préfet et Cédric Herrou – une nouvelle fois assigné en justice lundi 20 novembre –, un collectif baptisé Les Amis de la Roya citoyenne pose son acte de naissance lundi à Paris et sera acteur des états généraux. Il est parrainé par plusieurs centaines d’artistes, intellectuels et politiques, d’Agnès Jaoui à Jacques Testart en passant par Annie Ernaux ou Jean-Luc Mélenchon.

Infomigrants //A Ouistreham, la crainte d’un nouveau Calais

Entre 150 et 200 migrants seraient présents à Ouistreham, dans l’espoir d’atteindre l’Angleterre. Cette ville de l’ouest de la France, est-elle en passe de devenir un nouveau Calais ? C’est en tout cas la crainte des élus de la ville qui, comme à Calais, veulent éviter à tout prix un « appel d’appel » et la création de « points de fixation ».

Selon la mairie et les associations, les arrivées de migrants se sont multipliées à Ouistreham ces derniers mois. « Il y a toujours eu une quinzaine de migrants dans la ville mais depuis le mois de juin, le nombre ne fait qu’augmenter », assure à InfoMigrants Luc Jammet, l’adjoint au maire de Ouistreham, en charge de la sécurité. Ils seraient entre 150 et 200 à errer dans cette ville du littoral nord-ouest de la France.

Un afflux qui n’a rien d’étonnant pour l’Auberge des migrants : « Partout où il y a des liaisons par bateau vers l’Angleterre, il y a des migrants. C’est un fait », note Christian Salomé, président de l’association calaisienne. Car comme à Calais, la majorité d’entre eux espère atteindre l’Angleterre en se cachant sous les camions qui se dirigent vers la ville de Portsmouth – via les ferry – située à seulement 180 km du port de Ouistreham.

« C’est inhumain de laisser des gens dans une telle situation »

Pour la plupart d’origine soudanaise, les migrants dorment à même le sol, dans la boue et sous le vent, dans un bois à l’entrée de la ville ou « dans les champs de particuliers », selon Luc Jammet. Une dizaine d’habitants regroupés en collectif au début de l’été leur distribuaient jusqu’à la semaine dernière deux repas par semaine. Mais « à la demande de migrants plus anciens, nous avons arrêté temporairement car selon eux cela provoquait des heurts », précise à InfoMigrants Miguel, du collectif d’aide aux migrants à Ouistreham (Camo).

En parallèle, le collectif distribue des vêtements chauds, des couvertures et prodigue les premiers soins aux personnes blessées ou malades. « La nuit dernière il a fait 2 degrés. Tout le monde se renvoie la balle et personne ne fait rien alors il faut bien que quelqu’un agisse. C’est inhumain de laisser des gens dans une telle situation », déplore Miguel. L’association présente à Calais, Care 4 Calais, est également passée quelques jours à la fin du mois de septembre pour des distributions de vêtements.

Soupçons de violences policières

Le collectif dénonce le harcèlement policier pratiqué envers les migrants, ce qui n’est pas sans rappeler la situation à Calais. Les forces de l’ordre leur arracheraient leurs sacs de couchage, les réveilleraient à 4h du matin pour les obliger à quitter le bois et les jets de gaz lacrymogènes seraient récurrents. Des accusations que rejette en bloc la mairie de Ouistreham. « Je m’inscris en faux contre ça. Ce n’est pas vrai », s’insurge Luc Jammet.

L’adjoint à la sécurité admet en revanche que la présence policière a été renforcée aux abords du port et dans les rues de la ville depuis cet été. Une nuit d’octobre, un hélicoptère a même survolé la zone où se trouvent les migrants.

Autre similitude avec la situation à Calais, la mairie craint un « appel d’air » et refuse « les points de fixation », accusant à demi-mot le collectif d’en être responsable. Les migrants arrivés récemment à Ouistreham viendraient de la Chapelle, à Paris, et de Calais. De son côté le collectif réfute catégoriquement toute éventualité d’ »appel d’air » : « Ce n’est pas notre présence qui fait venir les migrants mais la proximité avec l’Angleterre », dit Miguel.

Streetpress // Le CRA du Mesnil Amelot

https://www.streetpress.com/sujet/1510676133-cra-mesnil-amelot-prison-sans-papiers

Officiellement ce n’est pas une prison, mais un centre de rétention
administrative. Pourtant, enfermés entre 4 murs au Mesnil-Amelot, 163
sans-papiers attendent une expulsion probable. StreetPress a pu s’y
rendre et recueillir leurs colères.

Mesnil-Amelot (78) – « Il ne faut pas suivre la police pour faire la
visite », alerte Atef, un jeune retenu, enfermé depuis 45 jours au
Centre de Rétention Administrative (CRA) du Mesnil-Amelot :

    « La directrice, elle ne va pas tout vous montrer. »

A l’entrée de la « zone de vie » du CRA, ils sont une dizaine de
sans-papiers à faire le pied de grue autour du distributeur de boissons.
Aujourd’hui, le bâtiment bout d’une activité inhabituelle. Deux
sénateurs communistes, Eliane Assassi et Fabien Gay, arpentent les
couloirs exigus du plus grand centre de rétention de France. «
Je voulais exercer mon droit de visite », explique le second,
nouvellement élu en Seine-Saint-Denis :

    « Tous les parlementaires devraient venir. Et voir comment on
accueille les étrangers chez nous. »

La présence de journalistes de StreetPress et de l’Humanité ne passe pas
inaperçue. Jusqu’en mars 2016, impossible en effet pour un plumitif de
franchir les grilles du Mesnil-Amelot sans obtenir une autorisation
exceptionnelle, délivrée au compte-gouttes par la préfecture. Depuis la
réforme du 7 mars 2016, les visites de journalistes sont censées être
autorisées, sur simple demande. On s’en était tout de même vu refuser
l’accès en novembre de la même année.


Thérapie collective

Ce jour-là, les retenus sont bien décidés à perturber le programme prévu
par les autorités pour ses visiteurs du jour. Au passage de deux
directeurs du CRA et de la directrice adjointe de la police aux
frontières dans le département, ils tentent de se faire entendre. «
Pourquoi on ne peut pas retirer nos sous ? Pourquoi on n’a pas le droit
de ramener de la nourriture ? Et pourquoi on n’a pas d’eau chaude ? »,
interpelle Ismaël. Silence gêné des policiers qui les escortent. Il faut
dire que le tableau dressé par les autorités est toute autre.
Installation dernier cri, suivi par un médecin et accès aux droits… « On
a tout ce qu’il faut pour le repas des bébés », vante même l’un des
directeurs du CRA . Adossé à l’une des grilles de la promenade, Toufik,
enfermé au Mesnil-Amelot depuis mi-octobre, livre un autre son de cloche
:

    « Ici, ils nous traitent comme des chiens. » 

Dans les couloirs du CRA, les gens vont et viennent. Les policiers ne
savent plus où donner de la tête. La visite prend des allures de
thérapie collective. Ismaël interpelle les autres retenus. Il les incite
à témoigner. Mais gare aux représailles, prévient-il :

    « Quand on parle avec vous, ils nous regardent. Ils vont essayer de
nous mettre dans des vols. Ici, ils sont pires que la Gestapo. » 


Destination finale

Posé entre une caserne de CRS, des champs et les pistes du plus grand
aéroport de France, le Centre de Rétention Administrative du
Mesnil-Amelot est un cul-de-sac. On y rentre pour être expulsé. On en
ressort, parfois, amoché par les conditions de détention et le ronron
constant des avions qui prennent leur envol. « C’est de la torture
morale. Tous les jours, tu vois les avions, tu te demandes si cela va
être le tien », explique Youcef. Le jeune algérien, emmitouflé dans une
épaisse doudoune, est arrivé au CRA il y a 38 jours. Tout en grignotant
une gaufrette, il finit par lâcher :

    « Ici, c’est pire que la prison. » 

Atef arbore casquette orange, sweat rayé et combo
claquettes-chaussettes. Teint blafard, yeux cernés… cela fait près de
deux mois que le jeune homme est enfermé. Il dénonce la déshumanisation
des retenus dans le Centre de rétention :

    « Ici on est pas des hommes. On est des numéros. 101H, c’est mon
matelas. 1462, c’est mon numéro de PV. Les gardiens m’appellent comme
ça. » 

Des grilles aux spots, de la lumière chirurgicale aux boxs uniformes :
tout évoque la pénitentiaire. Youcef n’en veut pourtant pas aux
policiers. « Ils font leur travail et il n’y a pas à dire ils sont
plutôt gentils », explique le jeune homme :

    « C’est eux qui séparent les gens quand ils se battent. Ici,
certains n’ont pas toute leur tête. » 


« J’ai vu aussi beaucoup de détresse chez les fonctionnaires », affirme
Fabien Gay :

    « Je n’oppose pas les uns aux autres. »

C’est après les conditions même de la rétention que la plupart des
enfermés en ont. Celles-là même qui détruisent les corps et font vriller
les esprits.
Hôtel quatre étoiles

La liste des doléances est longue pour les 163 habitants du Mesnil. « Il
faut que vous alliez voir les chambres et les toilettes », conseille
Atef dans la cour principale du CRA, un pré carré mi bitume, mi herbe,
cerné de grilles vertes et parsemé de caméras de surveillance. Les
conditions de vie sont spartiates. L’ameublement sommaire. « Le soir, tu
ne peux même pas boire. La fontaine qu’ils ont installée, elle ne marche
plus », rebondit Ismaël. Les retenus doivent alors se contenter de l’eau
chaude de leurs salles de bain qu’ils font refroidir dans des bouteilles
en plastique.

Devant le quartier des femmes et des enfants, l’homme rit jaune à la vue
d’une femme de ménage qui frotte consciencieusement le sol des petites
cellules :

    « D’habitude, elles ne restent pas si longtemps. C’est quelques
minutes au plus. »

Au coin du bloc 12, on croise Fabrice. Le trentenaire, en provenance de
République Démocratique du Congo, est enfermé depuis le 30 octobre. Il
boite bas. Son gros orteil est ensanglanté. « Je me suis coincé le doigt
de pied dans la porte », annonce t-il, piteux :

    « L’infirmerie n’a pas voulu de moi. » 

Pour cautériser la plaie, Fabrice a mis du sel sur sa chair à vif. « Je
suis africain, c’est comme ça qu’on fait chez moi », rigole t-il.


Les méandres de l’asile

Dans le couloirs du CRA du Mesnil-Amelot, on croise aussi des paumés de
l’asile, ceux qui ne comprennent plus rien à ce dédale de procédures et
d’interlocuteurs. « Le centre de rétention, ce n’est pas pour les gens
qui ont une procédure en cours, non ? », interroge Fabrice. Il ne
comprend pas vraiment pourquoi il est enfermé :

    « Moi j’ai une procédure Dublin mais je veux déposer l’asile en
France. Je suis ici parce que j’ai refusé d’aller en Italie. » 

Jugé illégal par un arrêt de la Cour de Cassation du 28 septembre 2017,
le placement en rétention des dublinés est pourtant inscrit dans le
projet de loi sur l’immigration, présenté par le gouvernement fin
septembre. Celui-là même qui prévoit d’étendre la rétention à 90 jours
au lieu de 45. En attendant le vote de la loi, Fabrice ne devrait pas
être là mais les juges tardent à le libérer.

« Lui, il est mineur », annonce finalement Ismaël en montrant un jeune
garçon timide qui se tient au milieu d’un groupe de retenu. Il s’appelle
Nabil. Ismaël nous tend un extrait d’acte de naissance. D’après ce
document, dont StreetPress n’a pu déterminer l’authenticité, l’homme
serait né le 21 septembre 2000. Il aurait 17 ans alors que le placement
en rétention est réservé aux majeurs. Ces journées, Nabil les passe avec
les hommes. La nuit, il dort dans le quartier des femmes et des enfants,
à l’abri. Il a fait sa vie en France mais risque d’être renvoyé à tout
moment. « On ne peut pas arracher la vie de milliers de personne comme
cela », tonne Fabien Gay :

    « C’est le système qu’il faut changer. »

Communiqué de La Cimade // Deux fois plus de personnes enfermées en rétention: la machine à expulser s’affole

9 novembre 2017

Depuis l’élection d’Emmanuel Macron et la nomination de Gérard Collomb au ministère de l’intérieur, le volet répressif de la politique migratoire s’est considérablement renforcé. Entre le développement des contrôles au faciès et des contrôles frontières sous prétexte de lutte antiterroriste, et les instructions données aux préfets après l’attentat de Marseille, le nombre de personnes enfermées en centre de rétention administrative (CRA) a été multiplié par deux. Une situation inédite qui entraîne la violation massive des droits des personnes privées de libertés.

Après le dramatique double meurtre de Marseille le 1er octobre 2017, le ministre de l’intérieur a donné instruction aux préfets d’enfermer un maximum de personnes étrangères en situation irrégulière. Cette pression s’est immédiatement traduite par une hausse sans précédent du nombre de personnes privées de liberté.

Dans la suite du rapport de l’IGA « sur le traitement administratif de l’auteur de l’attentat de Marseille » estimant que ce traitement avait présenté des dysfonctionnements, Gérard Collomb a imposé, par voie de circulaire, aux préfectures de faire preuve de « la plus grande fermeté » pour expulser et enfermer toujours plus. Si cette circulaire ne fait que rappeler le cadre légal déjà existant, elle invite aussi les préfectures à faire preuve d’un zèle inédit. Cette invitation à la disproportion fait payer aux personnes étrangères le prix fort d’une lutte antiterroriste dévoyée.

Ainsi, dans des CRA où La Cimade intervient*, le nombre de personnes enfermées a doublé par rapport à la même période en 2016 : du 2 octobre au 8 novembre 2017, 1 058 personnes y étaient privées de liberté, contre 569 l’an passé.

Ce rythme effréné se traduit par une explosion de violations des droits des personnes étrangères par les préfectures. En métropole, depuis le 2 octobre, 41 % des personnes enfermées ont ainsi été libérées par des juges qui ont constaté et sanctionné des pratiques administratives ou policières illégales – contre 30 % en 2016. Des familles sont séparées, huit enfermées pour le seul CRA du Mesnil-Amelot ces 15 derniers jours, des ressortissants de pays à risque (Afghanistan, Érythrée, Soudan) sont menacés d’y être expulsés, des demandeurs d’asile visés par des transferts Dublin sont enfermés en rétention en dépit d’une récente décision de la Cour de Cassation qui condamne et interdit cette pratique.

Déjà éprouvantes habituellement, les conditions de privation de liberté sont aggravées en raison de taux d’occupation des CRA particulièrement élevés. À Toulouse, il est passé de 42 % à 90 % pour le secteur des hommes. À Bordeaux, le CRA est plein depuis un mois. La séparation des personnes enfermées avec leurs proches et leurs soutiens est accentuée, les préfets n’hésitant pas à les transférer dans des CRA très éloignés de leur lieu de résidence.

« À la frontière italienne et partout sur le territoire, les personnes migrantes font les frais d’une politique qui fait le jeu des amalgames. » a déclaré Jean-Claude Mas, secrétaire général de La Cimade. « Cette politique laisse croire à l’existence d’un lien entre immigration et terrorisme et se développe au prix d’une chasse aux personnes sans-papiers qui se trompe de cible. Le grand écart entre, d’une part, le discours du Président de la République sur son attachement à la Convention européenne des droits de l’homme et au respect des droits fondamentaux, et, d’autre part, la politique mise en œuvre sur le terrain est manifeste. »

La Cimade demande la fin de cet enfermement aveugle qui viole les droits des personnes. Elle dénonce les actes et les discours qui stigmatisent toute une catégorie de la population vivant en France, et une politique qui sous couvert de lutte contre le terrorisme, préfigure la politique d’immigration qu’entend mener ce nouveau gouvernement.

CP du Collectif « Délinquants solidaires » // La solidarité en procès en Belgique

Ce 15 novembre, se tiendra au Palais de justice de Bruxelles le procès de six personnes jugées pour avoir exprimé leur indignation face à une expulsion violente par avion.

Le 16 août 2016, à bord d’un vol au départ de Belgique et à destination du Cameroun, les passager⋅e⋅s assistent à une scène brutale : un homme, escorté par des policiers, ligoté aux mains et aux bras, se débat et crie. Ils refusent alors de s’asseoir et protestent verbalement contre le traitement inhumain et violent dont ils sont témoins. Ces actes de solidarité contraignent le commandant de bord à refuser d’embarquer la personne. Six voyageurs sont alors désignés arbitrairement par la police pour avoir participé à la contestation.

Le collectif Délinquants solidaires dénonce la procédure engagée à l’encontre de ces six personnes qui alourdit le nombre de poursuites pour acte de solidarité de citoyen⋅ne⋅s de France, d’Europe et d’ailleurs.

Comme en France, la Belgique durcit sa politique à l’égard des exilé⋅es. Tout⋅e citoyen⋅ne faisant preuve d’entraide et de solidarité à l’égard des personnes étrangères est exposé⋅e à des poursuites pénales injustes. Le secrétaire d’État belge, Théo Francken, a ainsi exprimé ouvertement son intention de « montrer les dents » face à celles et ceux qui s’indignent de la violence des expulsions et s’est réjoui, à ce titre, d’une condamnation prononcée en 2016 à l’encontre d’une femme qui avait réagi lors d’une expulsion. Alors que vient d’être commémoré, le 22 septembre dernier, le triste anniversaire de la mort de Semira Adamu, étouffée par des policiers lors d’une expulsion du territoire belge en 1998, ces discours hostiles et les poursuites qui les accompagnent nous apparaissent inadmissibles et d’un autre temps.

Partout en Europe, les personnes qui se voient inquiétées ou poursuivies pour s’être montrées solidaires sont de plus en plus nombreuses, et les textes invoqués toujours plus divers. Dans cette affaire en Belgique, trois des six inculpés sont français – les trois autres camerounais – ; comme eux, Stephan, parti en août 2015 en Grèce chercher sa belle-famille syrienne – aujourd’hui réfugiée en France – est convoqué, le 9 novembre prochain, devant un tribunal à Athènes pour répondre de cet acte. En France cette fois, des étrangers et des étrangères, de pays européens et d’ailleurs, sont poursuivi⋅e⋅s et condamné⋅e⋅s pour avoir manifesté leur solidarité sur le territoire, en particulier aux frontières franco-italienne et franco-britannique. À côté des cas de poursuites judiciaires qui ne cessent de se multiplier, d’autres formes d’intimidation et de sanctions moins médiatisées et quantifiables sont utilisées y compris à l’encontre d’exilé⋅e⋅s touché⋅e⋅s par des procédures d’expulsion ou de rétention punitives, bafouant toute égalité devant le droit.

Cette tendance européenne de plus en plus marquée à la répression des exilé•es et des citoyen⋅ne⋅s solidaires nous interpelle fortement. Le collectif Délinquants solidaires réaffirme la nécessité de défendre le principe de solidarité, en dehors de toute considération sur le statut juridique des personnes concernées. Il dénonce la poursuite en Belgique de ces six citoyens solidaires, exige leur relaxe et réitère son appel à cesser toute intimidation ou poursuite des actes de solidarité envers les exilé⋅e⋅s.

13 novembre 2017

Collectif Délinquants solidaires ]
www.delinquantssolidaires.org

Membres du collectif Délinquants solidaires

Organisations nationales Alternatives et Autogestion, Amoureux au ban public, Anafé, Attac France, Cedetim/Ipam, La Cimade, CNDH-Romeurope, Culture et liberté, Dom’Asile, Fasti, Fédération Sud éducation, Fondation Abbé Pierre, Gisti, LDH, Mrap, Secours Catholique/Caritas France, Solidarity watch, Sud Santé Sociaux, Syndicat de la magistrature, Union juive française pour la paix, Union syndicale Solidaires

Organisations régionales Association pour le développement de la santé des femmes, L’Auberge des Migrants, Bagagérue, CCFD-Terre solidaire Pau, Cercle Louis Guilloux, Cercle de Silence Antony, CGT – section de la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration, Chabatz d’Entrar – Limoges, La Cimade – Pau et environs, Citoyens solidaires 06, Collectif aminéois des sans papiers, Collectif de défense des droits et libertés des étrangers Besançon 25, Collectif Justice et Libertés, Collectif Saint-Lois d’aide aux migrants, Collectif réfugiés du Vaucluse, Ecodrom93, Itinérance Cherbourg, Itinérance Sud manche, Kolone, Mom o’chaud, Mrap – fédération du Vaucluse, Planning familial 62, RESF 48, Romeurope 94, Romeurope du Val Maubuée, Roya Citoyenne, RUSF 13, Solidarité sans papiers Creil, Terre d’Errance, Tous citoyens – 06, Tous migrants, Transport People and Care.

Papiers, s’il vous plaît ! Le matériel

Vous trouverez ici l’ensemble du matériel nécessaire au jeu, mis à disposition par Starting-Block. Attention, plusieurs informations méritent d’être actualisées, notamment en ce qui concerne les diverses procédures administratives.

Témoignage d’un bénévole d’Angres sur Vietnam City

GOOD MORNING « VIETNAM CITY »

 

Vous avez tous entendu parler de “Vietnam city” a un moment ou a un autre. De l’avis de ceux qui sont montés au camp, ce camp ne ressemble a rien de connu.

Un camp calme avec quelques bâtiments en dur (attention ce n’est pas l’hôtel) et une communauté apparemment calme avec des ressortissants vietnamiens et aucune autre ethnie.

Un truc à part avec des relations très amicales entre migrants et bénévoles.

Entre 70 et 80 personnes en moyenne, ça peut monter jusqu’ a 120. Voilà Vietnam city quand j’y suis arrivé en tant que bénévole il y a trois ans.

– Un coup de main pour conduire les copains* aux douches ?

– Pourquoi pas

Et me voilà bénévole dans le collectif «  fraternité migrants ».

(* « les copains » : c’est comme ça qu’on appelle les habitants de Vietnam city entre nous)

Fresque réalisée par les habitant.e.s de Vietnam city, détruite depuis, du fait des travaux sur le camp. Crédits photo : Pascal Everaere

Depuis je me suis souvent interrogé, et je ne suis pas le seul,  que font tout ces vietnamiens ici ? Leur pays n’est pas en guerre ?

Que viennent-ils chercher en Angleterre, que leur a-t-on raconté, quel Eldorado espèrent-ils ? Et puis qui sont ces gens qui  « dirigent le camp » ?

On voit bien qu’il y a des chefs mais tout à l’air si tranquille et puis visiblement ces chefs ou concierges (ils ont plusieurs noms) ne sont  pas les grands pontes du réseau, ce ne sont que des petites mains, alors pourquoi se poser des questions qui fâchent ? On est là pour aider des gens en difficulté et ça devrait être suffisant à calmer mes doutes . Et puis l’aide que nous leur apportons est loin d’être fictive, la vie n’est pas rose tout les jours à « Vietnam city »

Du linge propre, des vêtements, des soins, des douches, c’est pas le paradis mais c’est quand même mieux avec nous que sans nous.

On essaye aussi d’être le lien avec la mairie de Angres. Madame le maire, Maryse Coupin, et Eric Debrabant, le chef des services techniques. Le camp est sur un terrain communal et la mairie est aussi dans l’esprit de faciliter la vie de ces gens, et ils nous donnent un vrai coup de main. L’esprit est le même. On veut juste un peu d’humanité pour tout le monde. Grâce à eux et à une bonne coopération avec nous, des sanitaires et des points d’eau ont été installés.

Bien sûr, la mairie a quelques certitudes sur notre capacité à communiquer avec les copains et ils nous chargent de communiquer leurs exigences sur la sécurité sur les camp, sur le nombre de personnes présentes, persuadés parfois qu’il suffit de dire les choses pour que tout « roule ».

C’est loin d’être le cas. La barrière de la langue est très gênante c’est  une entrave très importante dans notre capacité à communiquer pour beaucoup de choses. Mais c’est aussi très pratique pour les vietnamiens quand ils décident que nous ne devons pas en savoir trop sur leur manière de fonctionner.

Voilà un petit tableau de la vie autour de ce camp situé à quelques centaines de mètres de la dernière station-service de l’autoroute avant Calais, que les autorités n’ont pas fermée.

Et puis insidieusement sans qu’on sache vraiment pourquoi, depuis quelques mois, l’ambiance change, les copains ne sont plus aussi accueillants, il y a du turn-over. La plupart des copains avec qui ont avait tissé quelques liens sont partis, pas tous, mais presque.

Les chefs changent aussi, les nouveaux sont moins cool, ils ont fermé l’entrée du camp avec des cadenas. Du coté du bois, où on peut entrer sans être vu, ça a toujours été le cas, mais pas devant, du coté du service technique. J’ai toujours pu entrer dans le camp « librement ». Aujourd’hui il y a une grille, deux cadenas. Quand on arrive, un comité d’accueil qui nous toise et qui va demander à quelqu’un (?) l’autorisation d’ouvrir. Alors ils ouvrent, comme s’ils nous autorisaient à entrer.

Des bruits courent comme quoi il y a des responsables plus gradés et plus nombreux en ce moment. Mais des bruits, franchement en trois ans, j’ai déjà entendu tout et son contraire, alors… Ce ne sont que des bruits.

Quelque part de la fin septembre. On appelle, le téléphone sonne, c’est Catherine.

– On est sur le camp. Quelqu’un est blessé, on a appelé les pompiers, on vous en dira plus mais pas au téléphone.

Un vietnamien a été poignardé. Deux bénévoles qui étaient sur le camp ont entendu crier. Ils se sont inquiétés et ils ont trouvé un homme blessé, cet homme a été mis à l’écart dans un petit réduit; ses vêtements ont été changés et des plaies très très sommairement  soignées. Heureusement que quelqu’un a crié pour alerter les bénévoles. Les pompiers sont venus chercher le jeune homme qui a fait un arrêt respiratoire à son arrivée à l’hôpital.  Il n’est pas mort mais, comme on dit chez les blouses blanches, « on l’a rattrapé par les cheveux »

Un soit disant « homme de couleur » serait entré dans le camp pour poignarder un ressortissant vietnamien.

La police intervient, interroge les personnes présentes. Ils emmènent les témoins et ceux qui ont encore du sang sur eux. Les bénévoles aussi sont interrogés dans les locaux de la police, puis tout le monde rentre chez soi, les bénévoles chez eux, et les vietnamiens à Vietnam city.

Le lendemain sur le camp, bien malin qui pouvait dire ce qui s’était passé la veille, tout avait l’air si normal, si calme, si « comme d’habitude ».

Mon sang ne fait qu’un tour et avec d’autres bénévoles qui sont aussi choqués que moi, nous organisons une réunion du collectif, dans laquelle nous décidons, après en avoir discuté avec Madame le maire et, avec son aval, de nous adresser au gens présents sur le camp, pour leur dire notre désapprobation et combien cette situation nous choque . Le dimanche, nous leur lisons un texte traduit en vietnamien par une personne compétente. Un prêtre catholique vietnamien, responsable de la communauté vietnamienne dans le Nord-Pas de Calais, est venu lire un texte disant que nous refusions de soutenir de telles pratiques, que nous condamnions ces agissements et que si cette ambiance de mafia perdurait, nous, les bénévoles, nous cesserions notre activité et par voie de conséquence, la mairie fermerait le camp.

Depuis, des nécessités administratives, des obligations de sécurisation de certaines installations dangereuses ont conduit la mairie à faire des travaux sur le camp. Le but est non seulement de sécuriser le camp mais aussi de réduire volontairement le nombre de places à cinquante.

Fresque réalisée par les habitant.e.s de Vietnam city, détruites pendant les travaux sur le camp. Crédit photo : Pascal Everaere

Voilà une histoire de migrants et de bénévoles malheureusement et probablement banale, bien que pour nous, rien de ces événements ne peut être banal. Nous avons été choqués et notre naïveté en a pris un coup. Nous avons participé à la réunion de La PSM à Burbure dont le thème était exactement celui que j’évoque dans ces quelques lignes.

Notre souci d’humanité ne nous fait-il pas participer malgré nous à des activités condamnables ? Jusqu’où sommes-nous des humanitaires ? A partir de quand devenons nous complices ? Les passeurs sont-ils eux-mêmes des victimes du système ?

Le trafic d’êtres humain rapporte plus a ses organisateurs que le trafic de drogue, alors,

Que faire ?

Bien sur je n’ai pas les réponses à ces questions mais je trouve qu’elles méritent d’être posées.

Et une des réponses esquissées lors de la réunion de Burbure était : « Il faut communiquer ».

Alors voilà aujourd’hui j’ai décidé de vous communiquer mon malaise, mes doutes. Je ne suis pas certain que ça fera bouger les lignes mais, au moins, à moi ça me fait du bien de vous écrire et, si ce n’est pas grand-chose, comme le chante Alain SOUCHON, c’est déjà ça.

Pascal

 

La Libre // Bruxelles, 300 activistes détournent des espaces publicitaires

Stations de métro, abribus et gares: 300 activistes ont détourné des milliers d’espaces publicitaires cette nuit

Durant la nuit de lundi à mardi, 300 activistes ont détourné des milliers d’espaces publicitaires dans des stations de métro, abribus et gares à travers tout le pays, pour y coller 2.100 affiches dénonçant la politique migratoire en vigueur.

La campagne « Not in my name », expliquent-ils, « est née d’une volonté de confronter les citoyens belges à l’ignominie des actions du gouvernement belge en matière migratoire, qui n’ont qu’un seul objectif, celui de faire disparaître les personnes migrantes, en les expulsant ou en les rendant invisibles ».

Les activistes ont également distribué 7.000 accroche-portes dans les transports en commun afin de sensibiliser les navetteurs en faveur d’une politique migratoire digne et respectueuse des droits humains. La campagne d’affichage « Not in my name » s’est tenue à Bruxelles, Mons, Liège, Charleroi, Louvain, Verviers, Louvain-la-Neuve, Namur et Gand.

« Nous sommes convaincus que la plupart des citoyens belges manquent d’information concernant la politique migratoire de leur pays et ne cautionneraient pas les pratiques de leur gouvernement en connaissance de cause. Nous avons voulu rappeler la nécessité de regarder la réalité en face à travers trois faits injustes et révoltants qui sont invisibilisés par le gouvernement », indiquent les organisateurs.

« En notre nom, la Belgique prive 1% de sa population de droits fondamentaux. Près de 150.000 personnes sans-papiers sont privées de droits et de la citoyenneté, condamnées à la clandestinité, confrontées à la répression, aux arrestations, à l’exploitation et à l’enfermement en centres fermés. Par ailleurs des citoyens hébergent aujourd’hui des migrants pour les protéger des rafles. Enfin, la Belgique enferme des enfants et des innocents, et le gouvernement belge prévoit de construire un nouveau centre fermé pour y enfermer des familles avec enfants mineurs », ajoutent-ils.

Camp de Saint Sauveur // bilan de l’expulsion du 24 octobre

Vous trouverez ici un article de la voix du nord relatant l’expulsion ainsi qu’un communiqué du 27 octobre du Collectif des Ollieux faisant le bilan de cette opération de « mise à l’abri ».

Article de la voix du Nord:

Une centaine de migrants évacués du camp de l’ancienne gare Saint-Sauveur ce mardi matin

 

http://www.lavoixdunord.fr/251927/article/2017-10-24/une-centaine-de-migrants-evacues-du-camp-de-l-ancienne-gare-saint-sauveur-ce#

Le camp de migrants de la friche de l’ancienne gare Saint-Sauveur, dans le centre de Lille, est en cours d’évacuation depuis ce mardi matin. L’opération se déroule dans le calme. Deux bus sont affrétés, pour emmener les migrants vers des destinations différentes : un hôtel d’Englos en attendant un transfert dans trois jours mais aussi l’Avesnois (Haumont).

Par Benjamin Duthoit Et Patrick Seghi |

La police a été déployée sur la friche de l’ancienne gare Saint-Sauveur de Lille, très tôt ce mardi matin, pour évacuer une centaine de migrants qui vivaient là depuis quelques mois. Cette opération se passe dans le calme.

« On n’a pas dormi de la nuit à cause de la peur de l’expulsion, témoigne Ibrahim. Je pars vers un site d’hébergement proposé par la préfecture. » Un dispositif d’accompagnement a été mis en place. 97 personnes sont conduites en bus vers des sites d’accueil dans le Nord, des centres d’accueil et d’orientation (CAO) par exemple. Les mineurs qui vivaient là avaient quant à eux été pris en charge ces derniers jours par les services du Département. Ce mardi, en milieu de matinée, ces 97 migrants sont réunis dans une salle, au chaud, située au pôle de vie citoyenne, une annexe de la mairie de Lille, rue Frédéric-Mottez.

 

 

PHOTO ÉDOUARD BRIDE – LA VOIX DU NORD

De quelques dizaines de migrants au début de l’été, le campement de tentes est passé au fil des mois à plus de 150 personnes. La crise humanitaire de Saint-Sauveur menaçait de virer à la crise alimentaire.

 

Le 4 octobre dernier, le juge des référés du tribunal administratif de Lille avait ordonné l’évacuation sous huit jours, justifiant cette décision par « la gravité des risques pour la sécurité et la salubrité publiques » qui « rend utile et urgente la mesure ».

Le campement situé sur l’ancien site de la gare de marchandises n’a cessé de croître depuis son installation en juin dernier. Photo archives Pierre le Masson

Destination Englos et Hautmont pour la majorité des migrants

La centaine de migrants évacués du camp Saint-Sauveur ce mardi matin ira pour grande partie vers Englos et Haumont. Les mineurs devraient être hébergés « pas trop loin de leurs établissements scolaires ». Une petite dizaine de personnes sera assignée à résidence…

«  Nous avons été prévenus de cette évacuation hier vers 20 h  ». Il y a Jean-Baptiste qui, valise bleue à la main, se dirige vers une petite voiture. Le bénévole associatif profite de l’expérience acquise sur les camps de Calais pour évaluer la situation. «  L’évacuation s’est, en soi, bien déroulée  ». Pas de gros moments de tension mais «  un flou qui règne sur la destination de cette centaine de migrants  », poursuit Jean-Baptiste. Pour le moment, tous ont consigne de rejoindre une salle de la rue Frédéric-Mottez située à 200 m du camp Saint-Sauveur. Le pôle de vie citoyenne sert de premier lieu d’accueil et de gare de triage. Seule une quarantaine de migrants (sur la centaine) présents ont participé au diagnostic social. Les autres doivent exposer leur situation administrative. «  Pour l’instant, ils sont au chaud.  »

« Je vais dans un hôtel à Englos »

Devant le pôle de vie, un car et un mini-van retiennent l’attention. Par groupes de deux ou trois, les migrants sont accompagnés à bord et déposent leurs effets dans les soutes. Les associations jouent leur rôle de facilitatrices. La première indiscrétion sort de la bouche d’un jeune africain : «  Je vais dans un hôtel à Englos  ».

Jointe par téléphone, Sophie Elizeon, préfète à l’Égalité des chances, confirme l’information. «  Nous faisons face à des situations très différentes.  » Une dizaine de mineurs identifiés et scolarisés à Lille ou dans les environs seront hébergés «  pas trop loin de leurs établissements scolaire». Pour les demandeurs d’asile dont la procédure est bien avancée (une dizaine), ce sera «  Hautmont  ». Pour les quelques personnes répondant à la procédure Dublin (si la France n’est pas responsable de la demande, il y obligation de vous rendre dans le pays européen concerné, ndlr), «  une assignation à résidence est prévue  ». Pour tous les autres (demandes d’asile pas encore engagées), «  direction Englos  ». «  Sans doute vers un Formule1 où tous seront accompagnés pendant trois jours pour mettre leur situation au clair  », lâche une source préfectorale. «  Nous avons souhaité faire droit aux propriétaires des lieux (ville et MEL) mais surtout proposer à ces personnes une mise à l’abri avant la période hivernale  », glisse Sophie Elizeon. La gestion du camp des Olieux, à Moulins, est encore dans toutes les mémoires.

 

Communiqué n°46 du collectif des Ollieux:

Olieux-communiqué-46