Entre 150 et 200 migrants seraient présents à Ouistreham, dans l’espoir d’atteindre l’Angleterre. Cette ville de l’ouest de la France, est-elle en passe de devenir un nouveau Calais ? C’est en tout cas la crainte des élus de la ville qui, comme à Calais, veulent éviter à tout prix un « appel d’appel » et la création de « points de fixation ».
Selon la mairie et les associations, les arrivées de migrants se sont multipliées à Ouistreham ces derniers mois. « Il y a toujours eu une quinzaine de migrants dans la ville mais depuis le mois de juin, le nombre ne fait qu’augmenter », assure à InfoMigrants Luc Jammet, l’adjoint au maire de Ouistreham, en charge de la sécurité. Ils seraient entre 150 et 200 à errer dans cette ville du littoral nord-ouest de la France.
Un afflux qui n’a rien d’étonnant pour l’Auberge des migrants : « Partout où il y a des liaisons par bateau vers l’Angleterre, il y a des migrants. C’est un fait », note Christian Salomé, président de l’association calaisienne. Car comme à Calais, la majorité d’entre eux espère atteindre l’Angleterre en se cachant sous les camions qui se dirigent vers la ville de Portsmouth – via les ferry – située à seulement 180 km du port de Ouistreham.
« C’est inhumain de laisser des gens dans une telle situation »
Pour la plupart d’origine soudanaise, les migrants dorment à même le sol, dans la boue et sous le vent, dans un bois à l’entrée de la ville ou « dans les champs de particuliers », selon Luc Jammet. Une dizaine d’habitants regroupés en collectif au début de l’été leur distribuaient jusqu’à la semaine dernière deux repas par semaine. Mais « à la demande de migrants plus anciens, nous avons arrêté temporairement car selon eux cela provoquait des heurts », précise à InfoMigrants Miguel, du collectif d’aide aux migrants à Ouistreham (Camo).
En parallèle, le collectif distribue des vêtements chauds, des couvertures et prodigue les premiers soins aux personnes blessées ou malades. « La nuit dernière il a fait 2 degrés. Tout le monde se renvoie la balle et personne ne fait rien alors il faut bien que quelqu’un agisse. C’est inhumain de laisser des gens dans une telle situation », déplore Miguel. L’association présente à Calais, Care 4 Calais, est également passée quelques jours à la fin du mois de septembre pour des distributions de vêtements.
Soupçons de violences policières
Le collectif dénonce le harcèlement policier pratiqué envers les migrants, ce qui n’est pas sans rappeler la situation à Calais. Les forces de l’ordre leur arracheraient leurs sacs de couchage, les réveilleraient à 4h du matin pour les obliger à quitter le bois et les jets de gaz lacrymogènes seraient récurrents. Des accusations que rejette en bloc la mairie de Ouistreham. « Je m’inscris en faux contre ça. Ce n’est pas vrai », s’insurge Luc Jammet.
L’adjoint à la sécurité admet en revanche que la présence policière a été renforcée aux abords du port et dans les rues de la ville depuis cet été. Une nuit d’octobre, un hélicoptère a même survolé la zone où se trouvent les migrants.
Autre similitude avec la situation à Calais, la mairie craint un « appel d’air » et refuse « les points de fixation », accusant à demi-mot le collectif d’en être responsable. Les migrants arrivés récemment à Ouistreham viendraient de la Chapelle, à Paris, et de Calais. De son côté le collectif réfute catégoriquement toute éventualité d’ »appel d’air » : « Ce n’est pas notre présence qui fait venir les migrants mais la proximité avec l’Angleterre », dit Miguel.