Rapport de Médecins du Monde et du Centre Primo Levi sur la souffrance psychique des bénévoles

https://www.medecinsdumonde.org/fr/actualites/publications/2018/06/18/la-souffrance-psychique-des-exiles

La souffrance psychique des exilés

La santé mentale, et plus largement la souffrance psychique, se situe dans l’exact angle mort des politiques publiques concernant les personnes exilées, encore majoritairement orientées vers le soin des maladies infectieuses et la prise en charge des urgences médicales. Elle constitue pourtant une urgence sanitaire et un enjeu de santé publique majeur.

« La santé mentale est un état de bien-être dans lequel une personne peut se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie, accomplir un travail productif et contribuer à la vie de sa communauté. En ce sens, elle est le fondement du bien-être d’un individu et du bon fonctionnement d’une communauté. »

DES SOUFFRANCES  PSYCHIQUES GRAVES  CHEZ LES PERSONNES EXILÉES

Les violences multiples qui ont causé leur départ, les ruptures souvent brutales que cela a occasionné et le parcours d’exil lui-même semé de violences et de pertes peuvent occasionner des troubles psychiques graves. La très grande précarité sociale et administrative dans laquelle la plupart des exilés se trouvent renforce ces troubles, voire en crée de nouveaux, formant ainsi un cercle vicieux dont il devient très compliqué de sortir.

Si la santé est censée être en France un droit inconditionnel, force est de constater que celle des personnes exilées demeure trop souvent un enjeu de polémique politicienne avant d’être considérée pour ce qu’elle est : un enjeu de santé publique.

Dans ce contexte, le Centre Primo Levi et Médecins du Monde, tous deux engagés dans l’accueil et le soin des personnes exilées, ont voulu réunir leurs constats pour dresser un tableau sans concession de la situation et mettre en avant des propositions afin que soit enfin élaborée, au niveau national, une réponse adaptée à l’enjeu majeur que représente la santé mentale de ces personnes.

Le rapport est disponible ici

Rassemblement pour un MNA décédé à Paris

Action collective

Un mineur isolé pris en charge par l’ASE de Paris meurt faute d’un suivi adapté
Rassemblement à Paris mercredi 21 mars 2018, dès 18 heures, place de l’Hôtel de Ville

Il se prénommait Malik Nurulain mais préférait qu’on l’appelle Nour. Nour est mort le 14 février 2018, retrouvé noyé dans la Seine à Paris. Il avait 17 ans. Victime de tortures, il avait fui le Pakistan à l’âge de 15 ans.

En France depuis un an, sous la responsabilité de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) de Paris, il bénéficiait depuis peu de la protection subsidiaire accordée par l’OFPRA (Office français de protection des réfugiés et apatrides).

Depuis cinq mois, il était pourtant logé seul à l’hôtel sans encadrement adéquat et en grande détresse psychique. Il avait déjà été pris en charge à deux reprises en hôpital psychiatrique avant que l’ASE ne décide de le mettre à l’hôtel faute de place adaptée en foyer.

Quelques mois après son placement à l’hôtel, il est sauvé d’une première tentative de suicide dans la Seine et pris en charge pour la troisième fois en hôpital psychiatrique. À sa sortie, il est à nouveau relogé à l’hôtel, seul face à ses traumatismes. Son corps inerte est repêché sept jours après sa sortie de l’hôpital.

Seule responsable légale de ce mineur non accompagné, l’ASE l’a maintenu à l’hôtel, dans un environnement manifestement inadapté pour assurer sa protection et ce malgré les risques avérés de suicide et les signalements répétés de l’entourage (amis, associations, administrateur ad hoc). En conséquence, nous dénonçons l’inaction de l’ASE de Paris qui, selon nous, relève d’une situation manifeste de non assistance à personne en danger.

Interrogée par l’entourage de Nour cinq jours après sa sortie de l’hôpital, l’ASE affirmait n’avoir aucune nouvelle de lui. Le signalement de la disparition à la Brigade des mineurs ne sera fait que douze jours après sa sortie de l’hôpital. Au moment du signalement de sa disparition par l’ASE, il était déjà mort depuis cinq jours. Sans la mobilisation d’associations et d’individus qui ont croisé le chemin de ce garçon, la mort de Nour serait probablement passée sous silence.

Le système actuel de la prise en charge de ces jeunes est totalement inadapté. Il est inadmissible qu’un mineur, qui relève de la protection de l’enfance, reste seul dans un hôtel sans l’accompagnement régulier de professionnels, alors qu’on connaît, de surcroît, sa vulnérabilité puisqu’il sort d’un séjour en hôpital psychiatrique. L’ASE a failli à son obligation de protection.

Comme de nombreux autres exilés, Nour avait risqué sa vie pour venir chercher la protection de la France. Ce n’est pas l’exil qui l’a tué, mais la défaillance du système de prise en charge des mineurs non accompagnés à Paris.

Le 15 mars 2018

À LA MÉMOIRE DE NOUR ET POUR DÉNONCER LES DÉFAILLANCES DE LA PRISE EN CHARGE DES MINEURS NON ACCOMPAGNÉS À PARIS

Rassemblement à Paris mercredi 21 mars 2018
dès 18 heures, place de l’Hôtel de Ville

Organisations signataires :

  • Adjie (Accompagnement et défense des jeunes isolés étrangers)
  • Admie (Association pour la Défense des Mineurs Isolés Étrangers)
  • Asmie (Association de Solidarité avec les Mineurs Isolés Étrangers)
  • Collectif de vigilance du 12ème pour les droits des étrangers
  • Fasti (Fédération des Associations de Solidarité avec Tou⋅te⋅s les Immigré⋅e⋅s)
  • Fédération de Paris de la Ligue des Droits de l’Homme
  • Gisti (Groupement d’information et de soutien des immigré⋅e⋅s)
  • Hors la Rue
  • La Voix de l’enfant
  • Melting passes
  • Mrap (Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples)
  • Parcours d’Exil
  • Resf (Réseau Éducation Sans Frontières)
  • SUD Conseil départemental de Seine-Saint-Denis
  • Utopia 56

Le Monde // Un migrant retrouvé mort poignardé à Calais

http://www.lemonde.fr/societe/article/2018/03/17/un-migrant-retrouve-mort-poignarde-a-calais_5272650_3224.html#8WAhFhq87bwrPs5U.99

Quelque 500 à 600 migrants errent dans le Calaisis, où ils tentent la nuit de rejoindre la Grande Bretagne.

LE MONDE |  Mis à jour le  | Par Maryline Baumard

Un jeune Afghan de vingt-cinq ans a été retrouvé mort à Calais à 17 h 20 samedi 17 mars sur une aire de covoiturage. Le jeune homme a été tué samedi en fin d’après-midi d’un coup de couteau. Il est décédé à proximité de l’hôpital où une association assure depuis le 6 mars des distributions de repas aux migrants. Son décès a été confirmé par la préfecture. « Aucun élément ne permet de penser qu’il y a un lien entre cet événement tragique et la distribution de repas aux migrants », a précisé Fabien Sudry, préfet du Pas-de-Calais.

Quelque 500 à 600 migrants errent dans le Calaisis. Ils tentent la nuit de passer en Grande Bretagne et ont du mal à se reposer car la police a pour ordre d’éviter tout point de fixation. Ces jeunes gens, majoritairement Érythréens, Éthiopiens et Afghans sont extrêmement fatigués. Le Monde a pu constater sur place début mars leur état d’exaspération face à la destruction récurrente de leurs effets personnels. À l’époque, ils refusaient la nourriture proposée par l’Etat, situation qui semble s’être arrangée depuis.

 Lire aussi :   A Calais, les migrants refusent les repas de l’Etat

Un bilan qui s’alourdit

Déjà le 1er février, une rixe impliquant une centaine de migrants de nationalité afghane et érythréenne avait éclaté après la distribution de repas. Vingt-deux avaient été blessés, dont quatre blessés par balles. Si l’état de santé de trois des blessés s’est depuis largement amélioré, le quatrième, lui, restera tétraplégique.

Cette mort du jour est à ajouter au bilan qui s’alourdit dangereusement ces dernières semaines. Le 14 février, un Pakistanais de 17 ans a été retrouvé mort noyé dans la Seine. Il était pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance, et avait obtenu la protection subsidiaire de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), mais souffrait de graves troubles psychiques. Les associations d’aide aux migrants ont dénoncé le manque de suivi de l’Aide sociale à l’enfance de Paris et le fait qu’un jeune en grande difficulté psychologique soit laissé dans un hôtel.

Lire aussi :   Calais : une information judiciaire ouverte à la suite des rixes entre migrants

Le 8 février, c’est un Soudanais de trente ans qui a été retrouvé mort devant le Centre de premier accueil de la Porte de la Chapelle à Paris. « Mort de froid, de manque de soin et d’humanité », ont dénoncé les bénévoles qui depuis des mois se relaient pour faire vivre la solidarité et permettre aux migrants de survivre autour d’une action de distribution de petits-déjeuners. Des fleurs ont été déposées sur les blocs de pierre installés l’an dernier par la Ville de Paris pour empêcher les réfugiés de dormir là.

À Paris, les différents comptages évaluent les migrants à 1 500 dans les rues. Le Centre de la Chapelle qui était né sur l’idée d’un accueil inconditionnel va fermer ses portes cette semaine et laisserplace à des centres où sera établie une évaluation administrative des situations. La question reste de savoir si les migrants qui ne sont ni demandeurs d’asile, ni réfugiés, ni en situation régulière rejoindront ces centres.

 

La dépeche // Calais: après les rixes, les migrant.e.s mettent en cause les passeurs

https://www.ladepeche.fr/article/2018/02/02/2734441-calais-apres-rixes-migrants-mettent-cause-passeurs.html

Des migrants africains et afghans présents à la distribution de nourriture vendredi matin à Calais pointaient tous la responsabilité de passeurs armés, mais aussi de terribles conditions de vie, dans les violents affrontements qui ont fait 22 blessés dont cinq par balle jeudi.

« Je suis pas comme les passeurs: ils sont tous fous et dangereux comme les talibans de mon pays! », s’exclame Daniel, Afghan hazara de 18 ans, chaussures de randonnée aux pieds.

Vers 09H30, la distribution du petit-déjeuner par l’association Salam a déjà débuté, sous une bannière « Ouvrez la frontière » déployée sur un poteau électrique.

Habib, Ethiopien de 32 ans, capuchon bleu sur la tête, récapitule les événements de la veille: « Il y a eu une bagarre entre Erythréens et Afghans. Les Afghans ont tiré plusieurs fois, les Erythréens sont revenus se venger avec des bâtons et des pierres ».

Ces rixes qui ont éclaté jeudi après-midi à divers endroits de Calais entre des centaines de migrants, ont fait 22 blessés, selon un dernier bilan officiel. Cinq migrants ont été touchés par balle, dont quatre grièvement. « Un degré de violence jamais connu », a estimé le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, venu sur place jeudi soir.

Il s’agit en effet du bilan le plus lourd depuis le 1er juillet 2017, lorsque des bagarres interethniques avaient fait 16 blessés, dont un grave.

Près de la « Big Jungle », le plus gros des trois campements où se mêlent Africains et Afghans, Daniel raconte: « Ici les ambulances ont débarqué, la police était désespérée, ne savait pas quoi faire, les gens se battaient… »

La raison de cette débauche de violence? « Il y avait des migrants qui n’avaient plus d’argent, les passeurs se sont mis en colère et ont tiré », croit savoir Daniel.

Entente

Les migrants qui viennent se servir en thé et nourriture, dans le calme, éprouvent visiblement le besoin de parler. Mohamed, Ethiopien d’une vingtaine d’années, explique: les passeurs afghans « contrôlent des parkings, font du trafic d’armes et monter des gens dans des camions pour 2.500 euros ».

Pour Loan Torondel, de l’Auberge des migrants, les passeurs sont effectivement à l’origine des rixes: « Ils se battent pour des clients, pour l’accès aux parkings, dans un contexte où beaucoup de gens sont arrivés à Calais depuis 15 jours ».

Dans la matinée de jeudi, une grosse opération policière forte d’une vingtaine de véhicules a abouti aux ramassages des tentes et couvertures des campements. « Les conditions de vie sont terribles, il n’y a aucun moyen de s’abriter des intempéries », souffle Loan Torondel.

« La seule solution que trouvent le gouvernement et la police, c’est de casser les tentes et d’empêcher les gens de dormir », dénonce Jean-Claude Lenoir, président de Salam. « Dans cette précarité, évidemment les passeurs n’amènent rien de bon… »

« On dort parfois dans des tentes », témoigne Ahmad, migrant africain de 17 ans. « Mais la police fait tout pour nous frapper, nous mettre du spray dans les yeux et prendre nos affaires, tous les trois jours », déplore-t-il. Des accusations que réfutent à chaque fois les autorités.

Entre 550, selon la préfecture, et 800 migrants, d’après les associations, vivent actuellement à Calais pour tenter de passer en Grande-Bretagne.

Habib tient à l’entente construite avec certains Afghans: « Ce sont des amis, des frères… On ne pourra pas contrôler les passeurs, mais notre objectif ce n’est pas de créer la guerre. Nous sommes en pleine misère. Il ne faut plus que ce genre d’histoires recommence ».

 

France 3 // Accusations de violences policières sur les migrant.e.s à Calais: le préfet répond à Yann Moix

https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/pas-calais/calais/accusations-violences-policeres-migrants-calais-prefet-repond-yann-moix-1407955.html

Le préfet du Pas-de-Calais Fabien Sudry a répondu ce mercredi soir sur France 3 aux accusations du chroniqueur Yann Moix, qui déclare depuis plusieurs jours avoir filmé à Calais de nombreuses violences policières commises sur les migrants à Calais. 

Par @f3Nord

La préfecture du Pas-de-Calais, via son compte Twitter, avait immédiatement réagi aux premières accusations de Yann Moix, dans l’émission « On n’est pas couché » sur samedi 6 janvier sur France 2, durant laquelle le chroniqueur accusait une première la police de commettre des violences quotidiennes sur de jeunes migrants à Calais.

Des accusations réitérées dans une tribune publiée dans les colonnes de Libération, vidéo à l’appui. Moix s’est enfin à nouveau exprimé à ce sujet au micro de France Inter.

Dans sa tribune publiée par « Libé », le chroniqueur d’ONPC écrivait notamment, s’adressant directement à Emmanuel Macron : « J’affirme, M. le Président, que vous laissez perpétrer à Calais des actes criminels envers les exilés. Je l’ai vu et je l’ai filmé. J’affirme, M. le Président, que des fonctionnaires de la République française frappent, gazent, caillassent, briment, humilient des adolescents, des jeunes femmes et des jeunes hommes dans la détresse et le dénuement. Je l’ai vu et je l’ai filmé« . Des images qu’il aurait tournées à Calais dans le cadre d’un documentaire qu’il réalise pour la chaîne Arte.

« Propos d’une violence inouïe »

Ce mercredi soir, le préfet du Pas-de-Calais Fabien Sudry a répondu en direct à ses accusations dans le 19/20 de France 3 Nord Pas-de-Calais.  « Les propos tenus par Yann Moix dans Libération sont d’une violence inouïe, voire diffamant« , a-t-il lancé. « Ils ne reposent sur aucune preuve« , a-t-il justifier, arguant que la vidéo diffusée par le chroniqueur « ne démontre absolument rien ».

« Sur Calais, notre conduite est d’éviter la reconstitution de bidonville… et pour cela les services de police sont amenés à démanteler des squats sur les domaines publics et privés« , a poursuivi le préfet, justifiant la destruction de camps de fortune de migrants par les forces de l’ordre.

Quant aux accusations d’utilisation abusive des gaz lacrymogènes, le préfet a répondu que la police y avait recours dans des « circonstances extrêmement précises » et que « l’usage doit être strictement proportionné à la menace« , notamment lors « des tentatives d’invasion » de la rocade portuaire à Calais.

France info // Visite de Macron à Calais: « Tous les soirs, les policiers prennent nos tentes et nous frappent » racontent des migrants

https://www.francetvinfo.fr/france/hauts-de-france/migrants-a-calais/visite-d-emmanuel-macron-a-calais-tous-les-soirs-les-policiers-prennent-nos-tentes-et-nous-frappent-racontent-des-migrants_2563999.html

Emmanuel Macron se rend mardi à Calais, symbole de la crise migratoire, pour y défendre sa politique sur l’asile et l’immigration. Depuis le démantèlement de la « jungle » en octobre 2016, les associations dénoncent des conditions indignes pour les migrants.

L\'atmosphère dans un camp de migrants improvisé à Calais avant l\'arrivée d\'Emmanuel Macron mardi 16 janvier 2018.
L’atmosphère dans un camp de migrants improvisé à Calais avant l’arrivée d’Emmanuel Macron mardi 16 janvier 2018. (CLEMENCE BONFILS / RADIO FRANCE)
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Sandrine Etoa-AndeguefranceinfoRadio France

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DIRECT. Des dizaines de surveillants s’installent devant la prison de Vendin-le-Vieil pour tenter d’empêcher la ministre de la Justice de sortir

Hussein et Barack dorment dans un sous-bois. Ces deux jeunes Ethiopiens l’appellent la « jungle », comme celle évacuée en octobre 2016. Ils montrent trois tentes fluo posées sur le sol boueux et glacé. Autour, des déchets, des cartons et des bouteilles de verre. « Il fait très froid, racontent-ils. Tous les soirs, les policiers prennent nos tentes, nos sacs de couchage et nous frappent. La vie à Calais est très dure. C’est inhumain. »

Ces propos font bondir Gilles Debove, délégué du syndicat Unité SGP Police Force Ouvrière. « Je n’y crois pas du tout », réagit-il. Selon lui, les policiers se contentent de démanteler les nouveaux camps. Il souhaite que les policiers soient équipés de caméras piétons pour appuyer leurs dires. « Une fois que le camp est démantelé, une fois que les personnes ont quitté les lieux, effectivement, on a des tentes qui sont restées là, des duvets qui sont restés là, des chaussures qui sont abandonnées et ce sont les services de voirie qui ramassent les effets qui vont à la destruction », explique Gilles Debove.

Des plaintes déposées pour destruction de biens

Des effets que les associations ont prêtés aux réfugiés plutôt que de les leur donner. Grâce à cette parade, l’Auberge des migrants, où Maya Konforti est bénévole, a pu porter plainte pour destruction de biens. « On leur a fait signer un contrat de prêt. On a floqué les sacs de couchage et les couvertures », explique-t-elle. 

On leur a dit : ‘Quand la police vous prend votre sac de couchage, appelez-nous et déclarez que la police vous a pris un bien qui appartenait à l’association’Maya Konforti, Auberge des migrantsfranceinfo

Deux associations ont ainsi porté plainte contre X pour « destruction de biens ». D’autres associations sont prêtes à faire la même démarche. Deux ont refusé de rencontrer Emmanuel Macron lors de sa visite prévue mardi 16 janvier à Calais.

Le Monde // A Calais, des associations portent plainte contre la confiscation des biens des migrant.e.s

www.lemonde.fr/immigration-et-diversite/article/2018/01/15/calais-des-associations-portent-plainte-contre-la-confiscation-des-biens-des-migrants_5242004_1654200.html

A la veille de la venue d’Emmanuel Macron à Calais, la tension monte dans le milieu associatif. Dépôt de plainte et refus d’assister à la réunion de demain montrent l’exaspération des humanitaires.

LE MONDE |  | Par Maryline Baumard

Distribution de nourriture à des migrants de Calais, en mars 2017.
Distribution de nourriture à des migrants de Calais, en mars 2017. PHILIPPE HUGUEN / AFP

A la veille de la venue à Calais du chef de l’Etat, des associations déposent plainte contre X pour destruction et « destruction et dégradation » de biens leur appartenant. A 14 heures lundi 15 janvier, un courrier de dépôt de plainte a été posté en recommandé à destination du procureur du tribunal de grande instance de Boulogne. Dans l’enveloppe, une série de témoignages racontent comment les biens appartenant aux quelques centaines de migrants qui errent dans le Calaisis et tentent de franchir la frontière, sont confisqués et détruits. Le Secours catholique et L’Auberge des migrants sont les premiers à se lancer dans la démarche. Devraient suivre toute une série d’autres associations, de Help Refugees à Women Center en passant par Utopia 56 ou Care for Calais.

Pour pouvoir porter plainte, un collectif d’associations avait « tatoué » 700 sacs de couchage et autant de bâches aux logos de leurs associations. Ce matériel a été distribué le 6 décembre à des exilés, avec signature d’un contrat de prêt. « Nous avons fait signer 120 contrats de prêts », raconte un des participants à l’opération. Cette formule permet de faire valoir que le matériel appartient toujours aux associations et de dénoncer une pratique qu’ils estiment quotidienne.

Bâches et sacs de couchage sont des éléments essentiels de la survie dans cette zone au vent glacial et humide. Mais depuis la distribution, les témoignages de confiscation de ces matériaux affluent. Ces objets finissent en général à la déchetterie et sont détruits. Ce qui exaspère les associations, qui disposent d’un large stock mais refusent de cautionner ce gâchis.

Lire aussi :   Calais : « On occulte l’urgence et la nécessité qui ont poussé les gens à venir jusqu’ici »

Des confiscations non reconnues officiellement

Parmi ces témoignages, un humanitaire raconte comment le 11 décembre à 15 h 30, il est témoin d’une opération de « nettoyage ». Il demande à vérifier que des objets lui appartenant ne sont pas dans la benne. Le gendarme « me répond que je ne dois pas m’inquiéter et qu’ils ont vérifié que rien qui soit floqué avec nos logos n’est jeté ». L’humanitaire suit pourtant le camion et « à un feu rouge, la personne qui m’accompagne descend de notre voiture et prend clairement la photo du camion et de la bâche marquée avec le nom du Secours catholique et celui des autres associations », raconte-t-il, reprenant les éléments du témoignage envoyé.

Le 13 décembre déjà, une autre association, assurant une mission d’accompagnement auprès de dix exilés, arrive près d’eux alors qu’ils viennent de se faire dépouiller de leurs maigres biens. Ce groupe de migrants affirme s’être fait retirer duvets, bâches et sacs à dos. « Parmi ces duvets et ces bâches certaines appartenaient à des associations et comportaient leur logo », rappelle la personne dont le témoignage fait aussi partie de l’envoi au procureur. Là encore certaines pièces emportées avaient fait l’objet d’un contrat de prêt.

Officiellement, ces confiscations ne sont pas reconnues par les autorités. l’Etat prétend par divers canaux qu’il s’agit d’opérations de nettoyage et que les seuls objets enlevés sont des matériaux abandonnés par les migrants.

Deux associations ne rencontreront pas Emmanuel Macron

Le 5 décembre 2017, Le Monde avait été témoin du réveil d’un groupe de migrants par la police, dans la ville de Calais. Matelas, couvertures et effets personnels avaient été mis à la benne. Les migrants, eux, étant pour certains consignés sur place sous un pont de la ville pendant que leurs biens étaient chargés dans un camion benne par des agents municipaux.

« Par respect pour les migrants, bien évidemment, mais aussi pour nos donateurs, nous ne pouvons laisser passer ces confiscations sans déposer plainte », observe Vincent de Coninck, du Secours catholique.

Deux des associations importantes sur le terrain à Calais refusent d’être présentes mardi soir à la réunion à laquelle les convie le chef de l’Etat. Il s’agit d’Utopia 56 et de L’Auberge des Migrants. Toutes deux sont des piliers de la gestion locale des 500 à 600 exilés présents sur place.

Les fake news de la préfecture du pas de Calais

« ONPC » : Yann Moix accuse l’État de maltraiter les migrants, la préfecture du Pas-de-Calais répond

Le chroniqueur d' »On n’est pas couché » a affirmé que les policiers tabassaient les migrants et gazaient leurs effets personnels, suscitant une réponse immédiate de la préfecture sur Twitter.

Yann Moix sur le plateau d’On n’est pas couché, le 16 décembre 2017 Crédit : France 2

L’État maltraite-t-il les migrants à Calais ? C’est en tout cas ce qu’a affirmé Yann Moix face à Benjamin Griveaux lors de l’émission du 6 janvier d’On n’est pas couché. Face au porte-parole du gouvernement, l’écrivain-polémiste n’y est pas allé de main morte concernant le traitement des migrants réfugiés à Calais.

« J’y passe régulièrement des jours et des nuits depuis quelques mois, et ce que je vois de l’honneur de la République ce sont des CRS qui gazent les couvertures de jeunes de 18 à 25 ans », a attaqué Yann Moix. Il a ensuite enchaîné en affirmant que les CRS « gazent l’eau potable de jeunes migrants » et « tabassent des jeunes migrants qui sont effectivement soignés gratuitement mais parce qu’ils ont été frappés par la police la veille ».

Face à un Benjamin Griveaux décontenancé par ces accusations envers les forces de l’ordre, Yann Moix n’a pas hésité à rappeler les heures sombres de l’histoire de la police française : « J’aimerais que vous nous présentiez -sinon des excuses- un programme fiable pour éviter que la République française ne se transforme en ce qu’elle a déjà été capable de faire : une machine à humilier les Juifs pendant la Guerre et les Arabes dans les années 1960« .

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Samuel L. Jackson et Magic Johnson, pris pour des migrants dépensiers

Moix affirme avoir filmé les faits

Une attaque sèche, ponctuée par des applaudissements du public et à laquelle le porte-parole du gouvernement a répondu en demandant à Yann Moix de faire appel à la justice. « Si ce que vous dites est avéré, alors je vous engage à confier cela à la justice plutôt que de faire justice sur un plateau de télévision« , a d’abord sermonné Benjamin Griveaux. « Ces comportements sont inadmissibles s’ils sont avérés, et ils doivent être sanctionnés », rappelait-il.

Yann Moix dévoilant avoir filmé les scènes, Benjamin Griveaux l’enjoignait alors à les transmettre à la justice. « Elle fera son travail, je n’ai aucun doute là-dessus », affirmait-il à son tour devant la carte abattue par le chroniqueur de Laurent Ruquier.

De l’autre côté de l’écran, c’est la préfecture du Pas-de-Calais qui a semblé outrée en entendant les accusations de Yann Moix, au point de réagir dans la foulée, via le compte Twitter du préfet du département. Cette dernière rejetait en bloc les accusations de Yann Moix.

La justice n’a pas été saisie à ce jour

« Aucun des faits évoqués ont fait l’objet de signalements aux services de l’État et de la justice », pouvait-on lire sur le réseau social. La préfecture du Pas-de-Calais rappelait ensuite que l’État avait assuré à Calais la prise en charge de 400 migrants dans les Centres d’Accueil et d’Évaluation des Situation (CAES).

Réaction d’une bénévole Dominique, suite aux articles de presse concernant la mort de Jabar

Le « migrant mort » dans l’accident de camion qui serait érythréen selon Adrien Boussemart de La Voix du Nord est une personne.

Il s’appelle Jabar, il est afghan, a 30 ans.

 » Jabar était un jeune homme tout calme, tout en douceur avec une petite coquetterie dans l’oeil. Le personnel de l’OFII l’appelait Al Pacino, c’est vrai qu’il avait un côté un peu italien  » Brigitte qui venait en aide aux exilés de passage à Tatinghem, l’avait rencontré pour la première fois durant l’été 2014. Son frère est au CAES de Belval. Il a un petit frère et une compagne en Angleterre. Les autres membres de sa famille sont en Afghanistan.

Ci-dessous, une photo de cet homme « invisible »:

Hommage à Jabar, père de famille afghan décédé en tentant le passage

 

Une minute de silence a été observée pour rendre un dernier hommage à Jabar, afghan d’une trentaine d’années

NORTKERQUE

Le migrant mort dans l’accident de camion sur l’A26 serait Érythréen

Un camion s’est couché sur la chaussée ce vendredi matin sur l’A26 à Nortkerque, dans le sens Calais – Reims. Un migrant a été retrouvé mort dans la remorque. Il s’agirait d’un Érythréen d’une trentaine d’années.

Ce vendredi, vers 6 h 30, un accident de la circulation s’est produit sur l’autoroute A26, à hauteur de Nortkerque, dans le sens Calais – Reims, au point kilométrique 12. Un poids lourd, qui transportait des rouleaux de papier, s’est couché sur la bande d’arrêt d’urgence. Alertés de l’accident, les sapeurs-pompiers ont découvert, à l’intérieur de la remorque, le corps sans vie d’un migrant, écrasé par les rouleaux de papier. Il pourrait s’agir, selon nos informations, d’un homme de nationalité érythréenne d’une trentaine d’années.

On ignore, pour le moment, si d’autres personnes avaient embarqué avec lui à bord du camion. Les gendarmes fouillent actuellement le poids lourd pour répondre à cette interrogation. Le chauffeur de nationalité roumaine est quant à lui indemne et va être auditionné par les gendarmes. Une enquête a été ouverte.

La circulation est perturbée dans le sens Calais – Reims. Des membres de la SANEF ont installé un balisage pour signaler l’accident aux automobilistes et les empêcher de rouler sur la voie de droite sur quelques centaines de mètres.

Le chauffeur surpris par la main du migrant ?

Selon ses propos, relayés par la gendarmerie, le chauffeur a passé la nuit à Calais et n’aurait pas remarqué, ce vendredi matin, la présence du migrant à l’intérieur de sa remorque. Il était en route pour Clermont-Ferrand afin de livrer sa cargaison, à hauteur de Nortkerque.

Après s’être rendu compte de la direction prise par le camion, vers le sud de la France, l’exilé aurait tailladé la bâche de la remorque avant de passer sa main à travers et de faire signe au chauffeur d’arrêter le poids lourd. Surpris, celui-ci aurait mis un coup de volant et perdu le contrôle de son véhicule. L’enquête permettra de connaître les circonstances exactes de l’accident et de valider, ou non, les propos du chauffeur.

D’autres drames liés à la pression migratoire ont marqué la fin du mois de décembre : le 24 décembre, un migrant irakien a été grièvement blessé après avoir été percuté sur l’A16, à hauteur de Grande-Synthe. Dans la nuit du 20 au 21 décembre, un mineur afghan d’une quinzaine d’années est mort après avoir été percuté par un véhicule sur la rocade menant au port de Calais.

 Les articles de presse concernant son décès (la presse parlait alors d’une personne de nationalité érythréenne):

http://www.ledauphine.com/france-monde/2017/12/29/un-migrant-meurt-ecrase-par-des-bobines-de-papier

Un Erythréen d’une trentaine d’années a été retrouvé mort dans la remorque d’un camion qui s’est couché sur l’autoroute A 26.

Un migrant est mort écrasé par le chargement du camion dans lequel il s’était caché ce matin sur l’autoroute A 26 à Nortkerque (Pas-de-Calais), annonce La Voix du Nord. A la suite d’une perte de contrôle, le poids-lourd qui transportait du papier s’est couché sur la chaussée. Un migrant décédé a été retrouvé dans la remorque, écrasé par des bobines de papier.

Il pourrait s’agir d’un Érythréen âgé d’une trentaine d’années. Les gendarmes fouillent le camion pour savoir si le migrant avait embarqué seul dans la remorque.

 Il s’agit du deuxième décès d’un migrant en quelques jours dans la région de Calais. Il y a une semaine, un jeune Afghan d’une quinzaine d’années est mort après avoir été percuté par un véhicule sur la rocade qui mène au port de Calais.

Dimanche dernier, un migrant irakien de 22 ans a été grièvement blessé après avoir été fauché par une voiture qui zigzaguait sur l’autoroute A 16 à Grande-Synthe (Nord). Le conducteur, un homme d’une cinquantaine d’années, a été interpellé le lendemain à son domicile dans le Dunkerquois. Il a été mis en examen pour blessures involontaires et délit de fuite. Le parquet a indiqué qu’il n’était pas possible de déterminer s’il était alcoolisé au moment de l’accident.