Calais – boycott des réunions en préfecture

Calais : pourquoi les associations d’aide aux migrants vont boycotter les réunions avec l’Etat

Plusieurs associations d’aide aux migrants de Calais ont annoncé vendredi boycotter à l’avenir les réunions organisées par la préfecture afin de protester contre la « dégradation » de la situation ces dernières semaines.

Par AFP Publié le 14/07/2018 à 09:21

« Jusque-là on avait juste refusé de rencontrer Macron en janvier quand il est venu à Calais, sinon on a participé à toutes les réunions », a souligné auprès François Guennoc, de l’Auberge des migrants, l’une des trois associations signataires. Médecins du Monde et Salam avaient déjà cessé de venir.

« Mais les arrestations déloyales de marcheurs a été la goutte d’eau qui fait déborder le vase« , a-t-il ajouté. Il faisait ainsi référence à l’interpellation de cinq migrants, le 7 juillet à Calais, qui participaient à une « Marche solidaire » reliant Vintimille (Italie) à Douvres (Grande-Bretagne).

Selon M. Guennoc, trois d’entre eux ont été libérés des centres de rétention où ils avaient été placés, un autre allait être renvoyé en Belgique où ses empreintes avaient été enregistrées en vertu de l’accord de Dublin et un dernier va être renvoyé au Mali.

L’Auberge des Migrants, le Secours Catholique à Calais et Utopia 56 ont adressé un courrier au préfet du Pas-de-Calais pour dénoncer « une situation dégradée ces dernières semaines ».

Ils soulignent notamment :

  • une « insuffisance de l’accès à l’eau« 
  • une « insuffisance voire inexistence actuelle du dispositif d’information aux mineurs« ,
  • « pas ou pas assez de traducteurs »
  • une « insuffisance des informations sur les départs vers les centres d’accueil« 
  • des « violences policières persistantes« .

Le préfet « surpris »

Le préfet s’est dit « surpris de ce refus de participer », assurant que les « échanges avec les associations ont d’ailleurs permis de faire évoluer positivement le dispositif humanitaire piloté par l’État sur plusieurs aspects concrets » (maraudes, points d’eau).

« Quant aux interpellations d’étrangers en situation irrégulière à la frontière franco-britannique le 8 juillet 2018, elles viennent d’être reconnues comme loyales par la Cour d’appel de Douai« , a-t-il ajouté dans une réponse écrite adressée à l’AFP, affirmant que « l’État assure un socle humanitaire complet à destination de la population migrante » (distribution de repas, consultations médicales gratuites).

« L’Office français pour l’immigration et l’intégration (OFII) et les associations Audasse et France Terre d’Asile sillonnent le territoire calaisien à la rencontre des personnes migrantes pour leur fournir, dans leurs principales langues maternelles, des informations fiables sur leurs droits et sur le socle humanitaire », précise-t-il.

La préfecture estime qu’entre 350 et 400 migrants vivent à Calais, les associations parlent de 600 à 700 personnes.

Référé sur l’accès à l’eau à Calais

Migrants de Calais : les associations saisissent, une nouvelle fois, la justice
lundi 23 juillet 2018 à 16:49 Par Matthieu Darriet, France Bleu Nord et France Bleu
 
Pour améliorer un peu les conditions de vie des réfugiés, à Calais, les associations qui leur viennent en aide saisissent à nouveau la justice, en urgence. Comme il y a un an, elles demandent un accès inconditionnel à l’eau, aux douches et aux toilettes, au nom de dignité humaine.
L'Etat doit fournir de l'eau de façon inconditionnelle aux exilés. Mais à Calais, les associations, comme l'Auberge des migrants, doivent encore distribuer des bidons.L’Etat doit fournir de l’eau de façon inconditionnelle aux exilés. Mais à Calais, les associations, comme l’Auberge des migrants, doivent encore distribuer des bidons. © Radio France – Matthieu Darriet

Calais, France

L’audience est prévue cet mardi, à 14 h, devant le Tribunal administratif de Lille. Il y a un an, la justice avait obligé l’Etat à mettre de l’eau et des douches à disposition des migrants. Mais les bénévoles estiment que le dispositif actuel est volontairement insuffisant. Il y aurait entre 600 et 800 réfugiés, en ce moment, à Calais. Les bénévoles parlent d’une atteinte aux droits fondamentaux des personnes.

Mathilde Robert est bénévole à l’Auberge des migrants : « Il y a tout un système de douches, qui a été mis en place et qui n’existait pas avant. Il y a eu l’installation de points d’eau, qui n’existaient pas avant. Mais, sur le terrain, nous constatons que ce que l’Etat a mis en place n’est pas suffisant. Il y a des migrants qui nous expliquent qu’ils ont des problèmes pour aller se doucher ou qu’ils préfèrent aller aux toilettes dans des bois. »

On se retrouve à amener quotidiennement des centaines de litres d’eau sur les différents lieux de vie des exilés.

Tous les jours, il y a des démantèlements de camp, et tous les jours, les associations doivent distribuer des repas et de l’eau, alors que c’est à l’Etat de le faire, comme l’avait ordonné la justice en juillet de l’année dernière. Les migrants n’osent pas s’éloigner de leur lieu de vie, pendant la matinée, pour aller se doucher, de peur de perdre leurs affaires dans la destruction de leur campement par la police.

Boycott des réunions avec la préfecture

En colère, les associations ont donc décidé de ne plus participer aux réunions de la préfecture. Elles estiment qu’elles ne servent à rien. Une politique chaise vide que le Préfet, Fabien Sudry dit ne pas comprendre : « naturellement, nous ne sommes pas toujours d’accord, mais le dialogue, ce n’est pas être d’accord sur tout. Sur une situation difficile, on a besoin de l’avis de tous et ça me permet de trouver le bon niveau d’équilibre, au regard des directives que le gouvernement se fixe sur la situation de Calais ».

Les associations dénoncent également ce qu’elles considèrent comme du harcèlement des bénévoles, avec des PV répétés et des contrôles d’identités incessants. Ces situations sont aussi constatées dans le Dunkerquois.

Calais : 10 associations d’aide aux migrants saisissent la justice sur la question de l’eau

Dix associations d’aide aux migrants de Calais ont annoncé vendredi déposer une requête devant le juge des référés du tribunal administratif de Lille afin qu’il enjoigne les autorités à renforcer les points d’eau et les sanitaires, à leurs yeux « loin d’être suffisants ».

Par AFP Publié le 20/07/2018 à 19:04

Déjà saisi en référé par 11 associations le 26 juin 2017, le tribunal administratif de Lille avait ordonné la mise en place de mesures pour leur venir en aide, comme la création de points d’eau et de sanitaires. Le Conseil d’État avait validé ces mesures, contestées par le gouvernement, un mois plus tard. « Si des points d’eau, des latrines et un dispositif de douches ont été tardivement installés, ils sont loin d’être suffisants et les modalités d’accès à ces dispositifs en réduisent l’effectivité« , plaident vendredi les 10 associations dans un communiqué.

« Depuis des mois, les associations ne cessent d’indiquer, lors de rencontres avec le préfet du Pas-de-Calais, l’impérieuse nécessité d’augmenter les capacités de ce dispositif en augmentant le nombre de points d’eau et les horaires d’ouverture, et en facilitant les modalités d’accès aux dispositifs de douche« , ajoutent-elles.

« Situation critique »

Les associations, parmi lesquelles l’Auberge des migrants et le Secours catholique, soulignent qu’elles doivent elles-mêmes « apporter de l’eau, énormément d’eau« , en « bidons et bouteilles » pour « pallier les carences de l’État« .

« La situation, depuis plusieurs mois, est critique. L’absence de prise en compte des besoins fondamentaux des personnes a des conséquences graves : la soif, le manque d’hygiène notamment, en plus de l’insécurité matérielle dans laquelle elles se trouvent, ont des répercussions sur la santé des personnes exilées« , écrivent les associations.

Le 13 juillet, plusieurs de ces associations avaient annoncé boycotter à l’avenir les réunions organisées par la préfecture afin de protester contre la « dégradation » de la situation. Elles avaient cité, outre le problème de l’eau, des insuffisances d’information aux migrants, de traducteurs ou encore des « violences policières persistantes« .

Le préfet avait déclaré à l’AFP que « l’État assur(ait) un socle humanitaire complet à destination de la population migrante« , comme des maraudes d’information, la distribution de repas, l’accès à des douches et des consultations médicales gratuites.

 

Communiqué de presse, 20.07.2018 // 10 associations saisissent une nouvelle fois le juge en défense des droits fondamentaux des exilé.e.s présents à Calais

Depuis l’expulsion du bidonville de Calais en octobre 2016, plusieurs centaines de personnes exilées sont présentes sur la commune de Calais et aux alentours.

Ces hommes, femmes et enfants, bloqué.e.s à la frontière franco-britannique, subissent quotidiennement des opérations de destruction de leur lieu de vie qui ont pour but de lutter contre ce que les autorités appellent des « points de fixation ».

Pourtant, malgré tout, ces personnes sont là, comme depuis le milieu des années 90. Elles sont là, à la frontière, qui, seule, est ce fameux point de fixation.

Les conditions de vie de ces personnes que les autorités ne veulent pas voir, sont de plus en plus dégradées. Leurs besoins fondamentaux ne sont pas couverts.


Face à cette situation, des associations et des citoyen.ne.s, apportent un soutien quotidien aux personnes exilées. Elles fournissent des vêtements, des tentes, des sacs de couchage, des bâches, tout ce qui peut permettre de passer la nuit à l’abri du vent, de la pluie, du froid ou de la chaleur. Elles fournissent de la nourriture, en complément des distributions étatiques mises en place en mars 2018. Elles fournissent des soins primaires et orientent les personnes vers les dispositifs de soin existants. Elles fournissent de l’information sur les droits en France. Elles fournissent de l’eau et des moyens d’accéder à un minimum d’hygiène.


Elles fournissent de l’eau, alors que le Tribunal administratif de Lille puis le Conseil d’État avaient, respectivement les 26 juin et 31 juillet 2017, enjoint à l’autorité préfectorale et à la commune de Calais de créer plusieurs points d’eau accessibles permettant aux exilés sans abris de boire, de se laver et de laver leurs vêtements, et d’installer des latrines.

Si des points d’eau, des latrines et un dispositif de douches ont été tardivement installés, ils sont loin d’être suffisants et les modalités d’accès à ces dispositifs en réduisent l’effectivité.

Depuis des mois, les associations ne cessent d’indiquer, lors de rencontres avec le Préfet du Pas-de-Calais et le Sous-préfet de Calais, l’impérieuse nécessité d’augmenter les capacité de ce dispositif en augmentant le nombre de points d’eau et les horaires d’ouverture, et en facilitant les modalités d’accès aux dispositifs de douche par exemple. Malgré quelques modifications à la marge, l’ensemble du dispositif reste sous-dimensionné, et incapable de répondre à l’urgence.

Ce sont donc une nouvelle fois, les associations, bénévoles et militants, qui tentent de pallier les carences de l’État.

Elles apportent de l’eau, énormément d’eau. Elle fournissent des bidons ou des bouteilles pour que les personnes éloignées de plusieurs centaines de mètres et pour certaines près de deux kilomètres des points d’eau, puissent stocker de l’eau. Elles lavent des vêtements…

Malgré cela, elles constatent que la situation, depuis plusieurs mois, est critique. L’absence de prise en compte des besoins fondamentaux des personnes a des conséquences graves : la soif, le manque d’hygiène notamment, en plus de l’insécurité matérielle dans laquelle elles se trouvent, ont des répercussions sur la santé des personnes exilées.

Face à l’urgence, 10 associations ont donc pris la décision de saisir le juge des référé du Tribunal administratif de Lille afin qu’il enjoigne à l’administration de prendre diverses mesures en vue d’assurer l’accès effectif des personnes sans-abris présentes à Calais à des points d’eau, des douches et différents équipements sanitaires.

Parallèlement à cette action urgente, les associations ont également interpellé le Préfet du Pas-de-Calais, en lui rappelant ce qu’elles ne cessent de dire depuis des années : il est indispensable de permettre à toutes les personnes présentes à Calais d’accéder à leur droit fondamentaux. Pour cela, elles demandent la fin immédiate des expulsions et la mise en place rapide de dispositifs d’hébergement à Calais et à proximité. Ces lieux doivent être des espaces de répit, où les personnes accèdent à l’ensemble des droits fondamentaux et à de l’information complète et impartiale. Des lieux de prise en charge effective pour les mineurs non accompagnés doivent également être mis en place.

Nous continuerons à utiliser les moyens en notre possession pour qu’enfin les droits fondamentaux des personnes exilées soient respectés.

Les associations requérantes dans le cadre du référé-liberté

Care4Calais

Gynécologie sans frontières

Help Refugees

L’Auberge des migrants

La Cabane juridique / Legal Shelter

La Cimade

Refugee Women’s Center

Salam Nord/Pas-de-Calais

Secours catholique Caritas France

Utopia 56

Communiqué de presse, 13.07.2018 // Malgré l’abrogation du délit de solidarité, la discrimination des solidaires !

Enregistrement du Refugee Women’s Center daté du 29 juin 2018.

Signataires et contact presse ci-dessous.

Grande Synthe, le 13/07/2018,

A Grande Synthe, aujourd’hui, il est impossible aux bénévoles non-français de venir en aide aux migrant.e.s.

Depuis jeudi 28 juin, à Grande Synthe, les bénévoles britanniques, et souvent l’ensemble des bénévoles non-français, appartenant à des associations britanniques et françaises se voient refuser l’accès au terrain où (sur)vivent des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants dans des conditions indignes.

Sur ce terrain, comme tous les jours, des bénévoles viennent à la rencontre des personnes exilées pour leur distribuer des tentes, des sacs de couchage, de la nourriture, les informer sur leurs droits et les possibilités de mise à l’abri et leur apporter des soins.

Comme souvent, les forces de l’ordre sont présentes à l’entrée du terrain.

Mais depuis le 28 juin, cette présence policière s’accompagne d’un contrôle d’identité quasi-systématique des bénévoles. Un tri est donc opéré au faciès entre suposé.e.s exilé.e.s et bénévoles, puis un second tri par contrôle d’identité entre français.e.s et non-français.e.s. « Seuls les français entrent » peut-on entendre dans la bouche des policiers de faction. Ce contrôle d’identité n’a, en revanche, pas entraîné d’interdiction d’entrée sur le terrain pour les bénévoles étranger.e.s les 11 et 12 juillet. La fin du tri est-elle définitive ?

Le vendredi 29 juin et le lundi 2 juillet, le tri a pris un caractère disproportionné, puisque des bénévoles britanniques ont été interpellé.e.s et emmené.e.s au commissariat de police. Ils et elles ont finalement été relâché.e.s plus de trois heures plus tard, après avoir dû donner leurs empreintes digitales sous la menace d’une garde-à-vue.

Les raisons de cette interdiction sont inconnues. Aucune explication n’est donnée aux bénévoles étranger.e.s lors de leur refoulement.

Tous les représentants des autorités auxquelles nous nous sommes adressés se renvoient la responsabilité de cette décision.

Alors qu’à Calais, le harcèlement et la pression subies par les bénévoles et militant.e.s se poursuit, Grande Synthe devient un terrain supplémentaire de cette politique suspicieuse de la solidarité. Aujourd’hui, l’Etat discrimine les solidaires.

La décision du conseil constitutionnel relative au délit de solidarité ne concerne-t-elle que les ressortissant.e.s français.e ?

Les gestes de fraternité sont-ils interdits aux étranger.e.s ?

Nous poursuivrons nos actions de solidarité, et nous soutiendrons tous les solidaires, qu’ils ou elles soient français.e.s ou non.

Signataires

Associations intervenant à Grande Synthe

ACC Minorités visibles

ADRA France – antenne de Dunkerque

AMiS

ATD Quart Monde Dunkerque

Auberge des migrants

Bethlehem

DROP Solidarité

Entraide de l’Eglise Protestante Unie de Dunkerque

Gynécologie sans frontières

La Cimade Nord Picardie

Ligue des droits de l’Homme – Dunkerque

MRAP Dunkerque

Médecins du Monde

Refugee Women’s Center

Salam Nord/Pas-de-Calais

WISE

Autres organisations

Collectif des Délinquants solidaires

Bagagérue

Collectif Fraternité Migrants Bassin Minier 62

Collectif Justice & Libertés 67

Emmaüs France

Fédération des Associations de Solidarité avec Tous.te.s les Immigré.e.s (FASTI)

Groupe d’Information et de Soutien des Immigré.e.s (GISTI)

Itinérance Dieppe

La Cabane juridique

Sud Education

Syndicat de la Magistrature

Terre d’errance

Union syndicale Solidaires

Utopia 56

Communiqué de presse // 06.07.2018 // La fraternité ne doit pas avoir de frontières

Le Conseil constitutionnel consacre pour la première fois un principe à valeur constitutionnelle de fraternité, créant ainsi une protection des actes de solidarité. Il est désormais acquis que chacun a « la liberté d’aider autrui, dans un but humanitaire, sans condition de la régularité de son séjour sur le territoire national ».

Au moyen d’une réserve d’interprétation, il neutralise les termes indécis du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile, qui n’excluaient de la répression que certains actes de solidarité. Il impose qu’aucun acte humanitaire, quelle que soit la prestation à laquelle il se rapporte, ne soit puni au titre de l’aide au séjour irrégulier ou à la circulation irrégulière. Il neutralise également la condition restrictive qui voulait que la personne étrangère aidée se trouve dans une situation critique au point que sa dignité ou son intégrité physique soit menacée.

En somme, il n’y a pas lieu de trier entre les aidant·e·s, et moins encore entre les aidé·e·s.

Au moyen d’une abrogation partielle, il censure la loi en tant qu’elle refuse cette même immunité pour les actes humanitaires consistant dans un transport accessoire au séjour irrégulier des personnes.

Cette décision revient ainsi à condamner la politique d’intimidation et de répression des aidants solidaires que subissent quotidiennement à Calais, à la Roya ou dans le briançonnais celles et ceux qui apportent leur aide désintéressée aux personnes migrantes.

Mais le combat est loin d’être terminé : le législateur doit maintenant se remettre à l ‘ouvrage, et c’est bien le sens de l’effet différé que le Conseil constitutionnel a donné à l’abrogation partielle de la loi. Et alors que le projet de loi sur l’asile et immigration est en débat, les amendements adoptés à l’Assemblée ne suffiront pas à mettre la loi française en conformité avec ces nouvelles exigences constitutionnelles.

Tant que subsistera un texte d’incrimination générale qui pénalise les personnes ayant aidé, sans contrepartie manifestement disproportionnée, des exilé·e·s et qui impose aux aidant·e·s de prouver leur but humanitaire pour invoquer l’immunité, la solidarité ne sera pas véritablement une liberté fondamentale. Nos organisations le rappellent : la solidarité n’a pas besoin d’être exemptée.

Surtout, à l’heure où les frontières tuent et où seule l’action des aidant·e·s protège les migrant·e·s de ce destin intolérable, le législateur doit affirmer que le principe de fraternité ne s’arrête pas aux frontières et dépénaliser l’acte fraternel consistant, pour des motifs humanitaires, à aider des personnes à gagner le territoire national. C’est à cette seule condition qu’il pourra véritablement être affirmé que la fraternité est un principe à valeur constitutionnelle qui prime sur l’objectif à valeur constitutionnelle de sauvegarde de l’ordre public, non seulement juridiquement, mais bien concrètement, quand il s’agit de sauver des vies.

Les organisations qui se sont constituées intervenantes volontaires:

La Cimade, le Collectif National Droits de l’Homme Romeurope, Emmaüs France, la Fédération des Associations de Solidarité avec Tou-te-s les Immigré-e-s (FASTI), la Fondation Abbé Pierre, le Groupe d’information et de soutien des immigrés (GISTI), la Cabane Juridique / Legal Shelter, Médecins du Monde, Médecins sans frontières, le Syndicat des avocats de France (SAF), Terre d’Errance (62), le Syndicat de la Magistrature (SM).

Lire la décision du Conseil constitutionnel n° 2018-717/718 QPC du 6 juillet 2018.

 

Les politiques migratoires tuent!

Liste de 34361 personnes exilées mortes en raison des politiques migratoires européennes.

L’association UNITED a dressé la liste de 34361 personnes mortes aux frontières de l’Europe depuis 1993. Il ne s’agit que des décès qui ont été documentés. Le nombre de morts est bien plus important. La frontière tue!

Une carte interactive se trouve ici.

Voici la liste:

Libération // Ces migrant.e.s pris dans une jungle mentale

A Grande-Synthe, Médecins du monde mène un programme dédié aux troubles psychiques des exilés, tel le stress post-traumatique, qui les handicapent dans leur parcours d’intégration.

Etendus sur l’herbe, des garçons lézardent au soleil. Autour d’eux, des hommes et une poignée de familles discutent, pêchent dans le lac, fument des cigarettes. C’est une journée habituelle, entre attente et survie, à la réserve naturelle du Puythouck de Grande-Synthe, qui borde la voie rapide et un bois, où quelques centaines de migrants vivotent avant de réussir à passer en Angleterre. Sur le parking, les associations humanitaires s’activent en un ballet bien réglé : ici, une organisation britannique distribue des vêtements, là, un camion permet aux migrants de recharger leur téléphone portable, seul lien avec leurs proches. Plus tard dans l’après-midi, d’autres viendront distribuer des repas. Dans un coin, l’équipe de Médecins du monde (MDM) a installé sa clinique mobile et monté des tables où sont disposés des jeux de société, des crayons, et des livres. Sarad, un Kurde de 27 ans venu de Kirkouk (Irak), a pris place sous l’auvent : «J’étais venu pour me faire soigner la main, mais je suis resté jouer. La vie est dure ici, il n’y a nulle part où se rassembler, on se sent seul.» A ses côtés, Khan, un Afghan de 28 ans, opine : «C’est bien de pouvoir passer du temps ici, à jouer à des jeux. Je ne parle pas assez bien anglais pour raconter ma vie et mes émotions, mais j’aimerais bien.» Créer du lien dans un moment de grande solitude, offrir son oreille : c’est le but de ce programme monté par Médecins du monde, qui a lieu deux jours par semaine dans le coin de Grande-Synthe et Dunkerque et deux jours à Calais. «On n’est pas sur du thérapeutique, de la pathologie, mais sur du psychosocial. L’objectif est de partager un vécu, même a minima. MDM les aide à développer leur capacité de résilience, les accompagne, les écoute… Souvent ça suffit», résume Chloé Lorieux, infirmière en psychiatrie et responsable locale de l’organisation.

Cette première écoute, l’air de rien, au-dessus d’un verre de thé et en montant une tour en Kapla, permet à des migrants en errance, éloignés des dispositifs classiques de soin, d’«éviter le basculement vers des troubles, des problèmes qui deviennent chroniques», explique encore Chloé Lorieux. Si les associations ont d’abord paré au plus urgent, en distribuant des repas, des duvets ou en prodiguant des soins somatiques, «à partir de 2015, les questions de santé mentale, de stress post-traumatique et d’addiction ont pris plus d’importance», observe-t-elle. Indépendamment de leur statut administratif, les migrants peuvent se rendre dans l’une des 430 permanences d’accès aux soins des hôpitaux, lesquelles travaillent avec des centres médico-psychologiques. Encore faut-il qu’ils aient connaissance de ce dispositif.

Reprendre pied

«La santé mentale des exilés est un sujet invisible mais qui est matriciel : il va affecter tout le parcours de la personne, sa capacité à faire valoir ses droits, à s’intégrer», insiste Me Antoine Ricard, président du Centre Primo-Levi, qui soigne les victimes de torture et de violence politique. Dans son rapport l’intégration remis en février, le député LREM Aurélien Taché pointait «l’importance d’un accès effectif à la santé, notamment à travers la prise en charge du stress post-traumatique», mais aucune mention n’en était finalement faite dans le projet de loi asile et immigration. Le ministère de la Santé, en revanche, a demandé aux agences régionales de santé (ARS) d’intégrer la question de l’accès à la santé pour les migrants dans leurs programmes de prévention et de soins pour la période 2018-2022. L’ARS d’Ile-de-France planifie par exemple «d’intégrer la pratique de la détection de la souffrance psychique aux pratiques des professionnels de santé non spécialisés en santé mentale». Mais pour l’heure, la première écoute et le repérage des exilés qui ont besoin d’un suivi plus important repose sur les épaules des associations.

Retour à Grande-Synthe. Tandis que Chloé Lorieux file écouter en privé, à sa demande, un migrant, Reza trie des cartes et apprend un tour à Pascale, une infirmière anesthésiste bénévole. Une dizaine de personnes se rassemblent autour d’eux. «Quand tu montreras ce tour à quelqu’un, tu diras bien que tu l’as appris d’un Iranien !» lance Reza à Pascale, qui observe : «Avant, je voyais les Anglais faire ça, proposer des jeux, je trouvais ça un peu condescendant. Mais en fait ça les détend beaucoup. Là, Reza me montre une compétence, ça le réhumanise. En plus je suis vraiment nulle aux cartes, ça tombe bien !»

Les conditions de vie, extrêmement précaires, dans les «jungles» du Nord ou les campements d’Ile-de-France, n’aident pas les migrants à reprendre pied. En mars, un réfugié soudanais, Karim, est ainsi mort dans la rue, dans le XVIIIe arrondissement de Paris, victime de souffrances psychiques qui l’avaient entraîné vers l’alcoolisme. «On a des personnes qui ont été exposées à la violence dans leur pays, dont le parcours a fait des témoins d’autres violences, qui, arrivées en Europe, ont été victimes de brutalités par les autorités, la police ou par d’autres exilés. Les destructions de tentes, ça veut dire qu’il n’y a pas de répit, pas d’intimité. Ça maintient les gens dans un état de stress, avec des maltraitances policières relativement fréquentes. Cela engendre des troubles du sommeil, un manque d’énergie, ce qui est une souffrance normale compte tenu de leur situation, détaille Chloé Lorieux. D’autres développent des comportements à risque, des addictions. Souvent l’alcool est une béquille pour des gens qui n’en consommaient pas avant.» Même lorsqu’ils ne sont pas à la rue, comme Mahmoud, un quadragénaire afghan logé dans un hôtel non loin, la douleur peut être forte : «Je ne me repose jamais, je vois tout en noir. Dans mes rêves, j’entends des coups de pistolet, je suis effrayé. Ça n’arrête pas de tourner dans ma tête.»

Si la majorité des personnes qui passent par la clinique mobile présentent une souffrance «importante mais normale», selon l’infirmière, celles aux troubles plus importants sont redirigées vers des dispositifs classiques. Brice Benazouz, coordinateur général chez Médecins du monde, observe : «Il faut faire attention à ne pas ouvrir des portes quand on ne pourra pas faire le suivi. Un syndrome post-traumatique, c’est des années de suivi. On fait de la première écoute : soit c’est bien fait, soit ça peut être contre-productif.»

«Besoins élémentaires»

Une étude du Comité pour la santé des exilés (Comede), publiée en septembre, montrait que 16,6 % des exilés reçus en Ile-de-France ces dix dernières années présentaient des troubles psychiques graves. Le chiffre montait à 23,5 % chez les femmes. Chez les adolescents, le chiffre pourrait être plus élevé : jusqu’à 40 % des mineurs non accompagnés reçus en consultation à Paris sont finalement orientés vers un soutien psychologique, selon le docteur Daniel Bréhier, psychiatre et chef de mission chez MDM.

Dans son bureau de l’hôpital Avicenne, à Bobigny (Seine-Saint-Denis), l’ethnologue et psychologue clinicienne Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky (lire ci-dessus) reçoit ces patients traumatisés. Dans la Voix de ceux qui crient, elle raconte comment elle travaille avec ses patients, en moyenne pendant deux ans, à la réappropriation de leur histoire. Comment aussi, le processus de demande d’asile est parfois compliqué par les troubles psychiques : «Il n’y en a pas un sur deux qui est capable de passer un entretien comme le voudrait l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), avec une histoire cohérente, où on se repère dans le temps, dans l’espace, où on peut réexpliquer son histoire en lien avec le contexte politique, explique-t-elle. Parfois ils sont tellement happés par la violence qu’ils parlent du sergent X alors qu’il faudrait parler du lieutenant Y, ils ont reconstruit le récit et ils vont vous raconter un truc aberrant, mais pas faux.»

Déjà en 2009, la maîtresse de conférence en sociologie Estelle d’Halluin-Mabillot, chercheure au Centre nantais de sociologie, écrivait dans un article de la revue Hommes & migrations : «La reconnaissance de la souffrance psychique des réfugiés et des demandeurs d’asile se heurte à celle des politiques restrictives en matière d’immigration et d’asile. […] Tout en œuvrant à combler les besoins élémentaires de leur existence, ils doivent, pour obtenir le statut de réfugié, travailler à convaincre les représentants de l’Etat français du bien-fondé de leur demande, raconter en détail leur histoire, exposer la matière intime de leur existence, préciser les menaces, les violences et les souffrances endurées.» Depuis 2013, l’Ofpra sensibilise à ce sujet son personnel, et permet aux exilés suivis par un praticien d’en être accompagné lors de leurs démarches. Il n’empêche, regrette Chloé Lorieux, «avant c’était des gens en bonne santé. Avec le parcours migratoire et les conditions de non-accueil en France, ils repartent plus mal qu’ils ne sont arrivés». Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky abonde : «Au lieu de traiter et préparer une intégration, on en fait des populations vulnérables, qui à un moment vont s’écrouler, et, sans cynisme, ça coûte très cher. Ces personnes auront aussi du mal à travailler, donc elles ne seront pas une « valeur ajoutée » pour la société, les réseaux radicaux c’est là qu’ils iront pêcher. C’est complètement irréaliste de ne pas vouloir réfléchir à cela.»

Accueil de la Marche à Lille

COMITE DES SANS-PAPIERS 59 – CSP59 – 42, Rue Bernos, 59000 – tél : 06.80.57.50.61 – Mel : csp59@wanadoo.frhttp://leblogducsp59.over-blog.com

ACCUEILLONS NOMBREUX

LA MARCHE DE SOLIDARITE AVEC LES MIGRANTS/REFUGIES/EXILES/SANS PAPIERS

14h00 PORTE d’ARRAS

La Marche Solidaire Citoyenne pour les migrants de Vintimille à Calais aura parcouru 1 400 km pour « protester contre le blocage des frontières, contre le délit de solidarité et plaider pour un accueil véritable de migrants » et « pour montrer que le peuple français est bien différent de son gouvernement, que pour lui les valeurs de solidarité et de fraternité ne sont pas des mots vains ».

Au cours des 22 ans le CSP59 confirme la grande différence qu’il y a entre l’Etat Français et les populations laborieuses du pays. L’un fait des lois racistes et des politiques de persécutions et le peuple lui fait vivre la devise de la Révolution de 1789/93 « liberté, égalité, fraternité ».

L’Etat français sous la houlette de Macron/Collomb propage le mensonge qui veut que « migrants, réfugiés, exilés, sans papiers, c’est pas la même chose ». Il impose une différence fausse et hypocrite entre « réfugiés politiques et économiques ».

Le CSP59 affirme clairement que :

  • chassés par les guerres, par des dictatures, par la destruction de l’environnement ou par la misère, c’est la même chose. Migrants, réfugiés, exilés, sans papiers, c’est exactement la même réalité d’humains persécutés et fuyant la mort due à la faim, à la guerre, à la répression et aux calamités écologiques.

  • – victimes du racisme d’Etat français, la clandestinité imposée en fait des travailleurs de l’économie souterraine esclaves modernes à la merci des patrons qui fraudent les impôts.

  • les migrants/réfugies/exilés, tous Sans Papiers sont des MAMOUDOU GASSAMA au-delà de l’aspect spectaculaire de la noblesse de son assistance humanitaire à enfant en péril.

  • l’Etat Macron/Collomb par sa loi xénophobe condamne à trois mois de prison dans des centres de détention pour défaut de papiers des humains, des familles et y compris des enfants et des nourrissons.

  • les « dublinés » sont la patate chaude que les différents pays se renvoient, ce qui a préparé le refus du pouvoir fascisant italien que l’Aquarius accoste dans un port du pays.

  • c’est par de telles politiques que les précédents gouvernements libéraux xénophobes d’Italie ont préparé l’arrivée au pouvoir des fascistes de la Ligue du Nord qui viennent d’annoncer le « recensement des Rroms pour expulser ceux et celles qui ne sont pas italiens ».

MIGRANTS/REFUGIES/EXILES : TOUS SANS PAPIERS !

REGULARISEZ !

Le programme d’accueil de la marche du samedi 30 juin est : «  – 11h30 : rendez-vous des associations à Gare de Seclin  avec les marcheurs – 15h00 : rendez-vous à Place de la Republique, prise de parole des organisateurs et l’Auberge des migrants – 15h30 : départ de la Marche, accompagnée de la fanfare jusqu’à Gare de Lille Flandres – 18h00: rendez-vous à la Bourse du Travail de Fives (254 Boulevard de lUsine, 59800 Lille Fives) – Table ronde, prise de parole des associations – 19h00 : départ autour du thème « pour une nouvelle politique du commun » avec Toni Negri et Alain Brossat (Philosphes), Jacques-Henri Michot (écrivain), et Nicolas Klotz (Cinéaste) – 20h30 : Cantine à Prix Libre, Musique et projection du film « En Direction Obstinée et Contraire » Un portrait du chanteur et poète libertaire Fabrizio de André (Sous-titré) ».

le programme du dimanche 1er juillet que nous avons reçu du Collectif « La Marche Solidaire Citoyenne pour les migrants, partie de Vintimille à Calais » : « Dimanche Premier Juillet : À partir de 11h30 : Auberge Espagnole au Jardin Vauban (1 Boulevard Vauban) – Animations familiales, Stands des associations, Théâtre, Musique et Slack-Line. 18h30 Pot de L’Amitié Au bar Des Sarrasins à Wazemmes. Avec la présence de ABEJ Solidarité, L’Auberge des Migrants, Lille La Cimade, Cercle du Silence, Collectif des Sans Papiers 59, France Insoumise, Mrap Lille, Nouvelle Jungle, Orchestre de Dernière minute, Sud Santé Sociaux, Utopia56 ».

LE CSP59PARTICIPERA DONC A L’ACCUEIL DE LA MARCHE :

  • Le samedi dès 11h, 30 Sans Papiers marcheront de la Gare de Seclin à Lille et l’ensemble des Sans Papiers participeront à la manifestation jusqu’à la Bourse du Travail ;

  • Les Sans Papiers du CSP59 se joindront aux activités du Jardin Vauban le dimanche 1er juillet.

Tentative de discussion à Calais…

http://www.nordlittoral.fr/89149/article/2018-06-13/les-esprits-s-echauffent-la-reunion-publique-sur-l-avenir-du-bois-chico-mendes

Les esprits s’échauffent à la réunion publique sur l’avenir du bois Chico Mendès

Mardi soir, on parlait de l’avenir du bois Chico Mendes à la salle Gauguin Matisse. Et les esprits se sont peu à peu échauffés entre les riverains, la maire et l’auberge des migrants.

Par Nord Littoral |

A l’issue de la réunion, les membres de l’Auberge et certains riverains ont discuté sans beaucoup s’entendre…

Qui aurait cru que ce modeste bois de cinq hectares, en bordure de l’A16, pouvait susciter autant de passions?

Un bois aimé de tous

Pour les plus anciens habitants du Beau-Marais, le bois Chico Mendès est la dernière relique du temps où le quartier méritait son nom : « Moi, j’habite ici depuis 1962, je vous ai tous vu arriver !, s’exclame le référent du quartier. A l’époque, il y avait des bois partout au Beau-Marais. Aujourd’hui il ne reste plus que celui-là… » Un autre habitant, arrivé lui en 1972, serappelle d’un espace durable, écologique avant l’heure: « Du temps de Jean-Jacques Barthe, on en parlait déjà. On voulait que ça reste le plus naturel possible: protéger la précieuse mare, et mettre des grand peupliers pour étouffer le bruit de l’A16… »

« On voulait que ça reste

le plus naturel possible : protéger la précieuse mare, mettre des peupliers »

Des éducatrices soulignent que pendant des années, se sont les élèves, notamment de l’école Mouchotte voisine, qui y faisaient des sorties et ont même mis en terre quelques plantes… D’autres parlent de la faune qui peuple la mare, des tritons et salamandres… Et puis, il y a les membres de l’Auberge des migrants, qui parlent de ceux qui vivent aujourd’hui dans le bois, et qu’ils viennent chaque jour ou presque alimenter en nourriture et vêtements : les migrants.

Les « infiltrés »

En constatant qu’une bonne dizaine de membres des associations d’aide aux migrants sont venus assister à la réunion publique, Natacha Bouchart fait au début bonne figure : « C’est la population riveraine qui a été invitée en priorité ici ce soir. Il y a dans cette salle des gens qui n’ont rien à voir avec le quartier… Mais c’est une réunion publique, je leur souhaite la bienvenue. »

La première polémique ne vient pas d’ailleurs pas du tout des associations. Natacha Bouchart présente rapidement son projet pour le bois Chico Mendès: en faire une sorte de parc Curie, mais sur quatre fois plus d’espace vu la taille du bois. On y retrouverait des aménagements comparables: cheminements, jardin partagé, bancs, jeux, tables de pique-nique, terrain multi-sport…

Une éducatrice de la Spirale trouve que ce dernier équipement est superflu: « Des terrains de multi-sport, il y en a plein dans le quartier : Matisse, Marinot… Il suffirait de les réhabiliter, d’autant que les jeunes ont déjà leurs habitudes là-bas… » Sur le détail des équipements, la maire se veut rassurante: on n’en n’est qu’au début de la réflexion, tout est censé être encore négociable… Alors les plus nostalgiques des habitants remettent en cause le fondement même du projet: pourquoi transformer le « bois » en « parc » ? La nuance peut paraître fine, mais il y a une différence de taille: un bois est libre d’accès et sans frontières physiques, un parc est entouré d’une enceinte fermée… et est soumis à des horaires d’ouverture. Or, Natacha Bouchart annonce que cet aménagement-là n’est pas négociable: la clôture qui va enserrer le bois Chico Mendès est du même modèle que celle qui entoure le parc Curie, elle est déjà commandée et doit être installée dans le courant du mois de juillet… « Nous y voilà », semblent se dire les militants associatifs, qui, jusqu’ici, ne se passionnaient pas spécialement pour la taille des bancs prévus ou l’intensité de l’éclairage public…

Hors sujet, vraiment?

La première militante est dans l’ironie bien calibrée: « Je ne suis pas une habitante du quartier, mais je vis à Calais. Il y a dans ce bois des gens qui sont aussi des personnes humaines. (…) Et c’est aussi leur présence qui permet de faire réaménager cet espace… » « C’est une interprétation un peu osée… », souffle un riverain du parc, et Natacha Bouchart nie fermement le lien de cause à effet: « On ne rénove pas la ville à cause des migrants, on le fait quartier par quartier. » Mais la Maire remercie l’intervenante, malgré leur désaccord, parce « qu’on est en démocratie ».

« C’est aussi la présence des migrants qui permet de faire réaménager cet espace… »

Pour le moment… Car les interventions de militant(e)s se succèdent pour dénoncer la clôture du bois, et la Maire finit par couper court : « Je ne vais pas rentrer dans le débat ce soir. » Un vœu pieux qui ne tient pas longtemps, car elle reprend : « Ces personnes ont des solutions d’hébergement et de mise à l’abri qu’elles refusent. Elles choisissent d’être dans l’illégalité. Je suis là pour permettre à la population de se réapproprier l’espace, pas pour répondre aux associations! Je vous renvoie donc aux services de l’État et à la sous-préfecture! »

L’État, le grand absent

Mais le sous-préfet étant retenu ailleurs -ou ayant prudemment décliné l’invitation- ça vire vite au dialogue de sourds, faute d’interlocuteur… Surtout qu’une patrouille de police municipale est apparue comme par enchantement à la sortie de la salle Gauguin Matisse… Certains riverains interpellent d’ailleurs les membres de l’Auberge des Migrants : on entend un très lucide « Ca va finir en pugilat », l’incontournable « Vous n’avez qu’à les héberger chez vous », le lapidaire « Ils sont sales, ils sont sauvages » et le mélancolique « J’ai longtemps eu de la compassion pour eux mais ça fait trop longtemps que ça dure… »

Edouard Odièvre

Grande-Synthe : plus de 300 migrants conduits vers des centres d’accueil

https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/pas-calais/grande-synthe/grande-synthe-plus-300-migrants-conduits-centres-accueil-1492225.html

400 migrants avaient déjà été évacués d'un gymnase de Grande-Synthe le 24 mai 2018 / © MaxPPP
400 migrants avaient déjà été évacués d’un gymnase de Grande-Synthe le 24 mai 2018 / © MaxPP

Une opération de mise à l’abri des personnes migrantes s’est déroulée ce lundi matin à Grande-Synthe.  336 exilés, qui s’étaient installés aux abord de l’usine Air liquide, classée Seveso, sont emmenés vers des centres d’accueil de la région.

Par MS avec afp

L’opération a démarré vers 7h00 ce lundi matin. En tout, 336 personnes migrantes ont été invitées à monter dans des bus, direction les centres d’accueil et d’orientation (CAO) ou les centres d’accueil et d’examen des situations (CAES) de la région Hauts-de-France.

Trois semaines après l’évacuation du gymnase de Grande-Synthe qui avait concerné près de 400 migrants , cette nouvelle opération de mise à l’abri conduite par les autorités préfectorales s’est déroulée « dans le calme, sans incident« , selon Olivier Caremelle, directeur de cabinet du maire de Grande-Synthe.
« Une fausse évacuation humanitaire volontaire, comme à chaque fois« , nuance Claire Millot, bénévole de l’association Salam. « Ils étaient encerclés par les forces de l’ordre, des policiers en  faction tous les 5 mètres« .

Déboutés de l’asile en Allemagne

Les migrants s’étaient installés aux abords de l’usine Air Liquide, site classé Seveso. Ils sont principalement Kurdes irakiens, et viennent directement d’Allemagne, où ils ont été déboutés de l’asile. Des hommes seuls principalement.
« Ils arrivent au rythme de 10 à 15 chaque jour« , indique Olivier Caremelle. « Les filières sont très organisées, très maîtrisées. » Grande-Synthe, à 40 km à l’Est de Calais, continue d’être une étape sur la route de l’Angleterre, dernier espoir des candidats à l’exil en Europe.

Les hommes isolés ont été conduits vers les centres de Villeneuve d’Ascq, Bailleul, Armentières, Saint-André-lez-Lille, Douai ou Cuincy.
77 personnes en famille ont également été mises à l’abri et conduites vers Lille.

« Du gaspillage d’argent du contribuable« , pour la bénévole de Salam, qui prédit un retour des migrants dans les jours à venir. « Ils n’ont aucune chance de pouvoir demander l’asile en France (déboutés dans un autre pays d’Europe, les exilés doivent attendre six mois avant de pouvoir introduire une nouvelle demande, NDLR). Ils vont donc revenir. Leur but, c’est l’Angleterre« , résume-t-elle, fataliste.

Les évacuations de migrants par les autorités sont relativement fréquentes dans cette ville jouxtant Dunkerque.
Outre celle d’un gymnase le 24 mai dernier, plus de 500 personnes avaient déjà fait l’objet d’un transfert vers des installations dédiées en septembre.

Grande-Synthe, 22.000 habitants, avait été touchée par l’arrivée de migrants à l’été 2015 dans le sillage de la création de la « Jungle » de Calais.

Début 2016, Damien Carême, le maire, avait ouvert, contre l’avis de l’État, le camp humanitaire de la Linière, fait de petits chalets en bois, qui avait été détruit par un incendie un an après son installation