Communiqué de presse, 20.07.2018 // 10 associations saisissent une nouvelle fois le juge en défense des droits fondamentaux des exilé.e.s présents à Calais

Depuis l’expulsion du bidonville de Calais en octobre 2016, plusieurs centaines de personnes exilées sont présentes sur la commune de Calais et aux alentours.

Ces hommes, femmes et enfants, bloqué.e.s à la frontière franco-britannique, subissent quotidiennement des opérations de destruction de leur lieu de vie qui ont pour but de lutter contre ce que les autorités appellent des « points de fixation ».

Pourtant, malgré tout, ces personnes sont là, comme depuis le milieu des années 90. Elles sont là, à la frontière, qui, seule, est ce fameux point de fixation.

Les conditions de vie de ces personnes que les autorités ne veulent pas voir, sont de plus en plus dégradées. Leurs besoins fondamentaux ne sont pas couverts.


Face à cette situation, des associations et des citoyen.ne.s, apportent un soutien quotidien aux personnes exilées. Elles fournissent des vêtements, des tentes, des sacs de couchage, des bâches, tout ce qui peut permettre de passer la nuit à l’abri du vent, de la pluie, du froid ou de la chaleur. Elles fournissent de la nourriture, en complément des distributions étatiques mises en place en mars 2018. Elles fournissent des soins primaires et orientent les personnes vers les dispositifs de soin existants. Elles fournissent de l’information sur les droits en France. Elles fournissent de l’eau et des moyens d’accéder à un minimum d’hygiène.


Elles fournissent de l’eau, alors que le Tribunal administratif de Lille puis le Conseil d’État avaient, respectivement les 26 juin et 31 juillet 2017, enjoint à l’autorité préfectorale et à la commune de Calais de créer plusieurs points d’eau accessibles permettant aux exilés sans abris de boire, de se laver et de laver leurs vêtements, et d’installer des latrines.

Si des points d’eau, des latrines et un dispositif de douches ont été tardivement installés, ils sont loin d’être suffisants et les modalités d’accès à ces dispositifs en réduisent l’effectivité.

Depuis des mois, les associations ne cessent d’indiquer, lors de rencontres avec le Préfet du Pas-de-Calais et le Sous-préfet de Calais, l’impérieuse nécessité d’augmenter les capacité de ce dispositif en augmentant le nombre de points d’eau et les horaires d’ouverture, et en facilitant les modalités d’accès aux dispositifs de douche par exemple. Malgré quelques modifications à la marge, l’ensemble du dispositif reste sous-dimensionné, et incapable de répondre à l’urgence.

Ce sont donc une nouvelle fois, les associations, bénévoles et militants, qui tentent de pallier les carences de l’État.

Elles apportent de l’eau, énormément d’eau. Elle fournissent des bidons ou des bouteilles pour que les personnes éloignées de plusieurs centaines de mètres et pour certaines près de deux kilomètres des points d’eau, puissent stocker de l’eau. Elles lavent des vêtements…

Malgré cela, elles constatent que la situation, depuis plusieurs mois, est critique. L’absence de prise en compte des besoins fondamentaux des personnes a des conséquences graves : la soif, le manque d’hygiène notamment, en plus de l’insécurité matérielle dans laquelle elles se trouvent, ont des répercussions sur la santé des personnes exilées.

Face à l’urgence, 10 associations ont donc pris la décision de saisir le juge des référé du Tribunal administratif de Lille afin qu’il enjoigne à l’administration de prendre diverses mesures en vue d’assurer l’accès effectif des personnes sans-abris présentes à Calais à des points d’eau, des douches et différents équipements sanitaires.

Parallèlement à cette action urgente, les associations ont également interpellé le Préfet du Pas-de-Calais, en lui rappelant ce qu’elles ne cessent de dire depuis des années : il est indispensable de permettre à toutes les personnes présentes à Calais d’accéder à leur droit fondamentaux. Pour cela, elles demandent la fin immédiate des expulsions et la mise en place rapide de dispositifs d’hébergement à Calais et à proximité. Ces lieux doivent être des espaces de répit, où les personnes accèdent à l’ensemble des droits fondamentaux et à de l’information complète et impartiale. Des lieux de prise en charge effective pour les mineurs non accompagnés doivent également être mis en place.

Nous continuerons à utiliser les moyens en notre possession pour qu’enfin les droits fondamentaux des personnes exilées soient respectés.

Les associations requérantes dans le cadre du référé-liberté

Care4Calais

Gynécologie sans frontières

Help Refugees

L’Auberge des migrants

La Cabane juridique / Legal Shelter

La Cimade

Refugee Women’s Center

Salam Nord/Pas-de-Calais

Secours catholique Caritas France

Utopia 56