Message de la Cimade: Signez l’initiative citoyenne européenne!

Une initiative citoyenne européenne (ICE) vient d’être lancée pour demander aux institutions européennes de prendre en compte la voix de toutes celles et ceux qui souhaitent accueillir davantage en Europe et ainsi donner à voir les mobilisations et solidarités qui existent partout en Europe.

Nous avons jusqu’à février 2019 pour récolter 1 million de signatures dans toute l’Europe.

Des dizaines d’organisations de la société civile sont actuellement mobilisées dans 15 pays différents pour récolter le maximum de signatures ! En France, nous visons 300 000 signatures ! Aidez-nous à les récolter !

 

Comment ?

En signant la pétition sur le site de La Cimade : https://www.lacimade.org/nos-valeurs-sont-menacees-demandons-une-europe-accueillante/

En diffusant largement cette pétition dans vos réseaux, auprès de vos collègues, ami·e·s et proches et en en parlant autour de vous lors d’évènements publics.

En partageant la pétition, les visuels et contenus de l’ICE sur les réseaux sociaux ( Facebook et twitter)

C’est une campagne de longue haleine, alors n’oublions pas de partager cette pétition pour montrer que l’Europe, ce sont aussi des millions de citoyens et citoyennes qui veulent plus d’accueil, d’ouverture et de justice !

 

Nous sommes une Europe accueillante : laissez-nous agir !

Nous voulons que la Commission européenne :

Solidarité

Mette fin au « délit de solidarité » qui permet à certains gouvernements de punir les citoyens, citoyennes et les organisations de la société civile qui apportent de l’aide aux personnes migrantes.
Nous voulons que la Commission Européenne modifie la directive définissant l’aide à l’entrée, au transit et au séjour irréguliers pour empêcher les États membres de punir les citoyens et citoyennes solidaires.

Jutice

Garantisse des moyens et des règles plus efficaces pour défendre toutes les victimes de l’exploitation par le travail et de la criminalité en Europe, ainsi que toutes les personnes victimes de violations des droits humains à nos frontières.
Nous voulons que la Commission Européenne renforce les mécanismes de plainte présents dans le règlement relatif au corps européen de garde-frontières et de garde-côtes et les directives européennes concernant le travail.

Protection

Soutienne les citoyens et citoyennes qui souhaitent offrir un foyer sûr et une nouvelle vie à des personnes réfugiées.
Nous voulons que la Commission Européenne offre un soutien direct aux groupes locaux venant en aide aux personnes réfugiées qui se voient délivrer un visa national.

Qu’est-ce qu’une Initiative Citoyenne (ICE) ?

Une Initiative Citoyenne Européenne (ICE) est le meilleur instrument de démocratie participative à l’échelle européenne. L’objectif est de recueillir un million de signatures sur papier ou en ligne en un an et dans au moins sept États membres. Une fois ces exigences réunies, les organisateurs sont invités à présenter leur initiative lors d’une audition publique organisée au Parlement européen ainsi la Commission est obligée de répondre aux propositions de l’ICE.

Qui peut signer une ICE ?

Pour pouvoir participer à une Initiative Citoyenne Européenne, vous devez être citoyen européen (citoyen d’un état membre de l’UE) et avoir l’âge requis pour voter aux élections européennes (soit 18 ans à l’exception de l’Autriche où l’âge légal de vote est 16 ans).

Pour en savoir plus quant à votre éligibilité à signer cette pétition, rendez-vous sur le site de la Commission européenne.

Pourquoi demandez-vous autant d’informations personnelles ?

Une initiative citoyenne européenne est un instrument juridique formel qui exige de respecter certaines règles.

Pour qu’une signature soit prise en compte, les informations demandées par les États membres de l’UE peuvent varier.

Qu’allez-vous faire avec mes informations ?

Nous les cryptons et les stockons temporairement sur un serveur sécurisé en Allemagne. Une fois que nous aurons collecté assez de signatures, nous remettrons ces informations aux États membres de l’UE pour des vérifications officielles.

Nous ne pouvons utiliser ces informations pour d’autres usages que l’Initiative Citoyenne Européenne à laquelle elles sont liées. Elles seront détruites à la fin de l’ICE. Notre serveur est certifiée en matière de sécurité des données.

 

Streetpress // Le burn out des bénévoles

Welcome

Le burn-out des « super-héros » bénévoles mobilisés auprès des exilés

https://www.streetpress.com/sujet/1528120260-burn-out-benevoles-mobilises-exiles?amp&__twitter_impression=true

« Tu es retenue par une espèce d’addiction à l’adrénaline »

Refugees | Contre enquête | par Quentin Guillon | 7 Juin 2018

Blues passagers, petits bobos, et burn-out… Il n’y a pas que les exilés qui pâtissent de la crise migratoire. Sur les camps de réfugiés, la déprime guette les bénévoles.

Le froid et le vent glacial enveloppent Paris en ce mois de novembre. Il est 11 heures bien tassées. Tout sourire, Amandine distribue avec d’autres bénévoles thé, café et pains au chocolat au plus de 150 exilés présents ce matin-là. Quand StreetPress a rencontré la jeune femme de 30 ans, elle donnait de son temps à l’association Utopia 56, à Porte de la Chapelle à Paris. Amandine a été particulièrement affectée par la condition des exilés en France, dans son propre pays :

« La culpabilité est encore plus forte quand le soir, une fois rentrée bien au chaud, on imagine les migrants dehors sous la pluie à quelques arrêts de métro de chez soi… »

Depuis, la jeune femme est partie à Kharmen au Yémen, où elle est volontaire pour sa quatrième mission avec Médecins Sans Frontières en tant que personnel soignant. A des milliers de kilomètres de Paris, elle analyse :

« Le retour à la maison après une mission est heureux un court instant, mais la vie semble tellement fade ! Tous les sujets de conversation semblent futiles. Le dernier film sorti, les soldes, le nouveau canapé de tatie Chantal, etc. J’en avais même du mépris. »

Des scènes de l’hôpital ou du camp de réfugiés, des enfants malnutris, des blessés par balle tournent en boucle dans sa tête :

« C’est clairement quelques semaines de déprime. »

Amandine n’est pas la seule à souffrir de la situation ambigüe des bénévoles qui viennent en aide aux migrants. Mal à l’aise par rapport à leur propre confort, « happés » par les liens noués avec certains exilés ainsi que par l’immensité du travail à accomplir… les bénévoles pâtissent aussi de la crise migratoire. Blues passager, burn-out, StreetPress a rencontré ces super-héros de l’asile pour raconter leurs petits et gros bobos.

Malaise en allant à une réunion

Le burn-out, c’est ce qui est arrivé à Marianne Humbersot. Urgentiste avec MSF en Ukraine et en Afrique lors de l’épidémie Ebola, elle devient fin 2015 coordinatrice de l’Appel de Calais, un collectif qui a ouvert une permanence juridique en plein cœur de la « jungle », surnommée la Cabane. La tâche est énorme : trouver des moyens logistiques, financiers et humains, développer des relations avec les associations partenaires et, évidemment, venir en aide aux exilés sur le plan juridique. « C’est un engagement bénévole dans lequel tu mets corps et âme », commente Marianne.

La tension s’accroît avec l’incendie à deux reprises de la Cabane, les démantèlements successifs, les menaces de mort, les violences policières envers les exilés à documenter. « On est câblés pour supporter des stress, mais quand ça s’accumule, le cerveau, l’organisme ne peut plus absorber », décrypte la psychologue Géraldine Kahn, qui a travaillé avec l’ONG Résonances humanitaires pendant six ans.

Le 4 mars 2016, Marianne s’évanouit de fatigue en voiture à 9 heures du matin, alors qu’elle se rend à une réunion. Elle s’en sort sans dommage physique. Elle prend conscience de la situation mais ne tient pas pour autant compte de l’alerte :

« En tant que cheffe de mission, tu ne peux pas tout dire à ton équipe sur ta santé. Il faut que tu leur donnes de l’énergie, que tu les entraînes positivement ».

Dodo au boulot

Victor n’a pas connu un tel signe annonciateur. En avril 2017, il met ses études entre parenthèses et devient bénévole pour Utopia 56. En juillet, le jeune homme de 24 ans est embauché six mois en tant que service civique. Avec Maël, 21 ans, qui a suivi le même parcours, ils deviennent potes et font le même job. Rapidement passés en équipe de nuit, leur rôle est d’aiguiller les couples et les mineurs exilés sortis du camp de la Chapelle vers des hébergeurs citoyens. Puis de partir en maraude.

Quand ils rentrent au milieu de la nuit, il n’est pas rare que les deux compères dorment au local de l’association, situé porte de la Chapelle, ce qui n’aide pas à couper. « A force, les exilés sont devenus des potes. Si je suis en soirée et qu’il y en a un qui m’appelle, je ne vais pas lui dire : bah non, ce n’est pas sur mon temps de travail, je ne m’en occupe pas », explique Maël tout en montrant sur son portable, les multiples conversations Whatsapp ou Messenger :

« Il n’y a pas vraiment de « frontière » entre vie privée et vie à Porte de la Chapelle. »

Lorsqu’elle n’était pas sur le terrain à Paris, Amandine raconte aussi qu’elle ne pensait qu’aux exilés. À Calais, Marianne était surnommée « Miss téléphone ».

La chute

Entre les CRS qui les harcèlent, la fatigue, le déménagement du local Utopia 56 à gérer, Victor cède. « Ça faisait une paire de semaines qu’on hébergeait une famille du Kosovo, avec une petite fille de 10 mois qui avait été malade. Ce soir-là, il y avait zéro solution et la famille avait dû dormir à l’arrière du camion. » Le lendemain, il envoie sa lettre de démission, avant de se raviser deux jours plus tard. Il est finalement de retour après dix jours de vacances chez lui dans les Vosges.

De son côté, Marianne réussit en juin 2015 à trouver un remplaçant. La présidente de l’Appel de Calais rentre souffler chez elle en Dordogne. A l’issue de ses deux semaines de vacances, ses potes constatent son épuisement et lui interdisent de retourner à Calais. Elle y reviendra uniquement pour annoncer son départ.

Comme un boomerang, le burn-out se manifeste les mois qui suivent. Un médecin lui diagnostique également une encéphalomyélite myalgique, une maladie neuronale avec une baisse du système immunitaire. Devenue allergique aux écrans, Marianne décrit sa torpeur : « Tu te chopes tout. Je faisais bronchite sur bronchite, et surtout tu dors 22 heures sur 24. Pour aller faire les courses, il fallait que je fasse une sieste pendant le trajet de trente minutes en voiture. Tu n’as plus d’énergie, tu fonctionnes au ralenti ».

Elle retrouve une vie normale à la toute fin de l’année 2017, un an et demi après avoir quitté Calais. Sébastien a été bénévole sur une plus brève période : deux semaines en mai dernier sur le camp de Chios en Grèce. Il lui faut de longues semaines avant que cessent les cauchemars, nés de scènes vécues sur place. Après une gorgée de thé, Sébastien choisit posément ses mots :

« Je me souviens très bien d’un Camerounais, qui était gravement malade. Il disait que s’il ne se faisait pas opérer dans un pays occidental, on ne pourrait pas le sauver. Il attendait et chaque jour qui passait était un pas de plus vers la mort. »

Narcissisme

Blues, dépression ? Sébastien ne le sait pas trop. Comme d’autres, il refuse de consulter un psychologue. « C’est comme les pompiers, les policiers, etc. On ne va pas voir les psys car on est des durs. C’est con mais c’est ancré », glisse Géraldine Kahn, grandes lunettes rondes posées sur le nez. La psychologue était intervenue en octobre à Utopia 56 pour une petite formation sur les problématiques de stress. Les bénévoles avaient par la suite la possibilité de la rencontrer individuellement. Mais elle n’a pas reçu de demande. « Le sentiment de se sentir utile est très fort, on a l’impression d’avoir un réel impact sur une population en souffrance », explique Amandine, qui enchaîne un peu plus tard :

« Tu ne guéris que quand tu repars sur le terrain. »

« Il y a un petit côté narcissique : d’un coup, tu fais quelque chose de bien, plein de gens t’apprécient », abonde Sébastien, écharpe rouge grenat autour du coup :

« Cela participe du fait que c’est difficile de rentrer, car tu reviens dans quelque chose de moins exceptionnel, plus normal. »

Marianne renchérit :

« Tu es retenue par une espèce d’addiction à l’adrénaline, à tout ça. On est un peu des super-héros quelque part. Tu te dis qu’il faut que tu fasses quelque chose. »

Géraldine Kahn explique l’impérieuse nécessité de conserver un lien avec sa famille et ses amis pendant son activité de bénévole, même si ceux-ci ne comprennent pas :

« Je leur dis toujours : une fois que vous êtes grillés, bah vous ne servez plus à rien. Vous faîtes chier les autres car vous êtes insupportables, agressifs ou hypersensibles. Il faut juste se reposer. A terme, on se bousille la santé. »

Maël reconnaît de son côté quelques périodes de démotivation. « Si je me suis déjà cramé ? Non, pas encore » sourit-il. « J’espère que ça ne va pas m’arriver, mais je sais que personne n’est à l’abri ».

Communiqué commun: Ouvrez les guichets!

Communiqué de presse – 5 juin 2018
La Cimade, le Gisti, LDH, SAF

Ouvrez les guichets !
Les associations et syndicats se mobilisent pour défendre l’accès aux préfectures des personnes étrangères

Ce mardi 5 juin et les jours qui suivent, dans plusieurs grandes villes notamment Strasbourg, Grenoble, Toulouse ou Lyon, les associations d’aide aux personnes étrangères, dont La Cimade, le Gisti et la Ligue des droits de l’Homme, et le Syndicat des Avocats de France, se rassemblent devant les préfectures pour exiger la réouverture des guichets aux personnes devant demander un titre de séjour.

Le manque de moyens dédiés à l’accueil des personnes étrangères, et plus largement à l’accueil des usagers et usagères du service public, n’est pas nouveau : nos associations dénoncent de longue date les files d’attentes interminables et parfois nocturnes, les délais démesurés pour accéder aux démarches, l’arbitraire des pratiques des préfectures envers leurs usager·e·s, notamment étranger·e·s.

Mais depuis plusieurs années désormais, la prise de rendez-vous obligatoire par Internet s’est ajoutée, dans toujours plus de préfectures, à la liste déjà longue des difficultés à surmonter pour demander ou renouveler un titre de séjour, ou parfois demander l’accès à la nationalité française. En effet, certaines préfectures ne proposent qu’un accès dématérialisé à leur service, sans aucune modalité alternative. Or, comme l’a encore souligné le 9 mai 2018 le Défenseur des droits, tou·te·s les administré·e·s ne peuvent pas utiliser internet. Et de plus, pénalisant l’intégralité des usagers et usagères, les sites saturés ne proposent quasiment jamais aucun rendez-vous.

Certaines statistiques issues du sondage des sites préfectoraux que réalisait toutes les heures par le robot informatique de La Cimade, bloqué depuis le 15 mai dernier par le ministère de l’Intérieur, sont catastrophiques :
– A Bobigny, Créteil ou Colmar, il est quasiment impossible pour les travailleurs et travailleuses sans papiers ou pour les personnes en France depuis plus de dix ans, notamment, de solliciter leur admission exceptionnelle au séjour. A Montpellier, il faut se connecter à minuit pile le dimanche pour espérer obtenir un des trente rendez-vous proposés chaque semaine pour une première demande de titre de séjour !
– A Perpignan, Rennes ou Grenoble, des rendez-vous pour demander un premier titre de séjour sont accordés sur envoi d’un mail, ce qui laisse toute la latitude aux exigences préfectorales abusives, comme fréquemment des scans de passeports n’ayant pas à être demandés, et permet des refus opaques de la part de l’administration. Les délais pour le rendez-vous peuvent atteindre plusieurs mois.
– Et à Lyon, La Rochelle, Melun, Douai ou Toulouse, les rendez-vous sont octroyés dans des délais si longs que les personnes en situation régulière perdent leurs droits avant de parvenir au guichet ; exposées à une perte d’emploi et de droits sociaux, elles sont aussi soumises à un risque d’arrestation.

Cette situation ne peut plus durer : la dématérialisation, qui pourrait dans de bonnes conditions représenter une avancée pour les administré·e·s, est trop souvent une barrière pour les personnes étrangères. Alors que le projet de loi Asile et Immigration, en cours d’examen, expose ces personnes à de graves reculs de droits, nos associations exigent l’attribution de moyens supplémentaires à leur accueil en préfecture, le maintien de modalités alternatives pour l’accès aux démarches conformément aux préconisations de la CNIL, et des délais raisonnables d’accès au service public.

Ci-après : graphiques statistiques sur l’accès des personnes étrangères aux rendez-vous par Internet, issus du robot aguichetsfermes.lacimade.org

 

Contacts presse :
La Cimade – Rafael Flichman : +33 1 44 18 72 62 / +33 6 42 15 77 14 / rafael.flichman@lacimade.org
Ligue des droits de l’Homme : 01 56 55 51 08 / 01 56 55 51 15 / communication@ldh-france.org
Syndicat des Avocats de France – Laurence Roques : 01 42 82 01 26 / saforg@orange.fr

Communiqué de soutien aux associations hongroises

1er juin 2018

 

Soutenons les associations hongroises de défense des droits de l’Homme et des personnes étrangères, soutenons la démocratie en Europe

 

La victoire du Fidesz et de son leader, Viktor Orban, aux élections législatives hongroises du mois d’avril 2018, ouvre une nouvelle page noire pour les associations hongroises. Les menaces dont elles font l’objet de la part du gouvernement depuis plusieurs mois et la publication dans un journal proche du Premier ministre d’une liste de 200 militants et membres d’associations qualifiés de « mercenaires de Soros » ont pour objectif de créer un climat de peur et de faire taire les associations. L’adoption annoncée d’une loi intitulée « Stop Soros » vise plus particulièrement, dans sa version dévoilée le 29 mai, les associations de défense des personnes migrantes et réfugiées. Elle introduit des sanctions pénales, allant jusqu’à des peines d’emprisonnement, pour « aide à l’immigration illégale ». Seront ainsi pénalisées des activités telles qu’aider une personne à déposer une demande d’asile, distribuer des supports d’information sur la procédure d’asile ou d’organiser des réseaux (y compris d’avocats spécialisés). Cette loi, qui s’inscrit dans la continuité d’une première législation de juin 2017, constitue une attaque sans précédent dans l’Union européenne contre la liberté d’association, le pluralisme et la liberté d’expression.

 

Les associations françaises sont extrêmement préoccupées pour l’avenir de leurs collègues hongrois du Comité Helsinki de Hongrie, d’Amnesty International et des autres organisations non gouvernementales qui œuvrent sur le terrain pour la défense des droits de l’Homme et de la démocratie. Elles souhaitent exprimer leur soutien et leur solidarité avec les associations hongroises dont elles connaissent, à travers les nombreux réseaux européens, l’engagement et le professionnalisme. Ces associations mènent un travail de terrain quotidien pour soutenir les personnes étrangères en Hongrie et aux frontières, alors que plusieurs lois répressives ont été adoptées, permettant les refoulements vers la Serbie et la détention automatique des demandeurs d’asile.

 

S’attaquer à la liberté d’association, c’est s’attaquer à un des fondements de l’Europe. Les associations sont des acteurs majeurs de la démocratie. Elles sont garantes du respect des droits de l’homme, du pluralisme et de la citoyenneté. Lors de son discours devant le Parlement européen le 17 avril 2018, le président de la République française a rappelé son engagement pour la démocratie et contre les populismes. Cependant, aucune parole forte de la France n’est venue condamner les attaques contre les associations hongroises, alors que des pays comme les États-Unis, le Canada et la Suède leur ont exprimé leur soutien.

 

Par conséquent, les associations françaises demandent aux autorités françaises de donner tout son sens au discours du président de la République en utilisant les moyens à sa disposition pour condamner la politique du gouvernement Orban et apporter un soutien aux associations hongroises. Parmi ces moyens, figurent le soutien à la proposition de la Commission européenne de lier, dans la programmation financière 2021-2027, l’octroi des crédits européens à une conditionnalité liée au respect de l’état de droit, mais aussi l’activation des dispositions du Traité sur le Fonctionnement de l’Union européenne sanctionnant la violation de l’état de droit. En effet, on ne peut pas appartenir à une union politique et bénéficier de la solidarité financière de ses membres sans partager et respecter pleinement l’état de droit, les droits de l’Homme et la démocratie.

 

 

SIGNATAIRES :

 

Thierry Le Roy, Président et Pierre Henry, Directeur général – France terre d’asile

Malik Salemkour, Président – Ligue des Droits de l’Homme

Geneviève Jacques, Présidente et Jean-Claude Mas, Secrétaire général – la Cimade

Dominique Sopo, Président – SOS Racisme

Marc Noailly, Président et  Jean-François Ploquin, Directeur général – Forum réfugiés-Cosi

Patrick Baudoin et Michel Tubiana, Présidents d’honneur – FIDH

Emmanuel Blanchard, Président – Migreurop

 

 

CONTACT PRESSE :

 

FRANCE TERRE D’ASILE

Danya BOUKRY

dboukry@france-terre-asile.org

01 53 04 39 93

Soutien à la Marche citoyenne et solidaire pour les migrant.e.s

Action collective

Marche Citoyenne et Solidaire pour les migrant⋅e⋅s
Du 30 avril au 7 juillet 2018, de Vintimille à Calais

Cette Marche Citoyenne et Solidaire de Vintimille à Calais, initiée par l’Auberge des migrants (Calais) et Roya citoyenne (Alpes maritimes), dénonce le blocage des frontières, le délit de solidarité et exige une politique d’accueil de personnes migrantes digne de ce nom.

Au moment où a lieu au Parlement le débat sur le projet de loi « asile / immigration » qui va à l’encontre de ces objectifs, il est plus que jamais nécessaire de soutenir les marcheurs et marcheuses. Nous vous appelons à rejoindre leur mouvement.

Le Gisti


Nous marchons pour l’accueil des migrants, contre le « délit de solidarité », contre le blocage de la frontière franco-italienne et de la frontière franco-britannique.

LAISSEZ LES PASSER !

Nous demandons la liberté de circulation et d’établissement des migrants en Europe et en France : pas de blocage des frontières à l’intérieur de l’Europe, notamment entre la France et l’Italie, entre la Grande-Bretagne et la France ; pour les migrants, liberté de choix du pays dont ils veulent demander la protection.

ACCUEILLONS LES !

Nous sommes solidaires avec les migrants : nous demandons l’ouverture de centres d’accueil inconditionnel, la fin du « délit de solidarité » et des autres entraves au travail des citoyens et des organisations d’aide aux migrants.

Réactions sur le rapport de l’auberge des migrants dénonçant les expulsions forcées

Calais : l’Auberge des Migrants alerte sur les expulsions et les destructions d’abris, en hausse

Par Quentin Vasseur Publié le 06/06/2018 à 15:16

L’association « L’auberge des migrants », parmi les plus actives à Calais, a publié un nouveau rapport ce mercredi 6 juin sur les opérations menées par la police contre les abris des migrants.

Les bénévoles y dénoncent « les opérations de confiscation et les opérations de destruction » en s’appuyant sur les observations et enregistrements de bénévoles et d’humanitaires. Des opérations qui, ajoute le rapport, « se sont grandement intensifiées depuis le 31 mars ».


« Quasiment tout le matériel utilisé par les habitants pour s’abriter, dormir, se nourrir, boire, se réchauffer, se soigner est confisqué » au cours des opérations de confiscation, détaille le rapport. L’association ajoute que les demandes des réfugiés pour récupérer leurs biens « sont refusées par les officiers«  ou ne portent « que sur une partie de leurs effets ».

Médecins du Monde et l’équipe Hospital Run ont constaté que les éléments de soins sont confisqués

Quant aux opérations de destruction, elles auraient lieu la nuit, « souvent pendant que les exilés dorment ». Les forces de l’ordre, selon les témoignages recueillis par les bénévoles, « détruisent leurs effets personnels en utilisant objets coupants, matraques et gaz CS. »

Toujours selon l’association, « Médecins du Monde et l’équipe Hospital Run ont constaté que les éléments de soins sont confisqués« .

36 expulsions à moins de 5°C

L’Auberge des migrants compte en sept mois 142 interventions de ces deux types, sous le nom d’expulsions forcée

Le rapport s’attarde également sur les conditions climatiques dans lesquelles se sont déroulées ces opérations : « entre octobre 2017 et avril 2018, plus de 36 expulsions forcées se sont produites alors que les températures descendaient entre 0 et 5°C. »

Au moins 10 expulsions ont été faites alors qu’il y a eu plus de 10 mm de pluie sur la journée

« Entre octobre 2017 et avril 2018, plus de 36 expulsions forcées se sont produits alors que les températures descendaient entre 0 et 5°C. Encore plus grave, des exilés se sont vus privés d’abri à 5 reprises alors que les températures étaient en dessous de 0°C. (…) Au moins 10 expulsions ont été faites alors qu’il y a eu plus de 10 mm de pluie sur la journée » ajoutent les bénévoles, s’appuyant sur les données de la station boulonnaise de Météo France.

L’association appelle par ailleurs à la création d’une commission d’enquête parlementaire sur les traitements subis par les exilés à Calais. La semaine dernière, une militante accusait les CRS de confisquer les chaussures des migrants lors de contrôles.

L’Auberge des migrants publie un rapport sur les expulsions forcées et lance une pétition

L’Auberge des Migrants lance une pétition contre les expulsions forcées à Calais

https://www.change.org/p/minist%C3%A8re-de-l-int%C3%A9rieur-plus-de-140-expulsions-forc%C3%A9es-%C3%A0-calais-cela-doit-cesser-shelternow?recruiter=477616338&utm_source=share_petition&utm_medium=copylink&utm_campaign=share_petition

Plus de 140 expulsions forcées à Calais : cela doit cesser. #ShelterNow

Les expulsions forcées à Calais se sont grandement intensifiées depuis le 31 mars. Les exilés sont expulsés de leur abri, et se font confisquer tente, couverture et matériel. Nous constatons également des opérations de destruction, où les forces de l’ordre pénètrent dans les lieux de vie pour détruire les effets personnels en utilisant objets coupants, matraques et gaz lacrymogène.

Nous venons de publier un rapport accompagné de données sur ces opérations, qui pointe du doigt plusieurs atteintes aux droits fondamentaux et les conséquences de ces expulsions.

Entre octobre 2017 et avril 2018, nous avons observé plus de 140 expulsions forcées.

Les exilés n’ont pas de recours juridique effectif, et reçoivent peu ou pas de solution d’hébergement, même dans des conditions météos difficiles. Cela a des conséquences graves sur leur santé mentale et physique, l’accès aux soins, à l’aide alimentaire ou matérielle.

Ces conséquences sont accrues pour les personnes vulnérables, notamment les mineurs non accompagnés.

Nous faisons face aujourd’hui à Calais à une politique volontaire de dégradations des conditions de vie, afin de décourager les exilés à s’installer dans une région spécifique. Utiliser les conditions de vie comme moyen de dissuasion est injustifiable, quand bien même il y aurait une base juridique ou administrative pour ces opérations.

La lutte contre la formation de bidonville ne peut se résumer à des opérations d’expulsion de terrain : il faut surtout que des solutions d’accueil et administratives soient proposées à ces gens.

C’est pourquoi nous appelons aujourd’hui le ministère de l’Intérieur à mettre fin à ces expulsions. Nous appelons également l’Assemblée nationale à lancer une commission d’enquête parlementaire sur les traitements que subissent les exilés à Calais.

Pour soutenir ces recommandations, signez notre pétition !

 

Manifeste des Assemblées Locales réunies pour la 1ère session plénière des États Généraux des Migrations

États généraux des Migrations

États Généraux des Migrations : déclaration historique pour une politique migratoire alternative

La première assemblée plénière des États Généraux des Migrations s’est tenue les 26-27 mai à Montreuil. Les centaines de participant.e.s ont adopté une déclaration inédite, fruit de la consultation de dizaines de milliers de citoyens, afin de proposer « un socle commun pour une politique migratoire respectueuse des droits fondamentaux et de la dignité des personnes ».

Plus de 500 personnes, représentant les quelques 106 assemblées locales présentes dans 76 départements, ont assisté deux jours durant à la première session nationale des États Généraux des Migrations qui se tenait dans la grande salle des fêtes de la mairie de Montreuil.

Cette rencontre est l’aboutissement d’un processus de concertation citoyenne ayant réuni environ 10 000 personnes, citoyen.ne.s français.e.s et exilé.e.s, lancé en novembre 2017 par 450 associations et collectifs citoyens de solidarité avec les personnes étrangères, lassés de ne pas être entendus par les pouvoirs publics dans la définition de la politique migratoire. Huit mois durant, ces assemblées locales ont travaillé afin de rédiger des cahiers de doléances visant à lister les situations inacceptables, ainsi qu’à collecter des propositions pour un accueil digne des personnes étrangères.

Ces propositions ont servi de base à une déclaration historique, le « Manifeste des Assemblées locales des États Généraux des Migrations pour une politique migratoire respectueuse des droits fondamentaux et de la dignité des personnes », débattue et adoptée durant cette première assemblée plénière. Ce manifeste comporte une quarantaine de propositions concrètes, véritable socle politique pour répondre à la « crise des politiques migratoires ». Dans son préambule, le manifeste rappelle « la situation humanitaire déplorable dans laquelle sont laissées nombre de personnes étrangères sur le territoire français ou à ses frontières » et les nombreuses condamnations de la France pour ses « entorses au droit international et aux conventions internationales ratifiées ». Le manifeste proclame notamment « un respect du droit d’asile effectif, qui ne soit plus prétexte à une logique de tri » et « une égalité des droits entre Français· e·s et étranger·ère·s présent·e·s sur le territoire ». Le règlement Dublin, la rétention des étrangers, et les expulsions sont aussi dénoncés.

Cette assemblée plénière marque la première grande réussite des États Généraux des Migrations, processus qui ne cesse de s’élargir et regroupe aujourd’hui plus de 1 600 organisations locales et nationales. Les participant.e.s ont décidé de poursuivre ce processus collectif pour résister aux discours xénophobes qui gangrènent la politique française et alimentent le racisme. Mais également pour aller plus loin dans la construction d’une politique migratoire alternative et créer un mouvement d’opinion. Toutes ces associations et collectifs sont aussi mobilisés pour dénoncer le projet de loi Asile et Immigration qui sera prochainement débattu au Sénat, loi qui constitue l’antithèse répressive et dégradante du Manifeste des États Généraux des Migrations.

Lien vers le texte du Manifeste : https://eg-migrations.org/Manifeste-des-Assemblees-Locales-reunies-pour-la-1ere-session-pleniere-des

Le 28 mai 2018

Manifeste des Assemblées Locales réunies pour la 1ère session plénière des États Généraux des Migrations [1]
Socle commun pour une politique migratoire respectueuse des droits fondamentaux et de la dignité des personnes

Considérant :

  • la situation humanitaire déplorable dans laquelle sont laissées nombre de personnes étrangères sur le territoire français ou à ses frontières, privées de la satisfaction de leurs besoins fondamentaux ;
  • les difficultés rencontrées par les personnes étrangères pour faire reconnaître la légitimité de leurs parcours, leurs compétences et leurs droits ;
  • les conséquences désastreuses de politiques principalement répressives, fondées sur une application « minimaliste » du droit d’asile, les conditions drastiques pour la délivrance de titres de séjour, la criminalisation de l’entrée irrégulière sur le territoire, la traque, la rétention et l’expulsion de personnes dont la seule faute est de ne pas disposer des bons papiers au bon moment ;
  • les coûts humains et financiers exorbitants de ces politiques, que ne justifient ni la dangerosité fantasmée des personnes étrangères, ni les résultats attendus de la prétendue « fermeture des frontières », toujours démentie par les faits ;
  • les entorses au droit international et aux conventions internationales ratifiées par la France, et les condamnations qui ont été prononcées à son encontre par des juridictions européennes ou internationales ;
  • la militarisation croissante des frontières, la création de régimes d’exception dans les zones frontalières ainsi que dans certains territoires ultra-marins, et leurs conséquences meurtrières ;
  • l’absence de concertation avec les personnes étrangères et les acteurs de la société civile ainsi que l’absence d’évaluation des politiques mises en œuvre depuis des décennies ;
  • la mise en concurrence, à travers les discours et les décisions des pouvoirs publics, des personnes subissant toutes formes de précarité, étrangères ou non ;
  • la juste indignation, la mobilisation et la solidarité dont témoignent un nombre croissant de citoyen·ne·s partout sur le territoire ;
  • la remise en cause quasi systématique de la présomption de minorité, les lacunes de la prise en charge par l’ASE, la maltraitance et l’enfermement des mineur·e·s ;

Nous, citoyen·ne·s français·e·s et étranger·ère·s résidant en France, associations, collectifs et syndicats engagés à l’échelon local, national et international pour la défense des droits des personnes étrangères au sein des États Généraux des Migrations,

  • sommes réuni-e-s au sein de 106 assemblées locales en France métropolitaine et d’outre-mer pour poser, dans la déclaration qui suit, les bases d’un renversement du discours dominant sur la question des migrations ;
  • inscrivons la déclaration qui suit dans la continuité de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme ainsi que de tous les engagements internationaux de la France en matière de respect des droits des personnes ;
  • affirmons qu’il n’y a pas de « crise migratoire » mais une « crise des politiques migratoires » ;
  • appelons toutes et tous à nous rejoindre pour promouvoir une politique migratoire fondée sur les droits fondamentaux et régie par les principes suivants :

1. Un accueil digne des nouveaux arrivants

1-1 Création de dispositifs publics de premier accueil, à dimension humaine, répartis sur l’ensemble du territoire, où pourraient se rendre librement les personnes étrangères à leur arrivée sur le territoire ;

Principes de ces dispositifs :

1-2 Accueil inconditionnel ;

1-3 Prise en charge adaptée des personnes les plus vulnérables ;

1-4 Hébergement, obligation de mise à l’abri immédiate et prise en charge des moyens de subsistance ;

1-5 Information sur les possibilités offertes sur le territoire, sur les droits, sur les démarches à entreprendre, en tenant compte des projets de chacun·e.

2. Un respect du droit d’asile effectif, qui ne soit plus prétexte à une logique de tri

2-1 Nécessité de rendre effectif le droit des personnes menacées de persécution à une protection internationale, passant en particulier par :

2-2 L’arrêt des renvois des personnes vers le pays d’entrée dans l’Union Européenne ;

2-3 La suppression des procédures accélérées ;

2-4 L’abandon de la notion de pays d’origine sûrs ;

2-5 L’élargissement des critères ouvrant droit au statut de réfugié pour prendre en compte les causes très variées d’exil forcé ;

2-6 Le rejet de toute mesure qui prive les réfugié·e·s potentiel·le·s d’un examen équitable de leur demande et de possibilités effectives de contester un refus de l’Ofpra.

2-7 Le droit d’asile ne doit jamais être utilisé comme prétexte pour organiser une logique de tri, qui fait la distinction entre les personnes étrangères qui auraient « vocation à » venir s’installer en France et les autres, qualifiées de « migrants économiques » et considérées comme indésirables.

3. Vers une égalité des droits entre Français·e·s et étranger·ère·s présent·e·s sur le territoire

3-1 Respect effectif des droits fondamentaux, des textes internationaux ratifiés par la France via les mesures suivantes :

3-2 Respect du droit des mineur·e·s isolé·e·s aux dispositifs de la protection de l’enfance, sur la base de la présomption de minorité ; prise en compte de l’attention primordiale qui doit être accordée à l’intérêt supérieur de l’enfant, seul ou accompagné, dans toutes les décisions le concernant ;

3-3 Suppression des tests osseux pratiqués dans de la cadre de l’évaluation de la minorité pour déterminer si un.e jeune relève de la protection de l’enfance ;

3-4 Fin des contrôles au faciès ;

3-5 Fin de toutes les formes d’enfermement et d’assignation à résidence pour entrée ou séjour irréguliers ;

3-6 Droit à la régularisation pour les personnes résidant en France ;

3-7 Autorisation de travail pour toutes les personnes titulaires d’un titre autorisant au séjour (carte de séjour, attestation de demandeur d’asile, récépissé), et accordée dès la signature d’un contrat de travail et/ou le constat d’une relation de travail ;

3-8 Annulation des conditions spécifiques aux personnes de nationalité étrangère pour l’exercice d’un emploi ou la création d’une activité économique ;

3-9 Accès à la formation (apprentissage de la langue, scolarisation des enfants, études, formation professionnelle) ;

3-10 Élargissement de la reconnaissance de diplômes équivalents ;

3-11 Suppression des conditions limitant le droit au regroupement familial ;

3-12 Levée des barrières pour un accès, effectif et inconditionnel aux soins de santé (somatique et mentale) adossé sur le droit commun ;

3-13 Respect du principe d’égalité devant les services publics à tous les niveaux. Accès inconditionnel à un service d’interprétariat ;

4. Une reconnaissance des initiatives citoyennes dans l’accueil et le soutien aux personnes étrangères

4-1 Suppression effective du « délit de solidarité » et de toute mesure d’intimidation à l’encontre des personnes qui aident des étranger·ère·s de façon inconditionnelle et sans but lucratif ;

4-2 Reconnaissance et valorisation des initiatives solidaires comme des actions d’intérêt général ;

4-3 Reconnaissance et valorisation par les pouvoirs publics des manifestations de solidarité émanant de citoyen·ne·s ou de collectivités.

5. Modification des règles concernant l’accès au territoire français et des politiques européennes et internationales

Dans un souci de cohérence avec ce qui précède, il importe de réviser les règles d’accès au territoire français, fondées elles aussi sur une logique de tri, et de promouvoir ce changement au sein des instances européennes.

5-1 Abandon du règlement Dublin, droit des personnes étrangères au libre choix de leur pays de destination ;

5-2 Liberté d’entrée, de circulation et d’installation dans l’espace européen pour les personnes étrangères à l’Union européenne ;

5-3 Fin des mesures d’exception dans les espaces frontaliers de la métropole ainsi que dans les Collectivités et Territoires d’Outre-mer ;

5-4 Arrêt des politiques d’externalisation, de l’approche dite « hotspots » et de la multiplication de centres de tri sur les routes des migrant·e·s ;

5-5 Fin des expulsions, des bannissements, notamment par le biais d’IRTF (Interdiction de Retour sur le Territoire Français).

6. Conditions de réalisation et de mise en œuvre d’une telle politique alternative

6-1 Fin de la logique de discrimination et de suspicion généralisée envers les personnes étrangères, qui conduit à des drames, des violences, des souffrances, des humiliations et du harcèlement ;

6-2 Transfert des budgets engagés dans l’actuelle politique sécuritaire et répressive aux différents dispositifs d’accueil et d’accompagnement ;

6-3 Changement de gouvernance : la politique migratoire ne doit plus être confiée au seul ministère de l’Intérieur. Privilégier une approche interministérielle fondée sur le droit commun ;

6-4 Formation des personnels administratifs, fonctionnaires et travailleurs sociaux à la compréhension des questions migratoires, à l’interculturalité et à la logique de bienveillance ;

6-5 Fin de l’impunité des élu·e·s et représentant·e·s de l’État en cas de violations des droits imprescriptibles des personnes étrangères : systématisation des enquêtes des organisations de la société civile et pouvant être ordonnées par les tribunaux afin que soient sanctionnées les personnes responsables de ces manquements à leur mission, et protection des agents qui dénoncent ces violations ;

6-6 Mise en place de cadres de concertation et de coopération entre la société civile et les autorités (sans que cela conduise à pallier les carences de l’État) ;

6-7 Évaluation transparente et menée par des autorités indépendantes des politiques migratoires, avec un mécanisme qui engage les pouvoirs publics à tenir compte des recommandations.

[1Réuni.e.s pour une premières session plénière, 500 participant.e.s ont adopté ce premier texte, 8 mois après le lancement du processus des Etats Généraux des Migrations (106 assemblées locales, sur 76 départements, dont 3 ultra-marins).

GISTI sur l’expulsion des campements d’exilé.e.s à Paris

Communiqué

Évacuer dans le respect du droit : une imposture

Le ministère de l’intérieur informe avoir convoqué le préfet de Paris et celui d’Île-de-France pour « concevoir » l’évacuation « à bref délai » des campements d’exilés à Paris. Dans son communiqué du 23 mai, il prétend agir « face à l’ampleur » des camps, et vouloir « concili[er] les exigences de la mise à l’abri et de l’application du droit des étrangers ». D’après le ministre, évacuer les 2 300 personnes qui vivent dans des tentes sur les bords des canaux parisiens, c’est « remédier aux enjeux humanitaires qui ne sont plus supportables pour les Parisiens ».

Comment soutenir, une fois de plus, qu’évacuer des campements peut se faire dans le respect du droit – du droit à l’hébergement d’urgence et du droit des étrangers en général ? Si le ministre de l’intérieur connaissait vraiment les dossiers de son ressort, il n’ignorerait pas que la violation de ces droits – qu’il prétend vouloir préserver – a été sciemment orchestrée par les gouvernants successifs depuis près de vingt ans. Le droit à l’hébergement d’urgence, qui ne concerne pas que les personnes étrangères, est bafoué partout en France. S’agissant des personnes en demande d’asile, ce sont des dizaines de milliers de places qui manquent depuis des années pour les héberger, des milliers de places d’hébergement insalubres qui leur sont proposées, seulement pour quelques jours, avant qu’ils et elles soient contraint⋅e⋅s de regagner une tente ou un abri sous un porche. Aucune solution pérenne, même de premier accueil, n’a réussi à être « conçue » depuis 20 ans. En réalité, c’est la mise à la rue des étrangers qui parviennent jusqu’ici qui est organisée par l’État, en violation du droit.

Toujours en violation manifeste du droit, les exilé⋅e⋅s qui veulent demander l’asile n’ont même plus accès à la procédure ; partout en France, ils et elles font des queues littéralement interminables devant les préfectures ou passent des heures au téléphone ou devant un ordinateur dans l’espoir d’un rendez-vous hypothétique à l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii), première étape pour déposer leur demande. En attendant, ils et elles sont et restent des « migrants économiques » irréguliers, destinés à se retrouver en rétention lors de l’évacuation « légale » d’un campement. Ceux et celles dont les empreintes ont déjà été relevées ailleurs en Europe sont exclu⋅e⋅s du circuit de l’asile grâce à la machine infernale « Dublin ». C’est la case rétention qui leur est promise après l’évacuation de leur campement.

Prétendre vouloir soulager les Parisien⋅ne⋅s en recourant à la force publique pour déloger des exilé⋅e⋅s auxquelles on ferme par ailleurs toutes les portes, n’est pas supportable. Heureusement, nombreux sont les Parisien⋅ne⋅s qui partagent une autre vision politique et sensible de la situation des exilé⋅e⋅s encampé⋅e⋅s : bien différente de celle, désincarnée et brutale, d’une machine d’État qui cherche désespérément à exister en luttant contre l’immigration. Comme le ministère l’admet lui-même, les campements se reformeront, cette 35e évacuation ne servira à rien. Sauf peut-être à conforter les habitant⋅e⋅s de Paris et d’ailleurs dans leur conviction d’être gouverné⋅e⋅s par des imposteurs…


Le 28 mai 2018

Pétition de la Cimade

La Cimade lance une pétition « Faisons respecter le droit d ‘asile : sortons de l’enfer du système Dublin »

Vous pouvez la signer via le lien : http://agir.lacimade.org/dublin

Cette pétition intervient dans une période où le nombre de personnes Dublinées a fortement augmenté ces dernières années en France et où des négociations sont actuellement en cours à l’échelle européenne pour réformer le règlement Dublin.

Dans ce contexte, La Cimade a créé un groupe de travail dont les échanges ont abouti à une position de l’association sur le sujet.

De nombreuses personnes exilées, des collectifs locaux, des associations locales et nationales sont mobilisé·e·s contre ce système injuste et violent partout en France. C’est également le cas de partenaires dans d’autres pays européens. Ensemble, faisons monter la pression pour redire l’urgence de changer de cap !

A relayer largement dans vos réseaux !