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Libération // Migrant.e.s en Libye : huit ONG trainent la France au tribunal

Par Pierre Alonso et Kim Hullot-Guiot — 24 avril 2019 à 20:46

Dans le centre de détention d’Abou Slim à Tripoli, en 2017. Photo Guillaume Binet. Myop

Plusieurs organisations de défense des droits humains s’associent pour déposer ce jeudi des recours en justice contre la livraison de six bateaux par le ministère des Armées aux gardes-côtes libyens.

  •  Migrants en Libye : huit ONG traînent la France au tribunal

La France complice des exactions commises en Libye contre les exilés ? Amnesty International, Médecin sans frontières et six autres ONG estiment en avoir la preuve, fournie par le ministère des Armées français lui-même. Le 21 février dernier, la porte-parole du ministère annonçait la livraison prochaine de six embarcations à la Libye. La décision avait été actée quelques jours plus tôt, lors d’une rencontre entre Florence Parly et Faïez el-Sarraj, le chef du gouvernement d’union nationale, en marge de la conférence de Munich sur la sécurité. Ces embarcations doivent aider Tripoli à lutter contre l’immigration illégale, avait alors indiqué l’exécutif français.

Huit ONG déposent ce jeudi devant le tribunal administratif de Paris des recours pour s’opposer à ces livraisons destinées aux gardes-côtes libyens. «Aller en justice est un acte important car il permet à la fois de demander au gouvernement de justifier cette livraison de bateaux et d’en demander la suspension», argumente Lola Schulmann, chargée de plaidoyer sur la question des réfugiés à Amnesty.

En Libye, où les migrants interceptés sont reconduits, les mauvais traitements sont généralisés dans les centres de rétention officiels et clandestins, rappellent les ONG (lire ci-contre). Une source gouvernementale assurait mercredi que «l’accord [était] conclu avec la marine, qui lutte contre tous types de trafics, pas avec les gardes-côtes».

Absence de solidarité

Aucun n’a encore été transféré. Les deux premiers le seront en juin, gratuitement comme les quatre autres. Le ministère les a acquis auprès du fabricant, l’entreprise Sillinger, qui équipe aussi des forces spéciales. Il s’agirait de modèles 1200 Rafale, des bateaux de presque 12 mètres, très rapides, pouvant embarquer jusqu’à 25 personnes. Selon les informations données par Sillinger sur son site internet, des supports pour mitrailleuses à l’avant et à l’arrière sont disponibles en option. Ce qui inquiète les ONG. «Si la France avait voulu donner des bateaux pour faire du sauvetage en mer, elle aurait fourni d’autres types de bateaux. Sur le site de Sillinger, on voit bien qu’il y a des bateaux spéciaux pour le sauvetage en mer», remarque Lola Schulmann.

«Ces bateaux sont les symboles de l’externalisation des frontières européennes», poursuit-elle. Si les responsables politiques réfutent le terme, les navires cédés à la Libye semblent effectivement en être une énième étape. En 2016, un accord controversé entre l’Union européenne et Ankara a été conclu dans le but de renvoyer vers la Turquie les migrants foulant les îles grecques. La Turquie étant alors considérée comme un «pays tiers sûr» et pouvait traiter de ce fait les demandes d’asile selon des standards jugés acceptables par l’UE.

Un an plus tard, Rome a signé un accord migratoire directement avec Tripoli afin de limiter les arrivées sur son sol, en échange d’un soutien financier et technique. Que l’Italie soit le premier pays européen à avoir conclu un tel contrat avec la Libye n’a rien de surprenant. L’absence de solidarité entre Etats membres sur le dossier migratoire – caractérisée par le règlement Dublin II selon lequel le pays responsable de l’instruction d’une demande d’asile est le premier Etat européen dans lequel la personne cherchant une protection a laissé ses empreintes – a laissé la Botte en première ligne.

Le 6 août 2018, sur fond de fermeture des ports siciliens aux navires humanitaires, le Parlement italien, dominé par l’extrême droite et les populistes, a ainsi voté la cession de 10 Zodiac et de 2 navires aux Libyens, à des fins de lutte contre l’immigration clandestine. Un mois plus tôt, le 28 juin, l’Union européenne avait reconnu Tripoli responsable des opérations de secours en mer entre ses côtes et celles du sud de l’Europe, qui relevaient jusque-là des Italiens. Et tant pis si selon un rapport de 2016 de Frontex, l’agence officielle européenne de gardes-côtes et gardes-frontières, donc peu soupçonnable de militantisme, «des membres des autorités locales de Libye sont impliqués dans des activités de contrebande». Le document faisait également état de témoignages selon lesquels certains passeurs portaient des uniformes libyens, rappelle Politico. Un rapport de l’ONU datant de décembre va dans le même sens.

«La France ne peut pas appuyer les gardes-côtes libyens sans garantie sur le traitement des personnes», critique Lionel Crusoé, l’avocat qui porte les recours des ONG. Il rappelle que l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme oblige les signataires à ne pas exposer, même indirectement, des personnes à des traitements inhumains ou dégradants. Les organisations invoquent aussi le droit d’asile à l’appui de leur requête : en fournissant du matériel aux gardes-côtes libyens, la France rend possible le refoulement des exilés, sans même qu’ils aient pu déposer leur demande d’asile. La Libye n’étant en outre pas signataire de la convention de Genève, elle n’est «pas du tout en capacité d’accueillir des personnes en recherche de protection», selon Lola Schulmann .

Effroi

Il y a enfin la question de l’embargo sur les armes à destination de la Libye. Instauré en 2011 par le Conseil de sécurité de l’ONU, il n’a pas été levé depuis. Il existe bien des dérogations, notamment pour le «matériel militaire non létal destiné exclusivement à un usage humanitaire ou de protection», mais pour les huit organisations, la lutte contre l’immigration illégale n’entre pas dans ce cadre. Elles rappellent que l’UE a aussi décrété en 2015 un embargo sur la Libye prohibant tout transfert des «équipements susceptibles d’être utilisés à des fins de répression interne». Pour Aymeric Elluin, d’Amnesty, c’est ici le cas : «Les personnes interceptées en mer sont ensuite envoyées dans les centres de détention où ils font l’objet de répression».

«La France fournit une aide directe pour que ceux qui tentent de fuir l’enfer libyen ne puissent pas atteindre l’Europe. Quand les gardes-côtes interceptent des bateaux, c’est parfois violent, avec des coups de feu, des menaces…» déplore Lola Schulmann. En mars, des migrants secourus en Méditerranée par un pétrolier ravitailleur ont tenté de le détourner pour ne surtout pas débarquer en Libye. Le bateau a finalement été escorté par la marine maltaise jusqu’à La Valette, mais l’affaire illustre bien l’effroi que provoque la perspective du retour en Libye. D’autant que «la situation y est catastrophique, juge Lola Schulmann. E n ce moment, 3 000 migrants sont piégés dans des centres de détention situés à proximité des lieux de conflit». En déplacement en Libye début avril, le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, s’est dit «choqué par le niveau de souffrance, et surtout par le niveau de désespoir» qu’il a observé dans un centre de détention pour réfugiés et migrants à Tripoli.

Pierre Alonso Kim Hullot-Guiot

Europe 1 // Calais : migrant.e.s et militant.e.s associatifs manifestent contre les « politiques répressives »

17h43, le 31 mars 2019
Les manifestants brandissaient des drapeaux arc-en-ciel, symboles de paix, ou des banderoles « Welcome réfugiés ». © AFP

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Ils répondaient à l’invitation du collectif « Appel d’air », créé il y a un mois suite au démantèlement de l’un des derniers campements de migrants du Calaisis.

Quelque 150 militants associatifs et migrants se sont rassemblés dimanche à Calais pour dénoncer « le durcissement de la politique répressive », la « maltraitance institutionnelle » et les « violences policières » dont sont « victimes », selon eux, les demandeurs d’asile, a constaté un journaliste de l’AFP.

Une quarantaine de migrants. Brandissant des drapeaux arc-en-ciel, symboles de paix, ou des banderoles « Welcome réfugiés », les manifestants ont rejoint à 14 heures la place d’Armes, à Calais et pris la parole tour à tour, dans le calme. Parmi eux, se trouvaient une quarantaine de migrants notamment érythréens, éthiopiens ou iraniens. Tous répondaient à l’invitation du collectif « Appel d’air », créé il y a un mois suite au démantèlement de l’un des derniers campements de migrants du Calaisis, dans la zone industrielle des Dunes.

« A Calais, la politique envers les personnes exilées s’est durcie depuis un mois, avec un harcèlement soutenu et des violences policières accrues, ainsi que des expulsions quotidiennes. Les communautés sont chassées (…) les tentes jetées à l’eau, saisies, détruites et les associations déplorent plusieurs blessés graves suite à ces opérations policières », avait dénoncé ce collectif dans son appel à manifester. Le collectif regrette aussi « le règlement Dublin III (texte décrié qui définit quel pays est responsable du traitement d’une demande d’asile ndlr) et son absurdité administrative, les aménagements urbains ‘antimigrants’, clôtures, murs et barbelés » installés autour de Calais et la « maltraitance institutionnelle et étatique », qui pousse, selon lui, les migrants à « se mettre toujours plus en danger pour passer la frontière ».

« Je continue de tenter de passer ». « Nous voulons montrer la violence » faite aux exilés, « nous qui sommes dublinés et aujourd’hui bloqués à Calais », sans possibilité de rejoindre le Royaume-Uni, a expliqué à l’AFP Sherifo, un Érythréen de 26 ans « bloqué » depuis sept mois à Calais après être passé par l’Italie. « Je ne veux pas tenter d’aller clandestinement en Angleterre en bateau, c’est trop cher et trop dangereux, je continue de tenter de passer en camion, mais sans succès », a-t-il dit. « Le Brexit ne nous empêchera pas de passer mais la frontière est devenue meurtrière et on veut que l’Europe nous accueille, nous donne des papiers et du travail », a aussi déclaré Abe, également Érythréen.

Début mars, « une centaine de personnes se sont organisées pour tenter le passage en Angleterre de façon collective à bord d’un ferry. Le 9 mars, une personne âgée de 20 ans est décédée dans un camion de marchandises », a aussi indiqué le collectif dans son communiqué.

observatoire de l’enfermement des étrangers

Mobilisations et révoltes dans les lieux d’enfermement des personnes étrangères

Malgré l’opacité de ces lieux, des informations circulent : articles dans la presse généraliste et alternative, témoignages de personnes retenues. On peut ainsi constater que le mal-être des personnes enfermées s’accroît, aggravé par l’allongement de la durée de la rétention, portée à 90 jours depuis le 1er janvier, et par des conditions de vie dégradées engendrant le désespoir : des tentatives de suicide sont rapportées. Les retenu·e·s se sentent traité.e.s comme des criminel·le·s et dénoncent la répression subie. Un mouvement de grève de la faim, entamé au centre de rétention de Vincennes, s’est répandu dans plusieurs CRA, mettant en évidence l’organisation d’une mise en réseau des personnes retenues, phénomène nouveau dans l’histoire des luttes qui secouent régulièrement ces lieux d’enfermement. La société civile soutient ces mouvements, notamment en les relayant. Les observatoires citoyens, les collectifs et les associations présent·e·s dans les centres de rétention administrative s’en font régulièrement l’écho sur les réseaux sociaux.

Depuis sa création, l’OEE (Observatoire de l’enfermement des étrangers) s’est donné pour objectif la dénonciation de la banalisation de l’enfermement et des violations des droits humains.

Pour faire connaître ces mobilisations et ainsi donner la parole aux premier·e·s concerné·e·s, l’OEE propose une rencontre le lundi 15 Avril 2019, à la bourse du travail, 29 boulevard du temple – 75011 Paris Grande salle métro République pour informer sur :

– les grèves en rétention :témoignage d’une retenue libérée

– l’organisation des luttes : un membre du collectif Chapelle Debout

– l’augmentation des tensions et des formes de violences dans les CRA (Cimade – David Rohi)

– les plaintes contre les violences policières

– les visites des parlementaires dans les CRA : Esther Benbassa, sénatrice

Evenement Facebook: https://www.facebook.com/events/439497933458418/

 http://observatoireenfermement.blogspot.com/

Appel à rassemblement – Dimanche 31 mars – Calais

Ci-dessous un appel à venir participer au rassemblement qui se tiendra ce dimanche 31 mars, 14h, Place d’Armes à Calais (rassemblement déclaré hier en mairie).

Ce rassemblement est organisé par le collectif Appel d’air, réunissant des personnes exilées de Calais et leurs soutiens. Il s’agit notamment pour les personnes exilées de reprendre leur droit à la parole et de dénoncer les différentes violences et discriminations subies. Toutes les informations sont dans le communiqué ci-dessous.

Vous êtes invité.e.s à venir soutenir en grand nombre cette action, et à faire circuler l’invitation dans vos réseaux.

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L’Appel d’air
Dimanche 31 mars, Place d’Armes à Calais.

Le collectif Appel d’air est un mouvement spontané des personnes exilées de Calais, habitant de plusieurs campements, et de leurs soutiens, qui veulent se réapproprier le droit à la parole.
Cette mobilisation a émergé suite à l’expulsion définitive de la zone industrielle des Dunes, c’est pourquoi le collectif lance aujourd’hui cet appel à soutien :

Citoyen.ne.s calaisien.ne.s, bénévoles associatifs, militant.e.s,
Depuis un mois maintenant, la politique envers les personnes exilées s’est durcie :
cela se traduit par un harcèlement soutenu et des violences policières accrues, ainsi que des expulsions quotidiennes des campements de toute la ville de Calais.
Une expulsion définitive du terrain occupé jusque là a eu le lieu le 12 mars, d’autres expulsions sont planifiées prochainement pour empêcher définitivement l’occupation de la zone industrielle des Dunes et de tout autre lieu de vie proche de Calais. Les communautés en sont désormais chassées, victimes jour et nuit du harcèlement des policier.e.s. Les tentes sont jetées à l’eau, saisies, détruites et les associations déplorent plusieurs blessé.e.s graves suite à ces opérations policières.

Déjà très isolées, la situation aujourd’hui place les personnes dans une plus grande précarité encore.
Face à la maltraitance institutionnelle et étatique les personnes exilées sont obligées de se mettre toujours plus en danger pour passer la frontière.
Ainsi, le 2 mars au soir, une centaine de personnes se sont organisées pour tenter le passage en Angleterre de façon collective à bord d’un ferry.
Le 9 mars, une personne âgée de 20 ans est décédée dans un camion de marchandise.
Le 20 mars, une personne d’origine soudanaise a été déportée malgré le danger de mort auquel elle fera face dans son pays ; d’autres encourent le même sort au Centre de Rétention Administrative de Coquelles.

Face cette politique répressive, les personnes exilées de Calais se mobilisent :
Elles dénoncent le règlement Dublin III et son absurdité administrative devenue épidémique, condamnant les personnes à l’errance. Les personnes exilées souhaitent ouvrir un dialogue avec les gouvernements français et anglais afin de réclamer leur droit à la mobilité et à l’installation en Europe. Elles veulent que des solutions réelles et adaptées leur soient proposées.

Elles dénoncent les aménagements urbains « antimigrants » de la ville de Calais.
L’abondance de clôtures, de pierres, de barbelés et de murs, pensée pour empêcher les personnes de s’installer, les contraignants à survivre dans un environnement hostile, indigne et dangereux.

Elles dénoncent la discrimination, la stigmatisation et la criminalisation dont elles font l’objet. Le harcèlement et l’enfermement à répétitions fragilisent psychologiquement les personnes jusqu’à les faire sombrer dans la dépression.

Elles dénoncent les violences policières, verbales et physiques, ainsi que les humiliations incessantes qu’elles subissent.

Elles dénoncent la responsabilité de l’État face aux décès qui adviennent à la frontière.
L’état français doit arrêter de nier l’existence des personnes en portant assistance aux vivants et en rendant hommage aux morts.

C’est au vu de toutes ces revendications que nous vous proposons de vous joindre à nous, le dimanche 31 mars à 14h, sur la place d’armes de Calais.

Des expulsions vers le Soudan en 2019

Expulsions vers le Soudan, en Mars 2019

Gibril retenu au centre de rétention de Coquelles depuis le 26 février, (près de Calais, juste en face du terminal EuroTunnel) a été expulsé vers le Soudan, dont il est originaire. Il avait été transféré au CRA après avoir été arrêté pour un délit mineur un mois auparavant. Il a été contraint de se rendre à l’ambassade du Soudan pour être finalement déporté dans son pays d’origine, pays qu’il a fuit pour chercher la liberté et la sécurité.
Comme cela arrive souvent aux étrangers, en particulier (mais pas uniquement) à ceux qui sont sans papiers, quelle que soit la peine prononcée au procès pour le crime dont ils sont accusés, la France leur impose une interdiction de territoire justifiée par des risques à l’ordre public. Quitter la France, destination: Soudan. C’est le préfet du Pas-de-Calais, qui a pris l’Obligation de Quitter le Territoire à son encontre, à destination d’un pays tout sauf sûr.

A., un homme âgé du Soudan, a été arrêté alors qu’il tentait le passage pour rejoindre le Royaume-Uni. Il est également détenu au CRA de Coquelles au moment où nous écrivons. Comme Gibril, il a déjà été présenté à l’ambassade, qui, une fois qu’elle a reconnue la personne comme étant originaire du pays qu’elle représente, peut délivrer un laisser-passer permettant la déportation. Pour le moment, son avocate tente tous les recours possibles.

En ces jours de manifestations , de solidarité et de rage dans de nombreuses villes d’Europe pour dénoncer la répression du dictateur Al-Bachir, la France, pays des droits de l’homme, tente de renvoyer ces deux personnes au Soudan.
Malgré les nombreuses enquêtes publiées au cours des dernières années, il ne s’agit pas de cas isolés, et de nombreuses personnes ont été déportées vers le Soudan, ainsi que vers d’autres pays considérés “à risque”, tels que l’Irak et l’Afghanistan. La nouvelle loi Asile a doublé la durée maximale de rétention administrative, passant de 45 à 90 jours, soit trois mois, au 1er janvier 2019.

Voici le  témoignage de Gibril, que l’on publie avec son accord : “N’importe quoi mais pas retourner au Soudan. Je suis en danger là-bas, je n’y suis pas en sécurité. Je veux être libre, je suis venu en Europe pour ça. Je voulais aller au Royaume-Uni mais ils m’ont arrêté à Calais parce qu’ils disaient que j’avais commis une infraction. J’ai trouvé cela injuste, mais tout s’est passé très vite. Ils m’ont mis en prison pendant environ un mois. Puis ils m’ont dit que j’allais être déporté. Mais la punition de cette infraction, je suis sûr que ce ne doit pas être une condamnation à mort, alors que c’est le cas si on me déporte au Soudan. “

Ce que vous pouvez faire – et cela a déjà marché par le passé:

– Faire pression sur le gouvernement :
sec.immigration@interieur.gouv.fr, 01 49 27 49 27
premier-ministre@pm.gouv.fr

– Interpeller par mail Fabien Sudry, le préfet du Pas-de-Calais pour lui demander d’annuler toutes les OQTF pour le Soudan, ainsi que sa décision d’expulser Gibril S. et monsieur A. , ou encore
Par téléphone : (+33) (0) 3.21.21.20.00
Par fax : (+33) (0)3.21.55.30.30
Ou via le formulaire de contact de la préfecture.

 

 

 

Politis // Ma ville est devenue une forteresse

https://www.politis.fr/articles/2019/03/ma-ville-est-devenue-une-forteresse-temoignage-dun-no-border-de-calais-40148/

« Ma ville est devenue une forteresse » : témoignage d’un No Border de Calais

Il a grandi à Calais. Indigné par le système d’« apartheid » local, il s’est engagé auprès des populations en transit. D’abord avec des associations locales puis dans le mouvement No Border qui lutte contre les frontières. Témoignage.

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Le mouvement No Border, tout le monde peut s’en revendiquer. Et personne ne le représente. C’est d’abord une idée : nous sommes pour l’ouverture des frontières. Mais c’est aussi des manières de faire et d’agir qui peuvent différer selon les groupes et les spécificités des territoires ou des frontières. Le terme No Border a beaucoup été utilisé par les autorités pour criminaliser et marginaliser toutes pratiques qui vont à l’encontre des stratégies mises en place contre les personnes migrantes. Plus précisément, à Calais, on a été accusé de travailler avec la « mafia » impliquée dans la gestion des passages, tout comme de diriger les migrants en les incitant à la violence… Comme si ces personnes avaient besoin du « blanc » pour s’organiser ou décider comment elles veulent répondre à la violence de la frontière, aux violences policières ou aux violences de groupuscules d’extrême droite.

À lire aussi >> Notre dossier « La frontière tue »

Nous, nous avons pris pour habitude de rester discret et de ne pas répondre aux accusations, quitte à laisser les autorités nous criminaliser et créer l’image de nous qui les arrange. No Border est devenu le bouc émissaire que les autorités sortent de leur chapeau pour justifier l’horreur qu’elles ont créée à cette frontière. Toute violence créée par l’existence même de la frontière est imputée à ce mouvement. Du coup, on peut nous mettre beaucoup de choses sur le dos. Plus largement, les défenseurs des migrants qui ont l’air d’avoir des positions plus radicales que juste humanitaires sont taxés de No Border. C’est devenu un terme générique un peu fourre-tout.

Mais, pour nous, il renvoie à un certain mode d’organisation et à des manières de faire : ne pas agir pour les communautés de personnes en situation de migration mais avec elles, les inclure dans un maximum de processus, protéger leur anonymat, leur rendre possible l’accès à la ville, ne pas parler à leur place, faire en sorte qu’elles puissent être autonomes, qu’elles puissent s’approprier l’outil médiatique par exemple, qu’elles soient moins dépendantes de l’aide humanitaire en étant en mesure de préparer des repas elles-mêmes sur leurs lieux de vie, soutenir les personnes enfermées en centre de rétention. Bref, on essaie d’être cohérent avec les problématiques du terrain qui peuvent changer vite et de s’adapter aux demandes des personnes migrantes. Ce sont des expérimentations, des tentatives remises en question constamment avec toujours en toile de fond l’idée de ne pas accepter ce qui ne devrait pas être acceptable, la fatalité de la frontière, de ne pas réduire des personnes à la catégorie « migrant » et à l’image misérabiliste qui souvent va avec. C’est tout simplement de reconnaître que ce sont des individus avec une histoire, un parcours, des connaissances, des savoir-faire, etc.

À Calais, après le camp No Border de l’été 2009, l’une des grandes décisions a été de rester de manière permanente et continue dans le Calaisis. Des gens venaient nous rejoindre pour une semaine, un mois, un an, avec leur propre projet ou pour s’impliquer dans ceux existant déjà. Le temps qu’ils étaient là, ils déployaient toute leur énergie avec une disponibilité folle et un engagement total. On avait des débats sur la question de la communication avec les médias, la question des privilèges de ceux nés du « bon côté » de la frontière, sur les approches à avoir. Certains étaient plus légalistes que d’autres, certains attachés à ne pas arriver avec ses gros sabots d’athée, à respecter la culture de l’autre. Tous étaient contre la frontière.

Toutes nos pratiques visent à répondre aux principes de la liberté de circulation, la liberté d’installation et la fermeture instantanée des centres de rétention. On essaie de mettre à la base de toutes nos actions et de notre manière de nous organiser l’antiracisme, l’antisexisme et l’antiautoritarisme entre autres. Des fois, on échoue, on en discute et on réessaie. C’est peut-être ça au fond, pour moi, la différence avec des associations classiques, qui sont souvent hiérarchisées et ralentissent l’émergence de questionnements quant aux manières de fonctionner et d’agir.

Morning watch et patrouilles

Juste après notre arrivée à l’été 2009, il y a eu la destruction de la grande jungle « pachtoune » et de tous les autres lieux de vie des personnes migrantes. Pour essayer de faire face à cette nouvelle situation où les autorités empêchaient les espaces de vie de se recréer, on avait mis en place des stratégies qui rendaient le travail de la police moins efficace : Morning Watch et patrouilles. On restait de très longues heures devant les squats, et si la police débarquait, on sifflait pour que les migrants puissent se sauver, qu’ils soient moins nombreux à être conduits en rétention. Cela a beaucoup énervé la police. La violence a grimpé. Alors on s’est mis à filmer.

Après des mois de récoltes de vidéos, photos, témoignages, on a monté un dossier « Calais, la frontière tue » et publié des vidéos « Calais, vidéos de la honte ». Les deux montraient et dénonçaient la violence policière et institutionnelle. Ça a été un travail difficile, très violent. On se levait tôt, qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il vente, et on risquait de prendre des coups, d’être embarqués en garde à vue, de voir des ami.e.s se faire enfermer en centre de rétention… C’est comme ça que j’ai grandi dans cette ville.

Calais fut le dossier initial de Dominique Baudis, le premier Défenseur des droits, décédé en 2014. On avait recueilli beaucoup de témoignages de personnes migrantes. Je crois qu’on a réussi à les faire entendre. L’équipe du Défenseur des droits a pris conscience du caractère véridique de nos informations. C’est la première fois qu’on s’est ouvert aux médias. Et ce fut notre première approche légaliste : mettre la pression sur les autorités pour qu’enfin elles respectent la notion de squat et d’inviolabilité du domicile.

La stratégie des autorités, c’est de briser les migrants physiquement et psychologiquement, pour qu’ils veuillent repartir ou qu’ils ne soient plus en capacité physique et mentale de passer. Nous défendions qu’ils puissent se poser. Qu’ils puissent avoir le temps de reprendre des forces. Pour cela, il fallait préserver des espaces où la police ne pouvait pas faire ce qu’elle voulait.

Une des victoires a été de forcer la police à respecter le droit et à ne plus venir dans les squats de migrants en procédure juridique, comme par exemple le squat Galou ou la Maison des femmes de l’avenue Victor-Hugo, un espace non mixte. Ce sont les habitantes de ce lieu qui ont décidé d’écrire aux Calaisien.nes pour qu’ils et elles viennent à leur rencontre, et qui ont également décidé d’ouvrir leur maison aux médias . Je pense que cette maison explique bien ce qu’est No Border : on n’a jamais décidé pour elles, on les a juste soutenues dans leurs choix, peu importe les risques que ces choix comprenaient.

L’État a renoncé à l’évacuation de la Maison des femmes, parce qu’il était devenu inacceptable pour la population locale que ces femmes se retrouvent à la rue. Sa seul condition était que les personnes No Border quittent le lieu pour laisser la place à une association officielle. Celle-ci a accepté de maintenir les pratiques décidées par les habitantes : pas de prises d’empreintes à l’entrée, pas d’identité demandée, pas d’hommes et leurs règles de vie.

Renforcer la frontière augmente le prix de passage

Quand on soutient des personnes, on ne sait pas qui on aide. Il y a des enjeux qu’on ne voit pas, des choses que l’on ne sait pas, parce qu’une frontière est un lieu flou dont les règles peuvent être invisibles, mais les effets, eux, ne le sont pas. Il y a aussi des hiérarchies intérieures à comprendre et à prendre en compte dans nos manières d’aborder les différentes jungles et squats. Lutter contre la frontière ça passe aussi par reconnaître ce qu’elle peut être. Elle engendre des conflits propres : quand on empêche des personnes de vivre, et qu’on les force à survivre, par exemple en détruisant leurs habitations, en confisquant leurs couvertures et leurs tentes, les autorités mettent différents groupes en concurrence face aux besoins de base.

Ça m’a toujours choqué à Calais de voir des personnes plutôt « amies » devenir « ennemies » parce qu’on a privé un groupe de telle ou telle chose, je me suis souvent demandé si les autorités n’avaient pas un intérêt à créer cette situation de concurrence pour pouvoir punir les « fautifs » et ainsi, rendre légitime la répression quotidienne. Des gens survivent dans les camps, d’autres en vivent. Ça fait partie de la réalité des frontières. Renforcer la frontière n’a fait qu’augmenter le prix de passage pour les migrants, et les forcer à se mettre de plus en plus en danger. Aujourd’hui, dans l’imaginaire collectif, il n’y a plus de jungle à Calais. Il y a moins d’exilés qu’il y a encore deux ans. Mais ceux qui y sont aujourd’hui prennent encore plus de risques. Beaucoup se sont rendus à Paris, qui joue un rôle de réservoir, ou dans d’autres villes. La frontière n’est pas qu’aux frontières.

En tant que Calaisien, c’était compliqué de fermer les yeux sur la situation des personnes migrantes qui arrivaient dans ma ville. Adolescent, j’ai trouvé insupportable de vivre dans une ville soumise à un système d’apartheid. J’ai d’abord rejoint des associations comme La Belle Étoile et Salam. Mais cela me frustrait de m’en tenir à préparer des repas sans essayer d’autres choses, que la seule réponse à la situation se résumait aux besoins de première nécessité. Je trouvais que l’organisation des files d’attente pour la distribution des repas, par exemple, était très pénible à vivre. J’ai eu envie de faire autre chose et autrement. Dans une organisation autogérée, tout le monde est invité à cuisiner ensemble. Les personnes migrantes s’approprient ce dont on les prive.

À Calais, tout le monde est impacté par la frontière d’une manière ou d’une autre, personne n’ignore la présence des migrants, que les gens l’exprime ou non, qu’ils prennent position ou non. Ça fait partie de la réalité, de la vie quotidienne. La question est plutôt de quelle manière cette frontière nous impacte. Calais est anéanti par la psychose de l’appel d’air et de la peur du « migrant. » Tout est fait et mis en œuvre dans cette ville pour que les personnes migrantes inspirent un sentiment de peur et d’insécurité.

Les gens prennent leurs voitures avec la peur au ventre, la peur d’écraser un migrant qui traverse l’autoroute, la peur de voir quelqu’un traverser le jardin, de prendre un caillou dans le pare-brise : une des manières de passer est de stopper les poids lourds sur la route et de s’y cacher pour aller en Angleterre. La maire a créé une adresse électronique pour que les habitants puissent « signaler » l’installation d’un squat de migrants. C’est un appel à la délation, à la vigilance. La population se scinde entre promigrants et antimigrants, mais ces derniers sont plus décomplexés, car rendu plus légitimes par les positions de la maire.

Calais est une ville portuaire, une ville côtière, un espace de transit par définition. Mais elle est devenue une forteresse où les arbres et les buissons sont coupés pour ne pas pouvoir servir d’abris. Une ville entourée de grilles et de barbelés. Ce qui peut être encore choquant ailleurs, ici est banal. La normalité n’est pas d’accueillir et vivre avec, mais de dénoncer, enfermer, avoir peur de l’Autre. Récemment, le magasin Decathlon a reçu l’ordre de ne plus vendre de gilets de sauvetage sans papiers d’identité. La frontière grandit.

Le Brexit a soulevé l’espoir de voir les accords du Touquet tomber. Mais l’Angleterre a dû négocier avec la France. Quelle offre a été faite pour que la France accepte d’être le chien de garde du Royaume-Uni ? Quel sont les avantages dont la France a bénéficié ? Quel est le prix pour accepter de défigurer cette ville, de faire de la chasse à l’homme, de bien vouloir que des personnes y meurent ? Quel prix a été payé pour que les calaisien.nes soient obligé.es de vivre avec des murs comme horizon ?

Les frontières ont toutes leurs caractéristiques propres. Des zones particulières avec leur propre réalité. À Calais, le passage de toutes ces populations différentes pourrait être une force. Une frontière, ça pourrait être beau, si ça n’était pas fermé. Or, « Calais » ne veut plus être une zone de passage. Mais une impasse.

Je n’ai pas appris à être No Border, c’est Calais qui m’a appris. »

Communiqué

Depuis trois semaines, la politique de harcèlement envers les personnes exilées, ainsi que les violences policières se durcissent. En plus des expulsions quotidiennes des campements sur toute la ville de Calais, une expulsion définitive de terrain a eu le lieu le 12 mars et une autre est planifiée pour demain au cœur de la zone industrielle des Dunes.
Les communautés les plus vulnérables sont victimes jour et nuit du harcèlement policier, les tentes sont jetées à l’eau, saisies ou détruites. Les associations déplorent plusieurs blessés graves suite à des violences policières à l’encontre des personnes exilées.
Ces situations de grande précarité et de maltraitance institutionnelle et étatique conduisent les personnes exilées à se mettre toujours plus en danger pour passer la frontière. Ainsi, le 2 mars au soir, une centaine de personnes se sont organisées pour tenter le passage en Angleterre de façon collective à bord d’un ferry. Le 9 mars, une personne âgée de 20 ans est décédée dans un camion de marchandise. Le 20 mars, une personne d’origine soudanaise a été déportée malgré le danger de mort auquel elle fera face dans son pays ; d’autres encourent le même sort au Centre de Rétention Administrative de Coquelles.
Malgré cette politique répressive, les personnes exilées de Calais expriment une volonté de se mobiliser afin de revendiquer leur droit à la libre circulation, à l’installation et à l’hébergement inconditionnel, à la dignité et à la liberté d’expression. Ils réclament aussi la supression immédiate des mesures Dublin qui touchent la plupart des personnes et les condamnent a l’errance en Europe. Ils revendiquent  une prise de conscience a l’échelle européenne. Ainsi depuis plusieurs semaines les personnes exilées s’organisent avec l’aide de soutien associatifs et militants.
Une présence médiatique est demandée par les personnes exilées pour que leur revendications soient entendues et relayées afin de sortir de l’indifférence et l’invisibilité dans laquelle elles survivent.
 
Collectif de personnes exilées de Calais et de leurs soutiens.
 
Contacts presse :
M., personne exilée, habitant du camp Pont de trouille : 07 58 01 10 65
Justine : 06 68 49 37 81

Communiqué // Droits fondamentaux des personnes exilées à Calais, Grande Synthe et ailleurs

Droits fondamentaux des personnes exilées à Calais, Grande Synthe et ailleurs :

Recours auprès des Nations Unies faute de dialogue possible avec les institutions de la République

 A la frontière franco-britannique, des centaines, voire des milliers de personnes dorment à la rue, « prisonnières » de cette frontière et des politiques gouvernementales actuelles.

Le 19 décembre 2018, le Défenseur des droits publiait son rapport sur la situation à Calais, Grande Synthe, Ouistreham et Paris – « Exilés et droits fondamentaux – 3 ans après le rapport Calais[1] ». Il y dénonce des « atteintes inédites aux droits fondamentaux » et « une dégradation de la situation sanitaire et sociale des personnes exilées ».

 

D’avril à décembre 2018, à Calais, les personnes exilées ont subi 460 expulsions de leurs lieux de vie ! Elles voient quasi quotidiennement leurs abris détruits, et trop souvent leurs effets personnels confisqués. A Grande Synthe, plusieurs dizaines d’expulsions ont eu lieu sur la même période, et 8 rien qu’en ce début d’année 2019. Cette politique, appelée « lutte contre les points de fixation » à Calais ou « mise à l’abri » à Grande Synthe, ne fait qu’accroitre la vulnérabilité des personnes exilées, et n’a pour unique objectif que de les éloigner du littoral.

 

Or, selon le Préfet du Pas de Calais, le Défenseur des droits « dramatise » la situation et commet une « étonnante erreur d’appréciation ».[2] Puisque le travail d’une institution de la République, le Défenseur des Droits, qui « veille au respect des droits et libertés » en conformité avec l’article 71-1 de la Constitution, est mis en cause par un représentant de la République, comment désormais garantir le respect des droits fondamentaux des personnes en exil ?

C’est pourquoi nous en appelons aux Nations Unies pour que soient mises en lumière les violations des droits fondamentaux commises contre les personnes se situant à la frontière franco-britannique.  En octobre 2017 et février 2018, une coalition de 22 associations avait saisi le Rapporteur spécial des Nations Unies sur l’eau potable et l’assainissement, Mr. Léo Heller. Celui-ci s’était déplacé à Calais et Grande Synthe pour rencontrer les personnes exilées et avait dénoncé leurs conditions de vie.[3]

Aujourd’hui, nous avons constitué une coalition de 34 associations françaises (nationales et locales) et britanniques, afin de saisir la Rapporteure Spéciale des Nations Unis sur le logement convenable, Mme Leilani Farha, car la situation se dégrade et des centaines de personnes dorment toujours dans la rue, à Calais, Grande-Synthe, Cherbourg, Norrent-Fontes / Quernes, Angres / Levin, Tatinghem / Longuenesse et Ouistreham. Nous dénonçons la politique d’expulsions systématiques et d’invisibilisation des personnes exilées à la frontière franco-britannique.

 

Nous demandons à ce que de véritables solutions d’hébergements dignes et durables soient offertes aux personnes exilées. L’Etat ne peut se satisfaire uniquement de la solution des CAES (Centre d’Accueil et d’Examen des Situations Administratives) qui n’ont vocation à accueillir que les personnes désireuses de présenter une demande d’asile en France, alors qu’une grande majorité des personnes sont déboutées de l’asile ou soumises au règlement Dublin III.

Nous souhaitons que la Rapporteure spéciale puisse se rendre sur place, principalement à Calais et Grande Synthe, afin de constater les conséquences d’années de politiques de non-accueil.  Nous souhaitons également qu’elle puisse mettre autour de la table, et face à leurs responsabilités, l’ensemble des acteurs et actrices de l’accueil des personnes exilées.

Contact presse :

Sophie Pouget – Committee for Refugee Relief

 

Associations signataires :

  1. ACC Minorités visibles
  2. ADRA France antenne de Dunkerque
  3. AMiS Téteghem
  4. ATD Quart Monde Nord Pas de Calais
  5. L’Auberge des Migrants
  6. Bethlehem
  7. La Cabane Juridique / Legal Shelter
  8. La Cimade Nord Picardie
  9. Le Collectif d’Aide aux Migrants de Ouistreham
  10. Committee for Refugee Relief
  11. EcNous
  12. Emmaüs
  13. Emmaüs Grande Synthe
  14. Fédération des Acteurs de la Solidarité
  15. Fédération des acteurs de la solidarité des Hauts-de-France
  16. La Fondation Abbé Pierre pour le logement des défavorisé
  17. Gynécologie Sans Frontières
  18. Help Refugees
  19. Human Rights Observers
  20. Itinérance Cherbourg
  21. Itinérance Dieppe
  22. La Ligue des Droits de l’Homme
  23. La Ligue des droits de l’Homme de Dunkerque
  24. Médecins du monde
  25. MRAP-littoral dunkerquois
  26. Refugee Info Bus
  27. Refugee Youth Service
  28. Salam Nord Pas-de-Calais
  29. SAVE Sourire, Aide, Vie, Espoir
  30. Secours Catholique – Délégation du Pas de Calais
  31. The Refugee Women’s Centre
  32. Terre d’Errance Norrent Fontes
  33. Terre d’Errance Steenvoorde
  34. Utopia 56

[1] https://www.defenseurdesdroits.fr/fr/communique-de-presse/2018/12/le-defenseur-des-droits-publie-son-rapport-exiles-et-droits

[2] http://lavdn.lavoixdunord.fr/512114/article/2018-12-24/le-rapport-du-defenseur-des-droits-critique-par-le-prefet-et-la-maire

[3] https://www.ohchr.org/FR/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=22917&LangID=F

https://www.ohchr.org/FR/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=22240&LangID=F