Expulsions vers le Soudan, en Mars 2019
Gibril retenu au centre de rétention de Coquelles depuis le 26 février, (près de Calais, juste en face du terminal EuroTunnel) a été expulsé vers le Soudan, dont il est originaire. Il avait été transféré au CRA après avoir été arrêté pour un délit mineur un mois auparavant. Il a été contraint de se rendre à l’ambassade du Soudan pour être finalement déporté dans son pays d’origine, pays qu’il a fuit pour chercher la liberté et la sécurité.
Comme cela arrive souvent aux étrangers, en particulier (mais pas uniquement) à ceux qui sont sans papiers, quelle que soit la peine prononcée au procès pour le crime dont ils sont accusés, la France leur impose une interdiction de territoire justifiée par des risques à l’ordre public. Quitter la France, destination: Soudan. C’est le préfet du Pas-de-Calais, qui a pris l’Obligation de Quitter le Territoire à son encontre, à destination d’un pays tout sauf sûr.
A., un homme âgé du Soudan, a été arrêté alors qu’il tentait le passage pour rejoindre le Royaume-Uni. Il est également détenu au CRA de Coquelles au moment où nous écrivons. Comme Gibril, il a déjà été présenté à l’ambassade, qui, une fois qu’elle a reconnue la personne comme étant originaire du pays qu’elle représente, peut délivrer un laisser-passer permettant la déportation. Pour le moment, son avocate tente tous les recours possibles.
En ces jours de manifestations , de solidarité et de rage dans de nombreuses villes d’Europe pour dénoncer la répression du dictateur Al-Bachir, la France, pays des droits de l’homme, tente de renvoyer ces deux personnes au Soudan.
Malgré les nombreuses enquêtes publiées au cours des dernières années, il ne s’agit pas de cas isolés, et de nombreuses personnes ont été déportées vers le Soudan, ainsi que vers d’autres pays considérés “à risque”, tels que l’Irak et l’Afghanistan. La nouvelle loi Asile a doublé la durée maximale de rétention administrative, passant de 45 à 90 jours, soit trois mois, au 1er janvier 2019.
Voici le témoignage de Gibril, que l’on publie avec son accord : “N’importe quoi mais pas retourner au Soudan. Je suis en danger là-bas, je n’y suis pas en sécurité. Je veux être libre, je suis venu en Europe pour ça. Je voulais aller au Royaume-Uni mais ils m’ont arrêté à Calais parce qu’ils disaient que j’avais commis une infraction. J’ai trouvé cela injuste, mais tout s’est passé très vite. Ils m’ont mis en prison pendant environ un mois. Puis ils m’ont dit que j’allais être déporté. Mais la punition de cette infraction, je suis sûr que ce ne doit pas être une condamnation à mort, alors que c’est le cas si on me déporte au Soudan. “
Ce que vous pouvez faire – et cela a déjà marché par le passé:
– Faire pression sur le gouvernement :
sec.immigration@interieur.gouv.fr, 01 49 27 49 27
premier-ministre@pm.gouv.fr
– Interpeller par mail Fabien Sudry, le préfet du Pas-de-Calais pour lui demander d’annuler toutes les OQTF pour le Soudan, ainsi que sa décision d’expulser Gibril S. et monsieur A. , ou encore
Par téléphone : (+33) (0) 3.21.21.20.00
Par fax : (+33) (0)3.21.55.30.30
Ou via le formulaire de contact de la préfecture.