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25 octobre 2018
Le 23 octobre, une énième opération d’évacuation a été menée par les services de l’Etat, appuyés par un arsenal policier impressionnant : 31 fourgons de CRS, 20 fourgonnettes de gendarmerie, 11 fourgons de la police nationale. Pour quel résultat ?
Depuis fin mai, l’histoire se répète sur la commune de Grande-Synthe
Près d’une dizaine d’opérations d’évacuation ont eu lieu en cinq mois. Cela n’a pas empêché les personnes exilées de continuer à arriver et à s’installer là où elles peuvent dans une grande précarité, faute de places d’hébergement.
Depuis plusieurs semaines, pas moins de 1 500 personnes vivaient dans le bois du Puythouck, dans des conditions indignes et insalubres. Parmi elles, beaucoup de mineur·e·s non accompagné·e·s, particulièrement vulnérables et complètement oublié·e·s par le département qui a obligation de les prendre en charge.
Mardi 23 octobre, une énième opération d’évacuation a été menée par les services de l’Etat, appuyés par un arsenal policier impressionnant : 31 fourgons de CRS, 20 fourgonnettes de gendarmerie, 11 fourgons de la police nationale. Pour quel résultat ?
Le lendemain soir, à nouveau une centaine de personnes erraient sur la commune à la recherche d’un abri. Les personnes évacuées étant pour la plupart hébergées dans des gymnases, pour quelques jours seulement et sans accompagnement social sur place ; nombre d’entre elles reviendront très certainement à Grande-Synthe.
Pire, une soixantaine de personnes interpellées sont désormais menacées d’une expulsion, principalement vers l’Irak, pays où elles sont exposées à des risques de traitement inhumains et dégradants. Elles sont enfermées dans les centres de rétention administrative (CRA) de Coquelles (Pas-de-Calais), de Lesquin (Nord) d’Oissel (Seine-Maritime) et du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne). Dans ce dernier, où La Cimade intervient, les témoignages recueillis font état du traitement infligé par les forces de l’ordre. Interpellées tôt le matin, ces personnes n’ont pas pu récupérer leurs effets personnels (argent, vêtements, documents divers). Elles déclarent avoir été privées de nourriture depuis leur interpellation à 7 h du matin jusqu’au lendemain, du fait de leur arrivée tard dans la soirée au centre de rétention. De surcroît, certaines font état de problèmes de santé et toutes sont marquées par la précarité de leurs conditions de vie.
Toutes ces personnes ont contesté leur enfermement et les conditions de leur interpellation devant la justice.
La grande majorité des personnes évacuées à Grande-Synthe y est arrivée en passant par un autre pays européen ; pour autant, la France doit leur permettre de demander l’asile ici, sans appliquer la procédure Dublin.
Au moment où la mairie de Grande-Synthe s’apprête à signer avec l’Etat un accord prévoyant un dispositif d’accueil, celui-ci ne pourra être viable que si les structures d’hébergement ne se transforment pas en centres de tri et que l’accueil y est inconditionnel.
La Cimade rappelle que les personnes exilées qui arrivent sur la commune doivent bénéficier de l’hébergement de droit commun, avec notamment l’accès aux dispositifs du 115, comme solution digne et durable. De plus, l’enfermement en rétention administrative et la volonté du gouvernement d’expulser vers l’Irak sont profondément contraires à une politique d’accueil et de protection des personnes exilées, et doivent cesser immédiatement.