À Loon-Plage, la débrouille n’a pas de limite pour apporter l’eau aux exilés
Arnaud Stoerkler –
Plusieurs centaines d’exilés fuyant des pays étrangers ont rétabli à Loon-Plage un camp de fortune, toujours dénué d’accès à l’eau courante. Entre citernes et camions douches, les associations veillent à leur apporter cet or bleu au quotidien.
Alors que de nombreux réfugiés ukrainiens ont été accueillis au domicile d’habitants du Dunkerquois, d’autres venus du Kurdistan, de Syrie ou encore d’Iran continuent de dormir sous les tentes et cabanes d’un camp de fortune érigé le long d’une voie ferrée à Loon-Plage. Malgré un récent changement de lieu, les conditions de vie y sont toujours difficiles, sans « toilettes ni eau courante », rappelait récemment Claire Millot, secrétaire générale de l’association Salam, qui leur apporte des repas chauds plusieurs fois par semaine.
Si deux gymnases (Dessinguez à Dunkerque, Buffon à Grande-Synthe) ouvrent leurs douches aux exilés le week-end, plusieurs initiatives ont émergé sur le terrain pour leur permettre de se laver au quotidien : Olivier Schittek, un particulier domicilié à Villeneuve-d’Ascq, vient chaque semaine à la rencontre des migrants du Dunkerquois pour leur proposer la douche de son camping-car, depuis un an. « Je leur mets aussi à disposition des vêtements propres en échange des leurs, que je lave chez moi », confie le Nordiste.
Un camion comportant quatre douches a aussi été récemment aménagé : fonctionnel depuis le mois de février, il a permis à l’association Help 4 Dunkerque (un « convoi solidaire » venu aider « les réfugiés de la jungle de Dunkerque » entre les mois de janvier et de mars) de fournir une centaine de douches par jour à la population des lieux. Notamment aux femmes et aux enfants, via des horaires spécifiques.
Entre 7 et 10 000 litres d’eau par jour
Depuis le départ de Help 4 Dunkerque, leur camion douche a été confié au collectif N2PC sans frontières. « Il sera accessible deux à trois fois par semaine, en fonction de nos moyens humains », promet l’un de ses membres.
L’eau potable, c’est l’association Roots qui la fournit aux migrants en remplissant quatre grands réservoirs installés parmi les tentes. « Entre 7 et 10 000 litres d’eau sont consommés chaque jour », confie Rachel, une bénévole de Roots. De quoi boire, mais aussi se brosser les dents ou se laver succinctement. « Nous rechargeons les cuves toute la journée, mais notre équipe est petite : avec six personnes en moyenne, c’est parfois difficile. »
Une difficulté intenable lorsque ces citernes sont « enlevées lors d’évacuations de camp » opérées par les forces de l’ordre, comme l’a déjà constaté Olivier Schittek. « Nous tentons de trouver une solution durable pour cet accès à l’eau avec la communauté urbaine de Dunkerque (CUD) et le Syndicat de l’eau du Dunkerquois, mais les discussions avancent très lentement », explique Rachel.
Le 15 janvier dernier, une douzaine d’associations avaient déjà interpellé « l’État, la CUD et les mairies » pour améliorer la fourniture en eau potable des exilés « survivant sur la communauté́ urbaine de Dunkerque ».