Nous avons fait connaissance B. et moi il y a maintenant 1 an et demi.
C’était un dimanche soir de septembre, je prenais 3 passagers en Blablacar à Paris pour rejoindre Nantes et Saint-Nazaire. C’est un jeune homme très discret qui est monté dans ma voiture, au fil des kilomètres nous avons bavardé, il a fini par nous confier son histoire. Nous étions tous émus dans la voiture et disposés à le soutenir : échanges de téléphone, Elisabeth qui habitait Nantes se chargeait de l’amener place du Commerce ou « un ami l’attendait». Il était venu pour rejoindre un centre d’accueil à Nantes réservé aux mineurs. Maintenant il habite Saint-Nazaire, il est en apprentissage et il a sa carte de séjour, mais quelles épreuves pendant tout ce temps !
B. a 18 ans depuis mars dernier, il avait 16 ans quand je l’ai rencontré. Il a quitté la Guinée après la mort de son père, accompagné par son oncle jusqu’en Lybie, il ne l’a pas retrouvé à son arrivée en Italie. Il est remonté seul jusqu’en France et jusqu’à Paris.
Dès son arrivée à Nantes il est pris en charge par le centre d’accueil ou plutôt dans les hôtels, le temps qu’il prouve son statut de mineur. En parallèle toute une équipe l’accompagne pour le recevoir, lui donner des cours, l’aider à se reconstruire dans une vie familiale.
Refus au bout de 3 mois et mise à la rue en plein mois de décembre. Finalement je prends contact avec l’association Gasprom qui dépose pour lui un recours, le loge dans un squat à Nantes avec d’autres compagnons, Il trouve avec eux un beau projet de vie, il garde ses «résidences secondaires » à Saint-Nazaire.
Et merveille! En avril son recours est accepté, il est à nouveau pris en charge par le département.
Mais le marathon n’est pas terminé, il faut en vitesse chercher une formation en apprentissage et une entreprise pour défendre sa demande de carte de séjour.
L’éducatrice du département qui le prend en charge est très bien, mais elle n’a pas le temps matériel de le prendre en charge totalement, il faut l’aider. Nous avons notre réseau.
Finalement en septembre dernier il est inscrit à Saint-Nazaire dans un centre de formation d’apprentissage en chaudronnerie et pris en charge par une entreprise. Il parle Français, son niveau collège était assez juste pour prétendre à cette formation, mais les enseignants ont fait preuve de bonne volonté. Cela s’avère un bon choix puisqu’au bout de quelques mois il se trouve bien intégré.
L’entreprise est très contente de lui. En parallèle nous lui avons trouvé un bon foyer chez des amis qui logent des étudiants depuis le départ de leurs enfants.
Et la veille de ses 18 ans il a rendez-vous avec son éducatrice à Nantes à la préfecture, il en est revenu avec une carte de séjour de 1 an.
Le lendemain nous avons fait la fête !!!!
C’est un grand bonheur pour moi. Voilà une belle histoire qui nous aide à garder de l’optimiste. Et pourtant nous sommes passés par des moments de découragement.
Une chose est certaine, sans la volonté de nous tous rien ne se passe, soyons présents et ne lâchons rien.
Nous avons le projet B., Pascale et moi de rendre visite à sa famille quand ce sera possible.