Depuis deux semaines, les 150 occupants d’une friche insalubre, située rue de Valenciennes, saisissent la justice par vagues afin d’obtenir un relogement. Le juge a rejeté cette demande, tout en ordonnant l’installation d’équipements sanitaires.
- B. | 22/11/2018
Avec un hiver de plus en plus virulent, les habitants du squat « 5 Étoiles », ouvert aux quatre vents, risquent de souffrir.
Le 6 novembre, l’atmosphère est presque suffocante dans la principale salle d’audience du tribunal administratif. La salle est comble. Des associatifs, des militants, des sympathisants et, surtout, de très nombreux migrants s’entassent dans cet espace pourtant très vaste. L’audience compte parmi une série de rencontres marathon entre les 151 occupants du squat dit « 5 Étoiles », épaulés par leur avocate Émilie Dewaele, la ville de Lille, le département du Nord, l’État et, surtout, la justice. Au 25, rue de Valenciennes, des dizaines d’êtres humains vivent (ou survivent) presque sans eau. Ces hommes, essentiellement des migrants originaires d’Afrique, ont choisi d’interpeller la justice. Une justice qui connaît bien le dossier. Le 24 mai dernier, un juge d’instance avait exigé l’expulsion des lieux, déjà investis par des centaines de squatteurs.
Cette fois, il est question d’un bidonville camouflé se dirigeant tout droit (encore une fois) vers la catastrophe sanitaire. Un seul point d’eau potable, aucun WC, zéro douche… Sans oublier un autre léger impondérable : l’arrivée de l’hiver dans un lieu ouvert aux quatre vents avec des résidents se protégeant sous la tente. Ce jeudi, à l’issue de quatre audiences devant le juge des référés, le tribunal administratif a rejeté l’essentiel des demandes de relogement. Près de 64 squatteurs, se présentant comme mineurs, avaient formulé un souhait dans ce sens. Le magistrat a enjoint le département du Nord à en prendre en charge cinq. Il estime que six autres cas sont déjà pris en compte. Tous les autres sont écartés. S’agissant des majeurs, « douze demandeurs d’asile ont bénéficié d’un hébergement de la part de l’Office de l’immigration et de l’intégration », constate le tribunal administratif. Là encore, les autres cas sont rejetés.
En revanche, la ville de Lille et l’État devront, tout de même, intervenir dans le dossier. Au regard des conditions d’hygiène déplorables, la justice les enjoint à installer des alimentations en eau et des toilettes provisoires. Et ce, jusqu’à la fin de la trêve hivernale, soit le 31 mars. La préfecture a également quinze jours pour établir un diagnostic social des occupants des lieux.