Un nouvel engagement pour Philippe Demeestère

Migrants à Calais : le prêtre annonce l’arrêt de sa grève de la faim

Philippe Demeestère, 72 ans, met fin à son action pour dénoncer le traitement infligé aux exilés dans la ville des Hauts-de-France et va « mettre en service un nouvel abri hivernal ».

Le Monde avec AFP

Publié le 04 novembre 2021 à 14h42 – Mis à jour le 04 novembre 2021 à 20h57 

 

Le prêtre Philippe Demeestère (à gauche) et les deux militants associatifs Anaïs Vogel et Ludovic Holbein, le 14 octobre 2021.

Au lendemain de l’annonce de la création d’un sas d’hébergement de nuit à Calais par le médiateur du gouvernement, le prêtre Philippe Demeestère a annoncé jeudi 4 novembre qu’il mettait fin à sa grève de la faim entamée il y a vingt-cinq jours pour dénoncer le traitement réservé aux migrants à Calais.

Les deux militants associatifs Anaïs Vogel et Ludovic Holbein continuent quant à eux le mouvement de grève, a précisé cet aumônier du Secours catholique âgé de 72 ans dans un communiqué.

« Je demeure totalement solidaire de la détermination qui est la leur, car les propositions faites jusqu’à ce jour par les autorités ne tiennent pas compte des itinéraires des personnes exilées à qui on n’accorde jamais la parole. »

Pas « un registre moins radical »

Cette grève, engagée le 11 octobre« représentait pour moi un outil parmi d’autres pour ébranler les immobilismes, enrayer la mécanique infernale qui soumet les personnes exilées à des traitements inhumains et dégradants sur les terres calaisiennes », a expliqué le prêtre jésuite. Dès aujourd’hui, « je reprends le chantier préalable à la mise en service, sur Calais, d’un nouvel abri hivernal à destination des personnes exilées les plus vulnérables », a aussi annoncé le retraité à l’origine ces deux dernières années de l’ouverture de lieux d’accueil hivernaux pour les réfugiés.

« Cela ne veut pas dire que je passe sur un autre registre moins radical car pour moi, dès la fin novembre, j’irai coucher dans une des jungles, à laquelle je demanderai l’hospitalité », a-t-il affirmé plus tard lors d’une conférence de presse devant l’église Saint-Pierre de Calais.

Ludovic Holbein a dit pour sa part attendre « le jour où quelqu’un ait le courage politique qu’on attend ». Sa compagne, Anaïs Vogel, a quant à elle évoqué le chef de l’Etat, Emmanuel Macron : « Il est responsable de ma vie (…), je voudrais le rencontrer », a-t-elle dit.

Multiplication des opérations de sauvetage

Envoyé ces derniers jours en médiation à Calais par le gouvernement, le directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration, Didier Leschi, a annoncé mercredi la création d’un « sas d’hébergement de nuit » de trois cents places, qui « sera ouvert tous les jours après les évacuations » de migrants. Les personnes qui s’y rendront seront ensuite « orientées vers les hébergements pérennes en dehors de Calais » le lendemain matin, a-t-il précisé.

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Cette structure doit permettre de tenir les promesses de l’Etat, qui s’est engagé mardi à proposer « systématiquement » un hébergement aux migrants délogés de leurs campements de fortune. Les propositions de M. Leschi avaient été jugées insuffisantes par les associations locales, qui dénoncent les conditions de vie de quelque 1 500 migrants actuellement présents à Calais et continuent de réclamer un « moratoire » sur les évacuations.

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Deux morts, un disparu et des centaines de personnes secourues en deux jours : les tentatives de traversées de la Manche par des migrants sur des bateaux se sont multipliées ces derniers jours au large du Nord et du Pas-de-Calais, un bilan « très lourd » mobilisant d’importants moyens aériens et maritimes.

Jeudi matin, le corps d’un migrant a été retrouvé « dans une embarcation de 3,5 mètres remplie d’eau sur une plage de Wissant », a déclaré à l’Agence France-Presse une source proche de l’enquête. A ses côtés, deux personnes « en état d’hypothermie sévère » ont été transportées à l’hôpital. Deux autres migrants, signalés aux autorités maritimes comme des « naufragés à la mer » dans le même secteur, ont finalement été « retrouvés dans la journée sur la plage », annonce jeudi soir la préfecture maritime dans un communiqué.

La veille, un migrant est mort, un autre a été porté disparu et 779 personnes ont été secourues en mer à la suite du naufrage de plusieurs embarcations de fortune dans la Manche, selon la préfecture maritime.

A terre, un TER a percuté jeudi soir un groupe de quatre migrants qui circulaient sur les voies, faisant un mort, un blessé grave et deux blessés plus légers. L’accident s’est produit dans une zone pavillonnaire à l’est de Calais, située non loin d’un campement.

Le Monde avec AFP