Talents de femmes 23 Juin

Nous nous sommes retrouvées pour la 2eme session du projet « Emergence de talents entre femmes »  à l’accueil du jour du Secours Catholique le 23juin. Il y avait des femmes calaisiennes, des femmes de Boulogne, de Grande Synthe, des femmes de l’Arche d’ Ambleteuse. Femmes de tous horizons, femmes de toutes cultures, femmes de toutes religions. C’est un moment où on valorise les femmes par leurs talents, notre emblème est le suivant : « Chaque être humain a un talent à partager ». C’est un moment qui permet de vivre plusieurs dimensions : intergénérationnelle, interculturelle, intellectuelle et sociale. Ce projet est le fruit d’un constat de terrain, d’un besoin, d’une envie de partage et de solidarité. Se retrouver entre femmes, ce n’est pas du sexisme, c’est juste un lieu, un moment non mixte qui permet le brassage des cultures au féminin. En effet c’est plus facile pour certaines femmes d’échanger et de s’ouvrir à d’autres femmes et cela, indépendamment de la culture. Au cœur de cette journée, nous nous sommes redit les objectifs de cette journée :

1 -Solidarité avec les femmes exilées.

2 -Sensibiliser les femmes calaisiennes sur la situation des femmes exilées.

3 -Valoriser les talents de chaque participante et les partager.

4- Travailler en partenariat avec les associations locales calaisiennes qui œuvrent pour la mixité culturelle.

5- Rendre le projet générateur d’initiatives.

Le vivre ensemble fait partie de notre objectif, nous sommes prêtes à tout pour relever ce défi car nous sommes conscientes que souvent le changement vient à travers des projets féminins, en prenant appui sur « le partage des savoir-faire » .

Il y avait à cette journée plus de 130 femmes, beaucoup de joie exprimée sur les visages de chaque femme, avec une très grande envie de partage de talents et de savoir-faire. Il y avait une atmosphère de fraternité et de solidarité, d’échange, à tel point que nous n’arrivions plus à savoir qui apprenait de qui, tout se passait dans une fluidité, dans une complicité d’échange, comme si tout le monde se connaissait auparavant, comme une seule famille avec un seul objectif, une seule motivation : partager les savoir faire.

Quatorze Ateliers où chacune pouvait choisir d’aller. Une liberté de participation, cette liberté s’explique   : « Je peux regarder sans avoir l’envie d’être active, je peux me balader entre chaque atelier pour m’inspirer et réveiller l’envie en moi pour un tel ou tel talent ». C’est ça le partage des talents : «  Je t’offre mon talent et mon savoir-faire tout en te laissant l’espace nécessaire pour contempler, observer , écouter, regarder, analyser, déguster…avant que tu prennes réellement la décision d’être apprenante  ou pas ».

C’est aussi l’occasion d’exprimer ses propres talents et de s’inscrire pour les prochains ateliers.

Parmi les ateliers programmés ce jour-là, on peut citer : la lecture multilingue, où chaque personne selon son origine propose de lire un texte ou un poème dans sa propre langue: français, anglais arabe, italien, espagnol, afghan… Des personnes vont comprendre et d’autres non et c’est ça qui est intéressant : le fait d’entendre la langue de l’autre permettra d’apprécier et d’habituer l’oreille à d’autres langues et de transmettre ses émotions, la musicalité de sa langue. C’est vraiment le plaisir d’écouter une autre langue. C’est aussi une forme de valorisation et de reconnaissance de l’autre. D’autres talents comme le modelage avec l’argile : une expression artistique qui permet de faire parler les mains, le thème cette fois-ci « La féminité à travers le monde, une meilleure façon de penser aux autres femmes du monde. »                        Voilà enfin 3 anecdotes touchantes de l’atelier couture (exprimées par Isabelle, une « talentueuse » de l’atelier couture : En y repensant, je trouve que « talents de femme » remplit plus que son objectif.

Halima                                                                                                                  Je me souvenais d’elle. Elle avait regretté de n’avoir pu venir la première fois. C’est elle qui sera la première à l’atelier. C’est une jeune femme voilée, douce, réservée. Elle arrive souriante et motivée. Je sens qu’elle est contente d’être là (c’est déjà une récompense). Elle travaille et termine sa pochette, fière, étonnée d’avoir réussi. Puis avant de partir, elle me demande « Je peux vous embrasser ? » (Chaud au cœur !)

Myrra  Elle s’assoit et elle me dit d’emblée « Mon père était couturier au Maroc, il faisait des vêtements » mais elle ne connait rien à la couture. J’ai l’impression qu’elle voulait mettre les pieds dans les pas de son père, qu’elle voulait comprendre qui il était, en faisant comme lui. Puis avant de partir, elle me demande « Je peux vous embrasser aussi ? » C’est merveilleux !

Fatima et Mona, la mère et la fille                                                                      La mère est venue avec sa fille adolescente. Elles prennent chacune une machine. Assez rapidement, elle me dit : « Je suis fille de harki. Ma grande sœur sait coudre mais elle ne m’aime pas, elle n’a jamais voulu m’apprendre ». Elle ajoute qu’elle a élevé seule ses deux enfants et qu’elle est fière de ce qu’ils sont. Voir la mère et la fille, travailler face à face, chacune à une extrémité de la table, est un plaisir. Complicité mère-fille. Quand elle termine, fière et souriante « Au moins, j’aurai réussi à faire ça » ! Faire ses preuves, une revanche ! Je n’ai rien inventé ni embelli pour faire du pathos. Etonnée et ravie, je découvre que la couture n’est pas seulement la couture. Il y a beaucoup de soi-même : recherche de soi, affirmation de soi, fierté…

 

Des photos pour ces moments de joie partagée

Au-delà des mots, il y avait les sourires, les regards, les gestes qui donnent corps aux mots de Mariam et montrent que c’était une belle après-midi.

Certains instants étaient magiques :

  • Au tricot, les mains se croisent pour guider les aiguilles dans la maille ,l’écoute est attentive,le regard concentré. Puis vient la fierté du travail réussi.
  • A la danse, une petite se faufile entre les femmes pour se planter derrière la prof de danse et suivre ses pas en rythme .
  • A la lecture polyglotte,deux fillettes échangent tour à tour leur talent : l’une joue de la flûte tandis que l’autre chante une comptine en français, puis ce sera l’inverse avec une comptine en arabe.