Une conférence de presse des exilés vivant à Calais
En Juin, des exilés vivant depuis un certain temps à Calais, dans les conditions que l’on sait ont voulu organiser une conférence de presse. Celle-ci a eu lieu le 20 Juin. Ce texte est fait d’un entretien avec deux des intervenants, plusieurs jours après la conférence de presse.
Pourquoi une conférence de presse ? Pour les exilés qui tentent le passage en Grande Bretagne et stagnent de ce fait à Calais, la situation n’a pas changé depuis le démantèlement de « la grande jungle », en Novembre 2016. C’est même pire. Les raisons de quitter leur pays sont les mêmes, guerre, violences, injustices, pauvreté. Le voyage est de plus en plus dangereux, du fait des mafias, de l’esclavage parfois, des drames du désert, des naufrages en Méditerrannée, de la vie dans les rues une fois arrivés en Europe. Et maintenant il s’y ajoute les énormes risques pris en traversant la Manche sur des petits bateaux. Et les morts, comptés ou plus souvent méconnus. Ils ont voulu parler de tout ça aux décideurs et aux responsables européens en parlant à la presse, et aussi faire connaître leur situation aux habitants, leur point de vue aux personnes qui les soutiennent. Parler également de la situation impossible faite aux déboutés du droit d’asile, aux dublinés, aux sans papiers : ils sont harcelés, persécutés, traités parfois avec violence. Pire encore, les femmes, les enfants, les personnes malades subissent le même sort. La création et le renforcement des frontières, les politiques européennes en sont responsables, et en particulier les Etats de chaque côté de la Manche : la France et la Grande Bretagne. Ces pays sont responsables des morts.
Les exilés qui arrivent ici pensent trouver égalité, dignité, justice, liberté et paix, ils trouvent la peur, l’irrespect, l’absence de justice, l’absence de sécurité, la mort. Certains ont besoin de retrouver leur communauté en Grande Bretagne, ils parlent anglais, Actuellement les conditions de traversée sont inhumaines.Ils demandent au Home Office et au Ministère de l’Intérieur de permettre une traversée dans des conditions dignes, sans risquer leur vie, sans alimenter les mafias de passeurs. Ils insistent sur le fait que leur « problème » n’est pas l’hébergement ici à Calais, mais l’application du droit à se déplacer pour demander l’asile puisqu’ils ne peuvent rester dans leur pays. « Nous voulons être protégés par les lois européennes et internationales, nous ne voulons pas voyager comme des chiens ou des chats. Ce n’est pas parce que nous n’avons pas de papiers que nous devons être traités comme des animaux ! » Etre traités comme des animaux, dénier l’humanité d’hommes et de femmes parce qu’ils n’ont pas les bons papiers amène un puissant sentiment d’injustice, d’iniquité. Leur demande est que les Etats respectent le droit de chaque humain à rechercher son propre bonheur, sa sécurité, le droit à se déplacer librement. La fermeture des frontières est injuste et criminelle.
Le propos est clair, aussi bien en direction de pouvoirs publics que des personnes soutiens à la cause des exilés : Ouvrez les frontières !