Animer un débat en faisant forum

JOKER – Quelques pistes pour l’animation (inspirées d’un stage de théâtre de l’opprimé.e avec le T’OP! de Lille)

Rôle du ou de la joker :

  • Anime le débat théâtral

  • Valorise l’intervention de la spect-actrice ou du spect-acteur

  • Fait la synthèse des interventions et relance au moment adéquat

Points de vigilance

Quand on anime un théâtre-forum, on n’est pas expert.e : laisser le plus possible en retrait sa casquette de militant.e, de travailleuse sociale, de sachant.e…

Le Forum n’est pas un match de boxe. L’idée n’est pas de mettre KO la spect-actrice ou le spect-acteur qui tente quelque chose. Il faut savoir s’adapter à ce qui est amené par la personne qui vient sur scène, et la pousser juste suffisamment pour qu’elle développe son argument, aller encore plus loin dans la solution qu’elle amène, mais pas l’écraser (importance du travail d’improvisation en amont pour les actrices et acteurs de la scène). Le ou la joker doit aussi veiller à valoriser chaque intervention en ce sens.

Présentation de la démarche du théâtre-forum

Jouer sur scène une situation qui nous paraît injuste, pour laquelle on a pas de solution évidente

La partie « forum » permet de réfléchir ensemble aux solutions possibles, de s’entraîner collectivement à mieux lutter contre l’injustice présentée

Petit jeu de « dé-mécanisation » des corps et des esprits

S’il y a déjà eu une discussion avec la salle, peut-être pas nécessaire. C’est un exercice d’échauffement, pour faire sortir le public de son ordinaire et le faire rentrer tranquillement dans la dynamique collective du théâtre-forum. Ça se pratique généralement debout, en pouvant bouger dans l’espace, donc je ne sais pas trop ce que ça peut donner dans la configuration salle de cinéma. Vous me direz si vous testez !

Proposition 1

On demande aux personnes de répondre à des commandes

ex : « debout », « assis », « main droite (en l’air) », «main gauche (tendue au voisin ou à la voisine de gauche )»,… A adapter en fonction du public et des contraintes de la salle

Au bout de quelques commandes simples, on demande aux personnes de réagir de manière inversée à une commande binaire

ex : s’asseoir quand je dis debout ; se lever quand je dis assis.e

ex : lever le bras droit quand je dis main gauche, et tendre la main gauche à la voisine quand je dis main droite…

Proposition 2

On demande aux personnes dans la salle de se compter, du bas vers le haut (la 1ère personne dit 1, la suivante dit 2, etc.), puis du haut vers le bas (la dernière personne dit 123 si vous avez compté jusqu’à 123, la suivante dit 122, etc.), tout cela le plus rapidement possible.

Ensuite, si vous voyez que le contexte et l’ambiance s’y prête, possibilité de remplacer les numéros par des bruits en lien avec un thème spécifique (ex : surprise/machine industrielle/mer, etc.)

Variante (1,2,3, Bradford)

Les participant.e.s alternent 1, 2 et 3 (le 1er dit 1, le 2nd dit 2, le 3ème dit 3, le 4ème reprend à 1, le 5ème dit 2, etc.) de bas en haut. En redescendant, on transforme les 1, 2, 3 par des bruits. Les 3 premières personnes vont donc décider des 3 bruits qui seront repris en alternance jusqu’en bas de la salle.

Suite à la scène jouée une 1ère fois

Quelques pistes pour lancer la discussion (plusieurs questions à chaque fois qui peuvent être équivalentes. Choisir celles qui paraît la plus pertinente et en utiliser une autre pour une éventuelle relance) :

  • « D’après vous, qu’est-ce qui se passe ici ? » « Quelle est l’injustice, ou quelles sont les injustices qui ont été mises en scène ? » « Si vous deviez donner un titre à cette scène, ce serait quoi ? »

=> Attention, toutes les interprétations sont valables (possibilité de le préciser dès le départ, pour faciliter les prises de parole. Il n’y a pas de mauvaises réponses !). On ne corrige pas la personne du public qui amène son interprétation de la scène, même si celle-ci nous paraît différente de ce qu’on voulait transmettre. On invite juste d’autres personnes à amener la leur : « OK. Est-ce que d’autres personnes y ont vu la même chose ? Est-ce que certain.es y ont vu autre chose ? »

  • « Est-ce que ça vous parle ? » « Ça vous rappelle des situations vécues ? » « Vous avez déjà été confronté.e.s à des situations similaires ? »

  • « Quels sont les moments qui vous ont le plus marqué.e.s ? »

  • « Dans la scène jouée, avec qui vous êtes d’accord ? Vous pourriez être qui ?» « Dans la scène, des personnes tentent des choses pour changer la situation, mais sans y réussir. Qui sont ces personnes d’après vous ? »

=> Ce seront les personnes dont on pourra prendre la place par la suite

  • « Est-ce qu’il y a un moment spécifique où vous vous dites : là, il faut intervenir ; j’aurais plutôt fait ou dit ça ? »

=> Si les propositions ne fusent pas, proposer de prendre quelques minutes (3 ou 4 max) pour que chacun.e discute avec son voisin ou sa voisine de qui on se sent solidaire/proche dans la scène et de ce qui pourrait être fait pour lutter contre l’injustice présentée

=> Si les personnes nomment directement un moment où elles proposent d’intervenir, ne pas les laisser en parler trop longuement et les inviter à venir tester ça sur scène.

Autre possibilité : rejouer la scène une 2nde fois et inviter les personnes à dire « stop » ou à claquer dans leurs mains lorsqu’elles souhaitent intervenir (ne pas laisser l’ensemble de la scène jouée sans intervention, relancer les personnes présentes au besoin…)

Suite à l’intervention d’une personne dans la scène

Le ou la joker valorise l’intervention (de manière très concise), voit avec la personne et le « public » ce que ça a permis de changer dans la situation, même si ça n’a pas complètement permis de mettre fin à l’injustice. Important que la personne reparte en ayant le sentiment d’avoir fait avancer les choses !

Témoignage d’un participant à la soirée de lancement du Journal des Jungles – Grande Synthe, 20.02.2019

Sometimes in the midst of a mountain of sadness and frustration, gloom, despair, a small hatch for happiness, even just minutes or seconds, can wipe the dust from the tired body of humans.

Rejoice with those who carry with them a bag of suffering, who are miles away from home and family, and tired of encountering the darkness of the world. It’s like worshiping God. Indeed, humanity is a universal religion.
In these days, darkness has shone on the earth, we may have forgotten in the darkness good-hearted people still live. In this withered world their efforts, great kindness, and humanity has given a pleasant air to the world.
It is an unforgettable pleasure that some people, like angels, try to make children delighted.

An example that we saw was when a group of charities held a ceremony on February 20, 2019, with a group of 150 people from different countries, on a cold winter night, to make refugees happy. Joy and participation in the preparations for the ceremony with volunteers, refugees and locals from Dunkirk, created a special night for this friendly gathering. Undoubtedly, February 20, 2019 is one of the most memorable nights for the refugees in Dunkirk, who were at that party.

As the great Persian poet Saadi said:

– All human beings are members of one frame,
since all, at first, from the same essence came.
When time afflicts a limb with pain
The other limbs at rest cannot remain

 

Welcome Days : fiche projet

Les Welcome Days, qu’est ce que c’est ?

Ce sont des formations, des débats, des ateliers offerts mensuellement par les associations et collectifs présents à Calais. Ces temps sont coordonnés par la PSM.

  • Public : nouveaux et nouvelles bénévoles et toutes les personnes qui le souhaitent

  • Animation : toutes les personnes intéressées, mobilisables

  • Proposition de travailler en binôme (2 asso, collectifs, personnalités différentes) pour chaque thématique

  • Planning : 1 fois par mois, toute la journée 10h-17h

Concernant les objectifs :

  • Accueillir collectivement les bénévoles, volontaires.

  • Passer des messages concernant notre fonctionnement collectif et les choses sur lesquelles nous nous sommes mis.es d’accord.

  • Échanger des bonnes pratiques

  • Favoriser la rencontre des bénévoles inter-asso

  • Écrire collectivement un livret d’accueil des bénévoles (ça se fera au fil des formations grâce à une prise de note et une mise en forme)

Ces formations n’ont pas vocation à se substituer à ce qui existe en interne des associations, simplement à les compléter et collectiviser les manières de travailler.

Parallèlement il a été proposé que des temps de formation des personnes qui sont chargées de l’accueil des bénévoles en interne des associations soient proposés.

Et également que la PSM organise des temps de conférences sur les pays d’origine des personnes exilées.

Une autre politique migratoire est possible

« Une autre politique migratoire est possible : en tant que collectivités locales, élus et acteurs de la société civile, nous le prouvons chaque jour ! »

Au quotidien, l’accueil et l’intégration des migrants sont assumés en premier lieu par les collectivités territoriales, avec le soutien de la société civile. Pourtant, ce sont les Etats qui définissent et mettent en œuvre les politiques migratoires, expliquent les responsables d’associations Nathalie Pere-Marzano et Damien Carême dans une tribune au « Monde »
 
par Damien Carême & Nathalie Pere-Marzano
 
 

Tribune. C’est un fait : partout dans le monde, au quotidien, l’accueil et l’intégration des migrants sont assumés en premier lieu par les collectivités territoriales, avec le soutien de la société civile (citoyens engagés et associations). C’est au niveau local que se gèrent les demandes d’hébergement, d’accès aux soins, à l’emploi et à l’éducation des nouveaux arrivants. C’est aussi au niveau local que se vit l’action première d’accueil et de générosité portée par les habitants, mais aussi parfois les tensions que cela peut provoquer. La ville est le lieu où vont cohabiter les populations locales et étrangères.

Pourtant, ce sont les Etats qui définissent et mettent en œuvre les politiques migratoires. Eux, et eux seuls. La plupart ont choisi de réagir à l’arrivée de personnes en quête d’une vie digne en fermant leurs frontières. Ils mettent en œuvre des politiques migratoires nationales hostiles, toujours plus inhumaines, dont l’impact sur la vie des personnes en exil qui traversent nos villes ou qui cherchent à s’y installer nous scandalise.

La possible réduction de l’aide médicale d’Etat (AME) et le durcissement du regroupement familial voulus par le gouvernement français, ou la récente création d’un commissaire européen à la « protection du mode de vie européen » en charge des migrations, constituent une escalade supplémentaire dans cette inhumanité qui semble guider une majorité de décideurs en France et en Europe.

Une telle approche, qui renforce les tensions en faisant des migrations un « problème », une « crise » à la source de toutes nos difficultés économiques et sociales, ne peut plus durer. Au-delà d’être indigne, elle n’est tout simplement pas à la hauteur des enjeux ! Les morts quotidiennes, en Méditerranée comme ailleurs, démontrent avec effroi son inefficacité. Les migrations sont constitutives de ce XXIe siècle ! Changer d’approche est un défi pour penser notre avenir commun dans un monde en paix. En tant que collectivités locales, élus, acteurs et actrices de la société civile, nous prouvons chaque jour, localement, que des alternatives sont possibles, réalistes, et qu’elles peuvent être généralisées à des échelles plus grandes.

Une alliance inédite

De multiples expériences locales en lien avec la société civile ont déjà vu le jour partout dans le monde : Sao Paulo (Brésil) permet la participation des migrants aux conseils municipaux ; Barcelone (Espagne) accompagne les demandeurs d’asile dans leurs démarches ; New York et San Francisco (Etats-Unis) se sont déclaré « villes sanctuaires » pour officialiser leur résistance aux politiques discriminatoires ; Bayonne et Rouen continuent d’accueillir malgré l’hostilité de l’Etat ; Palerme (Italie) a adopté une charte « De la migration comme souffrance à la mobilité comme droit de l’homme inaliénable »… Autant d’expériences qui prouvent que, ensemble, nous portons des propositions réalistes et intelligentes, bien loin des politiques de repli et de rejet.

Sur la base de ces expériences, nous voulons défendre une autre gouvernance des migrations, une autre vision des politiques migratoires que celles qui nous sont imposées par des décisions prises à l’échelle nationale, régionale ou de l’Union européenne. Ensemble, nous souhaitons permettre l’accueil inconditionnel des personnes cherchant refuge et promouvoir des politiques migratoires respectueuses des droits de toutes et tous.

C’est la raison pour laquelle nous lançons aujourd’hui, un front commun autour d’une alliance durable entre autorités locales et société civile. Une alliance inédite, pour valoriser les initiatives locales portées par les collectivités territoriales et les mouvements sociaux. Une alliance pour défendre, depuis l’échelle locale et vers une échelle internationale, une gouvernance des migrations fondée sur l’accueil digne et le respect des droits fondamentaux, qui s’inscrit dans une vision globale de citoyenneté.

Une alliance dont les principaux axes de travail seront de permettre aux migrants d’être acteurs et actrices de la cité, citoyens dans nos villes ; de coconstuire nos politiques accueillantes pour nous donner l’opportunité de réinventer localement nos démocraties ; de raconter une autre histoire des migrations, ancrée dans la réalité historique et statistique, et nettoyée de ses dérives xénophobes.

Une autre politique migratoire est possible : nous le prouvons chaque jour !

Journal des Jungles n°13 : La danse des cerfs-volants

La danse des cerfs volants

J’écris tous mes rêves sur la queue d’un cerf volant. Et je lui demande de les emmener jusqu’au sommet du ciel, le plus près possible de Dieu qui lira ce message et peut-être pourra réaliser mes souhaits. Dieu est beau et il aime la beauté. Il aime la liberté. Et nous tous, humains, on aime la liberté comme lui. Je voudrais être comme les oiseaux et les cerfs volants.

Quand j’étais petite j’écrivais déjà mes rêves sur les feuilles des fleurs et des cerfs volants pour qu’ils volent dans le ciel. Mais le fil s’est détaché de ma main. Et le cerf volant est parti très haut. Je l’ai regardé le plus longtemps possible, même quand il est devenu un petit point. Et mes rêves ont donc quitté mes pensées. Tous les souhaits des humains sont d’abord des petits points et ils vont grandir. Ils vont voler vers Dieu, pour qu’il exauce mes vœux.

Grande Synthe : un millier de migrants évacués

Par Anne-Diandra Louarn

Un millier de migrants ont été évacués mardi du campement de Grande-Synthe, dans le nord de la France, lors d’une opération de « mise à l’abri », selon les autorités. Des associations dénoncent des “violences policières” survenues à bord de deux bus qui prenaient la direction de la Bretagne, malgré les protestations des migrants qui souhaitent se rendre en Angleterre.

Près d’un millier de migrants ont été évacués, mardi 17 septembre, du gymnase de la ville de Grande-Synthe, dans la région des Hauts-de-France (nord). L’opération avait été annoncée fin juillet, sans qu’aucune date ne soit précisée. “Environ 300 agents des forces de l’ordre ont été mobilisés ainsi qu’une trentaine de bus”, a indiqué la préfecture à InfoMigrants.

“Dès 7h ce matin le périmètre a été bouclé par la police, les routes fermées et les membres associatifs ont été invités à quitter les lieux. Puis dès 8h, les bus [de la préfecture] ont commencé à arriver trois par trois”, raconte Akim Toualbia de l’association Solidarity Borders, contacté par InfoMigrants.

« On s’attend à ce que les migrants reviennent d’ici 48 heures »

Au départ, “tout s’est déroulé dans le calme, les migrants sont montés petit à petit dans le bus sans savoir où ils allaient”, poursuit Claire Millot de l’association Salam. “Comme dans la plupart des démantèlements, on sait aussi qu’ils vont revenir d’ici 24-48h”, ajoute-t-elle. Une grande majorité des migrants vivant à Grande-Synthe ou à Calais ne sont, en effet, qu’en transit, leur destination finale étant le Royaume-Uni.

Depuis le démantèlement de la jungle de Calais fin 2016, la ville n’a pas vu se reformer de vaste camp. Désormais ce sont des petits groupes éparses qui s’installent dans les bois à proximité des routes ou du port pour tenter de traverser la Manche. Chaque jour ou presque, les policiers procèdent à des démantèlements, mais les camps se reforment presque immédiatement. Les bénévoles à Grande-Synthe craignent qu’avec la disparition du camp du gymnase, le même phénomène qu’à Calais se produise.

“Beaucoup de migrants qui se trouvaient au gymnase sont partis précipitamment hier soir ou bien ont réussi à passer au travers des mailles du filet ce matin. Comme c’est le cas déjà à Calais, on s’attend donc à ce qu’ils reviennent et qu’ils s’installent dans le bois du Puythouck par exemple”, explique Claire Millot qui regrette que “les évacuations conduisent à une plus grande précarisation”.

En face, les autorités ne l’entendent pas de la sorte. Invoquant une décision du tribunal administratif de Lille qui fait état de problèmes de salubrité et de sécurité, la préfecture estime qu’il s’agit d’une opération de “mise à l’abri digne et respectueuse des droits fondamentaux”. Elle entend également “lutter contre les trafics d’êtres humains sur le littoral et notamment aux abords de ce gymnase”.
« Je pense que chacun ici était content de sortir de ce bidonville qu’était le camp de Grande-Synthe. Nous y mettons un terme ce matin et c’est une bonne nouvelle pour notre État de droit et les droits de l’Homme », a déclaré à la presse le préfet du Nord, Michel Lalande.

Des “violences policières” constatées à bord des bus de la préfecture

Selon la préfecture, les évacués “sont en cours d’acheminement vers des structures d’hébergement adaptées se trouvant principalement dans les Hauts-de-France et dans lesquelles ils pourront bénéficier d’un accompagnement individuel”. La demande d’asile et l’aide au retour volontaire vers le pays d’origine font partie des options qui pourront leur être proposées depuis leur centre d’hébergement.

Reste que “faire monter ces gens dans des bus pour des centres d’accueil où ils ne veulent pas aller, ça n’a pas de sens. Ils vont revenir […] car leur souhait est d’aller en Angleterre », martèle Claire Millot. D’ailleurs, dans la matinée, deux bus prenant la direction de la Bretagne [dans l’ouest de la France], ont dû temporairement s’arrêter sur des aires de repos car des migrants, protestant contre leur destination, ont commencé à « taper sur les vitres et à menacer de mettre le feu à leurs vêtements », a indiqué le sous-préfet de Boulogne-sur-Mer, Jean-Philippe Vennin.

InfoMigrants a pu consulter des vidéos filmées à bord de l’un des bus en question dans lesquelles on aperçoit un homme en larmes et les yeux rougis par ce qu’il affirme être du gaz lacrymogène tiré par un policier à bord. Cinq d’entre eux ont été interpellés et doivent être placés en garde à vue pour « incitation à l’émeute » et « dégradation en réunion », selon une source policière citée par l’AFP.

Lors d’une réunion mi-juillet rassemblant les associations, la mairie et la sous-préfecture, cette dernière s’était engagée “à trouver des places pour tout le monde” dans les Hauts-de-France, avait indiqué un porte-parole de la ville à InfoMigrants. La municipalité avait même proposé de mettre à disposition une cinquantaine de “logements d’urgence”.

Les associations se disent choquées par les “violences policières” constatées à bord des bus. “L’ancien maire Damien Carême surveillait de très près les évacuations et demandait toujours au préfet que les opérations se passent dans le calme et dans le respect des droits de chacun. Ce qu’il s’est passé aujourd’hui [à bord des bus] est grave. Nous appelons le nouveau maire Martial Beyaert à réagir”, déclare Akim Toualbia de l’association Solidarity Borders

Contacté par InfoMigrants, l’élu socialiste n’a pas, pour l’heure, donné suite à nos sollicitations. Il a toutefois déclaré à l’AFP avoir « plutôt confiance en la parole de l’État et sa vocation à prendre en charge ces populations ». Il craint tout de même de voir les campements se reformer dans sa ville et aux alentours, reconnaissant qu’il faudra « beaucoup d’informations et d’accompagnement [pour éviter que les migrants ne reviennent]. On ne peut pas forcer les gens à entrer dans un parcours d’intégration à la française ».

 

Le parc JB Lebas à Lille : nouvelle zone de contrôle et de chasse aux sans papiers

 Mardi 24 septembre, sous une pluie intense, le parc aux grilles rouges est presque vide hormis nous, exilé.es sans domicile qui avons l’habitude de laisser passer la journée là entre nous, d’où le choix de la rafle. Vers 15h, des camionnettes de police s’arrêtent devant les différentes entrées du parc et des policiers se postent devant afin d’encercler totalement les lieux. Chaque personne voulant entrer ou sortir du parc doit se soumettre à un contrôle policier : ouverture des sacs et présentation d’un papier d’identité.

A l’intérieur, la battue commence. La police nationale, la BAC et la PAF (Police Aux Frontières) sont présentes. La PAF se focalise sur nous. Nous sommes fouillés un par un et on nous force à nous regrouper pour une vérification de nos papiers. A 17h, l’opération policière prend fin sous l’étonnement général des passant.es. Quatre d’entre nous sont arrêtés pour un nouveau contrôle au sein des locaux de la PAF au commissariat central. Pour nous qui sommes restés au parc, nous sommes choqués et désabusés de ce contrôle massif dans notre lieu de retrouvailles qui est aussi le lieu de la distribution quotidienne des repas. Trois sont libérés dans la soirée.

La France est le pays du droit à la terreur sur les personnes exilées.

Soyons mobilisé.es et attentif-ives pour que cela ne devienne pas une habitude à Lille !

Face à la volonté d’enfermer et d’expulser les personnes sans papiers Ne soyons pas passif-ives !

Conseils si vous êtes témoin d’un contrôle ou arrestation policière :

  • Montrez votre désaccord, informez les passant.es présent.es et tentez de vous interposer si vous êtes motivé.es.
  • Prenez les noms des personnes arrêtées pour prendre des nouvelles auprès du commissariat ou du Centre de Rétention Administratif (CRA). Cela permet aussi de pouvoir informer les ami.es ou proches et d’être informé.es des dates de jugement et préparer la défense.
  • Contactez le collectif des Olieux pour nous alerter afin de faire tourner l’information et d’être plus nombreux.ses sur le lieu de l’arrestation.

Le 25 septembre 2019

Permanences le mercredi et AG dimanche après midi au local syndical (32 rue d’Arras). collectifolieux@gmail.com

https://olieux.herbesfolles.org/

Toujours plus de migrants traversent la Manche en bateau

article  de Annabelle Martellla, paru dans le journal La Croix, 28 août 2019

Toujours plus de migrants traversent la Manche en bateau

De plus en plus d’exilés tentent de traverser le détroit d’une trentaine de kilomètres qui sépare la France du Royaume-Uni. Le nombre de tentatives a doublé cette année. Ce sujet sera discuté ce jeudi 29 août par le ministre de l’intérieur Christophe Castaner et son homologue britannique

Les embarcations de fortune des migrants sur la Manche marqueront-elles bientôt autant les esprits que celles en mer Méditerranée ? Depuis cette année, le nombre de traversées du détroit qui sépare la France de l’Angleterre a doublé : 1 473 exilés ont tenté de rejoindre les côtes anglaises lors de 157 tentatives, contre 586 migrants pour 78 essais sur l’ensemble de l’année 2018, selon la préfecture maritime de la Manche et de la Mer du Nord.Malgré le plan d’action franco-britannique « pour s’attaquer aux traversées irrégulières de petites embarcations » mis en place en janvier dernier, l’augmentation est restée « lente mais constante », précisent les autorités judiciaires. Des discussions doivent reprendre, ce jeudi 29 août.

Des conditions de vie déplorables sur les côtes françaises

« Ce qui est étonnant, ce n’est pas que le nombre de tentatives ait doublé en 2019 mais plutôt que ces traversées ne se soient pas multipliées plus tôt, remarque Laurent Giovannoni, responsable migration au Secours catholique. Depuis l’évacuation de la « jungle » de Calais en 2016, la situation sur le littoral français est figée. »

Souvent déboutés du droit d’asile en France ou « dublinés », ces exilés sont prêts à tous pour tenter leur chance en Grande-Bretagne. Certains ont même essayé de traverser à la nage le bras de mer d’une trentaine de kilomètres entre le Cap Gris-Nez et Douvres. Vraisemblablement parti d’une plage du nord de la France, un Irakien âgé de 48 ans a été retrouvé mort, vendredi 23 août, au large des côtes belges.

« Les conditions de vie déplorables sur le littoral français les poussent à prendre des risques, estime François Guennoc, vice-président de l’Auberge des migrants. Ils sont harcelés par les autorités : toutes les 48 heures, leurs campements sont démantelés. »

Le moyen le plus sûr de rejoindre le Royaume-Uni

De son côté, la préfecture « met en garde les migrants qui envisagent de traverser la Manche, une des zones les plus fréquentées au monde, et donc dangereuses pour la vie humaine ». « Pour faire face à ces traversées périlleuses et dangereuses (…), un plan zonal et départemental, validé par le ministère de l’intérieur, a été mis en place, détaille la préfecture du Pas-de-Calais. En liaison étroite avec la préfecture maritime qui a elle-même renforcé ses moyens de surveillance et d’intervention en mer. »

Pourtant, traverser la Manche serait moins dangereux que de se cacher dans un poids lourd ou un conteneur, selon les associations. « Beaucoup de traversées réussissent, ce qui incite les migrants à tenter leurs chances, assure Jean-Claude Lenoir de l’association Salam. Si la météo est clémente et que l’embarcation a un moteur en bon état de marche, c’est le moyen le plus sûr de rejoindre la Grande-Bretagne. » Plus d’une centaine d’embarcations sont ainsi parvenues à rejoindre les côtes anglaises, avec à leur bord 1 109 migrants, tandis que 60 embarcations ont été interceptées par les autorités françaises, selon la préfecture du Pas-de-Calais.

Ces traversées restent néanmoins marginales. « Les tentatives de passage de la frontière par le port de Calais et le lien fixe trans-manche (par dissimulation dans les poids lourds) restent, de loin, les plus nombreuses, assure la préfecture. Depuis le début de l’année 2019, 9 732 personnes ont été découvertes au port et 6 054 sur le site d’Eurotunnel. »

La voie maritime serait empruntée majoritairement par des exilés d’origine iranienne et irakienne, arrivés plus récemment sur les côtes françaises. « Sans solution face à un marché contrôlé par des Afghans, des Kurdes ou encore des Soudanais, des passeurs se sont mis à acheter des canots et à faire payer la traversée entre 5 000 et 8 000 € » explique François Guennoc, de l’Auberge des Migrants. Pour améliorer la situation, l’association souhaite qu’un accord soit trouvé pour que les migrants puissent faire en France leurs demandes d’asile pour l’Angleterre.

« Surveiller encore plus ne réglera pas le problème »

La lutte contre les traversées clandestines sera au cœur d’une rencontre jeudi 28 août à Paris entre Christophe Castaner, ministre de l’intérieur, et son homologue britannique, Priti Patel. Mais les associations attendent peu de cet échange. « Surveiller encore plus le littoral ne réglera pas le problème, insiste Laurent Giovannoni, responsable migration au Secours catholique. Ce n’est pas une solution viable à apporter à un problème diplomatique et social très complexe. »

Tribune de la Ligue des Droits de l’Homme

 

Grande-Synthe : évacuation prochaine des migrants, un nouveau coup d’épée dans l’eau

 

La France est le pays de la Déclaration des Droits de l’Homme. Elle n’est plus le pays des Droits de l’Homme. C’est le constat que l’on fait actuellement, car depuis des décennies «  l’Etat a pris un ensemble de décisions privilégiant le rejet des étrangers plutôt que leur accueil » (citation du Gisti).

Sur un plan général en effet on constate que notre pays n’est pas, de beaucoup s’en faut, celui qui accueille sur son sol le plus de réfugiés. Au prorata du chiffre de sa population (67 millions d’habitants), il ne se situe à l’échelle européenne qu’à la 15ème place : 200.000 étrangers sont admis chaque année en France pour 100.000 qui en repartent. Ceci dit pour couper les ailes de la surenchère de ceux de tous bords qui invoquent « l’appel d’air » ou « la submersion migratoire .»

 

Depuis une 20ne d’années, la région littorale Manche-Mer du Nord qui fait face à la Grande-Bretagne voit arriver un grand nombre de réfugiés anglophones ou ayant des proches établis outre-Manche. Or faute d’une application par l’Etat qui l’a signée de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et de son article 13 affirmant  que « toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’une Etat »,ces exilés se trouvent confrontés à la politique de non-droit cogérée par la France et la Grande-Bretagne. Elle se matérialise par une multiplicité d’obstacles juridiques et matériels, une contrainte policière qui transforment la fin de leur périple en un véritable parcours du combattant.

 

Ainsi côté français, les exilés se trouvent bloqués pendant des mois, voire des années dans des conditions de grande précarité dans l’attente d’un passage aléatoire outre-Manche lourdement monnayé auprès de passeurs. Dans ces temps extrêmement pénibles pour eux, ils sont aidés par de trop rares collectivités comme Grande-Synthe, ville hospitalière, et par des associations et des bénévoles intervenant chaque jour pour qu’ils aient nourriture, vêtements, couvertures, soins, assistance juridique. Leur survie est  ainsi assurée.

 

Mais dans le même temps, ils se trouvent en butte à des mesures attentatoires à leur dignité, leur liberté prises par des représentants de l’Etat. Et c’est pourquoi il arrive aux associations de saisir avec succès le Conseil d’Etat, les Tribunaux Administratifs quand dans un Etat dit « de droit » comme la France, la loi n’est pas respectée. Les plus graves de  ces mesures répressives, comme ce devrait être le cas bientôt à Grande-Synthe, sont les expulsions, les évacuations forcées des exilés de leurs campements de fortune, ce qui les plonge dans une plus grande précarité encore. Ces opérations onéreuses nécessitant un grand déploiement de forces de l’ordre sont depuis toujours, chacun le sait, vouées à l’échec. A plus ou moins brève échéance, les « évacués » reviennent décidés à rejoindre la résidence de leur choix. Les associations engagées quotidiennement sur le terrain réclament l’arrêt de ce processus tel qu’il est appliqué et la mise en place de conditions d’accueil humaines et pérennes à la hauteur des valeurs et des potentialités qui sont celles de notre pays.

 

 

Fédération du Nord,

Section de Dunkerque de la

Ligue des Droits de l’Homme (LDH)