Expulsions à Calais : communiqué inter-associatif

Expulser en soignant, un nouveau protocole thérapeutique contre la gale ?

(Paris, le 22 mai 2014) Hier, le préfet du Pas-de-Calais annonçait sa décision d’expulser les migrants présents sur différents sites de la ville de Calais tout en leur proposant un traitement contre la gale alors même qu’une épidémie touche ces personnes vivant dans des conditions intolérables. Les associations sur place s’indignent de cette décision prise sans concertation et dénoncent la mise en danger de personnes en grande précarité.

Dans les conditions annoncées, les malades ne seront pas correctement soignés et l’épidémie ne sera pas stoppée. Cette annonce va amener les populations à quitter leurs lieux de vie sans avoir été soignées, ce qui risque d’étendre l’épidémie aux autres camps de la région.

Par ailleurs, les centaines de migrants qui ne s’inscrivent pas dans une démarche de demande d’asile seront dans une situation de vulnérabilité encore accrue. Les propositions de prise en charge des mineurs isolés étrangers ne semblent pas adaptées à l’accueil spécifique dont doit bénéficier tout mineur sur le territoire français.

L’épidémie de gale est bien la conséquence du non-respect des recommandations émises depuis des années par les associations et les autorités de santé qui demandaient que des structures d’hygiène (points d’eau, douches, latrines) soient installées à Calais.

Ces conditions d’expulsion ne respectent pas la circulaire du 26 août 2012 « relative à l’anticipation et à l’accompagnement des opérations d’évacuation des campements illicites ». Celle-ci prévoit notamment un temps de concertation entre tous les acteurs impliqués pour que des solutions alternatives de relogement soient anticipées.

Les associations dénoncent des mesures prises sans concertation qui combinent des soins inadaptés à des expulsions. Elles souhaitent que des mesures efficaces soient prises pour assurer une prise en charge des personnes migrantes respectueuse des droits fondamentaux.

Associations signataires :
Médecins du Monde ; Délégation du Secours Catholique du Pas de Calais ; France Terre d’Asile ; L’auberge du migrant ; Calais ouverture humanité.

Contacts presse
MdM : Emmanuelle Hau / Aurélie Defretin 01 44 92 14 31 / 13 81 – 06 09 17 35 59
Secours Catholique : Véronique Devise 06 31 88 89 12 devise.veronique@wanadoo.fr
FTDA : Christophe Harrison 01 53 04 39 93 charrison@france-terre-asile.org

CP 22.05.2014

 

Retour sur le passage de l’Agence de voyageurs

L’Agence de voyageurs ou quand la migration rime -avant tout- avec voyage…

(Par Martine Devries, Dominique Ruelle-Bourgeois, Nan Suel)

Du 07 au 10 avril, trois étudiants-chercheurs de l’ENSAD-LAB, Afrouz, Rahaf et Pejman, sont venus écouter les récits de voyage de ceux qui voulaient bien raconter…C’est un projet sur lequel ils travaillent depuis plusieurs mois : plans, visuels, essais, ce sont des designers, et ils procèdent méthodiquement, en collaboration avec le PEROU, et Sébastien Thiery…

Pour lire la suite de cet article, rendez-vous ici !

Crédits : Rahaf Demashki

Crédits : Rahaf Demashki

 

Valls à Calais : Les associations d’aide aux migrants demandent des mesures concrètes

Communiqué de presse

 

Visite de Manuel Valls à Calais

Les associations d’aide aux migrants demandent des mesures concrètes

 

(Paris, jeudi 12 décembre 2013)

Le Ministre de l’Intérieur Manuel Valls a rencontré aujourd’hui les associations de défense des migrants, lors de la quatrième table de concertation avec le préfet organisée à la sous-préfecture de Calais.

 Alors qu’environ 400 exilés sont présents à Calais et 250 dans le reste de la région, dans une situation de dénuement extrême en pleine vague de froid, les associations d’aide aux migrants ont pu alerter aujourd’hui Manuel Valls sur la situation dramatique de ces populations précaires et réaffirmer la nécessité de mettre rapidement en œuvre des solutions dignes et pérennes garantissant le respect de leurs droits fondamentaux et des engagements internationaux de la France.

Les acteurs qui interviennent auprès des exilés de Calais font état d’un réel manque de dispositifs de mise à l’abri, d’équipements favorisant l’accès à l’eau et à l’hygiène et les expulsions à répétition sans solutions de relogement et sans concertation préalable avec les associations propulsent ces populations dans l’errance et aggravent leur état de santé. La pression policière dont sont encore victimes les exilés à Calais ne font par ailleurs que détériorer davantage leurs conditions de vie.

 Dans un rapport rendu par le Défenseur des Droits en novembre 2012, celui-ci « dénonçait » la situation faite aux migrants : pression policière, expulsion des lieux de vie, destruction des biens personnels et du matériel humanitaire, absence d’hébergement, etc. A la suite de cette réunion, les associations notent avec intérêt la volonté de l’Etat d’expérimenter sur la région des projets de « maisons des migrants » et entendent y être associées rapidement. Les orientations discutées lors de cette table de concertation feront l’objet d’un suivi dans les prochains mois de la part Manuel Valls et la mise en place d’un diagnostic concerté avec les associations a été envisagée. Aucune solution immédiate n’a cependant été proposée pour répondre aux besoins urgents des migrants.

 Si Manuel Valls s’est dit prêt soutenir le projet de « maisons de migrants » avec la participation des associations, la situation d’urgence à Calais n’a pas encore reçu de réponse concrète. Les associations réaffirment avec force la nécessité de mettre en place des mesures immédiates  pour répondre à la couverture des besoins essentiels et urgents des migrants : mise à l’abri inconditionnelle, facilité d’accès à la santé et aux droits, accès à l’eau et à l’hygiène ainsi que pour mettre fin aux pressions policières.

  Associations signataires :

L’Auberge des Migrants, Carrefour des Solidarités, le Collectif Fraternité Migrants Bassin Minier 62, Emmaüs, France Terre d’Asile, la Marmite aux Idées, Médecins du Monde, Terre d’Errance Norrent-Fontes et la Délégation du Secours Catholique du Pas-de-Calais.

CP final Valls 12.12.2013

Squat V.Hugo (suite) : la justice ordonne « la libération des lieux »

Le jugement est tombé mardi 19.11.2013 : le tribunal de Calais « ordonne la libération des lieux », « au besoin avec le concours de la force publique ». Il ordonne par ailleurs à charge de chaque occupant « une astreinte de 50 euros par jour de retard à compter de la signification de la présente décision et jusqu’à libération des lieux ».

Calais

Calais

Les habitants de ce lieu de vie, qui sont majoritairement des femmes, sont donc désormais sous la menace d’une expulsion.

Nous reproduisons ci-dessous le texte qu’elles ont réalisé.

Paroles des femmes de la maison du 51 boulevard Victor-Hugo

Nous n’avons pas d’endroit où vivre, nous asseoir, ou nous reposer. Nous n’avons rien, donc nous voulons rester ici. Nous voulons avoir une chance de rester dans cette maison.

Nous avons quitté notre pays à la recherche d’une vie meilleure et maintenant nous avons encore peur. Jusqu’à quand allons-nous encore avoir peur ? Nous ne sommes pas libres ici, c’est le jeu du chat et de la souris et nous devons toujours fuir, fuir, fuir. Nous sommes venues en Europe pour trouver la liberté, mais où est-elle ?

Nous sommes toutes arrivées par la mer, d’abord au Soudan, en Libye, puis en Italie. Nous fuyons depuis le début de notre voyage. Nous n’avons pas quitté notre pays, l’Érythrée, pour des raisons économiques, nous avions de la nourriture et un abri là-bas. Quelques-unes d’entre nous allaient même à l’université. En Érythrée, les femmes et les hommes doivent faire leur service militaire pendant au moins deux ans, deux ans  qui peuvent devenir des années. Nous n’avons pas d’autre choix que d’y aller et tout le monde s’enfuit parce qu’on en a peur.

Maintenant nous sommes parties, nous avons eu une chance de quitter notre pays et nous ne pourrons jamais revenir. Si nous le faisions, nous serions en grand danger, nous risquerions la prison pour très longtemps, ou nous pourrions même être tuées. Quand nous nous sommes enfuies de notre pays, nous cherchions la liberté. Personne ne s’enfuit de son pays et ne prend autant de risques pour des raisons économiques. Notre voyage était vraiment dangereux, il y a beaucoup de racisme, par exemple en Libye, beaucoup de personnes africaines ont été tuées. Et maintenant, en Europe, c’est le jeu du chat et de la souris : chaque fois qu’on voit un policier, on fuit. Où est la démocratie ? Qu’est-ce qu’on a fait de mal ? Est-ce que c’est parce que nous sommes illégales, ou que nous sommes noires, que les gens nous traitent comme ça ?

Nous avons besoin de liberté. L’une d’entre nous pense à rester en France, mais après ce que nous avons vécu ici, on ne voit pas la liberté et on ne veut pas subir encore une fois le racisme. Nous sommes venues pour la liberté, pas pour ça. Plus que tout, c’est la liberté qui nous importe, plus que la nourriture, ou l’abri. Une de mes amies a été frappée par la police et jetée dans des ordures, une autre a été conduite en plein milieu de la nuit loin de Calais, et elle a du revenir à pied. Pourquoi ? Pour quelles raisons ? Maintenant, nous n’avons nulle part autre où aller que cette maison. Si elle est fermée, nous serons à la rue. Nous ne voulons pas bouger d’ici. Nous aimerions avoir la chance d’y rester.

 

 

CALAIS : Appel des exilés syriens (03.10.2013)

Entre mercredi 02 et vendredi 04.10.2013, un groupe d’exilés d’une soixantaine de personnes, de nationalité syrienne, a décidé d’organisé un sit-in à l’entrée du port de Calais, au niveau de l’accès pour les piétons. Une quarantaine d’entre eux a même lancé une grève de la faim. Vous trouverez ci-dessous leur appel en version française et anglaise.
Pour plus de détails sur leur mobilisation et ses suites, n’hésitez pas à parcourir le blog Vibrations Migratoires réalisé par la Marmite aux Idées.

Mobilisation syriens Calais

Crédits : M.Galisson

Nous sommes les syriens ici à Calais

 Nous sommes ici depuis maintenant un ou deux mois. Le gouvernement français et la police nous ont très mal traité et n’ont montré aucun intérêt pour notre situation. Ils nous ont systématiquement expulsé de nos maisons pour nous mettre à la rue. A chaque fois que nous trouvons un endroit où rester, la police viens et nous arrête, détruisant nos effets personnels et fermant le lieu.

Il n’y a pas d’endroit sécurisé où nous pouvons trouver refuge à Calais, nous sommes juste ici pour une chose et c’est demander l’asile en Angleterre. Beaucoup d’entre nous ont de la famille et des amis là-bas que nous aimerions voir et avec qui nous désirerions vivre. Il y a aussi une forte communauté syrienne en Angleterre, plus forte qu’en France.

Nous sommes maintenant en train de manifester dans le port de Calais, et nous ne partirons pas avant qu’ils nous laissent passer en Angleterre. Nous exigeons qu’une personne de l’ « UK home office » vienne nous parler et étudie notre situation. Nous avons le droit de demander l’asile en Angleterre, mais comment arriver là-bas ?  Il n’y a pas de moyen légal de traverser.

 Nous sommes environ 65 syriens au port en ce moment, avec nos familles, des femmes âgées, des mères, des enfants, le plus jeune ayant trois ans, des amis, et plus de 50 agents de police.

Nous avons le droit de mener une vie paisible et nous avons malheureusement une guerre en Syrie. Nous avons besoin d’aide rapidement. Nous recherchons la sécurité et un refuge en  Europe, mais nous ne l’avons pas encore trouvé et nous espérons le rencontrer en Angleterre.

 

We are syrian people here in Calais

We have been here now between one and two months. The french government and police have been very bad with us and do not care about us. They have kicked us out of our house into the street. Anytime we find a place to stay the police comes and arrest us, destroy our belongings, close the place.

 There is nowhere safe for us to shelter in Calais, we are here just for one thing and that is to have asylum in England. Many of us have family and friends  in England who we would like to see and be able to live with. There is also a strong  syrian community there, more than in France.

 We are now demonstrating in the port of Calais, we will not leave until they let us go to England. We demand one person from the UK home office comes here to speak with us, and to see our situation. We have the right to claim asylum in england, but how do we get there ? There is not a legal way to cross.

 We are about 65 people from syria at the port at the moment, with our families, old women, mothers, children the youngest being three years old, friends, and they are over 50 police officers.

We have the right to live a peaceful life and we have unfortunately war in Syria. We need help quickly. We are looking for safety and shelter in Europe but we have not found it yet and we hope to find it in uk.