Nous sommes à Calais, l’un des symboles les plus marquants de l’inacceptable des politiques migratoires et d’accueil en France. On retrouve en effet sur ce territoire la violence, le non-respect des droits les plus élémentaires, y compris celui à la dignité.
Si Calais est un symbole, nous savons trop bien que c’est sur l’ensemble du territoire français que sont mises en œuvre des politiques d’inhospitalité et de fermeture.
Les EGM se sont ouverts en 2017. Plus de 80 cahiers de doléances, rédigés par des assemblées locales réunies sur l’ensemble du territoire français, ont pu relever les éléments les plus symptomatiques de l’inacceptable des politiques mises en œuvre.
Mais ils ont aussi permis à des milliers de citoyens de plaider pour une autre politique d’accueil. De là est né un manifeste qui dresse un socle commun pour une politique migratoire respectueuse des droits fondamentaux et de la dignité des personnes.
Nous, citoyen·ne·s français·e·s et étranger·ère·s résidant en France, associations, collectifs et syndicats engagés à l’échelon local, national et international pour la défense des droits des personnes étrangères au sein des États Généraux des Migrations,
– Nous posons les bases d’un renversement du discours dominant sur la question des migrations que nos inscrivons dans la continuité de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme ainsi que de tous les engagements internationaux de la France en matière de respect des droits des personnes ;
– Nous affirmons qu’il n’y a pas de « crise migratoire » mais une « crise des politiques migratoires » ;
– Nous appelons toutes et tous à nous rejoindre pour promouvoir une politique migratoire fondée sur les droits fondamentaux:
- Pour un accueil digne et inconditionnel des nouveaux arrivants sur l’ensemble du territoire, une prise en charge adaptée des personnes les plus vulnérables, une information claire et adaptée sur les droits, sur les démarches à entreprendre
- Pour un respect du droit d’asile effectif, qui ne soit plus prétexte à une logique de tri, pour l’arrêt des renvois des personnes vers le pays d’entrée dans l’Union Européenne, pour la suppression des procédures accélérées et de la notion de pays d’origine sûrs, pour l’élargissement des critères ouvrant droit au statut de réfugié, pour l’abandon de la logique de tri stigmatise honteusement les « migrants dits économiques » considérés comme indésirables.
- Pour une égalité des droits entre Français·e·s et étranger·ère·s présent·e·s sur le territoire afin de respecter les droits fondamentaux et les textes internationaux ratifiés par la France. Pour la Fin des contrôles au faciès, la Fin de toutes les formes d’enfermement et d’assignation à résidence, pour le Respect du droit des mineur·e·s isolé·e·s, pour le Droit à la régularisation pour les personnes résidant en France, pour l’ Autorisation de travail sans conditions spécifiques pour les personnes de nationalité étrangère, pour l’ Accès à la formation, pour la Suppression des conditions limitant le droit au regroupement familial, pour la Levée des barrières dans l’accès aux soins ;
- Pour une reconnaissance des initiatives citoyennes dans l’accueil et le soutien aux personnes étrangères. Sur ce sujet nous saluons l’avis qui vient d’être donné par le Conseil constitutionnel. Il faut encore se battre pour aller plus et notamment reconnaitre les initiatives solidaires comme des actions d’intérêt général
- Pour la modification des règles concernant l’accès au territoire français et politique internationale, pour réviser les règles d’accès au territoire français et ne pas bloquer les frontières, pour abandonner le règlement Dublin et mettre fin aux expulsions – pour enfin rétablir la Libre circulation des personnes étrangères à l’intérieur de l’espace européen;
Nous, citoyen·ne·s français·e·s et étranger·ère·s résidant en France, associations, collectifs et syndicats engagés à l’échelon local, national et international pour la défense des droits des personnes étrangères au sein des États Généraux des Migrations,
Nous demandons la fin de la logique de discrimination et de suspicion généralisée envers les personnes étrangères vulnérables, qui conduit à des drames, des violences, des souffrances, des humiliations et du harcèlement
Nous demandons le transfert des budgets engagés dans l’actuelle politique sécuritaire et répressive aux différents dispositifs d’accueil et d’accompagnement
Nous demandons le changement de gouvernance pour que la politique migratoire ne soit plus confiée au seul ministère de l’Intérieur et que soit privilégiée une approche interministérielle, fondée sur le droit commun
Nous demandons la formation des personnels administratifs, fonctionnaires et travailleurs sociaux à la compréhension des questions migratoires, à l’interculturalité et à la logique de bienveillance
Nous demandons la fin de l’impunité des agents de l’État en cas de violations des droits imprescriptibles des personnes étrangères, la systématisation des enquêtes de la hiérarchie ordonnées par les tribunaux afin que soient sanctionnées les personnes responsables de ces manquements à leur mission
Nous demandons la mise en place de cadres de concertation et de coopération entre la société civile et les autorités, sans que cela conduise à pallier les carences de l’État
Nous demandons une évaluation transparente et menée par des autorités indépendantes des politiques migratoires, avec un mécanisme qui engage les pouvoirs publics à tenir compte des recommandations.