Encore un mort à Calais, un de trop.

Trois migrants sans nouvelle depuis le 22 juillet, de leur camarade Hisham Othman, un jeune homme soudanais, m’ont demandé de l’aide pour signaler sa disparition à la police : nous y sommes allés le lundi 10 Août.
Après de multiples recherches, nous avons pu savoir que Hisham Othman se trouvait depuis le 23 juillet dans la morgue de l’hôpital à Douvres. Les britanniques avaient fait des recherches en France et en Italie, sans réussir à découvrir son identité : il n’avait pas de papier sur lui. Les britanniques étaient sur le point de l’enterrer sans nom.
A la suite des démarches faites ce jour-là auprès de la police judicaire, nous avons réussi à identifier le corps grâce au frère de Hisham : il vit en Grande Bretagne, il s’est rendu à Douvres et il a identifié le corps, il s’agit de son petit frère, il avait 22ans.
Hisham en essayant de monter dans le train a reçu un coup à la tête, il y a eu une hémorragie interne, et plusieurs fractures. Il est arrivé en Grande Bretagne, mais il était mort.
Hisham avait un petit corps, les britanniques l’ont pris pour un mineur de 15 ans.
Hisham va être enterré à Birmingham, la ville où vit son frère Hassan.
Hisham avait le baccalauréat en génie civil, il a fui son pays à cause des problèmes….il n’avait que 22ans! Il souhaitait faire des études supérieures et avoir le doctorat.
Dure épreuve pour son frère Hassan, ses amis de route, ses parents, et pour nous tous….il n’avait que 22ans!
Le frère raconte : « C’est une dure épreuve d’aller voir à la morgue un corps où l’on a marqué « corps anonyme », et de découvrir qu’il s’agit bien de mon frère ! Mon frère n’a jamais été un anonyme, c’est son projet qui lui a coûté la vie. »
Drame qui ne sera pas le dernier, on le sait bien, parce que des milliers comme Hisham vivent actuellement des situations tragiques : certains sont au point de départ pour le désert libyen, et d’autres en attente sur les rives sud et nord de la Méditerranée. Beaucoup attendent des trains pour traverser le tunnel sous la Manche à Calais, l’ultime passage, beaucoup espèrent par le train rejoindre l’Angleterre à 31 kilomètres ! Certains arrivent sur le territoire britannique, et ont l’espoir d’une vie meilleure, pour d’autres, malheureusement, comme pour Hisham, le risque, c’est d’être un corps sans vie, sans identité, et seul.

Mariam Guerey

Il s’agit d’une guerre aux migrants: pas de la fatalité ou de la responsabilité des passeurs

Article rédigé par l’association Migreurop publié par  Mediapart dans le cadre de l’opération #Open Europe

Les passeurs sont régulièrement désignés dans les discours politiques comme responsables des « drames de la migration », mais ce sont les politiques migratoires (de l’UE, des Etats membres) qui sont chaque année la cause de drames humains, et favorisent le business de la grande criminalité organisée, tout en criminalisant ceux qui aident par solidarité.

Lorsque que, le 10 septembre 2014, plus de 500 personnes ont disparu en mer alors qu’elles tentaient de rejoindre les côtes maltaises, l’OIM (Organisation internationale pour les migrations) a parlé de « meurtre de masse », dont les « passeurs » étaient les coupables.

Après les terribles naufrages du mois d’avril 2015, la Commission européenne a appelé à une réponse énergique de l’UE pour en finir avec cette hécatombe. Dans son Agenda Européen sur la Migration du 13 mai , elle propose trois axes d’intervention pour éviter que des personnes tentent la dangereuse traversée de la Méditerranée : une meilleure surveillance des frontières maritimes de l’UE, une coopération renforcée avec les pays d’origine ou de transit des migrants pour empêcher les départs, et une lutte accrue contre les réseaux criminels (trafiquants et passeurs). Le 18 mai 2015, le Conseil européen a adopté une « Décision relative à une opération militaire de l’Union européenne dans la partie sud de la Méditerranée centrale (EUNAVFOR MED) », destinée à « démanteler le modèle économique des trafiquants ». Elle permet aux Etats membres de l’UE d’intervenir en haute mer pour arraisonner les navires soupçonnés de se livrer au trafic de migrants, de « capturer et neutraliser ces navires », et de les « éliminer et les mettre hors d’usage ».

La presse se fait volontiers le porte-parole de ce discours qui fait porter aux « passeurs » la responsabilité des épisodes dramatiques qui jalonnent les parcours migratoires. On note pourtant que bien peu d’information est fournie sur ces passeurs (qui sont-ils, comment agissent-ils, quelles relations entretiennent-ils avec les « passé.e.s », etc.), et que la figure du passeur a connu une profonde transformation au cours des dernières années ou décennies.

Ce billet a pour objet de fournir quelques informations, sources documentaires et éléments de réflexion pour contribuer à ce que le débat public ne se limite pas à un paysage consensuel brossé à gros traits peu vérifiés, parfois caricaturaux.

Les passeurs : une figure en évolution

Le regard sur le passeur a évolué de façon parallèle à celui qui est porté sur les personnes revendiquant leur droit à demander l’asile. Au début des années quatre-vingt, le profil type du demandeur d’asile a changé, au gré de la géopolitique (effondrement du bloc communiste) et de l’évolution de la définition de réfugié (élargissement des zones géographiques entre autres : moins intellectuel, moins blanc, jeté sur la route de l’exil pour des causes plus complexes que celles qui avaient chassé ses prédécesseurs, victimes de la guerre froide et de dictatures bien identifiées). De héros à qui il faut venir en aide il est devenu un fraudeur, voire un terroriste – une tendance accentuée après le 11 septembre 2001.

C’est en même temps que change le regard sur les passeurs, pendant longtemps considérés comme des sauveurs : ainsi, pendant la guerre d’Espagne, ceux qui aidaient les républicains ou les anarchistes à se rendre en France ou, pendant la seconde guerre mondiale en France, ceux qui faisaient franchir la ligne de démarcation aux personnes poursuivies par le régime de Vichy. Les années de guerre froide voient naître des passeurs qui aident à franchir le mur de Berlin et la frontière Est/Ouest, à une époque où on s’indigne de ce que des États empêchent leurs citoyens de quitter leur pays ; une pratique aujourd’hui admise, voire encouragée par les Etats européens qui, dans le cadre de l’externalisation  des contrôles migratoires, font pression sur leurs voisins du sud pour qu’ils « retiennent » les migrants tentés de prendre la route vers l’Europe, y compris leurs propres ressortissants (voir Migreurop, « Emigration illégale » : une notion à bannir).

En 2004, le Cap Anamur (bateau d’une association allemande du même nom) connut une longue errance dans l’indifférence quasi-générale : longtemps interdit d’accostage, refoulé aux frontières maritimes de l’Europe pour avoir accueilli à son bord 37 rescapés africains d’une barcasse en perdition, une partie de son équipage fut ensuite inculpée d’« aide à l’immigration illégale », et ses passagers interdits de demande d’asile – au mépris de la convention de Genève. (Voir Migreurop, Cap Anamur – appels, chronologie, presse).

Le durcissement des politiques migratoires et le 11 septembre 2001 étaient passés par là : le migrant est désormais considéré comme un fraudeur, un profiteur, voire un terroriste, dont l’examen de la demande d’asile est souvent sommaire (quand elle a lieu). Et « le » passeur un criminel, petite main de la grande criminalité organisée. Il est devenu un trafiquant, coupable de traite des êtres humains (voir ci-après criminalisation des passeurs).

Les passeurs : une réalité multiple

Il existe bel et bien des réseaux criminels investis dans l’acheminement de personnes d’un point à l’autre du globe au travers des frontières, qui font payer ce service à celles et ceux qui en ont besoin, et à leurs proches. On se trompe en revanche en imaginant que les migrant.e.s qui ont recours à des passeurs ont tous et toutes utilisé les services de ceux-ci de leur ville ou village de départ jusqu’à leur arrivée dans telle ville d’un État européen (ou d’Amérique, d’Australie…). Beaucoup témoignent avoir eu un itinéraire en tronçons successifs, avec parfois de longues périodes à travailler ou survivre dans la précarité en attendant d’avoir trouvé un passeur pour l’étape suivante de leur voyage. Pour certains, le service du passeur a consisté essentiellement en la fabrication de faux documents permettant d’emprunter une ligne régulière de transport (avion, bateau, train, car). Pour d’autres le passeur a été un accompagnateur de fait pour la traversée de tel obstacle ou telle frontière mais pas pour l’ensemble de leur voyage. Les activités de passeur sont d’une très grande variété.

On voit enfin en de nombreux endroits une auto-organisation de migrants, pour la survie et pour l’organisation du passage : dans les « jungles » du Calaisis, comme dans les « camps de la montagne » marocains ou en Grèce (voir Passeurs d’hospitalité, Que sont les passeurs ?).

Qui est passeur et qui est bénéficiaire des services de passeur ?

Il est parfois bien difficile de le dire… « Il y a quasiment autant de profils de passeurs que de voyages d’exil. Certains passeurs prennent des risques et concrètement, ils permettent de sauver des vies, même si leurs services sont rétribués. Un grand nombre de « passeurs », notamment par voie terrestre, sont des intermédiaires, qui prennent en charge des migrants sur une partie du chemin de l’exil. Ils sont parfois eux-mêmes de migrants résignés, qui ont tenté plusieurs itinéraires pour rejoindre leur destination et connaissent les différentes routes qui « marchent » ou ne « marchent pas ». Ils sont alors plus ou moins aidants, plus ou moins intéressés. Il y a aussi ceux qui, moyennant finance, fournissent des faux papiers – souvent avec la complicité d’autorités locales corrompues – à des personnes qui peuvent ainsi prendre l’avion et fuir le danger. Ils sont faussaires, usurpateurs d’identité, mais aussi résistants et sauveteurs, et parfois eux-mêmes demandeurs d’asile à l’arrivée. » (ACAT France, Qui sont les passeurs ?). Les pratiques mises en œuvre au nom de la lutte contre l’immigration illégale génèrent par ailleurs des phénomènes qui brouillent encore les cartes.

À Mayotte on rencontre ainsi des « enfants passeurs », qui, pour le tiers ou le quart du prix habituel du passage, s’engagent à se faire passer pour le passeur en cas de contrôle (voir Plein Droit n°84, Les enfants passeurs de Mayotte).

À la gare du Nord à Paris, face à l’exigence, aux guichets, de documents prouvant le droit au séjour de certains clients (exigence « au faciès »), des étrangers en situation régulière et des Français se sont mis à acheter des billets pour le compte d’autres.

Criminalisation de l’activité des passeurs

Bien sûr, il existe des criminels parmi les passeurs, des gens qui abandonnent en pleine mer ou en plein désert, qui enferment dans des camions frigorifiques, qui violent et rançonnent, qui livrent à la police moyennant récompense etc. Mais il abusif et dangereux de faire l’amalgame entre l’activité des « passeurs » et ce qu’on appelle le trafic criminels d’êtres humains (voir Natalia Paszkiewicz, Le danger d’assimiler trafic de migrants et traite humaine).

Amalgame abusif

Les personnes qui apportent une aide aux migrants sont souvent poursuivies pour « délit de solidarité », nom donné, en France, par les militants des droits de l’Homme au délit « d’aide à l’entrée, la circulation ou le séjour d’un étranger en situation irrégulière ». Dans de nombreux pays, cette activité est passibles de poursuites pénales (voir Migreurop, Les législations internationales qui prévoient le délit de solidarité). Ainsi, en 2007, sept pêcheurs tunisiens, pour avoir porté secours à une embarcation de migrants en grande difficulté au large de Lampedusa, ont été poursuivis pour « aide à l’entrée illégale sur le territoire », ont vu leur outil de travail confisqué et ont passé, pour certains, plusieurs mois en prison avant d’être finalement relaxés (voir : Migreurop, (presque) tout sur le procès d’Agrigente).

Amalgame dangereux

Cette criminalisation de l’aide aux migrants, par son aspect dissuasif, contribue à fragiliser la situation des personnes qui ont réellement besoin de franchir les frontières qu’on leur interdit de passer légalement. Elle les oblige, tout comme les autres volets de la lutte contre l’immigration irrégulière, à recourir à des moyens encore plus dangereux pour parvenir à leur fin. Elle met en évidence l’hypocrisie de politiques fondées sur la répression, qui incitent à la violation des règles qu’elles fixent, et enrichissent les vrais passeurs mafieux (tout comme la Prohibition aux USA de 1920 à 1933 a fait la fortune de la mafia).

La présomption de culpabilité est souvent bien faible : des migrants sont poursuivis sur la seule fois de rapports de police bien difficiles à contester, ou des personnes sont jetées en prison parce qu’elles avaient communiqué avec des passeurs ou présumés tels.

« Perturber les réseaux des passeurs ne fera que contribuer à augmenter les dangers liés au fait de traverser la Méditerranée tout comme ce fut le cas avec la militarisation de la lutte antidrogue : il est probable que les prix des passeurs augmentent, ce qui exposera alors les émigrants à un risque plus élevé en termes d’abus. » (Natalia Paszkiewicz, Le danger d’assimiler trafic de migrants et traite humaine).

Les passeurs, pourquoi ? Les politiques « migratoires » en cause

Actuellement, si les passeurs peuvent être incriminés (cf. en bibliographie les articles de Carine Fouteau sur mediapart fin décembre 2014), le cynisme est plus du côté des responsables politiques européens qui rechignent à accueillir des personnes en quête de protection (95% des 4 millions de réfugiés syriens se trouvent en Irak, Jordanie, Égypte, Liban et Turquie). Les interminables marchandages auxquels se sont livrés les Etats membres de l’UE lorsque la Commission européenne leur a demandé, au mois de mai 2015, de « relocaliser » quelques dizaines de milliers de demandeurs d’asile en témoignent une fois de plus.

Pourtant, les politiques migratoires répressives (de l’UE, des Etats) n’empêchent pas les gens qui le veulent de partir. En revanche, elles les poussent à prendre des voies de passage de plus en plus dangereuses. L’observation des modes opératoires utilisés pour la traversée de la Méditerranée au cours des dix dernières années montre en outre que les passeurs savent parfaitement s’adapter aux contraintes qu’impose la diversification des dispositifs de surveillance.

La construction de murs, le développement de moyens militaires pour le contrôle des frontières et les tentatives de blocage des migrants avant même qu’ils aient quitté leur pays ne font nulle part, à long terme, la preuve de leur efficacité. Mais ils sont chaque année la cause de drames humains, et favorisent le business de la grande criminalité organisée, tout en criminalisant ceux qui aident par solidarité.

« De nombreux gouvernements semblent vouloir détourner l’attention de leurs manquements en faisant de la crise mondiale des réfugiés une question de traite ou de trafic d’êtres humains. Ils ont raison, mais pas dans le sens où ils l’entendent. Selon les gouvernements, les trafiquants et les passeurs sont le problème. En réalité, le trafic ou la traite d’êtres humains est la conséquence, la cause principale étant l’action inadaptée des gouvernements. Lorsque les gens sont désespérés, rien ne peut les empêcher de partir. Les gouvernements portent une responsabilité morale en leur interdisant d’emprunter des moyens sûrs et légaux, et les contraignent de fait à faire appel aux services de passeurs ou les exposent à l’exploitation des trafiquants » (Amnesty International, Crise des réfugiés. Ce sont les gouvernements, et non les passeurs, le vrai problème).

L'Ezadeen dans le port de Corigliano en janvier 2015L’Ezadeen dans le port de Corigliano en janvier 2015

 

 

Calais, cette frontière tue!

Tribune publiée dans le Plus de l’Obs (supplément internet de l’Obs). Elle est signée par Céline Barré, Martine Devries, Claire Dimpre, Lou Einhorn et Jean-Marie Gueuret, membres d’associations et militants à Calais et sur le Littoral de la Mer du Nord. La frontière tue

Manifestation du 18 décembre 2014 contre le mur de la honte

 

Huit morts en deux mois : deux femmes, un bébé, deux jeunes, 3 hommes dans la force de l’âge. A Calais, la frontière avec l’Angleterre tue encore et encore !

Financée par le gouvernement britannique, une barrière grillagée vient d’être érigée, rehaussée de barbelés, surmontée de lames de rasoir. Elle interdit l’accès au domaine portuaire, les exilés se rabattent alors sur le site du Tunnel sous la Manche : loin de créer de la sécurité, la barrière produit de la mort.

De loin, un mort est un chiffre. De près, c’est une personne que les bénévoles et les militants des associations accompagnaient, que ses amis, sa famille aimaient.

De loin, c’est une politique qui ne marche pas. De près, ce sont des femmes et des hommes, un bébé. Insupportable et révoltant.

De loin, l’intention est de « sécuriser ». De près, cette barrière signifie pour de nombreuses personnes l’augmentation du danger et de la prise de risque. Car rendre plus difficile le passage d’une frontière ne fait pas disparaître le souhait de la traverser quand c’est la survie qui est en cause. Au contraire, cela rend indispensable le recours aux passeurs, véritables techniciens du passage, qui se font payer, et les tarifs augmentent !

Pas d’argent ? Il reste la tentative désespérée, avec une prise de risque extrême, et les exilés en sont parfaitement conscients. Il ne s’agit pas de les « prévenir », aucune campagne de prévention et aucun panneau d’affichage n’y pourra rien. Ils savent ce qu’ils risquent, mais le sentiment de n’avoir plus que ça à tenter est plus fort, la détermination est entière. Et le désespoir, face à des conditions de vie insupportables en France, est majoré encore par les accidents graves, trop souvent mortels, dont ils sont les témoins impuissants. Face aux conditions de vie qu’ils ont quittées, au parcours qu’ils ont déjà effectué et à « l’accueil » qui leur est proposé en France ou ailleurs, ils font le pari que le jeu en vaut la chandelle.

Que faire alors ?

Il n’y a pas de solution simple.

Pour les bénévoles et les militants des associations, malgré leur fatigue et leur lassitude, c’est être à côté des exilés pour apporter un soutien : des soins, de l’eau, de la nourriture, des vêtements, du matériel pour la mise à l’abri, une présence amicale, des informations sur leurs droits…

Actuellement, les Etats membres de l’Union Européenne (dont la France et la Grande Bretagne) limitent leur accueil sous le prétexte du « risque d’appel d’air » : Cette inaction, en matière d’accueil et d’information sur les droits, conduit de nombreuses personnes remplissant les critères de la Convention de Genève, à poursuivre leur fuite en avant dans l’espoir de commencer enfin à vivre.

Une véritable réflexion sur l’ouverture de voies légales d’accès au territoire européen – dont le territoire britannique –  et sur les modalités de circulation en son sein, doit donc être menée. Cela nécessite une remise à plat des accords européens ou bilatéraux tel que l’accord du Touquet. C’est urgent !

Mais aussi, il faut une application réelle, enfin, des lois de notre pays concernant la protection des mineurs et des personnes vulnérables et l’hébergement des demandeurs d’asile. Ce sera un signe fort de la mise en place d’une politique plus hospitalière. A Calais, dans le nouveau bidonville, vivent plusieurs centaines de demandeurs d’asile et des dizaines de mineurs et des femmes enceintes. Ces personnes doivent être protégées et hébergées.

Actuellement les politiques mises en place en France contreviennent aux principes de notre République et aux fondements mêmes de notre société.

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Peut-on continuer longtemps à encourager la peur, voire la haine de l’autre, à construire des murs? Le mur d’hier à Berlin, de sinistre mémoire. Les murs d’aujourd’hui : à Calais, mais aussi en Bulgarie, en Hongrie, en Turquie…Peut-on continuer à enfermer, à s’enfermer ?

 

N.B. A la suite de la publication de cette tribune, nous avons appris la mort d’une nouvelle personne dans la nuit du 28 au 29 juillet. Cela porte à neuf le nombre de morts connus depuis le début du mois de juin!

Calais // Mobilisation de syriens

Reprise d’un article publié dans le blog « Passeurs d’hospitalité » le 28 juin 2015.

 

Les syriens dans l’entonnoir calaisien se mobilisent

Ce samedi 27 juin 2015, un groupe de Syriens a quitté le bidonville voisin du centre Jules Ferry pour manifester place d’Armes. Avec les syriens qui survivent sur le parvis de l’église Saint Pierre-Saint Paul et le quai du hangar Paul Devot, (près du phare), ils se sont regroupés avec détermination, des revendications claires, des banderoles. Depuis ce matin ils ont décidé de rester là jusqu’à ce qu’ils soient entendus. Et si la crainte était là de se faire éjecter par les « gardiens de la paix » dans la soirée, aux dernières nouvelles en ce début de dimanche 28 juin, ils sont toujours là, et  ils sont décidés à revenir et persister en cas de dispersion.

Un militant nous transmets leur message:

1. Constat :
Il y a selon eux entre 70 et 80 syriens répartis sur 3 sites : la jungle, le parvis, et le quai.
Aucun demandeur d’asile en ce moment!

2. Le danger :
Se rendre en Angleterre, pour eux, est un acte dangereux ! Ils sont non seulement conscients des risques mais ils les ont subi aussi …
Rappel : M , jeune syrien qui s’est noyé , S., syrien à qui l’ont doit aujourd’hui donner à manger , des menaces par armes à feu d’un routier , le gaz, les coups,  un érythréen mort cette semaine …
Il ne veulent plus de ça !

2.  Pourquoi l’Angleterre ?

D’abord, parce qu’ils parlent anglais , et ce n’est pas à banaliser lorsqu’on souhaite débuter une nouvelle vie ailleurs…

Puis, parce qu’ils ont pour beaucoup des proches là bas !

Enfin, parce que les conditions d’accueil là bas sont beaucoup mieux gérer qu’ici! En effet, la France leur propose l’asile mais les laisse dehors encore quelques mois alors qu’en Angleterre ils sont hébergés sur le champs et dignement.

4. Dignité

Les syriens réclament le droit à la dignité!
Ils ne sont pas des animaux et réclament leur statut d’êtres humains!

Ils souhaitent donc communiquer avec les gouvernements franco-britanniques,  dialoguer et trouver des solutions fiables afin de se rendre en Angleterre légalement, en sécurité !

RAPPEL:

en novembre 2014, d’autres syriens du parvis de l’église se sont aussi mobilisés avec banderoles, tracts, déplacement à Boulogne au consulat britannique.

Pentax Digital Camera

en septembre-octobre 2013, les syriens éjectés du squat rue Mouron, revendiquaient sur la passerelle piéton du terminal des Ferry.

PS: appel à tous à soutenir ce mouvement spontané.

PS2: Des syriens survivent sous le porche de l’église et du quai près du phare de Calais depuis juillet 2014. Cette fin juin 2015, ce ne sont évidemment pas les mêmes personnes.

Les invités de Mediapart // Michel Agier // Le camp de regroupement de Calais : retours sur une violence

   Ici, l’article original

L’anthropologue spécialiste de l’exil et des camps, Michel Agier (1) propose une analyse sur ce qui se passe actuellement à Calais. « Les associations de citoyens bénévoles sont en train de se faire déloger du dispositif qui se met en place. On est maintenant dans une logique de type humanitaire-sécuritaire où ces associations ne trouvent plus leur place, ni ne savent comment donner sens à ce qu’elles font ou voudraient continuer à faire. »


« Bidonville d’État », « New jungle », « Sangatte sans toit », « Ghetto Cazeneuve » : les manières de nommer sont importantes, certes, mais c’est d’abord le lieu lui-même qui interpelle. Invité à voir et commenter ce qui se passe à Calais, en regard d’une expérience de plusieurs années de recherches sur les camps dans le monde (camps de réfugiés, camps de déplacés internes, campements de migrants), j’ai rencontré pendant deux jours plusieurs personnes parmi les intervenants du monde associatif, du « centre Jules Ferry », et parmi les migrants. Ce que j’ai ramené de cette visite est la proposition d’un regard décentré sur l’ensemble de la situation, sur ce qui se passe là en ce moment, et un constat. Celui-ci peut tenir en quelques mots : ce qui se passe aujourd’hui à Calais est la mise en place d’un camp de regroupement sécuritaire-humanitaire sous le contrôle de l’État. Une mise à l’écart violente. Une immobilisation d’étrangers en mouvement. Une séparation des migrants et de la ville.

La complexité de cette situation est à la fois juridique, politique, logistique, et humaine ; elle est en constante évolution. J’essaierai de la décrire et de proposer quelques commentaires.

Des expulsions − un regroupement forcé − un enfermement dehors

La fermeture très médiatisée en 2002 du centre de la Croix-Rouge de Sangatte par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’intérieur, devait mettre un terme à une visibilité acquise par le « hangar de Sangatte » qui dérangeait l’image lissée d’un pays démocratique. La fermeture du lieu et l’expulsion des étrangers qui l’occupaient, préparaient aussi ce qui s’institua cinq années plus tard, avec l’élection présidentielle de Nicolas Sarkozy, comme un nationalisme identitaire et une xénophobie par le haut, au plus haut niveau de l’État. Officiellement et systématiquement repoussés et rendus « invisibles », les migrants en transit, et parfois en errance, dans cette région se sont régulièrement regroupés dans des campements informels de petites tailles, ou dans des squats, au sein ou autour des principales villes et notamment de Calais. Le campement des migrants afghans de cette ville, ouvert en 2002, fut détruit en octobre 2009. Au cours de ses sept années d’existence, cette « jungle » aux abords de Calais a pu parfois atteindre jusqu’à 600 occupants, ce qui représente un nombre très important pour ce genre d’occupation : un refuge comme il en existe des milliers dans le monde, créé par les migrants eux-mêmes de la même manière qu’on « ouvre » un squat. Ce sont des campements urbains où l’on se regroupe faute d’asile, en occupant les interstices de la ville – quais, parcs, squares, terrains vagues, immeubles vacants ou abandonnés. Ces lieux de refuge ont pu trouver à Calais comme dans les petites villes proches, des soutiens solidaires de la part des voisins. Près d’une dizaine de campements ont existé entre Calais et Dunkerque, les uns restant précaires alors que d’autres ont pu faire l’objet d’un soin donné par les habitants, et parfois par les mairies. En témoignent les associations formées en solidarité avec les migrants, comme Terre d’errance dans le village de Norrent-Fontes, un village dont on entend le nom très loin sur les routes des migrants − comme un repère fiable sur les trajets dangereux de l’exil. À Calais, les campements et squats de la ville ont été des lieux de grande précarité, mais ils faisaient aussi l’objet d’une solidarité de la part des habitants : distributions de repas, d’habits, de chaussures, soins médicaux, informations et aides concrètes sur les procédures administratives, apprentissages linguistiques, etc. Se sont ainsi constituées une vingtaine d’associations (ou de sections locales d’associations nationales) regroupées ensuite dans la « Plateforme de Services aux Migrants ».

Le nouvel emplacement créé en avril dernier semble être la troisième occurrence du même camp après Sangatte et la « jungle » de Calais. Mais il n’en est rien. Si le hangar de Sangatte (1999-2002) était un camp de transit géré par la Croix rouge, si la « jungle » (2002-2009) était un campement-refuge créé et géré par les migrants, c’est un camp de regroupement sous contrôle de l’État qui est en train de se mettre en place. En agrégeant certaines des associations locales au projet de « translation » (terme officiel), en les incitant à aider la sous-préfecture à organiser l’évacuation des migrants des campements et squats et leur transfert, sous le chantage qu’à défaut de cette collaboration, les autorités seraient « contraintes » d’employer la force, l’État a fait d’une pierre deux coups. D’une part, il a réalisé sans heurts apparents l’évacuation des squats et campements de Calais et le regroupement des migrants dans un espace situé à l’écart, à sept kilomètres de la ville. D’autre part, il a jeté le trouble dans le milieu associatif, qui s’est trouvé piégé par l’opération, et s’interroge sur l’avenir de son action. Parce qu’elles ne voulaient pas se couper de la réalité, ne pas perdre la main et rester solidaires des migrants, parce que Calais est une ville-frontière qui a depuis toujours l’habitude du passage des migrants et de leur accompagnement, elles ont voulu que le « déménagement » se fasse dans les meilleures conditions, sans conflit. L’opération d’euphémisation dans laquelle elles se sont trouvées embarquées ne leur laissait guère le choix. Mais ce fut bien, au fond, une opération gouvernementale de « pacification » par le déguerpissement urbain et l’encampement des migrants. Les conditions sanitaires étaient au départ celles du pire bidonville, d’où le nom, pleinement justifié, de « bidonville d’État » qui a été donné par les associations, maintenant davantage critiques contre l’opération et ses conséquences. La mise en place de deux points d’eau et de huit toilettes chimiques sur un espace de 18 hectares et pour plus de 3 000 personnes, ne change pas fondamentalement la logistique précaire du lieu.

En attendant, 3 000 personnes sont bloquées là, bientôt 5 000 d’après ce qu’annoncent certains responsables associatifs. C’est bien, j’y reviens, un camp de regroupement si on le replace dans la logique globale des camps. Les camps de regroupement consistent, dans le dispositif des camps en général et notamment en Afrique, à réunir des populations plus ou moins nombreuses de déplacées internes ou réfugiées initialement établies près des villages ou dispersées dans les villes, pour les conduire, parfois par camions entiers, et pas toujours avec leur accord, vers des camps où opèrent des administrations nationales ou internationales, ainsi que des organisations non gouvernementales ou des entreprises privées. Des raisons d’ordre logistique sont généralement mises en avant (travailler à plus grande échelle, plus efficacement, plus professionnellement), mais le camp de regroupement existe aussi pour faciliter les opérations de triage et de contrôle des personnes selon leur statut juridique, leur nationalité, leur âge, sexe, situation familiale, etc. L’opération est simultanément sécuritaire et humanitaire. Cet éclairage peut aider à comprendre ce qu’il se passe en ce moment dans le camp de regroupement de Calais.

« Circulez, y’a rien à voir » : séparer les migrants de la ville

Les associations de citoyens bénévoles sont en train de se faire déloger du dispositif qui se met en place. On est maintenant dans une logique de type humanitaire-sécuritaire où ces associations ne trouvent plus leur place, ni ne savent comment donner sens à ce qu’elles font ou voudraient continuer à faire. Elles ne réussissent plus à distribuer du pain, de la nourriture, amener des vêtements, parler avec ceux des migrants que les bénévoles connaissent déjà, parce qu’il y a beaucoup trop de monde, parce que la foule même des migrants devient effrayante pour les personnes âgées ou les jeunes mères de famille qui viennent là avec leurs enfants pour faire et enseigner les actes de solidarité, et se trouvent désemparées. Leur propre marginalisation est le signe du passage d’une solidarité de citoyens quelconques à un dispositif technique dont le langage politique est « Circulez, on s’en occupe, y a rien à voir ». L’entreprise « Vie active » qui gère pour la préfecture le centre de service Jules Ferry (4 douches pour 3000 personnes à raison de 4 minutes par personne, distribution de repas une fois par jour, etc.) recrute maintenant du personnel de service en CDD (un contingent de trente places offertes mi-juin). Nous avons pu voir un jeune homme se présenter à l’embauche, muni de son diplôme d’auxiliaire de vie, quelque peu perplexe face au portail fermé où s’agglutinaient une cinquantaine de migrants ou plus, attendant l’heure de la douche. Il finit par se faire reconnaître d’un employé qui le fit entrer. Contrôlée par des agents de service munis de leur gilet orange et de leur talkie-walkie, l’entrée sécurisée n’est guère accueillante pour les bénévoles des associations. Ceux-ci voient leur manière de travailler contestée par  les responsables de l’entreprise gestionnaire, parce qu’ils ne sont pas ponctuels, pas rapides, pas assez professionnels en général. Les bénévoles des associations eux-mêmes sont excédés, se sentent rejetés, certains renonçant à achever l’intervention pour laquelle ils étaient venus, puis renonçant à revenir là.

Ajoutons que sur les trois voies qui longent l’espace du camp dans son ensemble, des voitures de police circulent en permanence. L’un des bords est l’autoroute qui conduit vers le port, sur lequel un haut grillage est en construction (une barrière existe déjà de l’autre côté de l’autoroute). C’est là que la police interpelle tous ceux qui sortent du camp et s’approchent de la route, pour les mener en centre de rétention.

Des ONG professionnelles humanitaires sont tentées d’intervenir dans un dispositif qu’elles « reconnaissent » pour avoir vu des choses similaires ailleurs, dans les pays du Sud et où elles se sentent les plus compétentes. Et l’on peut penser qu’en effet la scène sécuritaire qui se met en place à travers le regroupement et l’encampement de tous les migrants qui passent par là, se verrait bien augmentée d’un volet humanitaire. Ce dernier rendrait la mise à l’écart plus « acceptable » aux yeux des citoyens d’un pays démocratique selon le principe de la politique de l’indifférence.

La violence est ce qui domine la situation. Il y a quelques semaines, la leader du Front National, Marine Le Pen, avait répondu à une question d’un journaliste à propos de la « crise migratoire » et des morts en Méditerranée avec ces mots : « D’abord il faut arrêter de leur dire ‘Welcome’ ». La forme-camp qui se met en œuvre en ce moment à Calais correspond à cette injonction xénophobe, elle est compatible avec la fermeture des frontières. Il y a de ce point de vue un rapprochement à faire avec l’espace d’entre les frontières italo-françaises, à Vintimille, où sont confinés depuis plusieurs jours des migrants arrêtés sur leur parcours et regroupés là, dans ce qu’on appelait autrefois le « no man’s land » et qui s’avère être une frontière dense, un « full of men’s land ». De même, le camp de Calais fait fonction de frontière dans le même contexte. De plus en plus, la difficulté et bientôt l’impossibilité d’en sortir sont manifestes. D’abord par l’éloignement de la ville, puis par la séparation d’avec les citadins citoyens solidaires, puis avec la présence active de la police dans son pourtour, et maintenant par les expéditions violentes de certains groupes d’extrême droite contre les migrants pouvant apparaître en ville. L’étau se resserre.

Questions

Qu’est-il possible de faire ? Déjà, le fait étant accompli, la suppression pure et simple du camp, c’est-à-dire sa destruction, poserait de nouveaux problèmes et enclencheraient de nouvelles violences. Deux pistes me semblent cependant mériter l’attention.

D’une part, la moitié des encampés de Calais pourraient en sortir tout de suite si l’on procédait aux régularisations rapides du genre de celle que l’OFPRA (Office Français pour la Protection des Réfugiés et Apatrides) a faite pour les demandeurs d’asile érythréens au début du mois de juin. Beaucoup d’Érythréens non enregistrés à ce moment-là, des Soudanais du Sud ou du Darfour qui auraient autant de légitimité qu’eux à recevoir l’asile, d’autres Africains en errance depuis tant d’années qu’ils n’ont plus où « retourner » dans des conditions vivables, une partie au moins des Syriens, des Kurdes, une partie peut-être des « vieux » exilés afghans : l’OFPRA pourrait arriver sans mal à 50% de la population du camp régularisable de suite.  Ainsi légalisées, ces personnes pourraient circuler librement, et auraient droit à des aides et cadres d’accueil plus humaines et dignes.

D’autre part, il est vital pour combattre l’enfermement du lieu qu’il soit de plus en plus ouvert et transformé par la venue des journalistes, des associations de Calais et d’ailleurs, des étudiants, des élus. Ces visites peuvent rétablir la relation avec les migrants confinés là. « Ouvrir » le camp − et ainsi le faire disparaître comme lieu d’enfermement − c’est d’abord permettre à ses occupants d’en sortir en toute sécurité,  c’est y aller et faire connaître ce qui s’y passe, y organiser des événements qui impliquent les habitants de la ville autant que les migrants, et ainsi créer un lien entre le camp et la ville. Mais cela, c’est déjà l’histoire des lieux de mise à l’écart en général. Bienvenue dans le monde des camps !


Le 12 juin, Philippe Wannesson que j’ai interviewé pour m’aider à comprendre la situation du camp de Calais, a voulu m’interviewer à son tour, à chaud. Voir ici.

 

 (1) Michel Agier est anthropologue (IRD et EHESS). Il étudie depuis de nombreuses années les déplacements et la formation des lieux de l’exil. Sur les thèmes concernés par le camp de Calais, il a notamment publié Gérer les indésirables. Des camps de réfugiés au gouvernement humanitaire (Flammarion, 2008), Je me suis réfugié là. Bords de routes en exil (avec S. Prestianni, éditions Donner Lieu, 2011), Paris refuge. Habiter les interstices (avec F. Bouillon, C. Girola, S. Kassa et A.-C. Vallet, éditions du croquant, 2011), Campement urbain. Du refuge naît le ghetto (Payot & Rivages, 2013) et Un monde de camps (sous sa direction, avec la collaboration de Clara Lecadet, La Découverte, 2014).

Atelier ‘Les migrations, de quoi parlons-nous?’ // jeudi 2 juillet 2015 // Calais

GRDR

Le GRDR, en partenariat avec la Plateforme de services aux migrants (PSM), organise un atelier de réflexion/discussion autour des questions posées par les migrations:

Les migrations, de quoi parlons-nous?

Cet atelier est ouvert à tou.te.s et a pour objectif d’échanger sur les réalités multiples des migrations ici et dans le monde, de questionner notre regard et les mots utilisés.

 

D’une durée de 2 heures, il se tiendra le jeudi 2 juillet de 18h à 20h
à l’accueil de jour du Secours Catholique, 434 route de St Omer à Calais.

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Marche pour la dignité et le respect des droits fondamentaux // CALAIS // 20 juin 2015

CALAIS – 20 juin 2015 – Journée mondiale des réfugiés


Marche pour la dignité

et le respect des droits fondamentaux

Venez vous joindre aux réfugiés et citoyens mobilisés pour demander le respect de la dignité, des droits et la mise en œuvre d’une véritable politique d’hospitalité à Calais, en France et en Europe!

 

Déroulement

Point de départ – Le bidonville // Route de Gravelines – angle Chemin des dunes
12h30 – Départ
13h30 – Passage Quai de la Moselle (possibilité de rejoindre le cortège à ce point de rendez-vous)
14h – Rassemblement devant la Mairie de Calais – Venez avec du papier toilette pour réclamer des toilettes pour tous entre 19h et midi!
14h30 – Retour vers le bidonville
16h – Après-midi festive en musique

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20 juin : Journée mondiale des réfugiés
 
A Calais : Marche pour la dignité et le respect des droits fondamentaux!
 
Fin mars 2015, plus de 1000 personnes exilées vivant dans divers campements disséminés dans Calais ont été contraintes de se déplacer sur une ancienne décharge située à 5 km du centre-ville. Ce déplacement forcé vers un véritable bidonville d’Etat s’est fait sous la menace d’expulsions violentes par les autorités.
 
Aujourd’hui, plus de 3 000 personnes, reléguées hors de la ville, vivent dans ce ghetto.
 
3000 personnes, dont des femmes et des enfants, avec un accès insuffisant à l’eau et aux soins, sans toilettes ni éclairage. Malgré la solidarité des associations locales et de nombreux citoyen.ne.s,  les exilé.e.s subissent l’abandon des pouvoirs publics qui n’assument pas leurs obligations. Leurs conditions de survie inacceptables sont un scandale humanitaire et politique.
 
Plutôt que de mettre en œuvre un accueil digne et de promouvoir une politique d’hospitalité, l’Etat choisit d’ériger des murs et des barbelés, comme pour se défendre d’une invasion imaginaire de personnes à la recherche de paix et de sécurité.
 
Aujourd’hui à Calais, les exilé.e.s d’Erythrée, de Syrie, d’Iran, d’Afghanistan, du Soudan, d’Ethiopie, etc. venu.e.s chercher protection en Europe se retrouvent confronté.e.s à la ségrégation, au racisme et à la violence, très loin de tout ce qui pourrait ressembler à une politique d’accueil.
 
Nous appelons le gouvernement à:
  •  Respecter les droits fondamentaux des personnes et les conventions internationales (aujourd’hui dans la 6ème puissance mondiale, à Calais et ailleurs, les standards minimaux de l’intervention humanitaire sont loin d’être respectés) ;
  • Mettre en œuvre une politique d’hospitalité pour toutes les personnes arrivant sur le territoire, notamment en respectant le droit à un hébergement inconditionnel pour tous;
  • Promouvoir auprès de ses homologues européens une politique migratoire conforme aux valeurs de notre continent afin d’éviter l’hécatombe en Méditerranée et aux autres frontières, et d’assurer la sécurité, la protection et l’accueil digne des personnes exilées.

Signataires:

ADRA Dunkerque, Auberge des migrants, Calais Migrant Solidarity, Calais Ouverture Humanité, Le Carrefour des Solidarités, La Cimade Nord-Picardie, Emmaüs Dunkerque, Emmaüs France, Médecin du Monde Délégation 59/62, Réveil voyageur, Salam Nord Pas-de-Calais, Secours catholique Délégation du Pas-de-Calais, Terre d’Errance, Terre d’Errance Steenvoorde

Mobilisation « Des ponts, pas des murs » // Calais, le 23 mai 2015

Violence policière: la preuve!

Le 13 novembre 2012, le Défenseur des droits (à l’époque, Dominique Baudis) dénonçaient les agissements des forces de l’ordre.

En janvier 2014, c’était l’ONG Human Rights Watch qui accusait les forces de l’ordre de violence.

A chaque fois, les autorités ont réfuté les accusations.

Cependant, le 11 mai 2015,des militants ont publié sur le site internet de l’association Calais Migrant Solidarity une vidéo montrant des CRS frapper plusieurs migrants et intimider des soutiens.

  Ici, l’article du journal Le Monde à la suite de la publication de la vidéo.