Encore un mort à Calais, un de trop.

Trois migrants sans nouvelle depuis le 22 juillet, de leur camarade Hisham Othman, un jeune homme soudanais, m’ont demandé de l’aide pour signaler sa disparition à la police : nous y sommes allés le lundi 10 Août.
Après de multiples recherches, nous avons pu savoir que Hisham Othman se trouvait depuis le 23 juillet dans la morgue de l’hôpital à Douvres. Les britanniques avaient fait des recherches en France et en Italie, sans réussir à découvrir son identité : il n’avait pas de papier sur lui. Les britanniques étaient sur le point de l’enterrer sans nom.
A la suite des démarches faites ce jour-là auprès de la police judicaire, nous avons réussi à identifier le corps grâce au frère de Hisham : il vit en Grande Bretagne, il s’est rendu à Douvres et il a identifié le corps, il s’agit de son petit frère, il avait 22ans.
Hisham en essayant de monter dans le train a reçu un coup à la tête, il y a eu une hémorragie interne, et plusieurs fractures. Il est arrivé en Grande Bretagne, mais il était mort.
Hisham avait un petit corps, les britanniques l’ont pris pour un mineur de 15 ans.
Hisham va être enterré à Birmingham, la ville où vit son frère Hassan.
Hisham avait le baccalauréat en génie civil, il a fui son pays à cause des problèmes….il n’avait que 22ans! Il souhaitait faire des études supérieures et avoir le doctorat.
Dure épreuve pour son frère Hassan, ses amis de route, ses parents, et pour nous tous….il n’avait que 22ans!
Le frère raconte : « C’est une dure épreuve d’aller voir à la morgue un corps où l’on a marqué « corps anonyme », et de découvrir qu’il s’agit bien de mon frère ! Mon frère n’a jamais été un anonyme, c’est son projet qui lui a coûté la vie. »
Drame qui ne sera pas le dernier, on le sait bien, parce que des milliers comme Hisham vivent actuellement des situations tragiques : certains sont au point de départ pour le désert libyen, et d’autres en attente sur les rives sud et nord de la Méditerranée. Beaucoup attendent des trains pour traverser le tunnel sous la Manche à Calais, l’ultime passage, beaucoup espèrent par le train rejoindre l’Angleterre à 31 kilomètres ! Certains arrivent sur le territoire britannique, et ont l’espoir d’une vie meilleure, pour d’autres, malheureusement, comme pour Hisham, le risque, c’est d’être un corps sans vie, sans identité, et seul.

Mariam Guerey