Après avoir rencontré le ministre de l’Intérieur puis le Premier ministre en décembre, Natacha Bouchart a été reçue ce mercredi, à partir de 17 h, par la Garde des Sceaux Nicole Belloubet. « Il y a une accélération de la prise en compte de notre situation. Cela m’a permis d’expliquer tous les problèmes rencontrés face à la présence migratoire. J’ai effectué plusieurs propositions », explique la maire de Calais.
« Un arsenal judiciaire trop faible »
La Garde des Sceaux n’a pas apporté de réponse immédiate. Mais elle pourrait intégrer certaines idées dans la future loi sur l’asile et l’immigration, que le président Macron pourrait présenter à Calais dans les prochains jours. « J’ai expliqué au ministre que ce n’est pas parce qu’il n’y a plus 10 000 migrants que les problèmes n’existent pas. Actuellement, l’arsenal judiciaire est trop faible », poursuit-elle.
Natacha Bouchart a d’abord mis en avant « la dégradation des situations des migrants qui les tirent vers plus de violence, d’alcoolisme, de délits ». Elle a demandé plus de fermeté avec ceux qui ne demandent pas l’asile. « Je souhaite que l’on rétablisse le délit de séjour irrégulier et qu’on mette en place des mesures d’éloignement. Cela éviterait aussi les rixes entre communautés et les tensions avec la population locale. J’ai aussi demandé l’expulsion des migrants auteurs de délits », détaille-t-elle.
« Expulser les activistes et no borders »
Prise d’empreinte, éloignement sous la contrainte de migrants qui ne demandent pas l’asile, augmentation des durées de la rétention administrative, durcissement législatif pour ceux qui s’introduisent sur l’autoroute, la rocade portuaire… La liste des revendications est longue. La maire s’en est de nouveau pris « aux activistes, no borders qui aident les migrants dans les délits. Je demande leur expulsion du territoire ».
À la fin du mois de novembre, la maire (LR) de Calais Natacha Bouchart a rencontré le président de la République Emmanuel Macron à l’occasion du congrès des maires. Celui-ci s’était engagé à venir à Calais avant le sommet franco-britannique, dans le courant du mois de janvier. La délicate question de la frontière transmanche et les Accords du Touquet, controversés, seront au centre de cette rencontre bilatérale dont la date et le lieu n’ont pas encore été fixés. Toutefois, selon Natacha Bouchart, « Emmanuel Macron doit venir à Calais avant le 15 janvier ».
« Un challenge pour le président »
La maire se dit toujours prête à soutenir la loi sur l’asile et l’immigration que va présenter le gouvernement. « Si certaines de mes propositions sont intégrées, ce sera plus facile de la défendre », note-t-elle. Elle n’en fera pas une question politique. « Je sais sortir de ces clivages. Je l’ai déjà fait. Qu’est-ce que cela amènerait au territoire de rester dans une démarche d’opposition ? Si on arrive à s’en sortir, je saurai reconnaître les choses », ajoute-t-elle.
Ainsi, voir le président venir présenter sa loi à ses côtés, et en faire aussi une affaire d’image et de communication, ne la gêne pas. « C’est vrai qu’il peut se servir de ça. Mais il a tout intérêt à ne pas venir à Calais les mains vides de propositions… Après, c’est aussi un challenge pour lui de réussir là où tous se sont cassé les dents », termine-t-elle.
– Le 23 août, Natacha Bouchart rencontre le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb. Un premier rendez-vous où la maire se déclare « déçue ». Elle évoque « l’impression qu’on essaie de banaliser la situation migratoire à Calais ».
– Le 7 décembre, la maire de Calais se déplace une seconde fois place Beauvau à la rencontre du ministre de l’Intérieur. Au centre de la rencontre, le projet de loi sur l’asile et l’immigration.
– Le 22 décembre, Natacha Bouchart se rend à Matignon pour rencontrer le Premier ministre Édouard Philippe. Elle se dit prête à soutenir le projet de loi « qui fait preuve de plus de fermeté ».