Grande Synthe: des associations d’aide aux migrants attaquent l’état pour contester une expulsion au puythouck

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Grande-Synthe Des associations d’aide aux migrants attaquent l’État pour contester une expulsion au Puythouck

Le 19 septembre, l’état d’urgence avait été invoqué pour justifier la mise à l’abri de 600 migrants installés au Puythouck. Photo Marc Demeure

Le 19 septembre, l’état d’urgence avait été invoqué pour justifier la mise à l’abri de 600 migrants installés au Puythouck. Photo Marc Demeure – VDNPQR

Ce jeudi, devant le tribunal administratif de Lille, plusieurs associations d’aide aux migrants comptent contester le fondement légal d’un ordre d‘évacuation de la jungle du PuythouckLe 19 septembre 2017, près de 400 migrants étaient priés de quitter les lieux, encadrés par les forces de l’ordre.Des bus avaient été affrétés pour les héberger dans des centres d’accueil et d’orientation.

Une opération devenue presque de routine, puisqu’en 2018 , plus d’une quarantaine d’évacuations de ce type ont été ordonnées. Sauf que ce 19 septembre, la préfecture du Nord s’est appuyée sur un article de l’état d’urgence, alors en vigueur à l’époque après les attentats, pour justifier la légalité de cet ordre d’expulsion.

« Il n’y avait pas de risque terroriste et cette opération ne rentre pas dans les critères de l’état d’urgence. »

Selon les associations humanitaires, il s’agit d’un « détournement des mesures de l’état d’urgence à des fins de gestion de questions migratoires. Il n’y avait pas de risque terroriste et cette opération ne rentre pas dans les critères de l’état d’urgence. Le concours de la force publique, par ricochet, a été fait dans l’illégalité », croit savoir Marie Rotane, juriste à la Fondation Abbé-Pierre.

Une action symbolique

Ce sont ces arguments qui seront exposés devant la juridiction administrative, opposant les associatifs à l’État. Une action de principe à la portée symbolique. Si les plaignants obtenaient gain de cause, ils obtiendraient l’annulation de l’arrêté du préfet du 13 septembre 2017 et des euros symboliques pour les sept associations engagées dans cette procédure. L’évacuation ayant déjà eu lieu, il ne peut y avoir de retour en arrière.

« À travers cette action, il s’agit aussi de dénoncer publiquement des évacuations de campement coûteuses, inadaptées, inefficaces et inhumaines », insiste la Fondation Abbé-Pierre. De son côté, la préfecture a toujours soutenu qu’il était plus « humain » d’inciter les migrants à rejoindre des structures d’accueil adaptées, plutôt que de les laisser prospérer dans des « bidonvilles ».

Le jugement du tribunal administratif ne sera pas rendu avant plusieurs semaines, voire plusieurs mois.