A Calais : deux militants britanniques obligés de quitter la France

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Début mai, deux activistes anglais du squat de la rue Sauvage ont été expulsés. Ils dénoncent une action répressive de la préfecture contre leur militantisme.

 

Sonia Chemaa, publié le 20 mai 2022

 

Ils sont deux. Deux Britanniques, Nik* et Olive*, à avoir été sommés de quitter le territoire français entre mars et avril. Les deux hommes ont un point commun : tous deux logeaient dans le squat de la rue Frédéric-Sauvage – leurs noms figurent dans le procès en cours concernant le squat – lorsque leurs titres de séjour de cinq ans leur ont été retirés. Selon eux, la préfecture du Pas-de-Calais tente ainsi de faire pression sur les militants, défenseurs des exilés.

Envoyé en centre de rétention

C’est lors d’un contrôle routier, alors qu’Olive était le passager d’un véhicule, quevle militant est contrôlé par les forces de l’ordre. « On était à trois rues du squat. Ils m’ont dit que la PAF voulait parler avec moi », raconte l’Anglais. Nous sommes au mois de mai, il dit ignorer alors qu’une OQTF (obligation de quitter le territoire français) ainsi qu’une IRTF d’un an (Interdiction de retour sur le territoire français) ont été prononcées à son encontre deux mois plus tôt. « L’OQTF, je ne l’ai jamais reçue », argumente-t-il. Il est emmené au centre de rétention de Coquelles puis à celui de Lesquin. « Parce qu’à Calais, j’ai beaucoup de soutiens », suppose Olive.

L’activiste logeait au squat de la rue Sauvage depuis son ouverture mais disposait d’une autre adresse à Calais lui permettant de récupérer son courrier. Le 3 mars, une convocation de la préfecture lui était envoyée par lettre recommandée. Un courrier dont Olive dit n’avoir jamais eu connaissance. Cinq jours plus tard, le 8 mars, la sanction tombait : une OQTF lui était adressée pour « défaut d’accès ou d’adressage ». Là aussi, la lettre ne lui serait pas parvenue. « Ils pouvaient me contacter par mail ou par téléphone. J’avais même été contacté quelques mois plus tôt par la préfecture pour une amende », se désole le militant.

« On ne lâche pas l’affaire »

Inquiété par le sort de son ami, Nik – un autre militant anglais vivant aussi au squat et disposant de la même seconde adresse qu’Olive – prend les devants et envoie un mail à la préfecture le 3 mai afin de savoir si sa situation a changé. La réponse de la préfecture ne se fait pas tarder : « Je ne vois rien sur votre applicatif. En cas de changement, un courrier vous sera adressé à Calais », pouvons-nous lire sur le mail envoyé. Rassuré, le Britannique programme alors des vacances en Angleterre. Mais après plus d’une demi-heure d’attente au contrôle aux frontières, Nik n’a toujours pas embarqué dans son ferry et apprend que, comme Olive, une obligation de quitter le territoire français a été ordonnée à son encontre.

Appels rejetés par le tribunal

Depuis, les deux militants sont retournés d’eux-mêmes vers la Grande-Bretagne et ont fait appel de cette décision. Un appel rejeté par le tribunal administratif. « On va faire appel contre ce jugement. On ne lâche pas l’affaire. On porte la responsabilité pour tous les militants étrangers en France. Le Calaisis a toujours été un laboratoire de répression », commente Olive.

*Il s’agit de pseudonymes, les militants ont souhaité préserver leur anonymat.