L’inquiétude après la demande de démantèlement du camp de migrants
Au lendemain de l’annonce d’un courrier demandant à l’État la suppression du campement, des bénévoles qui suivent au quotidien les migrants de Tatinghem font part de leur inquiétude. Et rappellent qu’ils souhaitent « depuis des années » qu’une solution d’hébergement soit trouvée localement.
« En colère », « choqués », le ressenti des bénévoles à l’annonce du courrier des maires de Longuenesse et Saint-Martin-lez-Tatinghem au préfet pour demander la fin du camp de migrants. « On est très inquiet, s’il y a démantèlement que deviendront ces gens ? Ils ne recevront plus de soins, n’auront pas d’accès à l’eau, plus de douche », énumère Brigitte, bonne connaisseuse du site de Tatinghem depuis sa création il y a une dizaine d’années.
« Une plus grande précarité »
Les élus souhaitent que les migrants soient réorientés vers des centres d’accueil et d’orientation : « Les CAO sont adaptés aux personnes qui demandent l’asile, mais pas à tous ceux qui n’ont pas cet objectif, qui veulent partir en Angleterre, et ceux qui ont laissé leurs empreintes dans un autre pays (ils doivent alors demander l’asile dans ce dernier). Ce sera une plus grande précarité pour eux, ils partiront se cacher dans les champs », tempête la dizaine d’Audomarois qui a fait part de son mécontentement à la presse. « Les élus locaux, avant de faire cette démarche auprès de la préfecture, auraient pu prendre contact avec nous pour discuter de nos propositions », peste Jean-François Chaumette, par ailleurs directeur d’Emmaüs.
Point par point, le groupe réfute les constats des élus. Le nombre de cinquante personnes présentes, d’abord. « Il y a peut-être eu des pics sur un week-end mais cela n’a jamais duré. Quand Calais a fermé, le camp de Grande-Synthe a brûlé, on s’attendait à plus de monde, mais ils régulent eux-mêmes le nombre de personnes », assurent les bénévoles.
« Des démarches auprès d’un avocat »
La suppression d’une base pour des passeurs ? « Ce serait pire sans le camp. » Les Audomarois, qui relaient l’appel de 470 organisations à un « Grenelle des politiques migratoires », s’efforcent au quotidien d’orienter les réfugiés de passage au camp, principalement des Afghans.
Le camp a été rendu plus vivable qu’à ses débuts, témoignent les bénévoles.
« Depuis le démantèlement de la jungle, une trentaine a demandé le retour en Afghanistan, une dizaine, l’asile », estime Brigitte qui sollicite ses réseaux pour mettre à l’abri ces derniers. « Nous menons un accompagnement spécifique comme pour cette mère et ses enfants il y a quelques semaines », insistent-ils. Enfin ils rapportent : ceux qu’ils soutiennent au quotidien « ont fait des démarches auprès d’un avocat, pour s’opposer au démantèlement du camp ».