Voix du nord // Sur ordre du préfet, le camp de migrants vietnamiens bientôt évacués

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Le camp de migrants vietnamiens de la commune d’Angres, installé sur le site des anciens services techniques de la ville, devrait être démantelé dans les prochains jours. Dans un arrêté préfectoral, Fabien Sudry a mis en demeure la maire Maryse Roger-Coupin de faire évacuer les lieux dans les plus brefs délais.

Chloé Simon | 26/04/201819h06

Le camp de migrants vietnamiens devrait être démantelé dans les prochains jours.

Le camp de migrants vietnamiens, qui rassemble actuellement une trentaine de personnes, devra très bientôt quitter le site des anciens services techniques de la commune d’Angres, qu’il occupe depuis désormais huit ans.

Dans un arrêté datant du 24 avril, le préfet du Pas-de-Calais, Fabien Sudry, a mis en demeure Maryse Roger-Coupin, maire de la commune, «  de faire cesser sous quinze jours l’hébergement de personnes  » sur le site de la rue de Transvaal, ajoutant que «  les bâtiments devront être efficacement clos et neutralisés pour éviter toute réoccupation  ».

À proximité d’un site Seveso

«  Ce camp est devenu un point d’appui pour les réseaux criminels de passeurs. Les populations étrangères du camp, hébergées dans des conditions précaires, sont victimes de ces réseaux qui les exploitent  », explique Fabien Sudry. Plusieurs opérations de police judiciaire ciblant des passeurs ont été menées ces dernières années,

Mais l’arrêté préfectoral met en avant un autre argument : celui de la présence à proximité de l’entreprise Palchem, un site classé Seveso. «  En cas d’accident, le camp se trouve dans la zone de conséquences vitales  », poursuit le préfet du Pas-de-Calais. Il y a un mois et demi, Fabien Sudry attirait l’attention de la maire d’Angres sur ce «  problème évident d’intérêt public  ».

Quinze jours pour évacuer

Il y a une semaine, Maryse Roger-Coupin adressait une lettre à ce sujet au préfet, mais le courrier ne semble pas l’avoir convaincu. «  Cette lettre ne contenait pas d’engagement précis d’agir, c’est pourquoi j’ai pris la décision de la mettre en demeure dans un délai de quinze jours pour solutionner ce problème de sécurité évident  », expose Fabien Sudry. Car à ces éléments viennent également s’ajouter les différentes rixes ayant eu lieu sur le site.

Le camp accueille actuellement une trentaine de personnes.

Si les modalités de l’opération de démantèlement restent à décider avec la commune, Fabien Sudry assure que l’intervention sera assortie de propositions de mise à l’abri. «  Nous leur proposerons des places en centres d’hébergement et, s’il y a des mineurs, ils seront mis à l’abri au titre de la protection de l’enfance dans des centres habilités.  »

Dans un projet d’arrêté municipal daté du 25 avril, mais dont la préfecture n’avait pas eu communication ce jeudi, la mairie d’Angres indique qu’à compter du 30 avril, il sera «  formellement interdit à quiconque d’occuper de manière continue ou temporaire le site des anciens services techniques  ». La démolition des bâtiments pourrait avoir lieu le 3 mai.

Malgré nos sollicitations, nous ne sommes pas parvenus à joindre Maryse Roger-Coupin.

Des conditions d’accueil « précaires mais humaines »

Le Collectif fraternité migrants bassin minier 62, qui accompagne les migrants d’Angres, se réunira ce jeudi soir en compagnie des occupants du camp. Pour les bénévoles de l’association, l’argument du site Seveso exposé par le préfet ne tient pas. «  L’entreprise a toujours été là, depuis l’installation des migrants, pourquoi avancer cet argument seulement maintenant ? s’indigne l’un d’eux. Le camp a été aménagé de manière certes très vétuste, mais comporte au moins des sanitaires et un point d’eau. Les conditions de vie y sont précaires mais humaines.  »

Un repli dans les bois ?

D’après les membres du collectif, la fermeture du camp ne fera pas partir les migrants, mais les obligera simplement à s’installer dans les bois ou un peu plus loin, où les conditions de vie n’en seront que plus mauvaises. «  Quand les Vietnamiens partiront, d’autres mafias s’empresseront d’investir les lieux  », affirme un bénévole, selon qui la proximité de la station essence de l’A26, point d’appel pour embarquer dans des camions en direction de l’Angleterre, entraînera toujours la présence de migrants.