La Voix du Nord // Damien Carême obtient un « entretien décisif » avec Gérard Collomb sur l’avenir de la Linière

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Le maire de Grande-Synthe, Damien Carême, a toujours dans l’idée de rouvrir le camp de la Linière d’ici la fin du mois. «  J’y pense  », confie-t-il, et il estime pouvoir le faire. Mais l’édile attend encore un rendez-vous «  décisif  », ce lundi, à 11 h, avec le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb. Un entretien qu’il n’a eu de cesse de réclamer depuis la nomination du gouvernement Philippe.

«  Je veux en sortir avec une solution à mettre en œuvre, explique-t-il fermement. Très vite après, je déciderai de ce qu’il faut faire. Je ne supporterai pas d’attendre encore plus longtemps et de laisser 350 réfugiés vivre dans des conditions inhumaines dans les bois du Puythouck. Ce ne sont pas des animaux. Je ne peux pas rester sans rien faire.  »

« Je ne peux pas rester sans rien faire »

Sur ce point, le maire insiste : «  Je ne veux pas être un jour condamné par la justice pour n’avoir rien fait ! Si à l’issue de ce rendez-vous avec Gérard Collomb, l’État ne prend pas de décision, j’en prendrai une.  » À savoir, la réouverture d’un lieu d’accueil. À la Linière ? «  Bien sûr, je ne vois pas d’autres endroits à Grande-Synthe  », rétorque Damien Carême, assuré d’avoir le soutien logistique de nombreuses ONG et associations humanitaires comme Médecins sans frontières, Emmaüs, Gynécologie sans frontières, Médecins du monde ou le Secours populaire. Surtout, le maire a «  tout gardé : les sanitaires, les douches, les connexions électriques sont toujours là. Tout est sur place  ».

« C’est le job de l’État »

Pour financer le fonctionnement du camp, le maire compte bien convaincre l’État de mettre la main à la poche, encouragé par son bras de fer victorieux en mai 2016. Le maire avait alors réussi à faire financer le fonctionnement de la Linière à hauteur de 3,9 millions d’euros par an. «  C’est à l’État de prendre en charge. C’est son job  ».

Et Damien Carême prévient : «  Si le ministre de l’Intérieur me dit non, il faut qu’il me le mette par écrit et je l’attaque au tribunal  ».

La rencontre s’annonce tendue. Le maire de Grande-Synthe a d’ores et déjà annoncé que «  la seule possibilité pour accueillir les réfugiés, c’est Grande-Synthe, pas Bailleul, ni Troisvaux. Les migrants sont ici  ».

La situation au Puythouck
Plus de 350 migrants vivent actuellement au Puythouck. Leur nombre avait diminué cet été avec les opérations de mise à l’abri dans les centres d’accueil et d’orientation. Des réfugiés ont aussi été accueillis dans les centres d’accueil et d’examen des situations (CAES) de Bailleul et Troivaux, ouverts cet été. «  Mais ils reviennent, note Claire Millot, de Salam, parce qu’ils ont peur d’être dublinés* (et donc renvoyés dans un autre pays européen) en CAES.  » Les associations attendent beaucoup de l’entretien entre Damien Carême et Gérard Collomb. «  Je n’ose pas espérer grand-chose mais c’est notre seul espoir  », souffle Claire Millot.

* Un réfugié doit effectuer sa demande d’asile dans le premier pays européen où il a été enregistré.