Coup de pression autour du nouveau camp de migrants ?
Depuis la fermeture du gymnase de l’Espace Jeunes du Moulin, les migrants sont retournés vivre dans la nature. Pas au Puythouck : Damien Carême tenait à ce que les Grand-Synthois puissent se réapproprier les lieux. Ils sont depuis une bonne quinzaine de jours dans une clairière, près de la gare de triage et d’Emmaüs.
Accompagnés par la ville, qui a installé des sanitaires, les associations et l’État, les migrants qui l’ont souhaité ont été transférés vers des centres d’accueil et d’orientation de la région. « Sans heurts. L’État a bien fait le job », dit Damien Carême.
Depuis quelques jours, il a changé d’avis : « La semaine dernière, pour la première fois, ça a été un peu costaud », rapporte le maire de Grande-Synthe. Le sous-préfet Éric Étienne dément que l’intervention ait été musclée : « Cette grosse opération, avec 145 migrants mis à l’abri, s’est déroulée dans le calme. »
« Depuis jeudi, la pression monte »
Damien Carême s’insurge aussi contre « l’interdiction faite par l’État aux associations anglaises d’intervenir ». « Nous voulons éviter qu’il y ait trop de personnes sur place pour maîtriser les choses. Je reçois ce mercredi L’Auberge des migrants pour en parler », explique le sous-préfet.
« Depuis jeudi, la pression monte », ressent le maire, qui n’a plus connaissance de départs vers des CAO. Le sous-préfet a lui dénombré « 27 personnes parties en CAO ou CAES vendredi, 18 lundi, 13 ce mardi, et 6 543 de la fermeture de la Linière (NDLR : en avril 2017) à vendredi. »
Deux conceptions du dialogue
« Je ne sais pas ce que l’État prépare. Pour la première fois, le dialogue est rompu. On est dans une impasse », s’inquiète Damien Carême. « Les relations avec la ville et les associations ne sont pas rompues. Il n’y a pas de bras de fer. J’ai encore invité Damien Carême pour qu’on se rencontre ce week-end », contrebalance Éric Étienne.
Alors que les effectifs du campement grossissent (la ville y a dénombré 500 personnes ce mercredi matin, l’État 300), Damien Carême réclame une nouvelle fois des accueils en dur à proximité, « des centres de répit pour les exilés, sur le littoral de la mer du Nord et de la Manche ». Les migrants « ne sont pas envoyés au bout du monde, rétorque le sous-préfet. Il existe des centres à Saint-Pol, à Bailleul, autour de Lille, à Morbecque ». Mais pas question pour l’État de créer des points en dur sur le littoral, ni d’imaginer un campement au long cours, « une fausse bonne idée », source de conditions de vie indignes pour les migrants.
Au moins un point sur lequel les deux hommes sont d’accord…